Invité a écrit:Début octobre de l’an 7 d’Obsidienne
La veille du mariage prévu entre Mëryl Nalwë et Zakdiel Tarannon
C’était un soir d’octobre et la lune venait caresser doucement les hautes cimes elfiques. Le monde aurait pu connaitre le plus grand chaos qui soit, mais cela n’aurait rien changé en la présence de Kälyna. Elle était là, tout près de la cité de son supposé plus grand ennemi et elle comptait bien rester à la frontière du domaine elfique quoiqu’il arrive. Son idée était faite et on pouvait bien se douter que la sombre dame était difficile à faire changer d’avis. Néanmoins, personne ne savait qu’elle était là à l’exception de sa sœur et bientôt d’une autre elfette. Elle n’était pas allée voir les baptistrels dont leur domaine avait été la proie aux flammes, à la terreur et à la destruction. Les Chimères avaient su apporter leur dose de chaos. La magicienne aurait pu aller aider ceux qui ne la considéraient pas comme son ennemie, aller rassurer ce petit elfe chanteur qui avait été sympathique avec elle et aller montrer qu’elle n’était pas l’être si méchante qu’on croyait qu’elle était. Mais elle n’avait rien fait pour diverses raisons qui ne la regardaient qu’elle. Les baptistrels n’étaient pas assez importants à ses yeux pour que l’ancienne prêtresse de Vraorg se montre au grand jour et qu’elle attise l’animosité à son égard de ceux qui n’avaient pas promis l’harmonie. Cependant, il y avait une jeune elfette qui se trouvait sur le territoire des elfes et elle était le seul être qui valait la peine de se donner tout ce trouble. Bien sûr, c’est Mëryl Nalwë que la terrible dame attendait.« Petite rose… »
Doux murmure à travers le lien qui les unissait. Kälyna la réveillerait-elle à cette heure plutôt tardive? Tant pis, c’était en théorie le moment du jour qui était le plus sûr pour une rencontre et surtout à l’abri des regards. Elle n’attendit pas plus et alla droit au but : Kälyna l’attendait. Elle lui donna rapidement la description du lieu du rendez-vous et lui rappela de venir seule.
C’est ainsi que Sombréclat patienta près d’un grand chêne aux couleurs de l’automne. Elle avait choisi un arbre dont le feuillage était encore épais et s’était confortablement perchée sur une branche. Elle recouvrait les montagnes de son or, se demandant encore ce qu’elle dirait à sa fille. Quoiqu’il en soit, elle répondrait en personne au message que sa petite rose lui avait laissé via leur bracelet de communication : « Maman, je sais que j'aurais pu te le dire d'une autre manière, que tu ne pourras pas être présente mais je désire que tu saches au moins. Je vais me marier. ». Kälyna n’y avait rien répondu. Comment sa fille avait pu croire qu’elle ne viendrait pas à un événement si important de sa vie? Ou peut-être était-ce qu’elle ne voulait pas de la présence de l’ennemie publique. Mais si elle l’avait avertie, c’était qu’à quelque part elle espérait sa bénédiction maternelle? Compliqué tout ça… Avait-elle attristé Mëryl avec son silence?
Voilà qu’une silhouette se promenait entre les arbres. C’était elle. Mëryl avait répondu à son appel! Elle la voyait qui cherchait parmi toutes ses possibles cachettes. Les minutes passèrent malheureusement sans que rien ne se passe. Ce fut le temps nécessaire pour apaiser la paranoïa de la dame blanche et qu’elle fut certaine que personne n’avait suivi la petite rose.« Ne crie pas. »
Les mots étaient parvenues aux oreilles de Mëryl grâce au secret floral. Une main invisible vint l’envelopper et ses pieds quittèrent le sol. Elle s’éleva dans les airs pour finalement se fondre dans le feuillage orangé du même arbre que se trouvait Kälyna. La mage d’exception lâcha sa cible seulement lorsque cette dernière fut placée près d’elle en toute sécurité.« Je suppose que tu ne t’attendais pas à voir ta mère en cette nuit précédant ce jour qui t'est potentiellement important. En espérant que cette surprise te soit agréable. Cela fait bien longtemps, petite rose. »
@Mëryl Nalwaë
Mëryl Nalwaë a écrit:Elle avait donné sa parole, dit que pour l’instant, elle resterait, s’était promis de ne pas les trahir à nouveau. Mais ce n’était pas elle qui était partie à la recherche de sa mère, c’était Kälyna qui lui avait demandé de venir la voir. Pourquoi, comment était-elle venue jusqu’ici, elle qui avait été absente, toute une vie, toute une enfance. Pourquoi refaisait-elle surface, avant son mariage ? Si elle n’avait pas quitté, après l’avoir retrouvée dans le désert, l’aurait-elle forcée à fuir, encore ? L’aurait-elle rejetée, à nouveau ?
La petite rose ne sentait plus qu’un malaise étouffant entre elle et la prêtresse blanche. Elle avait cru, un instant, que les choses auraient pu s’arranger, que sa mère voulait d’elle, que le rejet n’avait été que pour la protéger. Mais elle continuait, même si sa voix autoritaire lui avait affirmé qu’elle ne la rejetait pas, l’enfant de l’abomination s’était dite, menteuse, en s’étouffant dans ses larmes. Elle ne savait plus, ni ce qu’elle voulait retrouver, ou fuir. La petite rose n’avait simplement plus de repères, aucun.
Mais elle était venue, déstabilisée, elle cherchait, entre les arbres, entre les feuilles, derrière la végétation. Elle n’y était pas, alors pourquoi lui demandait-elle de venir à cet endroit ? Le battement de son cœur ralentit de lassitude, Mëryl se laissa retomber contre le tronc d’un arbre, croiser les bras, soupirer, fermer ses paupières et respirer…Il y avait longtemps qu’elle n’avait pas retrouvé une telle solitude. Son esprit n’était jamais vide, le lien avec Aïasil créait un tel chaos en elle.
Le cœur de la petite rose sursauta, lorsqu’elle entendit sa voix, pourtant, elle eut le temps de s’apaiser avant de sentir sa pression devant ses lèvres, quelque chose la soulever. Avant de le réaliser, elle était hissée à un arbre, devant la silhouette improbable d’une mère qu’elle croyait bien plus loin. Ses yeux étaient restés écarquillés, puis ils s’étaient assombris, attristés, elle avait baissé la tête. Elle aurait vraiment aimé que cela se passe différemment que caché dans un arbre, mettant en danger la vie de sa mère par sa simple présence. Aegnor l’avait prévenue, elle les avait déjà trahis, juste en venant ici. Arriverait-elle à lui cacher la vérité ? Il n’allait pas la tester, certainement pas, mais elle, n’aimait pas avoir de secrets. « Comment as-tu fais pour te rendre jusqu’ici? » Souffla-t-elle, tout bas, « Tu sais, ça fait mal. De te voir, sachant que le nombre de fois que j’ai pu t’avoir près de moi se compte sur les doigts d’une main depuis les cinq dernières années. Chaque fois, j’ai peur que ce soit la dernière fois. »
Elle ne voulait pas lui dire, qu’on l’avait réprimandée, qu’Aegnor l’avait prévenu de conséquences à une nouvelle traitrise. « L’elfe que je vais épouser est un Glorien. Je vais quitter cet endroit. Je fuis. Aïasil voudrait rester mais je ne peux plus supporter le poids d’Estellin. Elle n’a rien d’une maison. »
Elle venait de prendre une décision qui entraînait des responsabilités, un pas en avant qu’elle avait évité, longtemps. Mëryl avait presque quatre cent ans, sa mère s’était mariée bien plus jeune que cela. « La forêt me manque. » souffla-t-elle dans une larme, une respiration saccadée « Tu me manque, Arya me manque… » Dans un souffle coupé, elle trouva la force de prononcer les derniers mots, faible « Papa me manque. Alors dis-moi, où es-tu ? » Que faisait-elle, pourquoi était-elle aussi loin ? La petite rose ne réalisait pas à quel point sa mère pouvait la mettre dans un état dévastateur. À quel point elle pouvait déclencher ses larmes, sa tristesse. C’était d’elle qu’elle tenait ce regard, cette mélancolie.Spoiler :(HRP: MËRYL PLEURE TOUT LE TEMPS X'D C'est pas ma faute s'il lui arrive que des embrouilles u_u)
Invité a écrit:Elles étaient deux roses cachées au cœur d’un arbre, à l’abri des regards indiscrets et des jugements d’autrui. La fille de l’abomination venait d’apparaître à ses côtés, volant dans les airs par une puissante magie qui disparut lorsque cette dernière fut posée avec précaution sur la branche. L’or la couvrit sans toute la froideur habituelle qui était sienne. Une étoile s’était logée dans son regard lorsque Kälyna avait réalisé qu’on avait accepté sa demande et qu’une Mëryl Vallaël en chair et en os s’était révélée à elle.« Kälyna Vallaël ne sera plus jamais enchaînée. Elle est libre. Tel le vent, elle se faufile fièrement. »
C’était une réponse qui ne valait rien dire en soi, mais c’était la preuve que c’était la prêtresse qui parlait et non pas un imposteur. Les deux elfettes étaient près l’une de l’autre et cela s’accentua lorsqu’une main blanche attira la conseillère contre elle. Elle n’expliqua pas son geste. Pourquoi devait-il y avoir des mots pour expliquer qu’elle était là désormais en tant que mère et non pas seulement comme une Fanatique aveugle et dévouée. Elle n’était pas une bonne mère, elle ne l’avait jamais été. Mais cette jeune elfette farouche au regard d’émeraudes était le fruit de ses entrailles et rien ne changerait cette réalité. Elle avait une fille et ce, qu’elle soit elle-même bonne ou mauvaise.« Il est difficile de te voir, petite rose. Je suis consciente que cela est par ma faute et il est inutile de relater mon terrible passé. Si je suis prisonnière, c’est bien de celle que j’ai été. Si chaque rencontre n’est qu’éphémère, je crains également qu’à chaque fois ce soit la dernière et que jamais nous ayons besoin de toutes nos mains combinées pour les compter. »
Parlant de mains, Sombréclat enferma celles de la dragonnière contre les siennes.« Il vaut mieux éviter de parler de la façon dont j’ai pu entrer dans le royaume elfique. J’en connais un qui ne sera pas content. En effet, sur le Domaine Baptistral, même la plus recherchée des hors-la-loi est à l’abri du jugement des royaumes si elle demande refuge auprès de ces êtres chanteurs. Et même l’empereur n’y peut rien sans briser lui-même les règles et la paix. Marié à une Chantebrise, je crains qu’il ne s’y risquera pas. Mais ne parlons plus de moi. Je suis ici pour toi. »
Cela pouvait former un grand avantage d’avoir ce peuple bienveillant, mais cela pouvait aussi être une épine dans le pied. La ténébreuse écouta attentivement ce qu’avait à dire Mëryl, surtout en la veille de son mariage. Elle ne porta pas ni commentaires ni jugement et son visage resta impassible face à l’annonce que son futur époux était un elfe glorien. Avait-elle de droit de juger de ses choix? Était-ce de son devoir de convaincre sa fillette que sa place était parmi les elfes? Ce serait bien hypocrite pour la bannie qu’elle est.« La forêt n’est plus ce qu’elle était, désormais ravagée par une puissance mystérieuse. Je l’ai jadis aimée jusqu’à ne plus pouvoir la supporter. Je te comprends, Mëryl… Il me manque. Je ne sais pas si j’en ai le droit. »
Ses lèvres noires se refermèrent en une pause et l’or se perdit à l’horizon. Kälyna avait été cruelle et c’est certainement Aranwë qui devait avoir été le plus malheureux dans toute cette histoire. Elle ressortit finalement de ses pensées en brisant le silence.« Alors dis-moi. L’aimes-tu? »
Mëryl Nalwaë a écrit:Libre, là était sa réponse, elle voyageait donc, seule ? Mëryl en doutait, peut-être avec Arya, peut-être même encore accompagnée de ce dragon rouge avec lequel elle s’était présenté dans le désert. Mëryl sentait se mêler à ses sentiment une colère qui lui était inconnue, un peu invasive, comme si elle n’était pas sienne pourtant, dans la tristesse, et son deuil, elle se l’appropriait, sentait qu’elle avait le droit à cette émotion. Les larmes se taisaient alors que sa mère l’attirait contre elle, pourtant elle n’avait pas envie de se blottir contre la prêtresse blanche. Ce qu’elle voulait réellement était de trouver un semblant de paix, harmonie qu’elle n’avait pu trouver depuis le début de la guerre. Son deuil ne serait jamais vraiment complété tant qu’elle la saurait vivante et pourtant, tout l’empêchait de l’aimer comme elle aurait le droit d’aimer une mère.
Mais ce qui la faisait fumer de colère était cette lassitude de perdre son temps. De la voir aller et repartir, comme bon lui voulait, comme si cela ne la blessait pas réellement. Savait-elle, qu’elle lui faisait mal chaque fois qu’elle la rejetait ? Savait-elle, qu’elle n’avait pas le droit de le nier ? Oh normalement elle lui aurait dit, qu’elle l’avait pardonnée, qu’elle avait le droit de s’ennuyer de son défunt mari. Pourtant, une force inexplicable lui donnait envie de lui cracher dessus, elle qui avait été des armées menant à la perte de son père. Elle était de ceux qui lui avaient arrachées et elle s’accrochait à elle comme la dernière chose qu’elle refusait qu’on lui enlève.
« Non. » Répondit-t-elle simplement. Elle ne l’aimait pas, elle aimait sa liée, plus que tout au monde. Elle admirait et appréciait Zadkiel, elle le trouvait charismatique et c’était un bel elfe. Mais elle n’avait jamais eu le temps d’apprendre à le connaitre avant d’organiser son propre mariage. « Il n’est pas question que je laisse le nom des Nalwaë mourir. Et il n’est pas question que je m’enchaîne définitivement à Estëllin ou quelque elfe conservateur. Il s’appelle Zadkiel Tarannon, il travaille comme lame noire. Il ne me retiendra pas de voyager et n’as pas peur de mon lien compliqué avec Aïasil. Et nous voulons fonder une famille, ma condition est que l’enfant porte mon nom. »
C’était les termes du contrat et de son côté, elle, quittait Estëllin pour vivre à Gloria, lui offrait une famille et de la liberté également. « Il n’y a pas d’importance à l’amour que je pourrais lui porter. C’est difficile à croire à un tel lien lorsqu’on est dragonnière. On perd… cette croyance commune que cette personne spéciale occupera toute une vie, tout notre engagement et notre dévotion. »
Mëryl savait bien que la dragonne n’approuvait pas ce mariage, mais elle avait besoin de recommencer quelque part sur ses propres bases et oublier les allégeances qui l’enchaînaient. Elle avait choisi qu’après cela, c’est son lien et sa famille qui seraient importants pour elle. Ce qu’elle choisirait et créerait.
Invité a écrit:Mère et fille, l’étrange duo que tous désiraient séparer se trouvait ensemble enfoui au creux de l’arbre. Elles n’étaient pas faites pour être ensemble, n’était-ce pas cela la réalité que tous et chacun voulait dessiner pour ces deux Vallaël, réalité que la plus âgée avait commencé à peindre sur une toile invisible qu’était l’avenir. Pourtant, dans sa création, la peintre avait posé son pinceau. Était-ce ce qu’elle désirait que d’être séparée de la créature qu’elle avait créée? Qu’est-ce que l’abomination voulait? Bonne question que peu s’y penchait ou qu’on répondait simplement par « chaos » ou « destruction ». Un monstre se terrait dans l’ombre de l’ancienne prêtresse. Mais quelqu’un s’était-il demandé si elle n’était pas plutôt Kälyna la prisonnière de ce dernier plutôt qu’elle en soit le maître?
Qu’arriverait-il si elle avait envie de voir fleurir sa petite rose? Qui l’en empêcherait? Aegnor Evanealle, l’empereur qui avait souligné sa sentence? Les têtes des grands royaumes dont elle n’avait le moindre intérêt? Verith? Le souvenir de son défunt mari… Ou peut-être elle-même? Ou plutôt Mëryl? Si elle continuait d’être l’horrible mère qu’elle ne voulait être malgré elle, n’était-ce pas ce qui allait arriver : que Mëryl la rejette comme elle le faisait. Mais c’était pour son bien, non? L’était-ce réellement?« Je n’aurais jamais pu me résoudre à te faire un mariage arrangé… »
C’était dans un souffle que l’elfette avait lâché ces mots. Ni avant, ni maintenant, ni plus tard : Kälyna n’aurait pas donné la main de sa fille à quiconque. Elle avait le droit de se marier avec qui elle désirait ou de ne pas se marier du tout, si c’était ce qu’elle voulait. Les mariages arrangés étaient une coutume fortement ancrée dans les mœurs des elfes. Mais ceux des Vallaël étaient voués au chaos et à la déchéance. En tout cas, ça avait été le cas pour Arya et elle. Un regard qui se voulut doux se posa sur la chevelure ébène de la future mariée. Il n’y avait pas de pitié caché dans l’or, ni de tristesse ou d’incompréhension. L’enfant de l’abomination échapperait-il à ce destin? Au moins, c’était elle qui en avait pris les rênes.« Alors je suis soulagée qu’il s’agisse de ta décision, Mëryl. J’ignore si certains ont tenté de t’en dissuader, mais ce ne sera pas mon cas. Je ne suis pas ici pour te mettre des chaînes. »
Si c’était le cas, c’était malgré elle. La mère désirait que son enfant puisse voler de ses propres ailes et qu’elle soit heureuse dans ses décisions, dans sa vie en général. Sombréclat ne pouvait pas lui donner l’amour et l’attention qu’elle méritait, mais peut-être que ce Zadkiel Tarannon le pourrait? Néanmoins, cet elfe était brave ou téméraire… car s’il advenait quoi que ce soit à la petite rose, si les rumeurs de rosée venait venaient jusqu’aux oreilles pointues de Kälyna ou d’Arya, sans parler d’autres individus sans importance pour elles, Zadkiel aurait de gros ennuis.« Je n’ai pas eu d’invitation officielle. Me permets-tu d’assister à ton mariage? »
Mëryl Nalwaë a écrit:Il y avait un avenir étrange et parallèle où Vraorg n’aurait jamais été libéré, Kälyna Vallaël aurait été une elfette brisée mais libre, peut-être beaucoup moins cruelle. Elle aurait connu un avenir moins injuste et une fois adulte, la petite rose aurait pu s’affirmer et refuser les chaînes qu’on avait voulu lui mettre. Si quelque chose la rapprochait de l’abomination, ce jour-là, c’était son désir impératif de liberté et Kälyna le respecterait, plus que n’importe qui. Elle qui l’avait cherché et eu tout trahi pour sa mère, pourquoi était-elle en colère maintenant que cette femme se présentait devant elle ?
Les mots restèrent bloqués dans sa gorge. Elle était coincée, si elle lui disait, Kälyna ne voudrait pas venir. Qu’elle serait réprimandée, que retrouver Aegnor ne s’était pas bien passé, que cela l’avait fait pleuré. Elle voudrait la protéger et la rejetterais encore pour ce qu’elle appelait son bien. « C’est mon souhait le plus cher. » La voix s’étouffa, Mëryl serra les dents, son regard se plantant dans l’horizon, et ses étoiles aux lumières qui portaient avec elles la beauté et l’espoir. Dans ce monde empli de chaos et menacé par une guerre incessante, comment la nature pouvait-elle encore répondre de beauté ?
« Ce serait la chose la plus cruelle qu’on me demande de t’interdire de venir. Je ne peux pas, juste penser à prononcer ces mots m’arrachent le cœur. Cela est pourtant mon devoir. J’enrage et à la fois je me brise, chaque fois que tu viens à mon esprit. Jamais je ne pourrai me résoudre à vivre ainsi. »
Elle avait envie de hurler, de rage, de sangloter, jusqu’à s’épuiser et se laisser trembler, s’effondrer. Jamais son éducation ne lui aurait permis une telle perte de contrôle. Elle était pourtant ainsi, Mëryl, émotionnelle et incontrôlable mais secrète à ceux qui réprimanderaient cette attitude. « Je ne peux pas, et je ne t’oublierai pas comme si tu étais morte. Chaque fois que tu reviendras, chaque moment en ton absence et chaque pas que je ferai sans ta présence, j’aurai mal. J’ai grandi sans ma mère. Y-a-t-il seulement une solution pour ne pas souffrir de ton absence ? Un endroit où je ne serai pas une traîtresse pour seulement t’avoir adressé la parole ? »
Un soupir traversa les lèvres de la petite rose, elle enserra, sous ses mains, la branche qui soutenait son corps. « Je n’ai même pas le droit…de répondre…J’ai fait le souhait de ne pas mentir. Mais tu mettras ta vie en danger si tu viens Et cela créera bien des complication… »
Elle aurait aimé que, dans ce monde où Vraorg n’aurait jamais été, l’enfant de l’abomination puisse vivre cette journée auprès de ses deux parents sans que personne ne veuille l’en empêcher. « Je suis incapable de te dire que je ne veux pas que tu y sois. Mais tu dois savoir…que ce ne sera pas sans conséquences… » Fermant les yeux un instant, la petite rose ferma les yeux. « Il y a un autre désir qui comblerait mon cœur. J’aimerais me rendre à la fontaine vif-argent avec toi. » Déposer des prières à un esprit mort, ainsi qu’au Dracos, lui importait peu où ses prières allaient, puisqu’elle désirait surtout se recueillir.
Invité a écrit:Rien n’est blanc, rien n’est noir en réalité. Un mariage s’annonçait le lendemain et la mariée venait de prononcer les mots que la mère désirait entendre, c’est-à-dire que sa présence était désirée. Mais la réalité, c’était que c’était bien plus compliqué que cela. Qui voudrait de la présence de l’ancienne Inséparable de Vraorg, cette terrible dame qui n’était pas capable de se fondre dans le moule de la société qu’on s’attendait d’elle et qui était désormais une ennemie publique. C’est qu’elle ne voulait pas entrer dans le moule. Elle n’y était juste plus capable après toutes ces années passées où son esprit avait été torturé. Cela aurait probablement été plus simple si Mëryl lui avait refusé l’accès à sa cérémonie. Que faire désormais? Kälyna avait si envie d’y être, de voir sa Mëryl fleurir et ce, même si c’était aux côtés d’un elfe qu’elle ne connaissait pas. Si c’était ce que sa petite rose désirait, c’est tout ce qui lui important. Personne ne lui avait forcé la main, elle avait fait ce choix comme un grande.
Un long silence s’ensuivit pour la dame blanche où elle se perdit dans ses pensées, entraînée par les paroles de la Nalwë. C’était par sa faute si les choses étaient ainsi, n’est-ce pas? Si elle n’était pas aussi têtue, peut-être pourrait-elle demander le pardon des royaumes. Mais les dirigeants eux-mêmes l’étaient sans parler de l’empereur Aegnor Evavealle. Non, il faudrait plus que des mots d’excuse pour blanchir ses mains souillées. Pourtant…« Je te demande pardon… »
Quelques mots murmurés suite aux paroles enflammées de la dragonnière d’Obsidienne. Cela ne changerait pas le fait que la Vallaël fut absente de sa vie Cela ne changerait pas le fait qu’elle serait à nouveau absente dans le futur, moins, mais à quoi bon le souligner? Toutefois, Sombréclat réalisait qu’elle n’était pas la mère idéale et que Mëryl méritait mieux. Et pour cela, elle s’excusait.
Face à la colère qu’elle perçut à travers les émeraudes, l’elfette resta calme. C’est avec un air sévère qu’elle acquiesça d’un signe de tête face aux dangers qui la guettaient si elle décidait de se pointer réellement au mariage de la future Tarannon. Elle s’en soucierait le lendemain. Pour l’instant, une demande lui avait été formulée : se rendre à la fontaine vif-argent en sa compagnie.« Ne tardons pas. »
Le temps était compté, après tout. Les deux elfettes se servirent de la grâce offerte par leur race afin de rejoindre la terre ferme. Une main blanche se tourna vers Mëryl, l’invitant à la saisir. L’offre ne durerait que quelques secondes, ce après quoi Kälyna prendrait pour acquis qu’il valait mieux éviter les contacts rapprochés.
Mëryl Nalwaë a écrit:Elle se présenta devant la fontaine de son pas gracieux avant de lentement s’accroupir pour s’agenouiller devant l’autel. Son front se posa au sol l’instant d’une seconde et elle se redressa, tête baissée, pour murmurer une prière dans sa langue natale. « Dracos, prenez ma révérence pour océan et ses frères et sœurs défunts, protégez-les où leur chemin les mènera, protégez les âmes perdues et l’équilibre de ce monde. »
La petite rose releva la tête, il s’agissait des premiers mots qu’elle avait prononcé depuis qu’elle avait agilement descendu les branches de leur petit repère. Sa posture était parfaitement droite, ses mains posées sur ses genoux elle entrouvrait la bouche. Quoi dire? Pardon, elle lui demandait pardon, alors que Mëryl le lu avait accordé lorsqu’elle la croyait à la veille de son dernier jour. Elle ne l’avait pas dit, mais elle l’avait pardonné pour ses crimes. Et maintenant, l’enfant de l’abomination se demandait si elle pardonnait sa mère de l’avoir rejetée. Et elle réalisait qu’après avoir tant voulu lui parler, elle ne savait pas quoi lui dire.
« L’aimais-tu? Tu pourrais me parler de lui, si je te le demandais? »
Son père, elle, l’avait aimé, plus que tout au monde, plus que n’importe quel être. Elle n’avait pas eu de dragonne à cet époque, Mëryl s’était souvent sentie seule, n’ayant que lui pour la soutenir. Elle ouvra la bouche à nouveau, restant figée ainsi de longues secondes, les mots restant coincés dans sa gorge, elle ne regardait que l’eau tomber éternellement de la fontaine. Elles étaient seules, à cette heure de la nuit, seul le silence régnait et sa voix perçait la nuit, plus dure qu’à son habitude, moins douce. Pourquoi était-elle ainsi? Beaucoup plus sensible que les elfes, elle n’arrivait pas à retenir ses émotions comme eux et la présence de sa mère était suffisante à déclencher ses larmes. « Et moi? M’aimais-tu? »
Son cœur se mit à battre rapidement, elle n’avait jamais osé poser cette question et elle retenait dans sa gorge les pleurs qui faisaient trembler ses lèvres. Elle sentait comme un étau, enserrer sa gorge et une douleur indescriptible, Mëryl serra les poings pour cesser de trembler et calma sa respiration. La petite rose, sans attendre une réponse, se tourna seulement pour ouvrir son sac, à sa ceinture et sortir un bout de tissus. L’enfant de l’abomination se releva pour s’approcher davantage de l’autel et prendre un contenant d’argent, le remplir d’eau et en boire un peu. Elle se sentit reprendre son calme, si cette eau guérissait les blessures, elle pourrait certainement apaiser les douleurs de l’âme.
La petite rose trempa le linge qu’elle avait sorti avant de se relever et de se retourner vers sa mère. « J’ai rêvé, pendant ces années dans le désert, de revoir ton visage. Je te demande un présent de mariage… » Elle s’approcha d’avantage et baissa la tête, s’inclinant avec un certain respect, elle présentait devant elle, entre ses mains, le tissu trempé. « Je veux voir ton visage. »
Invité a écrit:C’était pour Mëryl que l’abomination se trouvait à proximité de la fontaine vif-argent à la regarder prononcer une prière qui semblait vraisemblablement destinée aux défunts Esprits. Kälyna resta silencieuse afin de ne pas troubler le moment de sérénité que désirait sa fille, mais également parce qu’elle n’avait rien à leur dire. Sans mettre tout le blâme sur eux, elle considérait qu’ils n’étaient jamais venus à son aide ou encore, qu’ils n’avaient jamais rien apporté de positif dans sa vie. À l’exception bien sûr de son existence, de celles qui lui étaient chères et de l’univers qui les entourait. Au sixième jour de son propre mariage, son futur époux et elle avaient suivi la tradition d’offrir une prière et un présent à chaque esprit afin qu’ils bénissent l’union. Comment l’avaient-ils béni? En la liant à l’Inséparable tandis que son mari était à l’âne. Si ce n’était pas de leur chef, elle les considérait tout autant coupables de ne pas avoir levé le moindre doigt afin de la libérer de ce poids.« Mais qu’est-ce que l’amour, Mëryl? »
Voilà une question dont la réponse pouvait être bien compliqué. Était-ce que de ressentir des papillons lorsqu’on pose son regard sur une personne? Ou de s’ennuyer lorsque cette dernière est absente et de ressentir l’empressement de la retrouver? D’avoir des palpitations lorsque les lèvres et les siennes se touchent?« J’ai grandement admiré ton père, petite rose. J’ai eu de l’affection pour lui. Peut-être pas comme on l’aurait voulu et surtout pas autant que je l’aurais désiré. J’aurais souhaité tout ce qu’il y a de mieux pour lui, c’était un elfe admirable. J’aurais aimé que les événements soient différents. J’aurais aimé pouvoir l’aimer comme lui m’a aimée. Or, j’ignore si j’ai le droit de dire que je l’ai aimé… Je lui ai fait tant de torts. Sache que tu peux tout me demander, Mëryl. »
L’or s’assombrit sous le souvenir de son défunt mari. Il serait faux de dire que l’elfette ne l’avait pas aimé, mais il serait tout aussi faux de dire qu’elle s’était bien sentie dans cette relation. C’était un gouffre d’émotions. Toutefois, cela l’aurait été peu importe avec qui elle aurait été marié. La faute ne revenait pas à Aranwë. La faute était la sienne…« Et toi…? »
La question l’avait prise par surprise. Elle avait ensuite plongé l’or dans les émeraudes.« Oui, je t’aimais, petite rose… Oui, j’ai aimé Aranwë. »
Kälyna maintint le contact visuel. Elle ne mentait pas même si quiconque aurait dit le contraire. Elle n’avait jamais pu le démontrer. Elle n’avait jamais su avoir un cœur léger et il s’était formé une couche glacée à sa surface.« C’est moi que je n’aimais pas, Mëryl. La vie a longuement été sans couleur… »
C’est à ce moment-là qu’elle avait détourné le regard afin de toiser l’eau. Cet élément avait le don de savoir la calmer. Ce n’était pas pour rien que c’était son préféré. Du coin de l’œil, elle vit la jeune elfette aller à l’autel et un instant après, celle-ci gagna entièrement son attention lorsqu’elle s’inclina face à elle. L’or devint bien rond face à la demande puis elle acquiesça d’un signe de tête.
« Je veux te voir sourire. »
Voilà ce que sa mère lui répondit tandis qu’une main blanche prenait le linge et le faisait passer sur son visage. Le nacre finit par disparaître sous l’eau chargée de pureté, laissant une peau propre et exempte de maquillage.« Tu es ce qu’il me reste de plus précieux, petite rose… Maintenant que je suis libérée, je suis en mesure de le prononcer… et de regarder la vie d’un œil différent. Les gens me détestent et je déteste les gens… Mais toi, tu n’en fais pas partie. »
Sur ces paroles, Kälyna se redressa et se dirigea à son tour à l’autel. Elle mouilla à nouveau le linge pour cette fois-ci le passer sur son cou et ses bras. Face à Mëryl, elle se découvrait. Si cela n’était pas une preuve d’amour.
Mëryl Nalwaë a écrit:La question le frappa un peu faiblement, elle pâlit comme si elle s’était attendue à une telle réponse mais qu’elle en avait espéré une autre. Sa mère, était-t-elle capable d’amour? Oh, si, mais elle n’avait jamais rien connu d’autre que celui que Vraorg lui portait et jamais, on avait compris le vide qui s’emparait de son âme. Tout comme les elfes refusaient de comprendre le mal qui la rongeait. Comment aider quelqu’un lorsqu’on refusait de l’écouter? Lorsque les autres s’obstinaient à croire qu’ils savaient ce qui était bon pour elle, quand elle se sentait mourir en se recroquevillant sur elle-même. Bientôt, elle ferait le vide autour d’elle, il ne resterait plus rien qui puisse se rapprocher de la petite rose sans se faire mordre par ses épines. C’était un jardin de ronces, qu’on avait cultivé en elle.
Elle retint son souffle, le soulagement traversa ses lèvres. Elle les avait aimés, tous deux, bien qu’elle parlait au passé, bien que ces mots se coinçaient dans sa gorge. Mëryl savait que son enfance n’avait pas été un mensonge. Elle s’approcha, lentement et sans prononcer un mot, sa bouche était entre ouverte. Et de longues secondes après l’avoir regardée ainsi, silencieuse, un sourire illumina son visage. La joie naissait dans sa douleur et chassait les tourments mais la mélancolie, était là, comme lorsqu’on souriait dans un sanglot. Mais la petite rose était calme et la rosée avait disparu. « Naneth, l’esprit demande une signification profonde de ce mot mais ton cœur te révèle qu’une telle compréhension est inutile. » L’enfant posa la main sur la joue de l’abomination, elle ferma les yeux. « La réponse viens à tes lèvres seule. Lorsque mes yeux se posent sur ton visage, l’envie de prononcer mon affection me prend et c’est la seule chose dont j’ai besoin pour savoir que je t’aime. » Le regard verdoyant s’ouvrit et Mëryl prit la main de Kälyna. Dans le même mouvement, elle amenait leur deux mains, liées au cœur de la rose vermeille, relevant la tête pour soutenir l’or. « J’ai rarement pu voir à quel point mes traits sont une transcription des tiens. Ton sang coule dans mes veines et il brûle. Mais malgré la douleur et la distance, malgré que personne au monde n’ait une mère comme toi…Malgré ma colère, ma fatigue et le manque…Je ne pourrai jamais, cesser de t’aimer. C’est de désirer te voir heureuse, de tout faire pour voir naître un sourire au coin de tes lèvres. De te chercher jusqu’au bout du monde et de te rejoindre dans le désert. D’apprendre à faire naître les roses même si je ne suis pas la plus douée en magie, parce que je sais qu’elles sont tes favorites. De vouloir te pardonner pour apaiser ton cœur et ton esprit, et m’importer peu que le reste du monde soit contre nous. J’ai tenté d’être loyale et de suivre la loi, mais lorsque je te vois, je sais que je braverai toutes les interdictions et que je trahirais un peuple qui m’a bercé pour voir ce regard à nouveau. »
Elle était et serait toujours la seule à comprendre le cœur de l’abomination. Mëryl ne voulait plus jamais entendre quelqu’un dire qu’il savait mieux qu’elle l’histoire de Kälyna et elle ne laisserait plus jamais personne insulter son nom. « Je sais mieux que qui que ce soit, les couleurs qui ont bercées tes jours. Tu n’as peut-être vu que du gris et du noir. Mais je ne répéterai jamais assez combien j’ai voulu t’éclairer d’une lumière trop faible pour une elfe encore enfant. Je n’aurais jamais pu t’empêcher de devenir la prêtresse blanche. Mais je sais que tu n’es plus cette personne. J’ai vu de mes yeux ce que tu as décidé de devenir et ceux qui prononcent encore le mot abomination sont des porteurs du mensonge. » Elle serra la main sans jamais quitter son regard. « Tu n’es pas une abomination. Tu es Kälyna, tu es ma mère et tu es magnifique. Et bien qu’ils soient convaincus que tu sois capable du pire, je sais que tu es capable du meilleur. Je ne cesserai jamais de tenter d’éclairer des couleurs en toi malgré que ma flamme soit usée, qu’elle se meurt un peu plus chaque jour. »