4 décembre de l’an 7 de l’ère d’obsidienne, à proximité de dureroc.
Il ne pouvait pas respirer, pourtant le vent sur son visage était réconfortant et sa monture galopait à toute vitesse dans les plaines pour permettre à son maître de ressentir pleinement la fraicheur ambiante. Ses cheveux partaient, libres derrière lui, les boucles finissaient inlassablement comme la crinière d’Étoile du matin. La bête ralentit progressivement avant de s’arrêter, Keziah descendit d’un seul saut en tenant la selle dans sa poigne. Le vampire décrocha de la selle le contenant qui servait à transporter l’eau pour leur voyage. Dans une des sacoches, il pouvait trouver un bol et y verser le liquide pour nourrir l’animal. Depuis combien de temps courrait il ainsi les plaines avec sa monture, dans l’espoir de se sentir pleinement libre? Comme s’il pouvait se libérer de ses fardeaux, en tant que souverain, le temps de quelques heures, autant que des idées noires et de son deuil. Keziah avait besoin de ce moment de solitude, mais il ne voulait pas le faire subir à sa monture et l’épuiser pour autant. Le vampire caressa la crinière, un sourire se dessinant au coin de ses lèvres alors qu’il voyait l’animal se donner à cœur joie dans le contenant d’eau.
Il monta à nouveau et partit, ne dirigeant presque plus l’étoile du matin, il la laissait gambader là où elle le désirait, reprenant le contrôle par moments. Le prince des cendres s’arrêta brusquement en sentant une odeur humaine à proximité. Ses doigts se mêlaient dans la crinière de l’animal pour le rassurer lorsqu’il figea complètement pendant quelques secondes. Lorsqu’il le reconnut, il reprit rapidement les rênes et se dirigea rapidement vers le jeune homme. L’étoile du matin s’arrêta doucement avant que Keziah ne descende de sa selle. Son regard semblait troublé, presque triste pourtant sans qu’on puisse comprendre pourquoi. Sa poitrine se soulevait de joie pourtant une émotion inconnue lui faisait mal lorsqu’il regardait le visage de ce jeune prince. « Nolan… » souffla-t-il, sans bienséance ni cérémonie. Il se présentait à Nolan plus humble qu’il n’avait jamais pu se montrer et plus authentique qu’il n’aurait pu se révéler dans la tour blanche. « De tous les endroits et les moments où j’aurais cru croiser votre chemin à nouveau, celui-ci ne m’est jamais venu à l’esprit. Que faites-vous dans les plaines sauvages, jeune prince? » Sa voix était douce, exempte de toute agressivité, d’artifices ou de charmes intentionnels. Il était serein, mais désemparé de celui qu’il montrait intentionnellement à la cour. Il bougeait à peine, déstabilisé, Keziah se sentait un peu comme l’animal apeuré qui avait été capturé après sa morsure. « Nolan…Elle…Kyne est… » La main posée sur le cou du cheval sombre tremblait, il baissait la tête en tentant de contrôler le tremblement de ses lèvres. « Endormie, éternellement endormie. Et si je n’avais pas des guérisseurs royaux, ce sommeil l’aurait tué déjà. » Il n’y a rien qu’il puisse faire. Pourquoi était-ce la première chose qu’il avait voulu lui dire? Cet enfant, dont il aurait aimé être plus près, moins différent. Cet instinct de vouloir prendre soin d’un jeune être revenait à la surface, le même qui l’avait poussé à protéger sa fille toutes ces années. Et la raison pour laquelle cette affection était aussi douloureuse était parce qu’il avait échoué. Oui, pour la première fois, Keziah savait que devant lui, quelqu’un comprenait exactement les maux qui le rongeait. Cet huis clos entre l’angoisse et le deuil. L’interdiction du deuil était une souffrance qu’il ne pouvait gérer.
« J’aurais dû…Mieux comprendre votre douleur. Je m’en veux. Je m’en veux de ne pas avoir compris autant que je comprends maintenant. Et je m’en veux terriblement de ne pas avoir pu la protéger. »
Il était si en colère, d’avoir dû apprendre de cette manière. Le voilà qu’il retrouvait un garçon qu’il appréciait et sans le laisser prononcer un mot, Keziah commençait déjà à lui parler de sa perte.
Il ne pouvait pas respirer, pourtant le vent sur son visage était réconfortant et sa monture galopait à toute vitesse dans les plaines pour permettre à son maître de ressentir pleinement la fraicheur ambiante. Ses cheveux partaient, libres derrière lui, les boucles finissaient inlassablement comme la crinière d’Étoile du matin. La bête ralentit progressivement avant de s’arrêter, Keziah descendit d’un seul saut en tenant la selle dans sa poigne. Le vampire décrocha de la selle le contenant qui servait à transporter l’eau pour leur voyage. Dans une des sacoches, il pouvait trouver un bol et y verser le liquide pour nourrir l’animal. Depuis combien de temps courrait il ainsi les plaines avec sa monture, dans l’espoir de se sentir pleinement libre? Comme s’il pouvait se libérer de ses fardeaux, en tant que souverain, le temps de quelques heures, autant que des idées noires et de son deuil. Keziah avait besoin de ce moment de solitude, mais il ne voulait pas le faire subir à sa monture et l’épuiser pour autant. Le vampire caressa la crinière, un sourire se dessinant au coin de ses lèvres alors qu’il voyait l’animal se donner à cœur joie dans le contenant d’eau.
Il monta à nouveau et partit, ne dirigeant presque plus l’étoile du matin, il la laissait gambader là où elle le désirait, reprenant le contrôle par moments. Le prince des cendres s’arrêta brusquement en sentant une odeur humaine à proximité. Ses doigts se mêlaient dans la crinière de l’animal pour le rassurer lorsqu’il figea complètement pendant quelques secondes. Lorsqu’il le reconnut, il reprit rapidement les rênes et se dirigea rapidement vers le jeune homme. L’étoile du matin s’arrêta doucement avant que Keziah ne descende de sa selle. Son regard semblait troublé, presque triste pourtant sans qu’on puisse comprendre pourquoi. Sa poitrine se soulevait de joie pourtant une émotion inconnue lui faisait mal lorsqu’il regardait le visage de ce jeune prince. « Nolan… » souffla-t-il, sans bienséance ni cérémonie. Il se présentait à Nolan plus humble qu’il n’avait jamais pu se montrer et plus authentique qu’il n’aurait pu se révéler dans la tour blanche. « De tous les endroits et les moments où j’aurais cru croiser votre chemin à nouveau, celui-ci ne m’est jamais venu à l’esprit. Que faites-vous dans les plaines sauvages, jeune prince? » Sa voix était douce, exempte de toute agressivité, d’artifices ou de charmes intentionnels. Il était serein, mais désemparé de celui qu’il montrait intentionnellement à la cour. Il bougeait à peine, déstabilisé, Keziah se sentait un peu comme l’animal apeuré qui avait été capturé après sa morsure. « Nolan…Elle…Kyne est… » La main posée sur le cou du cheval sombre tremblait, il baissait la tête en tentant de contrôler le tremblement de ses lèvres. « Endormie, éternellement endormie. Et si je n’avais pas des guérisseurs royaux, ce sommeil l’aurait tué déjà. » Il n’y a rien qu’il puisse faire. Pourquoi était-ce la première chose qu’il avait voulu lui dire? Cet enfant, dont il aurait aimé être plus près, moins différent. Cet instinct de vouloir prendre soin d’un jeune être revenait à la surface, le même qui l’avait poussé à protéger sa fille toutes ces années. Et la raison pour laquelle cette affection était aussi douloureuse était parce qu’il avait échoué. Oui, pour la première fois, Keziah savait que devant lui, quelqu’un comprenait exactement les maux qui le rongeait. Cet huis clos entre l’angoisse et le deuil. L’interdiction du deuil était une souffrance qu’il ne pouvait gérer.
« J’aurais dû…Mieux comprendre votre douleur. Je m’en veux. Je m’en veux de ne pas avoir compris autant que je comprends maintenant. Et je m’en veux terriblement de ne pas avoir pu la protéger. »
Il était si en colère, d’avoir dû apprendre de cette manière. Le voilà qu’il retrouvait un garçon qu’il appréciait et sans le laisser prononcer un mot, Keziah commençait déjà à lui parler de sa perte.