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descriptionSiège du Port de Sélénia par les Chimères EmptySiège du Port de Sélénia par les Chimères

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14 février 1763

Une brume épaisse flottait au dessus des eaux agitées de la baie sélénienne. Une bruine fine, accompagnée d'embruns et de sueur, venait mouiller les chemises des marins sortis pêcher en cet énième jour de siège. Sur le petit chalutier, on tirait les filets, on grognait dans les cirets, on pestait contre l'humidité, contre le tabac mouillé dans les pipes froides. Et encore plus contre le vide entre les mailles qui remontait inéluctablement des vagues agitées, en ce triste jour de février. Sur le navire d'escorte, les gardes pestaient aussi, mais à force de baillements et de jeux de dés ou d'osselets pour combler l'ennui. Ils détestaient cette tâche qui leur avait été confiée chaque semaine, celle de partir en mer comme on s'ils allaient à la bataille, armés jusqu'aux dents, alors qu'ils n'étaient partis en réalité que pour faire une petite promenade. Promenade qui consistait à regarder les mêmes bouts de côte inintéressants, à s'envoyer des banalités avec les pequenots de l'autre bicoque, se remplir les narines jusqu'à la gerbe de l'odeur de poiscaille qui remontait très lentement de la mer. Poiscaille dont ils ne profiteraient même pas tant qu'elle était fraiche, car elle serait salée et entreposée dans les réserves de la ville pour maintenir le siège face à des ennemis qui ne venaient pas.  

Le peuple humain s'était crispé au cours du mois de janvier, dans l'attente d'une attaque de leurs ennemis du passé depuis que les pirates avaient révélés qu'ils avaient été retrouvés. Les chimères, les terribles monstres ravageurs d'un continent entier, celles là même qui avaient détruit leurs maisons et leurs campagnes il y a à peine 3 ans de cela, elles étaient revenues. Elles rodaient maintenant dans les eaux de l'archipel de tiamaranta, et elles allaient s'attaquer au havre de paix trouvé par les ambarhunéens. Pour les humains de Sélénia, une soif de sang chimérique s'était éveillée. Le peuple et les guerriers qui avaient du fuir sur des navires criaient vengeance pour ceux qui s'étaient sacrifiés sur leur sol natal. Vengeance pour ceux qui leur avaient assuré au prix du sang, de la sueur et des larmes, un avenir sur cette nouvelle terre. Les violents colons humains qui s'étaient d'abord entredéchirés à peine le pied posé sur leur nouveau royaume, avaient à nouveau un ennemi contre qui erructer et déchainer le guerrier sanguinaire qui sommeillait en chacun d'eux. Le destin semblait de leur côté, après toutes les dures épreuves de l'exil et de la colonisation, ils allaient enfin pouvoir régler leurs comptes avec la fatalité, avec la cause de tous leurs tourments.

Cependant, plus d'un mois s'était écoulé depuis l'annonce et l'agitation qu'elle avait engendrée, et rien ne venait perturber le calme plat et glacé de cette fin d'hiver sur Calastin. On s'était armé, on avait barricadé les rues et augmenté les effectifs de la garde mais pas le moindre signe en vue, pas le moindre message d'éclaireur pour satisfaire les ragots ou apaiser l'attente de la bataille. Aujourd'hui le gris et l'ennui regnaient sur les éléments et commençaient à gagner les coeurs des hommes. L'attente était presque palpable, elle enserrait le désir d'action qui brulait chez les marins comme un oreiller etouffant une victime ensommeillée. Pour tout les marins ? Non. Une vaillante âme résistait encore et toujours à l'envahissante morosité qui l'entourait.

"Hey dis donc patron ! C'est une sacrée purée de pois que nous sert la mer aujourd'hui... impossible d'y voir à une lieue et au milieu de tout ça on gamberge comme une coquille de noix sur une marre d'automne." La voix malicieuse imitait à la perfection l'accent rude et brute du parlé marin et le second avait appris à ses dépens et à force de trop nombreuses occurences, qu'il y avait un sous-entendu narquois dans les paroles de son pire gabier.
"Dis donc la cantatrice, au lieu de faire ton singe dans le gréément, t'as pas des bouts de trucs à raboter ou des noeuds à refaire ou des doigts à te mettre dans le fondement pendant ton quart de repos ?" grogna le second en réponse. L'ennui lui pesait et sa propre agressivité le distrairait au moins un peu en attendant la fin de cette interminable journée. Une insupportable joute verbale avec l'autre urluberlu était toujours préférable à l'inaction habituelle.
Son interlocuteur le regarda les yeux levés vers lui. Ou baissés plutôt. Ou non l'inverse. Enfin cela dépendait du point de vue que l'on prennait. Du point de vue d'Archibald qui pendait du mat la tête et les bras ballants, il les baissait vers le haut alors que techniquement il les levait vers le bas. Mais le sang commençait à peser sur sa tête renversée alors nous l'excuserons.

"Oh si j'ai des tas de choses à faire, des tas de choses à remettre à plus tard surtout. Mais dans un tel brouillard, je préfère me pendre au gréément et aider la vigie à se tenir éveillée. Je pense que ce serait un mauvais jour pour laisser la gueule de bois d'un collègue incompétent décider de mon sort." Dit-il avec une voix aux accents d'ébriété causés par les vertiges de son cerveau sur-irrigué. Lui aussi s'ennuyait et même si c'était inconvenant et qu'il avait le visage bouffi et rougi, la sensation de balancement du navire et du mât, l'étourdissement enfantin de la vision altérée des choses mises à l'envers, ainsi que le plaisir de frimer avec sa queue d'accrobate, valaient le coup dans de telles circonstances de désintérêt profond pour le travail et la vie en général.
Oui, une queue d'accrobate. De lémurien plus précisément. Une belle queue annelée, noire et blanche, soyeuse, longue d'un demi de sa hauteur, souple et puissante, enroulée avec soin et précision, l'appendice caudal faisait la fierté du marin chanteur. Peu nombreux étaient les possesseurs de ce don qui avaient survécus à l'exil, car il était généralement attribué par les esprits-liés aux artistes, et les artistes ambulants avaient été durement frappé par les attaques de chimère. Mais le don de l'équilibre et d'agilité se revelait aujourd'hui essentiel pour la profession vitale qu'était celle de marin dans ce nouvel environnement.

"Arrête de faire le malin ! Si tu tombe maintenant on va devoir envoyer un matelot moins expérimenté dans la mature pour te remplacer à ton poste et j'ai pas envie de ré-organiser les quarts à cause de ton imbécilité. Et puis tu donne un mauvais exemple aux autres gabiers alors descend de là !"
"Mais patron ! Faire le malin c'est ce que je sais faire de mieux, c'est ma raison d'être ! Vous bridez ma fibre artistique, vous m'assassinez ! Et puis comme je vous l'ai dit, ça empêche notre amie la vigie de s'endormir."
"Crétin des îles ! Je t'en foutrai moi de la fibre artistique ! Si la vigie s'endort c'est à moi de la garder éveillée en lui rappelant que si elle ne tient pas son poste je peux très bien rabaisser sa paie. Et ça vaut pour toi aussi Habbot, je t'ai donné l'ordre de descendre, si tu ne le suis pas grand bien t'en fasse mais ne viens pas te plaindre après si ta bourse devient plus légère."
"Très bien, comme vous voulez patron..."
maugréa l'accrobate. Il n'aimait pas cette situation, le brouillard était particulièrement épais, et même si la vigie ne dormait pas debout, une menace pouvait leur tomber dessus sans crier gare très rapidement. Trop rapidement. Comme cette fois où le bateau fantôme avait surgi de la brume lors de la bataille des crocs de givre. Bien sûr il ne fallait pas s'inquiéter à chaque fois qu'il y avait du brouillard, en cette saison c'était fréquent mais aujourd'hui la chape était particulièrement épaisse et oppressante. Et puis les pêcheurs ne remontaient rien aujourd'hui.

Archibald se releva et entama sa descente habile du mât, souple et aisée, presque automatique tandis qu'il songeait. Il n'aimait pas croire aux superstitions, il aimait les raconter pour amuser la galerie mais il n'y adherait pas. Aussi il abandonna la conversation avec le second et ne chercha pas plus à faire part de ses inquiétudes. Ce n'est pas un temps brumeux et une mauvaise pêche qui signifiaient forcément une attaque de chimères. Des jours comme ceux-là il y en avait déjà eu et il y en aurait sans doute d'autre avant qu'on ne voit débarquer les ennemis pour de bon...

Il alla rejoindre son hamac dans les quartiers de l'équipage pour prendre le repos qui lui était dû. Avant de se coucher, il se rassura comme il pût en rassemblant ses convictions. Il était là le jour où les chimères avaient refait surface. Il en avait affronté une, il avait subi leur aura affreuse de dégoût profond. Il ne souhaitait ce sort à aucun de ses semblables humains ou autres, et il ne voulait pas voir le monde sombrer à nouveau aux griffes de leurs ennemis. Après la bataille des crocs de givre, il était resté sur le Maelstrom qui s'en était retourné à Athgalan, mais le trajet lui avait permis de réfléchir à la suite des événement et au rôle qu'il souhaitait vouloir y jouer. Avec la plupart de ses anciens camarades artistes vivant à Sélénia, il avait décidé de retourner à la capitale impériale pour aider au préparatifs de la guerre pour apaiser les tiraillements de sa conscience.

Par le passé, il s'était caché sous le dictat du Tyran Blanc, il avait fuis lors de l'invasion chimériques, cette fois-ci il aiderait le front et se sentirait utile. Bien sûr travailler sur un petit navire de garde qui protégeait des pêcheurs n'était l'idée héroïque de la guerre qu'il avait eu en tête au départ mais c'était toujours mieux que rien. Il se força à arrêter de penser pour profiter un peu du repos qui lui était accordé et se laissa le hamac et sa fatigue physique le bercer et le porter vers le sommeil léger et peu confortable qui allait de pair avec son métier.

Malheureusement... le quatorze février, jour brumeux à sélénia, n'allait pas être un jour comme les autres. Car le brouillard à couper au couteau s'épaissit encore plus et tandis que la vigie ronflait, les contours indistinct de plusieurs navires approchèrent des côtes séléniennes. Des navires en lambeaux, mus par une volonté spectrale avançaient inéluctablement, comme des prédateurs rattrapant leur proie. Ce qu'ils étaient exactement. Furtivement, des silhouettes diformes sortirent de l'eau et grimpèrent à bord des deux navires. Des monstres couverts de duvet noir visqueux, aux yeux blancs inexpressifs et au bec couleur chair grisatre. Leur griffes jouaient au bout de chacun de leurs doigts mais ils n'en avaient pas besoin car personne n'essaya de se défendre. Aucunes de leur victimes n'osa pousser de cri. Toutes étaient pétrifiées devant l'apparence de ces créatures difformes et par leur aura qui paralysait les corps et les esprits. Archibald fut réveillé par l'interruption soudaine des bavardages et des bruits de pas de ses collègues. Cet étrange silence l'interloqua, normalement il était impossible de faire taire un marin désoeuvré, et les bruits de déplacement qu'il entendait n'étaient plus ceux des pieds nus humains sur le pont, mais le raclement sourd de griffes de créatures étranges. En quelques secondes il imagina le pire de ce qui pouvait arriver et il n'en fut pas très loin. L'atmosphère glaçante, d'un froid sans vie, terne le prennait à la gorge et hérissait les poils de sa queue. Ses esprits-liés faiblissaient et ce, sans même voir l'une des créatures. Ils étaient donc nombreux, ou beaucoup plus forts que les deux spécimens qu'il avait rencontré auparavant. A pas feutré et délicat il quitta son hamac et se lança vers la proue du navire. Les créatures n'étaient pas encore descendu aussi bas dans le navire, il avait encore une chance...  

Il se faufila dans le pont inférieur encombré et atteint l'accès inférieur pour le beaupré. Il s'y faufila et grimpa comme il put à l'extérieur du navire pour atteindre le gaillard d'avant. C'était plus difficile que d'habitude, il se sentait moins souple, moins léger, moins sûr de ses appuis et plus balourd qu'avant. Le lémurien en lui se recroquevillait et sa joie de vivre avec. Il comprenait pourquoi les autres membres de l'équipage avait cédé au silence aussi facilement. Il ne semblait rester qu'une solution : le désespoir, et on n'avait envie que de s'y laisser aller pour toujours. Mais son analyse correcte de la situation le conforta et l'empêcha de céder. Il connaissait la sensation, il y avait de l'expérience contrairement aux autres, il pouvait la combattre. La première fois c'était le dégoût profond et la peur que la créature exhalait qu'il l'avait acculé et poussé à l'attaquer. Et au final, cela avait marché. Alors il accepta la vague de désespoir en lui. Le navire était perdu, les pêcheurs, les marins, les gardes, ils étaient probablement tous condamnés. Et lui aussi. Il lui restait une chance c'était vrai, mais il ne pensait plus à s'échapper cette fois. C'était son moment de gloire héroïque, sa mort anonyme mais pleine de gloire et de vanité. Il était le seul à avoir pu résister sur le navire, lui seul pouvait encore atteindre la cloche d'alarme et sauver Sélénia d'une attaque surprise.
Et c'est ce qu'il fit.
Archibald Habbot réveilla toute la force et la conviction qui lui restait, houspilla ses esprits lié et bondit comme un diable dans l'action. Il parvint comme l'éclair à atteindre et frapper la cloche d'alarme qui se mit à émettre un boucan d'enfer.  Il se retourna ensuite vers les bêtes qui maintenait au sol le reste de l'équipage. Il constata qu'un des navires fantôme les avait abordé avec une passerelle et que la totalité des bêtes étaient occupées à cette tache d'immobilisation et que le seul autre être qui restait debout était un humain. C'était une grande perche avec l'air un peu endormi et il était vêtu de vêtements nobles aux couleurs et blasons d'Aldaria. Un fantôme d'Ambarhuna... encore...

Il s'était retourné vers lui d'un air furieux. Archibald sentit la pression de l'aura s'intensifier sur son esprit mais il se raccrocha à son désespoir et fonça vers son supposé adversaire sans se poser plus de question. La furie du combat le pris et il ne fit plus attention à autre chose qu'à son adversaire. La musique complexe et endiablée du combat commença et le troubadour fut surpris d'être celui qui menait la danse grâce à ses esquives rapides, ses mouvements complexes et osés et la force de sa hache. Il pensait que l'épée de l'officier serait plus implacable que cela mais celui ne faisait que parer et les rares coup qu'il osait porter tombaient à chaque fois à l'eau. Le troubadour appliqua sa fameuse tactique de combat, vida son esprit, laissa l'instinct plonger son corps dans le combat. Avec ses jambes, son bassin et son buste il glissait entre les attaques, avec ses bras et son arme il déchainait les bottes et les coups violents connus par coeur à force de s'y entrainer et enfin... de sa voix il deversa le torrent de chants idiots destinés à provoquer la colère et la confusion.

La tactique fonctionna, son adversaire qui ne s'attendait pas à rencontrer une telle résistance et cet absurde style de combat. L'ancien officier aldarien failli se faire submerger par les attaques et y laissa quelques plumes avant de resaisir. Après une botte à l'épée ou il réussit à créer une violente entaille il commis une erreur fatale. Il pensait que son adversaire allait accuser le coup mais il ne savait pas que la douleur ou la fatigue n'existait même pas dans la tête du marin à ce moment là. Il plaça mal son pied, il mis trop de force et d'assurance dans son coup, il mit trop de temps à reprendre son équilibre et le spirite du lémurien passa à travers sa défense. Le pommeau de la hache vint frapper son ventre, lui faisant cracher son souffle et lacher son arme, puis la queue annelée s'enroula autour de son cou. Il sentit ses genoux être fauchés par l'arrière et sa gorge tractée. Il chuta durement le crâne en premier et des étoiles dansèrent devant ses yeux.
Il se résigna à passer un très mauvais moment en distinguant vaguement cette maudite hache se lever dans les airs pour s'abattre verticalement sur son torse. Dans un dernier moment de conscience, le parasite pesta une nouvelle fois contre son corps trop faible qu'il avait eu le malheur de posséder et qui l'avait relégué au rang de paria chez son peuple. Il avait pris possession d'un humain noble qui semblait important en pensant naïvement que chez les humains aussi, les plus influents étaient les plus forts. Qu'elle n'avait pas été sa déception quand il s'était retrouvé dans ce corps maigrichon et maladroit...

Archibald respirait comme un soufflet de forge. Il laissa sa hache plantée dans le corps de son ennemi et s'appuya les mains sur ses genoux pour faire une pause. Les créatures pouvaient bien le saisir maintenant il n'en aurait cure, il était trop épuisé. Sa tactique de combat était efficace mais dieux qu'elle était gourmande en énergie et en souffle, il aurait fallu qu'il réduise la boisson et la pipe s'il avait voulu s'améliorer et augmenter son endurance. Mais c'était trop épuisant. Rien que l'idée le rendait las. Ses paupières devinrent lourde et la douleur qui le piquait dans le bras se mit à remplir son esprit et il ne put se focaliser sur rien d'autre que cet étrange inconfort qui lui l'écrasait et le serrait progressivement comme un étau sur chaque portion de nerf qui partait de son bras. Des vagues d'inconfort traversèrent son cerveau et ses jambes commencèrent à trembler. Son bras se contracta de lui même et il tomba à genoux. Il n'avait plus le contrôle sur son corps et il se sentait partir loin des sensations qui le rendait humain et proche du monde. Il se sentit reculer dans sa propre tête, il se sentit se faire enfermer dans une bulle noire d'où il ne pouvait que regarder, impuissant. Cela ne le gêna pas, il était trop fatigué après tout ce qu'il avait fait pour continuer  à se battre contre ses propres sensations. Alors depuis sa cellule mentale il sentit vaguement que son corps se relevait et se grattait le bras. La douleur de la blessure était vague et ne l'atteignait plus vraiment, ou plus atténué. Malgré le fait qu'il trouvait ça anormal, il ne put que s'en réjouir. Il entendit sa propre voix s'adresser aux créatures d'un ton autoritaire qui ne laissait pas de place à la désobéissance mais il était trop épuisé pour essayer de comprendre ou pour s'inquiéter pour ses anciens camarades. Il était tellement plus simple de se laisser aller plutôt que de lutter face à cette perte de contrôle, face à tout, face à la vie en général. Il laissa ce qui restait de sa conscience flotter et les derniers messages qu'il reçut de son corps furent une violente traction de son bras, une douleur vague au niveau du bas du dos et l'image d'une sorte de longue écharpe ensanglantée qu'on jette par-dessus bord. Elle était faite d'une étrange fourrure rayée de noir et de blanc.[/b][/color]
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descriptionSiège du Port de Sélénia par les Chimères EmptyRe: Siège du Port de Sélénia par les Chimères

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L’hiver était bien avancé et n’allait pas tarder à se terminer. Mais cela n’empêcher que le froid régnait en maître sur la terre comme au ciel. Debout sur le pont de l’Intrépide, Honor frissonnait dans la nuit glaciale. Elle serra un peu plus fortement sa cape blanche doublée de fourrure toute aussi immaculée contre elle. La fatigue lui brûlait les yeux mais elle était de quart et se devait d’être vigilante un minimum, bien qu’à l’heure actuelle, presque minuit, il ne devait pas encore y avoir de danger.

Un bruit de bottes se fit entendre sur le pont, en contrebas du château arrière. Une nouvelle silhouette blanche apparut en bas. Les cheveux en queue de cheval, une grosse écharpe blanche autour du coup pour la protéger du froid. Honor sourit en voyant sa fille monter vers elle. Puis elle fronça les sourcils. Léopoldine devrait être en train de dormir actuellement, pas de se balader. Son quart n’était pas le suivant et si elle restait debout plus longtemps, elle sera dans le même état que sa mère quand son tour viendra.

Léopoldine se plaça contre la rambarde, à côté de sa mère et observa les flots. Je n’arrive pas à dormir. Dit-elle pour toute excuse et préambule. Sa voix était lasse, et la fatigue se faisait pourtant sentir dans son ton. Mais Honor savait la raison de l’insomnie de sa fille. La capitaine posa une main pleine d’amour sur l’épaule de sa fille ainée. Elle se força à sourire de façon rassurante, bien que même la Salamandre s’inquiéter de ce qui allait bientôt advenir.

Il y avait peu, alors qu’Honor dinait avec ses officiers dans les messes de l’Intrépide, la vigie avait annoncé l’approche d’un vaisseau. Le VMA était encore stationné à Délimar, laissant à une partie de l’équipage une dernière nuit de permission avant de lever l’ancre. L’équipage était serein, les cales étaient pleines de vivres ou de matériaux brut, sel, sucre, fruit au sirop, une confiserie originale à base d’amande, de chataîgne et de pomme dont raffolait le père d’Honor, des minéraux de fer, quelques petites caisses de joaillerie, des peaux de différentes bêtes, afin de concevoir des manteaux assez chaud pour résiter confortablement à l’hiver : hermine, mouton, renne, tout ceci et bien plus, à amener à Sélénia et tout se passait à merveille.

Il était de coutume sur l’Intrépide que les officiers se rassemblent tous aux messes pour un repas d’avant départ et s’était un moment convivial et d’une franche camaraderie, assez éloignée du professionnalisme que réclamait la Capitaine. Les discussion autour du petit festin avaient un ton joyeux et les rires allaient bon train sur le regard serein de la capitaine. Même elle se déridait un peu exceptionnellement sur son navire. Même si elle faisait mine de désapprouver cela, Honor attendait avec une certaine impatience le moment où les plus téméraires de ses officiers entonneront des chansons aux thèmes peu respectables, alors que l’autre partie prendra un air offusqué avant de reprendre en chœur, Léopoldine ne faisant pas exception, avec pour tout accompagnement à cette musique le rire de leur Capitaine, qui ne fera qu’augmenter le volume des chants jusqu’à ce qu’ils deviennent un brouhaha joyeux que l’équipage de quart ou dormant entendra quoi qu’il arrive. Mais ce qui était devenu une tradition sur l’Intrépide voulait que personne ne parle de ce seul moment où les officiers se comportaient un peu moins comme des officiers et plus comme des marins.

Mais cette veillée se fit donc interrompre par l’approche d’un navire. Rien d’inquiétant à première vue, jusqu’à ce qu’il fût observé que le navire non identifié ralentissait à leur approche. Une attaque pirate était impossible aussi proche de Délimar que ça, mais alors qu’est-ce que ça pouvait bien être ? Tout de même pas les Chimères. Leur présence avait été révélées et Honor avait vu la flotte de guerre partir les affronter plus loin, mais aurait-elle été complètement vaincue ? Etait-ce un éclaireur ? Pourquoi ralentir alors comme pour affronter l’Intrépide dont le tonnage était bien plus important que ce que la silhouette semblait donner. La réponse vint bien assez tôt, lorsque le navire fut identifié comme une caravelle. Mais l’obscurité rendait impossible son identification précise.

Puis de petites lumières se mirent à bouger, dans une danse saccadée, étrange et pourtant bien chorégraphiée. La réaction sur le pont fut immédiatement et un grand soulagement s’empara de l’équipage. Les officiers qui étaient eux aussi sortis avec leur capitaine pour voir ce qu’il se passait cachèrent toute fois leur soulagement, mais en leur for intérieur, ils disaient un grand merci aux Esprits. Le message était clair, le code et l’identification faîtes. Il s’agissait d’un vaisseau de la Hanse et il devait parler à Dame Harrington au plus vite.

Honor aurait presque souris en voyant le message que la caravelle envoyée. Au pus vite… voilà comme c’est original. C’était absurde, puisque le message avait déjà perdu du temps en voyage. Mais ce qui l’empêcha de sourire, c’était bien qu’à la Hanse, tout le monde savait qu’un message prenait du temps pour rejoindre son destinataire, et il fallait souvent un miracle pour que l’information soit toujours valable lorsque le destinataire en prenait connaissance.

Un nœud se forma dans l’estomac de la dame blanche et ses mains se crispèrent légèrement, croisées dans le dos. Heureusement, ses gants blancs dissimulèrent cette crispation et les années d’entrainement permirent à la dame de ne rien laisser paraitre. Elle fit le souhait fou que ce ne soit rien de vraiment urgent, juste une panique stupide de quelques bureaucrates arriérés qui n’avaient jamais réussi à s’élever par le commerce et finalement ne servaient qu’à expédier les affaires courantes. Elle l’espérait, mais elle savait pertinemment que ce n’était pas ça.

Elle secoua la tête et reprit le contrôle de ses émotions. Ne rien laisser paraître, rester le seul maître.

Les deux navires réussirent à se placer l’un à côté de l’autre, en grande partie grâce à l’aide de Léopoldine et de son contrôle du vent. Honor ne le disait jamais, mais elle était incroyablement fier de son enfant. Elle ne le disait jamais, mais le montrer autant qu’elle le pouvait, mais depuis la disparition de son mari, elle n’arrivait plus à dire les choses qu’elle avait sur le cœur.

Les planches furent tirées et un homme s’avança dessus pour rejoindre le pont de l’Intrépide. Il s’arrêta avant de descendre et regarda Honor et le petit groupe réuni pour l’accueillir au cœur de cette nuit. Capitaine Castlet. Je demande la permission de monter à bord. Capitaine Harrington, permission accordée.

L’homme sauta avec légèreté sur le pont. Sa tenue était voyante, une veste rouge d’une tissu brillant et souple, certainement de la soie, tout comme son pantalon, d’un vert clair du plus mauvais goût. Un costume qui tintait à chaque pas du tintement des grelot. Sans compter sa barbe qui lui dévorait le visage. Cela créait un personnage unique et original. Mais la famille Castlet était connue pour essayer d’explorer les plus étranges recoins de la mode sans jamais réussir à les rendre populaires, certainement parce que c’était toujours moche et que cela piquer les yeux et cela mener presque à une certaine fascination

Puis il délivra enfin son message. Le visage d’Honor resta impassible, mais son sang se tourna immédiatement en glace et une boule se forma dans sa gorge. Les chimères étaient bien plus nombreuses et proches que ne le penser la Hanse et Sélénia allait être attaquée. Du moins c’est ce que penser le conseil des marchands. Pour défendre la ville et la chambre principale, il allait falloir le plus de force possible. La caravelle portait le message à chaque VMA de l’alliance et l’Intrépide était le plus proche et probablement le seul à pouvoir arriver à temps. Mais est-ce que ce sera suffisant ? Peu importe, il fallait y aller.

Il ne fallut pas plus longtemps pour qu’une série de barque fut mise à l’eau et qu’on ramène les permissionnaires. Aussi fou que cela fut, Honor fut pressé le départ. Pourtant, il n’était plus à l’heure près. Mais Honor n’en était plus si sûre. Pendant que l’équipage se dépêchait de finir les préparatifs, elle fit ses adieux au capitaine Castlet. Le barbu était un ami de la famille depuis longtemps, en particulier du mari disparut d’Honor. Le bruit de ses souliers et les grelots de sa tenue fantaisie s’éloignaient sur le pont reliant les deux navires. Il amenait avec lui la joie du repas, le calme de la nuit, une odeur de pain d’épice et les vœux d’Honor pour qu’il prévienne le reste des marchands de la Hanse à temps.

Pendant que le reste de l’équipage rejoignait le VMA Intrépide, la caravelle s’éloignait sous le regard de la Salamandre et de sa fille. Puis, l’ancre fut lever et le navire pris sa route vers sa destination. Une destination terrible et terrifiante.

Cela ramène à la mère et la fille, l’une ne pouvant dormir par devoir et l’autre à cause de la bataille à venir. Honor aurait voulu réconforter plus sa fille, mais elle n’avait rien de mieux à offrir qu’un peu de chaleur maternelle. Elle réfléchit un moment puis céda. La dame blanche enlaça sa fille d’une étreinte forte. Ne t’en fais pas. Ça va bien se passer ma chérie. Mère, j’aimerai tellement que ce soit un rêve. J’aimerai me réveiller et que père soit là, et que les chimères n’existent pas. Moi aussi, ma chérie, mais hélas, on ne peut revenir en arrière. Tout ce que nous pouvons faire, c’est aller de l’avant et vaincre nos problèmes.

Les marins de quart eurent le bon goût de ne pas regarder avec trop d’attention l’une des rares preuves d’affection publique d’une Harrington. Tout en serrant sa fille, le regard d’Honor regardait les côtes, l’ombre des arbres contre le ciel plein d’étoiles scintillantes. Le pont du navire était brillant à la lumière des bougies.

Honor se mit à penser à ses propres parents, dans le manoir Harrington. Sa mère derrière son immense bureau, croulant sous les rapports commerciaux. Dans l’âtre, un feu vorace dévore une dernière buche. Honor imagina son père vieillissant, somnolant dans son fauteuil, devant la cheminé

Son vagabondage fut arrêté par un flocon de neige qui finit sa course sur son nez. La magie de l’instant cessa et Honor lâcha Léopoldine. Le pont était humide, mais il ne fallut pas longtemps ni d’ordre pour que l’eau du pont soit retirer le plus possible pour éviter le givre. Le froid était terrible, bien plus fort que celui de décembre.

Retourne dans la cabine. Ce n’est pas la peine que tu prennes froid sans raison. Mais… Non. Ordre du capitiane. Retourne te mettre au chaud et pense à mettre une grosse paire de chaussettes pour ton quart. Il va faire froid. Honor regarda sa fille retourner se coucher avec un air boudeur, comme sa mère à son âge. Les chiens ne font pas des chats.

La nuit toucha à sa fin et Honor se força à profiter de chaque minute de repos et força le reste de l’équipage à en faire autant. Le VMA Intrépide était un navire de commerce, mais il était aussi armé pour la guerre plus exactement pour lutter contre la piraterie, si bien que l’équipage savait se battre et le vaisseau possédait une compagnie de soldats, de vrais soldats de métier qui s’étaient entrainés depuis deux ans aux combats de bateau à bateau. Aujourd’hui, cet entrainement allait être un don, au même titre que l’habitude des batailles navales qui permettait à l’équipage de rester calme avant l’affrontement. Mais cela était plus difficile que d’habitude. Cela faisait plusieurs jours que l’idée de la bataille hantait l’esprit des hommes et des femmes de la Hanse, alors que lorsque des pirates attaquent, il n’avait que quelques heures à attendre avant le combat.

Mais l’attente touchait à sa fin. De nouveau rassembler dans la cabine du capitaine, les officiers du vaisseau de ligne ne présentaient plus le même visage. La pièce n’était plus décorée pour la fête, mais la table était vide à l’exception d’une carte d’état-major de la région de Sélénia. Elle permettait de donnait une vue rapide de la situation géographique car ils ne connaissaient pas du tout la situation militaire. Pire encore, ils n’étaient pas des militaires de carrière. Ce n’était pas leur métier de briser des sièges ou de faire face à des flottes ennemies complètes. Il n’y avait que dans les contes que les héros solitaires surgissaient pour sauver la couronne des créatures des ténèbres. Dans les faits que pouvait faire un seul vaisseau, aussi gros soit-il, comme le VMA Intrépide. La réponse que tous craignaient était rien. Mais à Sélénia, presque tous avaient une famille. Ils ne pouvaient tout simplement pas se contenter d’ignorer la menace.

D’ici quelques heures, la bataille pourrait avoir lieu comme le vaisseau pourrait briser le blocus sans rencontrer aucune résistance, grâce à l’épais brouillard qui avait fait disparaitre les sapins qui poussaient sur la côte. La cloche du branle-bas de combat avait depuis longtemps sonné pour que l’équipage soit en alerte et plus encore, pouvoir maintenir un vaisseau paré au combat et maintenir un effet de surprise si par mégarde, l’ombre d’un navire étranger apparaissait. Dans ce cas de figure, l’Intrépide était déjà paré à attaquer sans faire le moindre bruit.

Ce brouillard était un cadeau inespéré, mais dans la cabine éclairée par des [color=#FF0000]chandeliers[color] d’Honor, les discussions animées étaient loin de respirer le bonheur. La réunion stratégique de dernière minute menaçait de tourner à l’empoignade à cause de la tension qui n’avait cessé de croitre pendant le voyage de retour. Les officiers étaient à cran et complétement désemparé. Certains imaginaient même que la cité était déjà tombée, que leur famille avait été massacrée. Quand certains cherchaient des solutions d’autres préféraient se morfondre.

Léopoldine essayait de calmer les esprits mais sans résultat, pendant que sa mère semblait ailleurs. Honor restait en retrait, à côté d’une petite table. C’était toujours comme ça avant un affrontement. Elle réfléchissait seule, avant de rassembler les officier dans la cabine ou pendant qu’ils commençaient à discuter. Parfois ils restaient juste silencieux, attendant poliment que leur Capitaine finisse son petit rite de méditation.

Honor allumait toujours un bâton d’encens avant une bataille. L’odeur l’aidait à se concentrer, à se détendre. Certains hommes et certaines femmes présentes approuvaient cette sensation et constataient des effets apaisant sur eux aussi. Mais pas aujourd’hui. Pas à quelques heures d’une bataille d’une envergure qu’ils n’avaient jamais connue.

Honor revint vers la table et Léopoldine lui céda sa place de présidente de tablée. Toujours sans parler, Honor saisit une petit cloche et le doux son du carillon ramena le calme immédiatement à l’assemblée. La Salamandre fit durée un peu le silence, le temps que tous se tournent vers elle et qu’elle puisse leur rendre un regard.

Bien. Messieurs, Mesdames, je ne vous ferai pas l’affront de vous rappeler la situation. Notre objectif est de rejoindre le port de Sélénia pour communiquer avec les autorités compétentes et pouvoir connaitre la situation exacte. Cependant, il y a un problème majeur à cet objectif. Si le port est en état de guerre, avec ce brouillard, si nous essayons d’entrer, nous pourrions être considéré comme des ennemis et donc attaqués par les mêmes personnes que nous sommes venus aider. A la place, nous pourrions attaquer les navires potentiellement assiégeants, mais sans savoir s’ils sont amis ou ennemis.

On toqua et la porte de la cabine s’ouvrit sur un sous-officier. Ce dernier entra calmement, salua d’un hochement de tête avant de parler. Pacha, trois navires sont en vue. Et à première vue, par leur forme, leur état et leur capacité à se mouvoir tout de même, ce ne sont pas des navires Séléniens. Et d’après les informations que nous avons, ce sont des chimères.

Un sourire cruel fleurit sur le visage d’Honor. La salmandre reprit la parole d’une voix forte et énergique. Et bien voilà une information qui nous retire une sacrée épine du pied. Préparez-vous à l’abordage. On attaque la plus proche. Je veux qu’elle brûle et commence à s’abîmer dès notre premier passage. On aborde la deuxième. On l’accroche et on l’emmène avec nous. Que les hommes se méfient de tout ce qui se trouvent chez l’ennemi. Qu’ils ne se laissent pas aller à la facilité. Il faut que chaque situation soit complexe, chaque mouvement demande de l’énergie. Je les veux sous tension constante. Sinon, c’est que des chimères essayent de prendre possession de leur corps. Qu’on surveille ses camarades et qu’on signale toute sensation étrange. Action.

Ces consignes avaient déjà été données mais il valait mieux les répéter pour limiter la casse. L’ombre du VMA s’approcha du premier navire chimérique mais impossible de savoir si l’autre savait que la Hanse était là. En tout cas, une fois à bout portant, les archers de l’Intrépide firent flamber leurs flèches et les ouvertures de flanc s’ouvrir dans un ensemble fabuleux. Des catapultes tirèrent des pots remplis d’huiles puis une première volée de flèche mit feu au navire ennemi. Pas beaucoup au début, mais l’huile commença lentement à se consumer, attaquant doucement le bois bitumé de bateau. Une nouvelle volée, puis une autre. Finalement, le navire ennemi se mit à flamber pleinement et des silhouettes dansaient sur son pont ou se jeter à l’eau.

Ce n’était pas la méthode la plus simple de neutraliser un bateau car il était possible que le feu ne prenne pas bien, mais c’était la plus efficace si ça fonctionner. Un cri de joie accueillit le bucher des chimères du côté de la Hanse.

L’autre navire approcha de l’Intrépide et cette fois, les projectiles n’étaient pas enflammés. On commença par harponner le navire pour le garder prisonnier du grand vaisseau qu’était l’Intrépide. Très vite les échanges de projectiles devinrent horizontaux et puis les deux navires se touchèrent.

Honor, tout de blanc vêtue, Ritournelle à la main, s’élança à l’abordage de l’ennemi avec une première compagnie de soldat. Elle se mit à danser la mort au milieu des corps possédés. Le blanc de sa tenue se rougissant et se salissant du sang ennemi à mesure qu’elle tailladait la chair. La Salamandre ne laissait jamais ses hommes seuls face aux dangers. Elle était toujours sous le feu.

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Qui disait ville au bord de la mer, disait port et donc accès par la voie des mers des navires marchands, des coques de noix de pêche, comme des vaisseaux de guerre... Et comment faire la différence entre les navires de guerres alliés ou ennemis dans cette purée de poix ? Alauwyr pestait. Il lorgnait les frontières physiques à peine visible de certains quais. Du port, il n'en voyait pas grand chose ! Alors pour discerner quelque chose et préparer des assauts à distance contre les possibles vaisseaux chimères qui tenteraient une attaque à terre, c'était autre chose. Décidément, le temps n'était pas en leur faveur. Sur un plan stratégique, le brouillard était une aubaine pour les assaillants, un cauchemar pour les assiégés.

Il s'en retourna vers les positions de défenses les plus proches qu'il pouvait discerner. Leurs silhouettes étaient flous, comme des spectres qui cherchaient à sortir du voile brumeux. A nouveau, l'Almaréen pestait. Il sera impossible de coordonner des tirs convenables sur une cible donnée, sauf si les manieurs des engins écoutaient attentivement les ordres. Positionnée autour du port, ces dernières étaient là pour assurer l'entrée du port (non visible ! ). Elles paraissaient bien rudimentaires, car faites avec le matériel que les forces séléniennes arrivées en renfort avaient pu trouver sous la main. Avec du bois des cales sèches et d'autres matières premières qui restaient guère disponibles dans la cité, on avait monté des petites catapultes, pour lancer des projectiles variés. De petites balistes faisaient partie du lot , histoire de pouvoir avoir des tirs plus directs sur les vaisseaux ennemis potentiels. Quelques tirs d'essai avaient été effectués dès la fin de leur construction, histoire de les calibrer et de savoir où les projectiles tombaient avec certains réglages. Cela avait été effectué sur des parties dégagées du port, pour ne pas endommager les bateaux alliés et la structure du port. Des barricades avaient été érigées par la suite pour à l'intérieur du port et de ses bâtiments, pour compléter celles construites par les habitants. On aurait pu s'attendre à une énorme présence militaires au sein du port, qui venait renforcer les gardes de la cité. Mais depuis qu'on savait le retour des Chimères, les forces séléniennes avaient été savamment réparties au sein de l'Empire, pour assurer un maximum de protection à ses sujets. Et Alauwyr, Général Sélénien nommé depuis à peine quatre mois, assurait déjà une nouvelle tâche conséquente.

A la nouvelle du retour de leurs ennemis, les Chimères, Alauwyr n'avait guère perdu de temps à réunir les forces nécessaires au soutien à apporter au Port de la ville de Sélénia. La proximité était un avantage, mais la préparation des troupes étaient autre chose. Mais heureusement, les forces impériales n'étaient pas débutantes et il n'avait pas fallu de temps pour amener les renforts militaires à la cité, et de monter rapidement les défenses à l'aide d'ingénieurs almaréenness qui s'étaient engagées dans les forces séléniennes depuis Ambarhuna. Bien des années s'étaient écoulées depuis la tentative de sa conquête par les forces de Néant. Mais cela n'empêchait pas des individus comme Alauwyr d'apporter leur soutien, leurs connaissances ou leurs forces dans bien des actions... comme là, dans la lutte future et malheureusement proche contre les Chimères. Rien que de penser à ses immondes créatures, l'ancien mercenaire en avait serré le poing. La dernière fois qu'il les avait affrontées, il avait manqué d'y laisser la vie et avait perdu son identité, avant de la retrouver bien plus tard. Comment réagira-t-il en combattant une autre prochainement ? Chose certaine était qu'il ne fuira pas.

Et maintenant, il était au port, dans cette brume épaisse qui rendait l'atmosphère pesante. Hormis le clapotis de l'eau, on n'entendait rien. Pour l'instant.

Depuis l'arrivée de ses forces, Alauwyr arpentait de manière régulièrement les défenses, jour après jour, veillant à ce que les hommes qu'il avait sous son commandement restent attentifs, malgré la lassitude de l'attente. L'attente était un dangereux ennemi. Et puis, le temps des combats arriva, sans vraiment prévenir.

Dans la brume, on entendait des bruits de combats, venant de la mer. Alauwyr, présent, se tendit. Ca y est, elles étaient là. Il lança ses ordres, qui se répercuta à l'ensemble de ses unités. Tous devaient se tenir prêts si jamais un navire chimérisé approchait dans leur vision... réduite à peau de chagrin par ce foutu brouillard ! Les consignes étaient clairs, on ne tirait que sur ordre et dès que la cible était clairement identifiée comme ennemie à abattre.

Sur ordre du Général, trois balistes braquèrent leurs traits vers les cieux. Les manieurs les enflammèrent. Et les traits furent tirés vers les cieux, vers les bords extérieurs du port. L'intérêt ? les ingénieurs almaréens connaissaient quelques effets alchimiques avec certaines substances métalliques. Le but ? essayer de faire passer un message avec une lumière blanche qui viendrait d'un feu chimique qui brûlerait sur ces traits, le temps de leur bref parcours dans les cieux, pour essayer de faire passer le message que le port était au courant des bruits de bataille dans le lointain, quoiqu'un peu étouffé par l'épaisse brume.

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Sur l'ancien navire sélénien, le calme était revenu. Du vaisseau chimère descendit un officier qui commença à répartir ses effectifs pour prendre possession de sa conquête. Les membres d'équipage possédés conservaient leurs postes et indiquaient aux nouveaux arrivant comment s'installer aux postes. Parmi les nouveaux possédés il y en avait un, blessé au bras, accoudé au bastingage, essouflé. L'officier s'approcha de lui après avoir donné ses ordres, et contourné le cadavre qui gisait au centre du pont.

"Nenshao ?"
"Oui monsieur."
répondit le blessé, son stress audible dans sa réponse. Il était en tenue de marin pratique pour se déplacer mais comportant quelques protections de cuir. Son visage arborait naturellement un air espiègle et souriant derrière sa pilosité mal entretenue mais en ce moment une sorte de malaise et de dégoût tordait sa face en un traits tendus et contractés. De ses mains couvertes de sang il ne savait que faire si ce n'est appuyer sur sa blessure au bras.

"... Pitoyable. Je t'avais donné une chance de briller en t'emparant avec les larbins de ce vaisseau. Malgré ta faiblesse d'esprit et d'âme, malgré ton incapacité à exploiter le corps précieux d'officier dont tu t'étais emparé, malgré ton idiote attitude de coquet mal dégrossi, malgré ma grande clémence lorsque je t'ai donné l'occasion de te faire un nom et de servir dignement notre armée. Malgré tout cela, non seulement tu as échoué à effectuer une tâche qui me semblait enfantine, annulant l'effet de surprise de notre attaque, mais en plus tu n'as même pas su survivre à ton propre assaut. Comble enfin du mauvais goût, tu as encore l'audace d'apparaitre devant mes yeux, coincé dans la vulgaire carcasse de celui qui a réussi à te terrasser... Je ne sais si l'ironie de la chose me révulse où si je dois me réjouir de te voir enfin tomber du piédestal que tu faisais pour ta personne en fanfaronnant."

"Monsieur, les marins ne devaient pas résister mais celui-ci à réussi car il avait déjà rencontré certains de nos soldats auparavant et il aussi réussi à en tuer deux grâce à ses compères, je ne pouvais pas prévoir qu'il..."

"Silence ! Tes excuses ne valent rien et ne te rachèteront pas, vermine. Tu ne mérites plus que je perde mon temps à t'écouter. Pas plus que l'execution que j'aurais organisé pour un autre que toi. Mais c'est une cérémonie de soldat et manifestement, le bourgeois complaisant et mielleux que tu étais ne s'est définitivement pas décidé à servir convenablement son peuple au combat. Et puisque tu t'es fait battre par un vulgaire marin, c'est que tu dois appartenir à un niveau inférieur. Rend toi au moins utile en nettoyant le cadavre qui te servait de corps et ensuite tu te mettras sous les ordres des officiers. Je m'assurerai personnellement qu'il te confie les pires tâche d'esclaves qu'ils pourront imaginer. Allez, hors de ma vue."

Le vaincu regarda avec effarement son supérieur droit dans les yeux mais son hébétude se heurta à une froideur glaciale dénué de toute compassion. Il serra sa blessure qui le démangeait et qui le faisait trembler.
"Mon frère ! Comment peux tu me faire ça ?! Moi qui t'ai vêtu mieux que tout tes camarades et supérieurs à l'époque bénie de l'ancien temps ! Moi qui t'ai fait entrer dans la haute société grâce à MA fortune !" sa voix était fêlée de détresse larmoyante.

"Il n'y a plus de frère qui compte. Le vieux monde est mort Nenshao, grandis un peu. Tu ne récupèreras jamais tes petites receptions, tes grandes etoffes reluisantes et ton petit confort. C'est la guerre. Et la seule manière de se faire un nom dans ce nouveau monde désormais c'est de vaincre les enfants des dieux, d'accumuler les pillages et les faits d'armes, c'est tout. C'est pourtant simple ! Mais toi tu ne penses qu'au passé, qu'à ce que tu as perdu et pas ce qu'il y a à gagner. C'est ce qui a toujours fait notre différence, père l'a tout de suite décelé et c'est pour ça que pendant que je me couvrais de gloire au combat, tu restais en arrière et tu t'engraissais dans notre manoir. Créature repoussante... Allez, au travail !"
Après un dernier regard témoignant de son dégoût, le grand frère se retourna et d'un pas vif se dirigea vers les officiers qui l'attendaient pour faire leur rapport. La machinerie du commandement était bien huilée, la nouvelle prise était déjà prête à être manoeuvrée et à rejoindre l'armada pour l'assaut.

Nenshao, les poings serrés et les yeux larmoyants regardait son traitre de frère, bien vêtu et dans son corps puissant de général, diriger avec force et maintien ses troupes. Ils allaient utiliser ingénieusement leur navire en utilisant le code de drapeaux pour faire croire aux défendants que leurs camarades rentraient au port après avoir fui l'ennemi. Cela leur permettrait de débarquer une troupe suffisante sur les quais pour invoquer les portails.
Les feux de la jalousie, ces vieux démons qui avaient consummé toute la vie de Nenshao venaient de se rallumer dans son esprit. Même après que tout se soit effondré, qu'il avait tout perdu, son frère continuait de se rire de lui, à se pavaner, à démontrer son habileté militaire en crânant. Parmi toutes ses connaissance qui le rattachaient à son ancienne vie il avait fallu que ce soit celui qui lui laissait les plus amers souvenirs qui ait survécu.

Pour ne pas encourir de punition il se mit au travail. Il récupéra la hache, la rangea dans le fourreau qui était désormais à sa ceinture et entrepris de tirer son ancien corps pour le jeter par dessus bord. Il récupéra une potion de soin et ses autres maigres possessions avant de faire basculer le cadavre par dessus bord. Il nota que les larbins avaient executé les pêcheurs et abandonné à la dérive le petit chalutier. Puis il se rendit dans la cale sans hésiter sur le chemin. Il connaissait le navire par coeur en fouillant dans la mémoire de son hôte. Tout en faisant sa petite fouille mentale il se mit à ruminer sa rage contre la fatalité qui l'avait placé dans pareille situation.

"Archibald Habbot... Maudit sois tu ! Vagabond puant ! Comment une vermine comme toi a-t-il pu me vaincre ! Ah tu aimais bien la bonne chère, le bon vin ? Figure toi que moi aussi j'appréciais la vie confortable, et que je vivais bien mieux que toi et ta vie de va-nu-pied ! J'allais de festins en festins, de grands crus en grands crus, de palace en manoirs. Les femmes se pendaient à mon cou pour avoir ma fortune et les hommes me jalousait. Ma vie atteignait des sommets que toi et ton existence crasse ne pourraient même pas rêver d'avoir !
Je n'ai jamais demandé à finir dans ton corps de singe répugnant ! Mais ils verront tous ! Ils verront qu'on ne me traîne pas dans la boue moi ! On ne me traite pas de vermine impunément !"


Il avait atteint les appartements d'équipage. Les autres matelots faisaient le tri dans les affaires de leurs corps et de ceux qui avaient été tués. Nenshao se contenta d'attraper le bagage du marin chanteur et ressorti aussitôt pour ne pas attirer trop l'attention sur lui. Quelques regards suspicieux ou narquois l'accueillirent mais tous étaient occuppé à mettre la main sur les petits trésors de guerres, aux babioles qu'ils arboreraient surement après la victoire comme des totems fétiches, des souvenirs. Stupides soldats.

Le trahi fulminait toujours autant, il fouillait les souvenirs de son nouveau cerveau sans ménagement. Il fouinait dans tout les coins, emettaient des jugements hautains ou des expressions de dégoûts face aux moments, aux visages, au émotions d'une vie qu'il méprisait par essence. Il se pencha enfin plus en avant sur le passage où son gêneur avait affronté des larbins.

Avant qu'il n'éborgne les créatures poussins sur le navire pirate, il avait d'abord été le moteur au naufrage du navire sélénien. Un saboteur, un rat de navire. Voilà ce qu'il était forcé d'incarner aujourd'hui. Quelque part dans son coeur froid, un battement d'émotions résonna avec ce qu'il examinait. Il ressenti la culpabilité, la sensaton de ne pas avoir de place nulle part, le besoin de faire ses preuves à chaques instants, le désespoir... tout ça il le connaissait et pourtant un autre l'avait tout autant vécu, si ce n'est plus violemment, que lui. Penser qu'il eut quelque chose en commun avec ce rejeton impie des dieux, ce bon à rien sans foi ni loi, cela le secoua. Et si... s'il était rabaissé au même niveau.... alors il lui restait une chance de mourir dans le déshonneur mais non sans vengeance. Les rats peuvent mordre. Et leurs morsures, au bon endroit, peuvent devaster des empires.

C'est d'un pas décidé que le soldat déchu se dirigea vers la salle du pont ou se trouvait la direction du gouvernail. Le système était plus rudimentaire que celui dont son possédé s'était occuppé et encore plus rudimentaire que ce que lui même n'imaginait. Les cordages roulaient et se tendaient dans les structures en bois et les poulies en grinçant. Le navire était toujours à l'arrêt mais n'allait pas tarder à repartir. La cloche d'alarme résonnait à nouveau afin d'établir le subterfuge. Et bien il allait faire en sorte que le plan fonctionne au-delà de leurs expectations.
Une fois les cordages tranchés et le système bloqué dans une certaine position il remonta en quatrième vitesse sur le pont et se précipita vers le timonier à la barre.
"Timonier ! Le gouvernail ! Les humains l'ont détruit avant de succomber, les cordages sont tranchés !" dit-il, époumonné et avec un air affolé.
"Idiot ! Ce doit être ton possédé qui a voulu nous contrarier jusqu'au bout. Si seulement il avait pu nous débarasser de toi définitivement par la même occasion... Bon préviens le général, moi je descend sous le pont réparer tout ça. Allez hors de mon chemin !"

À nouveau les phallanges de Nenshao blanchirent. Un rat il était un rat. Les gens le voyait comme ça, il pouvait se comporter comme tel pour accomplir son plan. Un rat ne se soucie pas du jugement des autres.
Plutôt que d'aller prévenir son odieux frère du contretemps qu'il avait causé, le traitre s'approcha de la barre de direction. Elle était sobre mais pas négligée. Le bois était correctement verni et sculpté. Gravé au centre de la roue, une gravure reluisante représentait des traits en forme de vagues. Un symbole connu chez les marins humains apparemment d'après la mémoire du marin chanteur. Il suffisait d'appuyer sa main dessus et...

Une violente bourrasque se leva aussitôt dans la mature. Les voiles qui venaient d'être déployées se tendirent violemment et le navire s'arracha au ballotement des vagues pour commencer à les fendre. Le glyphe de vent ferai parfaitement l'affaire. Enfin si personne ne le désactivait d'ici là. Un coup de hache plus tard et la barre était lacérée à son tour et la commande magique était disparue.

Nenshao ne sut pas ce qu'il arriva sur le navire après cela. Il avait sauté à l'eau et rejoint navire de pêche, tandis que le navire sélénien se dirigeait vers le port ennemi, toute voile dehors à grand renfort de vent magique. Il ne pouvait qu'imaginer la panique à bord quand l'équipage se rendit compte que, malgré leurs efforts ou leurs pouvoirs du néant, le navire avait pris trop d'élan pour s'arrêter et allait tout simplement s'écraser en plein dans le port ennemi. Il ne pourrait que savourer la vision du navire s'écrasant avec fracas causant autant de dégâts des deux côtés. Cela leur apprendrait à tous, ces ignobles responsables de son malheur, à vouloir le trainer dans la boue.

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Le combat fut intense mais de courte durée. Les troupes d’abordages de la Hanse était nombreuse et bien entrainée. Et surtout, elles avaient pu investir rapidement le navire.

On vint avertir la Salamandre que tout était prêt, alors qu’elle venait de terrasser une chimère de plus. Elle donna donc un ordre et quelques secondes plus tard, sur l’Intrépide, une cloche sonna. C’était la même que celle du branle-bas, mais sa signification était différente. Une poche de combattant se forma du côté du VMA et on commença à quitter le navire ennemi. Comme à son habitude, Honor fut dans les derniers à partir, au moment où le feu de la Hanse s’abattait sur les ennemis. C’était une technique qui avait dû demander beaucoup d’entrainement et comportait des risques tout de même. Au moment où la dernière ligne d’attaquants battait en retraite, depuisles hauteurs des mâts, une pluie de flèches s’abattait sur le navire ennemi mais aussi des traits d’arbalète fusait entre les troupes de la Hanse, espacées pour les laisser passer et stopper tout poursuite. Si l’ennemi était en masse, cela fait beaucoup de dégâts, sinon cela offrait le temps de la retraite.

Les voiles du navire se gonflèrent brutalement et les liens furent tranchées, pendant que l’Intrépide s’enfuyait à grande vitesse. C’était étrange car finalement, le navire ennemi n’était pas si endommagé. Jusqu’à ce qu’une explosion dans sa coque le fit vaciller puis sombrer. Les hommes d’Honor avait placer des barils d’huiles et de feu Grégeois dans le navire ennemi et les mèches venait d’enflammer les éléments à des endroits stratégiques. Cela aussi avait demandé de l’entrainement.

L’Intrépide trembla aussi car il n’était pas assez loin de l’ennemi, mais continua sa route. Une femme vint prévenir Honor qu’un navire avait percuté le port pendant l’assaut mais la Salamandre ne pouvait s’en préoccuper. Deux navires s’approchaient d’eux. Ils avaient été vus et maintenant, les choses sérieuses allaient commencer. Une autre ombre était aussi visible et elle semblait sortir du port. Sa silhouette massive et élancée était bien différente des navires chimériques et le navire inconnu allait de toute manière à leur rencontre.

Quand il se porta au niveau du plus proche de lui, ses flancs s’illuminèrent et le tonnerre retentit sur les flots calmes de la nuit. Un déchainement de feu et de violence qui fit trembler tout l’équipage du VMA. Cependant, Honor se détendit. Ce navire ne les avait pas attaqués eux, parce que c’était un allié. Mieux encore, c’était un vaisseau de la Hanse. Le Terrible était le premier navire pleinement militaire de la fédération marchande et il était équipé des armes les plus puissantes possibles. Il n’était sorti de cales sèches qu’un bref instant, le temps de son inauguration et de son baptême, avant de faire un tour et de retourner aux chantiers navals pour son armement. Et manifestement, il avait vu le début de la bataille et avait décidé d’intervenir pour prêter main-forte au libérateur.

La Hanse passa à son tour près des deux navires chimères, mais le premier coulait doucement et le second ne résista pas aux coups de butoir plus traditionnels du navire d’Honor. Mais la bataille pour le siège de Sélénia venait de commencer et se terminerait ce soir.

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Il était difficile de savoir comment les choses se déroulaient là-bas, vers la sortie du port, quand on ne voyait rien. Les bruits relatifs à l'affrontement des navires ne pouvaient que confirmer audiblement la violence des combats. Alauwyr n'était pas un expert maritime, mais il était sûr d'une chose : les forces navales séléniennes comme les ennemis chimériques se battaient avec violence et détermination. Maintenant, il ne tenait qu'à la compétence des séléniens, sur terre comme sur mer, de remporter la victoire sur l'ennemi qui cherchait à avoir un pied à terre dans le port même. Car si l'ennemi arrivait à accéder au port, ce serait l'arrivée imminente des forces de renfort adverse.

Alauwyr se rappelait que trop bien l'usage des vortex, pour avoir été projeter dans l'un d'eux. Si un de ces portails magiques s'ouvraient dans la capitale même de l'empire, les Chimères remportaient autant une victoire décisive qu'un point hautement stratégique : une place forte, une population civile nombreuse pour se faire posséder... En clair, Alauwyr, ses forces en présence et les autres alliés du moment ne devaient pas échouer. Ils devaient tous remporter la victoire sur l'envahisseur !

Les troupes en place autour du port se tenaient prêtes... un soldat était entre temps venu confirmer auprès du général que les défenses portuaires s'étaient mises en place, prête à faire feu dès que le danger se présenterait. Il avait fallu le temps, mais c'était mieux que rien du tout... et peut être même juste à temps. Car une sombre silhouette se dessinait dans l'épaisseur de la brume.

Le général sélénien sourcilla en voyant l'approche rapide... beaucoup trop rapide d'une chose d'une taille conséquente, qui s'avéra être un navire ! Celui-ci fonçait toutes voiles dehors, droit sur le port. Sa vitesse était tel qu'il se fracassera avec puissance.

Alauwyr écarquilla les yeux, tout en reculant de quelques, avant de lâcher l'ordre de faire feu. Bien entendu, il sera trop tard pour couler le navire fonçant droit devant lui. Les armes de sièges tirèrent. On entendit les lourdes cordes claquer sous la libération de leurs ancrages pour lâcher les traits. Le fracas du bois pulvérisé par les projectiles séléniens retentit sur la surface de l'eau fendue par la proue vive du navire. L'écume blanchie par la vitesse repoussait le long des flancs boisés les débris, nullement par les tirs reçus.

Le navire se fracassa comme cela avait été espéré sur le port, emportant des pontons de bois et de roc, brisant les quelques petits navires restés ancrés ici et là.. Et sous l'inertie qui restait de la coque en train de s'écraser, les mâts craquèrent et tombèrent en avant, glissant sur le sol portuaire. Quelques engins de sièges et leurs servants furent emportés ou écrasés. Des cris résonnèrent... puis un lourd silence envahit le port, brisé par moment par l'agonie grinçante du navire démembré et démantelé chaotiquement sur le port... Sa proue trônait sur ce qui avait servi d'entrée pour les pontons détruits par son passage... La proue terminait de sombrer dans le fond... Quelques gémissements s'entendaient ici et là.. Et au loin, les navires séléniens et chimériques s'affrontaient toujours, ne se préoccupant pas de ce qui venait de se produire au port.

Alauwyr repoussa un restant de voile, grimaçant de cet assaut suicide. Du sang coulait de sa tempe droite, sans doute entaillée par une esquille de bois. Mais l'heure n'était pas à savoir dans quel état il était. Le combat n'était pas terminé !

Il sortit Coeur d'obsidienne hors de son fourreau et chercha ce qu'il restait de ses troupes. Toutes ne se montreraient pas, victime de l'assaut du navire. D'une voix forte, il lança ses ordres, autant pour remettre en état de tir les armes de siège non détruites par la collision du navire avec le porte, et de se tenir prêt à affronter des possédés, qui débarqueraient du port ! Et là, il avait une lourde responsabilité à prendre... A savoir de faire tuer les marins rescapés qui refuseraient de se rendre. Pour ceux qui barbotaient dans l'eau...Il n'y avait pas de dommage collatéraux dans une guerre. Le régime sera pareil pour ceux qui ne se rendraient pas. Puis, il ordonna qu'on prévienne rapidement les défenses portuaires de faire feu sur tout navire qui ne se signaleraient pas comme véritable navire sélénien. A cela, si les navires rescapés, là-bas au large , étaient dotés de capitaines intelligents, ils resteraient au large le temps de confirmer leur identité.

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"Je suis fichu. Ma vie est foutue. Je vais passer en cour martiale ou quelque chose dans ce goût là" marmonna une silhouette à la proue d'un petit chalutier de pêche qui regardait à travers la brume pour essayer de capter fugitivement une image du vacarme gargantuesque qui venait de retentir.
"Eh beh ! C'est une sacrée foire que tu nous as mis là ! Je ne donne pas cher de tes petites fesses ectoplasmiques mon côlon !" lui répondit une petite voix dans sa tête. une voix goguenarde et enjouée, qui rappelait les chansons près du feu et du coma ethylique. Qui rimait comme un chat de gouttière sous valériane et prosait comme un chamois dans le blizzard. Quoique cela veuille dire. Archibald Habbot, précédent occupant du corps s'était fait un petit nid mental, quelque part sous son crâne et ne perdait rien du spectacle de la créature fantomatique en émoi qui maniait avec difficulté ses manettes synaptiques.

Les yeux toujours fixés vers les volutes blanches qui avaient avalé le navire de son frère, la chimère Nenshao sentit des larmes couler et se disperser dans les poils éparses qui mangeaient son visage d'emprunt. Ah oui les pleurs. Ça faisait longtemps. Les hoquets et les geignements aussi tiens, toute la cérémonie habituelle de la tristesse, même le nez qui coule.
"Ils sont pas vraiment morts tes copains tu sais. Ils vont revenir avec des autres corps sûrement."  intervint la petite voix avec moquerie.
"S'ils étaient vraiment morts, ça m'aurait limite plus arrangé..." répondit le parasite avec colère entre deux sanglots. Colère, tristesse, haine de soi mélangées en un cocktail destructeur entamaient l'intégrité de la chimère et avaient laissé une fenêtre ouverte pour que l'humain puisse regagner un brin de conscience. L'expérience de voir son propre corps agir tout en gardant l'esprit à peu près clair était à la limite de la nausée mentale et de la folie mais ce n'était pas quelque chose que le joyeux troubadour n'allait pas prendre avec philosophie.

"C'est toi qui décide de ce qu'on fait maintenant Nenshao. Moi je ne peux que regarder puisque tu as décidé que tu saurais diriger mon corps mieux que moi-même. Enfin si je peux me permettre une remarque, je trouve que te débarrasser de ma queue de derrière était une mauvaise idée. Tu ne peux pas savoir le nombre de choses qu'on peut attraper avec, ça change la vie. Peut-être que tu aurais du couper celle de devant, elle ne m'a jamais attiré que des ennuis. Je pense qu'elle est la principale responsable pour le vide désespérant de mes bourses... de monnaie." Il tenta un clin d'oeil moqueur qui n'eut pour effet que de révulser ses globes oculaires pendant une demi-seconde. Nenshao ne releva pas le pitoyable jeu de mot et répondit d'une voix enrouée mais pleine de fureur hurlante :

"Ce qu'on fait ?! Je vais te le dire misérable insecte ! Vermine humaine ! Stupide enfant des dieux qui babille sans cesse ! Je vais récupérer ma fortune ! Je vais m'emparer d'un de vos royaumes, soumettre ses sujets et me bâtir un fief qui saura convaincre sa gracieuse majesté que je suis de bonne foi ! Je livrerai tout ceux qui sont en mon pouvoir à mes frères et ils me remercieront de leur avoir fourni un corps à revêtir à nouveau. Ils seront bien obligé de reconnaître ma supériorité ! Que je suis plus malin qu'eux, que mon esprit marchand et stratège qu'ils pensaient inutile a réussi là où la force n'a rien pu faire ! Un empire millénaire ! La civilisation la plus avancée de l'univers ! Sauvée, non pas par une armada réputée invincible mais par un héros d'intelligence supérieure, qui aura réussi à force de ruse à pénétrer le camp de l'ennemi et à le gangrener de l'intérieur. Mon frère verra ma réussite, il viendra à moi couvert de sang et de boue des ses misérables combat barbares, tandis que je l'attendrai sur un trône d'or et de velours, entouré des richesses que j'aurai saisi dans ma glorieuse conquête. Je le regarderai en face, et je saurai lui dire avec toute la magnanimité que m'accorde la grâce de sa majesté : "je te pardonne mon frère de tes insultes, va ton propre chemin car j'ai trouvé le mien et plus jamais il ne croisera le tien. Aupère." Je savourerai sa mine dépitée ainsi que les plus grands mets de mes cuisines personnelles et je lui dédirais un grand banquet de victoire ou tous pourront l'admirer dans sa déconfiture. Nenshao ! Le petit frère, l'avorton, le ventripotent, la honte de la famille ! Le voilà désormais ministre ou baron ! Oh et à côté son frère, capitaine. Ha la fortune me souris, je m'y vois déjà ! Majesté merci de cette vision divine ! Je connais ma mission désormais, je vois mon futur ! Il rayonne en moi et sur le monde ! Je suis béni ! Je vais réussir ! Et je m'en vais de ce pas..."
Jamais il ne finit sa phrase.
Un dernier hoquet le prit, et dans les dernières braises de sa folie, son essence se consuma avec flamboyance pour rejoindre l'énergie infinie et pure du Néant. Dans un dernier flash il imprima avec violence une partie de ce qu'il était sur son hôte avant d'en être éjecté à tout jamais. Sa propre folie, ses propres émotions matérialisées dans le corps si expressif de son hôte avaient eu raison de lui. Une chimère est peut-être piégée dans un corps qui peut la tuer d'un moment à l'autre à l'aide d'un simple cocktail d'hormones émotionnelles au final. Nenshao avait déclenché de lui même la dose léthale dans sa démence.

Lorsque Archibald reprit le contrôle de son corps, la première chose qu'il fit fut de tousser pour enlever sa langue de sa gorge et respirer à nouveau. Laissé à l'abandon, sans personne aux contrôles, le corps avait fait la seule chose qu'il savait faire dans ces cas-là : convulser sans aucune logique.
Après s'être suffisamment oxygéné pour assurer le minimum de ses fonctions vitales, il put gérer la suite des besoins physiologique qui assaillaient ses neuronnes.
Alors il vomit.
Trois fois.
Dans un brouillard de sensations extrêmement douloureuses qui se rapprochaient de la gueule de bois mais généralisée à tout le corps, le troubadour trouva le hamac dans la seule cabine du chalutier, s'y engouffra et sombra dans l'inconscience immédiatement. D'étranges rêves l'empêchèrent de trouver le repos dans les heures qui suivirent. Des images de la vie de celui qui avait revêtu son enveloppe charnelle pendant quelques minutes s'amenèrent à son cerveau comme des spectres du passé. Il vit une vie d'humiliation mais aussi une détermination et un furieux besoin de prouver sa valeur. Il vit la construction d'un empire commercial influent et prospère, géré d'une main de maître et surtout il vit la solitude. Les cauchemars le hantèrent bien des nuits après l'effroyable bataille d'azzuréo, car Nenshao avait tenu à subsister d'une façon ou d'une autre avant de disparaître dans les mâchoires du vide.

FIN du rp pour Archibald.

*******

Sortant des décombres, une silhouette escalade l'armature de bois déchirée. Sécouée et écorchée par l'impact surpuissant du navire contre le port ennemi, elle cherche ses répères. D'un cri violent elle appelle ses subordonnés. Quelques uns répondent et s'approchent pour recevoir leurs ordres mais il sont très peu. Les forces sont désorganisées et l'attaque est un fiasco. Mais le capitaine ne perd pas son sang-froid. Jamais. Il est le digne serviteur de sa Majesté du peuple chimère. Il a une mission, un devoir et une réputation à dessiner et graver dans le sang et la chair des enfants des dieux. Ses blessures se referment lentement grâce au don du néant et il fait étendre la zone d'anti-magie. Ce combat sera le dernier, il le sait déjà, il l'a décidé. Et il compte bien le mener avec fermeté et courage. Il saisit son épée et s'élance sur le pavé d'un bond, une petite formation de guerriers derrière lui, rugissant et pointant leurs armes vers les défenses séléniennes.

La plupart des chimères qui se trouvaient sur le navire bélier sont mortes écrasées ou noyées dans les eaux du port. Les rares survivants constituent des cibles faciles, ils sont désorientés et isolés les uns des autres. Une petite troupe d'élite cependant, s'est lancé à l'assaut des défenses dans une attaque suicide. Ils essayent de blesser le plus possible, ils utilisent des vortex pour passer les défenses, et n'ont pas peur d'emporter le plus de monde possible avec eux dans leur chute. Ils cherchent le commandant ennemi pour désorganiser les défenses et permettre à d'autres navires de percer le barrage des armes de siège. Alauwyr ! Le général chimère est un épéiste qui n'a pas grand chose à t'envier et il vient pour ta tête ! Un  combat éprouvant t'attend...

Honor Harrington, les navires chimères ne possèdent pas ta maitrise et ta science travaillée de la bataille navale mais ils sont plus nombreux et ils pourraient te surprendre au milieu du brouillard avec leur magie des vortex.  Le port est lourdement équipé pour couler les navires qui passent à portée de ses canons, s'il arrive à savoir lesquels sont des ennemis et lesquels sont des alliés. Attirer les chimères de ce côté pourrait bien t'aider à remporter la victoire mais tu risque de subir le feu de leurs attaques et tu dois réussir à t'identifier auprès de tes potentiels alliés. Tu navigues en eaux troubles, tiens bon la barre capitaine !

descriptionSiège du Port de Sélénia par les Chimères EmptyRe: Siège du Port de Sélénia par les Chimères

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