Artane Nordan a écrit:Début juin de l'an 7
Artane bâilla et secoua la tête. Par les Esprits, cela faisait plus d'une heure qu'il attendait la personne qui avait écrite l'annonce. L'offre avait été plus des plus simples. L'individu qui avait écrit le bout de papier qu'il avait maintenant sous son justaucorps avait quémandé l'aide de quelqu'un, pour aller secourir quelqu'un pris en otage. L'écriture, bien que maladroitement écrite de travers, ne cachait pas le vrai style de l'écrivain dans son infortune. Même un voleur un peu lettré aurait été capable de voir que le commanditaire de cette soit disante prise d'orage était d'origine noble. On ne défaisait pas en un tour de main des années de pratiques soigneusement acquise et maîtrisée.
Au début, Artane en avait souri, pensant à une mauvaise farce. Mais personne n'avait pris le dit bout de papier. L'affaire paraissait trop corsée, voir trop dangereuse. La somme promise paraissait intéressante, mais au vue du prix de la récompense, cela avait de quoi découragé plus d'un. Sauf Artane. Une personne recherchée, prise en otage et contre une somme peu rondelette ? l'affaire était à prendre sous un autre sens... Le commanditaire cherchait une personne sérieuse. Un travail pour Artane quoi.
Et maintenant, il était là à s'endormir, se retenant de bâiller encore une fois. Au final, peut être qu'une farce. Le commanditaire était en retard et s'il ne venait pas dans les prochaines minutes... Soudain, Artane entendit d'un bruit de bottes. Des pas légers. Il posa une main sur Dent Tranchante....Autant chercher à jouer les durs cette fois :
''Si vous n'êtes pas celui ou celle que j'attends pour un rendez vous, je vous invite et prestement à déguerpir avant que je ne vous découpe en rondelles ! ''
Nolan Kohan a écrit:Ce matin-là, Nolan faisait les cent pas dans sa chambre, bouillonnant de rage. Quelques heures auparavant, le jeune prince avait reçu une missive qui n’était autre qu’une demande de rançon pour Flocon, son chien.
Les mots tracés dans une écriture grossière et mal orthographiée disaient ceci :
« Je détin votr chien en otage, si vous voulé le revoir vivan. Donnez-moi une rançon de 1000 PO, déposé l’argent dans un grand sac et laissez-le dans le vieux hangar près du fleuve. Pas un mot aux gardes ni à la milice, sinon couic, au revoir le gentil chienchien ! Vous avé jusqu’à demain minuit pour réunir et me remettre la somme ! passé ce délai, adieu le toutou ! »
Signé l’homme masqué qui désire resté anonyme
La lecture de cette lettre plongea l’adolescent dans une rage folle et son visage juvénile devint rouge cramoisi. Il la froissa violemment et en fit une boule de papier qu’il jeta à travers la pièce.
- Qui ? ! Qui a osé faire une chose pareille ? Nul ne peut agir ainsi en toute impunité ! Non seulement ce bougre à l’outrecuidance de s’emparer d’un être si précieux à mes yeux et en plus il ose m’adresser une demande de rançon digne d’un enfant de cinq ans !
Non décidément, il ne pouvait s’agir que d’une plaisanterie au gout douteux. A cette pensée, le gamin éclata de rire et envoya ses domestiques fouiller le palais à la recherche du royal canin avant de retourner vaquer à ses activités habituelles, persuadé de revoir rapidement son fidèle compagnon.
Hélas, lorsque ses serviteurs réapparurent une heure plus tard, le sourire du jeune Kohan s’effaça à la vue de leur mine déconfite. Malgré tous leurs efforts, Flocon demeurait introuvable.
Le petit prince se mit à trépigner de rage et s'écria d’un ton furibond.
- Hors de ma vue bande d’incapables ! Sortez et allez me chercher Augustus ! Vite !
Quelques instants plus tard, un valet aux tempes grisonnantes et à l’air austère, vêtu avec une grande sobriété fit son apparition.
Le blond se tourna vers lui et dit d’une voix où transparaissait l’énervement :
- L’heure est grave ! Pour sauver flocon, en toute discrétion, nous avons besoin d’un homme capable de m’aider à retrouver sa trace avant la fin du délai. Et aussi à prendre ce kidnappeur par surprise ! Il y va de la vie de mon chien ! Bien sûr, je pourrais faire placarder son portrait sur les murs de la vie mais si ce malfrat ne plaisantait ça en sera fini de mon fidèle compagnon…
Le futur empereur ne pouvait guère permettre une telle chose et ne comptait pas céder à cet ignoble chantage en versant la somme exigée. Pourtant, il devait jouer finement.
Le regard vif d’Augustus s’éclaira car celui-ci avait en tête un individu susceptible d’aider son jeune maitre.
A la hâte, le gamin griffonna un message sur un parchemin et demanda à son valet de le faire parvenir à l’homme en question afin de lui faire part de sa requête, ainsi que convenir d’une heure et d’un lieu de rendez-vous.
Et à l’heure dite, après avoir pris soin de se déguiser et d’enfiler une longue cape, Nolan s’y rendit.
La voix grave du dénommé Artane résonna, le sonnant de déguerpir si il n’était pas le commanditaire de cette mission et le gamin répondit, en tentant de faire paraitre sa voix plus grave et plus âgée :
- Me voici, c’est bien moi qui vous ai envoyé cette lettre et fixé ce rendez-vous. Nous devons retrouver un très bon ami à moi…Mon valet…euh je veux dire quelqu’un m’a dit que vous possédiez certains talents et étiez la personne la plus appropriée pour ce genre de missions secrètes et confidentielles…
L’adolescent avait également pris soin de mettre une fausse barbe, espérant se vieillir et passer plus inaperçu. Après tout, le fameux Artane risquait peut-être d’être réticent à travailler pour le compte d’un gamin d’à peine quinze ans, même s’il payait bien…Sans oublier qu’il ne tenait pas non plus à divulguer son identité princière.
Artane Nordan a écrit:Artane avait toujours la main portée à son épée. Il était prêt à la dégainer au moindre signe dangereux. Il ne tenait pas à tomber dans un piège. Des fois, certains s'échinaient à monter des plans complexes pour prendre juste un simple filou comme lui... Le regard sourcillant, il lorgnait le nouveau venu. La voix grave du nouveau venu sonnait comme un peu faux. Mais sans doute que le gaillard avait eu un accident et que cela donnait une voix... différente. Il avait déjà entendu des castrats avec des voix d'enfants, voir même de femmes. Alors pourquoi pas retrouver pareille petite perturbation vocale chez un tiers encore inconnu ?
Par contre, il avait bien entendu dans une brève hésitation que le commanditaire avait pu louer ses services par l'intermédiaire de quelqu'un connaissant ses ''talents''... Mouais... Le terme valet n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Mais notre mercenaire fit comme s'il n'avait rien n'entendu, gardant ce précieux détail pour plus tard. Il libéra sa main de son épée, démontrant qu'il était largement moins méfiant.
''Mission secrète... cela reste à voir, mon gaillard. Après si on t'a conseillé de venir à moi, c'est que cela correspond aux besoins urgents de sauver la personne à secourir. Bon. Résumons : une personne enlevée et on demande une rançon. Chose certaine est que cela ne va pas être gagnée. Si on t'a demandé une rançon, c'est qu'on sait la valeur que cette personne a pour toi. Des détails sur ce qu'elle fait, si elle a des ennemis ? Le lieu du rendez-vous pour apporter l'argent ? ''
Il fut tenté de demander combien on exigeait pour la vie de l'otage, histoire de négocier le prix de sa récompense, mais il avait besoin de s'assurer de la réelle validité de la mission, qui ne paraissait pas dangereuse au premier abord mais tout de même.... Ah et puis il s'était permis de tutoyer son commanditaire. Pour ce genre de boulot, on ne fabriquait pas dentelles et thé pour les bourges !
''Bon, je suis votre homme. Qu'attendons nous pour sauver votre proche ? car je ne crois pas que ses ravisseurs soient dans le genre patients... Je me trompe ? ''
En abordant ce détail de cette manière, Artane cherchait à évaluer le niveau de la menace : celle de ses possibles adversaires. Peut être qu'il s'était taillé une certaine réputation quand à accomplir certains types de boulots, mais quand on commençait à mettre un pied dans un peu de danger, il fallait mieux s'assurer de son niveau. Artane était un bon bretteur, mais il n'aimait pas tuer. Sauf quand il n'avait pas d'autres choix.
Nolan Kohan a écrit:Nolan dévisageait l’homme de main avec curiosité, songeant que ce dernier ne payait guère de mine…Il donnait l’impression d’avoir plus affaire à un rigolo ou à un coureur de jupon qu’à un détective ou quelqu’un susceptible de l’aider pour cette mission de la plus haute importance. Mais bon puisqu’ Augustus l’avait recommandé, il devait certainement bien s’y connaitre. Sans compter que c’était peut-être sa seule et unique chance de retrouver Flocon en vie.
Son ravisseur réclamait une rançon exorbitante et le jeune prince ne voulait pas risquer de le mettre en péril. Ô bien sûr, certains diraient qu’un animal ne méritait pas qu’on dépense une somme pareille, car mille PO représentaient une véritable fortune en cette période de crise.
Même certains humains ne valaient pas une telle somme. Mais Flocon était bien plus qu’un simple familier aux yeux du gamin ; celui-ci le voyait comme un compagnon et un ami fidèle qu’il fallait sauver coûte que coûte.
Et par mesure de précaution et de discrétion, car le futur héritier ne tentait pas à ce que cette affaire s’ébruite, il s’était déguisé. A présent, restait à savoir si le gus en face de lui allait se montrer à la hauteur.
Au moment où l’adolescent fit son apparition, l’homme paraissait sur ses gardes, prêt à brandir son épée, en cas d’entourloupes. Toutefois, celui-ci se détendit rapidement et commença à lui poser quelques questions concernant l’otage.
Le jeune Kohan réfléchit à quels bobards raconter car il ne se voyait pas révéler que le kidnappé n’était autre qu’un chien, au pelage blanc et un peu trop grassouillet, à force de dormir dans son panier. Sans compter que ce drôle de type avec son bouc risquait de refuser la mission tout net ou alors il accepterait mais le petit prince risquait de devenir la risée de toute Aldaria.
- Oui cette personne a beaucoup de valeur pour moi, admit Nolan et euh comment dire, elle ne sortait pas beaucoup, hormis une promenade le matin et le soir. Je ne pense pas non plus qu’elle avait des ennemis…Il était très gentil avec tout le monde.
Concernant ce point, le prince Saphir enjolivait quelque peu la réalité car Flocon avait déjà mordu plusieurs gardes et aussi le postérieur d’un des jardiniers du palais, mais mieux valait taire ce genre de détails « scabreux ».
- Le lieu de rendez-vous pour déposer la rançon est un vieil hangar près du fleuve.
Apparemment l’homme de main semblait pressé de débuter le sauvetage, au grand soulagement de l’adolescent qui s’inquiétait pour son compagnon à quatre pattes et étouffait sous cette épaisse cape et cette fausse barbe.
- Euh oui, ils ne sont pas du genre patient, répondit-il en forçant sa voix pour la faire paraitre plus grave. Si à minuit, ils n’ont pas la rançon et bien…couic !
En disant ces mots, Nolan mima le geste de trancher sa gorge.
- Très bien, allons-y, il faut absolument que nous le retrouvions avant que le délai n’expire…
Le jeune Aldarien se demandait vraiment comment ce type parviendrait à retrouver la trace du kidnappeur et l’endroit où ce dernier détenait son chien, mais il avait hâte de le voir à l’œuvre.
Artane Nordan a écrit:Artane analysait les éléments pendant que son ''patron'' énonçait les détails... Une personne chère, très chère... classique. On prenait souvent par les sentiments pour les prises d'otages. Ensuite, qu'elle ne sorte que deux fois par jour la dite personne enlevée, hum, cela laissait présager une personne vieille ou encore réduite physiquement... Ou alors très phobique de sortir plus longtemps. Ce qui serait étonnant ! Gentille et sans ennemi ? A croire que c'était l'ami idéal. Donc si pas d'ennemi, c'est qu'on visait son commanditaire. Lui avait donc des ennemis ou alors il était suffisant riche pour qu'on lui extorque de l'argent en détenant une personne proche. Il garda cela sous le coude.
Pour l'endroit de la rançon à déposer, Artane avait retenu un grommellement. Pourquoi fallait-il que ce soit toujours dans des endroits miteux ou encore en rivage de fleuve ou de rivière ? Ne pouvaient-ils pas faire un effort et viser un peu plus haut de gamme ? Comme une chambre d'une belle taverne ou un bordel luxueux. Qu'ils aient un peu plus de classe pour une fois ses ravisseurs. Par contre, quand aux conséquences du non paiement dans les délais... cela ne fut pas plaisant. Cela signifiait que les vils kidnappeurs n'étaient pas des enfants de coeur.
''Je vois....Bon, chose certaine est qu'ils détiendront ton pote à portée de main pour te montrer de quel bois ils sont faits si tu venais à vous rendre sur le lieu de rendez-vous, sans l'argent... Bref... j'espère que tu sais te défendre, car je serai sans doute dans l'incapacité de te défendre les miches en cas de coup dur. ''
Tout cela pour l'argent... une modique somme pour risquer sa peau dans un enlèvement. Fallait vraiment être fou. Mais ne l'était-il pas un peu ? Et puis, s'il redoutait de pas être à la hauteur, autant qu'il cesse de mener la vie qu'il mène, si palpitante et si imprévisible !
''Tu vas me suivre, mais pas d'actes d'héroïsme. On va se rendre au hangar. Avec la plus grande des chances, ton pote sera déjà là-bas, avec ses ravisseurs pour mettre la pression à l'heure de donner le pognon. Et surtout, une fois là-bas, pas un mot. ''
Il voyait déjà trop l'autre homme se précipiter pour délivrer son ''ami'' en l'entendant, ou en le voyant, au mépris du danger.
[...]
Ils n'avaient guère mis de temps pour se rendre au vieux hangar, qui était abandonné à voir son air délabré. A croire qu'un simple coup de vent le pousserait à s'écrouler sur lui-même. Artane pestait. Bon ! Il avait commencé quelque chose, il allait le terminer.
''Nous y sommes. chuchota-t-il. ''Tu vas m'attendre sagement ici et...''
On entendit un bref aboiement, avant d'entendre des jurons étouffés à l'encontre du canin.
''Diantre ! Ils ont un chien ces enflures...''