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Conte issu de Paadshail : Nuliajuk la Borgne, Mère des océans


Il y a très très longtemps, alors que les graärh venaient tout juste d'être élevés au dessus des Smilodons pour devenir une jeune race pensante et bénie par les Esprits-Liés, une tribu quitta les terres fertiles de Néthéril pour gagner Paadshail qui était alors une île sévère, stérile et glacée. Ses eaux n'offraient rien de plus qu'un linceul de froide mort alors que son sol dur ne possédait qu'un gibier rare et farouche. Il était impossible de cultiver et bientôt seuls les plus robustes purent survivre.

Dans cette tribu se trouvait Anguta, un chasseur émérite qui était le père d'une jeune graärh réputée aussi belle que douée dans les arts de la broderie et du tannage. Elle s'appelait Nuliajuk et malgré ses nombreux dons, elle refusait de se choisir un mâle. Son père aurait aimé qu'elle choisisse un bon reproducteur pour qu'ils puissent chasser ensemble et avoir une descendance forte afin de survivre sur Paadshail. Excédé, il finit par la rabrouer sèchement : « Autant t'accoupler avec un animal puisque tu rejettes tous tes prétendants ! » Et ainsi il l'emporta sur un îlot proche, l'abandonnant là avec son renard des glaces dans l'espoir qu'elle médite sur son comportement égoïste.

Un jour, un graärh arriva sur une barque et invita Nuliajuk à se joindre à lui. La jeune femelle accepta, voyant là une bonne occasion pour fuir l'île et prit place dans le bateau de l'inconnu. A l'issu d'un long voyage, ils finirent par arriver au village de l'inconnu et Nuliajuk le choisit comme compagnon. Elle comprit rapidement qu'il n'était pas un graärh, mais un Jonkped capable de prendre forme féline. Terrifiée, elle ne songeait dès lors qu'à s'échapper.

Entre-temps, son père, qui la cherchait, la vit et se cacha derrière des rochers en attendant que la créature soit partie. Une fois le Jonkped envolé, lui et sa fille quittèrent rapidement le village pour s'enfuir à bord de leur embarcation. Malheureusement, la créature revint juste à temps pour voir la barque disparaître derrière un cap et, enragée, s'envola à leur poursuite ce qui provoqua une énorme tempête qui mit à mal le frêle esquif. Pour se sauver, Anguta jeta son propre enfant à l'océan.

Accrochée au rebord du bateau, toutes griffes sorties, Nuliajuk le supplia de la sauver.

Alors que la tempête redoublait, un par un, son père lui coupa les doigts... qui se transformèrent au contact de l'eau en poissons. Les pouces et les mains devinrent des phoques, des baleines, des orques et toute sorte d'animaux marins. Avant qu'elle ne disparaisse totalement dans les vagues, son père lui creva un œil d'un coup de pagaie.

Nuliajuk descendit vers le monde inférieur, au fond de l'océan où elle devint la maîtresse et la gardienne des animaux marins qui étaient nés de ses doigts et de ses mains. Son dos se transforma en banc de sable blanc, ses cornes en récif de corail alors que sa crinière fut une forêt d'algues emmêlées.

Anguta rejoignit le rivage, puis finalement son village. Il se reposait tranquillement dans son abri quand les flots montèrent et l'emportèrent. Il est désormais captif dans la gueule de Nuliajuk la Borgne dont le renard des glaces garde la porte.

Malgré le tort qui lui a été fait il y a très longtemps, Nuliajuk fait généralement preuve d'une grande générosité à l'égard des tribus de Paadshail à condition, bien entendu, qu'ils respectent ses règles. S'ils se révèlent dignes, elle libère les animaux dont elle a la responsabilité et ils obtiennent des pêches fructueuses. Lorsque les animaux se font rares, ils organisent une cérémonie à son honneur et l'un des Naayak va alors lui parler pour la supplier de laisser partir les poissons et les autres animaux marins... et si jamais un acte tabou est violé, nous devons aller jusqu'à sa crinière d'algues pour la lui peigner et ainsi libérer les créatures captives telles que les baleines et les phoques.

La morale est qu'il ne faut jamais servir ses propres intérêts avant ceux de la tribu. Que cela soit par les actes de Nuliajuk refusant tous les mâles, pour finalement accepter un inconnu pour fuir sa responsabilité initiale, ou encore son père qui l'aura abandonnée aux flots enragés ; prendre pour acquis ce que l'on possède est une pensée dangereuse qui ne mènera qu'à votre perte.

Rien n'est dû et tout doit se gagner.



Dernière édition par Purnendu Chikitsak le Jeu 27 Déc 2018 - 18:09, édité 1 fois

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Conte issu de Néthéril : Hailibu, le chasseur au grand cœur


Dans la toundra de Paadshail, il y avait souvent un shikaaree au grand cœur du nom de Hailibu. Après chaque chasse, il revenait à son village sur les rives rocailleuses de Vaalaamuk et partageait la viande entre les membres de sa tribu, lui-même ne se gardant qu'une petite portion. Son attention pour les autres lui valait un grand respect dans le village. Un jour, alors qu'il chassait dans les bois de Licorok, Hailibu entendit des cris urgents venant du ciel. Levant le regard, il vit une petite créature capturée par un vautour vorace. Il visa rapidement le prédateur avec sa flèche et réussit à le blesser, de douleur le vautour lâcha sa proie.

Hailibu regarda cette étrange créature qui avait le corps éthéré d'un esprit et la forme d'une hermine. Il lui dit :
"- Pauvre chose, rentre vite chez toi. "

La créature répliqua :
"- Respectable shikaaree, vous avez sauvé ma vie, ce dont je vous suis extrêmement reconnaissante. Je suis l'amie de l'Esprit du Cheval et je suis sûre qu'il vous remerciera par une grande récompense. Il a beaucoup de trésors que vous pouvez prendre. Si aucun de ces trésors ne vous plaît, vous pourrez lui demander une pierre précieuse qu'il tient dans sa bouche. N'importe qui, qui tient cette pierre dans sa bouche, sera capable de comprendre les langages de tous les animaux. "

Le shikaaree Hailibu ne s'intéressait à aucun trésor que ce soit, cultivant avec ferveur les principes de son peuple, mais être capable de comprendre les langages des animaux lui plaisait beaucoup. Il demanda à l'esprit de l'Hermine :
"- Y a-t-il vraiment une pierre aussi précieuse ? "

Elle répondit :
"- Oui. Mais tout ce que vous entendrez des animaux, vous devrez le garder pour vous-même. Si vous le dites aux autres, vous vous transformerez en pierre. "

L'esprit de l'hermine emmena Hailibu au bord de l'océan qui entourait Vaalaamuk. A mesure qu'ils avançaient dans les flots mouvementés, l'eau s'écartait aussitôt de chaque côté et Hailibu pouvait marcher comme sur une large avenue. Peu de temps après, un palais de corail étincelant émergea, lieu où l'Esprit du Cheval résidait avec tant d'autres. Ce dernier fut content d'apprendre que Hailibu ait sauvé son amie et il lui offrit de prendre tout ce que son cœur désirait au sein de son palais. Après un moment de silence, Hailibu répondit :
"- Si vous voulez me donner quelque chose en cadeau, puis-je vous demander la pierre précieuse dans votre bouche ? "

L'Esprit Cheval baissa la tête et réfléchit pendant un instant. Puis il ôta la pierre de sa bouche et il la donna à Hailibu. Sur le départ, la petite hermine répéta à Hailibu :
“- Respectable shikaaree, s'il vous plait, souvenez-vous de ne pas dire à quiconque ce que les animaux disent. Autrement, vous vous transformerez immédiatement en pierre. "

Ayant la pierre précieuse dans La bouche, Hailibu aimait encore plus chasser dans les bois de Licorok. Il pouvait comprendre les langages de toutes les bêtes et de tous les oiseaux et savait quel animal chasser dans chaque endroit de la montagne. Il fut capable de rapporter plus de viande et de donner davantage aux membres de sa tribu.

Plusieurs années passèrent rapidement.

Un jour, sur les flancs du volcan de Vaalaamuk, il entendit un groupe d'oiseaux parler de quelque chose avec urgence. Il écouta alors attentivement. L'oiseau de tête disait :
“- Nous devons partir ailleurs rapidement. Ce soir, le volcan va entrer en éruption, le sol va trembler et l'inondation va submerger toutes les terres côtières. Beaucoup de gens pourraient mourir. "

Hailibu fut choqué d'entendre ça et il se précipita chez lui pour répéter ces paroles aux villageois :
"- Nous devons partir ailleurs immédiatement ; nous ne pouvons plus rester ici ! "

Tous furent surpris :
"- Nous vivons bien ici ; pourquoi partir ? "
Hailibu continuait de répéter ces paroles, mais personne n'écoutait.

En pleurs, il suppliait :
"- S'il vous plait, écoutez moi. Je peux jurer que ce que je dis est vrai. Croyez-moi, nous devons partir maintenant ; autrement il sera trop tard."

Un vieux Naayak essaya de calmer Hailibu :
“- Tu es un graärh généreux et tu n'as jamais menti. Nous avons vécu ici pendant des générations, mais maintenant tu nous demandes de partir. Tu dois nous dire pourquoi ; partir n'est pas une chose facile. "

Hailibu ne vit aucun autre moyen de sauver les villageois. Il devint soudain très calme, sachant ce qu'il lui restait à faire. Sérieux, il dit alors aux villageois :
"- Ce soir, le volcan va rugir, le sol va s'ouvrir et une grande inondation va submerger la côte. Vous voyez, les oiseaux s'en vont. "

Alors il raconta comment il avait obtenu la pierre précieuse, comment il était capable de comprendre toutes les bêtes et les animaux, mais qu'il devait garder secret ce qu'il avait entendu de crainte qu'il ne se transforme en une pierre et, finalement, que les oiseaux parlaient entre eux de fuir un désastre imminent.

Alors qu'il racontait son histoire, le bas de son corps, depuis les pattes, commença à se transformer en pierre. Quand il eut fini de raconter toute l'histoire, son corps tout entier était devenu pierre.

Les membres de la tribu furent choqués et en pleurs. Regrettant de ne pas avoir écouté Hailibu plut tôt. Ils emportèrent alors l'essentiel et leurs troupeaux de bétail, avec leurs vieillards et leurs enfants, ils quittèrent les côtes de Vaalaamuk pour rejoindre Netheril, connue pour son abondance. Ils continuèrent à voguer toute la nuit, lorsque soudainement des nuages épais recouvrirent le ciel au dessus du volcan et le vent commença à souffler des esquilles brûlantes. Bientôt une pluie de cendres tomba comme jamais la mémoire graärh n'en avait vu auparavant. Dans la direction de leur ancienne tribu, ils entendirent un grondement de tonnerre venant des fissures dans le sol qui se formaient. Des geysers d'eau et de vapeur bouillantes s'érigèrent aussitôt, noyant les côtes.

Bien des générations ont passé depuis. On dit que les descendants de cette tribu vivent toujours à Netheril et se souviennent encore d'Hailibu le shikaaree au grand coeur. Les plus fous parlent de rechercher cette pierre offerte par l'Esprit du Cheval et de la rapporter pour le mérite et ses pouvoirs.

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Conte issu de Paadshail : L'étoile polaire d'or


Il était une fois, il y a très, très longtemps, alors que les Esprits voguaient encore sur les îles pour jouer avec leur création, l’Aaleeshaan de la récente Légion Vat'Em'Medonis avait une fille qui n’avait jamais été autorisée à sortir. Elle vivait uniquement dans la yourte de la respectée matriarche graärh. Toutefois, quand elle eut atteint sa 15ème année, elle demanda la permission de sortir et l'Aaleeshaan la lui accorda à condition qu'elle reste dans le village.

Un jour qu’elle se promenait aux alentours proches, jouant dans la neige récente et tressant des couronnes sur les branches tendres de sapins, Ek Tangaavaala (la Licorne, créature mythique), le seigneur de la forêt, l’enleva dans un tourbillon de blizzard. L'Aaleeshaan convoqua aussitôt tous les plus sages des Naayak de l'île et leur demanda s’il existait quelque devin qui fût capable de lui dire où se trouvait sa fille qu'elle avait perdue. Les Naayak lui répondirent qu’ils connaissaient un graärh, père de huit fils, qui pourrait trouver sa fille et la lui ramener. L'Aaleeshaan ordonna donc qu’on fît venir ce vieil kisaan.

Celui-ci arriva avec ses huit fils et, après avoir entendu la requête de la dirigeante, dit à ses enfants :

«- L'Aaleeshaan a perdu son trésor le plus précieux, sa fille. Pouvez-vous la retrouver ? »

Les huit fils répondirent que oui, et l'Aaleeshaan déclara :

«- Si vos fils me ramènent ma fille, l’aîné d’entre eux deviendra son partenaire et les sept autres obtiendront le rang de Naayak au sein de la Légion. »

L'Aaleeshaan demanda alors aux fils quelle sorte de talents ils possédaient. Les frères lui répondirent dans l'ordre, de l'aîné au cadet :

«- Je sais tirer avec précision, j’atteins toutes les cibles.
- C’est moi qui cours le plus vite !
- C’est moi qui vois les choses du plus loin.
- C’est moi qui sens le mieux et sais reconnaître toutes choses.
- Moi, je suis capable d’avaler l’air !
- Moi, je suis capable d’engloutir les océans.
- Moi, je peux faire tenir en place le soleil et la lune.
- Et moi, je peux attraper les choses à distance
, dit enfin le plus jeune frère. »

L'Aaleeshaan leur donna l’ordre de retrouver sa fille.

En premier lieu, le 4ème fils du vieux kisaan sentit le sol à proximité de la forêt et déclara que c’était Ek Tangaavaala qui l’avait enlevée. Puis, le 3ème fils vit Ek Tangaavaala en train de galoper avec la femelle jetée sur son dos, et fit en sorte que le fils aîné tira sur lui et que le 5ème fils avala l’air qui les portait, lui et la fille de l'Aaleeshaan, avant qu’ils ne tombent dans l’eau d'un lac gelé que le 6ème fils engloutit. Sur ces entrefaites, tandis que le 2ème fils courait vers eux parce que le soleil s’apprêtait à se coucher, le 7ème frère maintint l'astre en place et le plus jeune des huit frères attrapa la princesse, sur le dos de Ek Tangaavaala, restant à bonne distance.

C’est ainsi que tous les frères, ensemble, ramenèrent la princesse à l'Aaleeshaan. Celle-ci en fut très heureuse et autorisa l’aîné des frères à s'accoupler avec sa fille, mais celui-ci répliqua qu’il ne voulait pas endosser une telle responsabilité, ni aucun de ses frères. Il demanda plutôt à son père, le vieux kisaan, de tirer une flèche en l’air et que celui des huit frères qui l’attraperait, recevrait une flèche d’or.

Ce fut le plus jeune des frères qui l’attrapa…

Ainsi donc, au lieu d’épouser la fille de l'Aaleeshaan, il fut célèbre pour être devenu "Étoile d’Or" et ses frères, au lieu de devenir Naayak, restèrent de humbles Shikaaree connus comme étant les "7 Frères" tant ils étaient inséparables. A leur mort, il est conté qu'ils furent emportés par les Esprits Sacrés, en récompense pour leur courage, et que le cadet fut transformé en l'étoile polaire, appelée l'Étoile d'Or par les natifs de Paadshail et ses frères devinrent la Grande Ourse ou les 7 Frères, en hommage. C’est d'ailleurs pourquoi l'on dit sur l'île que les sept étoiles vont rendre visite à leur frère cadet dans le ciel, chaque nuit, pour célébrer avec lui leur éclat qui continue de sauver bien des pêcheurs.

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Conte issu de Néthéril : La fin d'un monstre, la naissance d'un autre



Une tribu vivant en bordure des marécages d'Athmavy raconte la légende suivante :

Dans les temps anciens, un terrible monstre hantait le territoire qui bordait le grand canyon et les marais, sur l’île de Néthéril. Cette créature n’avait qu’un seul œil, mais celui-ci était grand comme une soucoupe et se trouvait au milieu du front. Ses pattes étaient larges comme des troncs, ses sabots fendus pouvaient briser des rocs et dévier le cours des rivières. Son corps massif était recouvert d’une fourrure hirsute et ses défenses pouvaient balayer des forêts entières. Ce monstre répandait la peur et la terreur parmi tous les graärh, même les plus courageux des shikaaree. Personne ne voulait avoir affaire à lui. Lorsque la créature attrapait l’un des habitants, il le dépeçait et l’avalait tout rond. Plus d’un malheureux avait ainsi fini sa vie. Les chasseurs faisaient donc un grand détour, autour de la région où vivait le monstre.

Un soir, alors que les shikaaree étaient rassemblés autour du feu, l’un d’entre eux, courageux, dit :  

" - Il faudrait le larder de flèches.
- Cela ne servirait à rien, répondit un autre. Je l’ai rencontré et j’ai essayé. Les pointes des flèches rebondissent sur sa peau ; il est invulnérable. Je dois ma vie à un hasard. "

Silencieux et anxieux, les hommes se taisaient.

Un jour, un chasseur d'une tribu des savanes poursuivait un stymphalis. L’animal était si agile et l’application du poursuivant si grande que le graärh ne se rendit même pas compte qu’il avait pénétré profondément dans le marécage bordant le grand canyon Karaptia. Sans le savoir, il se trouvait à proximité du domaine de la créature. Lorsque le shikaaree s’arrêta dans sa course, pour écouter les pas du stymphalis, il entendit un craquement de branches. Il s’accroupit et, silencieusement, prit une flèche. Le bruit s’approcha. Soudain, deux énormes défenses ébréchées sortirent du sous-bois et le monstre apparut, se dirigeant tout droit vers le chasseur. Celui-ci fut paralysé de terreur, son cœur battait à tout rompre ; il se sentait perdu. La créature grondait et grognait, son œil unique luisait, menaçant.

Soudain, le shikaaree eut une idée. Il visa avec précision, retint sa respiration et fit partir la flèche. Celle-ci atteignit l’œil de la bête immense et elle poussa un cri horrible, qui résonna comme le bruit d’une montagne qui s’écroule, puis la bête immonde tomba à terre.

Le chasseur écouta, mais rien ne bougea. Alors, prudemment, il s’approcha. Le monstre était mort. Le graärh des savanes se rendit compte que la seule partie vulnérable de la créature était son œil. Rageusement, le shikaaree asséna un coup de pied au ventre du démon.  

"- Horrible bête, cria-t-il, assassin, sangsue, tueur de graärh ! "

Fou de joie, il dansait et riait. Il tirait la bête par les poils, lui crachait au groin et lui lançait des mottes de terre. Il avait enfin vaincu l’invincible ! Puis il s’arrêta et réfléchit, car après tout c’était une créature de magie, et qui pouvait savoir quels étaient les pouvoirs d’un monstre, même mort ? Il fallait anéantir définitivement toute trace de lui.

"- Je vais le brûler," décida-t-il après réflexion.

Il amassa des brindilles et des branchages secs, et les disposa autour de la créature. Puis il fit du feu et aviva la flamme. Bientôt, le brasier monta jusqu'au ciel. Le shikaaree remit des branches, usa même de troncs et entretint le feu jusqu’à ce qu’il ne reste plus du monstre que des cendres que le graärh s'empressa de disperser au vent. Mais quelle fut sa stupeur quand il vit les cendres qui retombaient, se transformer peu à peu en étranges insectes, des nuées de créatures minuscules, telles que le chasseur n’en avait encore jamais vues. Les insectes dansaient et voltigeaient et bientôt tout un nuage emplit les airs. L’un d’eux se posa sur la joue du chasseur et le piqua. Le chasseur le tua.

C’est ainsi que naquirent les moustiques qui, depuis, tourmentent méchamment les habitants de l'île de Néthéril.

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Conte issu de Paadshail : Les yeux de Taqqiq



Taqqiq était un jeune graärh, connu dans la région pour sa beauté, mais aussi pour sa cécité : en effet, il était devenu aveugle très tôt. Il vivait avec sa petite sœur, Siqiniq. Celle-ci, malgré son jeune âge, savait déjà pêcher, préparer les peaux et coudre des vêtements chauds et résistants. À la mort de leurs parents, ils avaient été recueillis par leur grand-mère, une vieille femelle colérique et méchante, qui estimait que Taqqiq, aveugle, n'était qu'une bouche inutile. Ils habitaient tous les trois sous un iglou qui, en ce début de printemps ensoleillé, commençait à fondre et menaçait de s'écrouler. Déjà, le sommet gouttelait sur leur tête et les parois scintillaient de mille perles d'eau.

Une nuit, alors qu'ils dormaient profondément, pelotonnés dans une peau de caribou sur la plate-forme de l'iglou, ils furent réveillés en sursaut par un grognement effrayant. Taqqiq reconnut aussitôt ce bruit : c'était celui de l'ours. Il fallait réagir très vite. La grand-mère attrapa l'arc et la flèche posés près de ses bottes et les donna à Taqqiq :

«- Prends cet arc et cette flèche. C'est l'occasion de tuer ton premier ours. Je vais t'aider à viser, tu n'auras qu'à te laisser guider. »

Ainsi fut dit, ainsi fut fait. Le craquement de la glace retentit sous le poids de l'ours, tombé raide mort. De joie, Taqqiq poussa un grand rugissement. Aussi fut-il surpris quand sa grand-mère lui dit, feignant d'être très en colère :

«- Idiot ! C'est le renard de glace que tu as tué ! Non seulement tu as manqué une proie superbe, mais en plus, tu nous prives de notre meilleur pisteur. Tu n'es vraiment qu'un bon à rien ! »

La grand-mère voulait garder la peau et la viande de l'ours pour elle toute seule. Elle rêvait déjà du pantalon qu'elle pourrait se coudre dans cette grande peau blanche, moelleuse et si chaude. Elle tua le renard et fit cuire sa chair. À chaque repas, elle servait ainsi de la viande de renard à Taqqiq, pendant qu'elle mangeait l'ours avec Siqiniq. Un soir, la jeune soeur réussit à cacher de la viande d'ours sous sa parka et l'offrit en cachette à son frère :

«- Tiens, Taqqiq, voilà de la bonne viande d'ours ! »

Taqqiq eut ainsi la preuve qu'il avait bien tué l'ours et que sa grand-mère était une menteuse, égoïste de surcroît. Il décida de se venger.

«- Petite sœur, pourrais-tu me guider jusqu'aux falaises, demain matin ?
- Bien sûr, grand frère. »

Le lendemain matin, Siqiniq accompagna Taqqiq près du rivage. Le paysage était magnifique et elle regrettait que son frère ne puisse pas le voir. Les falaises se reflétaient dans l'eau de la mer. Les derniers blocs de banquise dérivaient doucement le long de la côte. Quelques oiseaux s'y posaient de temps à autre. D'autres plongeaient à pic des sommets rocheux vers la mer, dans un brouhaha joyeux de cris auxquels les falaises répondaient en écho. Taqqiq percevait cette effervescence autour de lui et aurait été tellement heureux de voir enfin le soleil qui réchauffait son visage et les oiseaux qui piaillaient dans les falaises.

«- Merci, petite sœur, de m'avoir accompagné jusqu'ici. Laisse-moi seul maintenant. Tu peux rentrer à la tribu.
- Mais comment feras-tu pour revenir ?
- Je me débrouillerai. Ne t'inquiète pas. »

Siqiniq prit le chemin du retour, laissant son frère seul, assis sur un rocher. Quand elle eut disparu derrière la colline, Taqqiq appela le plongeon arctique qu'il sentait voler tout près de lui :

«- Bonjour, plongeon. Les aînés disent que tu as des pouvoirs et que tu peux redonner la vue. Est-ce vrai ?
- Oui, c'est vrai. Mais cela exige beaucoup de courage.
- Je suis prêt. »

Le plongeon prit Taqqiq entre ses pattes et le plongea une première fois dans l'eau glacée de la mer. Taqqiq ressortit immédiatement la tête de l'eau : le froid lui brûlait les tempes. Il reprit ses esprits et découvrit qu'il percevait un peu de lumière. Mais aussitôt, l'oiseau lui replongea la tête sous l'eau. Cette fois, Taqqiq réussit à rester un peu plus longtemps immergé, en apnée. Et quand il remonta pour respirer, il vit des formes, autour de lui. Une troisième fois, l'oiseau lui plongea la tête dans l'eau tellement longtemps que Taqqiq eut peur de se noyer. Lorsque le plongeon lâcha prise, le jeune félin revint enfin à la surface. Il put alors distinguer les oisillons qui prenaient leur premier envol, tout en haut, au sommet des falaises.

Ébloui par tout ce qu'il découvrait, il remercia le plongeon et prit le chemin du campement. Il était si heureux qu'il sautillait d'un rocher à l'autre. Lui qui avait toujours marché prudemment, à tâtons pour ne pas tomber, il pouvait maintenant jouer comme les autres graärhrons. À l'approche de l'iglou, il ralentit son allure et reprit sa démarche hésitante. Personne ne devait savoir qu'il voyait de nouveau.

La vie reprit son cours normal. La grand-mère continuait de brimer Taqqiq et celui-ci se demandait comment se venger. L'occasion rêvée arriva bientôt. Un matin, il fut réveillé brutalement par sa grand-mère :

«- Dépêche-toi flemmard ! Tu n'entends pas tout ce bruit autour de toi ? Les bélugas sont arrivés ! Il ne faut pas rater cette occasion ! Enfile ton pantalon et ta parka, et prends le harpon. Nous partons ! Espérons que nous pourrons au moins en attraper un petit… »

Quand ils arrivèrent sur la plage, la grand-mère enroula la corde du harpon autour de ses hanches :

«- Je vais t'aider à hisser le béluga hors de l'eau quand tu l'auras harponné. Mais comme je ne suis pas assez forte pour retenir un béluga adulte, il faut que tu en harponnes un petit. Laisse moi guider ton bras vers le jeune béluga que j'aperçois là-bas. Voilà. Tire maintenant ! »

Mais plutôt que de choisir la petite baleine, Taqqiq lança son harpon vers un énorme mâle. La pointe se ficha solidement dans la chair de l'animal, qui, sous l'effet de la douleur, se mit à nager encore plus vite. La grand-mère n'eut pas le temps de se dégager de la lanière du harpon. Entraînée par le béluga, elle tomba dans la mer et fut emportée au loin, dans le sillage de l'animal. Le jeune félin lui cria :

«- Toi qui as gardé la viande de l'ours pour toi seule, garde aussi celle-ci ! »

La vieille femelle réapparaissait de temps en temps à la surface et, avant qu'elle disparaisse définitivement, les graärhons eurent juste le temps de voir ses cheveux se torsader et se figer en une longue défense d'ivoire.

C'est ainsi que la méchante grand-mère s'est transformée en narval.

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