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20 Janvier 1763
Port de Délimar, milieu d’après-midi.

Que faire ?

Cette question, cela faisait bien une heure que Jangali se la posait. Assis sur une bitte d'amarrage, il fusillait du regard le stupide collecteur d’impôts et ses gros bras, qui le regardaient de temps à autres aussi d’ailleurs. Il fallait dire qu’il ne s'était pas du tout attendu à tomber sur pareil tête de pioches. Il s’était attendu à des difficultés, mais il ne s’était pas douté un instant qu’il se heurterait à une épreuve insurmontable. Leur refus d’entendre raison et de le laisser entrer dans la cité dépassait tout bonnement l’entendement. Et s’il devait s’estimer “heureux” de ne pas avoir encore fini avec un collier d'esclave au cou, il ne pouvait seulement que ronger son frein. Se retrouver bloqué devant une simple entrée par qu’il n’avait tout simplement aucune de ces pièces sonnantes et trébuchantes que les Sans-Poils vénéraient.  Quelle ironie pour le guerrier qui avait bravé la mort en combattant le fléau résurgent de son peuple, que de se voir refuser l’entrée d’un lieu parce qu’il ne pouvait assouvir une “taxe”. Le concept même d’une taxe parce qu’il portait des objets enchantés le laissait pantois. La magie était un trait inhérent à sa race, comment pouvait-on la condamner ?

Que faire ?

Partout autour de lui, les marins et les capitaines s’affairaient à charger, décharger des cales remplies. Seul au milieu d’un monde qu’il ne connaissait pas, il avait l’impression de se retrouver une nouvelle fois perdu au milieu de l’océan, sauf que cette fois il était au sec bien évidemment. Il était arrivé par devoir, pour protéger son peuple contre une menace qui les dépassait tous et il se retrouvait coincé. L’enjeu était trop grand. Que devait-il faire à la fin ? Forcer le passage ? Et pour aller où ensuite. Il ne connaissait pas la ville, ni encore moins la personne qu’il était censé prévenir… S’infiltrer ? Il n’était pas assez doué pour ça et de nouveau, il ne connaissait pas la ville…
Et alors qu’il considérait toute les options plus farfelues les unes que les autres, un mouvement attira son attention. De son perchoir, il put apercevoir le garde envoyé plus tôt, revenir avec un petit groupe d’individu. Deux grands gaillards encadraient un troisième plus petit, vraiment plus petit par ailleurs. D’ailleurs celui-ci s’adressait au collecteur d'impôts… qui au terme d’un court échange, finit par pointer du doigt en sa direction. Ses oreilles et sa queue se dressèrent dans un mouvement uniforme alors qu’il regardait le nouvel arrivant flanqué de son escorte fendre la foule droit vers lui. S’étant calmé depuis son altercation, il n’en demeurait pas moins alerte, tous ses sens à l'affût de la moindre tentative de capture ou d’attaque. Et si le graärh n'était plus en armure complète et s'était revêtu de vêtements en lin simple, il n'en demeurait pas moins une masse de muscles au physique athlétique. Le nouvel arrivant était quand à lui vêtu simplement également mais l'on sentait clairement la différence de manufacture. Intrigué et attentif, il le dévisagea pendant qu’il s’adressait à lui, non sans garder un œil de prédateur sur ses deux acolytes.

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Entre son travail et ses cauchemars à répétition, Ilhan se sentait de plus en plus épuisé. Sa charge d’activité était assez importante avec le Conseil, la surveillance de l’organisation de Cordont à distance, le projet d’abolition de l’esclavage et sa Toile à diriger. Pour autant, il ne se voyait déléguer aucune de ses tâches, dont toutes lui tenaient à coeur et qui étaient trop capitales pour les confier entre n’importe quelles mains. Oui, Modestie ne l’étouffait pas sur ces points-là. Mais inutile de se montrer faussement modeste, surtout quand il se parlait à lui-même. Il était conscient de ses capacités et de ses lacunes, et ne se voilait pas la face, sur aucun de ces deux aspects.

Toujours était-il, qu’en cette journée, il avait l’impression d’avancer à pas d’escargots. Il lui avait fallu plus d’une heure pour un simple courrier et son sablier avait eu le temps de se vider trois fois avant qu’il n’ait fini sa correspondance. La-men-ta-ble. Il était si fatigué, qu’il se trainait piteusement de tâche en tâche sans parvenir à en finir aucune dans un délai décent. Et bien évidemment les suivantes arrivaient plus vite qu’ils ne finissaient les précédentes… S’il s’était nommé Tryghild, il en aurait envoyé valser tous ses parchemins de rage  et d’impuissance. Seulement ce n’était pas dans son tempérament. Et c’est dans un calme dolphinesque qu’il posa sa plume, en expirant lentement l’agacement qui couvait en lui.

Allez, encore un compte-rendu à lire, deux araignées à contacter, et il pourrait s’attaquer aux missives de Cordont qui lui demandaient conseil. Enfin, si on le laissait en paix pour travailler, soupira-t-il en entendant quelqu’un cogner contre le bois de la porte de son bureau.

Entrez, ordonna-t-il en langue nordique, d’un ton posé, mais las.

Il observa le garde entrer et le saluer d’un signe poli, mais raide. Il salua à son tour en silence et intima d’un geste le garde à s’exprimer.

Nous avons besoin de vous à la porte du port, Conseiller. Quelqu’un demande à entrer, mais il empeste… Il n’peut payer la taxe de magie. Et elle va être salée pour le bougre.

Ilhan haussa un sourcil surpris à cette étrange demande, sans retenir l'insulte non déguisé à la magie que l'autre devait détenir et qu'il détenait lui-même. Il en avait l'habitude. Et au moins le garde s'était-il retenu un tant soit peu et ne s'était pas éternisé sur ses injures. Un petit pas en avant.

Quelqu’un ne pouvant payer la taxe ? Et quel est-il ?

Un Graärh, Conseiller. Il dit s’appeler Jangali Pa… Jangali machinchose. J’sais plus son nom.

Ils pouvaient aller loin avec ce genre d’approximation. Ilhan soupira, mais d’un geste de main demande plus d’informations. Et cette façon de manger les mots...

Le gars dit v’nir apporter une importante nouvelle à not’Intendante Tryghild Svenn. Un message qu’il ne veut délivrer entier qu’à elle. Il dit qu’c’est urgent.

Ilhan haussa encore un sourcil, incitant le garde à en dire plus, sans pour autant bouger de suite. IL pressentait qu’il allait devoir s’y rendre. Il s’agissait d’un graärh. Rien que pour cela, il savait déjà qu’il s’y rendrait. Le rapprochement de leurs deux peuples nécessitait de tout faire pour ne pas rejeter  un graärh quémandant de rentrer. Et de bien le recevoir, bien entendu. Mais le manque flagrant d’informations du garde titillait son agacement latent. Inspirant profondément, il attendit la suite, les lèvres pincées en un sourire crispé, les yeux sombres rivant le grand délimarien.

Un truc à propos de couronnes de cendre qu’il a dit.

Et se redressa d’un coup. Ce nom ne lui disait rien mais l'intriguait soudain. Ah, d’importance, disait-il ? Et un graärh ne prendrait pas le risque de venir, seul, jusqu'ici si ce n'était pas d'importance. Certes on pouvait soupçonner un piège quelconque mais... non ce peuple n'était pas vraiment porté sur des conspirations outrancières. Bon, si les gardes s'obstinaient à ne pas vouloir le laisser passer, il allait effectivement devoir s'y rendre lui-même. Bougres d’idiots. L'obliger à faire tout ce trajet pour une histoire de taxes !

J’y vais, fit aussitôt Ilhan d’un ton étrangement laconique.

Ce qui ne lui ressemblait guère et dénotait assez son irritation.

Il se leva souplement, attrapa son petit sabre d’apparat qu’il attacha rapidement, puis sa cape et sortit de son bureau d’un pas vif, le garde sur les talons. A peine fut-il sorti de la citadelle, que deux autres gardes le suivirent, en escorte.

Il traversa toute la ville d’un pas vif, même si pour les délimariens ce devait être des pas de fourmis, et ne ralentit l’allure qu’aux portes près du port. Histoire de ne pas arriver devant l’illustre visiteur complètement essoufflé.

Il adressa quelques mots au collecteur de taxes, qui lui montra le graärh, perché sur une bitte d’amarrage non loin et qui les fixait d’un oeil vif. Ilhan ne perdit pas de temps, et pivota directement vers leur visiteur, tous s’écartant sur son passage. Alors qu’il avança d’un pas plus mesuré, il détailla le grand félin avec attention. Grand, moins grand peut-être que le graärh rencontré à Cordont, mais toujours plus grand que lui, fin, élancé mais tout en muscles. Il avait une apparence bien plus félidé que son homologue de Cordont d’ailleurs, nota Ilhan avec intérêt. Pas d’armure. Pas visible.

Apparemment il ne venait pas guerroyer. Évidence certes, mais c’était toujours un point à noter.

Je vous souhaite la bienvenue en notre belle Délimar. Je me nomme Ilhan Avente, Conseiller de la citadelle, fit-il cette fois en langue commune.

Il regarda le Graärh droit dans les yeux quand il le salua en se présentant. Il ne pouvait ronronner, comme un graärh le ferait, mais il espérait que son vis-à-vis comprenne, un tant soit peu, qu’il tentait d’adopter une partie des coutumes graärh. Là où chez les hommes ce type de salutation aurait pu paraître primaire, insultante ou insuffisante.

De ce que m’ont révélé mes acolytes, vous souhaitez rencontrer notre Intendante pour un message d’importance ? Ils n’ont su toutefois me répéter entièrement votre nom.

Ravalant les excuses qu’il s’apprêtait à donner pour l’oubli du soldat. Pas d’excuses chez les graärhs. Pas outre mesure du moins. C’était là un point qui lui serait difficile de respecter, mais il tenterait. Un langage plus vrai, plus direct. Penser Délimar. Ca pourrait aider.

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Ilhan Avente. Jangali l’exanima de la tête au pieds. Il était plus chétif que la plupart des marins, des soldats et même du collecteur d’impots. Indéniablement, il se disait conseiller et le graärh le crut sur parole. Avec un physique pareil, il ne pouvait manier que les mots. Surtout l’épée qui battait son côté, le confortait dans cette idée. Clairement, elle était là uniquement pour faire jolie. Il n’aimait pas les beaux-parleurs, mais apparemment, cet Ilhan n’était pas de ce genre et en venait directement au faits. C’était déjà un bon début. Il semblait plus réceptif à ce que lui disait Jangali aussi. Son air calme et posé était assez apaisant, d’une certaine manière. Cela tranchait avec la méfiance et la nervosité de ses deux gardes. Devant les puissants remparts et l’aura austère de la cité, il se demandait vraiment comment quelqu’un de son acabit avait pu atterrir ici… Néanmoins la broche aux couleurs de la ville attestait de la confiance que les dirigeants lui portaient.

-Je m’appelle Jangali Pasu. Mais Jangali suffira. Et effectivement j’ai un message pour l’Aalee… l’Intendante Tryghild. Un message qui ne concerne pas seulement les graärh, mais également la sécurité de tout l’Archipel.

Dépliant ses jambes, il se pencha vers son vis-à-vis, plongeant ses yeux bleus dans ses obsidiennes.

-Mais seulement, je m’attendais pas à me heurter à la porte d’entrée. Surtout pas pour une question de “taxes”. Il faisait évidemment référence à la taxe sur la magie que lui avait rabâché le collecteur d'impôts. Mes frères emprisonnés entre vos murs ne vous ont pas dit que nous n’avons aucune pièces pour payer un droit naturel ?

C’était gratuit, et mesquin. Mais Jangali voulait bien lui faire comprendre qu’il était parfaitement au courant de la situation des Graärh, et les risques que lui-même prenait en venant ici.

-Alors dites-moi Conseiller Ilhan, avez-vous une solution, ou laisserez vous la sécurité de votre cité être compromise pour une histoire d’or ?

Dernière édition par Jangali Pasu le Mar 12 Mar 2019 - 20:46, édité 1 fois

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Pasu. Ce mot ne lui disait rien de particulier. Pourtant ce mot devait signifier un titre, une fonction chez les Graärhs. A priori ni chasseur, ni pêcheur, ni guérisseur. Alors quoi ? Voilà qui l’intriguait.

Le lapsus d'Aaleeshaan que faillit lâcher le graärh ne lui échappa pas non plus. Il avait bel et bien failli appeler leur Intendante par ce titre. Intéressant. Très intéressant. Cela signifiait que les Graärhs, pour partie tout du moins, considéraient Tryghild presque comme tel.

La sécurité de tout l’Archipel, disait-il ? Qu’est-ce qui pouvait donc mettre en péril l’archipel dans son ensemble ? Qu’est-ce qui pouvait mettre leur monde en péril et alerter les Graärhs, au point que l’un d’eux osait se présenter devant la citadelle où sévissait encore l’esclavage de certains d’entre eux ? Un nom, un seul, lui venait soudain à l’esprit. Au bord des lèvres. Il les garda pourtant bien sceller et tenta de figer son visage dans un marbre poli. Mais il se sentait se liquéfier intérieurement.

Un mot, un seul, pouvait réveiller ainsi toutes les peurs, même en des peuples aussi braves que celui des Graärhs. Un mot porteur de destruction et de mort, de peine et de souffrance. Un mot qui semblait les avoir suivis jusqu’ici. Chimère. Maudites chimères.

Peut-être se trompait-il. Possiblement. Mais…

Mais il devait savoir, en avoir le coeur net. Et pour cela, une seule possibilité. Faire entrer ce Graärh, aussi inconscient soit-il. Le protéger en Délimar et le faire rencontrer, dès que faire se pourrait, leur Intendante.

Ilhan soutint alors le regard azur de l’autre sans sourciller. Ses orbes sombres plongeant dans ce bleu limpide sans hésitation. Des yeux fascinants, il devait bien l’avouer. C’était la première fois qu’il rencontrait cette couleur d’iris chez un graärh.

Mais seulement, je m’attendais pas à me heurter à la porte d’entrée. Surtout pas pour une question de “taxes”.

Oui, c’était une question bassement matérielle, il devait en convenir. Mais il n’était pas là pour discuter des lois de Délimar.

Mes frères emprisonnés entre vos murs ne vous ont pas dit que nous n’avons aucune pièce pour payer un droit naturel ?

Ilhan se contenta d’offrir son éternel sourire poli, sans ciller d’un iota. Il nota toutefois le trait d’esprit. Même si tranchant et rude. C’était là le genre de réparties qu’il appréciait. Et qu’il n’aurait jamais cru trouver chez un graärh. Oh il avait eu de bels échanges avec Purnendu, il devait bien l’avouer, mais il avait, bêtement, classé Purnendu dans la catégorie des exceptions chez les Graärhs. Ne serait-ce que par les révélations qu’il avait bien voulu lui offrir.

Mais finalement… Peut-être l’esprit n’était-il pas si rare chez cette espèce-là aussi ?

Alors dites-moi Conseiller Ilhan, avez-vous une solution, ou laisserez vous la sécurité de votre cité être compromise pour une histoire d’or ?

Le sourire de l’althaïen s’élargit quelque peu alors qu’il répondit, d’une voix grave et posée :

J’en ai peut-être une en effet. L’or peut ne pas être la question.

Il appuya ses mots d’un geste de la main balayant l’air devant lui comme chassant une mouche gênante. Ils étaient en Délimar ici, pas en Caladon. On ne parlait pas avec l'or mais avec l'honneur.

Il avait déjà une petite idée de la solution à présenter. La seule, l’unique, qui permettrait au Graärh d’entrer à vrai dire. Et sa propre décision était déjà prise. Que Dihya lui pardonne cette prochaine dépense. Dispendieuse folie à venir, s’il en jugeait par ce qu’il voyait. Voilà qui allait encore arranger ses relations houleuses avec le Grand Trésorier et ses petits soucis de dettes qu’il avait tout juste réussi à éponger ce mois-ci. Mais bon, il s’agissait d’une question d’État, après tout. Il chassa donc ces pensées désagréables et se força à se focaliser sur son hôte à venir.

Mais avant que je ne prenne la charge de vous faire entrer en notre cité, vous conviendrez qu’il me faudrait en savoir plus. Les raisons précises de votre venue et de votre souhait de rencontrer notre Intendante notamment. Vous conviendrez que " j’ai un message pour l’Aaleeshaan Tryghild ", quand bien même ce message concerne la sécurité de tout l’Archipel, pourrait sembler… insuffisant.

Il leva de suite une main comme pour freiner toute volonté de protester.

Je sais les Graärhs peu sujets au mensonge et je suis donc enclin à vous croire. Vous n’auriez pas pris le risque de venir jusqu’ici si le message n‘était pas d’importance. Mais ce que j’ai besoin de savoir c’est la nature exacte de ce message. Ne serait-ce que pour me donner les éléments de vous octroyer une entrevue avec notre Aaleeshaan.

Il insista, une fois encore, sur ce terme particulier. Faisant bien comprendre qu’il le connaissait et qu’il en saisissait toute l’importance.

Il me faut savoir aussi s’il n’y a aucune autre raison sous-jacente dans cette volonté d’entrevue.

Comme vouloir attenter à la vie de leur Intendante. Par exemple. Méfiance quand tu nous tiens. Et cette fois-ci, son regard sombre se fit particulièrement inquisiteur.

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Ses oreilles se dressèrent haut sur sa tête, tels deux tournesols tournant leur face vers l’astre solaire. Ainsi, ce petit humain connaissait le titre d’Aaleeshaan. Intéressant. Rien que par ce fait, il était encore plus différent des autres tas de muscles bornés à qui il avait eu affaire. Il fallait dire que Jangali était sensible à la curiosité, lui-même étant curieux de nature. Si Ilhan avait eu la curiosité de se renseigner sur les usages graärh, et surtout de les retenir, alors il ne pouvait pas être une si mauvaise personne non ? Ou un très bon manipulateur. Mmmh, il n’aimait pas trop cette idée finalement. Il préférait plutôt voir le bon cotés des choses. Il décida donc de baisser sa garde. au point où il en était, une folie de plus ou de moins…
Bien sur il n’avait pas manqué le sous-texte inquisiteur dans son sous-entendu particulièrement alambiqué. Jangali était impulsif et agissant très souvent avant de réfléchir, mais il n’était pas stupide à ce point.

-Très bien, soupira-t-il, je vais vous faire un résumé, je n’ai vraiment pas envie de faire le perroquet. Et donc comme je l’ai déjà dit à vos stu… subordonnés, je viens prévenir du retour des Couronnes de Cendres. Il ne s’agit pas moins du pire fléau qu’ait connu cet archipel…

Rien que repenser à sa mésaventure suffit pour qu’inconsciemment, il ne se tata le ventre, où sous une respectable couche de poil, une petite cicatrice était apparue.

-Entendons-nous bien. Je sais que l’Archipel est dangereux. Mais ce n’est rien à côté de ces graärh là. Vous avez déjà rêvé que vos pires cauchemars prenaient vie, Ilhan ? Et bien c’est exactement ce qu’il s’est passé. Et ces cauchemars là ne vont pas s’arrêter à juste punir les graärh qui leur ont infligés pareils tourments, croyez-moi.

Il détourna légèrement la tête. Il n’avait pas dit qu’il serait concis ? Finalement, sa langue se déliait sous l’impulsion du cri de son âme…

-J’ai assisté au réveil d’une monstruosité et c’est un miracle si j’ai survécu. Même s’il m’en coûte de demander de l’aide à des sans-poils qui nous considèrent comme des animaux et de la “marchandise”, je préfère m’abaisser à ça que de voir mon île, mon peuple, mon univers tomber en cendre…

Pour le coup, il détourna franchement le regard. Derrière ses grands airs fiers, Jangali était aussi sensible, et il ne s’attendait pas à ce que de petites larmes de réelle détresse ne lui coule des yeux. Apparemment sa blessure était un peu plus profonde qu’il ne le pensait.
Il finit par s'éclaircir la gorge. Il avait oublié un détail important. En vérité le détail qui l’avait poussé à entreprendre son voyage.

-Ecoutez Ilhan. Si me faire confiance vous est difficile, je ne vous demanderai qu’une chose: dites à Aaleeshaan Tryghild que je suis un ami de Purnendu -il articula chaque syllabes-, elle comprendra.

On du moins il l’espérait. Il ne savait pas d’où Purnendu avait bien pu la rencontrer, mais il ne l’aurait pas envoyer sur Khokattaan s’il ne savait pas ce qu’il faisait. Purnendu était intelligent, et plein de ressources. et surtout il lui faisait confiance, comme un membre de sa tribu.

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Il était si étonnant de voir tout le panel d’expressions physiques, faciales ou corporelles, dont les Graärh étaient capables. Ilhan avait déjà eu tout le loisir de l’observer en compagnie de Purnendu et il en avait de nouveau une parfaite démonstration. Ces oreilles soudain dressées, totalement tournées vers lui, lui indiquant qu’il avait soudain la totale attention du grand félin.

En tout cas, il semblerait qu’il ait lui-même obtenu gain de cause. Le Graärh semblait lui accorder enfin un semblant de confiance et s’était décidé à lui révéler la raison de sa venue, la teneur de son message. Si Ilhan s'était préparé à entendre de mauvaises nouvelles, ce qui sifflait soudain à ses oreilles était sans commune mesure. Il s’était attendu à tout sauf à… ça. Le pire fléau de l’archipel, disait-il ? Charmant. Après avoir ramené leur propre fléau de leurs anciennes terres, avec les chimères qui les avaient retrouvés et la bataille imminente qui s’annonçait, voilà qu’en plus l’archipel avait décidé de lancer le sien propre aussi ? Char-mant !

Ilhan se sentit pâlir à mesure que l’autre parlait. Il avait soudain envie de s’enterrer et de ne plus jamais ressortir de la terre si salvatrice. De partir là, maintenant, quitter ce monde fou et ces guerres incessantes. Mais..

Non, se morigéna-t-il, il n’avait pas le droit, il ne pouvait se montrer aussi couard. Pas alors que tous en ces lieux était d'un courage, d'une force, exemplaires. Il avait lui-même affronté bien des choses, il pouvait bien affronter cela aussi. Non, mieux, ils affronteraient tout cela ensemble. Lui, Délimar, les siens, tous, ensemble, unis, en un même front. Et périraient sûrement tous aussi. Mais peu importait. Il ne fuirait pas le combat. Les combats… puisque apparemment leur combat contre les chimères ne serait pas le seul. Enfin si, si l'on estimait les probabilités qu'il soit en fait le dernier...

Il observa son vis-à-vis qui ne semblait pas en mener large non plus. Et cette façon de se palper un endroit précis sur le ventre… Avait-il mal ? Était-il blessé ? Avec tous ses poils… ce pelage si dru… impossible à voir précisément.

Et ces soudaines larmes… C’était la première fois qu’il voyait un Graärh… pleurer ? Oui, pleurer. Cela restait discret, loin de l’expansion sentimentale de certains humains, dont lui-même parfois, mais… Ilhan regarda d’un air fasciné ces petites gouttes traitresses d’un sentiment univoque. Encore une preuve de ce qu’il avait pensé : c’était là des êtres conscients et sensibles, non pas de quelconques animaux.

Et soudain… ce nom. Ce nom entre tous. Purnendu. Purnendu ! Il était donc un proche du Chikitsak ? Voilà qui était intéressant. Bougre d’idiot de Graärh, il aurait dû le dire tout de suite !

Nous aurions donc un ami commun en ce Chikitsak ? répondit Ilhan en une question purement rhétorique. Ce nom semble avoir quelque propriété magique, aussi puissante que les soins que notre ami commun sait prodiguer.

Un fin sourire moqueur se dessina sur ses lèvres quand il ajouta :

Dommage que vous ayez mis tant de temps à le prononcer.

Il observa le grand félin devant lui et le sonda une dernière fois rapidement. Non pas pour savoir s’il mentait ou autre… Il savait détecter un mensonge, par l’habitude, mais aussi grâce au glyphe de son anneau qui ne le quittait pas. Et il avait rarement vu un Graärh mentir. Même s’il ne doutait pas qu’ils pourraient en être capables. Encore une capacité que les humains pourraient leur apprendre... malheureusement. À croire parfois que les humains ne savaient que corrompre tout ce qu’ils touchaient… Agacé et déprimé par cette soudaine idée, qui ne lui venait pas pour la première fois d’ailleurs, il préféra la chasser au plus vite et se concentrer sur l’instant présent.

Vous serez donc mon invité en cette cité. Je m’occuperai personnellement de votre taxe, et vous pourrez ainsi entrer en Délimar. J’organiserai votre rencontre avec notre Intendante et notre Aaleeshaan Tryghild Svenn. Nous avons quelques formalités à remplir. Je vous ferais part ensuite des règles élémentaires à suivre en notre cité pour que votre séjour se déroule sans encombre pour vous. Je n’ai nulle intention de vous contraindre de quelque façon que ce soit, je vous le garantis, et peux vous en faire le serment. Mais suivre ces règles assurera de votre propre sécurité, plus que tout autre chose. Nous vous conduirons ensuite à votre logement le temps de votre séjour, et n'ayez nulle inquiétude, je prends également tout frais de séjour à charge. Quand vous serez installé et reposé, j'aurais, je l'avoue, beaucoup de questions également, si vous acceptez d'assouvir ma... curiosité.

Se disant, son sourire mi taquin s'élargit quelque peu avant qu'il ne reprenne son sérieux.

Mais avant cela… êtes-vous blessé ? Vous avez semblé… agité. Et…

Son regard sombre se porta sur l’endroit que le Graärh avait touché et qui semblait le gêner.

Si vous avez besoin de soin, je peux mander un guérisseur de suite, avant toute formalité. Sinon…

Il lui indiqua d’approcher le collecteur.

Il vous faudra déposer ici tous vos objets magiques. Notre collecteur en fera l’estimation de puissance, les consignera sur son parchemin et m’indiquera le… montant.

Il manqua renifler en songeant à ses dettes qui s’accumulaient. Il venait tout juste d’éponger ses propres taxes, avec celles du mois dernier qu’il n’avait pu payer dans les temps. Il avait également beaucoup dépensé dans les cadeaux de mariage, que ce soit pour celui du bourgmestre de Caladon, ou pour celui de sa Reine. Il ne regrettait en rien, mais… Ajouter ces nouvelles taxes qui, s’il en jugeait sa petite expérience, allaient s’avérer salées au vu de ce que portait le grand félin… Le nouveau comptable que Tryghild lui avait affecté allait s’arracher les cheveux. Mais peu importait. Raison d’État oblige. Il ne pouvait laisser cet allié potentiel aux portes de la cité pour de simples raisons d’argent, c’était inepte pour lui.

Puis vous pourrez les récupérer. Il vous posera ensuite quelques questions sur votre pratique de la magie, qui serviront aussi à estimer l’autre partie de votre taxe magique d’entrée.

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Jangali pencha légèrement la tête et sourit. Oui, pour sûr il n’était pas le plus intelligent des graärh. Sa mémoire lui faisait souvent défaut il devait bien l’admettre. Surtout après avoir fini les trois derniers jours de son voyage en bateau à vomir tripes et boyaux, ayant fini son stock de décoctions contre le mal de mer. C’est sûr qu’évoquer Purnendu dès le début eût été plus simple mais hé, n’était-ce pas dans sa nature insouciante que de se mettre invariablement des bâtons dans les roues ? Après tout, le Gourmet n’était pas connu pour son attitude très sérieuse, ou du moins pas très longtemps. à présent, il comprenait comment le conseiller avait pu glaner ces informations sur les Graärh. Nul doute que le petit humain devait être un bavard et un cérébral, tout comme le cendré l’était tout autant. Il écouta donc attentivement l’Avente lui faire part des diverses règles de la cité, comme lui même le ferait pour tout étranger entrant à la Légion. Puis soudain… Blessé ? Il suivit le regard de son vis-à-vis et vit avec stupeur sa main palper son ventre. Diantre ! Depuis quand son esprit le trahissait-il à ce point ? Il retira sa patte vivement et bafouilla quelque chose comme:

-Ah ? Euh non, c’est… c’est rien. Juste… juste un mauvais souvenirs…

Admettrait-il sa cuisante défaite en détail ? Par tous les Esprits, certainement pas ! Heureusement pour lui, sa fourrure dissimulait habilement le rouge qui lui montait aux pommettes. Du moins il supposait que cette chaleur était due à un rougissement de sa peau.
Toujours gêné, il suivit docilement l’humain vers le collecteur d’impots. Le fonctionnaire et le graärh échangèrent rapidement un regard équivoque de leur précédente altercation…. rencontre, pendant qu’Ilhan expliquait la procédure. Jangali avait encore du mal avec les expressions faciales des sans-poil, mais il lui semblait que ce petit sourire en coin parfaitement satisfait signifiait une mauvaise pensée … non ? Et à la vue du visage en décomposition d'Ilhan, ce sentiment était partagé.

-Vous aimez vraiment pas la magie hein ?

Il avait dit cela tout en soupirant. Les sans-poils savaient trop bien se prendre la tête pour si peu… Plongeant son bras dans sa sacoche, il entreprit de retirer tout ses objets magiques. Ainsi, il sortit son épée, qui avait fini de s'imprégner des glyphes, son armure, son outre remplie d’alcool de banane et pleins d’autres babioles à l’usage très situationnels. Outre la perte de temps, Jangali obtempérait. Il n’avait aucune honte à déballer ses possessions. Dans sa culture, il ne s’agissait ni plus ni moins que d’outils. A sa mort, ils ne lui serviraient plus à rien après tout. Les objets, une fois sortis de leur écrin de tissu métallisé, reprenaient leur taille d’origine. La Marque du Crabe permettait de remplir encore plus facilement un sac dont le fond était déjà insondable. Il regardait avec un regard ennuyé le collecteur massacrer son parchemin avec des sommes astronomiques … enfin, il s’imaginait que cela devait représentait beaucoup. Puis quand il eut enfin fini de vider son encre et que Janga fut autorisé à tout remettre, il darda ses yeux de fouine dans celui du félin. Dans son regard brillait une avarice à peine dissimulée. La perspective de taxer un mage l’excitait visiblement au plus haut point. A cela, Jangali haussa les épaules et répondit d’un ton tout à fait dégagé.

-Je suis pas vraiment un mage en fait… à part mon équipement, que tu as minutieusement détaillé, je n’utilise quasiment que les dons de mes Esprit-liés. Comme la plupart de mes frères et soeurs d’ailleurs.

Tellement lassé de ces simagrées, le graärh ne fit pas attention qu'il avait abandonné le vouvoiement si cher aux sans-poils. Le collecteur devait surement s’en ficher comme de sa première taxe. Ilhan, quand à lui, saurait apprécier les précision du cuisinier cependant. D'ailleurs, il regardait d’ailleurs ce dernier avec un regard plein de désespoir. Le soleil était bien haut dans son zénith et il en avait déjà plein les pattes...

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Bien. Si ce n’était qu’un mauvais souvenir… Peut-être surveillerait-il quand même. Allez savoir avec ces Graärh. S’il y avait bien compris leur mode de fonctionnement, faiblesse pouvait devenir déshonneur. Peut-être qu’avouer une blessure pourrait être considéré comme tel ? Oui, il garderait un œil. Que le Graärh ne lui tombe pas dans les bras au milieu de la rue en se vidant de son sang… Pas qu’il pourrait le rattraper cela dit. Le Graärh aurait plus de chance de se fracasser la tête contre les murs qu’autre chose…

Il préférait ne pas répondre à l’assertion concernant la haine de la magie des délimariens. Il devait avouer qu’il était parfois épuisant de sans cesse expliquer ce qu’il en était réellement. Non pas qu’il baissait soudain les bras face à la fastidieuse tâche de rectifier le tir sur cette vision biaisée de la situation, après des décennies, voire des siècles, d’image anti-magie. Mais il jugeait en cet instant inutile de s’épancher sur cette question épineuse. Pas avec ce Graärh, pas en cet instant, pas alors qu’il n’avait lui-même à l’esprit que le message qu’il devait délivrer. Plus tard certainement, y reviendrait-il. Sans doute oui. Foi d’Ilhan, il ne laisserait pas partir ce Graärh avec cette vision étriquée de SA ville.

Certes, les Glacernois et les Almaréens avaient détesté, haï pour certains, la magie. Si l’on voulait son avis, plus que de la haine pure et injustifiée, il s’agissait d’une méfiance. Ce sentiment prenait ses origines dans des faits concrets, avait des raisons, des explications… et les dernières décennies n’avaient d’ailleurs pas donné tort à cette méfiance séculaire. Mais rejeter sans cesse leur soi-disant haine de la magie aux visages des délimariens lui semblait tellement réducteur. Tellement… injurieux aussi. D’une part parce que, parmi les délimariens, il y avait des mages, des lyssiens, qui eux n’avaient jamais porté des sentiments aussi tranchés envers ce cadeau des dieux. Certes, ils n’avaient pas cherché à le développer à outrance, préférant souvent profiter des dons de la mer plutôt que des talents de la magie. D’autre part… parce que cette simple taxe, aussi pénible soit-elle pour les mages, était une réelle main tendue vers la magie pour ce peuple si méfiant. C’était là une ouverture, une promesse des possibles, comme jamais il n’y avait eu. Et si ce simple fait ne suffisait pas, sa propre présence n’était-elle pas assez parlante ? Lui, mage politicien, ici à Délimar ?

Bon, il reviendrait sur ce sujet plus tard oui... Lui-même avait, en cet instant, une autre préoccupation en tête. Une préoccupation qui lui donnait des sueurs froides dans le dos. Comment, par tous les dieux, allait-il encore payer cette taxe ? Ce mois-ci… lui semblait impossible. Il venait tout juste d’épancher sa dette. Il allait encore devoir demander un délai. Encore. Il grinça des dents quand son regard sombre croisa celui du collecteur de taxes. Inspirant profondément, il s’avança vers son compatriote et l’attrapa délicatement par le coude, lui faisant comprendre par ce geste vouloir lui parler en privé. Tous deux s’écartèrent de quelques pas et Ilhan lui chuchota enfin sa demande, le plus bas possible, espérant que les félins n’aient pas une ouïe aussi fine que les vampires. Ce dont il n’était pas bien sûr toutefois. Pouvait-il payer le mois prochain ? Ce n’est pas dans le protocole. Mais nous sommes dans un cas particulier ? Je peux mettre la taxe sur votre compte et en attente. Mais ce serait à voir avec le Grand Trésorier. Soit, bien merci. Ô joie, il allait devoir encore parlementer avec son grand ami le trésorier. Heureusement, il avait présenté ses excuses pour leur précédent différent… Il n’était pas totalement sûr toutefois que le Trésorier lui octroie cet énième sursis.

Il remercia toutefois le collecteur et sa bonne volonté avec un sourire poli, de pur politicien, puis hocha la tête en le saluant respectueusement avant d’en prendre congé.

Il chassa bien vite ses sombres préoccupations quand il revint vers le Graärh, et plaqua de nouveau son sourire de circonstances.

Bien, voilà une des premières démarches de régler. Vous allez pouvoir, enfin, pénétrer dans notre magnifique cité. Bienvenue en Délimar, Jangali Pasu, fit-il, d’un ton mi-solennel, mi-enjoué, en lui désignant d’une main la route qui les attendait.

Et sans attendre, il prit le chemin de Délimar. De sa propre maisonnée pour tout dire. Hors de question de l’emmener directement à la citadelle. Pour des raisons de sécurité d’une part, et pour éviter à Tryghild d’être prise au dépourvu d’autre part. Il lui enverrait une missive dès qu’il serait chez lui et attendrait sa réponse avant de lui présenter le Graärh ou d’organiser l’entrevue.

Aussitôt les gardes loups qui formaient son escorte les encadrèrent et marchèrent près d’eux ou en retrait.

J’espère que vous ne vous offusquerez pas de leur présence, mais ils m’escortent dès que je vais hors de la cité ou dès que je fais certains trajets risqués.

Il ne précisa pas pourquoi. Il pensa son invité suffisamment intelligent pour comprendre que le spirite du dauphin était bien incapable de se défendre seul..

Je pense qu’il serait plus sage qu’ils vous escortent également quand vous voudrez visiter la cité ou autre. Ce n’est pas là une mesure de méfiance contre vous…

Pas totalement. Même si en partie. Tout visiteur inconnu serait soit restreint dans ses mouvements au sein de la cité, soit escorté ainsi s’il devait se rendre dans les quartiers sécurisés. Comme ce serait le cas pour le Graärh, qui devra sans doute se rendre à la citadelle ou au moins chez Ilhan dans les quartiers résidentiels, de façon assez fréquente.

Mais ce serait là plutôt une mesure de sécurité pour vous.

Et c’était là une vérité aussi. Lourde de sens. Malheureusement. Oui, ils avaient pour projet l’abolition de l’esclavage de ses semblables… mais il n’était pas encore voté. Ilhan préférait alors éviter que ce Graärh-là se retrouve avec les fers…

Nous allons déjà nous rendre dans ma propre demeure, si cela ne vous dérange pas. Cela me permettra de donner quelques directives pour pourvoir à tous vos besoins le temps de votre séjour. Et de prévenir notre Intendante de votre visite. Et de sa raison.

Se disant, il lui accorda un petit clin d’oeil. Le long du chemin il lui désigna alors les divers bâtiments qu’il rencontrait, les diverses places. Enfin, après ce qui dut paraître une éternité au Graärh, au vu du pas posé d’Ilhan, incapable de marcher trop vite, surtout pas en parlant, ils arrivèrent à sa demeure. D’un geste théâtral et avec un grand sourire plus chaleureux que précédemment, il en ouvrit la porte et invita le Graärh à le suivre. Il préférait entrer en premier, de peur que l’un de ses sbires n’agisse de façon inconsidérée en croyant à une intrusion offensive chez le Tisseur… L’escorte des gardes loups resta au dehors, certains prenant d’ailleurs congé.

Et comme attendu, Dihya se trouva là, sur le seuil, tout sourire en le voyant, puis une moue plus inquiète en apercevant le Graärh.

Je vous présente Dihya, régente de la maison Avente. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, demandez-le-lui.

Aussitôt Dihya se para de nouveau de son plus beau sourire et offrit une révérence à leur nouvel hôte.

Dihya se fera un plaisir de vous accueillir en cette noble maison. Que le soleil illumine votre journée.

Ilhan sourit à part lui et croisa le regard glacial de Vladimir. Il lui fit un discret signe de négation de la tête. Non, ne pas attaquer. Pas de danger. Le serval sembla se détendre quelque peu. Très légèrement. Suffisamment du moins pour que son aura de menace se fasse moins sentir. Ilhan se positionna entre le Graärh et le serval et fit rapidement les présentations. Sans trop s’attarder toutefois. Il préférait ne pas les laisser trop longtemps en présence. Pour le moment, du moins.

Mais venez. Allons plutôt nous mettre à notre aise dans mon bureau. Dihya, si vous le voulez bien…

Inutile de préciser le reste de sa demande. La jeune femme lui offrit un discret hochement de tête, et s’éclipsa d’abord à reculons, à petits pas, puis se détourna prestement vers les cuisines.

Il guida alors son hôte jusqu’à son bureau. Pièce spacieuse, elle transpirait le confort sans pour autant être outrancière. Ses sols étaient recouverts de plusieurs tapis moelleux, et dans un coin de coussins près d’un porte-encens. Ses murs étaient tapissés de nombreuses étagères à parchemins et livres sur deux pans entiers. Une cheminée trônait sur un autre, tandis que le dernier s’ouvrait sur une large baie vitrée donnant sur une petite cour intérieure paisible, où chantaient des oiseaux et où murmurait un cours d’eau miniature qui frétillait entre les herbes et les pierres.

Son bureau se situait à l’une des extrémités, une étagère dans le dos, la baie vitrée et la porte dans son champ de vision. Meuble de grande taille, origine délimarienne oblige, assez sobre, et pourtant au bois travaillé. Il était chargé de nombreux documents, de son nécessaire d’écriture le plus précieux, dernier héritage de ses parents décédés, et de diverses encres et plumes. Pourtant y régnait un ordre impeccable.

Ilhan s’installa sur un des sièges devant son bureau, et non à sa place habituelle, et invita d’un geste le Graärh à faire de même. sur le fauteuil d'à côté. À peine s’était-il assis, que Dihya arriva, accompagnée de Shan, portant divers plateaux où trônaient du thé, du miel et une carafe d’un vieil alcool sucré à la nordienne, ainsi que divers gâteaux, dont certains à la pâte d’amande en forme de lune, et diverses confiseries variées.

Dihya déposa son attirail sur une petite table basse près des fauteuils, puis se tourna vers Ilhan. Elle disposa sur une petite assiette un spécimen de chaque gâterie et, après en avoir découpé un petit morceau, les goûta tous un à un. Enfin, une fois son petit rituel fini, elle déposa l’assiette devant Ilhan, qui la remercia en silence d’un sourire paternel.

Dihya vient de s’assurer que rien n’est empoisonné, expliqua-t-il sobrement au Graärh.

Même s’il doutait que le grand félin puisse réellement comprendre d’où leur venait ce rituel. Et il n’avait aucune envie de s’appesantir sur la question. Il s’empressa donc d’ajouter.

Vous pouvez donc vous sustenter sans crainte. Et si jamais ces petites douceurs ne suffisent pas, et que votre appétit est plus prononcé, n’hésitez pas. Dihya se fera une joie de vous montrer ses talents culinaires.


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Jangali suivait le Conseiller Ilhan avec un petit sourire narquois au coin des babines. Ses oreilles, amovibles tels deux tournesols en quête de rayons solaires, avaient parfaitement capté la conversation entre les deux humains. Rire des malheurs des autres n’était pas vraiment très honorable, mais après tout, le Tribyoon s’était lui-même empêtré dans un système qu’il avait sciemment adhéré n’est-ce pas ? Le chasseur ne put s’empêcher de se faire la réflexion que décidément, il devrait apprendre la valeur des pièces d’or un de ses jours, ne serait-ce pour pouvoir apprécier à sa juste valeur ce genre de mésaventures sans-poils ! Pour une fois, il se garda bien de lui faire remarquer, il l’avait déjà assez malmené comme cela pour le moment. Il ne le connaissait pas encore suffisant pour se permettre ce genre de fantaisie et saper l’autorité d’un Tribyoon devant des guerriers était passible de grosse sanctions. Jangali était peut-être un Ashuddh à présent, mais il avait toujours son code d’honneur ! Certes, il avait dû y apporter quelques changements, mais il restait peu ou proue fidèle à celui de la Légion....D’ailleurs en parlant de la Légion...

-Oh ne t’en fais pas, je comprends tout à fait. Nous agissons exactement pareil avec nos, euh, très rares visiteurs. Il y a quelque semaines, Kamda Sa’Hila a reçu un mercenaire et lui a permis de rester sous condition d’une garde aussi rapprochée que celle-ci…

Il faisait évidemment mention des immenses gardes qui s'étaient rapprochés. Par ailleurs, si Jangali était considéré comme assez court sur pattes chez les siens, il n’était absolument pas effrayé par l’imposante stature des Délimariens. Certes c’était très étrange pour lui de côtoyer des sans-poils aussi grands après n’avoir rencontré que des petits modèles auparavant, mais après tout, pourquoi pas ? Jusqu’à peu, il n’avait jamais imaginé qu’il existait d’autre espèces intelligentes à part les graärh n’est-ce pas ?

Et c’était d’ailleurs réciproque. Partout où le petit humain les faisait passer, de nombreuses têtes se retournaient, détaillant ostentatoirement le félin des oreilles à la queue. Et à la vue de certains regards, il remercia intérieurement la présence des gardes, même si ceux-ci ne faisaient que respecter les ordres. Les propos d’Ilhan prenait alors tout leur sens…

Finalement -par Nynsith, enfin !-, ils arrivèrent devant une demeure qui semblait appartenir au Conseiller. Une fois n’était pas coutume, le Gourmet ne pouvait s’empêcher de faire des comparaisons avec son peuple, seul point d’accroche culturel. Si les Graärh bâtissaient des habitations en des formes arrondies, les peaux-nues étaient vraisemblablement versé dans l’architecture anguleuse. En fait, chassant ce dérangeant sentiment d’être pris au piège dans cet immense dédale qu’était Délimar, le félin assouvissait sa faim de curiosité en détaillant chaque mètre carré de ce nouveau monde.
Les présentations le tirèrent de sa contemplation et il s’inclina sobrement, néanmoins perplexe.Le glyphe de traduction à son oreille montrait-il des signes de fatigues ? Parlait-elle d’elle-même à la troisième personne ou bien d’une autre personne qui avait échappé à ses sens affutés ? Non, il misa plutôt sur une coutume étrange, ses sens ne pouvaient s’être émoussés à ce point. Ils fonctionnaient parfaitement puisqu’il avait réussit à capter le léger changement de posture de… Oui, Jangali reconnaissait bien ce regard. Cet humain… cet humain était un chasseur, un tueur. Sans Ilhan, il aurait écouté sa nature et lui aurait sauté dessus, il en mettrait ses oreilles à couper, ou il ne s’appellait pas Jangali Pasu1 ! Et dans d’autre circonstances, d’autres lieux, le chasseur aurait répondu présent à ce défi. C’est pourquoi, alors qu’il suivait le maître des lieux, il observa longuement le fameux “Vladimir”, lui offrant son plus beau sourire. Un sourire carnassier, vrai, sans dissimulation, qui à lui seul scellait une promesse d’un combat futur. Mais cela, le Serval ne le sut jamais. Car en ce moment éphémère, seul Jangali était seul détenteur du langage corporel des graärh…

Le contact coupé entre les deux bagarreurs, Jangali observa la pièce. Une pensée émue pour leur ami commun lui parvint. Oui, décidément, Purnendu se serait ô combien plu dans ce bureau. Il gloussa à cette idée et prit place dans le fauteuil que lui désignait le conseiller. Comme tout graärh, Jangali jugea le coussin qui le composait. Mh, c’était pas mal mais il avait connu beaucoup mieux chez les siens. Pour l’instant, l’Avente avait réussit à l’amadouer. Non pas qu’il n’allait pas coopérer, mais il apprécia les eforts qu’il déployait pour le mettre à l’aise. Et finalement, il sembla qu’il venait d’achever d’acheter sa loyauté. Les délicieux parfums qui émanaient du plateau qui venait d’apparaître dans les bras de Dihya, dilatèrent ses papilles et excitèrent ses pupilles. Ou l’inverse, il ne savait plus très bien réfléchir, seule la perspective de planter ses crocs dans chacun de ces mets résonnait dans son crâne. Il lui sembla qu’Ilhan avait parlé de poison ? Bah, cela lui importa peu, s’il devait mourir pour manger ces merveilles, alors la Vache elle-même l’accueillerait dans les étoiles. Par contre, il entendit très nettement la permission d’attaquer la collation…

-Par l’estomac de la Vache, c’est...c’est exquis !

Il ne put s’empêcher de crier. Ces goûts, ces saveurs, ces arômes ! Pendant des jours, il avait du manger des repas basiques, sans originalités sur le navire de la Capitaine Honor. Il s’était réconforté avec ses propres provision mais là… Il avait tout simplement la sensation d’être de retour parmi ss frères et soeurs Vache. S’il n’avait pas déjà versé sa petite larme plus tôt, il aurait certainement fait en engloutissant chacunes de ces merveilles.
Plongeant le bras dans sa sacoche, il y récupéra les trois premiers sachets d’herbes et épices qui lui tombèrent sous la main et s’agenouilla devant Dihya, réduisant leur différence de taille par la même. Il lui saisit la main aussi délicatement que possible et lui fourra les petites bourses de cuir.

-Accepte ces modestes cadeaux Gaay Bahan2. Tu ne pourrais rendre le Lié-Vache que je suis plus heureux.

Il avait dit cela avec un sourire et une émotion toute palpable. Quel ne fut pas sa stupeur en la voyant s’enfuir ! Il jeta un regard tout penaud mêlée d’incompréhension à Ilhan. Mais enfin, qu’avait-il donc fait ou dit ?

1ndlr: pour rappel, Jangali veut dire bête et Pasu, sauvage.
2Soeur-Vache, terme très affectueux pour lui.

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- Par l’estomac de la Vache, c’est...c’est exquis !

À cette exclamation, Ilhan laissa un sourire plus franc se dessiner. Avaient-ils affaire à un esprit-lié de la Vache ? Les Graärh étaient très attachés aux esprits-liés et leur étaient très respectueux. Ils étaient bien capables de les appeler même sans y être liés. En tout cas, ce Graärh semblait particulièrement apprécier ce qui se mangeait.

Toutefois la suite le laissa sur l’instant dubitatif. Et soudain nerveux. Quand il vit le Graärh fouiller sa sacoche… et presque se précipiter sur Dihya, il sentit un dératé dans les battements de son coeur. Qui s’apaisèrent tout aussitôt quand le Graärh s’agenouilla et prit délicatement, aussi délicatement que ses pattes griffues le lui permettaient, la main de la jeune femme. Celle-ci tremblait. Mais Ilhan comprit que tout danger était écarté. Qu’il n’y avait pas danger. Le serval aussi l’avait senti d’ailleurs, car si son ombre s’était soudainement approchée et était sortie de son alcôve, elle s’était rapidement figée et était retournée de là où elle venait. Rien que ce geste de Vladimir lui confirma qu’aucun danger ne les guettait. Que le Graärh n’allait pas les attaquer. Attaquer sa belle Dihya.

Sa " ? Vraiment ? Ilhan se figea un court instant, surpris de ses propres pensées. Depuis quand pensait-il à Dihya comme étant sienne ? Non pas sienne comme épousée, grands dieux non, mais comme… comme… sa fille. Oui, il avait beau avoir mis des distances avec sa pupille, il n’en restait pas moins qu’il avait veillé sur elle de loin. Et la considérait quand même, au fond de lui, un peu plus qu’une simple pupille, mais bel et bien comme sa propre fille. Traitres sentiments que ceux-là. Lui qui avait toujours voulu nier ses sentiments, voilà qu’ils se révélaient à lui de plein fouet. Sans doute sa conversation avec Aldaron l’avait plus remué qu’il ne l’aurait voulu et l’avait forcé à voir en face, sans se mentir à lui-même, ce qu’il en était réellement. Quand bien même il s’écriait ne pas vouloir d’attaches… il en avait tissées quand même.

- Accepte ces modestes cadeaux Gaay Bahan. Tu ne pourrais rendre le Lié-Vache que je suis plus heureux.

Donc c’était bel et bien un lié de la Vache. Voilà un élément intéressant. Dihya toutefois n’y tint plus et prit la fuite. Elle avait un caractère plutôt timide de prime abord, même si elle avait aussi un caractère bien trempé par ailleurs. Alors se faire alpaguer de la sorte… l’avait mise forcément mal à l’aise. Plus la surprise, et, oui, la peur, de voir de telles griffes et de tels crocs si près… les Graärh oubliaient facilement leur aspect impressionnant pour des bipèdes tels qu’eux. Aussi petits, et aussi frêles qu’eux.

Au regard soudain décontenancé que lui laissa le Graärh, Ilhan manqua éclater de rire et retint à temps ce nouvel élan que seuls les Graärh semblaient bel et bien lui inspirer. Ou plutôt la liberté d’exprimer ces élans que les Graärh semblaient lui donner. Il préféra toutefois ne pas rire devant ce nouvel hôte. Il préférait ne pas le vexer. Il ne le connaissait pas assez et avait vite compris que tous les Graärh n’avaient pas forcément l’ouverture d’esprit et la tolérance de Purnendu. Un coup de griffes en pleine gorge était si vite arrivé…

Il se contenta donc d’un petit sourire un brin taquin avant de répondre, d’une voix grave et posée :

J’espère que vous ne lui en tiendrez pas rigueur, mais elle n’a jamais vu de Graärh de si près. Surtout pas de si grandes griffes et de si grands crocs, ajouta-t-il en lançant un regard vers les armes qu’il désignait. D’autant plus qu’elle peut se montrer timide quand elle ne connaît pas les gens… Mais ne vous en faites pas, elle ne vous en tiendra pas rigueur non plus. Laissez-lui juste un peu de temps… de découvrir vos cadeaux.

Cadeaux qu’il était curieux de découvrir aussi, il devait l’avouer.

Elle reviendra sans doute vers vous ensuite.

Puis, frappant dans ses mains, comme pour clôturer cet incident, il reprit, d’un ton plus enjoué :

Allez-y, mangez, faites-vous plaisir. Et si vous n’en avez pas assez, d’autres mets vous attendent. Dihya acceptera sans souci de vous préparer quelque chose de plus consistant aussi, si vous le désirez. Le repas de ce soir ne sera que dans quelques heures, donc si vous avez faim…

Se disant, il attrapa prestement un petit caramel qu’il dégusta avec plaisir. Puis, après avoir coulé un rapide regard vers le Graärh, il se tourna vers son bureau, attrapa une plume et un parchemin, et commença à écrire de sa fine écriture déliée.

Permettez-moi de me détourner de vous quelques instants. J’ai quelques missives à écrire. Une à notre Intendante, pour la prévenir de votre venue et de votre désir de la rencontrer, et d’autres pour que l’on prépare votre séjour en cette cité.

Et se disant, il écrivit, à vive allure, mais d’une écriture parfaitement maitrisée et toujours aussi lisible et soignée, sa missive pour Tryghild. Il l’enroula rapidement, la ferma de son sceau de Conseiller de Délimar, puis passa à deux autres missives. Une pour donner toutes ses consignes à l’un de ses sbires pour trouver logement, auberge, repas quand le Graärh n’irait pas manger chez Ilhan, et une autre destinée audit félin. Un parchemin expliquant que ce Graärh était un Graärh libre, sous la protection du sieur Ilhan Avente, Conseiller de Délimar, et que tout méfait commis contre ce Graärh serait méfait commis contre le conseiller et contre Délimar. Il rajouta des instructions quant à pourvoir à tout besoin du Graärh et que tout achat effectué par lui serait sur le compte du sieur Avente.

Une fois fini, il les scella de même, puis appela Shan.

Trouve-moi notre apprenti. Qu’il s’empresse de faire parvenir ceci à notre Intendante, ordonna-t-il, d’une voix calme. Il s'agit d'un pli urgent, qu'elle devra lire dès que possible. Et donne-lui ensuite celui-là, qu’il en suive les consignes à la lettre pour préparer le séjour de notre invité. Merci.

Après un rapide signe de tête, Shan repartit comme il était venu, avec deux des parchemins, et disparut aussitôt.

Ilhan se tourna alors vers le Graärh et lui tendit le troisième parchemin.

Ceci est pour vous. Gardez-le continuellement, en tout temps, en toute occasion en cette cité, sur vous. Tout Le Temps, j’insiste bien sur ce point, c’est capital. Pour votre sécurité. Je ne sais si vous pouvez lire le langage commun, sinon je peux vous traduire ce qui y est écrit.

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Incrédule, il regarda ses griffes. Pourtant elles n’étaient pas si grandes… et en plus il avait la chance de pouvoir les rétracter. Franchement, il en fallait vraiment peu pour effrayer les sans-poil ! Et ses crocs… bon d’accord il avait des crocs particulièrement effilés pour déchiqueter convenablement la viande mais tout de même ! Pour un peu, le chasseur aurait pu se vexer. Parmi les siens, il était un beau spécimen tout de même ! Un jour… un jour les sans-poils sauraient apprécier la beauté sauvage des graärh. Foi de Gourmet, il ferait tout pour que cela arrive !

Ilhan jugeant l’incident clos, il invita Jangali à dévorer tout ce qu’il voulait… était-il seulement conscient de l’appétit du spirite Vache ? Sans doute. Après tout, les mouvement surexcités de sa queue ne pouvaient prêter à confusion. Il reprit donc sa place dans son fauteuil, et usant les même griffes qui les faisant tant trembler, il entreprit de finir chaque assiette. Pour le Lié, la gloutonnerie était une marque de respect pour le cuisinier. Tout dévorer, c’était la preuve d’un savoir-faire non usurpé.
Cependant, entre chaque ronronnement de contentement, Jangali restait aussi à l'affût des faits du Conseiller. S’il n’arrivait pas à lire à l’envers, il savait apprécier une belle écriture. Bien sur, il adorait sa langue natal et son écriture formée de cunéiformes, comme gravé à la griffe. Mais il devait avouer que les arabesques de la Langue Commune étaient particulièrement captivants dans leur formes arrondies et fluides. Et vu le niveau de maitrise, il avait effectivement affaire à un grand intellectuel. Loin de s’en formaliser, il le respectait énormément. Que serait-ce les muscles sans l’esprit ? Même les plus féroces et puissants des graärh avaient besoins de conseils et d’être dirigé pour exploiter leur potentiel. Kamda Sa’Hila en était le premier exemple vivant d’ailleurs…

Il ne resta bientôt plus que de petites douceurs couleurs caramel dans le plat, que Jangali s’apprêtait à engloutir, quand le Tribyoon appela son subordonné et qu’il ne lui remit des parchemins. Au troisième, il se lécha ses griffes -qu’il utilisait comme des fourchettes- et les rétracta. Bien trop souvent il avait laissé des trous dans son carnet de recette en les oubliant...  Et en survolant le contenu de cette missive, cela ne devait surtout pas arriver maintenant. Relevant les yeux du parchemin, il le replia soigneusement et le rangea dans les profondeurs anarchiques de sa sacoche. Cette dernière, étant le bien le plus précieux du chasseur pendant son voyage, elle ne le quitterait pas un seul instant.

-Je te remercie Ilhan. Je n’oublierai pas ce que tu as fait pour moi. Je sais que c’est ta position au sein de la cité qui te fait agir ainsi, mais je sais aussi que tu le fais pour toi. Purnendu ne t’aurait pas accordé autant de temps s’il n’avait pas senti un petit je-ne-sais-quoi. J’ai toute confiance en son jugement.

Il s’inclina légèrement pour ponctuer ses propos. Il ne se forçait jamais à être sincère après tout.

-Je serai heureux de satisfaire la Pie en toi également, ajouta-t-il avec un sourire moqueur. Nous n’avons que ça à faire avant d’aller voir ton Aaleeshaan n’est-ce pas ? et qui sait, tu pourras peut-être m’en apprendre plus sur vos coutumes également. Ne serait-ce pour que je ne fasse pas de grosse bêtises, finit-il en ronronnant de rire.

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Le faire pour lui ? Ilhan haussa un sourcil à ces mots. Voulait-il dire pour ses propres intérêts ? L’Althaïen ne voyait aucun intérêt personnel dans cette folle entreprise. Au contraire même, ses relations avec les Almaréens étaient déjà assez floues et compliquées comme cela, pour qu’il rajoute une discorde sur un sujet aussi épineux. Quand bien même il devait avouer n’avoir eu aucun souci à leur sujet depuis son arrivée. Bien entendu chacun s’évitait soigneusement, mais… il n’avait entendu aucune sombre rumeur courir sur lui au sujet de sa traitrise envers les Almaréens du temps de Fabius et après la destitution de ce dernier. Il n’avait reçu ni menace ni sarcasme bien senti. Mais…

Non, vraiment il n’avait aucun intérêt personnel à s’investir sur un tel sujet. Si ce n’est la satisfaction d’une sorte de justice rendue envers un peuple qu’ils avaient méjugé et opprimé.

Ou alors le Graärh voulait justement parler de cela ? Voulait-il signifier par là qu’Ilhan se serait investi par conviction ? Ce n’était pas tout à fait faux. Mais sans les ordres directs de Tryghild, il n’était pas bien sûr qu’il y aurait mis autant d’ardeur. Il ne se serait pas senti légitime, tant qu’il n’aurait pas été mandaté pour cette mission…

Et pourquoi parlait-il de Pie ? Il n’était pas lié à la pie, mais au dauphin. Le sourcil d’Ilhan monta un peu plus haut encore, clairement dubitatif envers ces propos, qui lui paraissaient presque erronés.

Je me dois de clarifier un point. Je n’agis pas envers vous pour moi, pas pour mes intérêts personnels. Mais pour vous. Et pour le message précieux que vous portez à notre…

Il faillit lâcher Reine. Mais sa voix trainante laissa un petit temps mort avant de continuer comme si de rien n’était :

Intendante. Tout ce que je fais est pour elle, pour la cité. Ainsi que pour le peuple des Hommes et pour le peuple Graärh. Parce que je crois que les Hommes ont commis une sinistre erreur et qu’ils doivent la réparer pour rétablir leur honneur. Et parce que les Hommes feraient mieux de nouer des relations plus saines avec le peuple Graärh, qui, ma foi, ressemble tant sur de nombreux points, au peuple de Délimar. Notamment sur leur attachement à l’honneur en toute chose.

Il profita d’une petite pause dans ses paroles pour prendre une gorgée de thé. Presque froid. Il retint une grimace et rajouta une cuillerée de sucre. Un caramel lui faisait de l’oeil, mais il ne pourrait décemment parler en le mâchonnant. Il nota d’ailleurs que les caramels étaient les seuls mets à rester. Purnendu avait-il prévenu son homologue contre ce fléau des Graärh ? Aux souvenirs, plutôt hilarants, qui lui revenaient à l’esprit, Ilhan laissa flotter un doux sourire. Avant de finalement reprendre, de nouveau avec sérieux.

Et je ne suis pas lié à la Pie.

Il sut gommer toute trace de possibles vexations dans sa voix et s’en félicita intérieurement.

Si vous voulez tout savoir, je suis lié au Dauphin.

Se disant, il coula un regard moqueur au spirite de la Vache.

Mais oui, je suis aussi curieux qu’une Pie sous de nombreux aspects, concéda-t-il enfin. J'ai beaucoup appris lors de nos échanges avec Purnendu. Quelques mots de Graärh, un langage difficile à maitriser, et dont, je le crains, je ne pourrais jamais approcher tous les aspects.

Il évoquait bien entendu le côté corporel de cette langue, qu'il lui serait à jamais impossible à imiter et maitriser.

Quelques us et coutumes Graärh, qui permettent de mieux comprendre votre peuple. Nous avons échangé aussi sur nos pratiques de méditation, et il m'a montré une technique de combat particulièrement intéressante, à laquelle je tente de m'entrainer quelque peu.

Même si évoluer seul ne lui permettait pas d'avancer beaucoup.

Il est alors bien audacieux de me tendre ainsi la perche en me proposant de poser les questions qui me taraudent. Elles sont souvent nombreuses. Mais…

Il reprit une petite gorgée, avant de reposer sa tasse, qu’il préféra délaisser définitivement sur un coin du bureau.

Il est effectivement primordial que je vous instruise rapidement des règles élémentaires à suivre lors de votre séjour. Pour votre sécurité.

Il ancra ses orbes sombres dans les perles azur du Graärh, ce regard à la couleur si étonnante qu’il n’aurait jamais cru rencontrer chez cette race-là.

Tout d’abord pas d’acte de magie, autre que celle des esprits-liés, et encore, pas à l’encontre de quiconque ici. Pas d’actes d’agression non plus. Évidence certes, mais je préfère prévenir que guérir. Sachez qu’ici, les infractions mineures se soldent souvent par un duel, et un tribunal privé pour juger du duel. Mais toute infraction grave, telle que vol, meurtre, agression physique, viol, est sévèrement punie par un tribunal public. Et là je ne pourrais rien faire pour vous aider, je le crains. Il n'est pas dit d’ailleurs, si vous vous amusiez à de telles infractions en toute connaissance de cause, que j’aurais envie de vous aider…

Il laissa planer un doux silence avant d’ajouter.

Vous séjournerez dans le quartier des visiteurs. Nous sommes ici dans le quartier résidentiel. Vous pourrez vous y rendre pour venir me voir, ce que je vous enjoins à faire d’ailleurs. Mais vous ne pourrez y entrer sans escorte. En fait, pour tout vous avouer, je vous déconseille fortement de sortir seul, même dans le quartier des visiteurs. Je vais vous adjoindre un garde du corps. L’homme que vous avez vu à l’entrée tout à l’heure, Vladimir. Il est peu amène de prime abord, mais… c’est un spirite du serval. Si je lui dis de vous protéger, il le fera, sans discussion. Dans tout autre quartier, que ce soit ici ou le quartier de la citadelle, quand vous rencontrerez notre Intendance, vous serez toujours escorté, comme je vous l’ai dit.

Il s’humecta les lèvres, réfléchissant à ce qu’il pourrait oublier comme consignes importantes.

Encore une fois, quitte à me répéter, portez toujours le parchemin que je vous ai donné. En cas de problème, de litige, quel qu’il soit, faites-moi mander de toute urgence. Je ferai au plus vite.

Aussi vite que ses petits pas le lui permettraient du moins.

Faites appel à mon honneur propre, pas seulement au vôtre.

Cela aurait pour certains plus de valeur que celui d’un Graärh, potentiel esclave, inconnu.

Les Délimariens sont un peuple fier qui porte l’honneur en bandoulière. L’honneur prime sur tout. Vous devriez alors ne pas être trop dépaysé. Si vous rencontrez un quelconque problème, parlez honneur, et cela pourrait résoudre bien des choses. Dans le doute, laissez Vladimir agir.

Il pensait n’avoir rien oublié.

Sinon je vous propose de venir souper ici chaque soir. Je pense que Dihya se fera un "honneur"...

Il appuya sur ce mot, avec une taquinerie non feinte.

De satisfaire votre appétit qui doit être légendaire. Venez ici quand vous le souhaitez, à toute heure. Je vous aurais bien proposé de rester y séjourner, mais ce n’est pas dans les usages de Délimar.

Sigvald ne l’y autoriserait jamais et lui ferait une crise mémorable, si Ilhan se permettait d’inviter un parfait inconnu, un Graärh potentiellement dangereux, chez lui pour y dormir. Déjà, tout ce qu’il faisait là frôlait les limites de sécurité du Général.

Ce disant, il claqua des mains, clôturant ses propres consignes.

Bien, avez-vous des questions ? Voulez-vous visiter ? Je pensais aller faire ma visite quotidienne à mes chèvres, si cela vous dit de m’accompagner. Sur le chemin, je vous montrerai la maisonnée...

descriptionTu ne passeras pas ! EmptyRe: Tu ne passeras pas !

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Ainsi donc, Ilhan était un Dauphin. Cela ne l’étonna guère. Il se demandait d’où lui venait une telle patience et intelligence, il avait sa réponse à présent. Il n’était pas rare que les Aaleeshaan ne s’entoure pas de Tribyoon Dauphins. Mais rares étaients ceux aussi curieux. Ils avaient ce côté barbants et solennels que Jangali n'appréciait pas particulièrement. Peut-être était-ce dû à son tempérament très baroudeur, mais il avait du mal à côtoyer des personnes qui prenaient la vie trop au sérieux, ni laissant aucune place à la fantaisie et aux expériences nouvelles. Bien plus que la cuisine, la Vache poussait à expérimenter, à mettre du piquant dans l'existence !
Fort heureusement, Ilhan ne faisaient pas parti de ceux là. Il avait bien repéré ses petites mimiques, dans sa façon d’être et de se tenir. La vision acérée de Jangali commençait à être particulièrement efficace sur les expressions faciales des sans-poils. Il voyait bien que le conseiller n’était pas aussi insensible à la nature presque insouciante du chasseur. Lui qui riait de si bon coeur, se promit d’arracher un éclat de rire de ce puit de sagesse.

Et puis, s’il lui tendait la perche, c’était parce qu’il se savait capable d’endiguer le flot de questions. C’était bien là les seuls flots qu’il acceptait d’être submergé par ailleurs… Un Dauphin dans un flot de questions… il devait avouer que c’était assez cocasse. Cette idée lui afficha un sourire goguenard pendant qu’il écoutait avec attention les règles de la cité.
Par les Esprits, il était peut-être Ashuddh, mais il avait encore son propre honneur ! Que les Esprits eux-même le foudroient si jamais il venait un jour à commettre pareil ignominie ! Toutes ces règles étaients pour la pluparts déjà appliquées à la Légion pour leur rares visiteurs, il n’avait aucune raison de les enfreindre ici. Et puis à l’entendre, sans cette question d’esclavagisme, il pouvait presque se surprendre à penser qu’il s’y plairait… Délimar était-elle peut-être finalement son prochain panier ?

-Tu élèves des chèvres ?

La surprise arrondi ses prunelles lagon. Il ne s’était pas du tout attendu à ça. Mais alors pas du tout. Mieux encore, cela ne faisait que renforcer sa conviction qu’Ilhan n’était pas un simple Dauphin. Il était plein de surprise aussi. Oh bien sûr qu’il allait le suivre, il ne manquerait ça pour rien au monde !

-Ton compliment me va droit au coeur, mais tu me surestimes, ajouta-t-il pendant qu’il suivait docilement Ilhan. J’aime manger, beaucoup même, mais ce n’est rien en comparaison avec d’autre créatures bien plus noble que moi. As-tu déjà rencontré Nynsith, la si bien nommée dragonne de la Faim ? Mon appétit n’a rien à lui envier !

Et pourtant, son ton et ses yeux transpiraient d’envie et de fascination. Nynsith lui avait fait une sacré impression. Pas assez pour qu’il en oublie les Esprits mais elle était devenu pour lui le prédateur ultime, modèle de toute une vie de gourmandise. Dans les tréfonds de sa sacoche ne reposait pas une lame à sa gloire après tout ?

descriptionTu ne passeras pas ! EmptyRe: Tu ne passeras pas !

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Ilhan sourit à la question. De tout son laïus, les seules choses que l’autre retenait étaient le fait qu’il possède des chèvres ? Aucune autre question sur la longue liste de règles qu’il venait d’édicter ?

Bien vite son propre étonnement face à cette étrange sélection dans ses propos s’effaça quand il observa, fasciné, les pupilles du félin se dilater et devenir deux perles noires tout juste cerclées de bleu azur. Tel un chat qui soudain voyait son intérêt attiré par une proie… Décidément, il était difficile pour Ilhan de ne pas comparer les Graärh aux petits félins de compagnie qu’il avait déjà rencontrés. Ils avaient, on ne pouvait que le lui concéder, de nombreuses caractéristiques communes. Leurs expressions corporelles, leurs battements de queue, les pupilles réagissant tant à leur environnement, leur façon de " ronronner "… oui, beaucoup de points communs. Qu’il se contenta de relever avec amusement en son for intérieur, mais qu’il se garda bien de révéler à haute voix.

Il n’était pas suicidaire.

En effet. C’est Elyas qui s’en occupe principalement, mais j’aime venir les voir régulièrement, chaque jour quand je le peux, et j’aime passer un petit moment avec elles.

Il n’aurait jamais songé s’"attacher " à des chèvres, quand il en avait hérité. Mais oui, finalement, leurs étranges regards avaient su percer au fond de son coeur.

Ah épineux et fâcheux sujet que celui de Nynsith. Sa première, unique, rencontre avec un dragon ! Et elle avait été si frustrante, si éphémère. Si entaché par une absence de… de… communication ? Échange ? Il n’aurait su dire. Mais il aurait tant aimé " parler " à ces créatures, apprendre d’elles tant et plus encore… au lieu de ça, il avait senti être une gêne évidente devant le festin du dragon.

Je l’ai rencontré une fois en effet. Ce fut bref. Intense. Mais bref. Elle avait faim et avait décidé de manger sur nos plages alors que je m’apprêtais à y méditer. Notre présence visiblement… dérangeait.

Il retint un grincement de dents, et reprit, forçant sa voix à garder ses accents posés.

Nynsith semblait ne penser effectivement qu’à manger. Rien de plus, rien de moins.

Ce qui avait été là sa seconde déception. Qu’un dragon ne pense qu’à ça, et semble peu intéressé par autre chose. Ces si merveilleuses créatures ! Lui qui avait songé que ces êtres extraordinaires étaient également dotés d’une pensée tout aussi extraordinaire ! Ce souvenir avait presque un goût amer. Tant et si bien qu'il préféra le chasser et revenir sur des sentiers plus apaisants.

Mais venez, allons donc voir mes chèvres.

Se disant, il se leva. Il avait le choix entre passer par la Cour intérieure, qui communiquait avec l’enclos par une barrière, ou passer par la cuisine et la réserve qui s’ouvrait à l’extérieur sur l’enclos. Il songea que le Graärh serait bien plus curieux de voir la grande cuisine et les réserves de nourriture, que son Esprit Vache pourrait s’amuser à imaginer dans divers mets, tous aux douces saveurs, plutôt que d’admirer sa petite cour paisible où le bruissement d’eau apaisant chantait en harmonie avec les oiseaux.

Ils repassèrent donc par le corridor et prirent la première porte sur leur gauche, débouchant sur la cuisine où s’affairaient Dihya et la femme de Shan. Il fit de rapides présentations pour ceux ne se connaissant pas encore, et peina à cacher un petit sourire quand il vit Dihya baisser la tête et feindre d’être pleinement occupée à mouler son pain. Puis ils passèrent par la réserve, et enfin, débouchèrent sur l’enclos.

Vaste enclos fermé, à ciel ouvert, où paissaient treize chèvres et deux petits agneaux. Au fond une bâtisse permettant aux chèvres de rentrer à l’abri. Réserve de foin aussi et de tout le nécessaire à ces petites bêtes. Deux abreuvoirs de grande taille à deux positions opposées. Une troisième porte communiquait directement à l’extérieur, sur la rue, par laquelle Elyas sortait les chèvres quand il voulait les emmener en pâturage hors de la cité.

Dès qu’ils arrivèrent, quelques-unes s’agitèrent et coururent vers Ilhan. Cette fois, un franc sourire illumina son visage d’ordinaire si austère, et il tendit une main vers Socrate, Hypolite et Epicure, ses petits préférés, qui aussitôt la lui léchèrent. Ils furent suivis enfin par les autres qui vinrent les entourer dans un brouhaha amusant et fatigant à la fois.

Par contre, que nous soyons clairs sur un point. Ces chèvres ne sont pas à manger.

Il regarda droit dans les yeux le Graärh laissant son regard sombre transmettre mille promesses de mort atroce s’il enfreignait cette règle.

Aucune de celles ici présentes. Aucune.

Il laissa planer encore un petit temps, avant de finalement rompre le contact visuel, et de rendre toute son attention à celle qui lui tirait la manche.

Je vous présente Socrate. Et…

Et il présenta chacune d’elle, une à une. Chacune de son petit nom, comme s’il s’agissait d’un membre à part entière de la maison. Ce qui était, finalement, un peu le cas...

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