21 Janvier 1763
Delimar, quartier des visiteurs
Delimar, quartier des visiteurs
Mais où pouvait-elle bien être à la fin ?!
La queue battant furieusement l’air, Jangali avait presque la truffe enfoncée dans sa sacoche. Les bras enfoncés jusqu’aux coudes, il en farfouillais le contenu depuis cinq bonnes minutes déjà. Les profondeurs insondables du sac était une source de grande honte pour le graärh, tant le chaos qui y régnait était magistrale. Par nature, les sacoche magiques n’était pas connues pour offrir un rangement très organisé, mais il semblait bien que celle du Gourmet en particulier, était un exemple parfait de la propension des objets magiques à être influencés par leur propriétaires. Aussi, entre les différentes lames, son armure, les quantités indécentes de provisions et sa flûte, retrouver la vasque de Purnendu n'était pas une mince affaire…
Il s’était pourtant réveillé tranquillement, se remettant des rencontres de la veille quand ses pensées s’étaient tourné vers sa boule de poil. Il avait accompli une partie de la mission qu’il lui avait confié et alors qu’il se posait la question de comment le joindre, il eut une fulgurance, assortie d’une claque molletonnée sur le front. La vasque des murmures ! Comment avait-il pu oublier cet objet si précieux ? Il fallait dire que cela faisait des années que les deux graärh n’avaient pas eu l’occasion de converser, chacun ayant des devoirs dans leur Légion respectives… Heureusement, un lien indéfectible liait les deux amis, et une simple retrouvailles avait suffit à ranimer tous leurs sentiments, tel un feu que l’on aurait nourri avec de l’huile de ricin.
*cling*
Enfin l’éclat nacré du bol fit son apparition et Jangali s’en saisit avec un ronronnement victorieux. Bien, maintenant qu’il l’avait trouvé, il ne lui restait plus qu’à trouver un lieu tranquille pour l’utiliser… à l’extérieur de la ville. Il revoyait clairement Ilhan lui expliquer que les objets magiques étaient proscrits à l’utilisation, en particulier pour les étrangers. Le chasseur avait fait la moue mais avait bien enregistré l’information. L’Althaien s’était porté garant de lui et c’était uniquement pour éviter de faire des vagues -et lui faire accessoirement payer plus de taxes- qu’il décida de suivre son conseil et de sortir, son laissez-passer précieusement en main, sur la plage bordant l’Océanique. Le temps était au beau fixe sur Khokhattaan, si bien que Jangali n’était pas si dépaysé que cela de sa savane natale. Un temps parfait pour appeler l’âpre-cendre donc.
Versant délicatement le contenu d’une gourde d’eau, il s'entailla un doigts à l’aide d’une de ses griffes, faisant tomber une unique goutte de sang dans le récipient. Suçotant son doigt meurtri, il pria le Geai Moqueur de faire passer le message. Il fallait absolument qu’il lui parle pour le tenir informé, et surtout prendre des nouvelles. Paadshail n’était vraiment pas une terre accueillante, même pour les natifs graärh… Surtout avec la menace des Couronnes.
Puis enfin, le sortant de ses réflexions, la silhouette aqueuse de Purnendu finit par se former, semblable à une petite statuette de cristal liquide. Un sourire béa s'esquissa sur le visage du noiraud. Leur séparation avait été quelque peu brutale et revoir sa bouille lui mettait du baume au coeur… et malgré l’aspect liquéfié et quoiqu imprécis, il nota les traits tirés de son ami, qui le laissèrent soucieux un instant. Non décidément, Paadshail n’était vraiment pas accueillante et l’idée même de la fouler lui faisait tout le temps pâlir les coussinets.
-Désolé de ne pas t’avoir contacté plus tôt boule de poil, commença-t-il après lui avoir accordé un chaleureux ronronnement de salutation. La traversée entre Néthéril et Khokhattaan n’a pas été de tout repos, les sans-poils ne sont pas faciles à vivre tout les jours…mais là n’est pas le plus important. Comment vas-tu ? Que t'est-il arrivé ? Tu as pu retrouver Rog ?
Jangali affichait une mine réellement soucieuse. Il ne connaissait que trop bien la propension de Purnendu à se mettre dans les situations les plus improbables. Si le chasseur fonçait tête baissée dans les ennuis, c’était les ennuis qui venaient au guérisseur...