Vaadon kee yaad - La promesse des mémoires


 

[DESCRIPTION] Vaadon kee yaad - La promesse des mémoires E0e6b110

Logé entre deux des plus hauts pics du Nin Daaruth à son est et à ouest, ce plateau, à près de cinq mille mètres d'altitude, est préservé du vent impitoyable par les hautes parois qui l'entourent et qui forment une gorge étroite à chacune de ses extrémités. Depuis sa hauteur, son sol gelé est parsemé par des rubans nuageux arrachés des flancs montagneux escarpés, que lui-même surplombe sur ses ouvertures au nord et au sud. Cet accès privilégié est l'un des uniques passages connus de mémoire graärh et qui rejoint les deux parties de l'île. Il a pour mérite d'offrir un panorama imprenable, d'un côté sur l'Inlandsis et ses vagues de glace bleues immortalisées, et de l'autre sur l'immense forêt de Licorok et ses steppes interminables.

Si au premier abord l'endroit semble aussi stérile que la majorité de la Chaîne de montagnes, il suffit d'une étude méticuleuse pour découvrir une myriade de richesses cachées. Des roches, dissimulées sous plusieurs couches de neige, cachent des veinules irisées qui s'illuminent lorsqu'elles sont mises à nues sous les étoiles, et ces dernières semblent être à portée de mains tant la hauteur du plateau n'offre aucun obstacle entre soi et la voûte céleste. Les aurores boréales sont fréquentes, de même que les pluies d'étoiles aux plus froides des nuits, participant à la vénération de Purnendu en ce lieu si proche des Esprits qu'il vénère.

Au printemps fugace, un lac se découvre et plusieurs bancs de Sitaara se réveillent d'une torpeur profonde pour miroiter à la surface limpide de cette eau des plus pures. Quelques herbes émergent, riches de leurs vertus médicinales, et l'on peut même percevoir aux heures éphémères des aubes quelques hérigivres timides. Aucune autre trace de vie n'est présente en cette haute altitude, si ce n'est la pousse d'un jeune sapin à l'entrée de ce qui pourrait être une grotte. Légèrement désaxé, le croc de roche noire qui émerge de la neige compacte possède en effet sur l'un de ses côtés une large ouverture circulaire qui semble s'enfoncer en pente douce au cœur du plateau.

Une unique lampe à huile de baleine brûle en permanence dans un recoin de cette entrée, abrité du vent et de la neige, véritable phare doré lors des nuits les plus sombres. Le sol est étrangement régulier, comme poncé, et il va en pente douce jusqu'à une ouverture plus étroite dans le fond de cette première entrée ; sur son palier un escalier descend bien plus bas et ses marches parfaitement détaillées sont couvertes d'un grain épais pour leur éviter de devenir glissantes avec le gel. L'angle de la pente ainsi que la courbe dessinée visent toutes deux à créer une cheminée naturelle qui empêche le vent ainsi que la neige de s'infiltrer plus loin. Des bougies éclairent et réchauffent ce couloir enroulé sur lui-même et qui finit par déboucher sur une grotte aménagée.

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Il s'agit d'une pièce unique entièrement sculptée dans la roche sombre par le souffle ardent du dragon Kaalys. Les parois se trouvèrent lissées sous l'intense chaleur, creusées d’alcôves de tailles diverses ; ici un large renfoncement pour accueillir un lit, là plusieurs étagères tandis que la courbe ascendante des escaliers s'orne désormais de niches pour les veilleuses en cire. Aucun angle ne tranche dans l'assortiment de la grotte, apportant au regard l'impression d'un nid douillet, tout en douceur alors que des veines moirées ressortent à la lueur dansante d'une myriades de bougies disposées de-ci et de-là. Le sol de pierre, quant à lui, fut couvert d'un lit de pailles et d'épines de pin pour son isolation, puis s'ajouta un large parquet de sapin dont le parfum de cire fraîche ajoute au sentiment convivial des lieux.

En effet, où que se pose le regard, la grotte est une invitation à la détente, un appel au confort du "chez soit". Une épaisse fourrure de rhinocéros laineux couvre la majeure partie du sol et plusieurs autres pelisses et coussins brodés de perles s'éparpillent. Un ballot de laine encore étroitement ficelé remplace une table basse tandis qu'un seul et large fauteuil confronte les dernières marches de l'escalier. Les murs se couvrent de cadres emprisonnant peintures de silhouettes d'êtres aimés, mais aussi d'insectes fantasques ou d'objets anciens, brisés, oubliés ou simplement inutilisés que le graärh chéri précieusement. Un chandelier fait une ronde de cierges alors qu'un panneau de bois sculpté à la forme d'un poisson surplombe l'entrée et retient sur sa nageoire dorsale une couronne d'herbes aux vertus supposées tenir au loin mauvais esprits et maladies.

Si le mobilier est rare, il vise principalement l'utilitaire et la qualité comme cette table ronde taillée directement dans le tronc épais d'un arbre de Licorok accompagnée de ses quatre chaises. Le tonneau qui sert de table de chevet contient aussi une réserve d'eau potable, directement tirée des neiges fraîchement tombées, et les paniers qui agrémentent les bords de la pièce sont tous réservés à des usages bien particuliers. Le matelas du lit, assez large pour accueillir deux graärh adultes, est rembourré de fibres, de crins et de paille puis couvert d'une épaisse couverture de cuir chamoisé, couvert d'herbes odorantes propices à la méditation et d'autres coussins moelleux aux parfums d'épices. Le filet, suspendu au plafond de sa niche, est un berceau qui peut aisément contenir jusqu'à deux nourrissons bipèdes ou toute une portée de graärhrons avec ses hauts bords resserrés et son intérieur matelassé de laine d'alpagas.

Derrière le fauteuil, habilement dissimulé par une lourde tenture brodée représentant la carte de l'archipel, se trouve un étroit boyau qui s'enfonce jusqu'au cœur de la montagne pour s'emmêler dans un complexe réseau de grottes et couloirs qui ne paraissent mener à rien d'autre qu'à la perte de tout sens de l'orientation. Seuls ceux escortés par Purnendu ou Kaalys pourraient y retrouver leur chemin, car ce labyrinthe est l'unique passage qui relie les grottes de ces deux "voisins" sans avoir à braver le froid mortel de la Gorge du Monde.