Soleil lunaire

Voguer sur les flots étaient bien l’une des choses qui réussissaient à calmer les nerfs de Luna en ce moment, ou plutôt devait-on dire depuis les dernières semaines. Se trouver séparée d’Orfraie se révélait être une rude épreuve, mais elle comprenait que sa bien-aimée ait accepté de participer à une expédition montée par son amie Harthea pour découvrir les secrets que recelaient la jungle du cratère de Keet-Ishorot. Elle l’aurait bien accompagnée, mais elle avait elle-même des obligations à tenir et de l’appui à donner à s son frère, notamment avec tout ce qui s’était passé avec Cordont. Et puis, la Flamboyante ne serait pas seule : Firindal l’y accompagnerait. Elle avait confiance que son épouse était capable de vaincre tous les défis, c’était une femme forte et brillante après tout.

Ceci étant dit, Luna avait savouré chaque instant qui lui avait permis de se rapprocher d’Orfraie, même si c’était de la voir à travers sa pierre de communication ou de simplement lui parler avec leur glyphe de communication. C’était un fait : ses azurs caressaient fréquemment son nexus du cœur pour en lire la couleur.

Luna mit le cap vers Keet-Tiamat dès que la nouvelle atteignit ses oreilles : une horrible tempête de sable s’abattait sur l’île. Ça avait la signature de l’anormal et même si ça ne servait à rien, car disait-on qu’on ne pouvait plus y mettre les pieds, elle devait s’en rapprocher pour avoir le cœur net. Le soleil s’était levé depuis quelques heures déjà et Luna regardait Tiamat disparaître au loin. Encore plusieurs jours séparaient son équipage et elle de Keet-tiamat. C’est alors que son cœur rata un bond. En effet, la pierre de son nexus du cœur venait de passer au gris. Orfraie était en danger et elle ne pouvait rien n’y faire!

Qui aurait cru que c’était justement cela qui sauverait Orfraie…?

Cette dernière se matérialisait soudainement à ses côtés. Ce n’était pas une supercherie ou une illusion, car la princesse des lumières se sentit soudainement débordante d’énergie. Merci à l’Inséparable, son cœur s’extasiait d’une joie sans pareille.

- ORFRAIE!

Sa longue-vue tomba brusquement au sol et roula aux pieds de la capitaine du Vif Éclat. Celle-ci étendit ses bras pour attraper la femme qu’elle aime. Elle la serra aussi fortement qu’elle le put, rassurée de l’avoir près d’elle et que sa vie n’était plus en danger. En effet, la pierre n’était plus grise. Mais l’angoisse n’avait pas quitté ses prunelles.

- Orfraie...?

Dernière édition par Luna A. Kohan le Sam 23 Fév 2019 - 1:04, édité 1 fois

Elle tombait, et le vent claquait à ses oreilles tandis qu'elle reprenait totalement conscience. Le souffle déchirant, dans ses yeux, la fit pleurer. C'était douloureux et Orfraie tenta de plisser les paupières afin de mieux comprendre dans quelle position elle se trouvait. Au-dessous d'elle, le sol se rapprochait de plus en plus. Lorsqu'elle lança un regard vers ses pieds, le bleu du ciel manqua de la faire défaillir. Pour ne rien arranger, le sable commençait à lui fouetter les joues, les oreilles et à alourdir sa chevelure qui claquait en vent. Une tempête se levait tandis qu'elle tombait, en chute libre, vers le désert de Keet-Tiamat. La peur étreignit son coeur et la panique s'insinua dans ses veines. Firindal n'était pas auprès d'elle pour la rattraper avant que son corps se brise au contact de la terre ferme. Son coeur se mit à battre si fort que ses tempes lui firent mal et l'adrénaline fut comme un coup de fouet.

Luttant contre le vent, Orfraie s'allongea et lui offrit davantage de surface. Aussitôt, sa course se ralentit. Cela lui procurait quelques minute supplémentaires, juste assez pour réfléchir à une façon de s'en sortir. Il y avait bien ces vortex, mais la dragonnière ignorait où elle attirerait si elle en franchissait un… en partant de principe que pénétrer au travers n'allait pas simplement la tuer. C'était impensable pour elle. Mais avait-t-elle réellement le choix ? Y avait-t-il une autre solution que celle-ci ? Firindal serait dévastait s'il lui arrivait quelque chose, sans parler de Luna !

Songer à la jeune femme fut comme un déclic. Une lumière s'alluma dans l'esprit d'Orfraie, qui porta les doigts de sa main droite à son annulaire gauche. Oui ! Elle y était ! Son alliance ainsi que sa bague de fiançailles ! Sous ses doigts, la princesse sentit nettement le relief de la pierre précieuse. Elle sut, à cet instant, qu'elle s'en sortirait.

Orfraie, les paupières closes, puisa dans toutes ses ressources pour activer le glyphe nommait sobrement "soleil lunaire". Elle se rappelait encore quand Luna lui avait expliqué son but. À l'époque, l'immaculée avait trouvé cela aussi brillant que mignon. Aujourd'hui, cela allait lui sauver la vie. Son corps, tandis qu'elle chutait inlassablement, sembla peu à peu s'effacer. Il s'évapora dans l'air en une myriade de paillettes dorées aussi brillantes que le soleil.

C'était une drôle de sensation. Orfraie se sentait toute légère. Cet état dura le temps d'un battement de coeur, puis les pieds de la princesse furent en contact avec le bois d'un navire. Les paupières closes, elle s'effondra sur le pont comme une poupée de chiffon, mais une paire de bras la retint. Elle se sentait soudainement très faible, l'utilisation du glyphe ayant siphonné le reste de sa magie. Mais dans la cohue qu'était son esprit, Orfraie entendit et reconnu la voix de Luna. Le coeur de la princesse se gonfla d'une joie sans pareil et le chant de l'inséparable lui rendit suffisamment d'énergie pour qu'elle ouvre enfin les yeux.

La dragonnière se cramponnait littéralement aux épaules de la Kohan, qui la dévisageait d'un air soucieux. Orfraie était couverte de sable et de poussière, ses poignets lui faisaient mal à cause des tentacules qui l'avaient maintenu prisonnière. Elle portait son armure et celle-ci lui semblait soudainement bien lourde, alors qu'elle ne pesait pas plus lourd qu'une plume en temps normal.

« Luna… » Sa voix était faible, rauque. Les paupières d'Orfraie papillonèrent, comme pour chasser le sable qui lui gênait encore la vue. « J-je… »

Je t'aime ? Je suis là ? Peu importe ce que voulu dire la dragonnière, ses mots se perdirent dans sa gorge lorsqu'elle perdit connaissance. Sa tête retomba sur l'épaule de Luna et ses jambes ne la soutinrent plus du tout.


Plus tard...

Lorsqu'Orfraie rouvrit les yeux, la luminosité avait drastiquement baissé. Elle était allongée dans un confortable lit, et nue constata t-elle. Le drap, léger et blanc, recouvrait son corps jusqu'à la poitrine. En prenant appui sur un coude, la princesse se redressa. Ses cheveux désormais propres caressèrent son dos musclé, à la peau laiteuse. Elle sentit alors la gîte du navire. Orfraie se trouvait donc bien sur le Vif Éclat, la frégate de facture elfique qu'elle avait offert à Luna pour leur mariage. Un cadeau aussi dispendieux qu'utile pour la dragonnière de cuivre. Les évènements de… la veille ? lui revinrent en mémoire tandis qu'elle s'asseyait sur le lit tout en maintenant pudiquement le drap contre sa poitrine. Ses jambes fuselées dépassaient de sous la couverture et ses pieds caressèrent le sol en bois vernis. Combien de temps avant-t-elle dormit ? La nuit était t-elle avancée ou le jour nouveau sur le point de se lever ? Perdre ainsi la notion du temps était une chose qu'Orfraie détestait.

Mais, lorsque la porte de la cabine du capitaine s'ouvrit sur la silhouette de Luna, l'agacement de la princesse des ombres disparue aussitôt au profit de l'apaisement. Celle-ci ramena ses jambes sur le matelas. Uniquement couverte du drap blanc qu'elle tenait toujours contre sa poitrine, Orfraie semblait tellement vulnérable !

« L-luna… » Les coins de ses lèvres se soulevèrent en un doux sourire. Cependant, elle avait l'air réellement fatigué et même un peu perdue. « Combien de temps ai-je dormis ? Que c'est-t-il passé... ? » Lui demanda t-elle en elfique. Sa voix avait retrouvé son timbre habituelle et sa langue maternelle trahissait son trouble.

Les bras de Luna s’étaient refermés sur le corps de sa bien-aimée. Elle lâcha un soupir de soulagement tout en déposant un doux baiser sur son front. Orfraie venait de perdre conscience, mais elle était rassurée puisque tous deux, pierre du Nexus et Inséparable, lui indiquaient qu’il n’y avait plus rien à craindre dans l’immédiat quant à l’état de santé de sa Lune.

- Oui, je sais… Lui répondit-elle doucement.

L’inquiétude restait cependant présente : que s’était-il passé? Les réponses viendraient en temps et lieu. Encore une chance qu’elle lui avait offert cette possibilité de se téléporter à elle via Soleil lunaire. Elle se mordit la lèvre en pensant qu’elle aurait peut-être perdu sa moitié si ça n’avait pas été de cela. Que serait-elle devenue sans son Inséparable? Elle secoua la tête pour chasser ses mauvaises pensées et en se relevant, une Orfraie inconsciente dans les bras. Merci à la magie pour une telle prouesse même si elle en subirait la fatigue plus tard, à ce stade, une chose était claire : personne d’autre qu’elle ne la toucherait. Elle la colla contre elle tandis qu’elle l’emmena à ses appartements privés de la frégate.

Plus tard…

Le temps ne s’était pourtant pas arrêté et s’était obstiné à poursuivre son cours. La nuit avait laissé sa place au jour et Luna ne l’avait quittée qu’au petit matin en lui laissant une note écrite à la main près d’elle : « Je reviens dans un petit instant. Ta Luna qui t’aime. » Elle s’était assuré que son équipage savait poursuivre son travail sans la supervision constante de leur capitaine et que le Vif Éclat se dirigeait sans encombres vers leur île. Ils n’en étaient pas bien loin et Luna avait préféré s’éloigner de la tempête de Keet-Tiamat.

Ouvrant la porte de la cabine, la jeune humaine arqua un sourire. Dans ses mains, elle tenait un plateau contenant des fruits, de l’eau et des pâtisseries. Elle laissa la porte se refermer derrière elle et déposa le petit déjeuner de la princesse des ombres sur la petite table. Elle grimpa ensuite sur le lit pour rejoindre cette jolie femme dont le corps nu était caché par un simple drap blanc. Qu’avait-elle pensé en la laissant ainsi? Bien sûr que son cœur s’emballerait…

- Orfraie. Oh Orfraie! S’exclama-t-elle en passant ses bras autour d’elle et en venant l’embrasser. Qu’est-ce que ces lèvres lui avaient manquées! Elle la serra fort contre elle. Tu as dormi… Je ne sais pas… ? Douze, quatorze heures? Beaucoup en tout cas. Mais c’est plutôt à toi de me dire ce qui s’est passé. J’ai tellement eu peur quand j’ai vu le Nexus devenir gris! Tu es apparue à moi et je t’ai attrapée. Le Vif Éclat se dirigeait vers Keet-Tiamat où une tempête de sable fait rage tout autour. Te rappelles-tu de quelque chose? Tu es ici en sécurité. Nous nous dirigeons faire Lunorfraie. Précisa-t-elle.

Elle la libéra momentanément tandis qu’elle se glissa sous le drap. À la différence, Luna était vêtue de ses habits bleus de marin. Elle vint attraper sa main et glissa ses doigts entre les siens.

- Tout doux. Ne te surmène pas. Vas-y doucement. La prévint-elle.

La dragonnière de cuivre n’avait nulle envie de voir la panique s’attaquer à la générale des Rôdeurs. Elle s’attendait bien sûr à de graves nouvelles… Elle serra sa main en espérant que cela puisse l’apaiser lorsque ses idées se remettraient en place.

Ses prunelles ne quittaient pas le visage de son aimé. Son regard s'était ancré dans le sien, naturellement, et laissait paraitre tout son trouble. Orfraie n'avait pas de secrets pour Luna, ni de pudeur. Elle ne craignait pas son regard ou son jugement.

Le drap maintenu contre sa poitrine - qui se soulevait à intervale long et régulier - Orfraie accueillie son Soleil avec bonheur. Elle était éblouissante de beauté, avec ses légères boucles blondes et ses yeux couleur azur. L'air marin semblait lui faire du bien tandis que le rôle de capitaine lui saillait parfaitement. Et la tenue qui allait avec lui allait à ravir, pour le plaisir d'Orfraie.

La princesse lâcha le drap. Elle n'avait pas le choix de toute façon. Sans la chaleur du tissu, l'air un peu frais la fit frissonner, à moins que cela soit dû aux bras de Luna autour d'elle ? Qu'importe. À demie nue, Orfraie accueillit l'étreinte avec joie et ses lèvres cherchèrent celle de sa femme pour un baiser délicat. Sa femme... cette idée faisait toujours naître un sentiment étrange, mélange de joie, de bonheur et de nouveauté. Après presque sept cent ans de vie, être mariée était encore une notion à laquelle Orfraie devait s'habituer.

Orfraie se recula un peu, pour pouvoir regarder Luna dans les yeux, et apprit qu'elle avait dormi entre douze et quatorze heures. C'était énorme et inhabituel pour l'immaculée. D'ordinaire, une nuit de six heures lui suffisait amplement. Bien sûr, l'Ataliel savait pourquoi elle avait tant dormit. La dépense énergétique qu'elle avait faite pour se téléporter était colossale et avait siphonnée ses réserves magiques.

« Je suis navrée de t'avoir fait si peur. Mais je vais bien, je ne suis même pas blessée. » lui dit-t-elle en s'allongeant à ses côtés tout en soutenant sa tête avec son bras. Son coude s'enfonçait dans la confortable matelas. « Je co-conduisais une expédition dans le désert. Nous suivions la piste trouvée dans le temple Graärh qui se trouve au coeur du cratère. Mais nous avons été attaqués, attaqués par des Chimères. »

Ce nom, synonyme de peur, de mort, de danger. Orfraie l'avait murmuré. Bien sûr, leur retour n'était pas un secret, mais croiser leur route sur Keet-Tiamat avait été tout un choque.

« Nous avons trouvé un temple dans le désert, là où se trouvait aussi les Chimères. Elles ont libéré un Graärh. Il avait l'air vieux, vraiment. Ses vêtements étaient d'un autre âge, déchirés et élimés par le temps. Il était d'une puissance redoutable. Il a inspiré puis expiré si fort que nous avons tous était projeté en l'air. Je sais, ça parait absurde, mais c'est la vérité. J'étais loin de Firindal et je tombais inexorablement. Alors j'ai utilisé Soleil Lunaire pour me téléporter loin du danger. Je savais que je serais en sécurité près de toi. Ça a complètement vidé mes réserves magiques. »

Orfraie se tourna sur le ventre et tandis la main vers le plateau apporté par Luna. Elle avait faim, après tout cela. Une lueur de gourmandise dans le regard, elle jeta son dévolu sur un croissant. C'était fou ! Luna parvenait à avoir de si bonnes pâtisseries en pleine mer.

« Tu disais qu'une tempête balaye Keet Tiamat ? Ça parait fou, mais ça a sûrement à voir avec ce Graärh. Il était si puissant. Son aura était terrifiante... Je me demande qui il est. »

C’était avec un mélange de curiosité et d’appréhension que Luna attendait le récit des aventures de sa bien-aimée. Qu’était-il arrivé lors de son expédition? Quelles horreurs la Flamboyante allait-elle énoncer? Car oui, même si la princesse des lumières préférait parfois se voiler la face sur la réalité et rester optimiste, il était inconcevable qu’Orfraie se soit téléportée à elle sans bonnes raisons… et par bonnes raisons, elle entendait par là un grand et terrible danger, pas juste pour le simple plaisir de venir à elle et d’avoir des câlins. Ce glyphe de Soleil Lunaire ne pouvait pas être utilisé à la légère puisqu’elle vidait la personne de son énergie… Mais ça en valait le coup pour échapper à une situation périlleuse, non? Ses azurs caressèrent la pierre de son nexus dont les couleurs oscillaient entre le blanc, le mauve, l’orange et vert. L’important, c’était qu’il n’était plus sombre et s’il y avait danger, ce dernier n’était pas imminent.

Luna se lova contre la dragonnière de jade, serrant toujours sa mien dans la sienne. Le temps pouvait bien s’arrêter, car elle se sentait parfaitement bien ainsi. La douce voix de la princesse des ombres commença son récit et elle la laissa parler doucement sans l’interrompre jusqu’à ce deux mots s’échappèrent malgré elle de ses lèvres.

- Des CHIMÈRES?! S’exclama-t-elle.

C’est Orfraie qui avait vécu cette aventure rocambolesque, mais c’était la capitaine du navire qui réagissait vivement. Ses yeux s’étaient agrandis sous la surprise et elle avait plaqué une main contre sa bouche par la suite. Certes, leur retour n’était pas un secret depuis quelques semaines, mais l’entendre ainsi de la bouche de son épouse rendait la chose tellement plus tangible. Elles étaient vraiment, mais vraiment là. Un frisson parcourut son échine et elle chercha le réconfort dans les bras d’Orfraie tandis qu’elle poursuivait.

- Je vois… Souffla-t-elle.

Elle avait du mal à en croire ses oreilles. Ça semblait tellement être une histoire qu’on pouvait lire dans un bon roman inventé. Lorsque l’occasion se montra, elle caressa doucement le dos de celle qui se régalait.

- Oui, en effet, une tempête. En fait, ça m’apparait pas du tout naturel comme phénomène : depuis une semaine, il est impossible pour quiconque d’entrer ou de sortir de Keet-Tiamat sans risquer sa peau. Toute l’île est entourée d’une violente tempête de sable... Quand j’ai entendu ça, j’ai aussitôt eu un mauvais pressentiment et j’ai pris le cap vers Keet-Tiamat. Je ne sais pas trop ce que j’aurais fait rendu là en fait, mon plan s’arrêtait là… Expliqua-t-elle.

C’était du Luna tout cracher que de partir sur un coup de tête et que de vouloir improviser en cours de route.

- Qui était ce vieux Graärh? Pourquoi les Chimères voudraient le libérer? Demanda-t-elle. ]Et Firi?! Hartea! Et les autres de l’expédition? Sais-tu s’ils s’en sont tirés?

L’angoisse se lisait dans sa voix. Elle se faisait du souci pour ceux qui avaient accompagné Orfraie. Cependant, elle était certaine que le dragon de jade était sain et sauf, sinon sa Liée ne serait pas aussi calme.

- Je ne peux pas croire que les Chimères sont là… Après avoir tout fait pour les fuir… Murmura-t-elle. La blonde se sentait désemparée et elle n’aimait pas l’analyse qu’elle faisait de la situation. Son sourire s’effaça parce qu’elle s’imaginait déjà le pire. Mais elle ne baisserait pas les bras. Ce n’était pas dit que les Chimères vaincraient et elle croyait que la victoire des Tiamarantiens était possible. Il va falloir préparer notre riposte! pas juste nous… Mais tout le monde. Par quoi devrait-on commencer? S’enquit-elle.

Dernière édition par Luna A. Kohan le Mar 14 Mai 2019 - 4:06, édité 1 fois

Des chimères, oui. Fixant son croissant, duquel elle n’avait pris qu’une bouchée, Orfraie faisait face à cette réalité. Elle peinait encore à le concevoir, pour dire vrai, raison pour laquelle - sans aucun doute - paraissait-elle si détachée en annonçant la nouvelle. L’annonce de leur présence dans l’archipel avait fait le tour des îles voilà un moment… mais il avait été nécessaire que l’Ataliel se retrouve face à elles pour pleinement réaliser la dangerosité de la situation. Elle s’en voulait d’avoir réagi si tardivement, de ne pas avoir était davantage sur ses gardes… mais que pouvait-elle faire de plus, désormais ? À part se préparer pour les combats futurs. Car il y en aurat, c’était inéluctable.

Luna chercha le réconfort dans les bras de son épouse. Celle-ci le lui offrit, bien entendu, et serra délicatement le petit corps fin de la princesse des lumières contre son propre coeur. Pour être honnête, dans cette étreinte, Orfraie recherchait elle-même le réconfort. Dans le tumulte des évènements, un brin de normalité était salvateur. Cela lui permettrait de réfléchir plus sereinement, ce dit-elle en enfonçant son nez dans la chevelure blonde.

Puis, une poignée de seconde plus tard, tout en reprenant une position plus normal qui lui permit de terminer son croissant, Orfraie sourit. Elle ne pouvait s’en empêcher. Fidèle à elle-même, Luna avait navigué toutes voiles dehors vers Keet-Tiamat, sans l’ombre d’un plan une fois arrivée à destination. Ce genre d’impulsions étaient belle et bien signés par sa femme et attendrissait le coeur de la dragonnière.

« J’ignore qui il est. » Répondit Orfraie avec sincérité, au sujet du Graärh. « Mais je ne pense pas que les Chimères avaient l’intention de le libérer. Elles semblaient aussi étonnées que nous de le trouver là. Ce Graärh est un problème, semble t-il, qu’il nous faudra gérer plus tard. Les Chimères sont notre priorité. »

L’Ataliel parlait avec une assurance non feinte. Elle posa son regard sur Luna. Bien plus jeune, bien plus innocente, bien moins expérimenté… La petite lune s’en remettait, sans le dire, à son ainée. Les doigts de la princesse des ombres vinrent caresser la joue de Luna, puis remirent quelques mèches blondes à leur place.

« Firindal va bien, je le sens. » Le jeune dragon se trouvait vers Tiamat. L’île n’était pas réputée pour son hospitalité et Orfraie espérait que le Jade ne s’y attarde pas trop. Son regard s’assombrit lorsque Luna évoqua Harthea. « Harthea est… l’une des leurs. J’ignore quand elle s’est fait posséder, mais elle nous a tous prit par surprise. J’imagine qu’à l’heure qu’il est, elle est morte ou avec l’ennemi. »

Et, des deux, quel sort était le meilleur ?

« Pour l’instant, les Chimères ont attaqué par petit groupe, à divers endroits. Je pense que ce sont des groupes d’éclaireur. Elles inspectent le terrain. » Incapable de rester en place, Orfraie quitta le lit. Nue comme au premier jour, elle fit quelques pas dans la cabine du capitaine, heureuse de sentir de nouveau de la force dans ses jambes. « Il faut nous préparer. Renforcer les défenses des villes, inciter les gens à gagner la sécurité des capitales plutôt que la campagne. Nous réunir, chercher une solution pour les défaire… » elle jeta un coup d’oeil par la fenêtre, qui donnait à l’arrière du navire. Il n’y avait que la mer à perte de vue. « Lorsque la tempête se calmera, je compte retourner là bas. Ce temple que les Chimères ont déterré… Elles n’étaient pas là par hasard et je veux savoir pourquoi. »

Orfraie se tourna vers Luna, les bras croisés sur sa poitrine. À cet instant, elle sembla se rendre compte de sa nudité et détourna les yeux, ses joues se colorant d’une légère rougeur. La guerrière s’était laissée emportée.

« Q-que dirais tu d’aller prendre un peu l’air ? »

Un soupir de soulagement s’échappa des lèvres de Luna et ses bras entourèrent instinctivement Orfraie pour la serrer doucement contre elle. Firindal allait bien. Le contraire n’aurait pas fait de sens, bien évidemment, puisque sa bien-aimée n’était pas sous le choc en ce moment. Cela voulait dire que le dragon de jade était là, quelque part, et qu’il se portait bien. Quelques coups d’ailes ou plus, les liés seraient à nouveau réunis.

- Non…! Sérieux?! S’exclama-t-elle.

Sa mâchoire s’était décrochée sous le choc de la nouvelle que Harthea était passée du côté de l’ennemi sans même qu’ils ne s’en rendent compte. Elle était possédée par une Chimère et c’est à travers ce corps d’elfette qu’elle planifiait ses manigances.

- Oh mais c’est horrible… Poursuivit-elle.

Les mots lui manquaient. Elle espérait que la commandant de la Garde Royale elfique s’en était tirée et qu’elle puisse se libérer de sa geôlière. Combien de Chimères étaient parmi eux dans le secret? Un frisson lui parcourut l’échine. Elle serra la main d’Orfraie, geste soulevée par la crainte qu’un jour son épouse soit prisonnière de ces envahisseurs. Le saurait-elle? Le réaliserait-elle? Elle se croyait suffisamment proche d’elle pour être capable de remarquer un trouble au niveau de sa personnalité. Qu’annoncerait sa pierre de Nexus si c’était le cas? Et l’Inséparable? La Flamboyante dut ressentir ses inquiétudes à travers le baiser qu’elle offrit doucement à la surface de sa main.

- Il faut nous préparer. Tu as bien raison. Cela commence par l’information. Je crois qu’il faudrait d’abord commencer par contacter les différents dirigeants pour leur fait part de cette nouvelle. Oh! En espérant qu’ils ne soient pas chimérisés. S’ils se sont glissés parmi nous, les conséquences pourraient être terribles! Faut éviter que la panique gagne les gens…

Luna s’imaginait déjà le pire et se faisait de nombreux scénarios dans son esprit. Cela contrastait avec son habituel optimisme, mais elle savait également être réaliste. Elle ne voulait pas vivre dans le déni. L’ennemi était à leur porte. Oui, ils pouvaient encore gagner. Ça, elle le croyait sincèrement. Mais pour cela, ils devaient agir et se préparer.

Le voile ténébreux de ses pensées fut chassé doucement par la vision d’un magnifique corps nu. Jamais ses azurs ne s’en lasseraient.

- Et je viendrai avec toi, cette fois-ci! Il y a là des secrets à déterrer et je me ferai trop de soucis si tu y allais seule. Et par seule, j’entends: y aller sans moi.

Orfraie ne réussirait pas à l’en dissuader! Elles pourraient se former une nouvelle équipe pour l’expédition… sans Chimères cependant! Ce serait à planifier.

Un sourire se dessina sur ses lèvres, elle trouvait la réaction mignonne. Elle se leva à son tour et acquiesça d’un signe de tête à la dragonnière de jade.

- Attrape! Lui dit-elle.

Après avoir ouvert l’armoire, elle lui avait lancé des vêtements. C’était les siens, bien sûr. C’était le bateau de Luna, mais Orfraie pouvait s’y sentir comme chez elle, car c’était son chez elle aussi.

[...]

- Regarde comme c’est calme. Si seulement ça pouvait être toujours comme ça… Murmura-t-elle.

La vue de la mer était magnifique. L’odeur de l’eau salée la charmait et elle adorait la sensation du vent dans sa chevelure dorée.  

- Vif Éclat se dirige vers Lunorfraie. Nous arriverons dans quelques jours, si le vent le veut. Lui dit-elle.

Sa douce devait bien se demander où elles allaient, quoiqu’Orfraie avait probablement déduit la destination par elle-même. Leur île était un coin de terre paisible et elle n’était pas loin de Keet-Tiamat. Cela lui paraissait le parfait refuge en attendant la fin de la tempête de sable, en espérant qu’elle finisse bientôt…

Les pires scénarios défilaient devant les yeux de l'Ataliel. Songer, ne serait-ce, qu'aux Roi chimérisés lui glaçait le sang. Toute télépathe qu'elle était, Orfraie espérait être suffisamment forte pour être capable de débusquer les éventuelles chimères qui se trouvaient dans son entourage… et les éliminer une fois pour toute. Toutefois, l'idée d'avoir Luna à ses côtés gonflait son coeur de joie et lui procurait une force insoupçonnée ! Alors, tout en saisissant ses vêtements d'une main, Orfraie sourit. Au moins, dans le tumulte des événements, une chose ne changeait pas : Luna et elle.

En baissant les yeux sur les étoffes qu'elle tenait, l'Ataliel reconnu un tissu elfique. Luna ne s'était pas contenté de prévoir des vêtements pour son épouse : c'étaient les siens. Non sans plaisir, Orfraie passa sous-vêtements, pantalon et tunique. Le tissu était doux et chaud. En un mot : parfais pour un voyage en mer.

Une fois correctement vêtue et coiffée, la Liée de Feu suivit son épouse sur le pont. Bien sûr, les regards se posaient sur le couple de femme. Toutefois, nul dégoût, haine ou colère. Un peu de curiosité, bien sûr, mais il régnait à bord du Vif Éclat un climat agréable. Pour la troisième fois de la journée, Orfraie se surprit à sourire tandis qu'elle suivait sa femme sur le gaillard arrière.

Surélevé par rapport au pont, Orfraie jouissait d'une vue dégagée sur le reste de la frégate de facture elfique. Et, les deux mains posées sur la rambarde, juste à côté de la barre, elle se satisfaisait de l'utilisation du Vif Éclat par les Hommes. Le vent dans les cheveux, elle inspira profondément l'air marin, puis expira. Parfaitement détendue, cette fois, elle se tourna vers son épouse, qui l'avait rejointe.

« Parfois, j'aimerais simplement tout quitter. Partir à bord de ce navire, accompagné par Alkhytis et Firindal, et partir au loin pour ne jamais revenir. »

C'était un vœux qu'elle soufflait à la brise, à Luna et personne d'autres. C'était une idée irréalisable, bien entendu : Orfraie, tout comme sa femme, avait un sens du devoir et du dévouement bien trop exacerbés pour commettre pareille folie, pour céder à un tel égoïsme. Pourtant, alors qu'elle se trouvait aux prises avec la brise marine, l'Ataliel sentait le poids des siècles sur ses épaules… et l'envie de se reposer. De pouvoir fermer les yeux, respirer, et ne pas trouver une fin du monde devant elle en les rouvrant.

Un léger sourire étira, pourtant, les lèvres d'Orfraie lorsque Luna évoqua leur île. Lunorfraie était le synonyme d'un peu de paix, du calme avant la tempête.

« Tu es parfaite. » lui souffla t-elle en l'attirant dans ses bras. Ses deux mains posées sur sa taille fine, la dragonnière se délectait de ce contact, de son odeur, ainsi que de la sensation du corps de Luna contre le sien.

Quelques jours plus tard, en effet, le Vif Éclat jeta l'ancre près de l'île baptisée selon les prénoms des deux dragonnière. Symbole en sable blanc de leur amour, les deux femmes mirent pied à terre, seules, et gagnèrent tranquillement le centre de l'île. Parmi les palmiers, se trouvait une humble maison en bois, construite par les deux épouses. Sans fioriture, c'était un lieu simple, juste assez grand pour elles deux, où elles pouvaient se retrouver en paix. Orfraie fut celle qui ôta les protections magiques et tint la porte à son épouse. Elle pénétra à sa suite, laissant la porte ouverte. L'air était chaud, chargé d'iode, et le vent balayait doucement la cime des palmiers.

« De quoi as-tu envie ? »

Des envies, la Liée de Feu en avait. Celle-ci avait ôté sa tunique elfique et l'avait déposé sur une chaise. Il ne restait qu'un fin tissu, juste assez pour rester présentable sans mourir de chaud.

Luna acquiesça d’un signe de tête. Ses azurs regardèrent l’horizon bleuté pendant un instant, caressant les vagues qui lui apportaient un sentiment de calme et de bien-être, puis vint plonger son regard dans celui d’Orfraie. Qu’est-ce qu’elle aimait ces améthystes qui la couvraient avec amour. Encore plus que la mer, elle l’aimait elle : sa tendre Inséparable.

- Qu’est-ce qu’on serait bien…! Murmura-t-elle doucement en posant sa main sur la sienne. Mais je crains qu’on ne soit capable de se détacher de tous ces gens auxquels on tient, même si ça vient avec un lot de soucis. Te connaissant, tu ne serais pas capable toi non plus de t’isoler en sachant, notamment, que la menace chimérique n’est pas loin. Mais un jour, peut-être…?

Malgré tout le positivisme qu’elle pouvait faire preuve, la jeune femme ne croyait pas qu’elles pourraient un jour être dans un monde sans soucis. Si ce n’était pas des chimères, ce serait les manigances des uns ou la guerre des autres.

La princesse sélénienne répondit d’un sourire au sien : elle savait qu’Orfraie apprécierait s’arrêter à Lunorfraie. C’était leur petit bout de terre, rien de bien extraordinaire, mais c’était à elles. C’était leur cocon tranquille. L’évocation du nom apportait réconfort, tranquillité et bien-être. Tout comme les bras qui s’offraient à elle et qui la recouvrirent. À son tour, elle vint serrer la Flamboyante contre elle. Comme elle aurait souhaité que ce moment puisse perdurer pour l’éternité. Qu’est-ce qu’elle était bien contre elle. Elle ne se lasserait jamais de son doux parfum et de la douceur de ses mains.

- Je t’aime Orfraie. Lui murmura-t-elle à son oreille pointue.

Jamais elle ne lui dirait assez. En espérant que cette dernière ne se lasse jamais de ces mots.

[…]

- TEEERRRREEE! S’exclama un de ses matelots qui tenaient la longue-vue.

Après plusieurs jours, ils étaient arrivés à Lunorfraie et Vif Éclat accosta. La jeune femme savait que ses compagnons feraient la fête en son absence et qu’ils sauraient s’occuper jusqu’à son retour. Elle attrapa la main d’Orfraie et l’attira sur le sable fin. Elles seraient seules dans leur havre de paix. Elle entra la première, mais Orfraie suivit de près. Elles se mirent à l’aise : Luna retira son chapeau, ses bottes et son veston. Le sourire qu’elle lança à sa moitié en dit long sur ce qu’elle avait envie. Ses azurs se délectaient de la vue qu’ils avaient et ses doigts désiraient retirer ce fin tissu qui la narguait.

- J’ai envie… que nous profitions au maximum de ce moment, rien qu’à nous deux. Répondit-elle.

Ces moments où elles étaient seules se faisaient rares. Elles n’avaient pas eu l’occasion de beaucoup se voir dernièrement, devoirs obligent. Et lorsqu’elles étaient ensembles, il lui semblait qu’elles étaient toujours entourées de plein de gens ou encore, qu’elles avaient un monde à sauver, rien de moins.

Luna l’attrapa par la taille et vint cueillir ses lèvres avec les siennes. Ses doigts vinrent danser sur sa peau puis devinrent espiègles en se glissant sous le tissu. La soirée rimerait avec passion, elle y comptait bien. Chaque geste, chaque baiser, chaque caresse étaient fait dans l’optique de faire vibrer son Inséparable. Les minutes s’enchaînèrent les unes après les autres.

Qui sait si c’était leur dernière soirée? Avec les Chimères qui hantaient Tiamaranta… Non, elle ne désirait pas y penser. Ce soir, il n’y avait qu’Orfraie pour accaparer tout son être, son âme et ses pensées.

Glissant Orfraie sur le lit, elle lui murmura de l’attendre deux petites secondes. Bien sûr, ses doigts avaient gagné la bataille contre le tissu depuis le temps. La blonde s’éclipsa de la pièce un instant. Lorsqu’elle revint, elle avait une fiole entre les mains. Elle la débouchonna puis but le contenu. Il avait un goût particulier. Elle ne se rappelait pas que la potion méli-mélo goûtait ainsi.

- Huh…?

Ses sourcils se froncèrent sur son front. Elle jeta un œil perplexe sur son corps qui gardait ses traits féminins. Il n’y avait rien de différent, rien qui ne lui poussait et aucun changement au niveau de sa chevelure ni de sa voix.

- Tu veux essayer une des tiennes? Je ne comprends pas…

Normal puisqu’en réalité, c’était une potion de fertilité qu’elle avait avalée. Le marchand n’avait pas dû comprendre ce que Luna lui avait demandé ou il s’était trompé lui-même de fiole. Encore heureux qu’il n’avait pas confondu avec du poison!

Dernière édition par Luna A. Kohan le Sam 31 Aoû 2019 - 14:23, édité 3 fois

Même plus légèrement vêtue, Orfraie sentait l’humidité sur sa peau. L’air était lourd et même un peu écrasant. Fort heureusement, une bonne brise balayait l’île et, sans rafraîchir vraiment l’atmosphère, offrait un courant d’air agréable. Et puis, il y avait la mer pour se rafraîchir, bien sûr ! Pas comme sur l’île voisine, à moins de vivre en marge de la société ou sur les bords du fleuve.

L’éclat dans le regard de Luna suffit à en allumer un semblable dans les yeux d’Orfraie. Voir la jeune femme la désirer aussi ardemment faisait battre un peu plus vite son vieux coeur mais, aussi, faisait naître moult pensées coquines dans son esprit. Et les esprits seuls connaissaient l’expérience de l’Ataliel en la matière.

Orfraie se laissa faire de bonne grâce. Les mains de Luna étaient particulièrement chaudes. La faute, sans doute, à l’air comme à son désir. La Sainnûr se laissa déshabiller et su apprécier les cajoleries de Luna tout comme l’air sur sa peau imberbe. Toutefois, guère à la traîne, la princesse des lumières se retrouva rapidement dans le même appareil que son épouse.

Poussée vers le lit, la princesse des ombres s’y laissa tomber entièrement nue et se retint sur ses coudes. Elle dévora Luna du regard et se mordillait la lèvre d’impatience tandis que son épouse s’éclipsait quelques instants, le temps de revenir avec une fiole entre les mains. À la vue de celle-ci, une lueur différente apparue dans les yeux d’Orfraie, qui se sentait déjà prête à ce qui allait suivre. Hélas, tout ne se passa pas comme prévu.

« Bien sûr. »

Curieux, que la potion Meli-Melo ne fasse pas effet. C’était bien la première fois ! Et, Orfraie, ne se doutant pas un instant de ce que Luna venait de boire, attira sa propre sacoche à elle. Elle y plongea la main jusqu’au coude et en extirpa une fiole en verre remplie d’un liquide argentée dont elle bu plusieurs gorgées.

Le goût était sucré, comme d’habitude. Orfraie rangea la fiole dans la sacoche et remonta sur le lit afin d’avoir un oreiller dans le dos. Les jambes croisées, elle ne tarda pas à sentir les effets de la potion.

C’était toujours étrange de voir et sentir son corps changer ainsi et, bien que les hommes elfes aient des très particulièrement gracieux ainsi que la peau imberbe, il y avait des choses qui faisait définitivement homme.

Orfraie releva son regard vers Luna, son désir pour elle nettement visible avec cette nouvelle anatomie, et l’invita à s’asseoir sur elle d’un haussement de sourcil évocateur.

Pourquoi la potion de Luna n’avait-elle pas fonctionné sur elle? La question resta en suspens dans son esprit un petit moment jusqu’à ce qu’Orfraie se sacrifie en avalant le contenu de sa propre fiole. Les effets ne se firent pas attendre et les azurs caressèrent doucement la peau de sa son bien-aimé. Elle s’avança aussitôt vers son Inséparable qui l’excitait tout autant. Homme ou femme, ça n’avait pas d’importance à la fin tant qu’elle pouvait humer son doux parfum. Gracieusement, la jeune femme grimpa sur ce corps qui s’offrait à elle. Voilà là un cadeau bien particulier rien que pour elle dont elle comptait profiter pleinement. Ses doigts cajolèrent ce torse nu qui avait malheureusement perdu ses courbes, mais ce n’était pas une raison pour le mettre de côté. Se penchant, elle effleura la peau avec ses lèvres… et sa langue pour le faire frétiller. Elle ressentait le corps d’Orfraie s’enflammer sous ses mains tout comme elle bouillonnait de plaisir face à la tendresse et à la passion qui menaient ses gestes.

Les deux corps vibraient à l’unisson. L’Inséparable se sucrait le bec sous les embrassades, les étreintes et les câlineries. Orfraie et Luna ne faisaient plus qu’un. La princesse des lumières en perdait son souffle. Ses idées n’étaient plus claires à l’exception d’une chose : elle en voulait plus. Et c’était réciproque… Chaque parcelle de sa peau s’extasiait. Orfraie était sa drogue et cela était encore plus vrai depuis qu’elles étaient mariées et liées ensemble via l’Esprit-Lié des Inséparables. En cet instant intime, l’humaine réalisait à nouveau à quel point l’Immaculée lui avait manquée et elle voulait la garder à ses côtés à tout jamais.

***

La nuit avait laissé doucement place au jour. Lorsque Luna avait fini par se séparer d’elle, ce fut pour trouver une place confortable auprès de la douceur que lui apportait les bras de sa Flamboyante. Il n’existait rien de mieux. Ainsi blottie, recouverte d'un manteau chaleureux, ses azurs caressaient en silence sa bien-aimée. Sa tignasse lie-de-vin recouvrait telle une cascade son corps parfait. Elle mêla ses doigts aux flammes pour les caresser.

* Je veux rester ainsi à jamais. * Lui dit-elle par la pensée.

Dernière édition par Luna A. Kohan le Dim 1 Sep 2019 - 0:29, édité 2 fois

Jet de dé pour savoir si Luna tombe enceinte. Elle utilise une potion de fertilité (à son insu xD) qui lui donne un +2. Ainsi :
1 : jumeaux
2 - 7 : un enfant
8 et + : échec

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'10' : 7

Réussite, ce sera 1 enfant

1 : Fille
2: Garçon

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'2' : 1