Kälyna Vallaël a écrit:À l’aube du 7 septembre de l’an 7 d’Obsidienne
Les premiers rayons du soleil commençaient à recouvrir les terres armandéennes d’un manteau doré. Le groupe hâta le pas tandis qu’ils réalisaient ce que ça signifiait : une chaleur viendrait caresser leur peau jusqu’à s’insinuer dans leurs veines et les faire lentement, mais sûrement, bouillir de l’intérieur. Le désert d’Esfelia était tel un fourneau lorsque le jour se levait. Arakjörn Nygdmer, Mëryl Nalwë, Arya Vallaël et Kälyna Vallaël pouvaient donc se sentir soulagés de voir le sable disparaître sous leurs pieds pour être remplacé par de la terre et de l’herbe. Ils n’auraient pas à trouver une sombre grotte pour s’y cacher.
Le regard doré de l’ancienne prêtresse balaya les plaines à la recherche de quelque chose ou de quelqu’un. Non, il ne s’agissait pas de Casert Jedus. Aucune trace de ce dernier depuis que les crevasses étaient apparues dans le campement des cultistes de Vraorg et que sa sœur lui avait possiblement passé son collier des contraintes autour du cou. On pouvait croire qu’il était mort, cependant, la magicienne ne pouvait pas se résoudre en cette pensée tant qu’elle ne l’aurait pas vu de ses propres yeux. Méfiante de nature, elle préférait s’attendre au pire – et donc supposer qu’il était encore vivant - que de se faire des illusions utopiques.« Je reviens. »
Voici les deux mots que la dame blanche avait lâchés. La famille Vallaël savait bien évidemment la raison pour laquelle l’elfette s’éloignait afin de se diriger vers une masse rougeâtre à l’horizon. Le nain le découvrirait bien assez tôt, car la montagne écarlate s’éleva dans les airs pour venir finalement se poser près de sa bipède.« Je suis de retour, Feu de l’Ire. Navrée de vous avoir fait patienter. »
Une voix douce et respectueuse à travers ces lèvres noires. Il n’y avait pas le dégoût ou la moquerie qu’elle pouvait y avoir habituellement. L’or rencontra l’or, bien heureux de le revoir.« J’ai mené à bien la mission. Vraorg ne reviendra pas de sitôt parmi nous. Le livre permettant d’ériger le rituel à sa résurrection a été détruit par mon disciple et je me suis personnellement assurée que plus personne ne pourrait y mettre la main dessus. Cependant, l’instigateur de cette sordide idée, Casert Jedus, est introuvable. »
Révélant les éléments passés dans le désert, Sombréclat avait désigné d’un geste le nain lorsqu’elle avait fait référence à son disciple qui avait détruit le précieux livre.
Verith a écrit:¤ Mission accomplie ¤
L’enfant de l’orage avait pris son envol après avoir conversé un long moment avec Cynoë. Une conversation dont il avait jugé la qualité … mitigée mauvaise ? Après tout, il ne pouvait pas donner une note meilleure à une conversation avec un dragon lié, enfin ancien lié. Même si aux yeux du grand rouge la tare dont ce dernier avait été affligé à sa naissance restait gravée en lui pour l’éternité. Mais qui sait, maintenant qu’il n’avait plus ce lien, peut-être verrait-il les choses autrement, peut-être verrait-il les choses avec sa propre vision et non celle imposée par le Dracos et les autres partisans du lien, peut-être verrait-il le mal que sont les bipèdes. Peut-être verrait-il plus loin que le bout de son museau. Du moins c’est ce que l’on pouvait espérer. Malheureusement, le colérique ne partageait pas cet espoir. Le violine était pour lui une cause perdue. Alors un moins d’un miracle, rien ne changerait. Et quand bien même ce miracle se produirait … le rouge resterait méfiant.
Cependant, ce n’était pas pour cela qu’il s’était rendu sur les lieux de la bataille. Et il en était reparti un fardeau particulier. Enfin … un fardeau, façon de parler. Alford n’avait malheureusement pas beaucoup eu de chance durant cette mission. Néanmoins, il était encore en vie … si on peut appeler ça la vie bien entendu. Verith lui-même n’en savait pas encore ce qu’il allait faire de lui. Allait-il le tuer ? Ou n’allait-il pas le tuer ? Allait-il l’abandonner ? Ou allait-il le garder en tant que protégé. L’enfant de l’orage était perplexe. Allait-il oui ou non changer sa jurisprudence. Il n’y avait pas de raison … enfin si, il y avait une raison, mais elle n’était pas suffisante pour en changer. Mais au vu de l’humeur volatile du colérique, il n’y avait rien de moins sur. Cependant, la mort d’Alford Gorder ne lui apporterait rien. S’il ne l’avait pas tué la dernière fois alors que cela aurait pu signifier la perte des Esprits, mais aussi de ce monde, alors il ne ferait sans doute rien maintenant.
Quoi qu’il en soit, le grand rouge suivait une odeur. Une odeur particulière. Celle d’un bipède. Non ! D’une bipède pour être exact. Celle de l’une de ses protégées, Kälyna Vallaël. Cette dernière semblait avoir mené sa mission à bien. Il était temps d’avoir son rapport, mais aussi de la féliciter. Par ailleurs, il la voyait déjà, au loin. Il vit celle-ci se retourner et le remarquer. Cette petite était vigilante, le rouge appréciait cela. Verith ralentit alors son vol, se laissant planer tranquillement jusqu’à arriver au sol. Finissant les quelques mètres qui le séparaient de la bipède en marchant lentement.
La queue du grand rouge restait néanmoins dresser et non loin de son museau. Son extrémité étant enroulée autour de quelque chose, de quelqu’un, d’un bipède. Il ne s’agissait nul autre que d’Alford. Toujours dans les vapes. La blessure de celui-ci n’avait pas encore fini de guérir tout comme sa métamorphose en créature de la nuit.
Le colérique ouvrit la conversation en se contenant d’une simple.
« Sombréclat, je vois que tu es encore en vie. »
Celle-ci ne tarda pas à répliquer.
« J’ai mené à bien la mission. Vraorg ne reviendra pas de sitôt parmi nous. Le livre permettant d’ériger le rituel à sa résurrection a été détruit par mon disciple et je me suis personnellement assurée que plus personne ne pourrait y mettre la main dessus. Cependant, l’instigateur de cette sordide idée, Casert Jedus, est introuvable. »
Le dragon libre laissa planer un petit silence avant de répondre.
« Sombréclat … tu as accompli l’obligation à laquelle je me suis engagé envers l’elfe couronné dans le but d’obtenir ta vie. Tu as tué de tes mains la prêtresse blanche, félicitations. Ainsi je ne serais pas obligé de le faire moi-même pour ne pas manquer à ma parole. »
Levant le museau, il regarda l’horizon autour de lui.
« J’ai vu les conséquences du combat qui a eu lieu. Je me suis rendu sur place et j’ai conversé avec certains des combattants présents. La lutte a dû être violente. Si les moyens sont détruits, alors la menace vient de perdre en intensité. Cependant, tu me dis que l’origine de cette menace a disparu. Alors cette menace n’est pas morte. Il te faudra la trouver et l’éliminer. Cependant, sur l’heure notre attention doit se tourne exclusivement vers la forêt de l’Ouest. Je m’en suis éloigné depuis trop longtemps. Qui sait ce qu’elles ont pu faire durant mon absence. »
Le museau du colérique se tourna vers le tout petit humain à qui Kälyna venait de faire référence, lui accordant enfin de l’attention. Son esprit brulant vint frôler celui de ce dernier.
« Ton disciple dis-tu ? Je sens de la colère et de la haine en lui. Elle est à mon égard … »
La psyché du grand rouge entra en contact avec celle du bipède. Venant insuffler dans ce dernier une injonction brûlante qu’il fit se répéter tel un chant en canon.
¤ Qui es-tu ? ¤
Arakjörn Nygdmer a écrit:Arakjörn cligna des yeux une nouvelle fois. Il était perturbé, mais satisfait, cela demandait beaucoup de concentration pour visionner, du moins en partie, la trame qui s'écoulait autour de lui. Cette vision lui était venue d'instinct, alors que dans le feu de l'action il avait réussit à détruire le livre qui avait causé toute cette histoire, à mesure qu'il progressait dans le désert, il avait pu en admirer les courbes se dessiner et parfois s’éclipser, cela semblait être comme des fils qui transperçaient le cœur de toute chose et les animaient, comme le ferait un marionnettiste, et a bien y réfléchir si la trame étaient l'instrument, le marionnettiste était donc le magicien. Arakjörn comprenait maintenant mieux encore, en quoi la magie, plus qu'une arme, était ce qui régissait le monde et pourquoi, en la manipulant, lui le manipulait également, et ainsi qu'elle faisait de lui un être supérieur à toutes ces larves qui ne pensaient qu'à se battre avec des bouts de métaux, à picoler et à le traiter de nain.
Cependant les-dites larves se trouvaient à présent bien loin, alors que lui se retrouvait perdu au milieu du désert, et Arakjörn, plutôt mal à l'aise, en vint presque à les regretter, presque. La famille Vallaël qu'il accompagnait n'était vraiment pas très bavarde, mais en cela Arakjörn les remerciait, il n'était pas là pour s'exercer à améliorer ses déplorables rapports sociaux or garder le silence, se laisser se perdre dans ses pensées, était beaucoup plus agréable à son goût que de parler de la couleur du ciel ou de la taille de son chapeau, mais il ne pouvait le nier, bien qu'il lui semblait apprécier la fille de Kälyna, et respecter cette dernière, la compagnie de tant d'elfes guerriers ou magiciens était parfois effectivement un poil malaisante.
Ils arrivèrent finalement à la frontière, entre le sable et la terre, et Arakjörn du s'avouer que bien qu'il soit né dans le désert, le quitter était d'un grand soulagement car même avec le totem de Mëryl, il était bien difficile de le traverser sans en mourir de chaud. Le groupe se posa alors tranquillement et Kälyna finit par s'éloigner. Arakjörn ressentit alors comme une certaine tension mais n'y fit pas réellement attention... Jusqu'au moment ou il sentit ses propres muscles se crisper, ses nerfs bouillonner, et il comprit pourquoi lorsqu'une ombre, apparut à l'horizon.
Une ombre immense, gigantesque, une montagne même, cachant le soleil mais que le nain devinait déjà plus rouge que le sang. Arakjörn cligna des yeux, les cordes de la trame semblaient toutes converger vers lui, comme quoi le marionnettiste n'était en fin de compte pas un magicien, mais bien l'une de ces magnifiques créatures que sont les dragons. En l'occurence, pour avoir cette taille, Arakjörn n'en connaissait qu'une et lorsqu'il réalisa l'étendue de son erreur, son cœur se serra.
L'écarlate vint se poser près d'eux dans une tornade de sable et de terre, faisant trembler cette dernière au point ou il peina à garder son équilibre. Un monstre, pire que dans ses souvenirs, sans doutes car il ne l'avait jamais approché d'aussi près... Arakjörn resta muet, debout, les bras le long du corps, les yeux écarquillé, l'esprit dévasté.
Son regard parcourra ses écailles rouges, c'était bien les même, il lui paraissait étrange de voir en un si grand nombre ce qu'il avait considéré inconsciemment comme unique, sa propriété. Magnifiques écailles, muscles saillants, resplendissants, une aura destructrice que l'on pouvait percevoir a des kilomètres, qui aussi proche, criait en lui et brisait son esprit. Il regarda tout, son poitrail, ses multiples cornes, son regard d'or.. il ne le remarquait même pas, Arakjörn comprenait cela, il n'était pas digne de lui parler, mais, de ce qu'il voyait, Kälyna l'était, car il imaginait très bien que l'écarlate ou, comme il l'avait apprit récemment, celui que l'on appelait Verith, conversait mentalement avec celle qu'il considérait comme son mentor.
Comment était-ce possible ?
Comment avait-il pu se tromper sur toute la ligne ? Comment ne pas avoir été au courant ? Toute la famille semblait trouver cette situation normale, d'une Kälyna calme et respectueuse, parlant avec le monstre rouge ? Il ne pouvait y avoir qu'une seule explication n'est-ce pas ? Kälyna était-elle la liée, celle qu'il avait tant cherché, le fameux point faible des dragons, de Verith le rouge ?
Par réflexe, Arakjörn porta la main à sa dague - la dague d'Excemos, son père, pour être plus précis - et se prépara à se téléporter derrière Kälyna pour la lui planter dans le dos. Comment avait-il pu être trompé si horriblement ? Trompé au point d'avoir... travaillé.. pour son ennemi ? D'avoir servit sa cause ?! Quelle que soit cette dernière, c'était impardonnable !
Impardonnable ... envers lui même, impardonnable d'avoir été si bête. A magicienne puissante secret important, cela avait été évident. Arakjörn se ravisa au dernier moment, alors que Kälyna faisait référence à lui dans son rapport
C'était une chance, il avait beau être détruit par cette nouvelle, il devait la saisir.. Pour comprendre, pour approcher l'être qui hantait ses nuits.. Ce dragon, qui avait détruit ce qu'il considérait comme sa ville natale, et ce qui lui restait de famille, ce dragon, qui avait condamné sa joie à la nuit. Arakjörn sentit son esprit se rapprocher du sien, sans entrer directement en contact, il lui brûlait déjà la cervelle.
¤ Qui es-tu ? ¤
L’œil d'or le fixait, cela n'avait rien avoir avec le regard hautain et possesseur de Kälyna, c'était un regard dévorant, sa pupille prenant la forme d'une fente noir dans laquelle l'esprit du nain se perdait alors que le rouge scrutait la moindre parcelle de son âme, Arakjörn se sentait totalement a nu, dominé.
Puis une voix qu'il connaissait par cœur sans jamais l'avoir entendue, sema le chaos au fond de son esprit fragile, fracturant tout ses souvenirs, fracturant sa psyché et réveillant quelque chose de terrible au fond de son cœur. Qui était-il ? Alors ça, c'était la grande question.
Arakjörn sentit ses jambes flancher et sans vraiment savoir trop pourquoi se retrouva au sol.
"JE ne sais pas.. Je ne sais plus.. j'ai oublié."
Il ne savait pas, il ne savait plus, il avait oublié, encore, et encore, et encore, tant de fois il avait répété ça, tant de fois il avait été à la recherche de lui-même, cherchant la cause de son rejet par le monde, cherchant en lui-même la réponse à la question du rouge, Kälyna n'avait été qu'une semi-réponse, il s'était trouvé une identité auprès d'elle, auprès de Verith aussi. Le garçon dont le père a été tué par Verith, le garçon recueillit par la dame blanche, deux identités qui auraient pu lui aller parfaitement mais.. ce n'était pas le cas, n'est-ce pas ?
Non, car il avait voulu savoir exactement pourquoi il était rejeté et haït, la première réponse qu'il eu lui vint de la logique, à cause de sa méchanceté, de son sadisme et de son caractère insupportable, il savait prendre assez de recul pour savoir qu'il ne faisait pas de bonnes choses, mais cela le conduisit surtout à la question : Pourquoi faisait-il ça ? Dont, le jour ou il rencontra Kälyna, du fin fond de son esprit la réponse lui apparut : Un monstre.
Arakjörn avait les yeux vides, regardait le sol, les poings serrés, il repensait à son père, du moins a ce qui lui restait de lui, de vagues images de son visage, sa barbe, son sourire bienveillant, ses yeux encourageants, d'un vert éclatant si caractéristique aux Nygdmer, le tout encadré par son chapeau qu'il portait aujourd’hui. Pouf, tout ça là, toutes ces bêtises, envolées, grâce à lui. Tout cet amour, ce sentiment de protection, ce sentiment de satisfaction à l'idée d'un avenir brillant, envolé, grâce à Verith. C'était quelque chose qu'il ne fallait pas oublier, il était un monstre - il le savait bien maintenant - à cause de lui. Arakjörn remonta la tête, fixant l’œil doré emprunt de colère du dragon, il se doutait qu'il essayait de comprendre, le regard d'Arakjörn se faisait toujours aussi vide, mais un petit sourire était né sur son visage, qui avait été humidifié par ses larmes, ce dont il ne s'en aperçut même pas. Arakjörn n'allait pas se laisser faire
"Mais toi ? Tu n'as pas une petite idée ? Tu as oublié ?"
Sa voix se faisait tremblante alors qu'il réalisait sur quel ton il parlait au rouge, mais il ne se ferait pas tuer tout de suite, n'est-ce pas ? L'écarlate allait être curieux, il allait vouloir comprendre, ou alors il allait le tuer, il devait tout miser sur cette chance là, mais quoi que soit le résultat, s'il y avait une possibilité qui était inenvisageable, c'était bien celle de se présenter, et d'attendre sans rien faire, paralysé par la terreur, que s'échappe l'unique chance de parler avec l'être qui avait forgé tout ce qu'il était et lui avait apporté la connaissance de la douleur, avec l'être qui avait été une obsession pour lui depuis six longues années.
Arakjörn continua son numéro, la haine le dévorant intérieurement, le gout du sang dans la bouche, son cœur battant aussi vite que s'il se vidait de son sang. Il pointa du doigt son chapeau et ressortit de son manteau son écharpe brûlée, peut-être que le rouge reconnaitrait là les marques de ses propres flammes sur le tissus blanc de la vielle pièce de son père. Il écarta les bras comme s'il faisait le mannequin, présentant ses vêtements, en un salut théâtral, se présenta lui même."Tu ne reconnais rien ? ça ne te dit rien ? Alors je me présente : Je me nomme Arakjörn Nygdmer, et j'aimerais que vous sachiez, Verith le rouge, à quel point je suis honoré par cette rencontre. J'ai toujours voulu vous voir de plus près, voir votre force légendaire, votre cou s'animer, votre gueule rugir, vos ailes s'étendre, votre puissance apporter la mort.. Vous êtes si magnifiques."
Sa déclaration l'avait laissé sans voix, suggérant qu'il était dépassé par la grandeur du rouge, pourtant ce n'était pas encore le cas, Arakjörn s'enflammait, il jouait, testait ses limites, le moment qu'il avait toujours attendus était enfin arrivé, il n'allait pas le gâcher.
Il le fixait donc d'un regard excentrique comme s'il avait des étoiles dans les yeux, un grand sourire aux lèvres, quelques larmes supplémentaires coulant sur ses joues, sentant avec le gout du sang, la chose que l'esprit brûlant avait réveillé en lui, cette chose qui venait se répandre dans tout son être, un liquide venimeux qui serpentait dans son corps et en prenait le contrôle, enflammait son esprit et changeait son regard en lui ajoutant cette lueur pas simplement excentrique mais haineuse perturbatrice, folle. Ce que l'écarlate avait réveillé, enfouit, caché par un passé familial coupable, un héritage maudit, était cette folie qui refaisait surface, le consumait entièrement. De sous son chapeau, il tira une petite bourse, de la petite bourse, il tira un éclat rougeoyant.
"Parce que oui, moi, même si difficile de ne pas, je te connais, Verith"
Fit-alors, repassant du vouvoiement au tutoiement, car bonne chose il était de montrer que malgré son admiration, il n'allait pas se laisser dominer, ne serait-ce que par principe en plus de l'honneur de défendre son passé douloureux, dont il décida de lui en faire part en lui présentant une écaille rouge et étincelante, polie, probablement la seule chose, avec son chapeau, dont il ait pu prendre soin. Le souffle coupé, l'écaille dans la main tenue verticalement par ses petits doigts sales de bipède, il attendait que la voix revienne le détruire et le briser encore une fois...
Kälyna Vallaël a écrit:Qu’avait-il bien pu se passer entre Verith et Arakjörn? Un éclat de curiosité venait d’apparaitre dans le regard de la dame blanche tandis qu’elle regardait son mentor et son disciple interagir entre eux. Il y avait de l’animosité dans l’air et l’ambiance prendrait certainement une allure explosive prochainement, déchiré par le chaton qui crachait sur l’énorme lézard.
L’or se promena doucement sur le dragon libre et sur le nain par intermittence. Devait-elle se mêler de la situation? La question lui traversa l’esprit, bien sûr. Le Feu de l’Ire n’apprécierait pas la façon dont l’humain s’était adressé à lui, ce ton qu’il employait à son égard, ses mots teintés de sarcasme et de dédain. Le feu de la colère venait d’être allumé dans le cœur de son apprenti pour une raison qu’elle ignorait, mais qu’elle pouvait déduire. La fureur vermeille n’était pas surnommé l’Aile de mort pour rien. D’un coup de patte, il pourrait réduire à néant l’existence de celui qui lui manquait de respect. Le ferait-il? Ce n’est pas parce qu’il pouvait qu’il le ferait et c’est ce que Sombréclat croyait. Le rouge voudrait certainement connaitre le fond de cette histoire comme elle-même le voulait. Et si elle se trompait, c’est la déception qui affligerait son cœur glacé.
Un jour, la prêtresse avait également manqué de respect à Verith. Mais plus que cela, elle lui avait tenu tête. Elle n’avait pas imité ces innombrables soldats qui frissonnaient derrière leur armure. Ce fut une étrange rencontre, le début de leur curieuse relation. Qu’était-elle devenue aujourd’hui? Quelque chose de plus solide, c’est ce qu’elle désirait croire. Kälyna devait être l’être qui se rapprochait le plus de la dragonnière de l’Ire et c’est une pensée qui l’amusait.
Mais là, ce n’est pas d’elle et de Verith dont il s’agissait. C’était une lutte entre Arakjörn et Verith. Oui, l’elfette pouvait interrompre leur bataille et prendre le parti d’un ou l’autre. Peut-être même que si elle suppliait la clémence du colérique, elle réussirait à éteindre le brasier. Mais pourquoi s’en mêler?
Et rater un possible bon spectacle? C’est qu’elle désirait connaître la suite et une suite dont elle n’aurait pas influencé.
L’instant d’avant, Kälyna était entre Chaton et Dragon. L’instant d’après, ils étaient face l’un contre l’autre. La dame blanche réapparut confortablement installée sur un gros rocher non loin. Dans une autre vie, un autre monde, elle aurait sorti du maïs soufflé…
Verith a écrit:¤ Voleur ¤
Si le rouge ne réagit pas aux premières paroles de l’humain, bien trop concentrer à analyser celui-ci avec son esprit tant le trouble de ce dernier était grand, ce fut autre chose aux deuxièmes paroles du nain. Les traits du colérique se durcir, ses sourcils draconique se fronçant. Ces bipèdes, si irrespectueux, si isolant ! Comment osaient-ils le tutoyer !? Ils n’étaient que de vulgaires insectes ! Et cette mise en scène grotesque, pensait-il qu’il n’était pas capable d’entrevoir le sarcasme et la haine que ce dernier éprouvait à son égard. Mais le pire fut lorsque le bipède sorti d’un bout de tissu une écaille. L’une de ses écailles ! Une indignation furieuse et hostile naquit dans le regard de Verith. La queue du dragon fouetta l’air, provoquant un sifflement strident. Les écailles de cette dernière se plaquèrent les unes aux autres, son appendice caudal devenant lance. Sans attendre, l’extrémité vint se planter dans l’une des jambes de l’humain, en faisant jaillir le sang. Les écailles venant se hérisser par la suite pour l’empêcher de se retirer.
La voix du dragon rouge était froide, placide et remplie de dureté. Contrastant avec son habituel ton de passion colérique.
« Ne me tutoie, plus jamais, bipède. »
La queue de Verith se retira d’un coup sec de la jambe de l’humain, alors que ses écailles étaient encore hérissées, arrachant des morceaux de chair sur son passage. Le regard volcanique du grand rouge pesait lourdement sur le nuisible face à lui.
« Je ne te reconnais pas, bipède. Je n’ai que faire de vous, créatures éphémères. Cependant, il en est certain à qui j’accorde de l’importance et dont je fais l’effort de me souvenir. À ces derniers j’offre alors une écaille. Mais toi. Toi je ne te reconnais pas. Et tu es pourtant en possession d’un fragment de mon armure. Un fragment dont je ne t’ai pas fait cadeau. Tu es donc un voleur. Où as-tu trouvé cette écaille ? Auquel de mes protégés l’as-tu dérobé ? Parle ! »
Le colérique leva sa patte droite et fit cliqueter ses griffes d’ébènes.
« À moins que je ne doive te l’arracher. Éviscérer, les bipèdes arrivent à vivre encore trois jours avant s’éteindre d’une longue et lente agonie, tenant leur tripe pour éviter qu’elles ne se déversent sur le sol. »
Le regard d’or du dragon rouge glissa du petit bipède à l’ancienne prêtresse blanche.
« Sombréclat ! Retire-lui cette écaille des mains. »
Arakjörn Nygdmer a écrit:Aussitôt dit, aussitôt punit, Arakjörn ne s'attendait pas à une riposte aussi excessive du dragon. A vrai dire il se l'était un peu représenté comme Kälyna, mortel mais patient, curieux, il imaginait qu'il serait insensible à son arrogance, et qu'il l'écouterai jusqu'au bout. Ce qu'il manqua de faire d'ailleurs, mais la colère du rouge s'enflamma bien vite et explosa lorsque le petit insecte qu'il était à ses yeux lui présenta un bijoux d'une valeur inestimable tout droit arraché de son propre corps. Aussitôt la douleur fusa, car une lance écailleuse ne tarda pas à se débarrasser d'un morceau de chair inerte, un cadavre qu'il aurait pu reconnaître comme Alford s'il avait plissé les yeux, qui s'étala dans le sable, pour venir se planter tout droit dans sa jambe gauche.
une douleur insupportable brûla sa chair, et le sang se mit aussitôt à couler sur les écailles d'une couleur similaire. Le nabot lâcha un cris de douleur et lorsque la queue du dragon s'arracha de sa jambe déchiquetant ses muscles au passage, s'effondra sur lui même. Le nain n'était pas très résistant aux blessures physiques, et la voix dominatrice ne tarda pas à venir fracturer à nouveau son esprit atteint de folie.
L'humain se replia sur lui même, tenant sa jambe fermement, rongeant un morceau de son écharpe pour se retenir de crier à nouveau de douleur, chose extrêmement difficile. La voix revint, pleine de dégout et de colère, comme une tempête qui venait l'achever, nettoyer les détritus de cette terre molle. Sauf que, la tempête, il lui faisait un doigt en fait.
Parce que c'était facile d'abattre son interlocuteur à coups de poings pour qu'il ne l'ouvre plus, mais on ne gagnait pas comme cela un duel verbal. Sur certains angles cette conversation en était, sur quelques autres, non, mais ce qui était sûr, c'est que le nabot avait encore quelque chose qui ferait qu'il n'allait pas se taire, au fond de lui, comme en surface, Arakjörn transpirait la colère.
Il n'avait pas besoin de lever les yeux pour sentir la lourdeur de son regard sur lui, mais il le fit quand même, tenant son écharpe entre ses crocs, quelques traces de sang sur le visage et le chapeau de traviole, il lui lança le sien. Ce n'était pas celui qu'il aurait aimé, pas le petit regard dominateur qu'il réservait à ceux qui tombaient entre ses griffes, mais quelque chose de bien plus authentique, un mélange de peur, d'aversion, et d'admiration profonde. Le dragon parla encore, des menaces, des mensonges, un gros mensonge. Arak eu envie de rire, mais son sourire se tordait en une horrible grimace à cause de la douleur. Mais ce qui comptait, dans cette grimace qu'il lui fit, c'était la raison de son envie de rire.
Tellement excitants ! Cette scène, ce moment, ce moment de vérité ou il jouait sa vie, il l'avait tellement attendu ! Tant de pensées ruminées à ce sujet, si le rouge pensait qu'il allait abandonner pour une égratignure, même l'amputer de tout les membres ne suffirait pas à l'arrêter ! Il fallait le tuer ! Oh.. ça il en était parfaitement capable et sans le moindre remord il s'en doutait bien, mais le ferait-il avant qu'Arakjörn ai eu son mot à dire ?
La terre était gourmande de son sang qui la faisait à présent rougir. Le nabot se reconcentra alors sur sa douleur un moment, puis sur autre chose, sur son propre ressenti, sur les mots qui s’emmêlaient dans sa tête, la colère lui servant de liaison entre eux, son cœur battait plus fort alors qu'il trouvait ses mots, l'adrénaline dans son sang il ne ressentait plus la douleur, il ne se questionnait plus sur les limites de son arrogance, qu'il allait repousser, encore, au pire il crèverait, au mieux... Les jambes flageolantes à cause d'une douleur superficielle, il entreprit de se relever, avec peine, mais sans gémissements. Son regard s'assombrit encore, verdoyant d'un éclat maléfique que la sorcière avait pu observer de temps à autre. Folie ? Oui, mais de la haine aussi, beaucoup. Ses dents lâchèrent son écharpe, sa bouche se tordit enfin en un sourire approximatif"Pourquoi donc, puissant dragon ? TU es avide de ces formalités hypocrites de "bipèdes" ?"
Il dissimula son sourire et son rire moqueur, ce n'était que des manières extérieures, fausses, c'était le moment de laisser exploser ce qui brûlait partout à l'intérieur de lui."Je te l'ai volée tu crois ? Quelque chose d'aussi noble, d'aussi beau ? J'aurais pus effectivement, mais je n'y attache aucune valeur commerciale, celle que je lui ai trouvée, elle est tout autre."
Il la regarda un instant, elle était un peu sale mais brillait toujours, le soleil s'y reflétait, et, en un instant indécis, Arakjörn vit dans le reflet une citadelle en flamme, un vieux bâtiment qui fut autrefois sa maison.
A cette vision il eu un grand rire, sans joie, et il se retourna vers le monstre, serrant l'écaille dans son petit poing?
"Cette écaille je la mérite ! Cette écaille, c'est la seule trace de ton passage, cette écaille, c'est un symbole ! Je l'ai trouvée dans un nuage de cendre, de détritus humains que tu as laissé dans ton sillage, au milieu des cadavres des seuls gens sur ce monde qui fussent en mesure de m'accepter ! Tu les as tous tué ! Ils ne t'avaient rien fait et tu as TOUT ravagé !"
Dans un éclat de colère, une colère peut-être digne du rouge lui-même. Dans un mouvement ample et presque parfait, il passa ses deux mains devant lui et invoqua par chacune deux boules d'énergie bleues qui fusèrent vers la poitrine du dragon pour y éclater dans un fracas sonore. Un acte puéril et totalement innutile, inoffensif, il n'avait pas espéré le blesser, seulement évacuer l'énergie qu'il avait en lui, et tester ladite armure draconique. Son sourire avait totalement disparu, à présent Arakjörn criait, hurlait.
"MAIS je ne t'en veux pas ! NON ! C'est à TOI que je le dois ! Cette vie de souffrance qui est mienne, c'est à toi que je dois la base de tout ce qui m'est arrivé, et qui m'arrivera. C'est toi qui est à l'origine de ma douleur, de ma HAINE ! C'est toi qui a insufflé ce poison en moi, qui me fait.. lentement.. me transformer en monstre.. "
A mesure qu'il parlait, Arakjörn entamait une douloureuse avancée vers le corps du monstre, il rampait presque, laissant quelques marques de sangs derrière lui.
"Si je suis ce que je suis, c'est par tes soins chaleureux. Je ne te demanderai même pas pourquoi tu as fais ça, je connais déjà la réponse. De la même manière que je ne demande pas à la coccinelle pourquoi elle me laisse à la souffrance, mais ne manque jamais de m'aider à plonger plus profondément dans la folie."
Il finit par arriver à quelques mètres seulement du géant, là, épuisé mais pas moins explosif dans sa déclaration, il s'agenouilla presque en s'effondrant devant le demi-dieu qu'était, pour lui, Verith le rouge, tenant la fameuse écaille haut devant lui, sous le museau du titan.
"Cette écaille je ne te l'ai pas volée, cette écaille, TU me l'a donnée ! TU M'AS CRÉÉ !"
Il l'avait fait, il l'avait dit. Il s'était lui même placé physiquement entre ses crocs, Verith n'avait là qu'un petit mouvement de griffe à faire pour le dépecer, et le laisser agonir, mais voilà, il s'offrait à son jugement, Verith était-il assez sage pour éliminer les anomalies que créaient ses passes temps meurtriers ? Ou voudrait-t-il la laisser grandir, telle une tumeur, curieux de voir jusqu’où un misérable bipède peut aller lorsqu'il est poussé par une folie vengeresse.
De toute manière, Arakjörn n'était peut-être pas décidé à mourir, mais il n'avait pas choisi d'en avoir le choix. Et puis quelque part, il était heureux là ou il était , près du dragon, cible de son regard et de son esprit, près de ses griffes et de ses crocs, à l'origine.
Kälyna Vallaël a écrit:C’était un spectacle des plus intrigants qui se déroulaient sous le regard captivé de la prêtresse blanche. Elle avait décidé de ne pas prendre part au conflit ou devait-on plutôt dire les retrouvailles entre le dragon destructeur et l’orphelin. Qui aurait cru que ces deux êtres étaient si intimement liés? C’était une surprise, même pour Kälyna. Elle continuait de suivre le discours enflammé du jeune nain et elle savait déjà que Verith n’aimerait pas le ton employé. Hausser le ton, faire usage de sarcasme ou d’ironie face à l’énorme rouge, Arakjörn ne manquait pas de nerf.
L’audace du magicien fut punie lorsque d’un geste sec la queue écarlate vint fouetter l’air puis s’enfonça dans la petite jambe. Le sang avait déjà commencé à couler. Face à ce geste, la spectatrice n’avait toujours pas réagi bien qu’on put noter que l’or devint plus riche. Son visage resta impassible, mais son dos s’était raidi et ses ongles avaient griffé la pierre sous elle. Verith comptait-il le tuer, là et maintenant? Le suspens était à son comble!
Pour quelle raison Sombréclat n’intervenait-elle pas? Simplement parce qu’elle considérait ne pas avoir sa place dans ce conflit qui se déroulait entre le grand lézard et le petit chat. C’était une erreur, car on la convia à s’immiscer. Le Feu de l’Ire désirait retrouver son écaille, celle qui brillait d’une lueur rougeâtre entre les mains du nain. Toutefois, Kälyna ne bougea pas lorsqu’Arakjörn vint défendre les raisons qui le poussaient à avoir cette écaille. Si on s’y fiait, Verith l’avait tout simplement perdue tandis qu’elle représentait l’instigateur de la transformation d’un Arakjörn à l’avenir joyeux en ce sombre individu déchu.
Verith avait créé l’Arakjörn d’aujourd’hui et en ce jour, le créateur avait décidé de détruire son œuvre. La porte de la mort se présenta sous la forme d’une gueule géante qui s’ouvrit dont les flammes vinrent lécher les longues dents pointues pour se diriger vers le nain. C’était la fin de Nygdmer.
Ou pas…?
Fière et droite, Kälyna se postait aux devants de l’humain et par son corps, elle le protégeait de la caresse des flammes.« Suffit! »
Sa cape écarlate virevolta dans son dos sous l’air chaud. Son expression était glaciale et l’or se fixa à l’or.« Je ne permettrai pas qu’on blesse davantage mon disciple. Sa vie est mienne et je ne tolérerai pas qu’on prenne ce qui m’appartient. Et ce, même face à vous, Feu d’Ire. »
La détermination brillait dans sa voix qui se faisait sans équivoque. Se retrouver entre Verith et sa proie n’était probablement pas la meilleure des situations, mais elle la vivait sans vaciller.« Maintenant, départie-toi de cette écaille. Tu n'en as plus de besoin pour te rappeler le monstre que tu es devenu. »
Sa main blanche s'était tendue afin que son chaton le lui remette.« Verith, Aile de Mort, vous avez forgé le destin de cet être au passé troublé. Reprendre votre écaille n'y changera rien. Et le tuer, c'est en chasser ses responsabilités. »
Verith a écrit:¤ Propriété et leçon ¤
Verith était en colère, c’était le moins que l’on puisse dire. Il ne reconnaissait pas cette créature. Il ne reconnaissait pas cette création ! Comment lui, le destructeur, avait-il pu créer involontairement quelque chose. Il n’acceptait pas cela. Il ne l’acceptait pas ! Cette créature grossière, irrévérencieuse, arrogante. Il allait la détruit. Là ! Sans attendre ! La colère gondait dans le dragon de l’ire. Après avoir planté l’extrémité de sa queue en guise d’avertissement, il attendait la réaction de ce dernier. Et elle ne se fit pas attendre. Ses yeux semblaient s’illuminer un peu plus à chaque instant, comme si le feu qui bouillonnait en lui manquait chaque seconde de lui surgir par les orbites. Ses narines se mirent à cracher quelques flammes d’exaspération. Il allait le tuer. Il allait le tuer !
« SILENCE BIPÈDE ! APPRENDS À RESTER À TA PLACE ! »
Un rugissement terrible s’échappa du dragon rouge alors qu’il leva la tête. Son poitrail et son cou s’illuminèrent d’orange alors que sa gueule se chargea de flamme. Pointant son museau en direction du petit être qui lui tenait tête, il rugit un souffle de flamme pour réduire à néant cette supposée création involontaire.
C’est alors qu’il se passa quelque chose que le rouge n’avait pas prévu. Kälyna sauva l’humain. Kälyna lui tint tête. Kälyna se mit sur son passage. Violemment, le rouge frappe le sol de ses pattes avant, faisant trembler la terre.
« Sombréclat ! Je n’avais-je pas prévenu de ne jamais te mettre sur le chemin d’une de mes attaques ? Soit, si tu veux mourir avec lui ! »
Verith leva sa patte, prêt à les écraser tous les deux. Si elle pouvait dévier ses flammes à l’aide de sa magie, il n’en serait rien d’un coup physique.
« Je ne permettrai pas qu’on blesse davantage mon disciple. Sa vie est mienne et je ne tolérerai pas qu’on prenne ce qui m’appartient. Et ce, même face à vous, Feu d’Ire. »
Verith s’immobilisa à ses paroles, des flammes furieuses sortaient de ses narines alors qu’un regard noir se posait sur Arakjörn, seule cible de sa colère. Au plus grand étonnement, le rouge reposa sa patte au sol, lentement. Mais tout chez lui transpirait une colère incroyable et imprévisible. Le regard de l’héritier de l’orage glissa vers Kälyna.
« Tu prétends que cette chose t’appartient ? »
La queue de Verith se retira de la jambe de l’humain sans le moindre ménagement.
« Très bien, je reconnais ta propriété Kälyna. Ainsi que la responsabilité qui en découle. Ce misérable m’a manqué de respect. Et l’ignorance de ses crimes est injurieuse. Si tu ne le punis pas toi-même, alors que je le ferais, et ma sentence sera la mort. »
La queue du dragon rouge retomba lourdement au sol derrière lui, alors que ses crocs se révélaient sous le coup de sa fureur interne difficilement contenue. Le regard de Verith retourna sur l’humain.
« Humain. Je ne te reconnais pas. Tu n’es pas l’une de mes créations. Tu n’es pas le résultat que j’attendais en conduisant mes attaques sur les villages humains. Je n’ai pas cherché à créer en vous la haine. Mais le remords. Vous deviez prendre conscience de vos fautes. Pourquoi un dragon nous attaquerait-il ? Qu’avons-nous fait à ce dragon ? Vous avez tué les miens. Vous avez volé nos œufs. Vous nous avez scindé en deux. Vous nous avez poussés à quitter cette terre. Ces attaques devaient vous faire prendre conscience de vos fautes. Vous conduire à les reconnaitre. Puis à agir en conséquence. Tu es une preuve de plus, que vous bipèdes, êtes incapable d’apprendre. »
Le regard du colérique retourna sur l’elfette.
« Je n’ai pas la moindre responsabilité envers lui. J’ai donné une leçon, il n’a pas su la saisir. Et il est incapable de reconnaitre à sa juste valeur le don qui lui a été offert. La haine n’est pas un poison. Elle est une force. »