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descriptionEmbarquement pour le combat  EmptyEmbarquement pour le combat

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Début Avril 1763

Une mouette regardait avec un certain intérêt des marins s'affairer sur le ponton où était amarrée une petite goélette. Voyant qu'il n'y avait point de filets , point de tonneaux contenant de prises fraîches poissonneuses, pêchées la veille ou très tôt à l'aube, l'oiseau marin lâcha un piaillement criard de dépit . Ce ne sera pas avec cette immense poisson de bois à demi-flottant que le prédateur à plumes aura une miette de nourriture. L'oiseau déploya ses ailes et quitta la bitte d'amarrage pour aller quérir sa pitance ailleurs, non sans lâcher un rire moqueur aux bipèdes qui s'affairaient à charger de drôles de choses à bord de cette bestiole de bois, de cordes et de voiles.

La bestiole de bois était en réalité une petite goélette, à l'allure racé malgré l'ancienneté de sa structure. Elle n'était pas vraiment toute jeune, avait connu la Longue Traversée avant de manquer de se faire démanteler pour recycler ses planches de bois de toutes formes et de toutes tailles. La chance avait voulu qu'elle trouve un bien étrange capitaine, qui sut la remettre à flots et savourer sa petite prestance. Et maintenant, il veillait à la préparer, comme d'autres navires présents dans le port de Caladon à un départ en convoi, pour former une flotte de combat ; une armada pour se battre.

Artane n'avait jamais été un être courageux, ni un fou des batailles. Mais depuis quelques années, il avait pris une autre voie et là, avec les Chimères qui menaçaient toute l'Archipel, il ne pouvait pas esquiver l'appel qui avait été faite pour réunir tous les vaisseaux disponibles pour former l'armada et aller affronter les Chimères sur les flots marins. Il aurait pu refuser, au vue de la taille de son navire et de ses capacités offensives plus que limités au contraire des puissantes frégates dont on voyait quelques magnifiques exemplaires quelques pontons plus loin. Mais l'avantage d'une goélette comme la Rosée du Matin était sa vitesse, son agilité à vite virer de bord, idéal pour certaines tâches durant une bataille navale. Artane comptait dessus. Si un capitaine venait à se moquer de son volontariat, il saurait à qui causer....

Et malgré cette détermination, quelque chose lui étreignait le coeur. Il n'avait pas encore annoncé sa décision à sa belle son désir de rejoindre la Flotte qui combattra les Chimères. Comment allait-elle le prendre. Il ferma les yeux, lâcha un soupir... Il ne pourrait pas fuir. Il devra affronter les conséquences de sa décision et Dieux savaient comment elle le prendrait : très mal.

Il passa une main sur sa nuque, tout en regardant sa goélette. Il serait si facile de prendre le large pour ne pas affronter un immense danger qu'était la détermination d'Eleonnora. Mais il aimait cette femme par dessus tout et s'il venait à faire cela, ce serait la trahir. Il réussit à réunir son courage et remonta le ponton pour rejoindre la demeure d'Eleonnora, laissant la fin des préparatifs à son équipage. Connaissant sa belle, elle aurait déjà eu vent de ce qu'il préparait... ce qui était encore pire !

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Eleonnora, était accoudée à son bureau traçant des chiffres aux significations obscures pour un non initié profitait des premières lueurs de la saison. Le printemps commençait tout juste à pointer le bout de son nez, aussi, le soleil traversait davantage les nuages, tapant de nouveau contre les carreaux. La future Bourgmestre avait même chaussé des verres qui lui servaient lors de ses tâches importantes, car il semblait que malgré son jeune age, sa vue commençait à légèrement fatiguer. Personne n'était parfait. Sur son grand écritoire s'étalaient alors les documents sans ordre distinct parmi les tasses de thé vides et les miettes de croissants. Bien que l'on puisse en avoir l'impression, la jeune femme n'était pas de nature très ordonnée lorsqu'elle était dans sa demeure. Avec nonchalance elle se permettait de laisser ses affaires du soir traîner sur le sofa, et ne s'inquiétait en aucun cas de la saleté. Après tout elle payait bien des domestiques pour ça. A ce propos, elle avait du redoubler de vigilance lorsqu'elle du replacer cette petite femme de chambre qui avait eu le malheur de croiser le chemin du pirate. Elle aurait pu faire pire que simplement la virer, croyez le. Mais dans son infime bonté, elle avait conscience qu'aucun n'aurait pu déjouer les tours de ce scélérat qui s'était introduit par effraction dans le domaine de sa maîtresse. Son départ avait servit à titre d'exemple.
En parlant de servante, la nouvelle semblait demander audience, pointant sa tête dans l'encadrement de la porte. La demoiselle ne réagit pas immédiatement. Elle daigna lever le menton lorsque cette dernière sembla montrer des signes d'impatience.
«Un certain monsieur Artane demande votre attention madame...dois-je l'éconduire? Il ne me semble pas tout à fait de bonne mesure...enfin...»
«Menez le au petit salon.»
La pauvre enfant n'avait pas l'air de s'attendre à cette réponse là. Elle eu l'air déconcertée mais s'exécuta quand la conseillère lui adressa un froncement de sourcil qui ne laissait entrevoir aucune ambiguïté.
Un soupir lui échappa tandis qu'elle déchaussait ses lunettes. Elle n'était pas mécontente de le voir, loin de là. Pourtant elle savait à quoi s'attendre au vu des dernière nouvelles. Après avoir lancé un dernier regard au portrait de son feu père elle prit soin de bien fermer les battant massifs de son bureau en sortant.


«Artane!» C'était avec un sourire plein de joie qu'elle l'avait rejoint dans le salon, de taille modeste contrairement à celui qui se trouvait au rez de chaussé. Il était néanmoins plus intime et sa propriétaire aimait y prévoir ses entrevues plus familières. D'un pas léger elle s'était approchée de son amant et n'y tenant plus elle se jeta enfin dans ses bras. Elle avait beau le voir régulièrement depuis son retour, elle ne se lassait de ses retrouvailles et aurait préféré le savoir en sûreté en sa demeure. Mais il aurait été comparable à un oiseau en cage, elle le savait bien. Elle ne voulait pas le voir malheureux...pourtant cela la démangeait terriblement de l'enfermer à double tours lorsqu'il lui racontait les histoires rocambolesques qui lui arrivaient en cours de voyage. Dire qu'elle supportait bien son absence serait un mensonge. Après tout son cœur était aliéné à une passion qu'elle ne contrôlait plus.  Ses activités diverses, son travail qui l'absorbait l'empêchait de penser à son éloignement évidemment mais lorsqu'elle se tenait là, au creux de ses bras, elle se sentait à sa juste place. Elle leva le menton pour atteindre ses lèvres. Puis, comme toutes les bonnes choses ont une fin, elle fut au regret de s'éloigner. Elle ne put s'empêcher d'avoir une pensée coupable pour ce qu'elle ressentait. Elle ne s'était pas empêchée de comparer cet instant avec l'odeur, la peau, la finesse, la blondeur...Comme son esprit divaguait vers des horizons interdits, elle détourna le regard et se dirigea vers le sofa.
«Assieds toi donc! Que souhaites-tu prendre? » Elle l'avait guidée avec douceur l'assise de velours pourpre avant de s'y installer elle même. « Un thé? Ou, je me suis même récemment procuré une de ces liqueurs dont les elfes raffolent tant, tu m'en diras des nouvelles.  » Elle claqua des doigts en direction de la femme de chambre, toujours aussi déconcertée. « Deux verres du whisky ambré... Et de quoi grignoter.» La boisson était certes forte mais le courage qu'elle lui procurait serait inestimable pour la suite. Puis elle savait son compagnon amateur d'alcool alors autant lui en servir un de qualité. Cela lui changera des tords au boyaux que les marins ingurgitent nuits et jours.

« C'est la folie en ce moment avec cet appel aux armes...On ne s'en sort plus en coulisses. Une délégation aussi soudaine...Il faut préparer les navries, inscrire les citoyens, les soldats et mercenaires, préparer les voyages et que que sais-je encore! Je suppose que la guerre en enrichit certains plus que d'autres...Et puis je ne te parle pas des frais que nous devrons verser aux familles des victimes! Oui, parce que avec  les chimères... il faut s'y attendre. Pourtant les petites gens se bousculent pour en découdre avec ces monstres...»La demoiselle de chambre déposa deux verre de cristal finement taillés ainsi qui bol rempli de petits gâteaux secs. Elle n'eu qu'à voir le geste négligent que lui adressa sa maîtresse pour prendre congé. Elle prit une petite gorgée. Le liquide doux sur la langue et fort dans la bouche propagea une longue traînée chaleureuse dans la sa gorge. La conseillère parlait de la guerre de ses faits d'une façon si détachée. Tout n'était que des chiffres pour une femme de sa trempe. Des milliers de morts n'étaient que statistique mais un mort était une tragédie. Et si elle pouvait sauver les vies qui comptaient pour elle, elle le ferait. Elle ne savait d'ailleurs toujours pas la décision de son père adoptif quand à cet appel mais elle n'était as la seule à le retenir. Aussi, ce n'était pas pour lui qu'elle se faisait du soucis. «Mais, bon...ce n'est pas ton cas, n'est pas? Ce n'est pas avec ta goëlette de petit marchand que tu irais faire la guerre...» Elle gloussa. Se faire du soucis était un bien grand mot finalement. Car ce n'était même pas envisageable pour elle de voir l'élu de son cœur prendre le large vers les combats. Elle l'avait connu peu téméraire, voir plutôt lâche. Toutefois, ces derniers temps, son audace effrayait la manique du contrôle qu'était Eleonnora.

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Forcément, Artane n'était pas habillé en circonstances quand il se pointa à la demeure de sa belle et douce. Normalement, il aurait dû opté pour une tenue bien plus adéquate, plus relevé sur le goût et l'aspect. Là, il était vêtu comme un capitaine qui menait sa vie au quotidien. Bon ! Un point important à savoir : il ne sentait pas la marée, ni le poisson. Autant on pourrait comprendre qu'une odeur saline se mélangeant à un soupçon d'effluve de goudron des jointures de sa coque. En somme, il émanait de lui la vie en mer, la vie de liberté, la vie...

Il cessa de songer à cela quand il arrive devant la porte de la somptueuse demeure et déglutit.

*Elle va m'étriper*

Il pourrait fuir pour ne pas avoir à subir le courroux de la donzelle. Mais il n'était pas un lâche et affronterait la femme qu'il aimait comme il se devait ; sans la blesser psychologiquement. Il lui avait déjà fait le coup de disparaître d'un coup sans prévenir, alors il tenait à ne pas recommencer, ou du moins de ne pas réitérer un coup dans le même genre... Bon en même temps, c'était à une époque, un autre temps. Il en souriait d'ailleurs, avant de toquer à la porte.

Il n'eut pas longtemps pour qu'on lui ouvre la porte et qu'il fasse part de la raison de sa venue. Forcément, en tant qu'invité impromptu, il devait attendre le bon vouloir de la maîtresse de maison. Et la servante l'invita à entrer, non sans une certaine moue qui en disait long sur son opinion vis à vis du capitaine.

Il fut mené dans le petit salon et essaya de paraître pas trop observateur sur le faste et le luxe qui composait l'intérieur de l'environnement. L'arrivée d'Eleonnora éclipsa toutes les richesses présentes. Elle était la plus belle des richesses de cette maison, de cette ville... du monde même. Et ce ne fut qu'un immense bonheur qui lui étreignit le coeur quand il prit sa belle dans ses bras ; enfin la réceptionner serait le mot, car elle s'était littéralement jetée dans ses bas. La rencontre de leurs lèvres furent un délice sans nom et la rupture brisait presque un rêve doux, qu'on aurait voulu prolonger encore et encore. Mais comme le sujet se portait sur une voie délicate.

Il ne se fit pas prier pour rejoindre le sofa en sa compagnie et s'y installer. Qu'est ce qu'il pourrait prendre ? Euh.... est ce que c'était vraiment le moment de boire ? Trop tard, la jeune femme claqua ses doigts pour faire venir la femme de chambre.

"Du whisky ambré ? Tu me gâtes ma belle...''

l avait entendu parler de cette boisson prisée par les Elfes, sans avoir été dans l'idée de la goûter. En même temps, quand on voyait les prix à la bouteille. Il réussit à ne pas prendre un air contrit en voyant que c'était celle qu'il aimait à la folie qui lui payait ce verre. Puis, La fille de Crissolorio entama la conversation. Artane se sentit un peu mal intérieurement quand il entendit des douces lèvres de sa belle l'affaire de la guerre et de l'appel aux armes pour avoir le maximum de navire pour composer l'Armada. Sa nuque le démangeait atrocement et il sut se tenir pour ne pas la gratter. Savait-elle pour lui ? Ou ne le savait-elle pas encore ?

Eleonnora avait beau paraître une fille à l'aspect timide et juste bonne à marier, elle était une redoutable jeune femme qui tenait ses affaires d'une main de maître. Artane ne pouvait qu'en témoigner. Sous les apparences d'âme douceâtre se dissimulait une femme volontaire, déterminée et courageuse... Avec un tempérament de feu. Bien ces points plaisaient au capitaine. Qui ne pourrait pas fondre pour elle ? Il lorgna le fond de son verre, étudiant la couleur ambrée liquide qui stagnait dedans. Comment allait-il lui avouer... Il déglutit et porta le verre à ses lèvres, sentit le whisky, en but une gorgée. Pas mal, ce breuvage... Eleonnora avait déjà bu sa petite part.

''Les gens veulent se venger des chimères, pour toutes les atrocités qu'elles ont pu commettre et en nous repoussant à la mer pour que nous finissions dans l'Archipel. A cette soif de vengeance, il y a le désir de pas perdre tout ce qui a été reconstruire je présume. Beaucoup ont travaillé dur pour retrouver ce qu'ils avaient eu par le passé. Même toi, Eleonnora, tu n'as pas été épargnée et tu t'es battue, tu as travaillé pour arriver là où tu en es maintenant. ''

Il ne jugeait pas la position actuelle de sa belle. Bien au contraire. malmenée par les gens de sa propre caste, car son père avait brillé par son absence, la mettant dans une sale posture sociale, elle avait su remonter la pente. Bon, certes, pas totalement toute seule, car elle avait un père d'adoption qui s'était pointé pour l'aider. Mais au début, sur la première année de leur nouvelle existence sur l'Archipel, elle s'était battue d'elle-même... Puis quand vient la question de son implication ou non...

''Ben en fait....''
*Elle va me tuer, me trucider, m'assommer et m'attacher...*
''Ma goélette ne vaudra jamais la puissance de feu d'une frégate, mais elle fera partie des navires les plus rapides de la flotte qui est en train de se composer''

Ou comment avouer d'une certaine manière qu'il y participait.

''Elle pourra servir de messager, de ramassage des naufragés. Et je veillerai à rester prudent. Ce n'est pas ces chimères qui pourront me couler, tu le sais. ''

Comment allait-elle réagir ? Il but son verre d'une traite, se préparant à un cyclone...

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Elle eu un rire dont la fausseté était non-dissimulée. «Tu te moques de moi j'espère?» La menace se lisait sur ses lèvres, dans ses yeux, le long de son expression désabusée.

« Evidemment, tu devais te douter que j'ai la main mise sur les dossiers et rapports: Je sais qui entre et sort de cette ville; Je sais qui prépare des munitions et des vivres, tout autant que je sais combien de soldats prennent le large sur les vaisseaux destinés à cet effet...Es-tu idiot au point de venir me dire quelque chose que je savais déjà? »
Elle avait eu l'espoir que dans sa lâcheté, ou peut-être dans un éclair de lucidité, ai comprit qu'il n'avait rien à faire sur ce champs de bataille là. Mais non, il venait juste confirmer les soupçons de son amante. Elle commençait à être agacée par ce manque d'esprit et ses mots le faisaient déjà comprendre.

« Ecoute, je t'ai laissé l'occasion en te recevant aujourd'hui, de réfléchir à tes bêtises...Je ne suis moi même pas un monstre et je n'aurai pas envoyé une milice arbitraire arrêter ton équipage ou poser un décret interdisant à ton embarcation quitter le port. Tu me connais, je préfère d'abord parlementer. J'avais d'ailleurs été  bien heureuse de te voir te présenter ici par toi même!...Mais si c'est pour me dire ça....» Elle secoua la tête avec un air désappointé avant de prendre une nouvelle gorgée. Elle ne le comprenait pas...Quel genre de personne venait avouer ses tord tout en sachant bien qu'il se ferait punir? C'était irraisonné. Comme toujours, elle avait du mal à saisir ce qui se passait dans la tête de ce vaurien. Et comme toujours cela l'affectait plus qu'elle ne l'avait décidé au préalable. Il faisait tout pour troubler l'ordre de son monde. Etait-il vraiment venu en quête d'une quelconque bénédiction de sa part? En espérant que les mesures qu'elle avait cité plus tôt puisse lui éclairer l'esprit, il comprendrait qu'elle était tout à fait capable d'employer la manière forte s'il devenait rebelle à sa volonté. « Qu'est ce que tu veux Artane? Que je te dise "vas-y, sauve notre monde de ces immondices, mon héro!" » Son imitation de la jeune fille en détresse n'était pas parfaite, mais la caricature était bien présente. « Quel genre de héro penses tu être avec ta misérable bicoque?! »Son emportement soudain fut souligné par le bruit sec du verre qu'elle venait de poser sèchement. Elle lui épargnait la propagande du gouvernement, personne n'était dupe. Si les chimères avaient tué tant d'hommes sur l'ancien continent, elle ne feraient pas moins de morts ici. Les manants qui s'embarquaient en souvenir de leur femme égorgée et de leurs enfants laissés à une mort certaine entre les griffes des créatures n'avaient rien à perdre. Aucune barrière ne les protégeait du danger que représentaient l'ennemi; Pire encore, ils étaient presque obligés de rejoindre les forces. C'était leur devoir disait-on. Les plus aisés voyaient cela comme un sacrifice nécessaire. De toute façon ils avaient juste à attendre que tombent les têtes et les corps, que les soldats reviennent maculés de sangs mais victorieux. C'était une guerre, une de plus et sa place n'y était pas. Maintenant qu'Artane avait le choix de pouvoir se placer de l'autre côté des murailles, qu'il n'avait plus à servir de chair à canon, il décidait de rester dans les bas fonds avec les autres? Mais qu'est ce qui n'allait pas chez lui? Elle lui proposait le confort et la sécurité et lui préférait embarquer vers la mort.
Croyait-il réellement pouvoir sortir de cette demeure en tenant de tels propos? Rester prudent sur un champs de bataille...Eleonnora ne connaissait de la guerre que les récits qui en avait été rapportés toutefois elle pouvait très bien distinguer une idiotie tout droit sortie de la bouche d'un naïf. « Tu n'es rien qu'un petit marchand, si ce n'est un vaurien! Tu pourrais me demander des armures flamboyantes, des armes destructrices, des protections qu'aucun ne pourrait briser, mais toi, toi....tu restes obstiné à ramper dans la boue avec tes camarades! Et ton manque d'ambition n'est pas le plus pénible dans l'histoire... aujourd'hui je ne te propose pas le luxe, le confort et la célébrité, je te propose rester en vie! »

Elle ferma les yeux et inspira profondément. Elle ne savait si c'était l'alcool ou l'exaspération qui la chauffait ainsi mais elle tentait tant bien que mal de ne pas se laisser aller à ses émotions. Et les esprits savaient à quel point cela était dur. D'une voix plus douce, mais qu'on devinait contrainte, elle s'adressa de nouveau à son bien aimé. « Artane, écoute, artane...je ne vais pas y aller par quatre chemins; Je ne veux pas que tu ailles là bas. » Elle avait accompagné ses paroles d'une main délicatement posée sur sa joue. Ses yeux plantés dans les siens, il pouvait mesurer la détermination dont faisait preuve la demoiselle lorsqu'il s'agissait de convaincre quelqu'un. De toute manière c'était un ordre, rien de plus direct. Il savait bien que celui osait refuser de se soustraire s'exposait à des risques encore incalculés.

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Bon, la bonne nouvelle était qu'il ne fut pas percuté par un violent cyclone. Mais cela restait et demeurait une terrible tempête qu'il devait affronter. Et dès qu'elle eut commencer à parler, il veilla à se taire, car il la connaissait bien assez pour savoir que de la couper dans son discours serait de recevoir un retour peu agréable. Déjà que sa réaction lui fendait un peu le coeur. Il n'avait pas voulu la mettre au pied du mur de la sorte, sachant très bien qu'elle avait la main mise sur bien des informations. Après tout, elle tenait de son père, Crissolorio, qui avait été un expert dans ce domaine. Alors forcément, il n'avait eu aucune raison de lui mentir ou d'essayer de taire l'affaire. C'était déjà presque un exploit d'être venue la voir pour lui avouer cela, alors qu'elle était au courant de tout bien avant son arrivée. Ca aussi, il le savait. Et pourtant, il avait réussi à prendre son courage à deux mains pour venir la voir, une dernière fois avant de prendre la mer et de suivre l'armada qui terminait de se constituer avant d'aller affronter l'ennemi honni.

Il demeurait encore silencieux dans la suite du discours, pendant que sa bien aimée prenait un temps qui aurait fait réagir en émotions tout une foule passionnée d'art mélodramatique. Mais il était dommage pour elle d'être face à un homme qui savait encore jouer de faux semblants dans les paroles. Il la louait presque dans ses pensées de cette performance, ne pouvant encore plus apprécier sa détermination à vouloir le convaincre de changer d'avis sur su la bêtise qu'il avait osé commettre en prenant la folle décision de partir se battre. Et quand elle avait quelque chose en tête, elle y mettait les moyens.

Déterminée, obstinée... des traits qu'il appréciait chez elle, mais quand elle les employa pour essayer de le ramener à la raison, il sentit ses tripes se serrer quand à l'évocation de sa petite goélette en des termes peu élogieux. Le claquement du verre posé avec geste et fracas le fit même sursauter, avec cette pensée naissante d'un navire qui avait changé sa vie et qui n'était qu'une misérable bicoque. Comment pouvait-elle penser cela ? Là, il entendait bien la colère véritable dans sa voix. Mais même à cela, comment pouvait-elle penser une telle chose ? Avait-elle déjà oublié que lorsqu'elle l'avait retrouvée, presque par hasard, il n'était encore qu'un simple garde à l'avenir incertain, à la motivation branlante ? Et pour le reste, à l'entendre, il ne devait pas retourner à la fange qu'étaient les individus qui vivaient dans un monde moindre à celui de sa douce. Et pourtant, elle l'aimait. Elle l'aimait pour ce qu'il était. Enfin, normalement, pour ce qu'il était n'est ce pas ? Il chassa immédiatement ce doute. Après tous ce qu'ils avaient vécu tous les deux, il n'était pas qu'une simple amourette pour la jeune femme.

Il était vrai qu'il pourrait demeurer en vie, ne pas suivre l'armada en préparation. Mais qui deviendrait-il alors ? Un capitaine qui avait préféré fuir ? Ne pas s'investir à l'effort commun contre les Chimères, à rester à l'abri là où ne pourraient pas se le permettre, qui ne le pourraient jamais ? Il était certes un vaurien, mais il n''avait pas décidé de changer de voie pour demeurer un lâche. Pour Eleonnora, il était prêt à tout. Mais changer sa décision, cela, il ne le pouvait pas. Même pour demeurer à cent pour cent en vie. Il aurait pu lui sourire, la sourire qu'il s'en était toujours sorti, que la chance avait toujours été de son côté. Mais la future bataille serait la plus difficile qu'il aurait à mener ; il le savait. Tout le monde le savait. Comme bon nombre savait quel genre d'homme il était, à se retrouver presque ''privilégié'' d'être dans le coeur d'une femme qui se trouvait au sommet de la dirigeance de Caladon. Et cela faisait déjà jaser.

Eleonnora inspira un bon coup, essayant de calmer la colère qui l'avait saisi, avant de poser une main douce et chaleureuse sur la joue du capitaine, son bien aimé. Artane avait gardé le silence, la regardant droit dans les yeux, avant de fermer ses derniers tout en saisissant cette main, cette extension passionnée de cette âme qu'il aimait. Il la pressa dans la sienne, comme pour en garder la marque, le moindre de ses détails, de son odeur... Son empreinte, comme pour partir avec le plus doux des souvenirs. Et de ce qui lui demandait, il ne pouvait y accéder.

Il serra doucement sa main contre celle de sa douce. De ce qu'il allait dire, il savait qu'elle le prendrait.... très mal. Et cette fois, il chevauchait pleinement le courage qu'il avait réussi à trouver au plus profond de son être ; preuve qu'il avait changé, qu'il n'était plus le couard d'avant.

''La misérable bicoque qu'est mon navire est la chose, qui en plus de toi, a pu me permettre de retrouver un nouvel élan. Tu te rappelles quand je n'étais qu'un vulgaire garde de la cité, vivotant sans aucune vision d'avenir ? Grâce à toi, grâce à ce navire que tu considères comme une misérable coque qu'est la Rosée du Matin, j'ai trouvé l'aplomb nécessaire pour aller de l'avant, d'être un vaurien, mais un vaurien qui a malgré tout de l'ambition, même si tu crois le contraire. N'était-ce pas de l'ambition que de devenir capitaine de cette coque de noix tout en suivant malgré ma condition ? Ou, je sais déjà que ce que tu vas dire. Mais je ne veux pas être simplement être qu'un misérable vaurien dont tu t'es amouraché avant l'Exode, être l'homme qui sera source de sombres ragots à ton encontre. Tu te rappelles que j'étais prêt à tout pour toi ? Pour ne pas te décevoir ? Je ne veux pas être un boulet à tes propres ambitions Eleonnora. Je veux être le vaurien qui serve tes intérêts, tes ambitions, Et non un poids mort empli de lâcheté qui reste planqué, à l'abri,  et qui servirait à te montrer du doigt. "

Il serra les lèvres. Peut être qu'il sortait des énormités, mais tant pis, il était sincère dans ses paroles.

''J'ai presque terminé les préparatifs, je ne peux pas me dérober. Ce n'est pas une question de devoirs ou un truc similaire... C'est juste que...''

Diantre, mais pourquoi c'était si difficile d'exprimer ses ressentis !

''Je ne perdrai pas la vie. Je t'en fais la promesse. Crois au moins en mes paroles. ''

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Oh? Il se sentait insulté peut-être? Mais surement était-il bien placé pour savoir qu'il n'y avait que la vérité capable de blesser autant. La vérité, elle n'était pas bien plaisante aux yeux de la jeune femme. Pourquoi serait-elle la seule à en supporter le poids? A croire qu'elle avait toujours été la seule à souffrir de l'écart que la société, les gens, la famille, la distance et tout le reste pouvait créer. Elle s’inquiétait souvent de savoir combien de femmes se trouvaient à bord de son navire, s'il était proche de cette Luna ou bien s'il ne reprenait pas ses mauvaises habitudes de coureur de jupon...Et qu'en était-il de lui? Aurait-il pensé que son amante puisse ressentir le désir de fondre dans les bras d'un autre en son absence? Bien sur que non, il lui vouait une confiance aveugle...ou bien ce manque de jalousie dissimulait-il autre chose? Ne se languissait-il pas autant qu'elle lors de ses longs voyages au delà de l'horizon? Il est ardu de supporter l'absence d'un être cher aussi fréquemment; Aussi, ce qui devait arriver, arriva. Elle aurait préféré que tout reste dans l'ordre des choses et que ce soit lui qui craque en premier. Parce qu'au bout du compte, c'est comme ça qu'ils marchaient. Son insouciance faisait valser le quotidien strict de la conseillère et cette dernière était toujours là pour arranger les tracas derrière lui. Peut-être n'avait-elle pas été la seule à avoir craqué. Peut-être que lui aussi taisait de nombreux accrocs. Pourtant, la vérité restait intacte; Elle avait trahit sa confiance et s'était penchée sur la peau laiteuse  d'une autre. Elle s’en sentait d'autant plus coupable que cela avait étrangement suffit à combler ce trou béant, ce vide dans sa poitrine. Oui, honteusement, elle avouerait que cela avait même été terriblement agréable! Alors pourquoi serait-elle la seule à souffrir, encore une fois? La faute était également partagée! C'était sa faute à lui si elle avait un vide à combler! Sa faute s'il était autant absent! Sa faute s'il lui créait autant d’inquiétudes! Sa faute si elle était aussi faible!

Son esprit, fébrile sous l'effet de tant de colère peinait à raisonner correctement et voilà que resurgissaient toutes les peines que lui apportaient cette malheureuse relation. Tout ce qu'elle lui avait donné, qu'elle avait pardonné, qu'est ce qu'elle avait reçu en retour?
« C'est grâce à moi, en effet...»  Les yeux étincelants d'exaspération, la mâchoire serrée, elle dégagea sèchement sa mainla levant dans un geste brusque, comme menaçant de s'abattre à tout moment sur la joue de son amant.
« Après tout ce que je t'ai donné, c'est comme ça que tu me remercie?!» Elle sera le poing, se retenant de punir son insubordination. Elle était si faible face à lui.
« Mais après tout ça n'a jamais marché que dans ce sens...Le capitaine insoucieux qui part à l'aventure et la conseillère, toujours là pour laver les bavures. Oh pour m'emmener au vent, aux quatre coins de l'archipel, là il y a du monde mais quand il faut faire des efforts devant le Bourgmestre il n'y a plus personne! Ne me regarde pas comme ça Artane, tu sais très bien que tu as eu une chance phénoménale ce jour là! Alors n'essayes pas de faire passer tes "actes de bravoure" pour un effort que tu fais en ma faveur! Si tu pensais à autre chose que ta liberté, si tu prenais enfin des responsabilités, peut-être que tu me comprendrais... »
Bon, il fallait bien avouer que ses paroles dépassaient le discours et qu'elle se mettait à diverger. Toutefois il semblait que ce courroux lui donnait envie de lui cracher à la figure les multiples erreurs qu'elle lui avait pardonné par compassion. Mais s'il pouvait ne serait-ce qu'un instant se comporter en adulte, juste une fois dans sa vie! Parce que pour la conseillère, prendre le large, s'enfiler ce mauvais alcool de marin en riant grassement, faire le joyeux compagnons et s'amuser jouer avec le danger n'avait rien d'un comportement responsable. Elle n'allait pas nier le fait d'envier ces instants de liberté lorsqu'elle était maintenue dans son bureau à signer des papiers mais la vie d'adulte était faite de compromis. Pour pouvoir jouir de l'évasion, il fallait déjà être enfermé.« Si tu pensais vraiment à moi...si tu pensais vraiment à moi,  tu ne partirais pas vers une mort certaine!  »  N'y tenant plus elle s'était levée, remettant à plus tard l'idée de lui mettre sa main dans la figure.

« Alors maintenant, si c'est ce que tu choisis...vas! Mais tu auras fais ton choix: Moi ou cette foutue guerre!  »


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Il s'était attendu à réellement recevoir une gifle monumentale suite à ce qu'il avait osé dire à sa bien-aimée. Il avait un bref instant fermé les yeux, en pensant que cela allait venir. Mais en fait, rien ne vint. Dans la seconde suivante, il avait réouvert les yeux. Le poing de la jeune femme était serrée, quitte à enfoncer ses ongles jusqu'au sang. Elle était au bord de l'explosion, elle le sentait, parce qu'il arrivait à lui tenir tête, qu'il n'obtempérait pas à ses ordres. Il était vrai qu'elle avait de quoi se montrer convaincante parfois, et depuis leur toute première rencontre, il y a des années, il en avait fait les frais, en bien en entendu. Mais pour une fois qu'elle n'arrivait pas avoir gain de cause, qu'il ne répondait pas à ses souhaits. Cela lui faisait mal de penser qu'il la blessait en agissant de la sorte, il s'en voulait sérieusement. Mais il n'allait pas se dérober de la sorte. Il avait fait un choix et il allait s'y tenir. Sinon, ce serait faire preuve de lâcheté... Et comme il ne voulait pas être un lâche. ...

''Oui, c'est vrai, je te dois beaucoup. Et je tente de faire ce qu'il faut pour te rendre la pareille de manière honnête. Quand à mes bavures, oui, y a celle avec le Bourgmestre. Jamais je n'aurai du accepter de venir pour que tu me présentes à lui. Quelle chance avait-je réellement de convenir à sa personne et de mériter une place à ton bras ? Moi, un homme de basse extraction n'avait aucun intérêt à ses yeux et pour ton avenir. Alors dis moi quelle chance aurait pu se présenter à moi ? Même ton véritable père était largement plus ouvert que lui et savait profiter de la moindre bavure pour en tirer à son avantage ! Et quand à mes responsabilités, je les ai prises, à savoir de mériter ta place auprès du Bourgmestre de manière méritante. J'ai pris ces responsabilité pour ne pas tomber dans le jeu des intrigues et des magouilles politiques, pour la seule soif de pouvoir. Dis moi quelle aurait été cette chance phénoménale dans tout cela ? Servir de pantin ? Te servir de risée auprès des autres ? Être le petit exemple parfait du roturier servile pour égayer les soirées mondaines comme un petit toutou ? ''

Il avait reculé d'un pas, pour être certain de pas se prendre une possible gifle, qui aurait été méritée celle là aussi si elle venait réellement à voler. Jamais il n'aurait cru un jour tenir des propos de ce genre auprès de sa douce, avec cette tension de la voix. Il se sentait en même temps mal. les tripes serrées. Puis, il baissa un instant le regard, fuyant brièvement le regard acéré de sa belle. La décision allait être difficile et irrévocable. Il serra le poing tout en fermant les paupières. Puis, il les ouvrit, tournant la tête vers Eléonnora.

''Je pense justement à toi ! Je pense à toi pour t'épargner la possession d'une de ces choses en toi. Je pense à toi pour pas que tu te retrouver d'être qu'un réceptacle de chair. Que se passera-t-il si les Chimères ne sont pas arrêtées. Quelles seraient mes pensées de te voir posséder, d'être plus... Toi ! Si je prends la mer, c'est pour t'épargner l'horreur que nous avons tous vécu ! Je ne pourrai supporter qu'un tel risque se produise, quitte à choisir la guerre pour préserver ta vie. ''

Et avec ces derniers mots, il sut ce que cela allait lui coûter. Alors que par les Dieux Morts, il l'aimait ! Il l'aimait à un point qu'elle ne pouvait l'imaginer. Mais elle ne pourra comprendre et c'était légitime. Que penser de cette décision quand on voit son âme s'envoler guerroyer et de risque d'y laisser la vie ? Les Chimères n'étaient pas des adversaires communs. Il tourna légèrement la tête, essayant de pas totalement perdre de vue son si beau visage, qui revêtait le masque de la colère

''La guerre contre les Chimères nous concernent tous. Et si j'y vais, c'est pour pas que tu es à t'y rendre ! Tu mérites d'avoir la vie que tu as toujours souhaitée, Eleonnora. Et non dans la terreur et la mort qu'apportent les Chimères. Je t'aime Eléonnora, et je t'aimerai toujours quoi qu'il arrive... ''

Elle ne lui pardonnera le choix qu'il venait de prendre.

descriptionEmbarquement pour le combat  EmptyRe: Embarquement pour le combat

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La demoiselle n'en croyait pas ses oreilles. C'était bien la première fois qu'on lui tenait autant tête. Mais surtout...surtout lui! Pour qui se prenait-il? Elle lui vouait peut-être un respect au delà du raisonnable mais il devrait comprendre que la hiérarchie qui s'instituait dans la vie s'appliquait aussi à leur couple. Ce gredin avait sans aucun doute oublié qu'à la moindre dispute sa dulcinée était en capacité de le faire exécuter sans la moindre formalité. Bien évidemment il lui restait un coeur et jamais n'aurait-elle été capable de telles atrocités. Contrairement à ce que certains incapables pouvaient penser, elle n'avait rien de despotique et la violence ne faisait à vrai dire pas réellement partie de son quotidien. Elle ne s'y confrontait plus délibérément comme dans sa jeunesse où sa naïveté frôlait l'inconscience et préférait discrètement graisser la patte à un mercenaire avide lorsque son intégrité physique se trouvait en danger. Après tout elle avait apprit, à ses dépends, que le combat n'était pas son fort. Cela ne l'empêchait pas pour autant de se sentir supérieure. Bien au contraire, la réflexion, le pouvoir du savoir (et aussi de l'argent) prévalait sur ces gros tas de muscles. C'était en partie pourquoi elle avait du mal à supporter une grande partie des Délimarien. Mais elle n'allait pas en faire toute une histoire, elle tentait de refréner ses instincts belliqueux depuis qu'elle avait eu cette conversation avec le Bourgmestre. Au vu de sa future position, il était question de compromis, plus que de rapport de force. C'était pourtant sans dire qu'elle se forçait. Car on pouvait dire ce que l'on voulait, en définitif la demoiselle avait du mal à encadrer ceux qui pensaient que sa vision des choses n'était pas la bonne. De toute façon, même si en terme d'économie, de politique et même d'amour il y avait de nombreux chemins que l'on pouvait prendre, le sien était forcément le meilleur. Artane devait en être conscient. Mais peut-être était-ce bien impossible pour quelqu'un de sa caste de comprendre les véritables enjeux de la vie de son amante.

Elle se demandait à quel moment tout avait commencé à déraper entre eux...Il avaient commencé par s'éloigner, puis c'étaient les retours et enfin les lettres qui s'étaient espacées. Et finalement la solitude, le regret du passé et que son retour ne faisait resurgir que les inquiétudes liées à ses absences. Comme le ressac des vagues sur le port, il partait et revenait avec toujours plus de force, plus elle le voyait, plus elle s'angoissait à force de le voir partir. Plus elle tentait de le retenir, plus il fuyait. Et à force, comme il disait si bien, cette liberté qu'elle admirait chez lui était devenue insoutenable. L'entendre dire si haut, si fort, lui faisait monter le rouge aux joues. Oh bien évidemment qu'elle avait de nombreux torts dans leur relation, mais s'il y mettait du sien, peut-être que cela ne se serait pas passé de cette manière. Le fruit de leur passion n'était-il donc que la mélancolie finalement? Il avait perdu son estime. Il avait usé son amour. Elle était prête, à cet instant même, à l'abandonner. Garderait-elle quelque bon souvenir du pauvre misérable qui l’avait déshonorée de son amour? Penserait-elle que ses lèvres l’ont embrassée et que ses cheveux l’ont enveloppé et que ses bras l’ont tenu contre son coeur? A cette instant, la bouche remplie de haine, elle ne pensait plus. Après tout il fallait bien qu'elle s'arme contre le choix qu'il allait prendre.
« J'espère qu'avant de mourir tu penseras à la décision que tu as prise aujourd'hui Artane. » Elle le regarda tourner les talon sans se départir de cette expression de rage. Elle ne se lança pas à sa poursuite. Le claquement de ses pas résonnaient dans sa tête, assourdis par la colère. Elle n'avait pas bougé d'un pouce, fixant toujours l'encadrement de la porte entrouverte. Tentant de se contenir, elle serra la mâchoire, les paupières, les poings...rien n'y faisait, elle allait éclater. Dans un cri hystérique elle attrapa le premier objet qui lui passait sous la main (c'est à dire un merveilleux vase en cristal sculpté, un lointain cadeaux de sa sœur) et le fracassa contre le mur. En bas, on entendit la porte claquer avec précipitation. Ah oui, pour son bien et celui de tous, valait-il mieux qu'il déguerpisse au plus vite celui ci.

descriptionEmbarquement pour le combat  EmptyRe: Embarquement pour le combat

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