Keetech se tenait immobile sur la pointe de l’extrême nord de Calastin et mirait les pointes givrées des crocs-de givre d’un air rêveur. Elle s’éloignait rarement de ce lieu, sauf pour chasser et se dégourdir les ailes, en fendant les nuées, mais toujours celle-ci restait vigilante car sous ces flots glacés et tumultueux reposait le plus précieux des trésors : l’œuf qui abritait sa future progéniture. La Saurienne veillait jalousement sur cet écrin mirifique qui abritait la vie Draconique et l’engeance issue de ses amours avec Verith, le dragon de l’Ire. Elle l’avait porté dans son sein, le sentant se développer un peu plus chaque jour, le cœur gonflé de félicité, jusqu’au moment de la ponte. La reine des nuées avait choisi pour abriter son œuf, un endroit secret inaccessible aux bipèdes, car elle savait à quelles extrémités pouvaient les conduire leur avidité. A présent, il restait peu de temps avant l’éclosion et Quartzécaille, pressentant l’imminence de ce moment, ne désirait manquer cet instant de ravissement pour rien au monde.
L’écailleuse huma l’air que le mois de Mai emplissait d’une douceur printanière, savourant l’odeur iodée de l’océan mélangée au parfum de la pluie et ses sens surdéveloppés en capturaient le moindre effluve. Puis, la reine des nuées s’élança en direction de l’étendue marine et sa silhouette gigantesque perça la surface des flots, soulevant des vagues colossales et des nuages de gerbes d’écumes.
Elle nagea en direction des crocs-de-givre, dont les pics de glace, scintillaient sous les rayons du soleil, semblables à des dents de diamants. Les bipèdes évitaient de s’approcher de cet endroit difficilement accessible, réputé parmi les navigateurs pour sa dangerosité et surnommé par certains le « Tombeau Diamantin ». La violence des courants marins formaient parfois des maelströms et la présence d’icebergs représentaient un péril mortel pour les navires, sans oublier les nombreux récifs sur lesquels ceux-ci risquaient de s’échouer à tout moment. En somme, ces eaux mortelles représentaient le lieu parfait pour dissimuler un œuf de dragon.
En s’enfonçant dans les méandres de cet univers océanique, la Saurienne admirait la splendeur des profondeurs marines et ses prunelles céruléennes s’extasiaient devant ce spectacle. Autour d’elle, des bancs de poissons argentés exécutaient un ballet aquatique, évoluant avec grâce et rapidité au sein de cet environnement aqueux, semblables aux oiseaux voltigeant dans le firmament. Elle croisa en chemin des grandes baleines bleues, véritables mastodontes des mers, mais à la taille dérisoire comparativement à la sienne. Leur chant étrange et envoûtant résonnait et, en d’autres temps, Quartzécaille se serait lancée dans la chasse aux mammifères marins mais aujourd’hui ses pensées étaient accaparées par un événement autrement plus important. La naissance de son enfant. D’ailleurs, le futur dragonnet était-il une femelle ou d’un mâle ? Pour l’heure, le mystère demeurait entier car l’œuf n’avait pas encore éclos.
Et au fond, peu lui importait, l’écailleuse savait que ce dragonnet serait aimé car elle l’avait ardemment désiré, au point de faire l’impossible pour vaincre les réticences de son compagnon. En effet, en dépit de son désir, l’Ecarlate était habité par la peur d’engendrer une autre progéniture en raison de la menace que représentaient les bipèdes. La peur habitait également le cœur de Keetech mais son désir et la force de son instinct maternel surpassaient ses craintes. La peur n’évitait pas le danger, le courage non plus, mais la peur rendait faible et le courage rendait fort. Et peu importe, les dangers qui menaceraient les siens, elle les protégerait. Quarzécaille s’en faisait le serment. Pour eux, elle deviendrait invincible.
Keetech traversa un lieu désolé qu’elle nommait « le cimetière des bateaux » car ce dernier abritait de nombreux navires naufragés, infortunées victimes de la férocité des crocs-de-givre. Cette dernière observait toujours avec curiosité ces vestiges de navires, construits par les bipèdes pour voyager sur les eaux, et anéantis par la fureur des éléments. Parfois des objets insolites se dissimulaient à l’intérieur de leurs carcasses éventrées, des caisses remplies de pierreries ainsi que de ces métaux précieux que les deux-pattes nommaient or.
Les courants marins avaient sculpté les récifs et les roches, formant de singulières sculptures aux formes exubérantes. Et, à certains endroits, ces chefs-d’œuvre troglodytes évoquaient l’architecture bipédique. La dragonne de l’orage ignorait s’il s’agissait des restes de cités englouties ou si la nature, telle un artiste de génie, s’était chargée de ce travail de sculpteur et, inlassablement, avait façonné les récifs marins, leur donnant des formes défiant l’imagination. Elle poursuivit sa plongée en direction des profondeurs océaniques, se mouvant dans les eaux salées avec célérité. Si les cieux demeuraient son environnement de prédilection, celle-ci appréciait également les fonds marins et les merveilles naturelles qu’ils abritaient. La beauté époustouflante de la faune et la flore aquatique, les animaux marins, les récifs de coraux et les abysses, sanctuaires inviolés où d’étranges créatures se dissimulaient.
Une fois parvenue au cœur des profondeurs abyssales, Quartzécaille s’arrêta devant l’entrée d’une gigantesque cavité sous-marine. Seul un antre aux proportions titanesques pouvait contenir son immense silhouette reptilienne ainsi que celle de Verith. Au fin fond de ce nid caverneux que Keetech avait aménagé avec amour, car rien n’était trop beau pour le futur dragonnet, se trouvait dissimulé son œuf. L’écailleuse avait pris soin de décorer l’antre avec des coraux multicolores, des cristaux étincelants, des morceaux de roches phosphorescentes et même des objets dégotés dans des navires bipèdes. Le nid ressemblait à une véritable tanière au trésor et le dragonnet vivrait ses premiers instants dans un lieu mirifique au décor enchanteur.
En observant cet œuf magnifique et à l’apparence insolite, autant par son aspect que par sa taille, la plus grosse connue de mémoire Draconique ; la dragonne de Quartz se remémora avec mélancolie sa première grossesse et l’éclosion de Nynsith. A l’époque, elle s’était sentie terriblement seule.
Verith était parti pour Ambarhùna, la laissant en arrière et c’est seulement après son départ que celle-ci avait découvert son état. Puis Nynsith était née et avait grandi privée d’un père. Keetech l’avait élevée seule, du mieux qu’elle pouvait, lui contant dans ses récits le dragon qu’était son père. La reine des nuées avait patienté des années durant, guettant son retour au bord de l’océan, jusqu’au jour où elle s’était décidée à franchir l’immensité marine, en compagnie de sa fille, pour le rejoindre. La dragonne de l’orage avait toujours ressenti une grande tristesse à l’idée que l’Ecarlate n’avait pas pu profiter des premiers instants de sa fille ni de ses jeunes années. Désormais, elle espérait que ce manque pourrait être comblé et que Verith assisterait à l’éclosion de l’œuf et serait en mesure de jouer son rôle de père à ses côtés. Nynsith aussi serait présente pour ce grand événement en sa qualité de grande sœur, à défaut d’assister à l’éclosion de son propre œuf. Keetech s’inquiétait pour sa fille qui avait préféré abandonné son dragonnet, conçu lors d’une union non consenti, et confier l’œuf aux bons soins de Kaalys. Même si cela l’attristait, celle-ci respectait son choix et ne la jugeait pas. Au moins, Nynsith serait présente lors de la naissance de son frère ou de sa sœur. La première arrivée à l’intérieur de la caverne, la future mère observait l’œuf aux proportions impressionnantes et aux tons bicolores, mêlant la pureté de l’or à l’obscurité de l’obsidienne, teintée de pourpre. Les deux couleurs, pourtant si différentes, se mélangeaient harmonieusement grâce à de délicats entrelacs d’arabesques. Une puissante magie pulsait à travers l’œuf montrant qu’il était sur le point d’éclore.
L’écailleuse huma l’air que le mois de Mai emplissait d’une douceur printanière, savourant l’odeur iodée de l’océan mélangée au parfum de la pluie et ses sens surdéveloppés en capturaient le moindre effluve. Puis, la reine des nuées s’élança en direction de l’étendue marine et sa silhouette gigantesque perça la surface des flots, soulevant des vagues colossales et des nuages de gerbes d’écumes.
Elle nagea en direction des crocs-de-givre, dont les pics de glace, scintillaient sous les rayons du soleil, semblables à des dents de diamants. Les bipèdes évitaient de s’approcher de cet endroit difficilement accessible, réputé parmi les navigateurs pour sa dangerosité et surnommé par certains le « Tombeau Diamantin ». La violence des courants marins formaient parfois des maelströms et la présence d’icebergs représentaient un péril mortel pour les navires, sans oublier les nombreux récifs sur lesquels ceux-ci risquaient de s’échouer à tout moment. En somme, ces eaux mortelles représentaient le lieu parfait pour dissimuler un œuf de dragon.
En s’enfonçant dans les méandres de cet univers océanique, la Saurienne admirait la splendeur des profondeurs marines et ses prunelles céruléennes s’extasiaient devant ce spectacle. Autour d’elle, des bancs de poissons argentés exécutaient un ballet aquatique, évoluant avec grâce et rapidité au sein de cet environnement aqueux, semblables aux oiseaux voltigeant dans le firmament. Elle croisa en chemin des grandes baleines bleues, véritables mastodontes des mers, mais à la taille dérisoire comparativement à la sienne. Leur chant étrange et envoûtant résonnait et, en d’autres temps, Quartzécaille se serait lancée dans la chasse aux mammifères marins mais aujourd’hui ses pensées étaient accaparées par un événement autrement plus important. La naissance de son enfant. D’ailleurs, le futur dragonnet était-il une femelle ou d’un mâle ? Pour l’heure, le mystère demeurait entier car l’œuf n’avait pas encore éclos.
Et au fond, peu lui importait, l’écailleuse savait que ce dragonnet serait aimé car elle l’avait ardemment désiré, au point de faire l’impossible pour vaincre les réticences de son compagnon. En effet, en dépit de son désir, l’Ecarlate était habité par la peur d’engendrer une autre progéniture en raison de la menace que représentaient les bipèdes. La peur habitait également le cœur de Keetech mais son désir et la force de son instinct maternel surpassaient ses craintes. La peur n’évitait pas le danger, le courage non plus, mais la peur rendait faible et le courage rendait fort. Et peu importe, les dangers qui menaceraient les siens, elle les protégerait. Quarzécaille s’en faisait le serment. Pour eux, elle deviendrait invincible.
Keetech traversa un lieu désolé qu’elle nommait « le cimetière des bateaux » car ce dernier abritait de nombreux navires naufragés, infortunées victimes de la férocité des crocs-de-givre. Cette dernière observait toujours avec curiosité ces vestiges de navires, construits par les bipèdes pour voyager sur les eaux, et anéantis par la fureur des éléments. Parfois des objets insolites se dissimulaient à l’intérieur de leurs carcasses éventrées, des caisses remplies de pierreries ainsi que de ces métaux précieux que les deux-pattes nommaient or.
Les courants marins avaient sculpté les récifs et les roches, formant de singulières sculptures aux formes exubérantes. Et, à certains endroits, ces chefs-d’œuvre troglodytes évoquaient l’architecture bipédique. La dragonne de l’orage ignorait s’il s’agissait des restes de cités englouties ou si la nature, telle un artiste de génie, s’était chargée de ce travail de sculpteur et, inlassablement, avait façonné les récifs marins, leur donnant des formes défiant l’imagination. Elle poursuivit sa plongée en direction des profondeurs océaniques, se mouvant dans les eaux salées avec célérité. Si les cieux demeuraient son environnement de prédilection, celle-ci appréciait également les fonds marins et les merveilles naturelles qu’ils abritaient. La beauté époustouflante de la faune et la flore aquatique, les animaux marins, les récifs de coraux et les abysses, sanctuaires inviolés où d’étranges créatures se dissimulaient.
Une fois parvenue au cœur des profondeurs abyssales, Quartzécaille s’arrêta devant l’entrée d’une gigantesque cavité sous-marine. Seul un antre aux proportions titanesques pouvait contenir son immense silhouette reptilienne ainsi que celle de Verith. Au fin fond de ce nid caverneux que Keetech avait aménagé avec amour, car rien n’était trop beau pour le futur dragonnet, se trouvait dissimulé son œuf. L’écailleuse avait pris soin de décorer l’antre avec des coraux multicolores, des cristaux étincelants, des morceaux de roches phosphorescentes et même des objets dégotés dans des navires bipèdes. Le nid ressemblait à une véritable tanière au trésor et le dragonnet vivrait ses premiers instants dans un lieu mirifique au décor enchanteur.
En observant cet œuf magnifique et à l’apparence insolite, autant par son aspect que par sa taille, la plus grosse connue de mémoire Draconique ; la dragonne de Quartz se remémora avec mélancolie sa première grossesse et l’éclosion de Nynsith. A l’époque, elle s’était sentie terriblement seule.
Verith était parti pour Ambarhùna, la laissant en arrière et c’est seulement après son départ que celle-ci avait découvert son état. Puis Nynsith était née et avait grandi privée d’un père. Keetech l’avait élevée seule, du mieux qu’elle pouvait, lui contant dans ses récits le dragon qu’était son père. La reine des nuées avait patienté des années durant, guettant son retour au bord de l’océan, jusqu’au jour où elle s’était décidée à franchir l’immensité marine, en compagnie de sa fille, pour le rejoindre. La dragonne de l’orage avait toujours ressenti une grande tristesse à l’idée que l’Ecarlate n’avait pas pu profiter des premiers instants de sa fille ni de ses jeunes années. Désormais, elle espérait que ce manque pourrait être comblé et que Verith assisterait à l’éclosion de l’œuf et serait en mesure de jouer son rôle de père à ses côtés. Nynsith aussi serait présente pour ce grand événement en sa qualité de grande sœur, à défaut d’assister à l’éclosion de son propre œuf. Keetech s’inquiétait pour sa fille qui avait préféré abandonné son dragonnet, conçu lors d’une union non consenti, et confier l’œuf aux bons soins de Kaalys. Même si cela l’attristait, celle-ci respectait son choix et ne la jugeait pas. Au moins, Nynsith serait présente lors de la naissance de son frère ou de sa sœur. La première arrivée à l’intérieur de la caverne, la future mère observait l’œuf aux proportions impressionnantes et aux tons bicolores, mêlant la pureté de l’or à l’obscurité de l’obsidienne, teintée de pourpre. Les deux couleurs, pourtant si différentes, se mélangeaient harmonieusement grâce à de délicats entrelacs d’arabesques. Une puissante magie pulsait à travers l’œuf montrant qu’il était sur le point d’éclore.