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Keetech se tenait immobile sur la pointe de l’extrême nord de Calastin et mirait les pointes givrées des crocs-de givre d’un air rêveur. Elle s’éloignait rarement de ce lieu, sauf pour chasser et se dégourdir les ailes, en fendant les nuées, mais toujours celle-ci restait vigilante car sous ces flots glacés et tumultueux reposait le plus précieux des trésors : l’œuf qui abritait sa future progéniture. La Saurienne veillait jalousement sur cet écrin mirifique qui abritait la vie Draconique et l’engeance issue de ses amours avec Verith, le dragon de l’Ire. Elle l’avait porté dans son sein, le sentant se développer un peu plus chaque jour, le cœur gonflé de félicité, jusqu’au moment de la ponte. La reine des nuées avait choisi pour abriter son œuf, un endroit secret inaccessible aux bipèdes, car elle savait à quelles extrémités pouvaient les conduire leur avidité. A présent, il restait peu de temps avant l’éclosion et Quartzécaille, pressentant l’imminence de ce moment, ne désirait manquer cet instant de ravissement pour rien au monde.

L’écailleuse huma l’air que le mois de Mai emplissait d’une douceur printanière, savourant l’odeur iodée de l’océan mélangée au parfum de la pluie et ses sens surdéveloppés en capturaient le moindre effluve. Puis, la reine des nuées s’élança en direction de l’étendue marine et sa silhouette gigantesque perça la surface des flots, soulevant des vagues colossales et des nuages de gerbes d’écumes.

Elle nagea en direction des crocs-de-givre, dont les pics de glace, scintillaient sous les rayons du soleil, semblables à des dents de diamants. Les bipèdes évitaient de s’approcher de cet endroit difficilement accessible, réputé parmi les navigateurs pour sa dangerosité et surnommé par certains le « Tombeau Diamantin ». La violence des courants marins formaient parfois des maelströms et la présence d’icebergs représentaient un péril mortel pour les navires, sans oublier les nombreux récifs sur lesquels ceux-ci risquaient de s’échouer à tout moment. En somme, ces eaux mortelles représentaient le lieu parfait pour dissimuler un œuf de dragon.

En s’enfonçant dans les méandres de cet univers océanique, la Saurienne admirait la splendeur des profondeurs marines et ses prunelles céruléennes s’extasiaient devant ce spectacle. Autour d’elle, des bancs de poissons argentés exécutaient un ballet aquatique, évoluant avec grâce et rapidité au sein de cet environnement aqueux, semblables aux oiseaux voltigeant dans le firmament.  Elle croisa en chemin des grandes baleines bleues, véritables mastodontes des mers, mais à la taille dérisoire comparativement à la sienne. Leur chant étrange et envoûtant résonnait et, en d’autres temps, Quartzécaille se serait lancée dans la chasse aux mammifères marins mais aujourd’hui ses pensées étaient accaparées par un événement autrement plus important. La naissance de son enfant. D’ailleurs, le futur dragonnet était-il une femelle ou d’un mâle ? Pour l’heure, le mystère demeurait entier car l’œuf n’avait pas encore éclos.

Et au fond, peu lui importait, l’écailleuse savait que ce dragonnet serait aimé car elle l’avait ardemment désiré, au point de faire l’impossible pour vaincre les réticences de son compagnon. En effet, en dépit de son désir, l’Ecarlate était habité par la peur d’engendrer une autre progéniture en raison de la menace que représentaient les bipèdes.  La peur habitait également le cœur de Keetech mais son désir et la force de son instinct maternel surpassaient ses craintes. La peur n’évitait pas le danger, le courage non plus, mais la peur rendait faible et le courage rendait fort.  Et peu importe, les dangers qui menaceraient les siens, elle les protégerait. Quarzécaille s’en faisait le serment. Pour eux, elle deviendrait invincible.

Keetech traversa un lieu désolé qu’elle nommait « le cimetière des bateaux » car ce dernier abritait de nombreux navires naufragés, infortunées victimes de la férocité des crocs-de-givre. Cette dernière observait toujours avec curiosité ces vestiges de navires, construits par les bipèdes pour voyager sur les eaux, et anéantis par la fureur des éléments. Parfois des objets insolites se dissimulaient à l’intérieur de leurs carcasses éventrées, des caisses remplies de pierreries ainsi que de ces métaux précieux que les deux-pattes nommaient or.

Les courants marins avaient sculpté les récifs et les roches, formant de singulières sculptures aux formes exubérantes. Et, à certains endroits, ces chefs-d’œuvre troglodytes évoquaient l’architecture bipédique. La dragonne de l’orage ignorait s’il s’agissait des restes de cités englouties ou si la nature, telle un artiste de génie, s’était chargée de ce travail de sculpteur et, inlassablement, avait façonné les récifs marins, leur donnant des formes défiant l’imagination.  Elle poursuivit sa plongée en direction des profondeurs océaniques, se mouvant dans les eaux salées avec célérité. Si les cieux demeuraient son environnement de prédilection, celle-ci appréciait également les fonds marins et les merveilles naturelles qu’ils abritaient. La beauté époustouflante de la faune et la flore aquatique, les animaux marins, les récifs de coraux et les abysses, sanctuaires inviolés où d’étranges créatures se dissimulaient.

Une fois parvenue au cœur des profondeurs abyssales, Quartzécaille s’arrêta devant l’entrée d’une gigantesque cavité sous-marine. Seul un antre aux proportions titanesques pouvait contenir son immense silhouette reptilienne ainsi que celle de Verith.  Au fin fond de ce nid caverneux que Keetech avait aménagé avec amour, car rien n’était trop beau pour le futur dragonnet, se trouvait dissimulé son œuf. L’écailleuse avait pris soin de décorer l’antre avec des coraux multicolores, des cristaux étincelants, des morceaux de roches phosphorescentes et même des objets dégotés dans des navires bipèdes. Le nid ressemblait à une véritable tanière au trésor et le dragonnet vivrait ses premiers instants dans un lieu mirifique au décor enchanteur.

En observant cet œuf magnifique et à l’apparence insolite, autant par son aspect que par sa taille, la plus grosse connue de mémoire Draconique ; la dragonne de Quartz se remémora avec mélancolie sa première grossesse et l’éclosion de Nynsith. A l’époque, elle s’était sentie terriblement seule.

Verith était parti pour Ambarhùna, la laissant en arrière et c’est seulement après son départ que celle-ci avait découvert son état. Puis Nynsith était née et avait grandi privée d’un père. Keetech l’avait élevée seule, du mieux qu’elle pouvait, lui contant dans ses récits le dragon qu’était son père. La reine des nuées avait patienté des années durant, guettant son retour au bord de l’océan, jusqu’au jour où elle s’était décidée à franchir l’immensité marine, en compagnie de sa fille, pour le rejoindre. La dragonne de l’orage avait toujours ressenti une grande tristesse à l’idée que l’Ecarlate n’avait pas pu profiter des premiers instants de sa fille ni de ses jeunes années. Désormais, elle espérait que ce manque pourrait être comblé et que Verith assisterait à l’éclosion de l’œuf  et serait en mesure de jouer son rôle de père à ses côtés.  Nynsith aussi serait présente pour ce grand événement en sa qualité de grande sœur, à défaut d’assister à l’éclosion de son propre œuf. Keetech s’inquiétait pour sa fille qui avait préféré abandonné son dragonnet, conçu lors d’une union non consenti, et confier l’œuf aux bons soins de Kaalys. Même si cela l’attristait, celle-ci respectait son choix et ne la jugeait pas. Au moins, Nynsith serait présente lors de la naissance de son frère ou de sa sœur.  La première arrivée à l’intérieur de la caverne, la future mère observait l’œuf aux proportions impressionnantes et aux tons bicolores, mêlant la pureté de l’or à l’obscurité de l’obsidienne, teintée de pourpre. Les deux couleurs, pourtant si différentes, se mélangeaient harmonieusement grâce à de délicats entrelacs d’arabesques. Une puissante magie pulsait à travers l’œuf montrant qu’il était sur le point d’éclore.

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¤ Est-il caché? Est-il en sûreté? ¤

Un dragonnet … cette simple pensée se faisait hérisser les écailles de tout son corps comme les poils d’un bipède. Oh certes, le danger pour le bébé à naitre était moindre avec la défaite des chimères, mais restait encore le danger du lien et des bipèdes. L’arrivée de ce nouveau-né ne présageait rien de bon pour les ennemis de Verith. Il n’y a rien de plus dangereux qu’un parent qui désire protéger son enfant. Le rouge n’était déjà pas doté d’une grande patience, mais cela ne risquait pas de s’arranger maintenant. Nombre de cadavres allaient à présent joncher son sillage. De potentielles menaces de moins pour son enfant se dirait-il. Si c’était déjà le cas pour Nynsith, cette dernière avait au moins le mérite d’être née sur le continent sauvage, d’avoir appris à se battre et d’être plus imposante qu’un nouveau-né. En somme elle pouvait se défendre un peu ce qui permettait au rouge d’être légèrement moins stressé. Mais il ne se voyait pas aujourd’hui laisser sa future progéniture s’éloigner de lui. Déjà, décider où la ponte avait eu lieu et où l’œuf allait être entreposé en attendant sa naissance avait été éprouvant. Keetech avait dû pondre à un endroit. Ensuite le couple et l’œuf s’étaient déplacés ailleurs. L’idée que son enfant puisse lui être dérobé comme cela avait été le cas pour sa mère avec Cynoë lui faisait faire des cauchemars la nuit. Il avait même failli décider d’incendier les plus grandes villes bipèdes afin qu’ils soient trop occupés à gérer leur désolation pour venir enlever son œuf. Heureusement pour eux, cette extrémité ne s’était pas avérée nécessaire. Nynsith avait proposé l’endroit parfait à ses parents. Elle qui passait le plus clair de son temps sous l’eau avait dégoté une cavité sous-marine au nord de la mer de Reshenta, en dessous des crocs-du-givre. La proposition avait plus aux parents qui après inspection avaient fait ce choix. La profondeur sous-marine dissuaderait les bipèdes de venir. Mais plus encore, le récif du croc-du-givre leur assurerait une mort plus que probable. Dans un premier temps, l’enfant de l’orage avait pris soin de déplacer certains des icebergs afin de modifier les courants et prendre l’approche encore plus complexe. Avec un peu de chance, la difficulté et le danger de mort imminente dissuaderaient le tout-venant. Enfin, quelqu’un était toujours présent pour veiller sur l’œuf. Soit Keetech, soit Nynsith, soit Verith. Le fils de Skade refusait catégoriquement que celui-ci soit sans surveillance. Quelqu’un devait être là pour le défendre si besoin. Les précautions presque maladives portèrent toutefois leurs fruits. L’heure de l’éclosion approchait à grands pas et aucun mal n’était arrivé à l’œuf. Toutefois, à mesure que l’instant décisif approchait, le rouge devenait de plus en plus paranoïaque. L’ennemi frappe toujours lorsque la vigilance est là moins forte !

Keetech était sortie et Verith gardait donc l’œuf. Il avait fait s’enrouler son fils d’or autour et le gardait précieusement collé contre son poitrail. Il était prêt, à tout moment, à déguerpir si un individu non autorisé se présentait. Le rouge n’avait pas l’intention de se battre en présence de sa progéniture. La fuite serait donc la meilleure option. Outre l’immense inquiétude qui habitait le cœur du colosse de flamme, une immense fierté gagnait son cœur. L’œuf de sa progéniture était … démesuré ? Oui, c’était le terme. De mémoire de dragon, peu d’œufs aussi gros avaient été pondus. Verith nourrissait l’espoir non dissimulé que le dragonnet à naitre soit une véritable singularité, mais dans le bon sens du terme. Un être d’une grande puissance, capable de se défendre sans l’aide de ses parents afin que son père ne soit pas trop inquiet. Peut-être même que les profonds sentiments d’appréhension avaient eu une influence sur la grossesse de Keetech. Quoi qu’il en soit, le colérique aimait déjà le petit être qui se trouvait à l’intérieur. Et s’il avait peur d’être père, du moins une nouvelle fois, il en était également très heureux. Cependant, le rouge était aussi triste. Triste, car ce nouvel enfant ne verrait pas le jour sur le continent sauvage. Toutefois, en guise de consolation, il naitrait au milieu de sa famille et plus que tout pas sur Ambarhùna, pas sur l’ancienne terre des dragons dont les dragons avaient abandonné la possession aux bipèdes.

Le dragon de l’ire ne désespérait pas pour autant. Sa femme lui avait donné une idée quand cette dernière s’était mise à décorer la grotte sous-marine, lieu de naissance de leur futur enfant. Verith aussi allait lui faire un cadeau. S’il ne pouvait l’amener sur le continent sauvage, alors il amènerait le continent sauvage à lui. Lentement, avec application, du bout de la griffe, à l’aide de ses flammes, de ses souvenirs et des divers éléments qu’il trouvait autour de lui, l’enfant de l’orage commença à dessiner sur le sol. Au mieux qu’il pouvait et avec un maximum de détails, le rouge griffa le sol, creusa des sillons où il fit couler l’eau, fit des tas dont soit il enflamma légèrement le sommet soit il gela le sommet, disposa de la mousse en guise de forêt. Lentement, mais surement, Verith dessinait en relief et avec le maximum d’exhaustivité le continent sauvage tel qu’il s’en souvenait. À mesure qu’il faisait cela, le rouge parlait à l’œuf, lui disant ce qu’il faisait, lui disait ce qu’il dessinait, lui disant comment s’appelaient les régions, lui disant ce qu’on trouvait dans ces régions.

« Un jour, nous retournerons là-bas, auprès des nôtres. »

Du bruit se fit entendre au loin et le rouge sembla se figer. Étendant son esprit il reconnut Keetech. Cette dernière s’en retournait vers l’œuf. Fort bien. L’éclosion ne tarderait plus. Verith pouvait sentir la coquille bouger légèrement comme si l’être vivant à l’intérieur frétillait à l’idée de sortir. Avec une infinie le dragon posa l’œuf à l’endroit aménagé pour l’accueillir.

Sa fille, Nynsith, aussi serait présente. Cette dernière avait connu un moment difficile. Elle-même avait donné naissance à un œuf. Le rouge aurait pu s’en réjouir si cela s’était fait en d’autres circonstances. Le père était un ancien lié, ce qui déjà le mettait en rage, mais plus encore elle était tombée enceinte lorsqu’il avait été possédé une chimère. Elle et Kaalys avaient tous deux étaient possédés et les chimères avaient décidé de passer du bon temps. Verith s’était vu arracher la tête du dragon blanc. Heureusement pour lui qu’il avait pour défense le fait d’avoir été possédé, sans quoi il aurait déchiqueté le corps de celui-ci. Après une houleuse discussion entre les trois, l’enfant de l’orage et Kaalys étaient tombés d’accord pour que l’ancien lié s’en aille avec l’œuf. Sa fille ne savait tolérer voir cette progéniture qu’elle ne reconnaissait ni ne voulait. Le rouge ne pouvait que la comprendre. En revanche, faire disparaitre l’œuf comme elle l’aurait souhaité n’était pas une bonne idée. La moins mauvaise de toute avait été de laisser le blanc l’emporter. Verith ne pouvait espérer d’une chose que la part de dragon libre soit suffisamment forte dans cette progéniture pour que le lien ne l’atteigne pas.

Chassant ces pensées de son esprit, le rouge tourna son museau vers Keetech qui venait d’arriver, venant frotter son museau au sien pour lui souhaiter la bienvenue.

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Nynsith était stressée, un état d’esprit auquel elle était peu familière. Elle allait devenir une grande sœur! Relativement récemment, ses parents lui avaient annoncé la ponte de l’œuf et sa première réaction avait été étrangement muette, trop incertaine quant à la réaction qu’elle devait avoir. Certes, elle était heureuse pour ses parents et pas peu fière d’avoir la chance d’enseigner ce qu’elle connaissait au nouvel être qui allait éclore, mais cet œuf lui en rappelait un autre d’une teinte rose pâle qu’elle avait elle-même pondu.

Bien que les Chimères aient été détruites pour de bon, cela n’effaçait en rien la manière dont son corps avait été utilisé sans qu’elle n’y puisse quoi que ce soit pour créer un nouveau rejeton et malgré sa persistance à se dire que tout allait bien désormais, elle savait au fond d’elle-même que c’était loin d’être le cas. L’Affamée se sentait encore terriblement vulnérable, elle était en colère contre elle-même de s’être laissé posséder et ne cessait de rejeter sur d’autres cette colère. C’était pour cette raison qu’elle avait d’abord envisagé détruire son œuf, mais Verith avait su la convaincre de l’inverse. Après un échange difficile où Kaalys, dont le corps avait aussi été utilisé pour créer ce nouveau Dragon, avait également participé, elle avait décidé de ne pas s’occuper de celui ou celle qui en sortirait. Le Nacré était donc parti avec le nouveau-né à venir et elle n’avait plus eu de nouvelles de sa part depuis un moment à présent. Si elle espérait en quelque sorte ne jamais rencontrer sa descendance non-désirée, une part d’elle espérait en contrepartie savoir ce qui advenait d’elle actuellement.

Afin de chasser de ses pensées le traumatisme de sa possession et les préoccupations qui en découlaient, elle avait pris très à cœur son rôle de sœur aînée, d’abord en cherchant un lieu pour l’éclosion. Ayant eu l’occasion depuis son arrivée dans l’archipel d’explorer les fonds marins de manière plus qu’exhaustive, c’est tout naturellement de ce côté qu’elle c’était dirigée. Sur sa terre de naissance, les Dragons venaient le jour dans les lieux variés du continent : certains grandissaient en haute altitude, d’autres dans de profondes grottes et d’autres encore dans des vallées et des forêts riches en nourriture. Si l’archipel offrait toutes ces options, il s’y trouvait également des bipèdes qui pullulaient et trouvaient le moyen de s’incruster même dans les lieux les plus insoupçonnés. C’est pourquoi elle avait plongé loin, très loin, jusqu’à ce que la lumière de la surface se raréfie, pour trouver l’endroit idéal. Là, le dragonnet serait hors d’atteinte des bipèdes et hors de vue des autres dragons, deux détails qui avaient beaucoup plus à ses parents lorsqu’elle leur avait montré les lieux. Après avoir mieux aménagé l’endroit, tous les trois avaient veillé sur la précieuse coquille, tantôt ensemble, tantôt seuls. Dans ces moments de solitude, Nynsith en avait profité pour tenter de sonder l’œuf afin d’entrer en contact avec le petit être qui s’y développait, sans succès. Elle y projetait néanmoins de ses propres souvenirs, espérant offrir au jeune esprit encore innocent une certaine expérience.

Aujourd’hui, c’était son père qui gardait la caverne sous-terraine, aussi la Dévoreuse était-elle partie quérir de la nourriture afin que son frère ou sa sœur puisse se nourrir sitôt l’éclosion passée. En fait, elle avait eu cette idée en se rappelant comment, lors de sa propre naissance, une faim presque douloureuse c’était rapidement emparée d’elle. Bien sûr, elle savait que son propre appétit était quasiment légendaire, ce qui lui avait d’ailleurs valu son titre de Dragonne de la Faim, mais cela lui permettait de mieux gérer le stress que causait son appréhension. Elle captura savamment un calmar géant qui faisait les deux tiers de sa propre taille et le traina entre ses griffes en retournant lentement vers le refuge familial. De retour là-bas, elle émergea tranquillement de l’eau, laissant le cadavre de l’animal gésir à la surface du lac sous-marin. Après avoir saluer affectueusement ses parents, elle désigna sa proie du museau.

« J’espère que le petit appréciera autant que moi le goût de la mer. »

Soudainement, dans le silence paisible des lieux, le son tant attendu se fit entendre. La coque hétérochrome de l’œuf ne faisait plus que vibrer, elle se fendillait. Un peu de liquide amniotique commença à s’écouler par les fissures tendit que le dragonnet luttait contre sa prison protectrice pour enfin rencontrer sa famille.

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    « Moi d'abord ! »

    Ce fut la première idée qui lui était venue à l'esprit lorsqu'il avait senti la magie pulser et l'éveiller, l'extirper de sa léthargie. Malheureusement, la Gemme-Écaille en avait aussi décidé ainsi et les deux dragonnets engagèrent une bataille passionnée au premier qui parviendrait à percer la coquille d'or et d'obsidienne marbrée de sang. Il agitait ses membres ankylosés, n'hésitant pas un instant à tricher en griffant les écailles dorées de son locataire gémellaire ou en lui écrasant la tête contre la coquille avec l'une de ses pattes, pour qu'il ne puisse pas l'agiter et percer la coquille avec ses cornes. Et comme c'était de bonne guerre, Nephilith l'entravait tout autant, si bien que percer cette coquille, qui était initialement un acte très épuisant, devenait un véritable marathon, tant pour l'endurance, la persévérance et l'ingéniosité que cela réclamait, que pour le podium final à celui qui arriverait premier.

    Et quand il s'agissait d'être au sommet, ce qui aidait Ssaadjith n'était ni son intelligence ni sa force, mais bel et bien son ego démesuré. Il était HORS DE QUESTION qu'il sorte second de cette coquille. Ce serait lui l'aîné, le plus grand, le premier. Celui qui aurait vécu quelques secondes de plus hors de la coquille, si peu mais suffisamment pour pouvoir se targuer ouvertement – et insupportablement – de mieux connaître ce monde, vu qu'il y avait passé plus de temps. Elementaire, cher Nephilith. Mais cette foutue épaisseur lui donnait du fil à retordre. Il se mit à gronder et grogner de rage, poussé qu'il était par le refus catégorique qu'il plaçait sur l'idée d'être le deuxième. Gemme-Écaille allait voler toute la vedette, et lui ? Toute petite chose noire et chétive ? Rien ! On n'allait pas le voir, pas même le remarquer et à peine né serait-il oublié.

    La rage le faisait voir aussi rouge que son père, la peur l'enraillait à dépasser ses capacités physiques médiocres pour vaincre... Et vaincre le premier. Et elle se fissura. La satisfaction l’irradia d'une jouissance sublime. La lumière d'au-dehors chatouillait ses rétines sensibles. Le souffle commençait à lui manquer, il était épuisé mais refusait d'abandonner. Pas maintenant, ou on allait l'oublier. Un nouveau coup de tête et cette fois, il était au dehors. Ses mires reptiliennes d'un vert d'absinthe distinguaient, encore de façon floue, trois imposantes silhouettes. Elles étaient titanesques, au moins en comparaison de lui-même et il tendit son esprit vers elles pour s'assurer qu'elles ne représentaient aucun danger. Mais ils étaient sa famille. Extirpant ses ailes de la béance formée, il redressa fièrement le museau vers les siens avant de distinguer... Quoi ? La surprise ? La déception ? Il fallait dire que voir sortir une petite chose noire et chétive d'un œuf aussi imposant devait être inattendu mais quand même, ils pouvaient faire un effort ! Il était Ssaadjith ! Et il ne manqua pas de leur hurler aux oreilles pour que cela les fasse réagir.

    La créature sombre s'était une fraction de seconde, vaguement tassée sur elle-même, en proie au doute devant ces trois regards dubitatifs. Mais lorsqu'il sentit Nephilith remuer pour sortir aussi, il se redressa aussitôt et couvrit la tête dorée de son aile noire pour l'empêcher subtilement de sortir. C'était son heure de gloire ! Son moment ! SA naissance ! SA première marque dans ce monde et dans le cœur des siens ! SA... Première sieste aussi. Le museau relevé par fierté, la fatigue eut raison de son ego et il commença à piquer du nez en avant. Ses yeux d'un vert malicieux se fermaient lentement. Son corps frêle basculait pour tomber à plat ventre, raid endormi sur le coup, brisant la coquille avec son corps en chutant.... Et révélant son doublon doré.

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Ssaadjith était soudain devenu comme enragé. À peine avaient-ils été tiraillés par la magie pour leur Éveil au monde, que son frère-coquille avait rugi des "moi, moi, moi d’abord" à tout va. Nephilith peinait à se réveiller, il avait fait un rêve trop beau, trop magnifique, qu’il peinait à quitter et soudain on lui criait dans les ouïes et on s’agitait tout près de lui comme un forcené. Il bâilla d’abord nonchalamment, et reçut une griffe en pleine mâchoire. Il manqua de peu de mordre la petite patte chétive de son frère-coquille. Mais qu’est-ce qui lui prenait soudain ?

Et alors, il réalisa. Comme une évidence. Comme une nécessité. Leur Éveil ! Ils allaient sortir de la coquille ! Ils n’allaient plus se contenter de visiter le monde en rêve, mais en vrai ! Et voir leurs parents… Oh oui il rêvait de les rencontrer, de les voir de ses saphirs… et le rêve allait devenir réalité. Alors aussitôt, il s’agita lui aussi. Et entra dans la course de celui qui ouvrira la coquille en premier.

" Moi d’abord " siffla de nouveau Ssaadjith.

"Chiche "rétorqua aussitôt le doré.

Et commença alors une lutte sans merci. Nephilith reçut maints coups, manqua se faire éborgner à maintes reprises, son frère-coquille, toujours aussi rusé et futé, n’épargnant aucun effort pour sortir en premier. Mais lui-même ne lui facilita pas la tâche. Pas de prime abord du moins. Il ne rendit pas les coups, se contenant de grogner, grommeler, de l’entraver sans frapper, en le gênant, en prenant plus de place, en le poussant un peu et en le traitant de tous les noms d’oiseaux que les Voix lui soufflaient, pour mieux titiller l’orgueil de son jumeau, mais jamais, ô grand jamais, il n’aurait levé la patte sur son frère aimé. Il l’aurait bien trop facilement écrasé contre la coquille, pour tout avouer. Et aussi agaçant soit son jumeau, il ne voulait pas d’un Ssaadjith en bouilli. Ce serait moins marrant. Et il s’ennuierait. Et puis le voir s’agiter dans tous les sens, rugir en pensées ces " moi, moi, moi ", était assez drôle.

Nephilith se promit de garder précieusement ces souvenirs au fond de lui… pour mieux les ressortir à son frère-coquille au moment le plus opportun. Quand ils auraient grandi peut-être ? Pour mieux rappeler à son jumeau le petit avorton forcené qu’il avait été ? Précieux souvenirs. Qu’il chérirait dans son coffre à esprit. Il aimait bien les souvenirs.

Ils avaient presque percé la coquille, s’épuisant tous deux à chaque nouvel effort. Quand une nouvelle idée germa dans l’esprit de Nephilith. Ils s’étaient bien battus, il devait bien l’avouer. Son frère avait su jouer de ruse, et d’adresse, pour gagner la course. Peut-être Nephilith parviendrait-il à percer cette coquille avant son jumeau. Il ne lui manquait plus qu’un petit coup, juste un petit, il le sentait, mais… mais son frère s’était si bien battu. Il était à deux cornes de la percer aussi. Et si… Et s’il lui laissait la victoire ? Il allait s’en mordre les griffes pour toute leur éternité, mais… Il l’avait bien mérité. Et cela semblait si important pour son frère-coquille. Après tout, il avait réussi à pousser son jumeau dans ses derniers retranchements, c’était déjà une victoire en soi non ?

Et alors qu’il pensait à laisser la victoire à l’autre, il n’eut pas même le temps de mettre son nouveau plan à exécution que Ssaadjith cassait enfin son morceau de coquille. Comme quoi, il avait pu gagner sans même l’aide de son frère. Enfin si, peut-être, à force de tergiverser, de se perdre dans ses pensées, mais… Mais Ssaadjith avait rudement bataillé. Et un sentiment de fierté gonfla le petit coeur de Nephilith. Il observa alors son frère-coquille sortir, paré de sa plus belle arrogance, puis s’apprêta à sortir à son tour quand une aile vint lui recouvrir le nez, le réduisant à un grognement étouffé. Il souffla mécontent, mais resta sagement dans sa coquille. Il était fatigué et aurait bien retrouvé son monde de rêves encore un peu. Juste un peu. Après tout, pendant que son frère-coquille roucoulait de gloire, il pouvait bien…

Il s’apprêtait à se lover confortablement pour dormir, quand il sentit son frère-coquille… s’effondrer. Nephilith haussa une écaille, circonspect et surpris. Ah, elle avait belle allure la fière arrogance ! Il s’apprêtait à se dégager de sous l’aile amorphe, quand soudain la coquille craqua entièrement… le révélant au grand jour, sans qu’il n’ait à faire le moindre effort. Ses saphirs papillonnèrent un instant sous la soudaine lumière, même si quelque peu tamisée, et il mit quelques secondes pour voir le monde autour de lui. Le monde, enfin ! Et surtout les trois grandes, très grandes, silhouettes, qui les regardaient. Enfin… le regardaient, maintenant. Il leva le nez, encore, et encore, et encore, avant de tomber sur les braises ardentes de son... son père. Oui, ça, c'était son père. Et à côté sa mère et... sa soeur. Il les avait déjà entendu leur parler, ces voix bourdonnantes... maintenant il les reconnaissait.

Il se sentit soudain plus qu’intimidé avant d'enfin se redresser, faisant le fier plus qu'il ne l'était vraiment, de gonfler le poitrail, puis de lever une aile. Puis, ne sachant trop pourquoi ni comment, il s’entendit envoyer en pensée, en une pensée tonitruante qui le fit sursauter lui-même :

" Tadam, me voici ! Je suis Nephilith !"

Puis il rabaissa son aile qu’il rabattit devant lui en une mimique à la fois comique et altière.

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Avant qu’elle ne pénètre dans cette caverne gigantesque, les sens surdéveloppés et le pouvoir télépathique de Keetech l’avait informée de la présence de Verith. L’écailleuse pouvait aussi ressentir la peur et l’anxiété qui habitaient son époux, lui qui avait été capable de défier des divinités semblait presque apeuré à l’idée de rencontrer le mystérieux occupant de l’œuf. Mais à bien y réfléchir, cela n’était guère étonnant car ce dernier avait été absent lors de la naissance de Nynsith et n’était donc pas préparé à son futur rôle de père. Le dragon de l’ire se tourna en direction de sa femme et lui caressa le museau pour lui souhaiter la bienvenue.

La fille des tempêtes remarqua que durant son absence, son bien-aimé pour calmer sa nervosité et distraire ses pensées avait dessiné sur le sol de la grotte des scènes représentant les paysages du continent sauvage. A cette vue, elle sentit naitre en elle une pointe de nostalgie. Leur terre natale semblait si lointaine et la Saurienne se promit de transmettre à sa progéniture les traditions et les coutumes de leur monde natal. Son esprit et sa mémoire draconique étaient emplies de ces images enchanteresses et elle conterait au dragonnet des récits et des légendes concernant les dragons illustres de leur lignée. La transmission de cet héritage ancestral amoindrirait la douleur de son exil sur Tiamantara. Elle qui avait tout quitté, tout sacrifié par amour pour le Rouge.

Sentant la nervosité de celui-ci face au grand événement qui se préparait, Keetech s’adressa à lui télépathiquement et lui dis d’un ton qui se voulait rassurant :

- Ne t’inquiète pas, je sais que c’est ta première fois mais je serai là pour te guider.

Contrairement à Verith, Quartzécaille avait déjà fait l’expérience de la maternité et assisté à l’éclosion de leur première fille, là où le dragon de l’ire devait faire face à l’inconnu de la naissance d’un dragonnet. La reine des nuées attendait ce moment avec une vive impatience, mêlée d’anxiété, car consciente que chaque naissance était unique et représentait un éternel recommencement, avec son lot de joie et surtout…d’imprévus.

Cette fois-ci, elle était heureuse que son compagnon soit à ses côtés, là où elle avait dû affronter sa première grossesse avec ses doutes, ses appréhensions et surtout les affres de la solitude. Ce sentiment continuait à l’habiter, bien qu’elle ait retrouvé Verith, car ce dernier était obnubilé par sa volonté de détruire les bipèdes et cette pensée accaparait entièrement son esprit. Mais la naissance de son enfant parviendrait sans doute à remplir le vide du cœur de Quartzécaille qui déjà débordait d’amour pour lui.

Quelques instants plus tard, la dragonne de l’Océan fit son apparition dans la caverne sous-marine, tenant dans sa gueule la dépouille d’un calamar géant destiné au dragonnet afin qu’il puisse se sustenter après son éclosion. Keetech apprécia cette délicate attention et hocha la tête en guise d’approbation.

- Merci Nynsith de ce cadeau destiné à ton frère ou à ta sœur. Je suis aussi heureuse que tu sois présente à nos côtés lors de ce moment magique.

Celle-ci espérait que le futur dragonnet distrairait son ainée des moments difficiles qu’elle vivait en raison de sa grossesse non désirée et de l’abandon de son œuf. Les pensées de la saurienne allèrent également au nacré qui désormais se retrouvait seul à élever un enfant, lui qui était né lié et n’avait jamais connu ses propres parents. Intérieurement, elle se promit de le retrouver pour l’aider de son mieux et veiller au bien-être de sa petite-fille. Mais pour l’heure, cette dernière devait se concentrer sur la naissance de sa propre progéniture.

Keetech se laissa absorber par la contemplation de l’œuf, cette forme ovoïdale et iridescente, d’où la magie pulsait, révélant l’imminence de son éclosion. Ses prunelles azurées se rivèrent sur la coquille qui commençait à se craqueler et l’écailleuse qui était particulièrement sensible à la magie sentait l’essence mirifique imprégner chaque fibre de son être. Les arabesques qui décoraient l’œuf scintillèrent d’une lumière intense et l’instant d’après d’épaisses fissures apparurent à sa surface.

Le liquide amniotique imprégné de magie se répandit à l’extérieur et Quartzécaille sentit son cœur s’accélérer, encore quelques secondes et elle verrait à quoi ressemblait son futur enfant. Son attente lui semblait insoutenable alors qu’elle voyait l’œuf bouger dans tous les sens et se fendiller. Décidément son enfant se démenait pour naitre ! Il devait être aussi impatient que sa maman !

Tout d’un coup, le dragonnet brisa un morceau de la coquille et laissa apparaitre une petite tête serpentine avant de darder ses mires couleur d’absinthe, encore embuées de fatigue, sur les trois dragons. «  Qu’il est mignon ! », songea Keetech en le voyant.  Enfin non pas tout à fait. En vérité, son rejeton arborait une silhouette chétive et ses écailles, couleur d’obsidienne, aux reflets purpurins, lui conféraient une apparence terne. Si l’on se référait aux critères de beauté draconique, le nouveau-né était plutôt…laid et ridiculement petit par rapport à l’énorme œuf qui l’avait abrité. A coup sûr, le dragonnet devait avoir hérité son physique disgracieux du côté de la famille de Verith. Mais qu’importe la réalité, pour une mère aimante son enfant est toujours le plus beau ! On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux.  Alors que Keetech s’apprêtait à s’adresser au dragonnet pour lui souhaiter la bienvenue dans ce nouveau monde ; le petit facétieux, tout à sa joie, s’agita et en tombant dévoila…une chose inattendue.

La Saurienne fut coupée net dans son élan et son regard se posa sur la forme vipérine, lovée au fond de l’œuf. Cette dernière scintillait de mille feux, comme si son corps était recouvert d’or pur et orné de saphirs, semblables à des fragments d’étoiles. Elle ne parvenait plus à en détacher les yeux, comme hypnotisée, et peina à réagir lorsque « la surprise » d’or et de pierreries prit la parole afin de se présenter à sa famille. Nephilith, tel était le nom de ce trésor vivant, dont le corps étincelant ferait pâlir d’envie les astres.  

Quand Keetech sortit de sa torpeur, elle donna une claque sur la face de Verith avec sa patte griffue avant de saisir l’une de ses cornes et de lui demander télépathiquement de manière à n’être entendue que de lui seul.

- J’ai la berlue ou toi aussi…tu vois double ? Des jumeaux ? Nés du même œuf ? Comment cela se peut-il ?

La reine des nuées avait déjà entendu parler de ce phénomène rarissime mais croyait qu’il s’agissait davantage d’une légende que d’un fait avéré. Elle savait aussi que l’éclosion de jumeaux draconiques, nés d’un même œuf, auguraient pour certain une grande destinée tandis que pour d’autres, elle était l’incarnation d’un funeste présage. Mais elle avait coutume de croire que l’avenir n’était jamais écrit d’avance et que ces enfants pourraient influer sur le cours de leur propre destin.

Une fois passé ce moment de stupéfaction, l’écailleuse envoya son esprit vers celui des jumeaux et ses pensées rencontrèrent les leurs, leur envoyant des vagues d’amour et des caresses mentales. Car elle les aimait ! Violemment, intensément, comme le feu d’un volcan, ils étaient sa chair et son sang ! Et cet instant magique demeurerait à jamais gravé dans sa mémoire et sa psyché. Elle qui rêvait d’un autre enfant venait d’être exaucée au-delà de ses espérances.  Cette dernière approcha doucement son museau et ses prunelles immenses d’un bleu intense se rivèrent sur le couple gémellaire.  

- Bonjour vous deux, je suis votre mère Keetech.

Face à ces deux dragonnets, la dragonne de l’orage se sentait intimidée et son cœur battait à tout rompre ; même lors de la naissance de Nynsith, celle-ci ne s’était pas sentie si démunie et en proie à une telle tempête émotionnelle. Dire qu’elle croyait affronter cette naissance avec sérénité. La vie venait de lui donner tort. La joie l’inondait mais aussi une indicible peur et d’innombrables questionnements.  Serait-elle à la hauteur de cette tâche herculéenne et capable de se montrer digne de cette bénédiction des Dieux ?

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¤ D’ire et d’orage ¤

Enfin, après des mois qui lui avaient semblé être des années, après des jours remplis de stress intense et d’une paranoïa exacerbée et maladive, l’œuf était sur le point d’éclore. Cette épreuve que le père dragon avait traversée, celle d’attendre la naissance de son nouvel enfant, de s’assurer de sa sécurité, de s’inquiéter à ce qu’il ne lui arrive rien, le rouge pouvait presque la comparer à ce qu’il avait subi sous le joug du Tyran Blanc. En matière de rudesse mentale bien entendu. Mais tout ce qu’il avait vécu jusqu’ici allait être récompensé. L’éclosion d’un dragonnet était une chose formidable et si l’enfant de l’orage avait été sur le continent sauvage, nul doute qu’il se serait laissé aller à l’euphorie. Il allait assister à l’éclosion d’un être issu de son sang. Avec beaucoup de regret, il n’avait pu assister à celui de Nynsith, mais au moins assisterait-il à celui-là. Qui plus est, il y assisterait avec s fille et sa femme. Verith aurait profondément aimé pouvoir vivre également ce moment avec la présence de sa mère, de sa sœur et de son frère. Malheureusement ceux-ci n’étaient pas présents à ses côtés, mais au moins étaient-ils présents dans son cœur. Keetech était revenu dans la grotte sous-marine. Nynsith était elle aussi revenue, apportant de la nourriture avec elle. Verith ne put s’empêcher de rire en entendant la phrase de cette grande sœur qui espérait de son petit frère ou sa petite sœur partage le même intérêt qu’elle pour les fonds marins.

« Je suis sur que si ce n’est pas le cas, tu sauras lui apprendre à l’apprécier, Nynsith. »

Le père dragon frotta son museau contre celui de sa fille dragon avant de se retourner vers l’œuf pour le surveiller. Les mots de sa femme dragon tournaient dans son esprit. Oh il n’était pas inquiet en ce qui concerne la naissance. Ni dans le fait d’être à nouveau père. Il avait connu beaucoup trop d’horreurs et de dangers qui pouvaient menacer sa progéniture et c’est pour ces choses-là qu’il était inquiet. Mais rien n’arriverait. Il l’empêcherait. Les trois dragons libres finirent par se tourner en direction de l’énorme œuf qui commençait à s’agiter. Le travail avait commencé. Le dragonnet se débattait à l’intérieur pour sortir, pour briser cette coquille et goûter à la liberté. L’œuf s’agitait beaucoup, cela ne laissait présager que du bon. Pour Verith, le petit être à l’intérieur allait être grand, allait fort, allait être vaillant, allait être puissant. Il serait un protecteur des dragons tout comme lui. Il serait un fléau pour les ennemis de la race draconique. Et les vigoureux débattements à l’intérieur de la coquille ne faisaient que renforcer ce sentiment. Intérieurement, le rouge encourageait son enfant afin qu’il sorte. Il pouvait le faire. Il devait le faire. Il était un descendant de la lignée de l’orage ! En lui coulait le sang de puissant dragon !

Un bout de coquille finit par se briser et voler pour retomber au sol. Puis avec un empressement non dissimuler, une petite créature en sortie. Une créature bien plus petite que l’œuf ne le laissait présager. Si la surprise effleura l’espace de quelques instants l’esprit du rouge et apparut dans ses prunelles, elle fut très rapidement balayée. Le petit dragon mâle se dressa comme il pouvait, en dépit de la fatigue qu’il avait dû fournir pour sortir. Le noiraud chétif vint se tenir fièrement face aux trois grands dragons qui se tenaient là et rugit de toutes ses forces. À cet instant, le rouge ne vit pas l’apparence de son fils. S’il était physiquement petit et chétif, il était intérieurement grand et puissant. Comme lui à sa naissance. Il rugissait à la face du monde sa détermination, sa force intérieure ! L’émerveillement se lit dans les yeux du père dragon qui avait l’impression de revenir deux cents ans en arrière. Oui ! C’était bien l’enfant qu’il s’était imaginé, même s’il restait étonnant qu’une si petite chose soit venue dans un œuf aussi gros. Il saurait rendre son père fier de lui. Il saurait monter s’élever au-dessus de la terre et briller comme nul autre n’avait brillé avant. Le rouge vit ensuite ce même fils tombé au sol épuisé. Bon … il ferait tout cela après un bon repos.

Le rouge s’apprêta à faire usage de son fil d’or pour repousser les bouts de coquilles et permettre à son fils de bien dormir le nid que ses parents lui avaient confectionné, sans être gêné par les restes de son œuf, lorsqu’il se rendit compte qu’en tombant ce dernier avait révélé ce qui était dissimulé derrière lui. La petite chose aux reflets dorés se mit à bouger doucement, déranger par la lumière. Verith, lui, laissa le bas de sa mâchoire s’ouvrir comme si elle venait de se détacher sous la stupeur. Intimité, l’éclat doré s’extirpa de l’œuf, passant à côté de son jumeau avant de venir lui-même se dresser fièrement. Le rouge n’eut pas, ou plus tôt, ne put avoir la même réaction que pour le premier tant sa surprise était grande. Sa femme fut la première à réagir, lui ne put même pas. Deux … deux … deux … deux … deux … deux … Ce chiffre tournait en boucle dans son esprit sans s’arrêter. Le rouge aurait pu rester ainsi prostré pendant des heures si Keetech ne l’avait pas de force ramené à lui en venant lui mettre une patte au milieu de la figure et en lui tirant une corne pour la rapprocher d’elle.

« Non, j’en vois bien deux, en même temps c’est pas bien difficile. Le premier est sombre comme la nuit, le deuxième luit comme le soleil à son zénith. »

Et dire que la malédiction de Vie l’avait rendue stérile. Quel drôle de blague était-ce que cela. Devait-il prendre cela comme un pied de nez fait à l’encontre de la déesse. Ou devait-il au contraire prendre cela comme un pied de nez que cette dernière lui faisait … quand bien même elle était morte bien sûr.

Le rouge restait encore quelque peu abasourdi, fixant avec une intensité pouvant paraitre fortement intimidante les deux dragonnets à peine sortis de l’œuf. Dire qu’il avait été paranoïaque rien qu’avec l’œuf et savait qu’il allait l’être une fois le dragonnet sorti, mais maintenant qu’il y en avait deux, cela allait être encore pire. Pour autant, ce profond sentiment de peur qui saisissait son cœur ne savait venir occulter le bonheur que ces naissances lui prodiguaient. L’esprit du rouge se tourna doucement vers celui de sa fille.

¤ Ça me fait mal … car je connais maintenant l’étendue de ce que j’ai loupé en n’étant pas auprès de toi le jour de ta naissance. Je regrette de ne pas avoir été présent ce jour-là. Mais … je suis heureux que tu sois là aujourd’hui pour assister avec moi à celle de tes frères. ¤

Lentement, Verith fit s’agiter son fil d’or et vint retirer du nid l’œuf brisé et les morceaux de coquilles, s’assurant à ce même moment qu’il n’y en avait pas encore un troisième à l’intérieur. Après cela, le puissant esprit du colosse de flamme se tendit ers les deux dragonnets, venant tendrement les enlacer comme pour les protéger.

« Je suis Verith, votre père. Mes fils, bienvenu dans ce monde. Celui-ci est rempli de nombreuses merveilles et d’autant de dangers. Lorsque vous l’arpenterez … lorsqu’un péril croisera votre route … lorsqu’un obstacle se dressera sur votre chemin … n’oubliez jamais ceci. Dans votre sang, coule ire et orage. Cette force vous permet d’accomplir ce que vous souhaitez accomplir … qu’importe ce que c’est, qu’importe la difficulté, qu’importe l’adversité, qu’importe les épreuves. »

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Lorsque les premiers morceaux de coquilles glissèrent de l’œuf, Nynsith pencha doucement la tête vers l’avant avec une curiosité non dissimulée. L’être qui s’extirpa avec vigueur était étrangement petit et chétif comparé à son œuf, mais qu’importe : elle l’aimait déjà de tout son cœur. Malgré sa petitesse, le nouveau poussa un cri strident en laissant connaître son nom. Ssaadjith, dont le corps rappelait la couleur du charbon, entreprit d’étendre son esprit jusqu’à sa famille et l’Affamée lui rendit la pareille avec chaleur.

Certes, il était chétif malgré l’enveloppe qui l’avait incubé, mais cela n’allait pas empêcher sa grande sœur de le guider, de le protéger, de lui apprendre tout ce qu’elle savait. Elle s’imaginait déjà lui faire visiter les coins les plus reculés des eux de l’archipel, l’emmener chasser au sommet des plus grandes montagnes et occasionnellement terroriser un village de bipèdes. Elle allait cependant devoir se faire patience, car son frère était trop petit pour vivre ces inégalables aventures, elle ne le savait que trop bien. Elle-même était restée pendant une longue période auprès de sa mère après son éclosion, étant incapable de voler et de chasser seule. Ces souvenirs d’enfance lointain en tête, la saurienne observait toujours son cadet, réalisant que le stress qu’elle ressentait ces derniers temps laissait à présent place à une très grande fierté. Ses petites ailes déployées, le nouveau-né piqua bientôt du nez, probablement épuisé par la tâche que représentait pour lui sa libération. Tout comme ses parents, Nynsith eu toute une surprise en voyant ce qui était resté dans l’œuf.

~ Deux… Il y en a deux. J’ai des frères jumeaux! ~

Cette soudaine réalisation la figea un court instant. Elle savait bien que plusieurs animaux qu’elle chassait avaient des portées nombreuses. Elle avait même appris qu’il arrivait qu’une femelle bipède mettent plus qu’un seul enfant au monde en une seule fois, bien que le phénomène soit peu fréquent. Mais des Dragons jumeaux? Jamais elle n’aurait imaginé une telle chose possible. Partageaient-ils un lien inédit du fait de leur croissance commune? Quelles capacités uniques un événement du genre pouvait entraîner chez eux? La Dévoreuse laissa bientôt tomber ces interrogations, puisqu’elles étaient superflues dans l’immédiat, et porta son attention sur son frère inattendu.

Le second dragonnet était lui aussi assez filiforme, mais possédait des écailles dorées et lumineuses qui reflétaient la lumière sur la parois interne de ce qui restait de l’œuf brisé. Celui-ci s’effondra d’ailleurs sous son propre poids maintenant que son intégralité n’était plus et révéla entièrement la surprise qu’il contenait. Le nouveau-né se redressa et déploya l’une de ces ailes avant de se présenter à son tour. À l’instar de Ssaadjith, il possédait manifestement un caractère déjà bien défini qui allait certainement lui permettre de s’épanouir et se tailler sa propre place. Nephilith était son nom Nynsith l’aimait aussi profondément que son jumeau.

Sa surprise passée, l’Océane entendit Verith communiquer avec lui.

«  Ça me fait mal… car je connais maintenant l’étendue de ce que j’ai loupé en n’étant pas auprès de toi le jour de ta naissance. Je regrette de ne pas avoir été présent ce jour-là. Mais… je suis heureux que tu sois là aujourd’hui pour assister avec moi à celle de tes frères. »

Elle leva la tête vers son père et le fixa dans les yeux, lui répondant sur le même ton.

« En grandissant, je t’attendais jour après jour dans l’espoir d’enfin te connaître. Et si le destin en a voulu autrement en me poussant à aller te retrouver, à présent nous sommes ensemble. C’est là le plus important. Ce qui a été fait ne peut être défait, mais le présent est l’occasion de construire l’avenir que nous voulons. »

La Dragonne tourna son regard sur ses frères tandis que Verith retirait les morceaux de coquilles à présent inutiles. En raison du lieu où ils se trouvaient, les jumeaux ne verraient probablement pas le soleil pour quelques temps et ne sentiraient pas ses rayons venir chauffer leurs écailles. En guise de cadeau de bienvenu, elle leur partagea donc ces images et ses sensations tout en s’introduisant à eux.

« Je suis Nynsith, votre sœur. Ces images que je vous montre, ces sensations que je vous dévoile, je vous promets d’être présente à vos côtés lorsque vous les expérimenterez vous-même. Le monde qui vous entoure est riche et existe pour nous permettre de prospérer. Quand viendra le temps, je vous apprendrai tout ce que j’en sais. »

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    Le silence. Braves étaient ceux qui parvenaient à l'affronter des siècles durant, ronds de cycles entiers d'une solitude austère. Là, sous le rideau d'obsidienne, moiré d'étoiles désirables et écœurantes, se camouflait le sourire amère du destin qui le saluait. Il était oublié. La chute lancinante criait son appel au vide, il tombait dans un sommeil profond, réparateur et destructeur. Les griffes crissaient sur les ergots invisibles de parois inexistantes : il tentait de se retenir, d'échapper aux abysses, mais il s'était bien endormi. Le visage de son rouge père, celui de sa claire mère et celui de l'océan de sa sœur restaient dans sa mémoire diffuse. Il les avait vu, il les avait senti, eux, leur amour, leurs promesses... Puis leurs absences et leurs mensonges qui l'engouffraient dans les tréfonds de ses doutes et de ses peurs. Il s'était endormi et il ne sentait que la paille sous lui. Ni la chaleur d'une respiration protectrice, ni le contact d'un museau pour assurer sa présence. Nephilith était sorti de l’œuf et dès cet instant, il avait cessé d'exister. Il avait tant et tant fait pour sortir de cette coquille en premier qu'il avait usé de toutes ses maigres forces. Même si son cœur le désirait, il ne parvenait à se réveiller, à participer, à partager cet instant unique, celui de leur naissance. De SA naissance.

    Par son geste, par sa crainte, il s'était exclut de ces salutations, de ces discours, de ces promesses. Nephilith était assez éveillé pour les recevoir. Ssaadjith, lui, croulait sous l'épuisement, écrasé contre le sol sec. Les pensées distordues lui parvenaient. Elles étaient corrompues, altérées, biaisées, auréolées de ses craintes comme autant de couteaux qui venaient l'étreindre. « Bonjour vous douze, je suis votre mère Keetech. » Douze ? DOUZE ?! Non, mais déjà qu'être plus admirable que Nephilith allait lui donner du fil à retordre mais se démarquer parmi douze dragonnets ?! Le coup de massue était largement envoyé. Il avait surgi de nulle part, dans son rêve : l'obscurité cachait bien des choses surprenantes et terrifiantes. Douze... Douze personnalités à concurrencer et à soumettre à ses desseins. Douze figures qui réclameraient l'amour de leur famille partagé, divisé en autant de part égales qui venaient ronger la sienne. Douze têtes qu'il devrait écraser et mettre sous terre, ou aimer. Et détester les aimer. Détester partager, détester les voir briller. Il grinçait des dents et se recroquevillait.

    « Je suis Ver--, ---de terre. Mes fils bien dodus dansent en ronde. » Quoi ? La naissance de ses douze fils le rendait si euphorique qu'il ne savait plus parler ? Transmettre son nom en pensées correctement ? Et il était pas si dodu que ça, d'abord ! Pas autant que Nephilith qui prenait toute la place dans la coquille ! Ssaadjith était même plutôt chétif... Et il avait grandement faim. Et ça sentait le poisson. Quoiqu'il en soit, le Verith devait se faire sacrément vieux pour ne plus savoir articuler ses pensées... A moins que ce ne soit lui ? Lui qui était en train de tout louper parce qu'il dormait ? Oh non ! Ses onze autre frères devaient danser en ronde pour fêter l'événement ! Et pas lui ! La panique s'emparait de lui. Il voulait être là, il voulait marquer sa place mais son corps refusait de lui répondre. Ses muscles étaient las, incapables d'être innervés. Ils ne répondaient plus, et lui, il ne bougeait plus. La respiration s'accentuaient sensiblement. Alors que l'esprit de son père envoyait des messages à base de propos biscornus et délirants, sa voix devenant tantôt sombre et grave, tantôt leste et légère. « N’oubliez jamais ceci. » AH ! N'oubliez jamais quoi ? Il n'avait pas entendu, il n'avait pas compris. C'était lui qu'on oubliait !

    Sa respiration s'agitait, grondante. Il voulait se réveiller, il voulait écouter, il ne voulait pas oublier. « Dans votre sang, coule le cirage. » Il resta immobile un instant, perplexe. Il avait vraiment dit 'cirage' ? Non, parce que lui n'en avait rien à cirer de ça ! « Cette force vous permet d’accomplir ce que vous souhaitez accomplir … qu’importe ce que c’est, qu’importe la difficulté, qu’importe l’adversité, qu’importe les épreuves. » Avec du cirage ? Vraiment ? Ah bravo papa : meilleur conseil de toute une vie ! Passer un petit baume sur les surfaces fragiles, pour mieux les garder sous contrôle et en tirer le meilleur profit. Dans son sommeil, le dragonnet était secoué du spasme d'un rire hilare, profondément amusé par un discours qu'il était le seul à entendre. C'était SON discours. SON interprétation. Unique et parfaite, telle que Nephilith ne l'entendrait pas de la même oreille. Ni les dix autres dragonnets. Rah bon sang... il allait falloir qu'il retienne dix autres noms en plus. Il les appellerait Ssaadjith 2, Ssaadjith 3, etc... Ce serait plus pratique. Problème résolu !

    En revanche, ça ne lui en disait pas plus sur cette histoire de cirage. Mais promis papa, il ne l'oublierait pas ! Le cirage, toujours le cirage ! Et encore plus de cirage ! Trop... Il sentait ses ailes ankylosées et embourbées dans une substance visqueuse, collante et épaisse. Trop de cirage. Il ne parvenait plus à bouger, et bientôt, il n'eut plus d'air à respirer, noyé qu'il était. Le cirage s'engouffrait dans sa gorge et le faisait suffoquer. Le dragonnet s'agitait, se recroquevillait, couinait, s'accrochait un soleil qui dorait ses écailles et fait fondre le cirage. Il se sentait survoler l'océan avec l'éclat d'un crépuscule rose et orange qui se reflétaient nonchalamment. La lumière : il s'y accrochait. Il voulait se réveiller. On l'oubliait. Le cauchemar reprenait le pas sur l'hilarité, l'euphorie étranglé d'un sommeil qui l'asphyxiait. La terreur pulsait de lui comme un raz-de-marrée et il était désemparé.

    A son frère, en rêve, il l'avait dit : ils n'avaient plus de mère. Il était noir, lui, noir comme l'ombre laissée par une chimère.

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Leur mère. Keetech. Ce nom résonnait d’une belle musique à ses ouïes. Il avait l’impression de l’avoir déjà entendu, de l’avoir déjà connu, d’il ne sait où, d’il ne sait quand. Il avait l’impression de l’avoir toujours sentie, que cette ancre avait toujours été là, pour lui, pour eux, dans l’ici, le maintenant, l’ailleurs et le temps. Étrange sensation que celle-là. Ce qu’un simple nom pouvait réveiller en son esprit tout juste éveillé.

Il sentit son coeur pulser à un rythme plus soutenu alors que ses saphirs s’ancraient dans les yeux de sa mère. Puis de son père. Verith.

Là encore, il semblait connaître ce nom. En tout cas, cette Voix entre toutes, il l’aurait reconnue. Elle lui avait parlé. Il l’avait déjà entendue, en lui, alors qu’il n’était encore qu’un œuf. « Ce n’est pas notre mission. » C’était le premier savoir qui l’avait frappé. Le premier qui s’était incrusté en lui d’une façon si intense… de cette voix si puissante, si poignante. Elle vibrait de force et de détermination. Elle vibrait d’une conviction sans failles.

« Ce n’est pas à nous que les dieux ont confié la tâche de guider les bipèdes. »

Sans failles, vraiment ? Conviction oui, détermination plus encore, mais… le doute était là. Il l’avait entendu, cette petite note discordante, cette petite trémulation dans les inflexions si fortes de son père. Verith doutait. Si ce n’est de sa voix et de ses paroles, en tout cas le doute était là. Et Nephilith avait l’impression de l’entendre de nouveau dans cette voix-là, si semblable et si différente à la fois, qui leur souhaitait la bienvenue tout en les prévenant de tant de dangers. Oui, son père semblait douter… De quoi ? Ou avoir peur. Pour eux ? Nephilith sentit son coeur marteler plus fort encore, presque à chaque mot que prononçait leur père. Des mots, qui une fois encore, allaient embraser son esprit dans un souffle rouge de force et de tourment, de doute et de détermination mêlés.

« Dans votre sang, coule ire et orage. » N’y avait-il que cela ?

« Cette force vous permet d’accomplir ce que vous souhaitez accomplir … qu’importe ce que c’est, qu’importe la difficulté, qu’importe l’adversité, qu’importe les épreuves. »

Oui, qu’importe ce que cela serait. Nephilith y trouva là une conviction plus personnelle, plus véridique. Plus puissante encore que tout ce que son père leur avait dit. Ses saphirs brillèrent d’une lueur déterminée à son tour, alors que se forgeait petit à petit une volonté en lui. Accomplir ce qu’il voulait, oui, accomplir l’impossible selon tous. Accomplir ce que les dieux eux-mêmes n’avaient pas pu accomplir. Prendre leur pouvoir et accomplir leur devoir… Il n’osa transmettre cette pensée de façon aussi claire. Pas là, pas maintenant. Pas alors que les embryons de cette idée se formaient et qu'il n'était pas bien sûr lui-même de ce que cette soudaine, étrange, conviction signifiait. Impliquait. Mais il tenta de transmettre à son père, dans ce regard qu’ils échangèrent, toute sa propre force de conviction.

Puis son coeur se calma et le Gemme-Ecaille se tourna vers… Nynsith. Nynsith… Des visions le frappèrent alors, d’une étrange étoile luisant seule dans une grande étendue d’azur, une étoile chaude, magnifique, brillant seule en plein jour. Belle étoile, quelle était-elle ? Pourquoi brillait-elle seule quand les autres étaient mille dans la nuit ? Le ciel. Le soleil. Des voix lui soufflaient des réponses aux questions qu’il se posait avant même que l’objet de ses questions ne lui soit vraiment connu. Soleil, ciel, étoiles… Il n’avait vu tout cela qu’en rêves jusque-là. Et aux sensations que sa sœur lui envoyait, il avait envie de voir, sentir, par lui-même. Et la senteur de grandes étendues d’eau. Il sentait là, maintenant, une odeur particulière qui déjà l’enivrait. Il inspira profondément.

« Quand viendra le temps, je vous apprendrai tout ce que j’en sais. »

" Et tu m’apprendras à plonger dans l’océan aussi ? " répondit-il aussitôt avec une avidité flagrante.

Avant que, soudain, un mouvement, un halètement à ses côtés ne le tirent de sa contemplation pensive des trois dragons en face de lui. Nephilith tourna la tête vers son frère et aperçut une respiration agitée, hachée. Grondante. Et… était-il en train de rire ? De brusques soubresauts agitaient le petit corps frêle. Les mêmes soubresauts que lorsque son Frère-Coquille se moquait de lui en rêve. Oui, son frère semblait rire. Nephilith sentit ses muscles, qu’il n’avait pas eu conscience de contracter, se détendre, et laissa un petit souffle soulagé s'échapper de son museau.

Pour aussitôt se tendre de nouveau. Non, ça, ce n’était plus un rire. Ça, ce mouvement… Il aperçut Ssaadjith s’agiter, se tortiller, se lover tout comme il se lovait contre lui dans leur coquille. Particulièrement quand…

" Il fait un cauchemar, " fit-il accompagnant sa pensée d'un nouveau souffle tendu.

Sans plus prêter attention aux autres dragons, il tendit son museau vers son frère, et ferma les yeux, tout en lovant sa queue et une aile contre le corps filiforme. Dans la ferme intention de le rejoindre dans son cauchemar et de l’en extraire. Comme il l’avait toujours extrait. Comme…

Sacrefeu, il ne parvenait pas à le rejoindre ! Pourquoi ne pouvait-il plus le rejoindre en rêve ? Pourquoi… Leur lien rompu, cassé ? Leur lien… qu’il aimait tant ! Leurs rêves ensemble... à jamais finis ? Nephilith rouvrit ses saphirs emplis de peine et de tristesse, presque de panique aussi, à cette pensée. Mais son frère contre lui s’agitait toujours. Il chassa alors bien vite sa propre douleur à l’idée de ne plus partager ces beaux moments avec son Frère-Coquille, chassa son envie de retourner dans leur coquille, là, tous deux, à jamais unis, et se focalisa sur son petit frère. Un petit frère qui cauchemardait. Et Nephilith pouvait parier sur quel type de cauchemar il faisait encore. Toujours le même. Toujours.

" Je suis là Frère-Coquille. Je suis là. Je suis là moi, je ne partirai pas. Et je ne t’oublierai pas. Je te l’ai promis et te le promets. Jamais ta Gemme-Ecaille ne t’oubliera, Frère-coquille. "

Il répéta ses paroles comme un leitmotiv. Je ne t’oublierai pas. Promesse inlassable, éternelle, que visiblement Ssaadjith avait encore oubliée, et qu’il devait encore répéter. Et qu’il répéterait toujours. Peu importe qu'il ne puisse plus le rejoindre en rêve, il trouverait toujours un moyen de l'atteindre. Toujours. Il resserra un peu sa prise, d'une petite patte secoua doucement une griffe de son frère et reprit, sans se lasser :

" Réveille-toi, mon Frère-Coquille. Ta Gemme-Ecaille t’appelle. Les étoiles t’attendent. Un bon poisson aussi. Réveille-toi. On ne t’oublie pas et on t’attend. "

Parce que, ce n’était pas tout ça, mais il avait faim lui. Il sentait les effluves d’un bon repas pas loin qui sentait bon la mer. Il avait faim… mais il ne se voyait pas manger sans son frère.

" On ne t'oubliera jamais. Jamais. "

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Des jumeaux issus du même œuf. Deux êtres inextricablement liés et néanmoins aussi dissemblables que la lune et le soleil. L’ainé possédait des écailles aussi noires qu’une nuit sans étoiles et le cadet arborait l’éclat d’une gemme dorée. Celui qui avait jailli de l’œuf en premier, déployant toute son énergie pour briser la coquille, semblait dénué de la magnificence et de la puissance qui caractérisaient les dragons des lignées de feu et d’orage et pourtant ? Cet héritier disgracié avait brisé le premier le splendide écrin qui protégeait leur sommeil gémellaire, comme un défi lancé aux plus sombres prédictions.

Quelque chose d’indéfinissable émanait de lui, comme si ce corps malingre abritait un élan invincible qui le poussait à lutter, de toute son âme, pour atteindre le firmament et s’emparer des astres incandescents. Tant de sentiments ambivalents se lisaient dans les mires smaragdines du petit saurien, qui contemplait ce nouvel univers avec un regard brumeux.

La réalité n’était jamais semblable au portrait idéalisé qu’en dressait l’imaginaire, mais il arrivait, comme dans le cas présent, qu’elle surpasse le rêve.
Après s’être présentée, Keetech contempla avec ravissement sa progéniture et après un bref instant de silence elle s’adressa de nouveau à eux :

- Quoiqu’il arrive je serai à vos côtés, dans le malheur ou l’allégresse, dans la félicité ou l’adversité. Je vous protégerai et je vous éduquerai de mon mieux en vous transmettant les règles qui concourent à l’équilibre du monde, les traditions et la culture Draconique qui sont à l’origine de la grandeur de notre race. Et j’accompagnerai également vos premiers pas dans ce nouveau monde rempli de splendeurs en vous montrant la voie de la sagesse et de l’harmonie.

Intérieurement, Quartzécaille se promit d’être toujours présente pour les deux dragonnets pour lesquels elle éprouvait déjà un amour immodéré. L’archipel regorgeait de tant de beautés et de mystères et l’écailleuse se ferait un plaisir de les faire découvrir à sa progéniture en arpentant, à leurs côtés, les contrées de Tiamaranta afin d’en percer les secrets. Plus encore, elle serait la gardienne des traditions, la garante de l’équilibre et leur transmettrait l’héritage du continent sauvage, tout en leur ouvrant les portes de ce nouvel archipel.

Les saphirs de Nephilith luisaient d’une étrange lueur tandis qu’il écoutait les paroles de l’Ecarlate et la reine des nuées le trouva très éveillé pour son âge, comme si son esprit, encore juvénile de dragonnet, commençait à forger ses propres convictions. Cependant, contrairement au tempérament bouillonnant du dragon de l’Ire, Nephilith paraissait doté d’un naturel placide et réfléchi, proche de celui de sa génitrice. D’ailleurs, ce n’était pas là que s’arrêtait leur similitude car, à son instar, son fils doré arborait des cristaux azurés et une silhouette filiforme.

Ensuite les prunelles océaniques du dragonnet se détachèrent de son père et scrutèrent Nynsith, sa grande sœur. La proposition de cette dernière d’apprendre tout ce qu’elle savait aux jumeaux suscita chez le gemme-écaille un vif enthousiasme. A en juger par sa réaction pleine d’avidité et sa demande d’apprendre à nager, le dragonnet devait avoir une prédilection pour les fonds marin comme sa sœur ainée surnommée, à juste titre, la dragonne de l’Océan.

- Et moi, petite écaille-soleil je t’apprendrais à voler si tu le veux, ce n’est pas pour rien que l’on me surnomme la reine des nuées. Toi aussi, tu connaîtras un jour le plaisir indicible de fendre les nuages, de survoler la terre ferme et de voler dans un firmament nocturne empli d’étoiles.

Tout d’un coup, Keetech remarqua les ailes de son fils, des ailes démesurément longues qui semblaient presque gêner ses mouvements. A coup sûr, il allait lui falloir beaucoup d’assiduité…et de nombreux cours particuliers pour parvenir à décoller du sol.

- Réflexion faite, nager et se déplacer sur la terre ferme c’est très bien aussi. Et puis de nos jours, les dragons n’ont plus tellement besoin d’apprendre à voler, poursuivit-elle d’un ton pince sans rire. Mais compte sur moi, je suis d’ores et déjà prête à te consacrer de longues, très longues, heures d’entrainement.

Soudain Quartzécaille sentit l’angoisse sourdre en elle. Son deuxième fils allait mal, sa terreur était palpable et quelque chose le tourmentait ! Son attention avait été accaparée par le cadet et peut-être en était-elle venue, inconsciemment, à négliger l’ainé ? Aussitôt cette dernière ressentit l’aiguillon de la culpabilité la tarauder et ses mires Céladon glacé se dardèrent sur son rejeton chétif et noiraud avec anxiété. Ce dernier se tortillait dans son sommeil agité, cherchant à se lover contre son jumeau, comme pour se réconforter. Il avait épuisé toutes ses forces pour faire éclore leur œuf, en dépit de la fragilité de son petit corps…

« Il fait un cauchemar ».

Les paroles de Nephilith résonnèrent dans son esprit, porteuses d’une étrange gravité. Le dragonnet doré se tourna vers son frère-coquille, tentant de dissiper les ténèbres cauchemardesques qui l’emprisonnaient et de le ramener vers la lumière des êtres chers.

Keetech sentit la tristesse la gagner en voyant son fils couleur d’obsidienne perdu dans des abimes insondables, lointain et inaccessible. Plus que tout au monde, elle désirait l’arracher à cet univers onirique, sombre et tourmenté, qui le privait de la chaleur et de l’affection de sa famille.
Une nouvelle fois, la mère-dragonne étendit son esprit, concentrant tout l’amour qu’elle éprouvait envers son enfant et s’adressa à lui, et à lui seul. Désormais, cette dernière faisait abstraction du monde extérieur car ses pensées étaient accaparées par ce petit dragonnet chétif, hanté par ses cauchemars. Que ne ferait-elle pas pour chasser ces mauvais rêves et les transformer en songes mirifiques ? Il devait exister un moyen, il fallait à tout prix guérir le cœur blessé de son fils couleur de nuit.

- Éveille-toi petite étoile-d’ âme, ta famille n’attends plus que toi pour célébrer votre éclosion. Montre-moi encore l’éclat de tes magnifiques yeux et dévoile-moi ton nom afin que je le grave à jamais dans mon cœur. Puis, je vous raconterai de merveilleuses histoires qui chasseront les cauchemars et les remplaceront par des rêves.

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Ssaadjith ne réagit pas le moins du monde aux visions que sa grande sœur lui transmis. Manifestement trop épuisé pour se tenir éveillé, elle percevait que son esprit était dans cet état de semi-conscience lorsqu’un être est sur le bord du sommeil. En revanche, son frère Nephilith lui répondit avec un enthousiasme non dissimilé.

« Et tu m’apprendras à plonger dans l’océan aussi? »

Si elle avait pu sourire, elle l’aurait fait. Dans ces mots résonnait déjà l’amour de la mer qu’elle même avait connu très tôt dans sa vie. Elle se revoyait, petite Dragonne nageant dans l’eau, se battant contre la force des vagues, s’attaquant à la moindre créature qui croisait son chemin. À un moment, elle était allée si loin sous l’eau qu’il n’y avait plus la moindre lumière, un peu comme c’était présentement le cas. Mais à l’époque, elle était encore très jeune et Keetech l’avait réprimandée lorsqu’elle était rentrée au bercail ce jour-là. Ces images d’enfance en tête, elle approcha doucement sa tête de son cadet.

« Je te montrerai les plus beaux recoins des environs, des lieux encore plus magnifiques que ce ciel que je t’ai montré. »

Sa mère prit de nouveau la parole, promettant pour sa part de lui montrer comment voler, avant de souligner que la nage restait une meilleure option, le vol n’était plus utile. Intriguée, la Dévoreuse suivit le regard de Keetech qui observait les ailes du petit Nephilith. Maintenant qu’elle aussi les détaillait, elle constatait à quel point elles étaient grandes par rapport à lui, probablement trop grandes pour qu’il puisse voler avec autant d’agilité que les autres. Qu’à cela ne tienne, Nynsith lui apprendrait à tirer profit de ces appendices démesurés en milieu marin, car elle voyait déjà à quel point ses mouvements allaient être fluides.

Soudainement, le petit doré se tourna vers son double ombré, l’air inquiet.

« Il fait un cauchemar. »

Son ton était étrangement mature, comme s’il s’agissait d’une situation déjà vécue mille et une fois, mais n’étaient-ils pas tous deux issus d’un œuf unique? Assurément, ils avaient dû échanger durant leur croissance intra-coquille et Nephilith avait déjà intervenu auprès de Ssadjith en pareil situation. Un instant, la grande sœur observa la scène, incertaine de ce qu’elle devait faire, et entendit l’intervention de sa mère.

Alors, avec une délicatesse qui la surpris elle-même, mûe par un instinct qui venait tout juste de s’éveiller en elle, l’Affamée rapprocha sa tête des jumeaux jusqu’à frôler la minuscule tête de celui qui était prisonnier de ses songes. Elle expira doucement par ses naseaux un air chaud qui vint envelopper tendrement le rêveur.

« Ssaadjith. Je suis là. Peu importe ce à quoi tu rêves, tu peux le vaincre. Ce danger est un défi à relever et tu as déjà tous les outils pour le surmonter. Puise en toi, découvre ce dont tu es réellement capable. »

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    Un gloussement sonnait le glas de sa suffocation, il peinait à s'en défaire et par ailleurs, il percevait ces mots, ces voix, ces gestes, cette chaleur comme un cocon de douceur dans lequel il ne parvenait pas à se glisser. Dans leur sang, coulait-il vraiment le cirage ? Était-ce alors son propre sang dans lequel il se noyait ? Celui de son frère, de sa sœur, de ses parents ? Qui avait osé causer la déchéance des dragons ? Qui les avait sacrifiés sur l'autel de batailles, de guerres inarrêtables face à un ennemi obscur ? Est-ce que leurs vies avaient été dilapidées, dépensées comme une vulgaire monnaie pour le bon vouloir de rois égoïstes... Des bipèdes ? Un grondement naissait dans sa petite gorge, un grondement sauvage, en colère, ersatz de l'ire de son père. Il était rauque, sourd, ce bruit originel, caverneux comme les entrailles de la terre, puissant comme l'éther d'un orage d'été. Il était comme un roulement de tambours avant le moment fatidique, plus fort, plus rythmé, plus rapide, il imposait de sa prestance. Il gondait de rage, il grondait de son combat.

    Sa gueule s'ouvrait, chargée de ses petit crocs féroces, et le rugissement retentissait, ses mires d’absinthe enfin ouvertes... Il criait avec hargne la victoire violente d'un combat que les autres n'avaient vu, mais que lui, avait vécu : « LE CIRAAAAAGE ! » Éveillé cette fois, il prenait le museau de son cadet gémellaire en ses deux pattes avant et venait le caler contre le sien, front contre front, répétant tout bas, comme un secret, comme s'il n'avait pas envie de partager à qui que ce soit d'autre le mystère de ce qu'il avait découvert : « Le cirage... » Ses prunelles verdoyantes se posèrent sur les trois autres grands dragons en présence sans bouger de sa position. Il allait passer pour un fou, avec son histoire de cirage. Il fallait qu'il se rattrape, vite-vite ! Son regard coula sur les saphirs de son frère et sur les écailles dorées qu'il entrevoyait : « Tu brilles moins que dans nos rêves, ma Gemme-Écaille. Il va falloir te lustrer tout cela avec du cirage. Avoues que tu utilisais nos rêves pour te faire paraître plus beau que tu ne l'étais... Pfeuh ! »

    Il relâcha son museau, le libéra de son emprise pendant qu'il faisait la diva : « Je savais que tu trichais, tu ne pouvais pas être plus beau que moi, Ssaadjith. » Il relevait le museau, par fierté. Jamais il n'avouerait avoir fait un cauchemar. Il était bien trop digne, bien trop remarquable. Les cauchemars, c'était pour les faibles, pour ceux qui avaient bêtement peur. Lui ? Faire des cauchemars ? La bonne blague ! Il n'avait fait que penser aux écailles ternes de son frère ! Rien de plus ! Il adressa un regard en coin à son cadet de petit frère, plein de raillerie et d'un talent théâtral remarquable. Enfin, son attention se porta sur les alentours, sans trouver de trace des autres dragonnets. « Ils sont où les dix autres ? » Bien vite ils secoua la tête. S'ils n'étaient plus là, c'était que leurs parents ne voulaient pas d'eux ! Voilà tout !

    Ses prunelles verdoyantes s'orientaient vers l'immense silhouette rougeoyante de son père : « Pourquoi je suis aussi petit ? » C'était vrai, quoi ? Comment une créature aussi grande de Keetech pouvait ne pondre qu'un œuf aussi petit que celui d'une autruche ? Quand deviendrait-il aussi imposant qu'eux trois ? « Tu trouves vraiment que je suis dodu ? Je te jure que Nephilith mangeait plus que moi dans l’œuf. » se défendit-il, accusant d'ores et déjà son jumeau adoré. Le regard qu'il adressa à ses parents fut à s'y méprendre, celui d'un chiot qu'on avait battu et abandonné sans eau ni nourriture, perdu à son funeste sort : « J'ai faim... » Et le grondement de son ventre venait le confirmer, alors qu'il posait ses yeux intéressés sur... Le repas !

    Il fit un bond de surprise et d'envie et fonça en direction du butin, non sans avoir bousculé son frère au passage pour que celui-ci n'arrive pas avant lui. Il n'était pas contre partager : de toutes façons, c'était bien trop pour lui seul. Il voulait seulement être le premier. Ses petites pattes pleines de volonté eurent tôt fait de réduire la distance entre lui et la nourriture, mais alors que ses mâchoires, composées de deux rangées étroites de dents, allaient se refermer sur la précieuse proie, la viscosité de la créature marine lui fit poursuivre son chemin dans une glissade jusqu'au lac d'eau, un peu plus loin. Sa course s'acheva dans un 'plouf' inattendu : sa première découverte des fonds marins. Il resta un instant sous l'eau, à cligner des yeux, à se refaire la scène et à comprendre comment il en était arrivé là... Et puis il n'y songea plus.

    C'était beau sous l'eau. Les couleurs miroitaient et se mouvaient d'une façon tout à fait hypnotique et un peu plus loin les carcasses des navires reposaient comme les cadavres millénaires, à la fois brisés et majestueux. Il écarquilla des yeux et entreprit d'explorer. Petit et joueur, il passa entre les griffes parentales qui essaient probablement de le rattraper. Il était Ssaadjith, ils ne l'auraient jamais ! Lui, il avait envie d'explorer ! Et tant pis si ses parents se faisaient un sang d'encre pour lui. Soit il profiterait des retrouvailles pour être le centre de leur attention, soit il accuserait Nephilith de l'avoir poussé si jamais il se faisait gronder. Il s'approcha des roches découvertes, essayant d’attraper un poisson par lui-même. Sa famille serait tellement fière s'il arrivait à chasser son repas dès son premier jour d’existence ! Mais le dit-poisson ne sembla pas vouloir lui offrir son heure de gloire, frustrant le dragonnet qui pestait de plus en plus.

    Fatigué, à nouveau épuisé, il se mit à bouder, gronder... Jusqu'à ce que son visage s'illumine en apercevant une magnifique perle blanche ! S'il la rapportait à sa mère ou à sa sœur, il serait tellement adoré ! Ni une ni deux, il fonça sur la précieuse pierrerie qui reposait sur la langue rose d'un gros coquillage... Donc la gueule se referma sur lui, pris au piège.

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Aux paroles de Keetech sur la nuée et sur les beautés de l’art aérien, Nephilith suivit son regard… sur ses grandes ailes. Et réfréna un sentiment de frustration et de vexation. En rêve, il avait été calamitique en vol. Et avait préféré l’eau à l’air. Il avait nourri l’espoir que les rêves ne soient pas réalité sur ce point-là. Mais au regard que coulèrent sa mère et sa sœur sur les grandes voiles qu’il possédait… il y avait fort à parier que le vol n’était pas fait pour lui. Il sentit un instant une grande déception couler en son coeur. Jusqu’à ce que les paroles de Nynsith lui réchauffent l’âme. Oui, s’il ne pouvait suivre sa famille dans les hauts cieux, il pourrait suivre un autre chemin dans les bas-fonds marins. Et tous ensemble, par leur voie différente, traceraient une nuée draconique sur tous les sentiers. Sur tous les terrains. Ils seraient, tous ensemble, les Dieux du monde, d’en haut et d’en bas, des mers et des cieux, de toutes les contrées.

Il aurait pu se perdre ainsi dans ses rêves éveillés, s’imaginant tous ensemble explorant le monde, mais la détresse de son frère avait vite chassé toutes ses futiles ondes. Une détresse qui manqua le happer lui-même, de voir, impuissant, son frère si agité, sombrant dans un cauchemar sans fin… Il fut alors plus que rassuré de sentir l’esprit des trois autres dragons s’unir à lui, à ses efforts, pour sortir son Frère-Coquille de cette infamie. De cette vile vision. De cette irraison. Oui, ensemble, il le sentait, ils allaient parvenir à l’extirper de son cauchemar.

« LE CIRAAAAAGE ! »

Nephilith sursauta violemment et se redressa toute écaillé hérissée. L'extirper du cauchemar, d'accord, mais pourraient-ils l'extirper de sa soudaine folie ? Fou. Son frère était fou. Ça y était, ses cauchemars avaient eu raison de lui ! La tête penchée, ses saphirs scrutaient son jumeau avec appréhension. Et avec peine aussi.

« Le cirage... »

Oui, il était fou. Il était…

« Tu brilles moins que dans nos rêves, ma Gemme-Écaille. Il va falloir te lustrer tout cela avec du cirage. Avoue que tu utilisais nos rêves pour te faire paraître plus beau que tu ne l'étais... Pfeuh ! »

Ou il se moquait de lui. Ou un peu des deux, allez savoir avec Ssaadjith. À tout prendre, il préférait encore la moquerie à la folie. C’était bien plus facile à gérer. Et finalement bien plus ssaadjithien.

« Je savais que tu trichais, tu ne pouvais pas être plus beau que moi, Ssaadjith. »

Oui, voilà, ça, c’était son frère-coquille. Aussitôt, les écailles de Nephilith s’abaissèrent et reprirent une position plus apaisée. Et ses saphirs brillèrent d’une lueur amusée pour seule réponse.

« Ils sont où les dix autres ? »

Que… Dix ? Mais… de quoi il parlait ?

" Nous ne sommes que deux ", souffla-t-il, la perplexité reprenant ses droits et le doute sur la folie de son double le submergeant de nouveau.

Mais visiblement son frère n’avait que faire de ce qu’il disait. Ou peut-être ne l’avait-il pas entendu, tant il semblait pris dans son délire. Déjà il se tournait vers leur père et se récriait presque après lui quant à son petit air malingre.

« Tu trouves vraiment que je suis dodu ? Je te jure que Nephilith mangeait plus que moi dans l’œuf. »

Ah bah voilà, ça allait être de sa faute encore. Nephilith leva les yeux au ciel, en soufflant par les naseaux. Mais se garda bien de répliquer. Son frère venait, enfin !, d’avoir une pensée cohérente. Oui, lui aussi avait faim ! Il avait bien pensé se jeter sur la belle proie que leur sœur leur avait offerte, mais il avait retenu sa voracité pour faire revenir son jumeau parmi eux…

Toutefois, s’il avait espéré que ledit jumeau l’attende à son tour… Il pouvait se mettre la griffe dans l’oeil ! Pfff, sacré Saadj…

Mais il ne put finir cette pensée qu’il se fit bousculer sans vergogne par son malotru de frère. Non, mais dis donc… Il croyait qu’il allait l’avoir comme ça ? Foi de Nephilith, il ne le laisserait pas gagner en trichant si ouvertement !

Nephilith fonça alors à la suite de son frère, et d’un bond il sauta sur la proie, tout en s’aidant de sa queue pour redresser le tir de son saut. Il atterrit dans un splash visqueux sur la bestiole et rebondit. Dans un roucoulement, il retomba sur la proie et rebondit encore. Et glissa… Ce n’est que lorsqu’il s’apprêtait à toucher le sol en roucoulant de rire qu’il aperçut Ssaadjith carrément glisser dans l’eau. Il attendit, assis sur le sol, que son jumeau le rejoigne… mais aucun museau. Aucune écaille ne refit surface. Par toutes les griffes divines, il n’allait quand même pas se noyer en un jour si beau ? Mais est-ce qu’un dragon pouvait seulement se noyer… ? Les Voix lui soufflaient que non.

Bougre de frangin sans scrupule ! Il n’allait quand même pas partir à l’aventure, explorer les fonds de l’océan, sans lui ? Nephilith jeta un coup d’oeil à la proie si appétissante, qui n’attendait que lui. Qu’eux. Puis coula un regard vers le lac. Vers là où son frère barbotait, s’amusait !, sans lui. Fichtre, il avait faim, mais il voulait son frère !

Alors après un dernier regard plein de regret vers le repas, il courut vers le lac, sans prêter attention aux trois autres dragons, mais en prenant bien soin de ne pas attirer plus leur attention, et y plongea. Ce n’est qu’une fois l’eau atteinte qu’il prit bien soin d’éclabousser aussi loin qu’il le pouvait avec sa longue queue et ses longues ailes. On voulait jouer ? Il allait jouer. Agilement, il s’enfonça loin, à distance raisonnable pour ne pas se faire attraper, et enfin aperçut son frère.

Aux prises avec une étrange chose. Il s’approcha. Un coquillage. Ohhhh un joli coquillage ! Rhooo, il l’aimait déjà ce coquillage. Il faudrait qu’il le ramène à la surface, il ferait joli dans leur belle grotte. Mais, déjà, il fallait extirper son frère-coquille des gueules acérées de son nouveau trésor. Nephilith observa un court instant la scène, évaluant ses chances de succès pour écarter les mâchoires du coquillage par sa seule force. Certes, il était un peu plus fort que Ssaadjith, mais… pas dit qu’il le soit suffisamment pour ça. Puis, ne risquait-il pas d’abimer le coquillage en tentant de forcer l’ouverture avec ses griffes ? Il allait rayer la belle coquille… Non, il lui fallait trouver un autre moyen.

Là… il aperçut un bâton assez épais pour ne pas se rompre trop facilement et assez fin pour entrer dans l’ouverture. Il l’attrapa entre ses griffes, le glissa dans l’ouverture, puis tenta d’appuyer dessus pour faire levier. Doucement, par à-coups, pour ne pas casser le bâton. Et pour ne pas faire mal à son frère. Et ne pas abîmer le coquillage. Ca faisait beaucoup d'enjeu !

" Tu as mal ? On va te sortir de là, mon frère-coquille. Ça fait pas trop mal j’espère ? Tu aurais pu m’attendre pour aller jouer au fond. Est-ce que tu souffres ? Et après on va manger, parce que j'ai faim. Tu me dis si tu as mal ?"

Incapable d’aligner deux phrases cohérentes, alternant sans cesse entre différentes pensées, tout en appuyant doucement sur son bâton pour dégager son jumeau. Son Ssaadjith. Son frère à lui !

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¤ La pêche aux dragonnets ¤

La nouvelle avait laissé Verith plus ou moins distrait, plus ou moins absent. Être père à nouveau lui plaisait, même s’il aurait préféré l’être quand le lien et les bipèdes ne représentaient plus une menace. Savoir qu’il allait être père à nouveau l’avait inquiété, mais il s’était lui-même rassuré en se disant que défendre un dragonnet face aux innombrables dangers de ce monde devrait être possible. Mais voilà, ce n’est pas un dragonnet, mais deux dragonnets jumeaux qu’il allait devoir défendre. La tâche allait s’avérer particulière ardue. Toutefois, s’ils étaient tous deux aussi sages que leur mère, alors cela s’avèrerait simple, mais s’ils avaient plus hérité du comportement de leur père, alors les choses se compliqueraient. Il comprit néanmoins rapidement que le petit d’obsidienne serait plus difficile à gérer lorsqu’il lança le plus gratuitement du monde une remarque à son jumeau concernant la brillance de ses écailles. Le doré en revanche ne sembla pas en prendre ombrage, bien au contraire, préférant ignorer. Bien, au moins celui-ci avait plus hérité de Keetech.

Le regard d’or du grand rouge glissa sur Ssaadjith lorsque ce dernier s’adressa à lui pour venir se plaindre de son apparence, comme si lui et sa mère avaient mal fait le travail. Quel petit impertinent ! Pourtant le colérique avait envie de ricaner.

« Avant d’être grand, il faut être petit. Avant d’être puissant, il faut être faible. Ainsi, seulement ainsi, tu seras capable de mûrir mon fils. Seul compte ce que toi tu penses de toi. Si tu te trouves dodu, il ne tient qu’à toi de corriger cela. J’étais chétif petit et maintenant regarde moi. »

Verith fit un petit signe de la tête en direction de la nourriture apportée par Nynsith quand le ventre Ssaadjith se mit à grogner, exprimant sa faim. Les deux dragonnets venaient de naitre, ils devaient être affamés. Mieux valait qu’ils mangent sans plus attendre sinon leur force leur ferait vite défaut. Depuis les hauteurs, le colérique observa la scène … burlesque que lui présenta le petit d’obsidienne qui semblait apprécié être au cœur de toutes les attentions. Celui-ci glissa après avoir bondi sur son repas, son empressement lui coutant le fait de se retrouver le museau dans l’eau. Verith tendit une griffe pour tenter de saisir son enfant turbulent quand ce dernier décide de sa faufilée en plongeant. Non, il n’était pas l’heure d’aller jouer, mais celui de manger. Chaque chose en son temps. Et comme si cela ne suffisait pas, Nephilith fit de même, plongeant à son tour pour rejoindre son frère.

« Non, mais, ne commencez pas à faire des bêtises, vous venez à peine de sortir de l’œuf, vous aurez tout le temps de découvrir les merveilles océaniques après vous être restauré et reposé. »

Verith activa son fil d’or, l’envoyant à la poursuite de ses fils, tandis qu’il les suivait tous deux à l’aide de son esprit. Ssaadjith tomba bêtement dans en piège quand un coquillage se referma sur lui. Bon, il ne craignait pas grand-chose, car il était un dragon, mais de là à se faire avoir aussi bêtement. Foncer dans le tas, avait-il aussi hérité cela de son père ?

Le doré était en train d’essayer d’aider l’obsidien en usant d’un bâton comme levier. Bien, celui-là avait plus de jugeote, il devrait être en mesure d’aider son frère quand ce dernier se mettrait dans des situations complexes. Mais pour le coup, leur seule ingéniosité de Nephilith ne suffirait pas. Le fil d’or du colérique s’enrouler autour du buste de doré, puis autour du coquillage. Verith ramena ensuite le fruit de sa pêche à la surface. Ressentant l’intérêt du deuxième jumeau pour le coquillage, le rouge ne le détruisit pas pour libérer son fils comme il l’aurait normalement fait. Le colosse de flamme se contenta d’appuyer avec le bout de sa griffe contre l’ouverture du coquillage puis sans forcer l’ouvrit. Le regard paternel et sévère de Verith se posa sur les jumeaux.

« Quand on veut partir à l’aventure et à la découverte, il faut respecter quelques règles. Premièrement, bien se préparer et cela signifie donc ne pas partir le ventre vide ou en ayant trop peu d’énergie. Deuxièmement, ne pas se laisser berner par l’environnement et tomber dans le premier piège venu. »

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« LE CIRAAAAAGE ! »

Son cadet se réveilla brusquement alors qu’il prononçait ces mots. Nynsith recula son énorme tête pour mieux voir de quoi il en retournait, mais cela devait faire parti du cauchemar de Ssaadjith. Son comportement portait à vrai dire à confusion tandis qu’il alternait entre la taquinerie et l’interrogation très sérieuse quant à dix autres. Dix autres quoi? Était-ce encore là une référence à ce qu’il avait vécu dans son court moment de sommeil? Dans tous les cas, Nephilith sembla gérer la situation, probablement habitué à ce genre de déclaration de la part de son jumeau.

Lorsque le petit Dragonnet sombre rouspéta à propos de sa petite taille, l’Affamée sourit intérieurement, se rappelant une fois de plus sa propre naissance. Contrairement aux nouveau-nés, elle était venue au monde plus grande que la moyenne et cette différence en taille semblait encore aujourd’hui la suivre, mais elle savait bien que la taille à la naissance ne voulait pas dire grand-chose, Verith confirmant la chose en témoignant de l’apparence qu’il avait jadis.

« J'ai faim... »

Ces mots avait été ses premiers et eux aussi l’avaient suivie jusqu’à ce jour et probablement seraient-il avec elle à jamais. Toujours amusée, elle observa les jeunes s’élancer avec une évidente maladresse vers le calmar et tenter d’en prendre une bouchée, sans succès. En fait, Ssaadjith glissa sur la courte distance qui le séparait encore du lac sous-marin et y plongea bien malgré lui. Avec ses parents, elle s’approcha de l’eau afin d’en sortir son frère, sans succès, et pour en ajouter, le Gemme-Écaille y plongea également sans avertir. Il fallait croire que ce caractère fonceur était de famille, quoiqu’il se fût manifesté chez elle davantage dans sa manie de se bagarrer avec à peu près n’importe qui qui se trouvait à portée. Verith sortit finalement les deux aventuriers du lac, les sermonnant au passage pour leur comportement.

« Quand on veut partir à l’aventure et à la découverte, il faut respecter quelques règles. Premièrement, bien se préparer et cela signifie donc ne pas partir le ventre vide ou en ayant trop peu d’énergie. Deuxièmement, ne pas se laisser berner par l’environnement et tomber dans le premier piège venu. »

La Dévoreuse crut bon intervenir elle aussi.

« À la profondeur à laquelle nous sommes, peu de créatures rôdes, mais les lieux sont vastes et sombres. Vous pourriez vous y égarer sans même le réaliser. »

Elle remarqua alors la gigantesque perle qui avait poussée à l’intérieur du coquillage qui avait emprisonné le Cendré.

« L’un des avantages qu’apporte le nombre limité de créature est que les coquillages tels que celui-ci vivent assez longtemps pour produire de petites merveilles. »

Elle délogea la sphère blanche et étendit sa patte pour aller la déposer parmi les autres décorations à proximité, puis ramena son regard sur les jumeaux.

« Lorsque vous aurez pris des forces, nous pourrons aller trouver d’autres items pour garnir le nid. À présent, mangez. »

La texture particulière du calmar géant était un peu trop coriace pour les petites mâchoires des Dragonnets malgré leurs crocs déjà acérés, aussi leur grande sœur déchira elle-même un morceau qu’elle fit griller dans sa gueule avant de le laisser retomber devant eux. À coup sûr, ce n’est pas de nourriture qu’ils allaient manquer ici bas!

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    Le coquillage s'était refermé sur lui comme une boite à bijou sur la main d'un voleur. Pourtant, il voulait cette sublime perle, voleur ou non ! La huître était immense et la perle tout autant dans ces superbes profondeurs intouchées. Elle avait pu croître sans prédateur, si ce n'était la nourriture qui venait à elle. La langue visqueuse commençait à l'assaillir, contractant ses muscles pour le briser... mais sur un dragon, jamais elle ne gagnerait. De griffes et de crocs, Ssaadjith se débattait, tranchant dans le vif les nerfs puissants de la cruelle créature. L’âpre salée se déversait dans sa gueule et le mollusque, blessé, relâchait les deux coquilles ventousées. Le bâton inséré en levier dans l'interstice fragile faisait bel ouvrage, achevant le massacre déchirant dont souffrait le bivalve. Vaincu et ramené sur la terre ferme par un fil d'or, et par un père ronchon. L'écrin s'ouvrit sur un Ssaadjith au ventre un peu plus rond, reput de son agresseur qu'il avait gobé et enroulé autour de la belle et ronde platine : la perle de sa quête.

    Ils ne tardèrent pas à se faire gronder. C'était assez évident quand bien même il aurait aimé avoir un peu plus de leste. C'était une petite promenade et il ne lui était rien arrivé de grave ! Il avait même rudement bien mangé ! C'était bon les huîtres, de toutes évidences. Bien que cela ne soit pas son plat préféré. Non, il devait exister des choses encore meilleures en ce monde. Le repas était bon, et il y aurait bien d'autres choses excellentes. Enfin là n'était pas la question : le regard sévère de Verith avait toute son attention et il coula le sien en direction de sa mère, dans l'espoir vain qu'elle vienne le protéger des ronchonneries paternelles... Mais ce fut sa sœur qui sembla adoucir le tableau et Ssaadjith lui adressa mille et un mots doux et roucoulant à l'esprit de son aînée. « Je ne suis pas tombé dans un piège. » protesta-t-il auprès de son père, l'orgueil froissé. « Je maîtrisais la situation. » En effet, plus de mollusque dans cette coquille, il lui avait réglé son compte et... il essayait à présent de récupérer cette perle mais le calcaire semblait l'avoir collé à la surface nacrée.

    Le petit dragonnet y mettait toutes ses forces, dans différentes positions, pour défaire sa précieuse convoitise de son socle. Tantôt avec les pattes avant, tantôt allongé sur le dos pour pousser avec les pattes arrières, mais à n'en pas douter, il manquait de force et une fois encore, ce fut sa sœur qui lui vint en aide en décrochant la présomptueuse chose ronde... Pour la mettre plus loin sous les yeux d'un Ssaadjith au cœur brisé. Sa précieuse s'envolait loin de lui mais il était loin d'oublier que Verith venait de les gronder et pour mettre un terme à la conversation, il ajouta : « De toutes façons, c'est Nephilith qui m'a poussé. » Puis il partit récupérer sa merveilleuse perle nacrée. Il enroula sa queue autour d'elle pour la transporter tandis qu'il venait profiter du repas préparé avec attention par Nynsith. Savourant le met, il s'imprégnait des nouvelles perceptions sur sa langue, gardant jalousement, bien contre lui, la perle. « Qu'est ce qu'on peut ramener dans le nid ? » demanda-t-il à Nynsith : « Toi qui connais tant les fonds marins, qu'y a-t-il de plus beau à y dégoter ? Nephilith est un grand collectionneur. » affirma-t-il en glissant délicatement la perle vers son frère.

    « Je voulais te l'offrir... » adressa-t-il à Keetech : « Mais je sais que Nephilith convoite bien des trésors, je voulais lui apporter le tout premier et magnifique de sa future collection. » Fier, il ajouta : « Tu vois ma Gemme-Écaille, je suis sûr que tu n'oublieras jamais que c'est MOI qui ait posé la première pierre à ton édifice. Ronde certes. Mais n'est-elle pas magnifique ? » Il attendait véritablement d'être plussoyé et louangé. Vraiment. Ce ne serait jamais de tout repos d'avoir un frère comme Ssaadjith.

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Des bêtises ! Tout de suite les grands mots. Ou les grands maux. Ils exploraient ! Ils apprenaient. Apprendre n’était pas une bêtise du peu qu’il savait. Et les Voix étaient tout à fait d’accord avec lui. Ou il fit taire celles qui ne l’étaient pas en tout cas. Apprendre, c’était là l’essence du pouvoir. Et s’ils voulaient devenir Dieu à la place des Dieux, ils allaient avoir beaucoup à apprendre.

Mais Nephilith n’avait que faire des paroles de son père en cet instant. Seul comptait son jumeau et le sauver de ce coquillage qui voulait le manger. De son petit bâton il forçait, forçait toujours, sur cette maudite, mais magnifique coquille. Quand il se sentit happer par un fil qui l’extirpa de l’eau plus vite qu’il n’en fallait pour dire papa. Il pensa le nom toutefois bien fort, d’un ton presque outré,  de se faire ainsi alpaguer alors qu’il allait sauver son frère !

Frère qui se retrouva à ses côtés, le coquillage toujours enchâssé sur sa patte. Frère, qui, en égoïste glouton, venait de gober la créature à l’intérieur ! Nephilith n’en continua pas moins ses efforts avec son bâton pour dégager son Frère Coquille. Mais bien vite, aidé d’une pression de griffe paternelle, le coquillage rendu les armes et s’ouvrit, délivrant une perle splen-di-de. Nephilith observa la perle avec une lueur avide dans le regard. C’était là un véritable trésor. Un objet rare. Il était persuadé qu’une telle perle, aussi grosse, aussi belle, ne se trouvait pas facilement. Il aurait adoré l’avoir, la garder en collection… mais elle était à son frère. Et déjà, son jumeau était enroulé autour d’elle, lui aussi avide de ce trésor qu’il avait déniché. Si Nephilith fut jaloux ? Peut-être un peu, un court instant. Mais il était aussi honnête et lucide : ce trésor avait été trouvé par Ssaadjith et appartenait donc à Ssaadjith.

Il peinait toutefois à détourner les yeux de son frère et de la perle, et étrangement, en cet instant d’intense concentration sur le spectacle de son jumeau essayant de déloger la perle, il n’entendait plus aucune voix. Il était, chose rare pour être souligné, la seule et unique voix dans sa tête. Il n’entendit pas même les remontrances de leur père. Elles n’étaient qu’un bruissement nébuleux qui lui parvenait comme un écho. Même les paroles de leur sœur tentant de les défendre dans cette petite aventure, qui ne serait que la première parmi des milliers d’autres, n’étaient que vagues mots lointains, voguant en des lieux incertains.

Ce n’était pas pour autant que ses pensées se taisaient.  Son esprit partait vers d’autres contrées, vers cette perle possédée par son jumeau, tout ce qu’il pourrait en faire, tout ce qu’il pourrait en étudier, tout ce qu’il pourrait… Tant et tant de possibilités. Il entrevoyait déjà où la mettre, où l’honorer, où l’admirer. Observer et étudier cette coquille, son mécanisme fabuleux de défense, si fastidieux pour tous ceux qui avaient cherché à lui faire offense. Et cette couleur fabuleuse, qui semblait miroiter en arc-en-ciel tout en restant d’une couleur pure… Tant et tant à étudier. À apprendre. A…

« De toute façon, c'est Nephilith qui m'a poussé. »

La voix de son Frère Coquille frappa soudain son esprit et l’extirpa enfin de ses songes. Il n’avait pas tout suivi, ne comprenait qu’à moitié de quoi ils parlaient, mais il leva les yeux au ciel à l’affirmation de son frère. À n’en pas douter, tout serait de sa faute avec son jumeau. Mais loin de s’en offusquer, Nephilith s’en amusa intérieurement et son regard saphir pétilla de nouveau, perdant la lueur vague et perdue qu’il avait arborée quelques instants plus tôt. Et il daigna, enfin, accorder toute son attention à ce qui l’entourait. Son père. Qui semblait leur avoir dit de… quoi déjà ? Leur sœur. Qui avait préparé un mets bien savoureux pour eux. Son estomac gronda.

Il rejoignit son frère qui déjà, la perle enroulée dans sa queue tout contre lui, savourait le repas. Nephilith happa un morceau délicatement, avec prudence et attention. Quand bien même son corps lui réclamait de tout engloutir en entier, il voulait sa-vou-rer. S’imprégner de ses sensations qu’il n’avait pu jusque-là qu’imaginer en rêve. Il avait l’imagination fertile, mais son imagination n’était rien comparé à l’exaltation des sens que lui procura ses papilles soudain enivrées. Cette saveur, ce sel et ce fumet, ces sens soudain explosaient. Il en ferma les yeux et laissa le morceau un long moment dans sa gueule, comme le laissant fondre sur sa langue. Toujours les yeux fermés, il roucoula et remercia d’un doux ronronnement sa sœur ainée.

« Qu'est ce qu'on peut ramener dans le nid ? »

Ces mots lui firent avaler d’un coup son morceau et ses saphirs s’ouvrirent. Déjà prêtes à partir à l’aventure. Imaginant déjà mille trésors à découvrir, mille contrées à parcourir, sans plus aucune censure.

« Toi qui connais tant les fonds marins, qu'y a-t-il de plus beau à y dégoter ? Nephilith est un grand collectionneur. »

Et il vit soudain son frère lui… donner la perle. Lui donner la perle ! Nephilith sentit son petit coeur battre tambour et fondre d’amour. Son frère Coquille la lui donnait ! Son tout premier trésor !

« Je voulais te l'offrir...Mais je sais que Nephilith convoite bien des trésors, je voulais lui apporter le tout premier et magnifique de sa future collection. »

Il avait pensé à lui ! Nephilith ronronna de plaisir en attrapant la perle et caressa son frère du museau.

« Tu vois ma Gemme-Écaille, je suis sûr que tu n'oublieras jamais que c'est MOI qui aie posé la première pierre à ton édifice. Ronde certes. Mais n'est-elle pas magnifique ? »

Oui, forcément, il y avait toujours une pensée cachée derrière chaque attention, même délicate, de son jumeau. Mais… Mais Nephilith appréciait quand même le geste.

" Oui elle est magnifique. Ce sera la Pierre de Ssaadjith. Et ce sera le coeur de ma collection. La toute première pierre, la toute première perle, la plus belle, que toutes celles d’après viendront honorer et protéger. Mon Frère-Coquille. "

Comment rendre les deux frères contents. Un objet au collectionneur et nommer l’objet au nom du narcissique. D’une perle deux coups. Il alla dans leur nid, réarrangea les morceaux cassés que son père avait repoussés, en fit un beau petit berceau, puis posa la perle au milieu. D’un air solennel et empreint de gravité, avant de revenir vers son frère. Il attrapa la coquille maintenant ouverte et cassée et la glissa près du nid aussi. Il voulait la garder pour l'étudier. Pas touche non plus. Puis il revint et engloutit un autre morceau, avant de se tourner vers les adultes.

" Alors, on part quand explorer ? Où est-ce qu’on va ? "

Et ils avaient intérêt à répondre vite, ou il replongeait tout seul pour voir la mer. L’océan. Les fonds marins ! Des découvertes sans fin !

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¤ Chaque chose en son temps ¤

À peine sorti de l’œuf et déjà turbulent, Verith observait son premier fils se faufiler avant de se faire bêtement piéger par un coquillage. Il ne craignait pas grand-chose, mais tout de même, mieux fallait qu’il se fasse leurrer aussi facilement. Au moins, cela lui servirait de leçon. Nynsith n’avait pas tort et le colérique ne put que l’approuver. Les deux petits ne craignaient pas grand-chose dans l’immédiat, hormis le fait de s’égarer, mais le danger débutait ainsi, une fois égarer, ils pourraient aller au-devant de plus grands périls auxquels ils n’étaient pas encore capables de faire face. Verith ne pouvait réprimer le désir d’aventure et d’exploration de ses deux petits. Après tout, s’ils tenaient cela de quelqu’un, c’était bien de lui. Mais le rouge aurait espéré que cela soit compenser par la sagacité de leur mère.

Le rouge libéra le petit Ssaadjith du coquillage en forçant l’ouverture à l’aide d’une griffe. Ce dernier était devenu un peu plus dodu en engloutissant le mollusque qui l’avait ainsi piégé. Au moins avait-il su se défendre de cela et faire payer le faire de s’en être pris à sa personne. Toutefois, le petit d’obsidienne fit preuve de son orgueil mal placé en assurant qu’il maitrisait la situation, avant de venir accuser ouvertement et sans gêne son frère pour ne pas assumer son erreur. Verith se retint de ne pas rouler des yeux. Cela là allait lui en faire voir de toutes les couleurs.

Semblant incapable de tenir en place plus de quelques secondes, Ssaadjith commençait déjà à s’agiter en s’en prenant à un petit élément contenu dans le coquillage, sans doute le trésor de cette créature. Et alors qu’il s’en allait déguster un morceau de calamar préparé avec soin par sa sœur, ce dernier s’en vint faire cadeau de ladite perle à son jumeau Nephilith. Au moins, ce dit Verith, quand bien même il accusait son frère de chose imaginaire, il tentait d’arranger les choses derrière en lui faisant un cadeau. Non, cela était trop beau pour être vrai, car il s’agissait une fois de plus d’une manœuvre de l’obsidien qui ne put s’empêcher de se vanter et de se mettre en avant. Verith remarqua toutefois que le doré ne prenait pas ombrage des agissements de son frère. Sans doute serait-il trop bonne pâte avec son jumeau. Le rouge allait devoir avoir une petite conversation avec ce dernier pour lui faire comprendre de ne pas trop se laisser marcher dessus par son frère. Et inversement dire au frère de ne pas trop marcher sur l’autre.

Nephilith sembla adorer le présent et Verith se contenta d’observer la scène avec silence. Ce spectacle était doux à voir, l’envoyant loin de toutes les préoccupations qu’il avait pu connaitre ses dernières années et qu’il connaitre dans les années à venir. Il restait encore tant de menace et de combat à venir. Cela lui mettait un peu de baume au cœur. Verith vint placer sa queue de sorte à bloquer l’accès à l’eau pour ses deux enfants.

« Très bientôt. Commencez avant tout par vous reposer. Il faut reprendre des forces après l’éclosion. Sans quoi vous ne ferez pas deux mètres avant de vous écrouler de fatigue et vous ne profiterez pas de votre première sortie. »

Verith vint commencer à pousser du bout du museau les deux petites vers le nid.

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