Disparu le ronronnement le berçant. Disparu ce son sourd en leitmotiv rassurant. Il n’entendait plus ces notes basses et sourdes qui battaient tambour, il n’entendait plus ces douces harmonies qui lui chantait amour. Noir, vide, sa symphonie perdue, il se sentait abandonné. Cette chaleur disparue, il se sentait froid et apeuré.
Nul silence pour autant. Là à ses côtés, le souffle de son frère-coquille. Cette présence pérenne, contre lui immobile. Ce tempo à l’unisson, indolent. Ils étaient peut-être seuls maintenant, mais ils étaient toujours ensemble, alors peu importait. Cette simple pensée le rassura aussitôt et il calma ses sens agités. Il se focalisa d’abord sur la chaleur du petit corps lové contre lui, sur ce souffle qui chatouillait ses écailles au creux de ses ouïes, sur ce son apaisant, qui doucement l’enveloppait… sur la coquille dure et froide qui rapait sur son dos. Ils commençaient à être à l’étroit. Leur coquille, qu’il aimait tant, devenait trop petite. Peut-être devraient-ils en sortir, peut-être était-il temps ?
Il laissa alors ses sens apaisés s’étendre autour de lui. Seuls, vraiment ? Quelle était cette présence qu’il semblait sentir près d’eux, près de leur coquille ? Cette voix… une histoire leur était contée. Une histoire d’autres contrées. Des promesses, des vœux… cette voix il la connaissait. Il l’avait déjà entendue. Son premier savoir, sa toute première voix. Jamais il ne l’oublierait. Leur père leur parlait. Non, ils n’étaient pas seuls, ils n’étaient pas abandonnés. Ils n’étaient pas…
Leur coquille était simplement sortie du corps chaud de leur mère ! réalisa-t-il abruptement. Coquille sortie, voulait dire sortie imminente pour eux aussi… non ? Non, pas encore. Il avait envie… Il voulait encore…
Il se concentra de nouveau sur son frère-coquille auprès de lui. Oui, encore une fois, juste une fois, il voulait encore en profiter. Le retrouver, jouer, s’amuser, découvrir avec lui, dans leurs contrées qu’eux seuls pouvaient explorer à deux, unis. La contrée des rêves. Si douce et si traitresse, mais si belle. Oui, encore une fois… avant qu’ils se décident à plonger dans le monde de leurs parents, ce monde si différent.
Et alors, il s’endormit. Toutes ses pensées focalisées sur le petit ronronnement qui s’élevait à ses côtés. Il le serra doucement, avec tendresse infinie, ce petit corps lové, puis l’appela de toute sa puissance, dans sa douce nuit.
Il se retrouvait au bord d’un lac, qu’il aurait reconnu entre mille. Le lac Ssaadjith, comme son frère, dans son immense modestie, l’avait nommé. Un roucoulement amusé lui échappa à ce souvenir, d’un autre rêve échangé. Mais bien vite, l’appel de l’eau devint trop tentant. Il se jeta alors sans préambule dans la grande marre qui lui tendait les bras. Éclaboussant tout sur son passage, sans retenue aucune. Et surtout sans scrupule. Riant soudain à la récrimination outrée qu’il entendit. Il était venu. Il était là, avec lui. Comme toujours.
" Mon frère-coquille, je t’aime moi aussi ", fit-il en sortant enfin de l’eau et en rampant sur la berge, avant de s'ébrouer les écailles et de les hérisser fièrement.
Les faisant irradier d’éclats dorés au soleil éclatant qui les réchauffait.
Nul silence pour autant. Là à ses côtés, le souffle de son frère-coquille. Cette présence pérenne, contre lui immobile. Ce tempo à l’unisson, indolent. Ils étaient peut-être seuls maintenant, mais ils étaient toujours ensemble, alors peu importait. Cette simple pensée le rassura aussitôt et il calma ses sens agités. Il se focalisa d’abord sur la chaleur du petit corps lové contre lui, sur ce souffle qui chatouillait ses écailles au creux de ses ouïes, sur ce son apaisant, qui doucement l’enveloppait… sur la coquille dure et froide qui rapait sur son dos. Ils commençaient à être à l’étroit. Leur coquille, qu’il aimait tant, devenait trop petite. Peut-être devraient-ils en sortir, peut-être était-il temps ?
Il laissa alors ses sens apaisés s’étendre autour de lui. Seuls, vraiment ? Quelle était cette présence qu’il semblait sentir près d’eux, près de leur coquille ? Cette voix… une histoire leur était contée. Une histoire d’autres contrées. Des promesses, des vœux… cette voix il la connaissait. Il l’avait déjà entendue. Son premier savoir, sa toute première voix. Jamais il ne l’oublierait. Leur père leur parlait. Non, ils n’étaient pas seuls, ils n’étaient pas abandonnés. Ils n’étaient pas…
Leur coquille était simplement sortie du corps chaud de leur mère ! réalisa-t-il abruptement. Coquille sortie, voulait dire sortie imminente pour eux aussi… non ? Non, pas encore. Il avait envie… Il voulait encore…
Il se concentra de nouveau sur son frère-coquille auprès de lui. Oui, encore une fois, juste une fois, il voulait encore en profiter. Le retrouver, jouer, s’amuser, découvrir avec lui, dans leurs contrées qu’eux seuls pouvaient explorer à deux, unis. La contrée des rêves. Si douce et si traitresse, mais si belle. Oui, encore une fois… avant qu’ils se décident à plonger dans le monde de leurs parents, ce monde si différent.
Et alors, il s’endormit. Toutes ses pensées focalisées sur le petit ronronnement qui s’élevait à ses côtés. Il le serra doucement, avec tendresse infinie, ce petit corps lové, puis l’appela de toute sa puissance, dans sa douce nuit.
Il se retrouvait au bord d’un lac, qu’il aurait reconnu entre mille. Le lac Ssaadjith, comme son frère, dans son immense modestie, l’avait nommé. Un roucoulement amusé lui échappa à ce souvenir, d’un autre rêve échangé. Mais bien vite, l’appel de l’eau devint trop tentant. Il se jeta alors sans préambule dans la grande marre qui lui tendait les bras. Éclaboussant tout sur son passage, sans retenue aucune. Et surtout sans scrupule. Riant soudain à la récrimination outrée qu’il entendit. Il était venu. Il était là, avec lui. Comme toujours.
" Mon frère-coquille, je t’aime moi aussi ", fit-il en sortant enfin de l’eau et en rampant sur la berge, avant de s'ébrouer les écailles et de les hérisser fièrement.
Les faisant irradier d’éclats dorés au soleil éclatant qui les réchauffait.