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Disparu le ronronnement le berçant. Disparu ce son sourd en leitmotiv rassurant. Il n’entendait plus ces notes basses et sourdes qui battaient tambour, il n’entendait plus ces douces harmonies qui lui chantait amour. Noir, vide, sa symphonie perdue, il se sentait abandonné. Cette chaleur disparue, il se sentait froid et apeuré.

Nul silence pour autant. Là à ses côtés, le souffle de son frère-coquille. Cette présence pérenne, contre lui immobile. Ce tempo à l’unisson, indolent. Ils étaient peut-être seuls maintenant, mais ils étaient toujours ensemble, alors peu importait. Cette simple pensée le rassura aussitôt et il calma ses sens agités. Il se focalisa d’abord sur la chaleur du petit corps lové contre lui, sur ce souffle qui chatouillait ses écailles au creux de ses ouïes, sur ce son apaisant, qui doucement l’enveloppait… sur la coquille dure et froide qui rapait sur son dos. Ils commençaient à être à l’étroit. Leur coquille, qu’il aimait tant, devenait trop petite. Peut-être devraient-ils en sortir, peut-être était-il temps ?

Il laissa alors ses sens apaisés s’étendre autour de lui. Seuls, vraiment ? Quelle était cette présence qu’il semblait sentir près d’eux, près de leur coquille ? Cette voix… une histoire leur était contée. Une histoire d’autres contrées. Des promesses, des vœux… cette voix il la connaissait. Il l’avait déjà entendue. Son premier savoir, sa toute première voix. Jamais il ne l’oublierait. Leur père leur parlait. Non, ils n’étaient pas seuls, ils n’étaient pas abandonnés. Ils n’étaient pas…

Leur coquille était simplement sortie du corps chaud de leur mère ! réalisa-t-il abruptement. Coquille sortie, voulait dire sortie imminente pour eux aussi… non ? Non, pas encore. Il avait envie… Il voulait encore…

Il se concentra de nouveau sur son frère-coquille auprès de lui. Oui, encore une fois, juste une fois, il voulait encore en profiter. Le retrouver, jouer, s’amuser, découvrir avec lui, dans leurs contrées qu’eux seuls pouvaient explorer à deux, unis. La contrée des rêves. Si douce et si traitresse, mais si belle. Oui, encore une fois… avant qu’ils se décident à plonger dans le monde de leurs parents, ce monde si différent.

Et alors, il s’endormit. Toutes ses pensées focalisées sur le petit ronronnement qui s’élevait à ses côtés. Il le serra doucement, avec tendresse infinie, ce petit corps lové, puis l’appela de toute sa puissance, dans sa douce nuit.

Il se retrouvait au bord d’un lac, qu’il aurait reconnu entre mille. Le lac Ssaadjith, comme son frère, dans son immense modestie, l’avait nommé. Un roucoulement amusé lui échappa à ce souvenir, d’un autre rêve échangé. Mais bien vite, l’appel de l’eau devint trop tentant. Il se jeta alors sans préambule dans la grande marre qui lui tendait les bras. Éclaboussant tout sur son passage, sans retenue aucune. Et surtout sans scrupule. Riant soudain à la récrimination outrée qu’il entendit. Il était venu. Il était là, avec lui. Comme toujours.

" Mon frère-coquille, je t’aime moi aussi ", fit-il en sortant enfin de l’eau et en rampant sur la berge, avant de s'ébrouer les écailles et de les hérisser fièrement.

Les faisant irradier d’éclats dorés au soleil éclatant qui les réchauffait.

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    Son souffle était grave, sourd, profond. Ssaadjith semblait imperturbable, malgré les mouvements de son jumeau. Il avait l'air comme concentré, happé par le rêve qu'il faisait, comme l'un des milliers de joyaux qu'il avait partagé avec Nephilith. La respiration était lente et régulière, emprunte d'un calme olympien qu'on ne lui connaissait que trop peu, une fois éveillé. Il avait l'air si sage, blotti contre le doré. Il était difficile de l'imaginer comme un beau monstre avide et agité quand on l'observait ainsi sommeiller, ses naseaux vibrant délicatement dans un ronflement tout juste perceptible et aiguë.

    Un soupir soulevait son poitrail écailleux et rougeoyant des flammes encore jamais déversées. Le grondement de sa gorge soulignait son application à la tâche que nul être extérieur à ses rêves ne pouvait comprendre. Fort heureusement pour la Gemme-Écaille, il se rendrait vite compte de ce qui absorbait à ce point son frère une fois dans la contrée. Le noir gronda, récriminant son frère de l'avoir éclaboussé et dérangé, l'éclat doré attira son œil par son reflet, l'emplissant d'une jalousie bien connue. Il grogna à son égard avant de se remettre à sa tâche, sans répondre à l'élan d'affection que Nephilith lui témoignait. C'était de l'ironie, alors pourquoi l'accepterait-il ? Il traçait de ses petites griffes le sillon entre deux mottes de sable, avec un soin tout particulier.

    Puis il redressa le museau, faisant le tour de ce qu'il avait bâti. Ici et là, des montagnes et des creux, des rivières et des volcans, des grottes et des gorges, des forêts matérialisées avec de la mousse... C'était à s'y méprendre ce que fabriquait jour après jour leur père, Verith. Il se souvenait de chaque mot, de chaque description, comme si tout tait déjà gravé dans sa mémoire draconique. Il voyait ses paysages, comme s'il les survolait toutes ailes étendues. Des cailloux amassé, des bâtonnets de bois taillés, des touffes de végérations et l'eau tirée du lac Ssaadjith.

    Posant finalement un arrière-train épuisé d'avoir tant piétiné autour de la construction, il baissa le museau jusqu'à ce qu'il touche le sol, vérifiant l'alignement entre deux pics de montagnes. Satisfait, il se redressait gorgé d'orgueil et de fierté « J'ai fini ! » clama-t-il, alors qu'il refaisait une énième fois le tour de cette maquette qui devait bien faire au moins une dizaine de fois sa taille. A n'en pas douter : il y avait passé des heures. « Père dit qu'il voudrait que nous retrouvions le continent sauvage. Moi, je dis qu'il finit par trop aimer les humains. S'il le voulait vraiment, il serait parti, pour que nous naissions en ces terres qu'il adule. Loin, très loin des bipèdes. Je suis sûr que sous sa carapace, il a un cœur tout fondant d'affection pour eux. »

    Il haussa les épaules : « Qu'à cela ne tienne, j'irai moi-même là bas. Je serai plus doué que lui. » Affirma-t-il. « Dis... Je voudrais ton avis. Quelle forêt pourrait avoir l'immense privilège de s’appeler la forêt Ssaadjith ? » Il se dirigea vers une masse verdoyante au nord : « Celle-ci ? En raison de son immeeeeeeense superficie ? » Il se dirigea vert une autre forêt, à l'est, au feuillage roux : « Ou celle ci pour son sublime éclat chatoyant ? » Il aimait bien cette couleur, elle tapait à l’œil.

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Bon visiblement son frère-coquille avait décidé de bouder. Ou de l’ignorer. Ce qui dans le cas de son adoré Ssaadjith signifiait parfois pareil au même. Mais imperturbable, Nephilith n’en prit pas ombrage et avança vers son frère. Et vers l’oeuvre qui semblait absorber toute son attention. Un paysage en terre, mousse, bois, cailloux… Un paysage qui lui disait quelque chose.

Plus que quelque chose en fait. C’était le paysage, les contrées, que leur père leur avait dessiné dans le monde réel qui les appelait. Les contrées sauvages, d’où venaient leurs parents. L’oeuvre de Ssaadjith y ressemblait comme deux grains de sable. En version miniature bien entendu. Il avait soudain envie d’insuffler de la magie dans cette création pour lui donner vie.

Ne lui dis pas trop fort où il va rugir d'ire orgueilleuse., envoya-t-il en pensée murmurée quand son frère évoqua le coeur et l'affection du Rouge-Colère.

Mais il devait avouer être d’accord avec son frère-coquille. Pourquoi rester si les bipèdes étaient si désespérants ? S’ils étaient si dangereux – mais comment des moucherons pouvaient-il être dangereux ? – et si stupides ? Pourquoi rester en ces terres ? Pour les sauver ? C’est donc que leur père s’était tout de même attaché à eux pour s’enliser dans l’archipel.

Nephilith siffla de rire quand son frère s’exclama être plus doué que son père. Pour sa part, il demandait à voir.

Chiche, répondit-il en une réplique, qui, il le sentait, allait devenir comme un leitmotiv entre son frère et lui.

Puis, à la question qu’il lui posa, il se rapprocha encore. Observa les deux forêts tour à tour, et finalement se décida pour la forêt rousse. Elle flamboyait plus que l’autre, son frère adorerait, assurément. Il la désigna alors d’une griffe.

Celle-là, s’exclama-t-il dans un ronronnement. Oh, oups ! ajouta-t-il aussitôt d’un air penaud, quand son aile, dans le même mouvement, vint frapper ladite forêt et la réduisit en un tas de poussière ocre.

Il rabattit rapidement la fautive, baissa le museau et rentra la tête entre ses épaules, en faisant des yeux tristes à son frère-coquille. Puis aussitôt, se disant qu’avec son frère cet air contrit ne lui ferait rien, il se redressa aussi vite et désigna l’autre. Cette fois d’un geste plus maitrisé et surtout sans aile malvenue venant battre sa grande voile là où on ne l’avait pas demandé.

Non plutôt celle-là. Elle est plus grande et se voit de bien plus loin. Comme les étoiles que tu aimes tant. Qu’importe la couleur si elle est si petite que tu ne la vois pas à l’horizon.

Piètre rattrapage, il le savait. Mais de toute façon, ce qui était fait était fait. Il aurait certes pu s’excuser, mais… Pas sa faute si la forêt avait été trop fragile pour résister à l’aile d’un dragonneau.

Mais pourquoi choisir une forêt à l’autre bout du monde, sur une terre seulement peuplée de dragons qui n’auront que faire de notre superbe ? Non, mieux vaut en choisir une sur les terres qui nous verront naitre. Et les bipèdes pourront clamer le nom de cette forêt avec bien plus d’admiration que si elle était située dans un monde qu’ils ne connaissent même pas. Ils y entreront avec vénération, avec peur et appréhension, mais avec respect aussi. Oui, mieux vaut une forêt de ces terres qui sont nôtres. La forêt des Dieux dragons. Laquelle choisirais-tu alors dans notre monde à nous ici ?

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    Les mires d'absinthe de Ssaadjith se portaient sur son lié gémellaire, patient. Fort heureusement, Nephilith avait de la jugeote, et pas des moindres : il réfléchissait vite, trop pour que le noir ne puisse le suivre parfois. Le verdict tombait, survit aussitôt de sa catastrophe et le dragonnet jugea son semblable du regard, un long instant. Il avait l'air si penaud de sa bêtise que son cœur balança entre le pardonner ou appuyer plus encore sur sa maladresse. Puis il concéda que le second ne lui rapporterait rien de particulier, alors il opta pour le premier, qui lui, était plus prometteur en terme de relation. Qui sait ? Nephilith lui offrirait peut-être quelque chose pour se faire pleinement pardonner... Si bien de le dragonnet sombre afficha un air triste, particulièrement peiné, jouant à merveille la tragédie d'un cœur brisé qui gardait la tête haute dans la tempête, charismatique, tandis qu'il acquiesçait de la tête, plein d'une généreuse miséricorde à l'égard de l'empoté qu'il graciait de son royal pardon. Ahlala... Comme il était blessé, comme il était malheureux ! Nephilith allait bien lui remonter le moral d'une manière ou d'une autre. Un présent, un service, une faveur... Il en demandait pas beaucoup... Mais il demandait quand même.

    « Tu as raison, la grande fera l'affaire. Je planterai même des arbres pour qu'elle soit encore plus immense. » Ainsi naquit le premier dragon écolo en Tiamaranta, quand bien même le fond de sa pensée n'était guère orienté à des fins de protection de ce monde, mais bel et bien pour brosser joyeusement son ego dans le sens des écailles. « Il doit bien y avoir quelques plantes exotiques, hors du commun à mettre en terre... oh que dirais-tu de plantes carniv... » Mais son frère avait repris de plus bel : pas étonnant, car Ssaadjith avait marmonné cela dans sa barbe inexistante. Captant son intérêt, le chétif dragon vint à s'asseoir un instant : « Tu rigoles ? Notre mère et notre sœur ont déjà une île à leur nom. Je ne vais pas me contenter d'une forêt. » Et cela annoncé sur un ton qui coulait de source. « Je vais avoir l'air ridicule. Non, j'aurais deux îles. » Toujours plus, évidement, sans quoi la folie des grandeurs ne serait qu'un mythe. « Il reste l'île des humains... Très facile à corrompre et beaucoup d'adorateurs en perspectives. Du genre... des milliers, des millions ! Et celle du sud. J'irai les convertir, ils seront charmés tu verras, un vrai jeu d'enfant. Ou alors Tiamat... Même s'il n'y a personne là-bas, c'est le centre de l'archipel ! Le point culminant... Le... Ok, je vais commencer par là-bas. » acheva-t-il avec des centaines d'étoiles dans les yeux, et les ailes frétillantes d'espoir.

    « Crois-tu qu'il y a des grottes dans ce volcan ? Pour s'y installer en paix. Pour sûr, les bipèdes ne viendront pas m'y déranger. Nous en seront protégés. D'eux et du Lien. Verith n'a pas l'air très partant pour qu'on s'attache à eux à ce point. » Roulant des yeux, il chercha un autre endroit sur le bord du lac adoré, plus proche de l'eau, dans une zone assez marécageuse. Il saisir un fin bout de bois dans sa gueule pour dessiner au sol, approximativement l'archipel de Tiamaranta, bien décidé à en faire une seconde maquette. « Fais pas l'empoté cette fois et aide moi plutôt. » fit-il, railleur, en mémoire de ce qu'il était advenu de la première représentation.

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Quand il vit l’air triste de son jumeau, Nephilith sentit son petit coeur se briser. Il détestait que son frère soit peiné, encore plus s’il en était la cause. Bien que…

Bien que parfois, il devait avouer soupçonner son serpent de frère de jouer de ces sentiments-là. Pour mieux l’enjoindre à faire ce qu’il voulait ensuite. C’est que le petit Ssaadjith était un filou roublard qui n’en perdait pas une pour arriver à ses fins. C’était là un trait d’esprit qu’il avait vite appris à comprendre de son Frère-Coquille. Un trait d’esprit qui, loin de l’agacer ou de lui répugner, l’amusait, la plupart du temps.

Et en cet instant, il sentait que son frère tirait un peu sur sa corde sentimentale. Sans doute pour mieux le faire adhérer à son envie de jeu actuel, à savoir construire son monde virtuel tout de bouts de bois, de cailloux et de terre. Pour être honnête, cela ne gênait pas outrageusement Nephilith. Il aimait bien construire lui aussi. Ou mieux, inventer.

« Tu rigoles ? Notre mère et notre sœur ont déjà une île à leur nom. Je ne vais pas me contenter d'une forêt. »

Nephilith éclata de rire. C’était bien là son frère.

« Je vais avoir l'air ridicule. Non, j'aurais deux îles. »

Lu, aurait suggéré une île plus grande, aussi grande que les deux îles réunies. Ou tout l’archipel. Ou mieux l’océan qui entourait les îles. Leur mère et leur sœur ne seraient alors que deux points minuscules au milieu de l’immensité de Ssaadjith. Toutefois…

Toutefois son frère était si bien parti dans son laïus dramatico narcissique que Nephilith le laissa divaguer et l'écouta, un vif éclat amusé dans ses saphirs. Il aimait tant voir son frère partir la tête dans les étoiles dans tous ses rêves de grandeur. Dans ces moments-là, son jumeau semblait alors pleinement, véritablement, sincèrement, heureux. Et… entier.

Il n’était pas bien sûr que sa vision des humains soit parfaitement réaliste. Il ne les avait jamais rencontrés lui-même, mais de ce que les visions reçues, de ce que les voix lui soufflaient, il en percevait un peuple certes facilement corruptible et très impressionnable, mais aussi un peuple divisé, un peuple… eh bien oui, aussi narcissique que son frère, aussi avide de pouvoir. Pas sûr qu’ils se laissent tous convertir en adorateur de la Grande Étoile Ssaadjith. Pas tous du moins. Il préféra toutefois garder ses pensées pour lui, pas du tout pressé de détromper les illusions de son frère adoré. Seul l’éclat soudain plus que sérieux de son regard pouvait trahir le fond de ses élucubrations internes.

Tiamat t’irait bien oui.

Le point culminant, central, flamboyant d’un volcan aussi imprévisible que son Frère-Coquille, pouvant être d’un calme stoïque et exploser la minute d’après dans une gerbe de colère indignée. Faussement indignée souvent.

« Crois-tu qu'il y a des grottes dans ce volcan ? Pour s'y installer en paix. Pour sûr, les bipèdes ne viendront pas m'y déranger. Nous en serons protégés. D'eux et du Lien. Verith n'a pas l'air très partant pour qu'on s'attache à eux à ce point. »

Notre père dit beaucoup de choses, en pense tout autant, mais il ne détient pas pour autant toutes les clés pour suivre la bonne voie. Il ne tient qu’à nous de tracer notre chemin, et de trouver le bon chemin pour les nôtres. À nous de décider s’il est bon ou mauvais pour nous, et pour les dragons, de nous attacher ou pas. L’avenir nous le dira, ne le crois-tu pas ?

Il n’avait pas répondu pour la grotte, réalisa-t-il. Et songeant soudain que ses propos tendaient vers trop de sérieux, trop de solennité, qu’ils n’étaient pas censés détenir encore à leur âge, il changea aussitôt de ton, le rendant plus jovial de nouveau, en revenant à la première question de son Frère-Coquille.

Jumeau qui déjà s’était saisi d’un bâton, prêt visiblement à recréer cette fois l’archipel qu’ils allaient bientôt peupler. Il s’approcha, à pas comptés, prenant bien soin de replier ses grandes ailes et de rabattre sa looongue queue contre lui.

Et non je ne sais pas s’il y a des grottes dans le volcan, mais nous n’aurons qu’à aller voir ? Je te propose que, dès que nous serons assez grands pour visiter l’archipel tous deux, seuls, nous y allions. Qu’en dis-tu ?

Il s’empara à son tour d’un bâton, qu’il planta à un endroit.

Je fais Calastin, tu fais Tiamat ?

Puis aussitôt il partit chercher une fournée de bâtons, pierres, mousses, mottes de terre en tout genre pour leur belle création. Il déposa son butin près de leur emplacement et s’activa à reconstruire Calastin. Il parvint à recréer l’île assez rapidement. Elle était, en elle-même, assez simple, grands plateaux, collines à perte de vue, quelques cités de-ci, de-là…

Mais dès qu’il eut fini son île, au lieu de passer à une autre, il se prit d’idée de recréer une des géniales inventions humaines qu’il avait vue une fois dans une image envoyée par leur père. Le moulin, si les voix lui disaient vrai. Et elles ne se trompaient jamais. Un moulin.

Il s’appliqua alors à former ledit moulin, dans tous les détails possibles à cette taille. Et surtout à en recréer un maximum le mécanisme. À tel point… à tel point que bientôt le petit moulin vit ses grandes ailes tourner quand il souffla dessus, en faisant tourner la petite meule associée. Nephilith se redressa, tout content, de sa création, à défaut de pouvoir dire son invention. Il a-do-rait cette trouvaille. Il rêvait de créer, un jour, à son tour, une merveille de ce genre.

Qu’en penses-tu ? fit-il à son frère en soufflant de nouveau doucement sur son petit moulin.

Frère qui devait avoir facilement construit tout le reste de l’archipel, si ça se trouve, vu le temps qu’il avait passé à faire juste son petit moulin. Mais il avait été tellement absorbé qu’il n’avait pas observé l’avancée de son frère.

Est-ce qu’il te plait ? Si tu conquiers Calastin, il sera à toi aussi !

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    Le cœur du dragonnet se gonflait d'orgueil à l'approbation de son doré gémellaire. Comme il appréciait être reconnu comme le point central d'un monde, son ergot culminant, regardant le monde alentour dans une majesté qui lui revenait de droit. En son for intérieur, il se satisfaisait d'être ainsi brossé dans le sens des écailles, même si son œil soupçonneux s'était posé sur sa Gemme-Ecaille comme pour jauger de la sincérité de son propos. Les flatteries, il les aimait beaucoup, il les adorait même, mais il n'était pas stupide pour autant et il n'aimait pas se faire mener par le bout du nez par une personne qui la jouait plus maligne que lui. S'il ne s'inquiétait pas trop pour les mauvaises intentions de son frère, il savait aussi qu'il était bien plus intelligent que lui. La manipulation savait être aisée quand on disposait d'un tel savoir qu'il n'y avait plus qu'à mettre en application... Mais pour l'heure, Ssaadjith préféra se reposer sur sa confiance fraternelle et profiter de l'approbation qu'on lui cédait. Il trouverait Tiamat et en ferait son fief. Un fief que l'archipel entier pourrait voir tant il était immense et imprévisible. Tiamat serait la nouvelle terre des dragons, elle leur appartiendrait et c'était lui, Ssaadjith qui ira conquérir cette île prodigieuse pour les siens.

    Tout à ses pensées de gloire, il prêta une oreille attentive à ce que disait Nephilith. Il ricana : « Ne le dis pas trop fort. Père risquerait de rugir d'ire orgueilleuse à t'entendre prononcer de pareilles hypothèses au sujet du terrible Lien. » Son propos suintait d'ironie, plagiant sans honte les mots de son frère tenus un peu plus tôt. Haussant ses épaules écailleuses, une branche dans la gueule, il traçait les premières îles au sol, pour en délimiter la taille et les contours qu'il viendrait remplir ensuite. Pour sa part, il ne tenait pas le Lien dans son cœur. Leur père les avait bien alertés sur sa dangerosité latente et Ssaadjith ne se sentait pas particulièrement prêt à partager son âme avec qui que ce soit. Il partageait déjà ses rêves avec le doré, et c'était déjà bien assez de cession dans son intimité, du moins pour le moment. Lâchant finalement son bâton il entama sa quête aux herbe touffues et au sable blond. « Je suis d'accord avec toi sur le fait qu'il nous faille forger nos propres opinions. Verith est ancien, il connaît néanmoins beaucoup de choses. Il parle et pense beaucoup, mais il n'a pas forcément tord non plus. Surtout au sujet du Lien. Peut-être ne te tiendrai-je pas le même discours, plus tard, mais pour l'heure, et pour l'histoire que j'en connais, les bipèdes nous ont causé plus de mal que de bien et je préfère les voir loin de moi ou à genoux que traités comme des égaux, et honoré d'un partage de mon âme. Je ne crois pas qu'ils le méritent avant au moins cinq ou six générations de pénitence. »

    Il roula des yeux, ses pupilles d'un vert d'absinthe blasées par ces bipèdes orgueilleux. Combien accepteraient de se couvrir la tête de cendres et de vivre avec respect ? Les graärhs par contre... Eux, ils l'intéressaient. Eux, il avait bien envie de faire leur connaissance. Peut-être ferait-il ce pas, au moins pour les découvrir et voir de quel étrange matière poilue ils pouvaient bien être faits. Entassant une belle épaisseur de sable pour former le point culminant et fumant, le dragonnet se tourna vers son frère : « Oh que oui, j'adorerai voir Tiamat pour la première fois de mes propres yeux en ta compagnie. » Mots doux, affectueux et sincères... Puis intéressés : « Je veux voir l'admiration dans ton regard lorsque tes yeux de saphirs verront la magnificence de ce que j'offrirai comme terre pour les dragons. Tiamat, terre des dragons. C'est mieux qu'Ambarhùna, où nous étions mélangées avec toutes les autres races. Ici, ce sera notre terre sacré, notre refuge, notre sol. A nous et nous seuls. Et je l'offrirai à notre nuée. Aux dragons. Pas à des elfes ou des vampires. » fit-il dédaigneusement en pensant à Keet-Tiamat et Nyn-Tiamat qui avaient été cédées aux bipèdes bien qu'ils portent le nom de leur mère et leur sœur. Lui, il ne céderait rien.

    Les allers-retours furent bien nombreux. Il allait quérir des matériaux dans le petit sous-bois à proximité, parfois même dans l'eau pour y trouver des pierres abruptes et des galets ronds, aux couleurs exotiques, mêlées l'une à l'autre dans une harmonie plaisante. C'était agréable de faire quelque chose de ses dix griffes. Il était même plus encore agréable de le faire en compagnie de Nephilith. Son esprit se reposait dans ses créations, agrémentant son ego de sublimes idées. Les minutes passaient où, concentré, il se livrait à ses fabrications, se montrant tantôt remarquablement fidèle, tantôt ingénieux pour rendre ce monde plus extraordinaire encore. Fier de son travail, il portait son regard vers Calastin et son... Truc qui tournait avec le vent. Il l'observa de plus près, le détaillant longuement avec une grande attention : « Oui, il me plaît. » Il souffla dans les hélices pour les faire tourner : « Les bipèdes sont ingénieux, ils demandent au vent de leur donner la force qu'ils n'ont pas. Malheureusement ce genre d'objet les fait sentir tout puissants, comme si c'était eux qui avaient cette force titanesque. Ils se leurrent. »

    Il se tourna vers Tiamat : « Regarde ce volcan. Je pourrais te demander de créer un mécanisme pour qu'il en sorte de la fumée. Je suis certain que tu trouverais. Tu emprunterais la force de la science, tu créerais du feu par d'autres moyens que toi même. Moi... Moi je vais attendre que je puisse en cracher. Car cette force de feu ne sera pas un subterfuge pour me faire croire que je puisse être un dragon adulte. Mais les bipèdes ne seront jamais un dragon adulte, ils n'ont pas cet espoir, cette certitude. Alors ils construisent des choses pour mous égaler et ils se fourvoient. Je n'aime pas les créatures qui s'aveuglent de la sorte. J'aimerais leur mettre une bonne raclée, un jour. Qu'ils comprennent qu'ils ne sont rien de plus que des fourmis. »

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Oh certes, il n’allait pas confronter son père sur son opinion concernant le lien de suite. Ne serait-ce que parce que, justement, il voulait se forger la sienne propre, avant toute chose. Son Père pouvait avoir raison, là n’était pas la question. La question ultime selon lui était de savoir si sa raison était fondée ou biaisée par des rancoeurs du passé.

Quant à parler de bipèdes comme des égaux… Pour lui, le lien ne mettait en rien le bipède à un pied d’égalité avec le dragon. C’était tout bonnement… impossible ! Ils étaient des êtres supérieurs !

"Lien ou pas, les bipèdes ne pourront jamais être nos égaux. Ils ne pourront jamais nous égaler, nous sommes les derniers êtres suprêmes de ce monde maintenant que les Dieux ne sont plus."

Et qui disaient êtres suprêmes, disaient devoir suprême. Selon lui, toujours. Mais là encore, il préféra ne pas, pas encore, s’avancer sur ce terrain-là. Cette vague idée se faisait de plus en plus ancrer en lui, mais elle n’était pas encore bien aiguisée, même pour lui-même, pour qu’il la transforme en conviction déterminée et qu’il la partage avec d’autres. Pas même son frère. Un jour sans doute, oui un jour… Quand il aura découvert le monde et que ses hypothèses auront pu être vérifiées. Quand il aura pu avoir la confirmation que les dragons étaient les seuls êtres supérieurs existants et qu’ils devaient alors prendre le pouvoir qui avait chu des Dieux.

Mais il dérivait sur une conversation beaucoup trop sérieuse alors que ce moment devait être de joie et de détente. Alors Nephilith préféra taire ses élucubrations internes qui déjà partaient dans toutes les directions, en une arborescence de pensées difficiles à contrôler. Il n’était pas bien sûr de pouvoir énoncer clairement toutes les idées, que ces simples mots lui inspiraient ni que son frère le comprendrait. Et puis ils avaient un archipel à construire ! Heureusement Ssaadjith dériva la discussion pour lui et le sortit de ces labyrinthes psychiques alambiqués.

« Oh que oui, j'adorerai voir Tiamat pour la première fois de mes propres yeux en ta compagnie. »

"J’adorerai aussi", répondit-il en une pensée comme murmurée, son coeur se gonflant que son frère, pour un temps, pense à son Gemme-Ecaille aussi.

« Je veux voir l'admiration dans ton regard lorsque tes yeux de saphirs verront la magnificence de ce que j'offrirai comme terre pour les dragons.»

Pour un temps… Un temps qui n’avait pas duré une éternité, songea-t-il en roulant des yeux, tout en laissant un roucoulement amusé s’échapper. Son Frère-Coquille avait un côté narcissique incomparable, mais… qu’il l’aimait tant. Même ce côté-là ne parvenait pas à l’agacer.

Et quand il demanda l’approbation de son frère au sujet de son petit moulin et que Ssaadjith l’honora d’un « il me plaît », Nephilith sentit une autre bouffée d’affection presque l’étouffer.

"Oui ils se leurrent. Mais les bipèdes sont des créations étonnantes et amusantes. Et leurs propres créations le sont tout autant. Il nous reviendra de leur faire comprendre qu’ils ne sont pas des Dieux pour autant. Et qu’ils ne le seront jamais."

Car les Dieux seront eux, les dragons. Eux, et eux seuls.

Mais déjà Ssaadjith l’extirpait vers une autre idée.

"Oh ouiii, je pourrais réfléchir à ça. Ce serait marrant de faire croire aux bipèdes à une éruption qui en fait ne viendrait pas. Ce pourrait être un signal aussi. Un signal des Dieux Dragons", ajouta-t-il d’un rire éclatant dans l’esprit de son jumeau. "Quant à une raclée… Il y a d’autres manières de les éduquer et de les guider. Bien plus intéressantes."

Pour eux. Mais aussi…

"Pour nous. Détruire ces créatures serait dommage, quand elles pourraient nous servir. Il nous faut juste… Trouver le moyen."

Le moyen. Qui une fois encore s’esquissait en Nephilith. Devenir les êtres suprêmes que les bipèdes vénéreraient, comme ils avaient vénéré les Dieux. Devenir Dieux à la place des Dieux puisque les Dieux avaient abandonné leur rôle et leur destinée. Aux dragons alors de reprendre le flambeau… mais comment ? Où trouver ce flambeau ? Par où commencer ?

Trop de questions. Trop d’incertitudes. Trop… toujours trop… Ça y est, il se perdait encore dans ses labyrinthes. Il s’accrocha alors à la voix, aux gestes, de son Frère-Coquille et parvint à revenir à leur temps présent. À leur jeu. Et leur partage.

"Un jour nos flammes deviendront plus puissantes que celles du volcan, mon frère. Un jour, nos flammes seront vénérées."

Il se pencha alors vers le volcan construit pas son frère et l’étudia intensément un moment avant de répéter.

"J’aimerais que notre antre soit vraiment là-bas. Je la protégerai des intrusions par un ingénieux système. Le temps que nous apprenions à cracher du feu, je ferai que le volcan en crache pour nous. Et quand nous serons plus grands, plus forts, alors nous cracherons du feu ensemble et nous construirons notre monde. Un monde à nous, mon Frère-Coquille."

Il releva alors ses saphirs bien trop sérieux vers son jumeau et ajouta, d’un ton soudain plus enjoué, prenant conscience que sa voix mentale prenait des notes bien trop graves pour ce moment de joie.

"Qu’en dis-tu ? Bon maintenant, qu’est-ce que tu veux construire ? Ou mieux, si on s’amusait à aller explorer ce volcan dès maintenant ?"

Après tout, ils étaient dans un rêve, c’était Leur rêve. Qu’est-ce qui les empêchait d’aller voir, en se basant sur ce que les Voix leur avaient révélé ? Rien, si ce n’était leur propre force d’esprit, leur propre imagination, n’est-ce pas ?

"Allez, viens. Chiche ! Le premier arrivé a gagné !"

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    Ben voyons... Voilà que son jumeau de coquille avait le melon aussi gros que le sien, bien que Ssaadjith en soit principalement égoïste : il se plaçait plus ou moins seul au dessus des autres, là où Nephilith plaçait leur race au dessus de tous ces bipèdes grouillant comme des fourmis. Des héritiers des Dieux. Par pur délice d'autoflaterie, il aimait beaucoup cette image. Elle le caressait admirablement dans le sens des écailles et lui faisait même un petit massage entre les ailes tellement il en avait des frissons lui parcourant tout son corps de dragonnet. Il pourrait nourrir le projet et les ambitions de son frère à ses fins. Il pourrait s'en servir, jouer avec et rebondir jusqu'à se mettre en lumière. L’appellerait-on 'Dieu' ? Lui ferait-on des prières ? Lui apporterait-on des offrandes ?  Aurait-on son nom sur les lèvres dans l'allégresse ou dans l'adversité ? S'il n'en dit mot sur l'instant, cela n'était certainement pas tombé dans l'oreille d'un sourd et probablement apporterait-il un concours intéressé pour que cette idée croisse et vienne à convaincre tous les bipèdes de cet archipel... Et peut-être même au-delà. Mais une chose à la fois. Il fallait se montrer méthodique, sans quoi ce serait le pragmatisme raisonné de Nephilith qui ne le suivrait pas.

    La première étape serait certainement d'établir un fief, puissant, central et surtout, propre aux dragons et Tiamat faisait la candidate idéale puis-qu’aucun peuple ne s'y était encore installé... Peut-être faudrait-il se battre pour obtenir ce si parfait territoire, mais il le ferait sans doute aucun, dusse-t-il tuer : il savait que même s'il ne faisait pas le poids, il ne suffirait que faire lever les lances des bipèdes contre eux pour que Keetech et Verith ne rappliquent en carbonisant tout ce beau monde. Une bataille qui s'en trouverait facilement gagnée par pure manipulation. Et cela tombait bien : c'était la meilleure carte de son jeu. Ah... L'amour des parents. Que voilà une agréable arme à orienter comme il le fallait. Il le ferait avec un doigté providentiel et Tiamat serait la nouvelle terre des dragons. Il acquiesça d'un farouche mouvement de sa tête reptilienne, ses écailles frottant l'une contre l'autre. Il pourraient se servir de la fumée pour faire peur aux bipèdes, comme ce serait drôle de les voir courir en rond en levant les bras. « Je ne veux pas les détruire, mon cher frère. Je ne suis pas aussi cruel. » Il relevait la tête comme une diva blessée... Et puis pas tant. « Mais leur faire comprendre que leur survie ne dépend que de notre miséricorde, ça... J'aimerais les rendre moins orgueilleux. Cela ne leur va pas, à eux. » affirma-t-il en pleine auto-dérision et pourtant, une grande sincérité. Lui, il avait droit d'être orgueilleux : il était un dragon.

    Il sauta sur le volcan alors que son corps de dragonnet devenait aussi petit que celui d'un fourmis, le son de sa voix criait un « Moi d’abord ! » grondant d'un certaine ferveur compétitive. Il atterrit dans les grains de sable et de terre sombres, à défaut d'avoir véritablement de la lave à disposition. Mais son imagination forma les roches volcaniques, leur donnant plus d'allure alors que des fumerolles s'échappaient de quelques fissures. Il huma l'une d'elle avec appétit : « Tu ne trouves pas que ça sent la viande grillée ? Tu crois qu'il y a un repas à l'intérieur ? » Il se mit à gratter la roche sans grand succès, puis à chercher une entrée assez grande pour y glisser son corps de dragonnet. En vain, il tournait en rond et galopait, trébuchant par moment sur la pente ardue et rocheuse. Puis il finit par se décider de l'escalader jusqu'au sommet, certain au moins qu'en haut, il y aurait une entrée. « Vivement que je sache voler, ça sera moins épuisant. » gronda-t-il la respiration sifflante dans l'effort. Il dégringolait parfois, sur un appui moins stable que les autres qui s'éboulait. Ses écailles le protégeaient toujours et après de longues minutes, les jumeaux arrivèrent devant la bouche béante du volcan et les yeux de Ssaadjith s'illuminaient devant le danger : « C'est parfait ! Les bipèdes ne viendront pas jusqu'ici. Le volcan nous protégera en les cramant. » Il ricana en coulant un regard vers son jumeau, sautillant sur place de satisfaction.

    « On descend explorer ? » C'était que la glissade risquait d'être dangereuse et le charbonneux ne savait pas trop par où entreprendre sa descente. « Nephilith ? Toi d’abord. » Trop galant d'un seul coup, lui qui était si prompt à s'élancer gaîment et à arriver le premier. Mais il fallait bien qu'il fasse passer son ignorance et sa peur pour de la gentillesse courtoise !

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Forcément. Toujours lui d’abord, songea Nephilith avec une pointe d’amusement dans ses pensées. Mais il suivit son frère dans leur rêve et atterrit avec lui sur les rives de l’île et du volcan imaginés. Il laissa son frère construire le volcan, en sculpter les détails et s’amusa à l’observer gratter le sable et la roche, galoper de-ci de-là pour trouver une entrée, trébucher sur un caillou traitre. Pendant tout ce cirque, Nephilith se contenta de s’asseoir, et de poser sa longue mâchoire sur ses pattes croisées sur un rocher. L’entrée, la seule, l’unique, il l’avait déjà entrevue depuis longtemps, du moins a priori. Peut-être y avait-il une grotte sous-marine y donnant l'accès ou une excavation quelque part pour entrer, mais ils mettraient des heures à la trouver. Si tant est qu'elle existait. Une entrée semblait évidente, imparable ! Mais c’était bien trop drôle de voir son jumeau s’échiner à la chercher. Et enfin, enfin !, ce dernier comprit qu’il leur faudrait grimper pour atteindre le sommet. Et passer par là où sortait la fumée. Par là où le volcan devait gronder quand il était en colère.

" Tu en as mis du temps à comprendre le chemin ", ricana-t-il tout en grimpant à la suite de son frère.

Puisqu’il voulait à tout prix être le premier, qu’il passe devant aussi. Puis cela permettait à Nephilith de le pousser du museau ou d’une patte ou de le retenir juste à temps, quand son frère manquait dégringoler. Même si l’ascension était ardue, elle ne lui sembla pas aussi difficile qu’à son frère. Quand un obstacle lui semblait trop compliqué, il le contournait en glissant son long corps tout autour, tel un reptile serpentant entre les rochers. Cela lui permettait aussi de trouver des appuis plus sûrs. Plutôt que de passer par dessus les rochers, il glissait entre eux et s’y accrochait sans souci de sa queue ou de ses longues pattes.

Après cette laborieuse montée pour son frère et ce petit chemin de santé pour lui, ils arrivèrent enfin au sommet, devant ce gouffre du volcan, telle une bouche vorace qui semblait prête à recracher le contenu de son gosier fumant… ou à les avaler tout crus.

" Oui un endroit parfait pour protéger ce que l’on chérira ", confirma Nephilith.

Même si l’idée de cramer les bipèdes n’était pas dans ses priorités, loin de là.

" Seuls les plus méritants parviendront à nous trouver. "

Les plus forts, les plus valeureux, les plus dignes… à collectionner. Là où Ssaadjith semblait y voir un ravissant et sinistre destin pour les bipèdes avides, Nephilith y voyait un challenge parfait pour éprouver la valeur de ceux qui voudraient les atteindre. Il ne contraria donc en rien l’exaltation jubilatoire que semblait éprouver son jumeau. Ils avaient souvent des visions différentes, l’un voyant le noir quand l’autre voyait le blanc, l’un voyant l’ombre quand l’un voulait illuminer. Mais finalement, leurs visions se complétaient et s’accordaient pour donner au monde une teinte plus réelle.

« On descend explorer ? »

Nephilith tourna ses saphirs vers son Frère-Coquille, se demandant un instant pourquoi il attendait son approbation. Bien sûr qu’ils allaient explorer ! Ils n’avaient pas fait tout ce chemin pour rien !

« Nephilith ? Toi d’abord. »

Ah oui, forcément… Ça l’aurait étonné. Maintenant que le danger devenait bien plus réel…

Nephilith poussa un soupir à fendre la plus épaisse des coquilles, retint la remarque acérée qui lui venait à l’esprit et retourna son attention vers l’embouchure. Vers ce trou de feu et de fumée. Vers ce volcan peut-être prêt à exploser… Peut-être prêt… à… exploser…

Et soudain, dans un spasme violent, son plus ancien cauchemar, celui qui toujours le hantait et si souvent revenait, le happa de plein fouet. Il le revit. Il revit le monde en proie aux flammes du chaos et aux relents de la destruction. Il entendait de nouveau le rugissement enflammé du volcan qui hurlait sa colère et vomissait sa rage en une ébullition de lave que rien n’arrêtait. Pas même les flots alors déchainés, bouillonnant eux aussi, en une pulsion destructrice d’immenses vagues acérées, qui déchiraient tout dans leur houle coléreuse. Sous eux de nouveau le sol tremblait, en spasmes déchirants, la terre s’éventrait en hurlements stridents, dans une symphonie ravageuse. Nephilith voyait là le monde qu’il aimait tant, qu’il n’avait pas eu le temps de connaître, se détruire en une lente agonie. Et lui impuissant, suffoquait, à cette vision de chaos infini.

Et puis soudain, une vague de fumée le happa et l’emporta dans son sillage. L’arrachant alors à son cauchemar sans fin, pour le déposer sur de plus calmes rivages. Le cauchemar n’était plus, mais la crainte était là, bien à nue. Pourquoi cette vision revenait sans cesse ? Pourquoi à chaque fois la même ? N’était-ce que cauchemar ? Ou prémonition étrange ?

Nephilith tourna un regard hagard vers son jumeau, dans un hoquet de stupeur et d’horreur, incapable de lui dire ce qu’il avait vu, ressenti, vécu… Incapable de lui expliquer. Mais il puisa dans les perles d’absinthe la détermination qui avait failli lui manquer. Il leur fallait devenir Dieux. Et vite. S’il voulait arrêter cette sinistre destinée. S’ils voulaient sauver le monde…

Et cela commençait peut-être par s’emparer de cette île, de ce volcan, et d’y faire rugir leurs ondes.

Il replongea son regard acéré dans le volcan et observa les volutes de fumée qui tournoyaient, montaient, virevoltaient, dansaient, depuis le bas jusqu’à eux. De la fumée qui montait, des courants ascendants donc… qu’il pourrait peut-être utiliser. Avec ses grandes voiles. Il lui faudrait planer dedans, en sortir pour descendre puis les reprendre pour freiner leur folle course et ainsi de suite… C’était risqué. Osé. Mais avec ses grandes ailes, ses grandes voiles… Peut-être pourrait-il. Lui, en tout cas. Son frère… Mais après tout, son frère était si malingre, songea-t-il en laissant ses saphirs coulisser sur la frêle silhouette.

" Monte ", ordonna-t-il alors simplement à son jumeau. " Monte et je vais nous faire descendre. Si tu me fais confiance… À moins que tu n’aies peur ? "

Parce que oui il sentait que son frère avait peur. Il avait peur lui aussi, pour tout avouer. Mais ils avaient un destin à accomplir, ils devaient devenir Dieu et sauver le monde. Ils devaient affronter leurs peurs et les dangers. Mais pour que son frère le suive, il fallait titiller son ego démesuré. Jamais il ne voudrait admettre sa peur, assurément… n’est-ce pas ?

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    S’il avait ignoré ses remarques ? Évidement ! Il ne comptait pas le laisser marcher sur son ego trop longtemps. Il avait mis du temps à trouver certes : il ne connaissait tout simplement pas l’endroit et il n’avait pas le gros cerveau de ce cher Nephilith pour s’être posé les bonnes questions au bon moment. L’autre marquait un point, mais Ssaadjith était bien trop orgueilleux pour lui concéder la vérité. Il fit donc la sourde oreille. Il ne tarda pas retourner la situation en invitant son jumeau adoré qui savait tout, à passer le premier. Un peu de galanterie et de courtoisie ne tuait personne ! Quand cela l’arrangeait bien sûr et le long soupir de sa Gemme-Écaille ne tarda pas à lui faire comprendre combien il pouvait être drôlement toqué. Il n’avait pas envie de prendre ce risque et pour autant, il ne désirait pas que Nephilith vienne à périr – pouvait-on seulement périr en rêve ? Ce serait affreux – mais il savait que le doré contemplerait la situation de toute sa sagesse là où lui l’avait regardé avec tout son orgueil, celui d’un dragonnet qui ne voulait pas perdre la face.

    Il porta ses mires d’absinthe sur son frère, jaugeant tant de sa peur que de l’idée qui pourrait y naître. Son sourire écailleux se faisait crochu. Et bien ? Il avait donc peur ? Son sourire s’élargit, amusé. Il ne se délectait pas à proprement parlé de sa peur. Il tenait bien trop à son frère pour cela mais il aimait bien te taquiner et jouer avec lui. La peur pouvait être un jeu, tant qu’elle ne se transformait pas en terreur. Et c’était justement ce qui commençait à se produire. L’obsidienne perdit doucement son sourire, se redressant sur ses pattes lentement, un soupçon d’inquiétude dans son regard. Devait-il intervenir ? Le rassurer ? Nephilith savait combien son Frère-Coquille pouvait être brusque lorsqu’il s’agissait de rassurer les gens. Il ne prenait pas de gants, ni de temps, s’il existait une manière plus directe d’atteindre son but. La moquerie pouvait fuser à tout moment, remarque cinglante pour sortir son bien-aimé jumeau de sa léthargie.

    Par affection pour lui, il ne fit donc rien, patient, guettant l'instant où son frère se calmerait ou sombrerait trop drastiquement pour qu'il ne reste perclus dans son silence. Il y eut un hoquet de peur, un échange de regard silencieux. Les mires d'un vert clair étaient mi-inquiètes, mi-déterminées et le mutisme sembla lui suffire. Tant mieux. Le sourire crochu du dragonnet revenait alors qu'il redressait la tête dans une habituelle fierté. Et euh... Monter ? Un gloups gronda dans sa gorge à l'idée, peu rassuré qu'il était à l'idée de décoller avec lui. Si Nephilith voulait prendre le risque, il aurait préféré ne pas être embarqué dans il ne savait quel plan foireux... Mais sa Gemme-Écaille l'avait pris au piège. Son orgueil refusait de s'avouer effrayé et son jumeau en jouait, le fourbe. Ssaadjith releva le museau : « Peur de quoi ? C'est toi qui a peur de t'envoler tout seul. Mais dans ma grande bonté, je vais t'accompagner. Je ne voudrais pas que tu perdes connaissance en chemin parce que tu es trop effrayé. »

    Aussi monta-t-il sur le dos du doré à l'instant où il déployait ses ailes et se laissait tomber dans le vide. Aveu de sa propre peur, ses griffes accrochèrent les écailles auxquelles il agrippait et l’obsidienne déploya ses ailes pour offrir une surface supplémentaire à l'air. Ainsi pourraient-il planer... Mais il n'en demeurait pas moins vrai qu'il était terrorisé par le vide qui se dressait sous leurs pattes. Les émotions vinrent l'envahir alors qu'il chassait son appréhension : passée la peur des premières secondes, il finit par apprécier grandement les sensations que lui procuraient cet ersatz de vol : « Ouiiiiiiiiiiiii ! » s'écria-t-il de joie avant que cela ne se transforme un gloups de crispation quand ils approchèrent un pilier de roche volcanique. Son frère dévia avec une assez bonne dextérité et une ingéniosité remarquable. « Tu es doué, tu es bien mon frère. » l'encouragea-t-il tant par narcissisme que par envie de ne pas s'écraser. Les gens faisaient mieux leur travail lorsqu'ils prenaient confiance en eux.

    L'atterrissage se fit un peu plus chaotique. Les deux dragonnets roulèrent boulèrent sur la roche, l'un sur l'autre dans une union d'or et de noir qui rappelait leur œuf. Fort heureusement, leurs écailles les protégeait d'une trop grand blessure. Sur ses quatre pattes, Ssaadjith sautilla sur place, tout excité par leur vol plané : « Il faudra ABSOLUEMENT qu'on le refasse ! » s'exclama-t-il enthousiaste. Il approcha près d'un faisceau bouillonnant de lave qui s'extirpait de la roche et souffla dessus, emportant des gerbe de flammes : « Regarde, je crache du feu ! » Ou presque, et même pas du tout. Mais il recommença son manège pour montrer à son frère. Il était intenable, comme obligé d'être le centre du monde...En vérité il évacuait comme il pouvait l'adrénaline.

    « Il faut chaud ici, comme dans un immense four. » A ces mots, une pâtisserie venait de faire son apparition, doté d'une belle génoise dorée. « Tu sais ceux où on fait du pain. » Une miche était apparue. « Où qu'on fait rôtir un poulet ! » Et hop le poulet rôti venait de s'inviter dans leur antre. Évidement, Ssaadjith ne les avait pas vu et il se prit les pattes dedans en avançant vers son frère. Il observa les choses uninstant avant de faire le lien. Et regarda son frère avec des lumières dans les yeux avant de s'écrier : « MOULIN A VENT ! » L'immense bâtisse surgit du sol, embarquant les dragonnet sur sa toiture circulaire, alors que l'obsidienne poussait un immense cri de joie satisfaite. « Échelle ! Échelle ! » ajouta-t-il en mirant les étoiles dans les cieux et une échelle apparut, semblant y conduire à l'infini.

    Évidement, c'est un « Moi, d’abord ! » qui fut clamé alors qu'il s'agrippait déjà à l'objet pour l'escalader. « Le dernier arrivé est un dragon mouillé ! » Au fond de lui, il était curieux de voir quel objet ingénieux Nephilith allait faire apparaître pour aller plus vite que lui avec l'immensité nocturne, sublimée de diamants que Ssaadjith voulait décrocher.

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S’il avait peur de s’envoler tout seul ? Peut-être bien. S’il y avait bien un domaine dans lequel il n’était pas doué, c’était le vol justement. Et s’il était conscient de ses immenses qualités et de ses dons sans commune mesure, il était assez honnête avec lui-même pour connaître aussi ses défaillances. Et le vol était l’une d’elles. Et même si son intelligence avait calculé les risques et périls, les probabilités que sa théorie soit avérée et qu’il puisse effectivement planer plus que voler grâce aux courants ascendants, le risque était toujours là. Après tout il ne s’agissait que de probabilités.

Bon, certes ils étaient dans un rêve. Et la probabilité d’échouer dans un rêve était maigre. Plus encore celle de mourir d’un tel échec. Et c’était en pesant le tout qu’il avait entrepris cette idée folle. Mais… il ne s’agissait encore et toujours que de probabilités. Qui sait s’ils ne pouvaient pas mourir véritablement en rêve ? Et étrangement, sur ce point, les Voix ne semblaient pas d’accord.

Mais déjà son frère montait sur son dos. Et Nephilith ne perdit pas plus de temps en conjectures. Il était temps de se lancer et advienne ce qui devrait advenir. Ils seraient assez fous, son Frère-Coquille et lui, pour affronter tous les dangers. Tous. Même les plus grands. Et des dangers, ils devraient en affronter, surtout s’ils voulaient devenir Dieux à la place des Dieux.

Le dragonnet ne put que grogner toutefois quand les griffes acérées de son frère si aimé s’ancrèrent entre ses écailles. Heureusement son jumeau eut assez de présence d’esprit pour ouvrir aussi ses ailes, offrant alors plus de prise aux courants. Et Nephilith tenta tant bien que mal de les guider, en s’aidant de sa longue queue, tel cet étrange instrument permettant de guider les engins des bipèdes voguant sur l’eau, que les Voix lui avaient montrés.

Si la descente lui donnait des frissons, elle le grisait aussi, dut-il avouer. Il laissa son frère exulter pour lui mais son coeur pulsait à l'unisson. Même s’il eut une frayeur de tous les Dieux en voyant un pilier leur foncer dessus et qu’il esquiva de justesse en pivotant sur lui.

« Tu es doué, tu es bien mon frère. »

Moui, il pouvait toujours prendre le compliment. Même s’il n’était qu’à demi convaincu du réel caractère " complimenteux " de ce commentaire.

En tout cas, sa technique avait fait ses preuves et déjà ils arrivaient à destination. Un peu vite cela dit. Un peu trop vite, paniqua-t-il, ne parvenant plus à contrôler quoi que ce soit. Et les faisant échouer en un lamentable roulé-boulé.

Son frère s’était déjà relevé toutefois, signe qu’il n’avait rien de grave, alors que Nephilith tentait toujours de reprendre ses esprits, affalé au sol.

« Il faudra ABSOLUEMENT qu'on le refasse ! »

Ouais, peut-être. Mais ils apprendraient à mieux contrôler leur corps et leurs ailes avant. Le refaire, certes, mais s’ils le refaisaient, ce serait en vrai. Non plus en rêve ! Et là, la probabilité d’échecs s’élevait dangereusement.

Toujours affalé à terre, le museau soufflant sur les cailloux devant lui, Nephilith observa le manège de son frère pour cracher du feu, manquant lever les yeux au ciel. Puis pour… Etait-ce bien une pâtisserie qu’il venait de voir apparaître ? Et du pain ? Et…. Du poulet ? Mais bien sûr ! réalisa-t-il. Tout ce qu’ils pensaient, ils pouvaient le créer ici, dans ce monde qui n’était qu’à eux, pour eux ! Et son frère devait avoir eu la même pensée, car déjà un moulin apparut au rugissement de son frère.

"Essaye donc sans hurler le mot. Rien qu’en y pensant. Et voyons qui créera plus que l’autre rien qu’en pensée !" lança-t-il.

Mais déjà son frère s’élançait en créant une échelle. Et déjà le titillait pour une énième course. Nephilith dévoila un croc amusé.

« Le dernier arrivé est un dragon mouillé ! »

Pas que cela l’aurait dérangé. Il adorait l’eau et cette sensation sur ses écailles. Mais on lui lançait là un défi, et s’il savait une chose avec Ssaadjith, c’est qu’il valait mieux le relever, sinon il en entendrait parler des siècles durant.

Et puis il avait déjà une idée pour aller plus vite que son Frère-Coquille avec son échelle. Certes jolie, pratique, et assez longue pour le monter tout en haut… mais qui nécessitait d’avoir assez de force ou d’endurance pour monter jusqu’au bout…

Mais ce qu’il comptait créer n’était pas facile. Même en pensée. Il ferma alors les yeux et se concentra intensément. Il devait songer à ce que les Voix lui avaient montré de l’ingéniosité humaine, s’en inspirer pour… pour… Oui voilà, il tenait le concept, l’idée… Une plateforme, des sortes de montants de bois s’élançant jusqu’en haut, de lourdes chaines pour tenir la plateforme… et la hisser tout le long des montants de bois en un astucieux système de coulissage. Et une poulie pour aider à hisser la chaine et faire monter le tout. Ah… et quelques serviteurs puissants pour actionner la poulie. Moui, ça devait marcher. Il le fallait. C’était sa fierté qui était en jeu.

Quand Nephilith ouvrit les yeux, il aperçut sa création… et son frère, qui avait déjà bien grimpé à son échelle. Le doré s’empressa alors de s’installer sur sa plateforme, puis, toujours en se concentrant, commanda à ses serviteurs d’actionner la poulie. Et attendit. Attendit… anxieux quand rien ne se produisit.

Puis enfin émit un roucoulement radieux quand enfin, doucement, mais sûrement, sa plateforme commença à s’élever. Il ne put retenir un rictus narquois qui dévoila tous ses crocs. Son système marchait, il montait, et ce, sans aucune fatigue. Si ce n’est celle de la pensée, mais détails que cela. La plateforme montait, montait, tant et si bien qu’enfin il rattrapa son Frère-Coquille, à qui il fit signe d’une patte tout en agitant la queue, tout content de lui.

"Je sens que je vais gagner, mon Frère-Coquille préféré. Et ce sans me casser une griffe sur ton échelle."

Il fit arrêter la plateforme alors qu’il était légèrement au-dessus de son frère, puis avisa son jumeau tout de ténèbres qui allait vite s’épuiser. Il devait avouer qu’il n’aimerait pas le voir tomber. Vraiment pas. Ils étaient en rêve, mais de cette hauteur une vraie chute ferait mal. Et si l’esprit de Ssaadjith s’imaginait la chute, la douleur… il aurait mal, n’est-ce pas ? Non, vraiment cette idée ne lui plaisait pas. Aussi agaçant que son frère puisse être parfois.

" Si tu veux, la plateforme est assez grande pour nous deux. Voyons voir jusqu’où elle nous mènera… Qui sait, peut-être qu’on arrivera à attraper une étoile ? "

Et ce disant, il se pencha un peu et tendit sa patte vers son frère, l’invitant à sauter pour le rejoindre.

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    Grimper, grimper, grimper. Il commençait à s'épuiser mais il ne voulait pas perdre. Il ne voulait pas finir second. La seconde place, c'était pour ceux qui finissaient oubliés. Il agrippait ses griffes à cette échelle, rongeant le bois sans vergogne pourvu que cela l'aide à gravir ce sommet. Il voulait les étoiles, il voulait les toucher, les garder pour lui et devenir cette étoile extraordinaire, ce repère pour tout un chacun, le nom sur toutes les lèvres. Mais lorsqu'il vit cette plate-forme le dépasser, son cœur s'emballa et il tâcha de faire aussi vite que lui permettait ses petites pattes pour monter encore plus vite. Sa respiration sifflait et ses pattes tremblaient de colère autant que de peur : il ne voulait pas être oublié.

    Il manqua de tomber lorsque sa griffes glissa le long du barreau ; le sensation de vide lui donna un coup de frayeur. Ses mires d'absinthe contempla terroriser les hauteurs depuis lesquelles il se trouvait. Il ravala sa salive, ferma les yeux puis regarda vers le sommet, tandis que son frère le narguait. Le malaise était pénible, il reprit des forces pour grimper encore, à bout de souffle, il fut soulagé lorsque la plate-forme cessa sa torturante ascension et que sa Gemme-Écaille l'invita à le rejoindre. Quelques barreaux plus haut et un saut maîtrisé dans la peur et il était à ses côtés, assis le rectangle qui s'élevait à nouveau vers les cieux, veux ses étoiles adorés. Penaud, le museau levé vers les cieux, il murmurait un « Je t'aime, ma Gemme-Écaille. » C'était si bas, si sourd, comme mots qu'on aurait dit un secret soufflé aux astres vers lesquels ils s'élevaient.

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