La découverte de l'archipel de Tiamaranta
Je me souviens encore de cette journée, où les larmes brouillaient notre vue tandis que nous jetions un dernier regard sur notre ancienne terre. Elfes, Vampires et Humains, nous errions tous sur les flots inexplorés, condamnés à la mort. Et à tous, elle disparaissait au large, elle qui nous avait accueillis. Grâce elle, nous avions pu survivre… Qu’avons-nous fait pour lui montrer notre gratitude ? Rien. Non, pire que rien. Nous l’avons ravagée avec nos guerres incessantes. Cependant, après des siècles de guerres raciales, la paix est enfin arrivée. Nous avons joui de cette dernière, nous l’avons préservée et nous avons essayé de nous racheter pour nos erreurs passées. Hélas en vain…
Des failles menant aux mondes des Dieux se sont ouvertes et d’infâmes créatures, venues d’un passé inconnu, en jaillirent. Nous nous sommes retrouvés seuls face à ces êtres spirituels, nos défuntes déités n’étant plus présentes pour nous protéger ou nous guider. Toutefois, tels des enfants orgueilleux, persuadés de pouvoir s’en sortir sans leurs parents, nous sommes allés à leur rencontre et avons déchaîné toute notre puissance… Ce ne fut pas suffisant. Nous fûmes vaincus et la fuite apparut comme l’unique espoir de survie.
Je me souviens encore de cette journée, où mes yeux plein de larmes fixaient avec une infinie tristesse, cette terre que nous n’avons su défendre.
Affligés par leur défaite, le deuil de leurs morts et la perte de leur terre, les expatriés quittèrent la terre des dragons aujourd’hui terre des Chimères. Mais pour aller où ? L’errance une fois de plus les attendait sur ces eaux inconnues. Tels leurs ancêtres, ils allaient devoir subir cette épreuve. Les trois races y survivraient-elles ? Leur unité y survivrait-elle ? Ou trouveraient-ils tous la mort à bord de leur embarcation ?
Je me souviens de ce jour terrible où le désespoir avait saisi nos âmes. Au plus profond de nous, nous l’avions tous senti. Une chose effroyable venait de se produire. En provenance de cette terre que nous avions quittée, des flots de lumières éclairèrent la nuit. Parcourant le ciel, une aurore boréale, fleuve de lumière à même le ciel, se répandit jusqu’à l’horizon. Nous sentîmes la magie déborder en nous. Ce spectacle nous fascina et nous terrifia à la fois. Le souvenir douloureux des Chimères fit surface. Peu importe où nous irions, elles nous traqueraient. Si l’océan n’aurait pas notre peau, elles l’auraient.
Les jours suivants, les lumières dans le ciel obscur de la nuit furent effroyables. La magie déborda et l’océan sembla devenir fou. Une tempête frappa la flotte des rescapés. De nombreux bateaux coulèrent, de nombreuses vies furent perdues. Le voyage n’aurait probablement pas la fin escomptée.
Je me souviens de ce jour, alors que je m’apprêtais à sauter par-dessus bord, où j’entendis un terrible rugissement. Les dragons, libres et liés, qu’on pensait partis pour toujours réapparurent et pointèrent leurs griffes vers le sud. Le destin ne nous avait pas abandonnés, l’espoir renaissait alors dans nos cœurs.
Après plusieurs mois de navigation plein sud, une voix s’éleva. Puissante et émue. La terre, non, les terres étaient en vue. Plusieurs îles apparaissaient à l’horizon. Et dans l’esprit de tous les rescapés résonnèrent deux mots : L’archipel Tiamaranta.
Sans attendre, la flotte mit le cap sur la plus grande de ses îles où ils débarquèrent.