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descriptionCisailles ou remèdes d'elfe ? [PV Ilhan & Lomion] EmptyCisailles ou remèdes d'elfe ? [PV Ilhan & Lomion]

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27 Mars 1763




Les travaux continuaient d'avancer à une allure confortable, remplissant un à un les objectifs que tous s'étaient fixés depuis bientôt quatre mois. Le printemps avait éclot récemment, emplissant l'air de ses parfums sucrés et le paysage de ses couleurs vibrantes. Aux Dieux la grise monotonie d'un hiver pluvieux et boueux, aux averses moroses et aux arbres nus. Les terres déchirées par le Gouffre béant, les champs ravagés et les forêts pliées étaient à présent des tapis de fleurs dansantes et d'herbes folles. Les arbres bourgeonnaient, les buissons se gonflaient de baies alors que les rues mouillées de flaques se lustraient comme des miroirs sous un soleil de plus en plus enhardi.

Cordont la Chue avait à peine survécu à un drame affreux, mais grâce à l'aide apportée de toutes les horizons, elle retrouvait – sinon sa splendeur d'antan, au moins une figure accueillante où il faisait de plus en plus bon d'y revivre. Le camps de réfugiés était aujourd'hui un petit village de cabines de bois aux allées propres et aux ornières entretenues et aux trottoirs gardés secs par de la paille. Les rares bâtiments de l'ancienne ville, limitrophes au Gouffre, étaient entièrement restaurés et servaient principalement pour l'administration, les archives reconstituées, l'orphelinat, l'hospice et d'autres utilités d'importance comme les réserves de grains et de nourritures, voire de fournitures précieuses.

De l'aube au crépuscule, les rues bourdonnaient d'une intense activité et l'on retrouvait sur des visages fatigués bien que volontaires plusieurs ethnies. En effet, c'était au début de ce même mois que le Général Svenn était revenu de la frontière avec une colonne d'artisans et de biens séléniens. Respectant les clauses du Traité de Cordont, l'Empire avait enfin eut le droit d'envoyer des civils sur le sol de l'Alliance et depuis ce jour, les travaux sur la ville avaient redoublé d'intensité. Avec plus de mains d'oeuvre et autant de ressources, ceux en charge de la surveillance et de la gestion du chantier avaient enfin pu tourner leur regard sur un problème qui traînait depuis trop longtemps : les Ékinoppyres.

Véritables épines dans le flanc de l'Alliance, voire de tout Calastin avec leur vitesse de propagation révoltante, ces plantes étaient non seulement d'une nature prédatrice et hautement hostiles, mais elles avaient aussi le mauvais goût de résister à la magie et d'offrir une opposition féroce à toute autre forme d'extermination. C'est pour cette raison que le mois précédent, Sigvald avait finalement frappé du poing sur la table et menacé de régler une bonne fois pour toute le problème directement à la racine en envoyant plusieurs barils de poudre dans le nid de ces choses pour les faire exploser.

Heureusement, il en était ressorti une décision plus posée : la création d'un Bureau d'étude Botanique. Jusqu'à ce jour, le bureau n'avait encore trouvé aucun érudit pour lui donner un semblant de vie et les saloperies végétales continuaient de se répandre de plus en plus. Si le Général délimarien avait eut un petit échange sur la question avec son comparse sélénien lorsqu'il avait récupéré les artisans de l'Empire fin février, le projet était resté au point mort... jusqu'à aujourd'hui.

"- Général Svenn, un elfe du nom de Lomillon... Lom... Bref, un elfe demande à te voir, c'est à propos de l'appel aux volontaires pour l'étude des Ékinoppyres."

L'homme qui se tenait dans le pas de la porte devait garder les épaules voûtées et la tête légèrement basse afin de pouvoir tenir un semblant debout dans la pièce exiguë. Si l'endroit avait en réalité des proportions totalement normale pour le commun des humains, il posait toutefois quelques problèmes aux glacernois pure souche qui s'y promenaient ; comme lui ou encore celui installé sur un bureau trop petit. Un vague grognement échappa à ce dernier en guise de réponse et il fit un simple geste de la tête pour congédier son subordonné qui battit en retraite avec un soulagement évident ; car un mauvais torticolis le guettait.

"- Attend... Attrape-moi Avente au passage. La rencontre devrait lui plaire..."

C'était un althaïen après tout. Discuter et rencontrer le beau peuple était dans son sang. De plus, le Conseiller n'avait pas son pareil pour étudier et juger son prochain et vu l'importance du projet, autant s'éviter des fraudeurs et charlatans. Le Champion de Délimar s'extirpa de son fauteuil lorsqu'il eut terminé la lecture d'un document et sortit à son tour du bureau en massant sa nuque d'une main las. L'air frais de l'extérieur lui fit le plus grand bien tandis qu'il s'étirait souplement pour dégourdir ses muscles de ces longues heures d'inactivité. Au bout de la rue, il avisa l'elfe escorté par deux gardes réguliers en plus d'un troisième qui portait ses affaires dans une petite charrette à mains. De l'autre côté de la rue, sortant d'un autre bâtiment réquisitionné justement pour l'althaïen et ses besoins lors de ses séjours à Cordont ; le Conseiller avec le glacernois qui finissait de lui expliquer ce qu'il se passait.

"- Bien le bonjour, Ilhan."

Sigvald baissa les yeux sur le conseiller et lui fit un fugace sourire, sincère dans le plaisir et l'affection qu'il éprouvait à le voir. Il posa croisa les bras et désigna d'un geste du menton l'elfe qui approchait, remontant la rue mouillée d'une averse survenue la veille.

"- Il semblerait que les choses avancent enfin... Je commençais à perdre patience et espoir. Avec le printemps, ces saloperies se propagent plus vite que l'on a de bras pour les couper."

L'air sombre à ce rappel humiliant de leur situation, il scruta plus intensément encore l'elfe à présent à portée de voix. La haute et impressionnante silhouette du Général était gainée de son armure de cuir frappée du blason de la maisonnée Svenn. A ses hanches battaient ses épées alors qu'il avait laissé son arc sur un râtelier, non loin de l'entrée de son bureau, accessible depuis la rue en cas de danger. Il tendit une main vers le jeune elfe pour une salutation sobre, bien que sincère et significative. La poignée de mains fut ferme et il fit ensuite les présentations :

"- Bienvenue à Cordont la Chue. Je suis Sigvald Svenn, Général de Délimar et Champion de son Intendante. Voici Ilhan Avente, Conseiller de Délimar et âpre défenseur des peuples et de leur liberté."

Il laissa l'autre se présenter, hocha la tête en signe d'acquiescement et nota soigneusement les informations dans un coin de son esprit.

"- Vous êtes ici car vous avez entendu parlé de notre appel au volontariat. Ainsi, vous pensez être capable d'étudier et de circonvenir la menace que représentent les Ékinoppyres. C'est bien cela ?"

Il échangea un regard vers Ilhan, ne sachant trop quoi penser de son interlocuteur. Il n'avait pas croisé un million d'elfes, mais celui-là avait l'air d'avoir encore du lait derrière les oreilles !

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J’étais parti de ma ville.. J’avais pris le bateau et j’étais parti.. Cela faisait quoi.. Un peu, plus de trois semaines, n’empêche pas, je m’en voulais toujours.. J’avais toujours l’impression d’avoir abandonné mon enfant.. J’avais pourtant eu le temps d’y réfléchir pendant le voyage en bateau qui m’avait amener à Delimar… J’avais voyagé avec l’éminent capitaine Artane.. Un humain impressionnant.. Il émané de lui quelque chose qui imposé le respect et.. Pour un humain, il était plutôt beau ! Le voyage m’avait appris pas mal de choses et au final.. J’étais plutôt satisfait. Finalement, on avait vu le port se profiler à l’horizon.. Je finis par poser mes pieds sur cette terre qui m’était inconnue.

j’eu la surprise de devoir payé une taxe… Et une plutôt cher en plus.. Je trouvais ça un peu injuste, enfin, je n'aurais pas du m’en étonné, les humains avait toujours été si vénale. J’avais dû dire au revoir à Artane et son équipage puis, j’étais ensuite parti en ville. Je profitai donc de ce moment pour visiter un peu la ville, et même discuter avec les gens pour en apprendre plus sur l’endroit. J’avais pu discuter avec un humain assez intéressant. Je lui avais parlé de magie de la vie elfique.. Ce fut un échange vraiment intéressant et il m’apprit pas mal de choses. J’en appris plus sur la fameuse Cordont.. Une ville légendaire qui allait le devenir encore plus avec ce qu’on me raconter.. Des golems.. Des plantes inconnus qui était sorti du sol et que personne n’arrivais à tuer.. Des plantes qui .. Si je comprenais bien étaient dangereuse. L’homme à qui je parlais finit par me dire avec un certain « racisme » que.. Vu que j’étais un elfe.. Je pouvais sûrement y faire quelque chose.

Je trouvais ça réducteur et mal poli, mais, d’un autre coté.. Il n'avait pas tors.. Comme beaucoup d’elfes.. Je m’intéressais à la botanique et il y avait effectivement une petite chance pour que je puisse les aider. Je décidai donc.. D’aller là-bas.. Je pourrais parler à un des types qui s’occupait de ça, on me parla d’un humain d’un de Svenn Sigvald.. Un truc du genre.. Apparemment.. Si je voulais aider.. Ce serait à lui que je devrais parler.


Ma décision était prise, j’allais partir pour cette ville et rencontrer cet humain.. On verrait bien après.

C’est ce que je fis.. J’avais même pas eu le temps de visiter Delimar que j’étais déjà parti. Il me fallut plusieurs jours pour arriver à cette nouvelle ville. Cette ballade fit énormément de bien Doll Ramë, mon corbeau qui pris un malin plaisir à volé un peu partout.. Cette ballade me fit aussi du bien.. Le paysage ici était fantastique.. Je m’y sentais parfaitement bien, mon seul regret fut de ne pas pouvoir prendre vraiment mon temps pour étudier les végétaux et le paysage.

Doll Ramë fut le 1er à arriver sur les lieux, il se percha non loin d’un humain blond avec un plutôt beau minois. On pouvais deviné sous ses vêtements qu’une forte musculature ce cacher. Il avait sur le visage une barbe assez courte et qui m’avait l’air plutôt bien travailler. J’arrivai peut après le corbeau qui croassait sur son perchoir.. J’étais horriblement fasciné et attristé par le spectacle de mort qu’offrait la ville. C’était complètement dévasté.. Des ruines.. Voilà ce que c’était. Il manquant certains endroits du sol et les troues semblaient.. Assez énorme.. Il y avait aussi la présente de cette plante qui semblait envahir tout autour de moi. Je vins doucement auprès de l’humain et lui offris un salut elfique.

Bonjour, je suis Lómion Estarus.. J’ai effectivement entendu dire que vous aviez des problèmes dans vos plantations… Je ne prétend pas être la solution à vos problèmes, mais si je peux tenter de vous aider et en apprendre plus sur ces mystérieuses plantes, ce serait avec plaisir !



Je ne voulais quand même pas qu’ils s’attendent à un miracle, mais oui.. J’étais venu là pour tenter de les aider… Déjà.. Il allait falloir par étudier ses plantes.. Très certainement descendre là d’ou elle venait. Ce serait possiblement dangereux… Surtout, que je ne connaissais encore rien de ses plantes. J’aperçus finalement un deuxième humain.. Lui aussi.. Ma foi plutôt beau.. Il avait une barbe un peu plus fournis et aussi une moustache, j’aimais beaucoup ses yeux.. il semblait un peu moins musclé.. Mais.. Ce n'était pas certains.. Je n'étais pas allé vérifier. Je saluai l’inconnu comme j’avais salué l’autre, tout en me demandant depuis quand les humains avaient changer.. Visiblement, l’évolution ne leur faisait pas trop de mal.. Ils avaient l’air moins rustre… Après, c’était sûrement qu’une apparence.

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Cordont avait bien changé depuis sa dernière visite des plus sinistres. Là où tout n’était que ruines la dernière fois, se dressaient de nouveau quelques bâtiments, si ce n’est de fière allure, du moins de solide stature. Ils redonnaient confiance en la ville et en l’avenir. Il avait même eu la surprise qu’on lui attribue un petit bâtiment. Et si son premier voyage en cette cité sinistrée lui avait laissé un souvenir amer et bien douloureux, son retour avait été plus clément. Le temps l’était lui aussi, il fallait bien l’avouer. Les doux effluves printaniers chassaient les derniers reliquats de l’hiver et la nature reprenait pleinement ses droits. La vie semblait toujours combattre et trouver un nouveau chemin, songea-t-il alors qu’il regardait son oiseau messager s’envoler.

Un message à l’une de ses araignées chargée de tenter de garder un œil sur Ulrich. Difficile et délicate mission. Ilhan avait tenté de le contacter à quelques reprises. Mais son ancien collaborateur devenu vampire n’avait pas répondu. N’avait pas voulu… ou n’avait pas entendu ? L’anneau semblait pourtant toujours actif. Il n’avait pas été détruit et semblait toujours porté. Peut-être que d’entendre une voix l’appeler et lui demander comment il allait pouvait effrayer. Il devait bien avouer que si lui-même perdait la mémoire et entendait des voix l’appeler, il se poserait un certain nombre de questions… Sans réponse, Ilhan avait donc mené l’enquête. Et après de nombreux mois, presque années, il avait retrouvé la trace d’Ulrich. Un de ses si fidèles bras droits. La Toile ne laissait jamais tomber ses sbires, surtout pas ceux si proches du Tisseur. Quand bien même ils tombaient dans la nuit. Une araignée l’avait retrouvé. Proche de Toryné. Dalis. Il aurait dû le parier. Ulrich avait dû se faire démasquer au moment critique et Dalis en avait profité pour…

Peu importait. Le mal était fait. Il savait maintenant où était Ulrich, enfin du moins à peu près, et ce qu’il était advenu de lui. Il continuerait à le contacter et garderait un œil sur lui. De loin. Autant que faire se pourrait. La Toile n’abandonnait pas les siens. Et quand le moment sera venu, ils seront là pour sortir Ulrich des griffes ténébreuses dans lesquelles il s’était fait prendre.

Un bruit soudain à la porte le sortit brutalement de ses songes. L’oiseau avait déjà disparu à l’horizon parmi les nuages ensoleillés. Ilhan tourna la tête vers le nouvel arrivé, et plaqua son sourire de circonstance.

Conseiller Avente, le Général te demande.

J’arrive, s’empressa-t-il de répondre, tout en glissant un parchemin dans son brassard et en fermant l’attache de façon plus serrée.

Puis, rabattant sa manche ample d’un geste souple, il suivit le garde délimarien. En route, le glacernois lui expliqua rapidement les grandes lignes. Un elfe était arrivé en réponse à l’appel aux volontaires pour les Ekinoppyres.

Ilhan hocha la tête. Les Ekinoppyres… Ces maudites plantes qui menaçaient toute l'île. Il avait eu vent par ses araignées que Sélénia avait tenté de recruter quelques érudits pour effectuer des recherches à leur sujet. Mais l'Alliance n'avait eu aucune nouvelle officielle. Sélénia ne les avait informés de rien, ni de l'équipe formée, si elle avait été formée, ni de leur avancée s'il y en avait eu une. Peut-être parce que justement il n'y avait eu encore aucune découverte... Mais l'Alliance avait décidé de passer à la vitesse supérieure, une fois le plus urgent contrôlé. Un appel pour leur Bureau d'Etudes contre ces envahisseurs végétaux avait été lancé.

Et enfin, quelqu’un répondait à leur demande de spécialistes ! Ce n’était pas trop tôt. Encore un peu et il était persuadé que Sigvald serait passé à la manière forte avec ses barils de poudre et aurait bouté en touche le Bureau d’Études. Les Dieux avaient peut-être disparu, mais ses prières avaient été entendues et quelqu’un était venu !

Et il n’était pas mécontent de revoir un elfe. Un être doté d’un minimum de savoir-vivre, de beaux phrasés, un être de bon goût et de finesse !

Bonjour Mon Général, salua-t-il en retour, arrivé à la hauteur du grand blond tout en laissant son sourire se teinter d’un brin de sincérité.

Ils avaient eu maintes altercations, tous deux, sur de nombreux sujets. Chacun avait son caractère. Et si Ilhan avait plus de patience et ne haussait guère le ton, il ne tenait pas moins tête au Général si le sujet l’imposait. Pour autant… Pour autant, tous deux avaient appris à s’apprécier. Véritablement. Sincèrement. Avec même une réelle complicité.

Si Ilhan ne se l’était pas interdit il y a des années, il aurait presque pu targuer Sigvald d’être un ami.

"- Il semblerait que les choses avancent enfin... Je commençais à perdre patience et espoir. Avec le printemps, ces saloperies se propagent plus vite que l'on a de bras pour les couper."

Pour perdre patience, il faudrait déjà en avoir une once, lança-t-il avec un léger clin d’oeil et un sourire moqueur. Et je commençais à me demander comment vous faire pousser des bras… Cet invité distingué me sauvera peut-être la mise.

Il laissa le Général faire les présentations, et, s’il fut étonné du surnom soudain étrange dont l’affublait Sigvald – "âpre défenseur des peuples et de leur liberté" ? Vraiment ? Cela siérait tellement bien à Tryghild… – il n’en montra rien. Et en fut, en son for intérieur, un brin flatté.

Lómion Estarus. Ce nom ne lui évoquait rien. Ou... était-ce cet elfe si avide de savoir dont certaines connaissances elfiques lui avaient parlé ? Ou… Non, il n’était pas bien sûr. Ilhan sentit un regard sur lui et le retourna, rapidement. Le simple fait qu’il ait été si rapide dans cet échange de regard voulait tout dire. Il ne savait pas. Il demandait à voir. Sigvald le connaissait assez maintenant pour interpréter son attitude silencieuse et expectative. Il reporta aussitôt son attention sur l’elfe et l’observa attentivement.

Vêtements de bonne facture, facture elfique, bonne qualité, mais qui avaient voyagé. Voyageur donc. Rare pour un elfe. Dénotant sans doute un esprit curieux. Peut-être était-ce bien l’elfe dont on lui avait parlé. Il devrait se renseigner.

Jeune elfe mais il paraissait elfe adulte. Certes, ce n’était jamais un critère de certitude avec les elfes, mais Ilhan en avait connu quelques-uns pour pouvoir certifier que celui-là avait assurément plus de cent ans. Deux cents ? Trois cents à tout prendre. Aucune arrogance en tout cas dans son attitude. Peu commun encore une fois pour un elfe, même si cela n’était pas pour lui déplaire. Cela éviterait toute friction inutile avec Sigvald ou tout délimarien.

Ilhan jugea aussitôt l’elfe comme un potentiel candidat intéressant. En tout cas, une candidature qui valait la peine de considérer. Ne serait-ce que parce qu’elle était la seule. Mais… pas seulement. L’elfe l’intéressait. C’était là une petite lueur d’espoir.

Il jeta alors rapidement un regard vers Sigvald en hochant discrètement la tête puis se tourna vers l’elfe et lui offrit le salut elfique. Poing droit fermé soutenant la main gauche ouverte, il s'inclina légèrement sans quitter son interlocuteur des yeux.

Elen síla lumenn' omentielvo*, fit-il en elfique, avant de reprendre, cette fois en langage commun. Je peux parler elfique mais je vous propose de parler en langue commune pour que tous puissent suivre notre échange.

Il se redressa enfin et offrit à l’elfe son sourire le plus bienveillant.

Effectivement Calastin tout entier rencontre un problème avec certaines plantes du nom d’Ekinoppyres. Mais peut-être pourrions-nous en discuter et vous présenter en détail la situation dans un endroit plus calme et plus chaleureux ? ajouta-t-il en se tournant vers le Général.

Non, parce que les petits jeunes étaient bien gentils, mais lui ne se sentait pas de parlementer, ce qui s’annonçait des heures durant, debout, au sujet de leurs nouveaux envahisseurs. Et puis il avait faim. Un petit quelque chose à grignoter ne serait pas de refus.

Et notre visiteur a peut-être besoin d’un peu de repos, ou du moins de se sustenter quelque peu, après ce harassant voyage ?


HRP :
* Traduction : Une étoile brille sur l’heure de notre rencontre.

Note : la cité de Cordont est en reconstruction. Je pense que les plantes ne sont pas directement là, celles qui étaient présentes près de nous ont certainement été abattues avant de devenir grandes, sinon elles nous attaqueraient A confirmer ^^

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Le gouffre, malgré sa taille colossale, n'était pas visible depuis leur emplacement car tout son bords avait été bloqué par de hautes palissades de bois avec plusieurs accès hautement surveillés par l'armée délimarienne. Les patrouilles quadrillaient la zone inlassablement, avec des rotations aléatoires tandis que plusieurs artilleurs équipés de feutonnerres stationnaient dans les tours de guet. Le cœur du Traité entre l'Alliance et Sélénia était justement la sécurité de ce gouffre et l'interdiction formelle à qui que ce soit d'en descendre jusqu'aux tréfonds. Les galeries qui s'y étendaient pouvaient courir sur tout Calastin et aucun dirigeant n'était tenté de voir un groupuscule hostile éveiller un autre de ces géants de pierre pour causer un nouveau drame. Toutefois, les profondes fissures dans le sol, ainsi que les irrégularités dans le paysage n'avaient pas pu être effacé et avec un recours contrôlé de la magie, il y avait des cicatrices qui ne guériraient jamais totalement en ces terres saccagées.

L'expression sévère bien que ses yeux soient aussi clairs que le ciel d'hiver, Sigvald Svenn contemplait l'elfe d'une curiosité patinée par une politesse chèrement acquise dans les cours que le Conseiller Avente lui prodiguait depuis voilà plusieurs mois. Il était impossible au Champion de ne pas comparer cet elfe avec le Bourgmestre de Caladon et il se demandait de quoi le jeune érudit était capable dans une cour d'entraînement... mais à voir la finesse et la propreté de ses mains, il y avait fort à parier que celui-ci n'ait jamais tenu une arme de sa vie. Un mage dans ce cas ? Les sourcils du glacernois se froncèrent, accentuant la pliure sur son front alors que l'ardoise de ses iris s'assombrissait. Il ne pouvait pas le lui reprocher, vu qu'il s'agissait d'un élément intrinsèque à cette race, toutefois il n'arrivait pas à se résoudre à lui accorder de sa confiance...

Toutefois, l'intervention d'Ilhan et son invitation à poursuivre en un lieu plus propice firent légèrement tendre le géant qui hésita l'espace de quelques secondes avant qu'il ne hoche la tête en signe d'approbation. S'il s'était écouté, il aurait continué à parler ici même afin de ne pas perdre une minute de plus. Seulement après qu'ils se soient assurés des compétences de ce Lomion et de ses réelles volontés ou ambitions quant aux ékinoppyres, ils auraient pu manger et boire en célébration d'un nouveau partenariat... mais si l'althaïen jugeait que le repos et la nourriture étaient plus appropriées pour traiter avec l'elfe, alors il n'allait pas discuter ses décisions. Après tout, il l'avait fais venir pour arrondir les angles et gérer la susceptibilité légendaire de cette race.

"- Suivez-moi."

Gronda-t-il alors qu'il tournait les talons pour récupérer son arc ainsi que son carquois qu'il percha sur une épaule avant de poursuivre sa route et descendre la rue. Cette dernière était propre malgré les façades encore abîmées des quelques bâtiments miraculés de la catastrophe. Après s'être assurés qu'ils ne s'effondreraient pas sur la tête des réfugiés au premier éternuement, les artisans de l'Alliance s'étaient concentrés sur la rénovation des toits, puis de l'intérieur. L'on retrouvait ainsi des murs lézardés et des décorations – jadis raffinées et travaillées par des mains elfes ou althaïennes – totalement brisées ou tout juste colmatées de sorte à ne pas aggraver la précarité des bâtiments. La paille fraîche sous leurs pieds crissait tandis que l'eau de la pluie nocturne gouttait encore des balcons et des gouttières d'appoints. Entre les murs de pierre, l'on pouvait distinguer d'autres rues qui s'entrecroisaient pour former le reste de Cordont avec ses maisonnées de bois à l'architecture purement glacernoise.

Ils s'arrêtèrent à une auberge, elle aussi survivante de la catastrophe grâce à sa position désaxée du reste de la ville ; elle servait originellement de relais aux voyageurs et aux messagers pressés. Son rez-de-chaussé se divisait entre la vaste cuisine et une courte salle de réception ainsi qu'une vaste terrasse couverte par le premier étage et parsemée par de larges poutres de bois finement gravées. Les dégâts subits étaient minimes et le couple de propriétaires s'était empressé de les réparer eux-même afin de pouvoir continuer à faire tourner leur commerce. Une occasion pareille ne pouvait pas être gaspillée où ils ne venaient pas de Caladon ! Sigvald se pencha afin d'entrer dans la pièce où se trouvait le bar ainsi que quelques tables. L'aubergiste le salua sobrement et le Général fit de même, n'appréciant de toute façon pas les effusions trop prononcées d'égards à son rang. L'échange qu'ils engagèrent fut de la même trempe :

"- La mezzanine ?
- Disponible.
- Deux plats du jour, un plat végétarien, du vin et une coupe de fruits ainsi que le plateau de fromage.
- Tout de suite."

L'homme grimpa les marches de l'escalier qui donnait sur une vaste mezzanine au plancher lustré et donc le fond s'ouvrait en terrasse à l'extérieur. De ce point de vue, il était possible d'entrevoir le gouffre par delà les pieux de bois ferrés des palissades. Ses bords, dentelés comme la gueule béante d'un quelconque monstre cauchemardesque, étaient rongés par endroit de nombreuses lianes noueuses et épaisses. Sigvald observa un moment ce spectacle, puis soupira avant de déposer son arc et son carquois afin de s'installer sur un des bancs qui flanquaient la table principale et ne l'obligerait pas à se plier en deux.

"- Bien... nous pouvons discuter à présent, n'est-ce pas ?"

Il lança un regard aigue en direction d'Ilhan, espérant obtenir son approbation maintenant qu'il avait rempli sa part du marché. Ses yeux au gris glacé se posèrent ensuite sur l'elfe et il le détailla une nouvelle fois avant de poser les coudes sur le bord de la table et de croiser les mains.

"- Sir Estarus, parlez-nous un peu de vous. Vos origines, vos compétences, vos objectifs..."

Autant commencer par le début, non ?

descriptionCisailles ou remèdes d'elfe ? [PV Ilhan & Lomion] EmptyRe: Cisailles ou remèdes d'elfe ? [PV Ilhan & Lomion]

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L’homme était impressionnant… Jamais, avant j’aurais pu imaginer qu’un humain puisse atteindre une taille aussi grande… C’était un géant.. Il était impossible de le raté.. Il ne devait pas exceller dans les missions d’infiltration. Je fus agréablement surpris de voir qu’ils avaient pensé à mon bien-être et proposé la discussion dans un endroit plus confortable. J’avais aussi était très agréablement surpris qu’il parle ma langue.
En effet, il serait plus courtois de parler dans votre langue .. Exclure quelqu’un d’une conversation est une chose des plus malpolie et je m’en voudrais de vous faire outrage !

On prit la direction d’un autre endroit afin de pouvoir discuter de tout ça.. Mon regard allait partout.. On ne voyait pas grand chose d’ici, mais je prenais quand même quelques notes.. Pas grande chose.. Je notais les réparations faite.. La manière dont ils avaient protégé l’endroit, c’était vraiment très intéressant.. Si jamais une chose similaire ce représenté.. Même si c’était fort peu probable, au moins on saurait ce qui a été déjà fait.. Reste à savoir si ça fonctionnais.

Il nous mena vers une auberge.. Je trouvais ça assez comique.. Les humains ouvraient un lieu de nourriture et surtout de boisson dans les 1ers.. Ca reflété bien les humains, ils avaient toujours eu un penchant pour les alcools de mauvaise qualité. Je m’en voulu un peu d’avoir des pensée aussi arrogante envers les humains alors qu'eux.. Pensez à moi.. Ils n'avaient pas oublié de commander un repas végétarien.. L’air de rien.. Ça me touchais énormément. Les humains finalement pensés aux autres… On monta à la mezzanine, c’était plutôt joli, on avait une belle vue de là et je pus même apercevoir quelques racines.. Je nota à nouveau quelques trucs avant de me reconcentrer sur les deux humains.. Nous allions pouvoir commencer à discuter. À peine attabler, que l’humain au nom de Sigvald demanda à en savoir plus sur moi, c’était légitime, même si j’aurais trouver ça préférable de savoir a qui je me présenter, mais, c’était moi l’invité ici et il était normal qu’il en sache plus sur moi.

Avant tout, je tenais à vous remercier pour les attentions que vous avez envers moi, je les apprécie beaucoup. Pour ce qui est de mes origines, je crains qu’elles ne soient pas très intéressantes et qu’elles ne vous apprennent pas grand chose. Je suis un elfe tout ce qui a de plus banal.. Je suis né dans la même ville que la plupart des elfes adultes, j’ai connu les guerres et j’ai été forcé de quitter mon chez-moi à cause des chimères.


C’était très classique sur les grandes lignes, il fallait l’avouer et je n'allais très certainement pas parler des tonnes de bêtises que j’avais fait petit. Un léger sourire en coin s’afficha sur mon visage.. Je me demandais ce qu’ils en penseraient .. Un elfe aussi turbulent, c’était un peu moins classique.

Jeune, je me suis passionné pour la magie… J’ai étudié la théorie pendant quelques années avant de pouvoir enfin passé à la pratique. Je suis devenue mage, sans me venter, je pense avoir un plutôt bon niveau.. Comme beaucoup d’elfe, je suis proche de la nature et je m’intéresse beaucoup aux plantes. Il faut l’avouer, les plantes qui vous envahissent m’intéresse énormément.. De toute manière avant de vous débarrasser de ces plantes, il faut savoir à quoi nous avons à faire, surtout si elles sont aussi résistantes que ça. Ma vie a toujours eu un seul objectif, le savoir.. Je veux acquérir le plus de connaissance possible, c’est pour cela que j’ai décidé de partir en voyage.


Je pris une pause dans mon monologue, mon voyage était récent, mais ça ne changeais pas grand-chose à mes motivations. Je m’inclinai légèrement.

Avez-vous les informations que vous souhaitez ? Si ce n’est pas le cas, n’hésitez pas à me poser des questions. Pour ma part, j’avoue en avoir plusieurs.. Comment ces plantes on commencer à pousser ? Vous avez vu leurs graines ? Les insectes vont vers ses plantes ? Quelles est la forme de leurs feuilles et leurs fleurs ? Ca fait quoi quand on leur lance un sort ? Elles sont passives où elles se mettent à bouger ?j’aimerais savoir aussi... Vous avez eu une croissance normal pendant votre enfance ? Vos parents sont ils aussi grand ?


J’avais parlais assez rapidement, une lueur d’excitation et de curiosité luisait dans mes yeux, je ne m'étais probablement pas rendu compte que mes questions sur le garçon pouvais être légèrement mal avisé ou blessante et heureusement, je n'avais pas posé toutes les questions indécente que j’avais en tête.

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Quand ils pénétrèrent l’auberge, Ilhan se retint de lever les yeux au ciel à l’échange aussi laconique que lapidaire entre le Général et l’aubergiste. Les deux bougres s’entendaient bien avec leur air bougon à faire pâlir d’envie un ours et leurs phrases monosyllabiques. Pas de bonjour, merci, s’il vous plait… Intérieurement il soupira devant ce manque aux convenances de la bonne société. Mais bon, à quoi s’attendre dans ce monde de brutes après tout ? Adieu belles formules de politesse, bonjour rustrerie toute de virilité affirmée. Il garda pour lui ses pensées peu amènes et se contenta d’un hochement de tête sobre en direction de l’aubergiste en guise de salut. Heureusement le bougre eut le bon goût de le lui rendre.

Sigvald était déjà en haut qu’Ilhan franchissait à peine la première marche. Il commençait sérieusement à détester les escaliers. Véritablement. Viscéralement. En sa demeure, il s’était réservé le rez-de-chaussée et avait laissé tout l’étage au reste de sa maisonnée. Avec un soupire toutefois, il se résigna à suivre et rejoindre le général, en s’aidant de la rampe et en prenant son temps. Puis prit place auprès de Sigvald et invita l’elfe à en faire autant.

Elfe qui commença à les remercier pour leurs délicates attentions. Ilhan se permit un petit sourire amusé. Si l’elfe avait su l’impatience du général à en découdre sur ses compétences sans passer par des ronds de jambe et des remerciements… Mais c’était bien trop amusant de sentir le délimarien monter légèrement en pression à chaque phrase qui retardait ce qu’il attendait tant. Même s’il devait avouer que Sigvald se contenait admirablement bien. L’althaïen ne savait sur le moment s’il devait s’en inquiéter - le général était-il malade - ou s’en réjouir - ses quelques cours porteraient-ils enfin a minima leurs fruits ? - et coula un regard en biais à son homologue de Délimar comme pour s’assurer de toute sa santé. Non pas de signe de maladie ni de fébrilité. Son sourire s’élargit un tantinet à cette constatation et une douce chaleur irradia dans sa poitrine à l'idée que le délimarien mûrissait et prenait ses cours vraiment à coeur. Au point de parvenir, un tant soit peu, à les appliquer enfin.

Puis vinrent les présentations de l’elfe plus en détail. Pas autant qu’Ilhan ne l’aurait espéré, lui qui était si friand d’informations. Il aurait voulu en savoir plus, bien plus, sur l’elfe et sur ses compétences : son âge, ses domaines de prédilection précisément en magie, la place ou le rang de sa famille qui aurait pu le renseigner aussi.… Mais il était difficile de le reprocher à l’elfe. En tout cas, l’herboristerie faisait partie de ses compétences. Un point pour lui. Une avancée pour eux.

Un autre point intéressant dénotait de son récit aussi : il était parti de lui-même en voyage. Fait assez rare pour un elfe, race plutôt réputée pour être sédentaire et peu amenée à apprécier les changements ou les longs voyages non indispensables.

Ilhan hocha la tête aux mots de l’elfe alors qu’il évoquait ses compétences à ce sujet et coula un autre regard en biais au délimarien. Il le voulait. Il le voulait, lui, là, maintenant. C’était une avancée inespérée, le premier pas vers une recherche concrète sur une solution saine et positive contre ce fléau.

Et alors qu’il s’apprêtait à répliquer, ils se retrouvèrent avalés par une flopée de questions. Ilhan avait commencé à ouvrir la bouche pour répondre, mais devant ce soudain flot d’interrogations, un flot qui lui rappelait trop bien quelqu’un, à savoir lui-même devant un problème, il laissa filtrer une once de sincérité dans son sourire de convenance. Et soudain… soudain LA question.

J’aimerais savoir aussi... Vous avez eu une croissance normale pendant votre enfance ? Vos parents sont-ils aussi grands ?

Ilhan manqua laisser échapper un grand éclat de rire, mais parvint à se maitriser à temps. Même s’il laissa échapper un léger soubresaut et cacha son sourire éclatant derrière sa main, faisant mine de se gratter la barbe. Depuis son arrivée à Délimar, il avait souvent eu la sensation d’être l’anomalie parmi ces géants. Même si tous à Délimar n’étaient pas des nordiques, ils y étaient une très grande majorité et Ilhan côtoyait essentiellement cette ethnie plus que les deux autres. Mais cette question entre toutes lui mettait un peu de baume au coeur. Il n’était pas la brindille au milieu du bois, c’était eux les chênes gigantesques à côté des ifs et des bouleaux.

Il se racla la gorge pour recouvrer un peu de sérieux et s’empressa de prendre la parole, coupant l’herbe sous le pied du délimarien. Il lui laisserait répondre à la question outrageusement curieuse et osée de l’elfe après. D’une main, il appuya légèrement sur le bras du général pour lui demander calme et de le laisser répondre avant. Sans même le regarder. En un geste notant la totale confiance qu’il faisait au général en cet instant. La totale confiance que le général avait su gagner auprès de lui, comme peu de personnes pouvaient se targuer de l’avoir gagnée.

Je vois là effectivement une soif insatiable de connaissances, commença Ilhan, laissant quelques discrets accents althaïens chanter dans sa voix grave et posée.

Ses lèvres s’étirant en un rictus goguenard.

L’aubergiste arriva sur ses entrefaites et déposa assiettes, couverts, verres et carafes, devant eux. Ilhan le remercia d’un signe de tête et attendit que l’homme soit parti pour reprendre :

Je doute que nous puissions répondre à toutes vos questions. Nous ne savons pas quand ces plantes ont commencé à pousser. Tout ce que nous savons c’est qu’elles étaient apparemment déjà présentes dans les cavernes révélées par le gouffre. Elles semblent paralysées par les ténèbres, mais l’effondrement leur a donné accès à la lumière. De ce que j’ai compris, elles entrent en sommeil la nuit et elles germent le jour. Nos hommes sont obligés de pratiquer des abattages massifs la nuit, mais chaque jour elles reprennent leur extension. Elles semblent résistantes, à tout, même au feu ou à la magie. Elles semblent se propager vite et loin. Comment ont-elles pu résister dans les profondeurs des cavernes pendant tant de temps alors qu’elles semblent dépérir la nuit ? Nous n’en savons rien. Nous présumons qu’elles peuvent rester en dormance des années...

Il regarda le général pour vérifier qu’il n’ait rien oublié, et reporta rapidement son regard sur l’elfe au risque de se laisser aller à rire.

Elles sont sinon extrêmement agressives quand elles sont de grande taille et attaquent toute personne qui s’avance de trop près. Nous n’avons jusque-là pu que ralentir leur progression. Je crois que c’est là l’état de nos connaissances actuelles à leur sujet. Pour savoir si les insectes vont vers ses plantes ou savoir ce que cela leur fait de leur lancer un sort, il faudrait demander aux personnes qui ont tenté de les approcher.

Ses orbes sombres revinrent enfin sur Sigvald, et son sourire se tordit en un rictus taquin et moqueur, peinant à réprimer le rire qui lui venait de nouveau. Il pouvait bénir toute son expérience pour garder un tant soit peu de maitrise.

Quant aux dernières questions… il ne me revient pas de vous répondre.

Il n’avait pas lâché le bras de son compère tout du long. Ce n’est qu’alors, après une légère petite pression voulant lui transmettre tout son calme et sa confiance, qu’il lui relâcha le bras. Sans pour autant lâcher le général du regard, guettant le moindre signe d’éruption volcanique. Même si, en cet instant, il doutait d’un éclat.

descriptionCisailles ou remèdes d'elfe ? [PV Ilhan & Lomion] EmptyRe: Cisailles ou remèdes d'elfe ? [PV Ilhan & Lomion]

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Silencieux, il l’observait avec gravité. Coudes posés sur le bord de l’épaisse table de bois, épaules voûtées vers l’avant et les mains jointes, il arborait une expression impassible alors que ses yeux au bleu pâle ne lâchaient pas l’elfe et suivaient le moindre de ses mouvements. Il devait apprendre à le connaître afin de pouvoir estimer son niveau de compétences ainsi que sa fiabilité. Malgré l’urgence que représentait l’infestation, il ne comptait pas laisser à la tête des recherches le premier venu ! Une dizaine d’hommes et de femmes s’étaient déjà présentés, la bouche en cœur, mais la tête complètement vide avec pour seul désir la curiosité morbide du gouffre et l’espoir d’une vie facile à se faire entretenir par l’Alliance en procrastinant à l’ombre d’une fraude. Il avait fallu toute la diplomatie d’Ilhan pour qu’il ne jette pas ces déchets en prison ou mieux ; à la potence. Il voulait bien être gentil et patient cinq minutes, mais Sigvald détestait qu’on le prenne pour un con à cause de ça.

Lorsque le récit du « jeune » elfe débuta, le glacernois resta de marbre tout du long et se contenta de hocher brièvement du chef à une ou deux reprises pour signifier qu’il suivait et que les informations fournies le satisfaisaient. Il ne s’était pas réellement attendu à des miracles, mais là ils devaient probablement battre tous les records ! Une vie aussi simple et banale lui semblait absolument inconcevable et rendait la race elfique encore plus étrange et complètement à l’ouest en ce qui concernait les choses de la vie… du moins, à ses yeux. Mais il fallait reconnaître à cet érudit une chose : avoir eut les tripes de quitter son confort, d’aller à l’encontre de son instinct d’elfe et de quitter les siens pour s’aventurer seul sur l’Archipel ! Beaucoup de prétendus mages elfes n’auraient jamais su trouver le courage de tout plaquer pour la seule raison de « découvrir » et d’en apprendre davantage sur le monde qui les entourait.

De cette histoire très courte concernant sa vie et ses objectifs, Lomion passa rapidement à l’offensive en les bombardant de plusieurs questions et ce, sans même reprendre une seule fois son souffle. Le Général de Délimar haussa les sourcils, déconcerté, avant qu’il ne se mette à cogiter sur les réponses qu’il pourrait lui donner une fois que l’autre se serait enfin essoufflé. Tout à ses réflexions, il ne saisit qu’à retardement le sens des dernières interrogations de l’elfe et le regarda comme s’il venait de lui pousser une deuxième tête, les yeux ronds comme des billes. Avait-il réellement compris ce qu’il craignait d’avoir entendu !? Il hésita entre lui en coller une et éclater de rire, fut un instant mitigé avant qu’il ne finisse par émettre un vague renâclement amusé, mais sans toutefois répondre encore. L’hésitation le tiraillait encore ! Heureusement, pour sa futur relation avec l’elfe, Ilhan n’eut pas autant de remords à se décider et parvint avec brio à contenir son fou rire et donner les précieuses information à leur invité.

Toutefois, Sigvald ne rata pas son sourire goguenard ni, après coup, son expression taquine ! La pression de sa main sur son bras était inutile, même si la prévention était louable compte tenu de son passif et de ses nombreux éclats lorsqu’il se pensait ridiculisé de x ou y façon. Il se promit de lui faire ravaler son rictus à la première occasion même s’il trouvait cette situation tout aussi amusante bien que hors de propos avec leur problème… mais la curiosité candide de l’elfe avait sa propre touche de fraîcheur ce qui n’était pas plus mal vu l’ambiance actuelle qui régnait à Cordont. Le délimarien se racla donc la gorge et vint s’appuyer au dossier de la chaise, bras croisés sur son torse massif.

« - Je suis un glacernois pur souche. Il s’agit d’un peuple originaire du Nord, dans les montagnes de l’ancien continent… Vous savez, ces terres enneigées qui vous furent si gracieusement offertes par les Kohan sur l’ancien continent ? Et bien c’est de là que vient mon peuple et qui nous aura forgé de cette façon. »

L’amère rancœur fut parfaitement palpable dans le ton de sa voix grave et ses yeux prirent la couleur acéré de l’acier. L’injustice qui avait frappé les glacernois quelques années auparavant était encore une honte cuisante dans la mémoire du Général. L’expression assombrie, il fit jouer sa mâchoire avant de poursuivre avec une tranquillité trompeuse à ceux qui le connaissaient un minimum. La crispation dans ses épaules bien faites ne trompaient pas : il était à nouveau sur la défensive et tout amusement causé par les questions avides de l’elfe avait disparu.

« - Mes parents étaient des glacernois. Comme mes grands-parents et tous mes ancêtres. Je suis d’une taille considérée normale parmi les miens et vous trouverez ici des guerriers plus grands encore. Les femmes aussi possèdent cette particularité physique d’ailleurs, autant vous y faire tout de suite. »

Il prit une longue inspiration, conscient que ce « gosse » n’avait rien fais pour mériter son animosité, toutefois il ne pouvait pas s’en empêcher. Finalement, la pression délicate d’Ilhan tout à l’heure avait été bienvenue et il lui coula un regard pour puiser dans ses yeux sombres et intelligent le calme dont il avait besoin pour poursuivre cette entrevue. Pour s’occuper et surtout se détendre, Sigvald vint servir des coupes d’eau fraîche ainsi que d’autres avec le vin dont la robe riche captura les éclats de la lumière alentours. Il prit une première gorgée et soupira avant de poursuivre :

« - Si vous acceptez de rejoindre le Bureau d’Étude Botanique, Sir Estarus, vous obtiendrez les accréditations suffisantes pour descendre le long des parois du gouffre afin de chercher la source de la prolifération ; racine alpha, composition singulière d’une terre ou d’engrais… que sais-je ! Vous obtiendrez aussi quelques hommes et femmes pour vous aider dans les tâches les plus ingrates telles que, justement, l’observation du comportement des insectes à l’égard de ces saloperies sur plusieurs jours ou semaines. »

Il se gratta une joue mangée de barbe, réfléchissant à ce qu’il pourrait proposer d’autres.

« - Vous aurez accès à des fonds pour l’achat de votre matériel et d’ingrédients...Caladon se propose pour tout ce qui est marchandises et Délimar sécurisera vos expéditions et escortera vous et vos subalternes. Bien sûr, en échange nous espérons des rapports réguliers ainsi qu’une certaine rigueur dans vos travaux. Ces plantes sont un véritable danger et leur progression va plein nord ; droit dans l’Empire. »


Pas que ça le gênait forcément de reléguer la patate chaude à ces bons à rien de séléniens, mais ça l’emmerdait un peu de ne pas être capable de régler le soucis de son côté de la frontière. Sa fierté en prenait un coup, comme on dirait !

« - Vous avez d’autres questions ? Autrement que d’ordre personnel… vous m’excuserez, mais je suis encore trop sobre pour y répondre calmement. »

Et là dessus, le plus calmement du monde, il se coupa une tranche de pain avant de faire pareil avec le fromage.

descriptionCisailles ou remèdes d'elfe ? [PV Ilhan & Lomion] EmptyRe: Cisailles ou remèdes d'elfe ? [PV Ilhan & Lomion]

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Alors là, j’avais du mal à y croire, il y avait plusieurs races d’humain ! Je me demandais s'il y avait aussi des humains de petite taille.. Peut-être même des humains avec des griffes ? C’était étonnant et passionnant, mais visiblement, ce n'était pas le moment de poser plus de questions sur le sujet. Le visage du géant s’était refermé et .. Il annonce même qu’il n’était pas assez sobre pour pouvoir parler de ça calmement.

Je vous remercie de vos réponses à tous les deux, je suis désolé aussi d’avoir posé des questions si indiscrètes.. Il n’était pas dans mes buts de vous vexer.. Pour ce qui est de mon engagement, je me dois de réfléchir sérieusement à toute les informations que vous m’avez données.. Je ne peux pas m’engager avec vous aussi facilement sans peser le pour et le contre..


Je venais de commencer mon voyage et si je devais déjà le stopper parce que je m’étais engagé sur un coup de tête alors, je ne verrais  pas grande chose, laissé ses gens en danger me déranger aussi, et ses plantes m’intriguer énormément.. Il y avait aussi le fait que j’avais l’impression que si je commençais là-dedans, ça me prendrais tout mon temps et que je ne pourrais plus donner autant de temps que je voulais à la magie et je restais un mage. Je devais vraiment réfléchir aux pour et aux contres et pour cela.. J’avais besoin le plus d’information possible.. Si je pouvais voir, ce serait parfait.

Par contre je suis désolé mais, je vais devoir vous arrêtez sur un point.. Je ne trouve pas que l’étude du comportement des insectes soit une tâche ingrate.. Au contraire, c’est très intéressant .. Les insectes ont des comportements fantastiques… Les fourmis elles ont toute une société avec différentes castes, c’est dommage de passé à côté de tout ça et ça peut être intéressant de voir si les insectes juge ses plantes dangereuses ou non.. Vous avez trouvé des cadavres d’animaux, je suppose auprès de ses plantes ?


Si ces plantes étaient agressives envers les humains et autres bipède… Il y avait de forte chance que ça attaque aussi les animaux.. Si ce n'était pas le cas alors, ça posais tout un tas d’autres question bien plus intéressante.


C’est une question comme ça… Mais avez-vous tenté de demander de l’aide à un dragon ?

Le souffle des dragons était puissant, quand on avait été dans ce temple.. Le souffle de Firindal m’avait impressionné.. Ca avait carrément stérilisé les lieux, si ça, ça ne pouvait rien contre les plantes, alors j’avais bien peur qu’on ne puisse pas faire grand-chose contre ces plantes. Le problème la-dedans, c’est que je m’y connaissais pas tellement en psychologie dragon et je n’étais pas certains qu’il y ai t des dragon prêt à aidé les humains. Je fronçai les sourcils avec un petit air concentré, prenant par moment des notes.. Une chose était sûre.. Je voulais au moins voir ses plantes de plus prêt avant de prendre cette décision, j’espérais qu’ils accepteraient.. Je serais tout de même déçu de repartir sans avoir pu au moins les approcher et me faire une idée.

descriptionCisailles ou remèdes d'elfe ? [PV Ilhan & Lomion] EmptyRe: Cisailles ou remèdes d'elfe ? [PV Ilhan & Lomion]

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À la mention de cette ancienne trahison des Kohan envers les Glacernois, qui avaient vu leurs terres données en "pâture" aux elfes, à ce ton des plus âpres où amertume tranchait les mots, Ilhan sentit son souffle se bloquer et se retint de fermer les yeux pour soutenir sa prière muette. Il fut tenté de reposer sa main sur le bras puissant du guerrier, dont il redoutait chaque réaction en cet instant. Mais il se contenta d’appuyer un long regard, empreint d’une patience calme et stoïque, sur son Général, espérant lui insuffler ainsi tout le soutien dont il était capable pour apaiser ses nerfs à vif.

Il espérait que Sigvald parvienne à faire la part des choses. L’elfe en face d’eux n’était en rien responsable de cette injustice dont il avait souffert. La lui reprocher serait d’ailleurs commettre, en un sens, une autre injustice aussi. Et ses espoirs ne furent pas vains. Le Général sut garder son calme. Il sut même donner à sa voix des inflexions moins dures et moins féroces. Même si la crispation de son corps ne trompa en rien le spirite du dauphin. Leurs regards se croisèrent et l’ébène soutint la glace sans faillir. Il tenta par ce simple échange muet de lui transmettre toute sa force, toute sa patience, tout son calme, tout ce que Sigvald voudrait bien y puiser. Quand bien même il se sentait déjà épuisé par cette conversation qui avait à peine commencé.

Il voulait l’elfe dans ce Bureau d’études, ne serait-ce que pour avoir l’expertise d’une race prédisposée à ce genre d’études. Ne serait-ce que pour avoir un autre point de vue, une autre approche, que celle du peuple humain. Mais… était-ce finalement si judicieux ? Les Glacernois seraient-ils vraiment capables de travailler, jour après jour, avec un elfe ? Le doute soudain s’insinuait dans l’esprit du diplomate et il sentit le poids des années peser sur ses épaules comme rarement auparavant. Il se sentait parfois si fatigué.

La diversion qu’offrit Sigvald en leur servant les boissons fut la bienvenue. Ilhan ne se fit pas prier et but quelques gorgées de vin avec soulagement. Il avait besoin, il le sentait, d’un petit remontant, pour surmonter les aigreurs d’estomac qui déjà le happaient. Il était peu sûr de manger grand-chose à ce repas.

« - Vous avez d’autres questions ? Autrement que d’ordre personnel… vous m’excuserez, mais je suis encore trop sobre pour y répondre calmement. »

Ilhan avait soudain bien envie de répondre un " moi aussi " mais se retint. La gorgée qu’il reprit toutefois parla pour lui. Il observa Sigvald se servir pain et fromage mais ne l’imita nullement. Un coup d’oeil aux aliments lui coupa net l’appétit et une nausée manqua le frapper. Il détourna rapidement les yeux et reporta son attention sur l’elfe, qui déjà répondait.

Il remercia intérieurement Lomion d’avoir la courtoisie de s’excuser. Même s’il n’était en rien coupable. C’était là un geste honorable et un signe de volonté de paix. Mais la suite l‘affligea de nouveau. Compter sur les elfes pour avoir besoin de cent années pour la moindre décision. Sauf que, eux, humains, n’avaient pas cent années devant eux. Réfléchir certes, mais il allait devoir réfléchir vite, pour une fois.

Ilhan devinait déjà l’impatience et l’agacement que cette réponse devait inspirer à Sigvald. Et aussitôt sa main vint se reposer sur le bras du colosse. Non pas d’éclat, pas maintenant, priait-elle silencieusement. Laissez-moi une chance, juste une petite chance, tentait-elle de dire désespérément, alors qu’Ilhan laissait l’elfe finir.

Elfe qui avait toute la candeur d’un enfant encore. Sigvald ne réalisait peut-être pas que, malgré ses possibles cent ans passés, quand bien même cet être était un elfe adulte et mâture en son domaine, il conservait mine de rien un esprit d’enfant. Ou de très jeune adulte. Les propos que leur tenait le gamin, tout à sa passion des études, le criaient pour lui. C’était un gamin, oui. Tel que l’Empereur Nolan l’était lui aussi. Mais Ilhan pressentait un gamin brillant. Un gamin dont ils pourraient avoir besoin. Il leur fallait juste lui accorder un peu, juste un peu, de patience. Il espérait en avoir suffisamment pour deux.

Et les questions revinrent, de nouveau, ce qui arracha un léger, très léger, sourire au diplomate. Même si ce sourire était terni par une certaine crispation tant il se sentait jouer au funambule entre Sigvald et Lomion, en équilibre précaire sur une corde prête à casser. Il avait déjà connu maintes fois cette sensation par le passé. Et avait tant espéré ne plus jamais la revivre. Pourquoi avait-il accepté de jouer les diplomates pour Délimar déjà ? Ah oui… Tryghild ! Tryghild…

Il inspira profondément avant de se lancer à répondre, remerciant silencieusement Sigvald de le laisser agir.

Des questions fort intéressantes, je n’en doute pas. Pour quelqu’un passionné par ces sujets-là. Je suis sûr que Sigvald ici présent pourrait discourir sur la solidité de tous les aciers et sur le meilleur tranchant d’une épée pendant des heures, autant que vous pourriez discourir sur la capacité des fourmis et des insectes à concevoir des sociétés aux imbrications complexes.

Ou comment rappeler que chaque question avait son intérêt selon son destinataire. Poser de telles questions, soulever de tels intérêts, à quelqu’un comme le Général, qui avait bien d’autres soucis à régler, dont une ville à sécuriser et reconstruire, ou une guerre à préparer, n’était pas le meilleur des choix. Et dénotait de l’inexpérience passionnée de l’elfe en face d’eux. Non pas qu’Ilhan le lui reprochait réellement. Il soulevait là un simple fait, une des premières leçons qu’il avait apprise… auprès des elfes eux-mêmes. Une pensée nostalgique pour son maitre Kehlvelan le happa, avant qu’il ne reprenne.

Concernant l’aide aux dragons… notons bien que pour l’instant ni la magie ni le feu ne sont venus à bout de ces plantes. Et demander l’aide d’un dragon n’est pas chose aisée, quand nous n’avons pas les accointances particulières en ce sens.

Il reprit une petite gorgée de vin, pour calmer une soudaine acidité qui remontait.

Mais là n’est pas la question. Nous avons plus… urgent… à régler.

Il laissa clairement ses accents althaïens trainer sur le mot urgent. Il aimait user de cette capacité à gommer ou refaire apparaître ce petit accent chantant si particulier quand il en avait besoin, pour bien marquer un mot, une idée, un concept.

Je reconnais bien là la sagesse des elfes de vouloir réfléchir longuement avant de prendre une décision d’importance. Mais comprenez que, en tant qu'humains, nous n’avons pas de longs jours devant nous. Nous sommes des éphémères, en terre éphémère, et ces plantes auront eu raison de nous bien avant dix ans, si nous ne les arrêtons pas là, maintenant. Et rien ne nous dit qu’elles n’iront pas ensuite migrer vers les autres îles et goûter les autre terres…

Dont celles des elfes. Ou comment souligner qu’il était peut-être dans l’intérêt de tous les peuples d’aider Calastin quand il en était encore temps.

C’est là une occasion unique d’étudier une espèce rare que personne ne connaît, de devenir le premier à la comprendre, et à savoir la maitriser. Ce poste donnera accès également à toutes les bibliothèques de Calastin, et un contact privilégié avec tout érudit aux quatre coins de l’archipel. Nous avons…

Il avait… Mais bon, détails que cela.

de nombreux contacts un peu partout, qui pourraient vous aider, vous ouvrir des portes, vous donner des accès, à des savoirs inespérés. Dans l’intérêt de tous, afin de maitriser cette plante vorace.

Ou comment appâter un passionné du savoir. Du moins il l’espérait.

Mais il nous faut un engagement maintenant. Nous pouvons répondre à toutes les questions que vous souhaitez, notamment sur les contingences matérielles et d’organisation. Mais une décision doit être prise. Rapidement.

Une autre gorgée avant qu’il ne repose son verre vide.

Le temps nous est compté, ajouta-t-il d’un ton grave.

Presque lugubre. Ne sachant pas trop, en cet instant, s’il parlait de l’humanité, de Calastin… ou de lui-même.

descriptionCisailles ou remèdes d'elfe ? [PV Ilhan & Lomion] EmptyRe: Cisailles ou remèdes d'elfe ? [PV Ilhan & Lomion]

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Aux excuses du jeune elfe, il balaya l’air d’une main pour signifier leur inutilité. Aucune question était déplacée ou indiscrète, il n’y avait que les réponses pour porter l’étendard d’une ingérence verbale, du moins le pensait-il. Il n’avait pas agit de la sorte pour recevoir une quelconque détresse de la part de son interlocuteur, sinon il les lui aurait réclamé de façon claire et nette ; sans aucun ambages. La suite toutefois lui fit froncer des sourcils et il se tendit à nouveau avec un vague grondement de désapprobation dans la gorge. La pression d’une main sur son bras le fit frémir et il posa un regard agacé sur le Conseiller et manqua bien de lui aboyer dessus pour qu’il arrête de le prendre pour un incapable soupe au lait. De quoi avait-il l’air d’un point de vue extérieur à se faire palper le biceps par l’althaïen dès qu’on s’adressait à lui !? Les gens allaient se faire des idées… déjà que certaines rumeurs allaient bon train dans le sillage du pauvre vieux Avente.

Un soupir lui échappa et il mordit dans sa tranche de pain pour mâcher autant le fromage que les mots malheureux qui lui brûlaient les lèvres. Il n’allait pas sauter à la gorge de ce pauvre gamin et que le Conseiller pense le contraire commençait sérieusement à le vexer. Le regard assombrit bien que son expression resta aussi lisse qu’une porte de prison, le Général avala difficilement sa bouchée alors qu’il se faisait… reprendre sur l’étude des insectes ? Sérieusement !? Complètement immobile, à la façon d’un grand prédateur ayant enfin remarqué sa proie, il pondéra sérieusement l’intelligence de cette race prétendue supérieure. Lentement, il posa la nourriture et avec tout autant de précaution vint prendre le pied de son verre. Ses yeux pâles ne lâchaient plus le jeune elfe alors qu’il buvait d’une traite tout le vin qu’il s’était servi. Enfin, lorsqu’il s’arracha à la contemplation de Lomion, ce fut pour regarder Ilhan et constater qu’il n’avait pas toucher à sa nourriture.

Dans un bref raclement des pieds de chaise sur le parquet, Sigvald se leva et s’approcha de la rambarde, laissant le soin à son ami de s’occuper du petit curieux. C’est à peine s’il tourna la tête vers eux quand il fut question de la jolie comparaison utilisée par son compère, toutefois son attention retourna bien vite sur la salle en contrebas alors qu’il avisait la serveuse. D’un geste de la main, il l’invita à monter et quand elle arriva près de lui, il se pencha pour lui murmurer quelques mots à l’oreille. La cordontaise acquiesça, coula un regard vers Ilhan avant de s’empresser de redescendre. La conversation entre l’elfe et l’althaïen se poursuivait et lui, dos aux deux hommes, l’écoutait d’une oreille attentive même s’il continuait d’observer le reste de l’auberge.

« - Trois jours. »

Les mots tombèrent comme une pierre dans la marre. Secs et autoritaires, ils portaient la limite de la patience  qu’il possédait face à quelqu’un dont la curiosité -tout aussi louable soit elle- semblait bien plus se foutre de la gueule du monde en l’instant que de répondre à une réelle philantropie. Épaules carrées et mains croisées dans le dos, il adoptait près de la balustrade une position de repos militaire. Ses yeux au gris d’acier passèrent avec critique sur la fine et haute silhouette du jeune elfe. Il ne voyait qu’un enfant naïf et curieux qui ne prenait cette situation que comme un jeu, un nouveau bac à sable où il y viendrait satisfaire sa curiosité en dépit du véritable danger qu’était les Ékinoppyres. Crispant la mâchoire, un muscle barra sa joue et ses yeux s’étrécirent.

« - Je vous accorde trois jours pour vous décider. Comprenez bien Ser Estarus que nous n’avons pas le luxe d’attendre davantage. Chaque jour mes hommes finissent blessés en contenant la férocité de ces choses et chaque nuit ils s’épuisent à l’élagage quotidien… uniquement pour voir leurs efforts être dénigrés et la tâche se répéter inlassablement. »

Il s’approcha de la table et posa les mains à plat sur son bord, venant se pencher au dessus de leur invité. Lomion fut plongé dans l’ombre massive du glacernois et confronta ses yeux pâles et sévères.

« - C’est vous qui êtes venus à nous, n’est-ce pas ? Pourquoi venir si vous n’aviez pas déjà pris votre décision ? Pourquoi nous faire perdre notre temps et nous accorder de faux espoirs si vous ne savez toujours pas ce que vous voulez ? »

Il assenait ses questions avec force, mais sans jamais élever la voix. Le timbre grondant et profond vibrant dans son large torse. Il fronça les sourcils et gronda plus bas encore, les épaules frémissantes d’une colère contenue.

« - Vous étiez curieux et vous êtes venus, c’est ça ? Qu’est-ce que vous croyez bon sang ! Cordont n’est pas une foire à l’étrange que l’on peut visiter la bouche en cœur. Des gens sont morts ici, Lomion Estarus. Des centaines ! Alors oui, ce ne sont « que » des humains, mais ils restent des êtres vivants et ils sont sous ma responsabilité. Alors à moins que vous n’estimiez la vie de vos précieux petits insectes ou de votre estimée personne au dessus de ceux et celles qui sont chaque jours menacés par ces plantes… peut-être aurez vous la décence de prendre rapidement votre décision et puisse-t-elle, au nom de Loup, être la bonne. Ceci n'est pas un jeu.»

Il se redressa sèchement au moment où revenait la serveuse. Cette fois, son plateau était chargé de petites pâtisseries dont plusieurs tranches d’un gâteau de yaourt à la clémentine confite de miel, de quelques galets sablés au beurre et à l’amande ainsi qu’une théière avec un thé noir encore en train d’infuser. Elle regarda tour à tour les trois hommes, sentant la tension dans l’air, mais vint bravement se glisser près d’Ilhan pour disposer près de lui le contenu de son plateau. Elle s’inclina maladroitement, récupéra l’assiette intouchée du Conseiller et redescendit à petits pas rapides, semblable à une souris. Sigvald reprit plus calmement après son départ :

« - Les accès et avantages dont vous a parlé Ser Avente sont réels et vous aurez la réponse à toutes vos autres questions concernant les Ékinoppyres uniquement si vous rejoignez le Bureau. Il est des informations que nous ne pouvons divulguer aux civiles. »

Là dessus, il revint s’asseoir et se resservit un verre de vin et refusa tout contact visuel avec Ilhan.

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Visiblement, les humains en face de moi ne voulaient pas que je prenne mon temps pour prendre une décision qui pourrait changer ma vie.. Ils devaient eux aussi comprendre que j’étais un mage et que la magie resterait ma priorité .. Je devais avoir du temps pour pratiquer.. Pour en apprendre plus.. Je voulais au moins m’assurer que je pourrais prendre ce temps-là pour moi.. Je me rendis compte que ma décision, à réfléchir avait mis une tension extrême.. Je remarquais que le plus petit posait sa main sur le bras du plus grand, voulant visiblement éviter que ce dernier me saute dessus pour me tabasser.. Je me senti mal à l’aise et m’enfonça légèrement dans ma chaise tendis que le grand barbare me fixait avec un air de prédateur, je ne pus soufflais que lorsque le géant s’éloigna enfin de la table. Trois jours.. Ce type me laissait que trois jours pour réfléchir au futur de ma vie, cela m’embêter un peu, mais je comprenais.. Les humains étaient si éphémères… Tel d’agressifs papillons.. Je ne fus pas forcément ravi de le voir revenir vers moi.. Surtout, qu’il me dominait maintenant de toute sa grandeur. Je senti un long frisson parcourir ma colonne vertébrale… Allait-il me tuer finalement ? IL me fallut tout mon courage répondre au colosse.




Certes, je suis venu voir si je peux apporter un peu de mon aide.. Mais on ne m’a pas parlé d’engagement à long terme.. Je trouve ça légitime de réfléchir à ça.


Pas rassurer par la taille et l’attitude agressive du géant.. Je préparai en dessous la table avec mes mains un sort de prison végétale.. Au moindre signe d’agression.. Je n’hésiterais pas à l’utiliser jusqu’à ce qu’il se calme ou que je puisse au moins fuir. C’était un sort plutôt facile à exécuter qui emprisonné l’ennemi dans de solides racines. Il put voir mon visage se fermer quand il parla d’estimer ou non la vie des autres.. Il pu même voir une lueur de colère briller dans mon regard… Il n'y avait pas forcément énormément de choses qui pouvaient me mettre en colère… Et m’accuser MOI, d’estimer la vie d’un être vivant au-dessus d’autre en faisait parti… J’avais peur.. ce type me faisait peur.. Je n'étais pas un guerrier.. j’avais aucune force, et ce.. monstre pouvait m’aplatir d’une seule main.. Sentant la tension.. Mon corbeau arriva pour se poser sur mon épaule, il poussa un croassement colérique, il fixait le géant. Je me leva à mon tour..

Sachez.. Que les elfes estime que chaque être vivant sont important… Que les elfes estime que chaque être vivant sont important… Je suis affligé de voir que vous avez pu penser que mon indécision soit un manque de respect envers votre race, cela n’était pas voulu.. Votre  proposition me touche sincèrement et je compte l'étudier avec soin

Ca avait toujours été ainsi.. Les égoïstes humains pensaient qu’il valait mieux tuer des centaines d’animaux si c’était pour leur propre survie.. L’art.. j’avais pensé que si les humains étaient capables d’exprimer leurs émotions par l’art.. C’est qu’ils étaient moins barbare que je l’aurais pensé.. Aujourd’hui.. j’avais l’impression.. Que je m’étais peut-être trompé.. Je tremblais… J’avais l’impression que ma jambe n’allait pas me tenir longtemps, mais, je préféré être debout en cas de charge du colosse. Ce dernier s’assit, je fis un pas en arrière afin d’être hors de porter de son bras.

Je vois…

Ma voix était plus sèche qu’avant.. J’avais qu’une hâte… Partir.. Être hors de porter de cet humain dangereux. Si j’hésitais.. Pour le moment… Son attitude agressive ne m’aidait pas vraiment… Surtout, si j’avais à faire à lui régulièrement… Il n’aimait clairement pas les elfes, j’en ignorais les raisons, mais.. Ce type semblait me détestais.. c’est l’impression en tout cas qu’il me laisser. Je regardai discrètement la salle pour voir les issus.. Au cas où ça dégénère, on pouvait me traiter de couard.. Je savais reconnaître un combat, l'ingagnable, la fuite était la meilleure solution s'il passait à l’attaque.. Un ours.. Il était comme un ours.. IL fallait adopter la même attitude avec lui.

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Ilhan manqua sursauter quand le Général se leva et fit sinistrement grincer sa chaise sur le parquet. Il se retint lui-même de grincer des dents en écho. Mais le bruit, combiné aux tensions qu’il sentait palpiter dans la pièce, que ce soit l’agacement émanant de Sigvald, ou la peur qui faisait presque frissonner l’elfe, lui donnait la migraine. Une migraine farouche à tel point que des néons aveuglants pulsaient presque devant ses yeux et qu’il dut faire appel à toute sa volonté pour se concentrer de nouveau sur la scène.

Il remarqua d’un œil le manège du général avec la serveuse sans toutefois y prêter réellement attention. Ni même en comprendre les tenants et aboutissants. Il avait plus urgent à régler : convaincre l’elfe en face de lui, qui, par les Sept, avait les compétences dont ils avaient besoin pour avancer et qui ne serait pas de trop pour étudier ces maudites plaies de la terre ! Il espérait avoir fait mouche, avoir touché le coeur de l’elfe, avoir…

Mais quand le général intervint de nouveau en un ton presque sinistre, Ilhan sentit comme une pierre tomber dans son estomac. Ce ton sonnait si implacable. Bien que, Ilhan dut l’avouer, Sigvald se montrait plus magnanime que lui en accordant un délai, là où le spirite du dauphin espérait arracher une réponse le jour même. Et il ne pouvait donner totalement tort au fier délimarien non plus. L’elfe ne réalisait pas l’urgence de la situation devenue catastrophique. Mais c’était là l’apanage des elfes de parfois réaliser les choses quand il était trop tard. Les Althaïens avaient eux aussi fait montre de pareils défauts, eux si proches des elfes. Ils en avaient été décimés, tant ils avaient attendu pour partir et fuir Althaïa. À peine avaient-ils enfin pris la décision, que les chimères étaient là. Les tuant tous. Un à un. À cette pensée, Ilhan sentit une boule enserrer sa gorge et une vive émotion brûla sa poitrine. Il parvint à retenir la nostalgie et la peine qui le vrillaient, mais préféra baisser la tête et détourner le regard sur les plats devant eux.

Il ferma les yeux quand le glacernois se pencha sur Lomion. Sigvald n’en avait peut-être pas conscience, mais ce geste avait tous les aspects d’une agression. Un géant tel que lui se penchant ainsi sur un autre était plus qu’impressionnant. Il rognait sur l’espace vital de l’autre, sans même s’en rendre compte, ce qui ne pouvait qu’irriter les instincts de préservation de l’autre en face de lui. Sans compter cette voix presque grondante tel un loup qui grognait contre l’étranger à la meute. D’ailleurs la réaction de l’elfe ne se fit guère attendre.

Faisant fi du malaise physique qu’Ilhan ressentait de plus en plus, il releva les yeux sur l’elfe et aperçut clairement ses iris briller d’une lueur de colère. Bien, songea-t-il à part lui, au moins l’elfe réagissait. La serveuse arriva sur ces entrefaits, et son apparition calma légèrement les tensions dans la pièce. Légèrement. Bien trop peu à son goût. Il fronça des sourcils quand il la vit apporter des pâtisseries… Des pâtisseries ? Vraiment ? Il n’avait pas même touché son plat et ils passaient déjà au dessert ? Pas qu’il allait manger plus que cela, mais… Il la vit alors le saluer d’une manière malhabile, mais en un geste empreint de respect mêlé à de la gêne, prendre son assiette et lui déposer tout le contenu de son plateau devant lui. Il se sentit vivement gêné quand la compréhension se fit. Sigvald avait dû se rendre que… et avait commandé ses mets préférés rien que pour lui ! Qu’allait donc penser la serveuse ? Cela devait être offensant pour elle de penser que le conseiller n’aimait pas sa cuisine. Il nota cette pensée dans un coin de sa tête, et irait sans doute dès que possible réparer cet impair auprès d’elle et l’assurer de la qualité de son auberge… tout comme il nota la délicate attention du général envers lui. Malheureusement…

Malheureusement, même la vue de ce qu’il aimait tant, sucre et confiserie, ne parvint à lui rendre l’appétit. Il n’était vraiment pas dans son assiette aujourd’hui, sans mauvais jeu de mots, et les tensions autour de lui n’aidaient en rien.

S’il fut rassuré de voir Sigvald s’asseoir, il fut agacé qu’il évite obstinément son regard. Il se garda bien de tout geste toutefois et reporta son attention sur l’elfe qui s’était soudain levé. Ilhan l’observa, là, debout devant eux, tremblant, son corbeau sur l’épaule. Il le vit reculer… regarder autour de lui… l’elfe avait tout l’air de quelqu’un cherchant à fuir. Ilhan soupira intérieurement, et hésita un instant à reprendre la main. Il n’était pas sûr d’en avoir la force, physiquement parlant. Il se sentait épuisé déjà en arrivant. Crise de foie lui avait dit le guérisseur de Delimar. Cela devrait passer d’ici quelques jours, avec un petit régime particulier et quelques remèdes. Mais l’althaïen se sentait plutôt fébrile. Pourtant… Pourtant il ne pouvait laisser partir Lomion Estarus sur une mauvaise impression, et pire encore fuir par une peur irraisonnée.

Il fit alors appel à toute sa maigre force, braqua toute sa volonté sur son objectif immédiat : rassurer l’elfe. D’un geste calme, lent, savamment calculé, il se leva à son tour, tout en levant les mains en signe d’apaisement.

Nulle crainte, Ser, nous ne sommes pas là en guerre. Mon ami prend souvent des allures d’ours mal léché, mais je vous assure que ce ne sont que fausses apparences.

Il se pencha légèrement en avant, à bonne distance toutefois, et baissa la voix comme sur le ton de la confidence, quand bien même Sigvald pouvait parfaitement entendre aussi.

D’ailleurs il est spirite du loup. Ce qui en dit beaucoup sur lui.

Il se redressa et sa voix reprit son ton normal, calme, posé. Un calme qu’il était loin de ressentir toutefois même s’il en donnait toutes les apparences.

S’il agit ainsi c’est pour protéger sa meute. Sa meute c’est nous. Delimar, mais aussi Cordont qui a été placée sous notre protection, sous sa responsabilité. Et vous en ferez partie en un sens vous aussi, si vous rejoignez le Bureau d'Etudes. Pour lui, vous serez sous sa protection et le loup vous défendra farouchement, sous tous les aspects. Pour preuve, ceci, fit-il en désignant l’assiette de pâtisseries qu’il n’avait toujours pas touchée. Sous ses allures de farouche guerrier, il cache de délicates attentions. Il a vu que je n’avais pas touché à mon assiette, moi qui suis pourtant gourmet et gourmand. Je ne perds normalement jamais une occasion de manger ou grignoter.

Quand bien même il était loin d’être obèse et avait une fine silhouette assez bien entretenue pour son âge.

Il a alors commandé tout ce que je préférais.

Son regard oscilla un court instant de l’assiette au général, avant de revenir sur l’assiette dont il se saisit. Il attrapa une des pâtisseries qui lui faisait tant de l’oeil et en croqua un bout. Son guérisseur allait sans doute le réprimander, mais il n’en avait que faire.

Vous devriez goûter, ils sont délicieux, offrit-il en tendant l’assiette vers l’elfe. Et ils ne sont pas empoisonnés, ajouta-t-il dans un sourire taquin.

Puis, sentant sa main commencer à trembler, et un haut-le-coeur le saisir, qu’il parvint à retenir, il préféra la reposer. Tout comme il déposa sur la table le reste de pâtisserie non finie.

Nous ne voulions en aucun cas vous offenser ni vous faire peur. Nous sommes simplement inquiets et nous sommes dans l’urgence de trouver une solution. Pour Cordont, pour le peuple humain, pour tout Calastin… et peut-être pour tout l’archipel et les autres peuples aussi, au vu de l’expansion effrayante de ces plantes. Si nous avions la possibilité de vous laisser tout le temps dont vous avez besoin pour réfléchir, nous le ferions, assurément. Malheureusement, le temps nous est compté.

Il pencha légèrement la tête vers l’elfe, et planta ses orbes sombres en lui.

Regardez-moi, Ser Estarus. Je suis plus jeune que vous en termes d’âge, au milieu de ma quarante-et-unième année, alors que vous devez en avoir… dans les trois cents ans environ ? Je suis au crépuscule de ma vie, alors que vous en êtes à votre zénith. Le temps nous est compté. Nous ne pouvons guère attendre, j’en suis désolé.

Un haut-le-coeur le saisit, et il dut se détourner, en portant une main à sa bouche. Il parvint à se retenir, puis reprit, sans pour autant totalement se retourner, regardant l’elfe de côté.

Je vous prie de m’excuser, offrit-il en balayant l’air de sa main comme pour chasser une mouche.

Comme s’il pouvait chasser son malaise de la même façon.

Si l’expérience vous intéresse, si rejoindre le Bureau d’Études vous tente tout de même, sachez que vous pouvez aussi exposer vos craintes ou vos conditions, nous les étudierons. Nous pouvons aussi convenir d’une.. période d’essai ? D’un certain laps de temps, de courte durée toutefois, qui vous permettrait de mieux comprendre la situation et de voir si vous vous adaptez parmi nous. Vous serez libre également d’organiser votre temps comme il vous semble, du moment que vous accordez à cette étude toute l’attention requise et que les résultats sont là.

Il prit une profonde inspiration, lança un rapide regard vers le général comme pour contrôler que ce qu’il disait lui convenait, mais ce simple geste lui donna le tournis. Il ferma un instant les yeux, secoua la tête, puis se tourna de nouveau vers ses deux interlocuteurs. Sentant toutefois une sueur froide lui courir le long de l’échine et sentant tous ses traits se tirer. Il aperçut son reflet dans une vitre qui lui apparut anormalement livide.

Nos intentions ne sont nullement de vous brusquer ni d’insulter votre réelle volonté d’aider ou votre altruisme en tout cas. Si cela vous agrée, nous pourrions…

Sa main, qu’il avait tendue pour appuyer son propos et sa proposition à venir, resta soudain figée dans l’air, alors qu’il ne voyait plus qu'une lueur vive pulsant devant lui, escamotant toute autre vision.

Nous pourrions…

Il sentait son pouls s’accélérer et un frisson le parcourir. Sa main toujours levée. Il parvint à tourner un regard vitreux vers Sigvald, tout en répétant d’une voix morne, lointaine..

Nous pourrions…

Mais il ne voyait plus le général. Il ne voyait plus que les lueurs pulsantes, qui irradièrent en vibrante douleur dans son crâne. Et finalement son haut-le-coeur eut raison de lui. Il eut tout juste le temps de se retourner pour vomir contre le mur derrière lui.

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L’agacement laissa, brièvement, place à une profonde satisfaction lorsqu’il lui fut donné l’occasion de lire dans les yeux et les traits racés de l’elfe un flamboiement de colère et d’indignation. Bien, l’autre semblait effectivement du genre à se soucier d’autrui ; volontairement ou pas, maintenant que son orgueil était piqué il ne pourrait plus se dérober sans entacher son nom et donc sa fierté… et que les Huit lui en soient témoins ; cette race était bien capable de s’étouffer avec tellement elle en possédait.

Silencieux, muré dans un masque impénétrable et à nouveau lissé de toute émotion, seuls ses yeux au gris d’ardoise trahissaient combien sa colère sourdait encore dans ce corps massif. Les muscles saillants frémissaient parfois et se crispèrent davantage encore lorsque la voix d’Ilhan s’éleva pour le tourner... au ridicule. Il fallu beaucoup de sang froid au glacernois pour ne pas venir étrangler le Conseiller afin qu’il cesse de tourner chacune de ses actions à la farce. Sentant poindre une rage ainsi qu’un profond sentiment de trahison comme il en avait rarement éprouvé, Sigvald préféra passer la soudaine amertume dans sa gorge avec quelques gorgées de vin.

Son silence se faisait obstiné, mais cette fois il s’accompagna d’un froid digne de Nyn-Tiamat et le regard qu’il posa enfin sur son collaborateur en disait long sur le fond de ses pensées. Lorsqu’ils seraient seul, il était certain que le petit althaïen allait en prendre pour son matricule. S’il ne lui avait pas déjà intimé le silence et s’il lui avait permis poursuivre, c’était bien parce que sous la tournure plus que maladroite du Diplomate, il y avait l’intention farouche d’amadouer l’elfe. Le Général regrettait simplement que la seule solution qui soit venue à l’esprit pourtant si vif et intelligent d’Ilhan soit celle de le décrédibiliser de façon aussi grotesque.

Déçu, ne s’intéressant que peu à l’échange maintenant qu’il avait dit tout ce qu’il en pensait, il attrapa son couteau de chasse avec un morceau de bois déjà entamé qu’il gardait à sa ceinture et se mit à le tailler par petits coups rapides et habiles. Les copeaux tombaient au sol entre ses pieds et la pièce prenait lentement, mais sûrement la forme d’un sanglier. Du coin de l’oeil, il vit le Conseiller prendre une bouchée et fut intérieurement satisfait qu’il daigne enfin avaler quelques chose… toutefois, son contentement fut de courte durée, car le comportement du brun commença à devenir de plus en plus inquiétante. Ses sourcils se froncèrent alors que les mouvements de son couteau de chasse ralentissaient.

« - Oui… Il est tout à fait possible de discuter les clauses de votre engagement au Bureau… Avente ? »

Il répondait de façon machinale alors que ses yeux ne quittaient pas l’homme à ses côtés. L’appel fut plus bas, presque inaudible alors qu’il se redressait sur son siège et interrompait totalement sa sculpture. Pour un teint aussi sombre que celui du Conseiller, il était assez facile de le voir virer à la cendre maladive. Les traits tirés et la lourdeur dans les inflexions de sa voix étaient autant d’alarmes pour le guerrier habitué à côtoyer un bureaucrate plein de verve et d’entrain, de même que toujours tiré à quatre épingles. D’un regard rapide, Sigvald fit le pont entre l’assiette de pâtisseries et l’althaïen et sentit que quelque chose, définitivement, ne tournait pas rond.

Ses craintes se confirmèrent lorsque Ilhan commença à bafouiller et il se leva d’un bond en le voyant se détourner pour rendre tripes et boyaux contre le mur derrière eux. Le couteau de chasse, arme sublime d’une trentaine de centimètres, fut violemment plantée dans le bois de la table alors que d’une seule foulée, le glacernois rejoignait son compatriote et l’entoura d’un bras puissant afin de lui éviter d’embrasser le sol. La suite se passa très vite : Sigvald appela les soldats stationnés dans la rue, sa voix n’ayant aucun mal à leur parvenir. Il ordonna à l’un d’eux d’escorter Lomion jusqu’au quartier des invités afin qu’il puisse prendre un bain et se reposer. Il fit mander le médecin de camps et enfin imposa une quarantaine à l’établissement.

Pourquoi ? Il y avait de grandes chances pour que le Conseiller Avente ait été la victime d’une tentative d’empoisonnement. Soutenant toujours ce dernier, Sigvald l’aida à marcher jusqu’au banc le plus proche et l’y allongea avant d’aller mouiller une serviette de table dans la carafe d’eau et la lui poser sur le front. Ses yeux pâles semblaient d’orage alors qu’il faisait nerveusement les cents pas, n’ayant jamais oublié les aveux qui lui avaient été fais, plus tôt, à Délimar. Il ne s’apaisa que bien plus tard cette même journée lorsque le médecin lui donna les résultats de son examen : une « simple » crise de foie. Lorsque l’althaïen reprit connaissance, il fut certifié par tout le monde que la voix du Général Elusis Svenn fut entendue dans l’entièreté du campement alors qu’il passait une heure entière à hurler un sermon cinglant et furieux sur le Conseiller en convalescence…

* * * * * *


Trois jours étaient passés depuis la rencontre entre l’elfe Estarus, le glacernois Svenn et l’althaïen Avente. Le campement avait retrouvé son calme tandis que le malade avait été assigné à résidence sous un régime extrêmement sévère et une surveillance encore plus stricte. L’incapacité d’Ilhan à se contrôler lui avait valu des mesures drastiques et pas une seule fois Sigvald ne vint à assouplir sa décision. Ce fut toujours l’humeur sombre qu’il fit convoquer l’althaïen et l’elfe à son bureau qui, cette fois, avait été aménagé à sa taille puisqu’il allait rester sur Cordont de façon plus fréquente encore avec l’approche de quelques dates clés dans le Traité. Bien sûr, avec l’approche de la guerre contre les Chimères, il était attendu à Délimar mais heureusement pour tous ; Nyko Svenn avait le plus lourd à gérer vu que le combat que mènerait l’Océanique serait… en mer, justement.

« - Ser Estarus, bonsoir. »

L’après-midi touchait à sa fin et ils étaient le 30 du mois de Mars. Coudes posés sur le bord du bureau en bois massif, mains croisées sous son menton et les yeux pâles rivés sur la fine silhouette de l’elfe, il lui proposa de s’asseoir dans l’un des deux fauteuils qui lui faisaient face. Avente, pour sa part, fut royalement ignoré puisque Sigvald semblait toujours décidé à le battre à froid. Leur relation n’avait jamais été aussi distante.

« - J’espère que vous avez passé un agréable séjour à Cordont. »

Le ton, neutre et cordial, ne portait aucun autre sentiment. Le Général menait cette affaire comme les dizaines avant celles là en ce jour : avec professionnalisme. Une nouvelle vague de civiles séléniens étaient arrivés la veille et il avait passé au crible chacun d’entre eux pour s’assurer que leur présence avait une quelconque pertinence. Heureusement cette fournée présentait des éléments intéressants et Sigvald espérait réellement que cette journée se finisse sur une note plus joyeuse encore. Concernant Lomion, il avait eut l’autorisation d’approcher le gouffre, accédant de façon privilégié de ses bords déchiquetés, au-delà des hautes palissades de bois qui en cachaient le cœur au regard de tout autres civils. Il pu entrevoir les Ekkinopyres, mais n’eut pas le droit de les étudier de plus près. En dehors de cela, il lui fut permis de visiter librement le reste du campement bien qu’il fut toujours escorté de soldats.

« - Et j’espère que vous avez pris votre décision. »

Assena-t-il après un bref silence. Se redressant dans son siège, Sigvald s’appuya au dossier et attendit.

descriptionCisailles ou remèdes d'elfe ? [PV Ilhan & Lomion] EmptyRe: Cisailles ou remèdes d'elfe ? [PV Ilhan & Lomion]

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J’eus un moment de stress quand le géant pas très commode sorti un couteau.. Se préparait-il à m’éplucher, je dégluti légèrement, mal à l’aise, mais de toute évidence, c’était pour faire de la sculpture.. Je soufflai rassuré.. La tension s’en allant un peu, il était installé et ne faisait plus attention à moi.. Il semblait moins menaçant. Il annonça que bien entendu, les termes du contrat, c’était donc quelque chose à réfléchir.. J’étais en train de tourner ça dans ma tête quand le jeune humain plus posé que le géant semblât se sentir mal. j’eus un sursaut quand la lame du couteau se planta dans la table.. Le grand alla voir le plus petit, visiblement inquiet.. Ils semblaient être proche tout les deux.. C’était étonnant de la part des humains.. Ils acceptaient les couples aussi exotiques, l’estime des humains remonté un peu dans mon estime.. J’appréciais cette ouverture d’esprit… Ça semblait normal de toute manière… Le géant fit venir les gardes pour m’escorter.. Voulant sûrement s’occuper du malade. Je me laissai entraîner sans résistance.Les gardes me menèrent jusqu’à une chambre ou visiblement, j’allais vivre pendant ce petit laps de temps. C’était pas forcément très spacieux et encore moins confortable, mais.. C’était amplement suffisant et dormir dans un véritable lit ne pourrait me faire que du bien !

Ces 3 jours furent très intéressants, j’eu l’autorisation de m’approcher de ce fameux gouffre et je pus même apercevoir les plantes qui causaient tant de soucis.. Les voir, même de si loin,  m’appris pas mal de chose. Ces trois jours furent intenses en réflexion… Il y avait des vies en jeux et ce serait de l’irrespect de ne pas prendre ça au sérieux. Finalement.. Je fus convoqué par Sigvald.. J’eus un frémissement, je ne risquais pas d’oublier, quel menace pouvait être l’humain.. J’avais un peu peur de devoir « l’affronté » de nouveau…

Je me rendis vaillamment au rendez-vous.. Il me salua, j’en fis de même avec un petit salut elfique pour les deux.. L’humain semblait calme.. Presque trop calme… IL me demanda même si j’avais passé un bon séjour chez eux, poliment, je lui répondis.

Le séjour à était riche en découverte.. C’était très intéressant.. Je vous remercie d’avoir accepté de me laisser voir le gouffre, j’ai pu apprendre pas mal de chose.. Cela à était fort utile.


Et il faut l’avouer, ça avait quand même bien influencé ma décision finale. Décision qu’il me demanda d’ailleurs.


Effectivement.. J’ai pris ma décision..

Je marquai un temps de pause avant d’annoncer.

J’accepte votre offre par contre .. J’ai une condition… Je suis mage.. Je le resterais et j’ai aussi besoin de temps, d’un moment où je pourrais continuer de m’entraîner.. C’est très important pour moi… Si cette condition vous va.. J’accepte de vous aider…

Il fallait lui avouer ces plantes était ultra intéressante et je savais pertinemment que si des gens mourraient parce que j’avais refusé d’aider… Je m’en voudrais.. Toute vie était importante.. Je ne pouvais pas tourner le dos à ça. Je regardai les deux humains et en particulier Sigvald qui semblait être le chef.. Attendant de voir si on avait ou non notre accord. Je me tournai tout de même vers le deuxième humain.

J’espère que vous vous sentez mieux.

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Trois jours. Trois jours quasi confiné, enfermé, dans les appartements qu’on lui avait alloués. Certes confortables, mais qui n’étaient qu’une belle prison dorée. Et comment voulait-on qu’il officie correctement sans pouvoir se déplacer ? Toutefois, Ilhan avait bien dû se résoudre à réaliser qu’effectivement il n’était guère en état de marcher bien longtemps et que s’il ne prenait pas un tant soit peu de temps à se reposer, il ne pourrait être efficace ensuite. Mieux valait perdre trois jours pour revenir ensuite sur le pied de guerre, plutôt que de perdre des semaines à osciller ainsi dans un état précaire.

Trois jours. Trois longues journées qu’il avait été quasi alité. Il avait tenté de gérer quelques courriers, quelques décisions, de continuer à répondre aux conseils qu’on sollicitait auprès de lui. Mais il alternait les courtes séances de travail avec de longues pauses comateuses. Il ne s’était véritablement relevé que depuis le matin même. Il n’était pas encore des plus vaillants, mais au moins tenait-il debout sans vaciller au moindre pas et parvenait-il à avaler quelques aliments solides sans tout recracher. Finis les pâtisseries et confiseries pendant encore quelque temps toutefois, lui avait-on imposé.

Il n’avait pas revu Sigvald depuis, pour son plus grand bien. Il se souvenait encore de ses remontrances juste après son malaise et l’examen du guérisseur. Pour tout avouer, il ne se rappelait pas de leur teneur. Il n’était pas en état d’écouter quoi que ce soit, sa migraine et ses nausées l’accaparant trop pour qu’il parvienne à comprendre ces vociférations. Il l’avait donc laissé lui hurler dessus, sans réagir, ni répondre, attendant que cette lente agonie cesse.

Tout ce qu’il savait, c’est que le glacernois semblait lui tenir rancune. De quoi ? Il hésitait, pour tout avouer. Était-ce parce qu’il avait eu l’impression que l’althaïen l’avait fait passer pour un rustre vis-à-vis de l’elfe? Cela dit en passant, le nordien n’avait besoin de personne pour ce faire. Était-ce parce qu’il s’était senti insulté quand il l’avait traité de grand ours ? Certes une remarque malvenue, inopinée, mais la pique avait semblé nécessaire au politicien en cet instant pour recadrer le général et surtout rassurer l’elfe. Par tous les dieux, quelles étaient ces manies de menacer ainsi quiconque ne répondait pas sur-le-champ aux désiratas du général ? D’un point de vue extérieur et purement objectif, l’attitude du nordique avait été plus insultante envers l’elfe que celle de l’althaïen envers le général. Cette pique avait-elle pu nuire à son image et son autorité ? Devant certaines personnes peut-être, mais pas devant cet elfe.

Ou Sigvald lui en voulait-il de lui avoir fait une telle frayeur avec son malaise ? Du peu qu’Ilhan avait entendu, le général avait pensé à un empoisonnement avant d’avoir le diagnostic du guérisseur. Était-ce pour cela qu’il semblait obstinément l’ignorer ? Parce que clairement, Sigvald ne lui accordait aucun regard et ne lui adressait aucune parole. S’il n’avait pas été en face d’un adulte, il aurait cru avoir affaire à un enfant en pleine bouderie. L’image aurait pu le faire sourire s’il ne se sentait pas si fatigué. Toutefois, puisqu’il semblait décider à le prendre pour un fantôme, soit, il jouerait les ombres comme il savait si bien le faire. Et puisqu’on ne l’invita pas à s’asseoir, il resta discrètement debout, sur le côté du bureau, près d’une fenêtre. L’air frais qui s’y infiltrait lui donnait l’impression de se sentir moins oppressé par l’ambiance pesante qui soudain régnait dans la pièce.

Ilhan aurait presque pu saluer les efforts de courtoisie du délimarien envers l’elfe en cet instant. Presque. Le ton n’y était pas. Mais au moins avait-il fait l’effort de lui demander des nouvelles avant d’attaquer le vif du sujet. Peut-être pouvait-il compter cela comme une légère, très légère, amélioration ? Il manqua renifler à cette pensée et se retint à temps, forçant son visage à rester aussi lisse que du marbre et aussi inexpressif que la pierre.

L’althaïen fut en tout cas plus que rassuré d’entendre l’elfe accepter la prise de poste. Il avait reçu une liste des recrutements envisagés pour le bureau d’études suite aux entretiens de la veille, et ils semblaient enfin obtenir des aides intéressantes. Aux compétences diverses et complémentaires. Si toutes ces têtes pensantes et experts en leur domaine ne trouvaient rien contre cette satanée plante, c’est qu’ils étaient vraiment maudits.

Quand l’elfe s’adressa soudain à lui, Ilhan répondit d’un doux sourire.

Effectivement ces trois jours ont été profitables au rétablissement de ma santé. Je vous sais gré de votre prévenance. Et je suis heureux que vous nous accordiez la faveur de vos connaissances pour nous aider, fit-il avec une légère inclinaison du torse.

Lui, au moins, avait demandé de ses nouvelles. Un inconnu. Mais bien vite, Ilhan chassa ses pensées acerbes et égocentriques et se concentra sur l’instant présent, bien plus important que ses petits ressentis puérils.

Il se tourna alors vers le bureau et sortit un parchemin de son brassard. S’il n’avait pas été dans sa plus grande forme, il n’en avait pas perdu pour autant toute son efficacité. Il avait prévu une probable réponse positive. Il lui aurait paru étonnant, déroutant, que l’elfe refuse après avoir vu la situation et après avoir effectué tout ce voyage. Il avait ajouté les conditions qui semblaient tenir à coeur à l’elfe et à Sigvald, afin que toutes les parties prenantes trouvent un accord d’entente. Le contrat avait été rédigé en collaboration avec un expert en la matière, qui avait bien voulu lui rendre visite à résidence.

D’un simple geste, sans un mot, il tendit le parchemin au général, pour qu’il puisse le lire et en vérifier le contenu. Puis le signer et inviter l’elfe à faire de même, si tout lui convenait.

Une fois le précieux contrat sur le bureau, il recula d’un pas, se rencogna près de la fenêtre, et attendit, les mains jointes dans le dos, le port droit et altier, un sourire de circonstance plaqué sur son masque polissé.

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Ses yeux pâles ne quittaient pas l’elfe, attendant avec patience qu’il annonce sa décision finale. Les nombreuses candidatures avaient eut le mérite d’apporter au Général un sentiment de sécurité quant à l’avancée potentiel d’un remède et s’il comprenait que son comportement quelques jours plus tôt avait été pour le moins déplacé compte tenu de la personne en face de lui, il ne s’en excuserait pas. L’angoisse et la tension qui régnaient à Cordont due à la présence des plantes avaient eut le meilleur de lui, surtout face à un elfe arrogant… mais il comptait bien arrondir les angles et peut-être même partir sur des bases plus saines. Toutefois, ça ne semblait pas gagné vu la pâleur de son interlocuteur et l’homme manqua bien de lâcher un soupir alors qu’il sentait poindre une légère migraine. Par les Déesses, comment un être capable de broyer du fer d’une seule poigne pouvait avoir peur de lui ? Certes il se savait intimidant par sa taille et sa stature, mais il restait humain bon sang ! L’effet de surprise marchait bien sur les vampires au moment de la charge initiale, mais s’éventait rapidement… hors ce gosse ne semblait toujours pas réaliser son avantage et ascendance sur eux. Un bref regard lancé à Ilhan et son état lui fit penser que ce n’était peut-être pas plus mal en fin de compte. Ils n’avaient pas besoin d’entamer un bras de fer avec un elfe si son diplomate était sans cesse à deux doigts d’aller sucrer les fraises.

« - Je vous écoute. »

Glissa-t-il d’une voix presque douce, patiente en tout cas, lorsque Lomion avoua s’être décidé sur sa réponse. Se redressant davantage, Sigvald pencha légèrement la tête sur le côté et le vrilla d’un œil plus attentif encore. Quand bien même avait-il plusieurs contrats signés dans son tiroir qui lui assuraient une main d’œuvre experte en terme de botanique, magie et alchimie, d’aucun n’était de la belle race et un tel élément serait un ajout non négligeable. La tension, durant la pause que marqua Lomion, gagna ses épaules massives et il fit jouer de sa mâchoire avant qu’un soupir de soulagement ne lui échappe à l’entendre accepter. Sigvald s’adossa dans son fauteuil et passa une main sur son visage alors qu’il avait l’impression qu’un poids quittait enfin son corps. Un instant les yeux clos, il se ressaisit cependant bien vite et se redressa pour s’accouder de nouveau sur les bords du bureau. La condition lui fit hausser un sourcil et il manqua bien de rire tant elle était simple et coulait de source. Il se retint toutefois pour ne pas vexer leur élégant invité et hocha la tête tandis qu’il expliquait d’une voix profonde et chaude :

« - Ser Estarus, contrairement aux rumeurs qui circulent dans l’Archipel, Délimar n’est pas fermée à la magie. Nous nous contentons d’appliquer une régulation stricte et contrôlée pour limiter les abus et dommages qu’elle pourrait causer entre de mauvaises mains. Le Conseiller Avente ici présent est lui-même un pratiquant de cet art et plutôt bon, sauf erreur de ma part. »

Il observa l’althaïen avant de revenir sur l’elfe.

« - Sachez aussi que Cordont n’est pas une terre de l’Océanique. Nos taxes et régulations sur la magie ne s’y appliquent donc pas. Ce territoire est sous la tutelle conjointe de plusieurs villes de l’Alliance, soyez donc assuré que vous pourrez poursuivre vos entraînements et même, je n’en doute pas, trouver des confrères pour partager et échanger en ce domaine. »

Tout en parlant, il avait prit le contrat que lui tendait Ilhan et il en survola le contenu avant de le signer d’une écriture élégante bien que sèche dans ses courbes. Le sceau de la famille Svenn fut couché en bas de la page et le Général tendit le parchemin à Lomion pour qu’il le lise à son tour et accepte de le signer.

« - Une chambre vous sera distribuée. Par manque de place, vous serez logé avec deux autres personnes. Il vous est toutefois autorisé de déplacer vos effets personnels dans votre bureau d’étude si un lit de camp et une malle vous conviennent. Nous ne pouvons malheureusement pas fournir davantage considérant les conditions actuelles de Cordont. »

Sigvald croisa les mains et eut l’ombre d’un sourire.

« - La ville, l’Alliance et Sélénia vous remercient d’accepter. Votre expérience et votre aide seront plus que vitales pour mener à bien ce combat. N’oubliez pas que vous êtes libre de voyager, nous vous demandons juste de passer par les procédures administratives -qui vous seront expliquées en temps et en heure- afin de laisser une trace et surtout d’obtenir le matériels et l’or nécessaire pour couvrir vos frais de déplacement, logements et autres quand vous serez hors de la ville. Nous demandons aussi que vous partagiez vos recherches avec les autres membres du Bureau, n’hésitez pas non plus à prendre connaissance des leurs afin que tous aient une idée globale de l’Étude et de son avancement. »

Le glacernois se leva et contourna le bureau pour approcher de l’elfe. Baissant les yeux sur lui, il lui tendit la main dans l’invitation à la serrer.

« Mes actes... »

Sigvald lança un regard en coin vers Ilhan, marqua une pause, puis prit une profonde inspiration et poursuivit avec un ton légèrement abrupte :

« - Mes actes lors de notre première rencontre vous aura causé un grand inconfort et j’en suis sincèrement désolé. L’intention n’était pas de vous blesser, mais vous faire savoir l’urgence dans laquelle nous nous trouvons. J’espère que nous saurons poursuivre une collaboration fructueuse malgré ce départ quelque peu… brusque. Je suis réellement soulagé de pouvoir vous compter parmi nous, Ser Estarus. »

Par Loup ! Cet exercice était probablement le plus difficile qu’il ait jamais tenté tout au long de son existence. N’ayant rien d’autre à dire et se sentant gauche, Sigvald chercha le regard du dauphin pour voir s’il avait bien agit ou non et, conforté, se dirigea ensuite vers la porte qu’il ouvrit pour inviter Lomion à prendre congé s’il le désirait. Après tout, ils avaient probablement tous eut une journée chargée.

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