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descriptionPoussière de neige [Purnendu et Jangali] EmptyPoussière de neige [Purnendu et Jangali]

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Le 3 mars 1763
Au milieu de nul part
Poussière de neige [Purnendu et Jangali] Separa10

-Atchoum !

L’écho de son éternuement, se répercuta à travers les flocons et mourut plus loin dans les congères. Et voilà. Malgré toute ses précautions, il avait fini par tomber malade. Non décidément, il n’était vraiment pas fait pour ce climat. Pourtant, sa fourrure était noire, absorbant facilement les rayons du soleil, et puis il avait au moins trois couches de vêtements sous sa merveilleuse cape. Mais le problème était surtout ses coussinets. Oui, à tout les coups il avait attrapé un rhume par les pieds. Il avait abandonné l’idée de mettre des bottes comme l’avait suggéré le cordonnier Délimarien quand il lui avait demandé conseils. C’était inconfortable au possible et il avait dû se résigner à emmitoufler ses pattes dans de larges bandages épais. Mais à force de marcher dans un amas de neige qui recouvrait quasiment tout le bas de son corps, ses défenses immunitaires avaient fini par céder. à croire que sa première expérience avec les cristaux de glace dans le bayou avait ébranlé son organisme face à cet élément… C’était là son propre diagnostic du moins. Le guérisseur cendré qu’il s’efforçait de retrouver serait surement plus à même de lui dire ce qu’il avait attrapé… D’ailleurs, en parlant de lui, il saisit sa boussole du coeur et regarda, perplexe, les aiguilles s’affoler. Mais bon sang ! Il voulait trouver son ami en cet instant précis ! Pourquoi ne fonctionnait-elle pas ? S’il retrouvait le marchand qui lui avait vendu cette camelote…

Soudain, le Sslengar à ses côtés souffla du groin et redressa ses oreilles porcines. Il avait accompagné Jangali sur cette île gelée et ce n’était certainement pas maintenant qu’il allait finir en tranches de lard ! La légendaire créature avait entendu quelque chose et bientôt le chasseur aussi se retournait pour déterminer l’origine des petits frottements. Il avait survécu au réveil d’une antique menace, était allé dans une cité où normalement il aurait été réduit en esclavage, survécu tant bien que mal à des semaines de traversée, lui qui n’a pas la patte marine ! Il avait traversé toute ces épreuves dans le seul but de retrouver Purnendu, il n’allait pas mourir bêtement maintenant ! N’ayant pas la liberté de mouvement nécessaire, il sorti ses griffes à défaut de son épée et se campa sur ses pattes arrières. Quoi qui allait l’attaquer, il était prêt à l’accueillir…. enfin il espérait. Il ne s’était jamais battu sur un sol aussi glissant mais….

-Nyyaaaargh !

Son cri de surprise mourut en même temps que tout son corps s’enfonçait dans la poudreuse, percuté de plein fouet par la vile créature qui l’avait étreigné par surprise...

descriptionPoussière de neige [Purnendu et Jangali] EmptyRe: Poussière de neige [Purnendu et Jangali]

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Il l'attendait depuis des jours maintenant, préparant la grotte pour pouvoir accueillir un graärh supplémentaire. Les besoins du félin n'étaient pas les même que ceux de son dernier visiteur ; un vampire. Alors forcément, il avait été obligé d'augmenter ses sorties pour collecter des racines comestibles ainsi qu'une grande quantité de poissons dont la majorité se trouvaient encore en train de fumer à l'extérieur tandis qu'une plus petite portion était salée dans des jarres en terre cuite près du feu. Ici, la viande rouge était un met assez rare et bien que Purnendu ait plusieurs lanières séchées du caribou que le dragon Kaalys lui avait rapporté lors de leur dernière rencontre, il préférait de loin les préserver pour un cas de grande urgence ou de célébration.

La niche qui servait de lit était changée d'une paille fraîche qui embaumait avec d'autres herbes glissées ici et là afin d'offrir un parfum relaxant une fois que l'on y serait allongé. Le feu grondait avec force, crépitant sur les bûches rongées en braises chatoyantes et une marmite en fonte faisait frémir une eau de neige pure, prête à servir pour une infusion à tout instant. Purnendu ne doutait pas que son ami serait frigorifié d'ici à ce qu'il lui parvienne : le voyage de la côte jusqu'à ce plateau n'était pas des plus simples et il venait à se demander s'il n'aurait pas mieux fait de descendre à sa rencontre. Pour un peu que l'enfant de Netheril ne soit pas assez vigilant sur sa route et une congère aurait tôt fais de l'engloutir corps et biens... A cette pensée, une vague d'inquiétude lui monta jusqu'à la gorge, manquant de l'étouffer.

Dans une sursaut, le fauve à la couleur de cendre se précipita vers sa sacoche et fouilla son intérieur pour y trouver un petit miroir à main constitué d'un métal précieux et délicatement ouvragé. Le tenant au creux de ses coussinets, il appela à voir Jangali et vit son reflet s'estomper pour montrer la silhouette emmitouflée du graärh. Un soulagement intense le submergea dès qu'il eut la confirmation que son ami n'était pas perdu ou pire et il vint ranger le précieux miroir avant d'attraper sa lourde cape et de sortir. Ce n'était pas pour lui qu'il la prenait, car déjà en cette saison il n'était plus autant incommodé par le froid extérieur. Non, il s'en encombrait afin de pouvoir y enrouler le chasseur dès qu'il lui mettrait les griffes dessus sans douter une seule seconde qu'il aurait les pattes et la truffe congelées.

Le soleil se fit éblouissant alors qu'il quittait l'ombre froide du pallier de sa grotte et il couvrit ses yeux d'une main, évitant de regarder en face la réverbération des rayons sur la neige immaculée. Rien à l’horizon, du moins qu'il en percevait... et il décida de laisser la cape ainsi que la majorité de ses vêtements sur une pierre plate, lissée par le souffle ardent du jeune dragon blanc afin d'être transformée en une sorte de banquette naturelle. A la brise glacée, Purnendu gonfla son épais pelage et fit quelques étirements avant qu'il ne se tasse sur lui-même, puis ne bondisse dans la poudreuse en une grande gerbe scintillante. Courir à quatre pattes était une particularité que ceux de sa morphologie pouvaient aisément se permettre. Fendant les couches fraîches de la neige tombée la nuit précédente, il ne tarda pas à bifurquer sur les flancs du plateau afin d'avoir une meilleure vue de ce qu'il s'y passait.

Dissimulé entre deux rochers, sa fourrure grise et blanche le confondait parfaitement dans l'environnement. Ses yeux d'absinthe scrutaient la gorge étroite qui était la seule issue à ce lieu et s'accrochèrent sans mal à la silhouette qui en émergeait soudainement... accompagné d'un drôle d'animal. Aussitôt l'herboriste coucha les oreilles et retroussa ses babines sur une dentition de smilodon alors qu'un doute soudain l'assaillait : était-ce Jangali ou un graärh errant venu se perdre ici !? Lorsqu'il se tassa sur lui-même, ce fut cette fois dans une posture de prédation. Avec son statut d'Ashuddh causé par sa trahison "officielle", Purnendu n'était pas très content de voir un autre graärh sur son territoire ! Les chances pour qu'on le reconnaisse n'étaient pas si infime que cela, surtout qu'il avait eut pour habitude de vivre aux pieds de la chaîne de montagne pendant de longues années. Pupilles dilatées, le graärh entama sa traque.

L'inconnu était accompagné d'une étrange créature porcine, hors son ami ne l'avait jamais prévenu qu'il possédait une bête de ce genre comme familier ou... monture ? Interloqué quelques instants, il se reprit rapidement et continua d'approcher à foulées silencieuses. Il allait de flaque d'ombre en flaque d'ombre, disparaissant dans les premières couches de neige dès qu'il voyait l'autre amorcer un mouvement pour regarder par dessus son épaule. A cause de sa capuche et de l'épaisse cape qui le recouvrait, il était impossible à l'herboriste de voir son faciès ou de deviner la couleur de sa fourrure. Rapidement, la distance qui les sépara vint à s'amenuisait et Purnendu fut sans mal à portée d'attaque. Il connaissait ce plateau comme le creux de son coussinet, avait l'avantage du climat et de la fourrure. S'assurant de toujours être face à la brise glacée, dissimulant ses cornes sombres de ses mains dès qu'il était en station immobile, le félin ploya de ses postérieurs et... bondit pour faucher l'inconnu avant qu'il ne puisse réagir.

Le miaulement étranglé que poussa sa proie ne fut rien à côté du rugissement viscéral qu'il lui dédia. Avec son élan et sa masse corporelle, Purnendu n'avait eut aucune difficulté à plaquer l'étranger au sol. Mains crispées sur ses épaules pour le tenir en place, griffes enfoncées dans les épaisses couches de sa tenue, il avait déployé l'aura intimidante de son esprit-lié Hippopotame alors que sa gueule grande ouverte révélait ses crocs aussi longs et courbés que des poignards. Sa fourrure était hérissée, sa queue balayait furieusement l'air dans son dos arqué pour peser le plus lourdement possible sur l'autre graärh. Purnendu ne voulait pas le tuer, mais il ne pouvait pas non plus le laisser repartir comme ça ! Peut-être que lui causer une bonne frousse et l'assommer ensuite pour le déposer au bas de la montagne serait un entre-deux satisfaisant. Lorsque son souffle s'épuisa après s'être époumoné à la truffe du pauvre, l'herboriste prit une inspiration et observa enfin celui qu'il tenait littéralement entre ses griffes.

"- ... Jangali !?"

De stupeur, il redressa les oreilles et ouvrit des yeux ronds. Le parfum de sable et d'épices qui se dégageait naturellement de la fourrure rase de son ami lui parvint enfin aux narines et il se redressa vivement pour arrêter de l'écraser dans la poudreuse. Encore désarçonné par le malentendu, Purnendu observa l'étrange créature porcine avec incrédulité, puis tendit une main salutaire pour le chasseur afin de l'aider à se remettre sur ses deux pattes. Il l'observa avec inquiétude, espérant ne pas l'avoir trop bousculé et vint émettre une roucoulade penaude alors qu'il frottait affectueusement sa truffe contre sa joue.

"- Excuse-moi... je ne t'avais pas reconnu accompagné de cet animal ! Ma situation ici est un peu particulière d'où ma réaction hâtive."

Il lui désigna l'étroit plateau balayé par un vent vif et piquant, créant des volutes de neige sur l'immensité immaculée. Ici et là, quelques pics rocheux émergeaient comme des crocs brisés.

"- La grotte est à quelques minutes de marche... toutefois ton... ta monture risque de poser problème. Je n'étais pas prévenu que tu viendrais avec elle. Je n'ai pas assez de nourriture, que ce soit du foin ou de la viande ou... des graines ?"

Toujours aussi dubitatif, il l'observa en lui tournant lentement autour.

"- Puis-je en faire des croquis ? Qu'est-ce donc ? Où l'as-tu trouvé ?"

D'autre questions se bousculaient dans ses babines, mais il les ravala pour laisser à son ami au moins le temps de répondre à la première fournée.

descriptionPoussière de neige [Purnendu et Jangali] EmptyRe: Poussière de neige [Purnendu et Jangali]

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Cette fois, c'était sûre : s'il venait à enlever son anneau où brillait faiblement le glyphe de coloration, son pelage présenterait des touffes blanches... Son palpitant ne voulant décidément pas vouloir s'arrêter dans sa frénésie proche de la tachycardie, il essayait tant bien que mal de se remettre de ses émotions. Son sang battait fort dans ses oreille, assourdissant son environnement. Même les paroles du terrifiant mâle peinaient à franchir cette barrière phonique.  Mais enfin, enfin, quand il eut retrouvé un peu de contenance, il obligea la vile boule de poil à se retourner, lui empoigna les cornes et colla sa truffe humide sur la sienne et le regarda droit dans ses absinthes. Loin d'être furibonds, ses azurs transparaissaient de détresse. Il ne pouvait pas être en colère contre Purnendu. Ils étaient amis depuis si longtemps qu'il ne pourrait jamais lui en vouloir d'avoir réagit comme ça. Il ne connaissait que trop bien la dure vie qu'était celle de l'Archipel. Cependant ...

-Purnendu. Ne refais, plus jamais... JAMAIS ça. J'ai cru mourir ! Tu as de la chance que mon cœur ne se soit pas fait la malle !

Ceci dit, il étreignit son massif pelage et lui rendit son ronronnement de contentement. Malgré son nez encombré, il percevait clairement les odeurs d'huiles essentielles que le cendré s’appliquait quotidiennement. Cette odeur signifiait la fin de son interminable voyage gelé -ou presque-. Au milieu de ces terres hostiles, il avait enfin trouvé son point d'accroche, son soutien dans le tumulte de son existence. Une présence familière qui lui embaumait le cœur.
Replongeant dans ses yeux toujours pétillant de curiosité, le chasseur se dirigea vers le Sslengar qui avait regardé la scène avec méfiance.

-Tu te souviens de la dernière fois qu'on a parlé du Kirin, pendant ton passage à Néthéril ? Et bien je te présente le Sslengar, son engeance. C'est Urjida qui m'a raconté une fois sa légende, il y très longtemps... Je n'aurais jamais cru le rencontrer un jour tu sais ? Je remercie les Esprits de l'avoir mit sur mon chemin, et d'apprécier ma musique. Grâce à lui j'ai pu économiser beaucoup de jours de voyage !

Il posa ses coussinets sur le groin du porcin légendaire et souri. Passé son apparence peu avenante, le Sslengar était en réalité très amical quand on apprenait à le connaitre. Jangali avait même eut voulu être Cheval à ce moment pour savoir ce que pourrait bien lui dire le bienfaiteur de la Légion...

-Néanmoins, je te laisserai le dessiner un autre jour sur une autre île si tu le permets. Il n'a pas sa place ici et il a été assez gentil pour m'accompagner jusqu'ici.

Sortant sa flûte des méandres de sa sacoche, il s'inclina respectueusement et souffla dans l'instrument, jouant l'air du rappel. De la chaleur se répandit tout autour de la créature, faisant fondre la neige et dans un flash de lumière, le Sslengar retourna sur Néthéril, d'où il avait été appelé. Remettant sa flûte à sa place, il souffla dans ses pattes pour les réchauffer et renifla. Il n'avait vraiment pas bonne mine...

-Je ne t'ai pas prévenu pour te faire la surprise... Je ne m'attendais pas à ce que ce soit toi qui me prenne par surprise, dit-il avec malice. Bon, tu m'emmène à ta fameuse grotte ou tu veux m'y transporter comme une statue de glace ? Après tout, je ne pèse pas lourd pour toi.

Il ricana à sa boutade et tous deux se mirent en route. A présent les rôles étaient bien inversés, comme il l'avait bien imaginé. Chacun son île, chacun sa fourrure comme il se disait chez les graärh... Si l'autre gambadait comme une gazelle enneigé, visiblement très content de son environnement immaculé, Jangali avait lui toute les peines du monde pour avancer. Il trébucha plusieurs fois d'ailleurs, manquant de s'étaler dans la neige avant qu'enfin ils n’arrivent à destination. Reposer les pattes sur une surface dure et solide lui donna la force de descendre vaillamment le petit escalier de pierre. Ses efforts furent amplement récompensés quand il découvrit stupéfait le petit nid douillé troglodyte. Ni une ni deux, il courut droit vers le feu de cheminé et s'y colla, manquant de peu de faire brûler ses vêtements, qui gorgés d'eau, commencèrent petit à petit à former de la vapeur. Prostré devant l'âtre comme un tas de guenilles mouillés et malodorantes, le chasseur, réduit à une pitoyable petite créature frigorifiée, n'était plus bon à rien pour l'instant, à part répondre à ses question d'une voix nasillarde. Purnendu pouvait bien lui faire ce qu'il voulait, il était bien trop frigorifié et malade pour résister.

descriptionPoussière de neige [Purnendu et Jangali] EmptyRe: Poussière de neige [Purnendu et Jangali]

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Attrapé par les cornes, il émit un petit grondement d'avertissement, mais se laissa manipuler avec un vague sourire en coin. Que pouvait-il bien dire ou faire pour réellement s’excuser de cette attaque soudaine, mais ô combien justifiée sur Paadshail ? Il savait que Jangali était tout aussi au fait des traditions qui prédominaient en ces terres de glace, mais aurait-il été plus attentif alors peut-être l’aurait-il finalement reconnu et n’aurait-il pas causé une telle frayeur au félin d’été. Cependant, à voir toute la détresse qui coulait de son regard bleu, il eut presque pitié de lui et vint abattre sa grosse patte à l’arrière de sa nuque, la lui massant avec une affection sincère. S’il devait recommencer, il le ferait bien entendu ! Par contre, rien ne l’empêchait de se faire pardonner et c’est ce qu’il fit en émettant à nouveau un profond ronronnement et il l’enserra plus étroitement encore durant de longues secondes. Peut-être sortirait-il de la viande séchée spécialement pour le remettre sur pattes...

« - En tout cas, je suis content de voir que je fais toujours mon petit effet malgré ma longue période chez les sans-poils. »

Bon, il se ferait doublement pardonner après cette remarque amusée qui lui avait glissé des babines aussi sûrement qu’un pingouin sur du verglas. Il retint un rire et tourna de nouveau sa pleine attention sur l’étrange créature, sa curiosité ravivée par la rapide explication que lui jetait son ami en pâture de son appétit insatiable de savoir nouveau. Un descendant du Kirin !? Alors il s’agissait définitivement d’une bête légendaire. Il lui fallait à tout prix le dessiner et l’analyser sous tous les angles, mais visiblement ses plans devraient attendre, car déjà Jangali congédiait le Sslengar avec une flûte. Intrigué par ce procédé pour le moins inhabituel, l’herboriste dressa des oreilles afin d’écouter la mélopée et s’assurer d’en graver chaque note dans sa mémoire. Lorsque les dernières trilles s’estompèrent dans la brise glacée, il baissa ses yeux d’absinthe sur la silhouette grelottante de son ami et fronça les sourcils.

« - Ne tardons pas, effectivement. »

Il n’avait pas vraiment envie de lui soigner une crève en plus de le remettre sur pattes après sa traversée ! Heureusement pour le graärh de Néthéril, il n’avait connu que le confort des côtes et des flancs prospères de la montagne. Aurait-il confronté l’Inlandsis que Purnendu n’était pas certain d’avoir pu le ramasser en un seul morceau. Il offrit d’ailleurs d’ouvrir la marche, non seulement pour guider Jangali à destination mais aussi pour lui ouvrir la voie dans toute cette neige. Jouant les déblayeuses, il créa un chemin, à défaut d’une route viable et le conduisit jusqu’au palier de la grotte, dans cette vaste alcôve de roche nue. Plus d’une fois, il avait cru le perdre dans la poudreuse quand ce pauvre chat glissait et trébuchait sur des plaques de verglas dissimulées. Maintenant, il le voyait descendre prudemment l’escalier en colimaçon et ne pu s’empêcher de sourire alors qu’il le suivait.

« - Bienvenue chez moi... »

Ronronna-t-il avec un brin de fierté alors qu’il laissait les coussinets d’une main caresser la pierre lissée au souffle ardent du dragon Kaalys. Le temps pour lui de se perdre dans les souvenirs qu’il gardait de cette expérience et déjà son ami se précipitait sur l’âtre pour essayer de se réchauffer. Cette fois, Purnendu fut incapable de retenir son éclat de rire et il approcha du pauvre félin frigorifié pour commencer à lui ôter une à une ses couches de vêtements. Sourd à ses protestations, il me mit entièrement… et bien, à poils et lui passa une couverture pour qu’il y enroule dedans. Sans un mot, il vint lui frictionner les pattes et passa de longues minutes à lui masser les coussinets pour s’assurer qu’ils n’aient pas de gerçures à cause du froid impardonnable de Paadshaïl. Une épaisse couche de baume gras plus tard et de bandages, l’herboriste s’estima enfin satisfait.

« - Je vais te faire quelque chose de chaud à boire. »

Lui-même alla rapidement s’ébrouer sur le palier avant de récupérer ses affaires dehors, puis de revenir en finissant d’enfiler quelques couches histoire de ne pas… et bien, une habitude née à force de côtoyer les sans-poils, sûrement. Purnendu haussa des épaules alors qu’il ouvrait sa sacoche pour en sortir les herbes et racines nécessaires à réchauffer son pauvre ami. Du gingembre, des clous de girofle, de l’eucalyptus et de la cannelle avec quelques hexagones de miel en rayons pour arrondir les saveurs furent versés dans un petit pot en fonte au dessus du feu. De l’eau pur des glaciers fut ajoutée avant que le tout ne soit couvert pour bouillir et s’infuser en une réduction à laquelle il ajouterait un peu d’alcool pour en faire un grog qui réchaufferait même un vampire en transe !

« - Maintenant, et avant toute chose, j’ai deux questions pour toi, Jangali Pasu. »

Le ton de la voix était calme et ne transpirait d’aucune hostilité, toutefois sa fermeté ne discutait d’aucune contrariété alors qu’il venait s’accroupir face à lui. Les flammes firent jouer des ombres fantasque dans sa fourrure de cendre et alluma ses yeux d’un vert plus irréel et saisissant encore. Ses cornes lustrées brillaient et sa lourde musculature se massa dans les vagues de sa longue fourrure.

« - Est-ce une moitié des paires légendaires nommées « Promesse aux Esprits » que tu as là… et si oui, à qui fut donné l’autre bracelet ? »

Silencieux, il attendit la réponse alors que dans son entière immobilité ne tressaillait que l’extrémité de sa queue.

descriptionPoussière de neige [Purnendu et Jangali] EmptyRe: Poussière de neige [Purnendu et Jangali]

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Ses claquements de crocs avaient cessé et à présent, le noiraud pouvait apprécier pleinement la douce chaleur des flammes. Enroulé dans sa couverture comme un bürhitto, cette spécialité graärh constituée de viande et de légumes enveloppée d'une galette de maïs, il observait mollement son ami s'activer. Il regardait l' pre-Cendre s'affairait à un grog revitalisant et se fit la réflexion que ce surnom ne lui conviendrait bientôt plus pour ce qui s'agissait des décoctions amères... Puis il grimaça à son air sérieux.

-Seulement deux ? Tu me ménages aujourd'hui.

Son sourire se fana en même temps qu'il croisait son regard. Il le suivit d'ailleurs jusqu'à son poignet et soupira. Il se doutait qu'il devrait fournir des explications pour ça. Tranquillement assis en tailleur, il prit une inspiration enrhumée et fournit donc ses explications, entrecoupées de légers tremblements de maladie.

-Ilhan Avente. C’est avec lui que j’ai échangé la Promesse aux Esprits. J’ai trouvé en lui un petit quelque chose qui m’a beaucoup fait pensé à toi à vrai dire. Et c’est ça qui m’a poussé à me lier à lui. En échange de sa promesse de tout faire pour abolir l’esclavage de notre peuple, j’ai promis de soutenir Aaleeshaan Tryghild dans ses projets. Et avant que tu ne dises quelque chose, saches que c’est mûrement réfléchi et que je ne regrette pas ma décision. J’agis pour le bien de mon peuple, même si pour cela je dois porter le lourd fardeau d’Ashuddh.

À l’évocation de ce mot, ses oreilles tombèrent mais son torse, quand à lui, se bomba. Il n’avait plus peur d’évoquer son statut. Au fond de lui, il savait qu’il avait fait le bon choix. Il avait toujours été en quelque sorte, très libre. Ses nombreuses errances lui avaient seulement été pardonnées par son zèle à la chasse finalement..

-Je suis sûr que tu saurras comprendre mon choix… Purnendu. Tu as bien vu la puissance des Couronnes… Les Graärh ne sont plus que l’ombre de ce qu’ils étaient avant et seule une alliance avec les Sans-Poils honorables nous permettrait de survivre à ce fléau. Je sais bien que vous, les Medonis, vous privilégiez la force individuelle, et je respecte ça. Mais sur Néthéril, depuis tout temps, nous comptons sur le collectif. Notre force vient de notre cohésion.

Ô bien sûr il ne comptait pas le convertir à sa vision des choses, ils étaient tous deux issus de générations d’endoctrinement radicalement différents après tout. Mais il comptait sur son intellect et son ouverture d’esprit pour accepter la nouvelle allégeance du chasseur. Il le fixa intensément guettant la moindre réaction à son laïus. Non pas qu’il craignait quelque animosité de sa part, mais une désapprobation le peinerait énormément.

Il n’y avait pas grand chose de plus à dire finalement. Aussi, sûr de ne pas prendre de coups de griffe en traître, il détourna le regard et amorça un geste vers sa sacoche et y plongea le bras. Effleurant le cuir vieilli, il fini par aggriper le vieux journal et le sorti d’un air triomphant. Il le tendit à son compagnon, tout sourire. Sa désinvolture pouvait être parfois assez désarmante, mais cela, il n’en n’avait nullement conscience. Il était bien loin de ce genre de considérarion…

-Tiens ! Comme promis depuis des semaines, je te le confie. Je l’ai précieusement conservé à l’abri de mes provisions. Il ne s’est pas dégradé depuis que je l’ai récupérer. Je ne sais toujours pas si on pourra en tirer quelque chose, mais au moins, c’est nous qui l’avons et pas les pirates.

Profitant que l’autre ait les pattes occupées, il se servit une tasse bien chaude de grog et en envala goulument les saveurs revitalisantes. Bon nombres de Graärh enviaient la capacitée des Vaches de pouvoir ingurgiter la nourriture peut importait la température ! Sentant le liquide chaud lui couler le long de la gorge, le Gourmet roucoula de plaisir. Et entre deux miaulements de contentement, il demanda.

-Comment s’est passé ton retour à la Légion ? Le dragon Kaalys ne t’a pas proposé de te déposer ?

Il ricana à cette idée. De ce qu’il savait et certain, c’était que la Grande Dévoreuse ne s’abaisserai jamais à servir de monture à quiconque !

descriptionPoussière de neige [Purnendu et Jangali] EmptyRe: Poussière de neige [Purnendu et Jangali]

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De ses mains aux griffes non rétractables, Purnendu s’appuyait sur ses cuisses musclées. Silencieux et attentif, il restait accroupi entre l’âtre et le félin tigré, plongeant ce dernier dans son ombre massive alors qu’aucun frémissement, aucun mouvement ne venaient perturber sa haute silhouette. Seule l’extrémité de sa queue balayait nerveusement le tapis derrière lui, hors de vue du gourmet dont les réponses, pour chacune d’entre elles, venaient accentuer le tapotage agacé du pompon angora. Ses yeux d’absinthe se décrochèrent brièvement de leur cible pour observer le vieux journal qu’on lui tendait, mais le guérisseur ne fit aucun geste pour le prendre de prime abord. Toutefois, voyant que l’autre restait le bras tendu, il attrapa avec mille précautions et tout autant de délicatesse l’ouvrage séculaire afin de le déposer sur l’accoudoir du fauteuil, non loin. Il le lirait plus tard.

Le changement de sujet et la désinvolture de Jangali venaient accentuer la crispation dans le corps massé du fauve à la couleur de cendre et ses pupilles s’affinèrent en deux traits de pinceaux d’encre. Sa mâchoire se serra et ses babines se gonflèrent alors qu’une secousse dans son dos lui ébroua la fourrure. N’aurait-il pas eut autant de poils que l’on aurait très clairement pu voir une veine palpiter à sa tempe ! D’un naturel plutôt placide à l’image de son premier Esprit-Lié ; l’Hippopotame, Purnendu était capable d’entrer dans des colères monstrueuses si on l’y poussait suffisamment. Malheureusement pour son ami de longue date, ce fut exactement ce qu’il fit.

« - Assez !!! »

Plus qu’un ordre, ce fut un rugissement rauque, chargé de toute sa colère et de sa frustration. Babines retroussées, ses crocs accrochèrent les éclats du feu alors qu’une main s’abattait lourdement sur l’épaule de l’ashuddh afin de le tenir à bout de bras et s’assurer que son attention lui soit entière pour les prochaines minutes. Si la prise fut ferme, peut-être même douloureuse tant la poigne se révéla forte, jamais toutefois les griffes ne s’enfoncèrent au-delà de la fourrure rêche du graärh méridional.

« - C’est justement parce que tu prétends y avoir longuement réfléchi que je m’inquiète autant ! Es-tu à ce point naïf, Jangali Pasu !? Ou bien est-ce l’orgueil qui t’aveugle sur la précarité de ta situation !? »

L’aura de l’Hippopotame donna l’impression que Purnendu et son ombre emplissaient toute la grotte. Sa voix tonna et ses yeux étincelèrent alors qu’il avait la fourrure hérissée sur le dos. La queue balayait, cette fois, carrément tout le tapis derrière lui, elle battait comme un tambour contre les pieds des meubles, prise de soubresauts à l’image des mains du graärh qui se retenait visiblement de défoncer quelque chose. N’importe quoi pour ne pas simplement secouer son ami comme un vulgaire prunier en espérant lui vider le crâne de tout l’air qu’il semblait contenir.

« - Je... »

S’interrompant, le guérisseur retira sa main et l’apposa sur sa truffe en un geste de dépit et de résignation. Les yeux clos, il prit une profonde inspiration. Puis une seconde. Même une troisième, dans le doute. A chaque fois qu’il expirait, son aura s’estompait et bientôt le crépitement du feu retrouva toute sa gaieté. La pièce fut à nouveau lumineuse et chaleureuse tandis que Purnendu retournait s’asseoir contre l’âtre avec un dernier long soupir. Un moment silencieux, il se contenta de regarder le plafond, car il n’était pas certain de rester calme s’il fixait tout de suite la truffe d’ahuris qu’était le gourmet. Par les Esprits qu’il l’adorait ; sincèrement ! Mais là, tout de suite, il avait juste envie de l’assommer.

« - Jangali... tu ne réalises réellement pas dans quelle situation tu te trouves, n’est-ce pas ? »

La voix était redevenue douce, bien qu’une pointe de mélancolie et d’amertume se fasse entendre.

« - Je ne dénigre pas ton souhait d’aider et de participer… cette générosité du cœur a toujours été ta plus grande qualité, si l’on ignore ta cuisine. »

La point d’humour fut fugace, car déjà le graärh de cendre reprenait d’un ton lugubre :

« - Toutefois, le sacrifice que tu as fais en endossant volontairement le titre d’Ashuddh est bien plus lourd que tu ne le penses et ses conséquences vont au-delà de ta propre personne. Tout ça pour dire que tu n’as plus aucune crédibilité, Jangali. Ni ici, ni là-bas ! A Netheril tu seras probablement chassé comme du gibier à vue et même si tu viens te cacher à Paadshail, il ne suffira que d’un spirite du Hibou pour mettre à nu la vérité te concernant. »

Et il n’osait même pas imaginer quel sort lui serait réservé ici. Soudain, le poids des années lui tomba dessus et il se pinça l’arrête du museau avec un léger froncement de la truffe, sentant poindre derrière son crâne un début de migraine.

« - Et ça, ce n’est qu’en ce qui te concerne ! Mais pense à Ilhan et l'Aaleeshaan Svenn… que va-t-il leur arriver quand ils iront à Netheril et se diront être des alliés de Jangali l’Ashuddh !? Quel genre d’accueil crois-tu qu’il leur sera réservé ? Tu as perdu tout honneur aux yeux des Légions… au regard tout entier de notre peuple ! En t’associant avec Délimar, tu as causé plus de mal que tu ne le réalises. »

Il le fixa avec tristesse et résignation.

« - Et je ne parle même pas des conséquences de ta promesse avec Ilhan sur le bracelet des Esprits. »

Purnendu tendit une main afin d’effleurer le bijou d’un revers délicat de ses griffes. Il contempla cette relique sacrée avec un profond respect, mais ses orbes d’absinthe restèrent résolument ternis de déception. Quel gaspillage.

« - Tu as mis les yaks avant le chariot… Mon bel idiot, tu es vraiment incorrigible. »

L’herboriste soupira et laissa retomber sa main.

« - Sais-tu combien il y a de Bracelets en ce monde ? Cinq paires. Il n’y a que cinq paires ! Il s’agit d’objets non seulement rares, mais qui furent accordés par les Esprits eux-même selon certaines légendes. N’importe quelle Aaleeshaan tuerait pour en avoir une paire en sa possession ! Tous les naayak échangeraient leurs places pour être capable d’élever davantage encore leur honneur en passant une promesse via ces reliques. Alors imagines-tu une seule seconde quelle sera leur réaction s’ils trouvent un Ashuddh avec ça passé au bras !? Pire encore ; as-tu considéré combien il était dangereux pour Ilhan de rencontrer n’importe quel graärh avec CA passé au bras !? »

La colère gronda de nouveau dans sa voix, semblable à un grondement qui laçait chacune de ses riches et profondes inflexions. L’inquiétude qu’il ressentait pour son ami sans-poil était sincère et il pensait déjà à lui envoyer une lettre pour le mettre en garde contre pareil danger. Serrant les mâchoires, il reprit sinistrement :

« - Il se fera tuer, Jangali. Les graärh vont croire qu’il a volé cette relique et s’en sert comme d’un vulgaire bijou d’apparat. Ils vont penser qu’il crache sur leur croyance et méprise leur culture ! Et si par un quelconque miracle ils ne lui sautent pas à la gorge et qu’il a le temps de s’expliquer… crois-tu que ça ira mieux ? Crois-tu qu’avouer s’être lié à un vulgaire Ashuddh aidera d’une quelconque façon sa cause !? »

Sa queue se remit à battre le sol avec force et il roula des épaules dans l’espoir futile de chasser la tension qui le gagnait à mesure qu’il repensait à toute cette merde. Soufflant sèchement de la truffe, il détourna la tête et se gratta le poitrail. Ses poings lui démangeaient encore.

« - … Fais moi voir ce carnet. »

Il n’y avait rien de plus à dire. Purnendu se savait impuissant car il n’était pas en position pour remédier à quoi que ce soit autant parce qu’il était de l’autre côté de l’Archipel, que le seul moyen pour rompre la Promesse était de la seule volonté des deux liés. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était d’espérer que son ami réfléchisse sérieusement à sa situation et agisse en conséquence avec, si les Esprits l’accordaient, davantage de responsabilité cette fois.

« - Il va me falloir du temps pour récupérer la moindre information là dedans. Je vais avoir besoin de calme pour recopier et traduire tout ça… Pendant ce temps, assure-toi de retrouver tes forces et de te soigner. »

Le fauve se leva et alla chercher une plaque de bois, de l’encre, une plume et plusieurs parchemins qu’il avait acheté à Caladon avant son départ. La qualité du papier était réellement exquise et il adorait le bruit que faisait la plume lorsqu’il grattait les fibres de sa pointe. Préférant se plonger dans l’étude du carnet plutôt que de continuer à souffler dans les bronches de son ami, Purnendu alla s’installer dans le grand fauteuil où il se rangea dans une position improbable et ressembla bientôt à l’un de ces meubles nordiens « Hïkkeah ». Truffe baissée sur son étude, il marmonna toutefois dans ses moustaches :

« - Tu as de la nourriture dans les pots. Ne mange pas tout, la nourriture est rare par ici… et tu serais incapable de combler le gaspillage en allant chasser vu ton affinité avec le climat. »

Il prit un pause, sembla pondérer avant d’ajouter :

« - Il me reste des livres dans la malle sans fond. Sers toi le temps que je termine ici. »

N’importe quoi pourvu qu’il ne fasse pas trop de bruits… ou il finirait par réellement l’assommer.

descriptionPoussière de neige [Purnendu et Jangali] EmptyRe: Poussière de neige [Purnendu et Jangali]

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Tout pataud, il laissa son ami plancher sur le décryptage du carnet. Visiblement ce n'était pas le bon moment pour lui demander des cours sur le graärh ancien... Soupirant et traînant les pattes, il se dirigea vers ladite malle. Non décidément, Purnendu ne connaissait pas aussi bien les mœurs de Néthéril que lui. Il faisait assez confiance à ses frères et sœurs pour faire la part des choses. La Promesse transcendait la perception des graärh, c'était une promesse faite aux Esprits eux-même. De son point vue, il n'y avait pas plus honorable que quelqu'un prêt à jurer devant ses divinités... mais bon, ils ne pouvaient pas tout le temps être d'accords n'est-ce pas ?
Les oreilles dressées, il farfouilla dans la malle sans fond, faisant attention à bien remettre les livres comme il les avait trouvé. Il savait Purnendu très organisé et le moindre dérangement lui hérisserait le poil, encore plus encore après leur houleuse discussion. Il finit par jeter son dévolu sur un tome d'herboristerie traitant des plantes calastines. Il ne trouva rien d'étonnant à ce que la Boule de poils ne se soit procuré des livres de sans-poil finalement. Fort heureux de sa trouvaille, il s'installa sur la couchette, non sans jeter un regard vers l'imposant mâle. Sa queue balayant le sol était plus qu'équivoque: au moindre dérangement et c'était le coup de griffe. Ne disant toujours mots, il consulta l'ouvrage, s'imprégnant des images et descriptions des plantes. Puis peu à peu, alourdies par le voyage et la maladie, ses paupières finirent par se fermer et il sombra dans un profond sommeil, aux rêves bien agités.

~~

-Mmmmh ? Quoi ? C'est... déjà l'heure de manger ?

Les secousses incessantes de son corps avec finit par le réveiller. Baillant à s'en décrocher la mâchoire, il essaya tant bien que mal d'émerger. Visiblement, le cendré avait quelque chose de très urgent à lui raconter, car celui-ci le secouait comme un prunier. Dans un ultime effort de connecter ses deux moitiés de cerveau, il parvint à baragouiner un semblant de réponse.

-Hein ? Quoi "Vas au lit" ? Mais je suis déjà ... aïe !

La petite tape sur l'arrière de son crâne acheva de lui faire ouvrir les yeux et sous l'insistance de l'Âpre-Cendre, il répéta:

-Aaaah, le.. le Baôli ?

Suivant le doigt griffu entre le carnet séculaire taché d'humidité et le parchemin tout neuf, l'information arriva à son cerveau. Purnendu avait décrypté le carnet. Alors finalement, cela n'avait pas été vain. Tous ces mois de voyage avaient fini par payer. Succombant à un deuxième bâillement -qui acheva de le réveiller-, il porta son regard dans celui excité de Purnendu.

-Et donc... il est où le Baôli ? Ne me dis surtout pas sur Néthéril ...

Il l'aurait vraiment mal prit. Il connaissait cette île, les marais en moins, comme sur le dos de sa patte, et il ne l'avait jamais trouvé. Bon, en même temps, il se doutait qu'il ne s'y trouva...

descriptionPoussière de neige [Purnendu et Jangali] EmptyRe: Poussière de neige [Purnendu et Jangali]

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La lecture fut longue et fastidieuse, plus encore la retranscription des rares passages encore lisibles. Les pages manquaient de s’effriter malgré toute la délicatesse dont il faisait preuve, l’encre s’était estompée pour la majorité alors qu’une autre partie semblait couverte d’une fine moisissure desséchée depuis le temps qu’elle voyageait dans la sacoche de Jangali, bien au-delà de son habitat d’origine ; les marais de Néthéril. S’usant les yeux sur ces textes anciens, copiant et recopiant toutes les versions d’un texte ou d’un simple mot qui lui semblaient trop ambiguës à la première lecture,  l’herboriste avançait à pas prudent dans sa traduction. Lorsqu’il eut terminé, il ferma l’ouvrage en ayant cruellement conscience que l’ouvrir de nouveau reviendrait à signer son arrêt de mort… à moins de trouver quelqu’un ayant un sort de restauration adapté.

Un long et lourd soupir échappa à ses babines alors qu’il se redressait dans son siège et se craquait la nuque en roulant sa tête d’une épaules à l’autre. Avisant l’âtre dont les flammes déclinaient par manque de combustible, Purnendu estima qu’il avait travaillé pendant plus de quatre heures sans interruption. Un bâillement ouvrit son museau à l’image de son Esprit-Lié Hippopotame, révélant une dentition carnassières impressionnante. Léchant le dos d’une main afin de se frotter les yeux et en chasser une partie de leur fatigue, l’immense féline couleur de cendre tourna finalement son attention sur celui qui dormait à poings fermés dans l’alcôve du lit. Un sourire attendrit commença à étirer ses babines… jusqu’au moment où il remarqua que l’autre cochon bavait sur son livre.

L’agacement lui revint, démultiplié par sa propre fatigue et il se redressa pour déposer carnet et tablette d’écriture, prêt à transformer l’insolent en nouvelle descente de lit, lorsque sont regard accrocha le cœur des braises, dans la cheminée. Le rougeoiement intense, tantôt de noir tantôt de rouge et de jaune… comme de la lave. La fumée sombre qui s’élevait, un peu âcre alors que les flammes rongeaient paresseusement une portion encore humide de la bûche. Purnendu eut un sursaut de compréhension et sentit un long frisson d’excitation couler dans son dos. Ainsi, au lieu d’aller remettre une couche de sermon à son ami, il l’approcha avec la ferme intention de le réveiller afin de partager sa découverte.

Conscient qu’il était malade, le guérisseur tenta d’y aller avec douceur. Il secoua son épaule et se pencha pour presser sa truffe froide contre sa joue, mais rien n’y faisait. Il essaya de l’appeler, mais l’autre semblait totalement sourd. Perdant finalement patience et, se disant qu’à baver sur un livre en s’étant endormit le museau entre ses pages, Jangali ne devait plus être si malade que cela ; il se mit alors à le secouer avec plus de vigueur. Les premiers mots qui sortirent des babines du graärh exaspérèrent l’herboriste qui roula des yeux et croisa les bras contre son torse puissant. Accroupit près du lit, sa longue queue déroulée sur le tapis, celle-ci battait le sol avec un agacement profond.

« - Réveille toi ! J’ai trouvé quelque chose à propos du Baôli ! »

N’aurait-il pas eut une fourrure aussi dense que l’on aurait probablement pu voir la veine qui venait de saillir sur le côté de sa tempe. La taloche fusa avant qu’il n’ait pu se reprendre, considérant l’état de son ami, peut-être ne méritait-il pas une réprimande physique.

« - Non. Le Baôli, espèce de ventre sur pattes. Branche correctement ton cerveau, veux-tu ? »

Il montra le parchemin et le carnet, attendant toujours sur l’accoudoir du grand fauteuil. Silencieux et immobile, Purnendu attendit que l’information fasse jour dans la tête du tigré, finissant par s’amuser et s’attendrir de sa lenteur au réveil. Il avait une partie des moustaches froissées et l’autre totalement droites, lui donnant une asymétrie comique et vraiment peu crédible. Lorsqu’il le sentit prêt à l’entendre, le graärh laissa son excitation et sa fierté le submerger.

« - Non, je ne crois pas qu’il s’agisse de Netheril, mon ami. »

Purnendu se leva et approcha du fauteuil pour récupérer le parchemin.

« - Je n’ai pu récupérer que deux choses de concret dans cet ouvrage. Une partie parle d’un rituel ancestral, probablement l’un de ceux utilisés pour confiner Rog à sa place sans qu’il ne meurt… peut-être fut-il gravé sur l’intérieur de son sarcophage ou bien utilisé sur ses victimes ? Il n’en reste que des parcelles, mais je devrais pouvoir travailler dessus avec plus de temps et de ressources historiques. »

Il balaya l’air d’une main pour chasser ce sujet et revint auprès de Jangali pour s’asseoir près du lit, contre lui. Le félin sentait le feu de bois, la cire d’abeille et encore l’odeur plus ténue de la neige et du poil humide, très subtile. Sa queue s’enroula autour des hanches de Jangali, boa de fourrure dense et soyeuse.

« - Non, ce qui nous intéresse est ceci : "[…] déchu a […] sa félonie est emprisonnée. Puisse leur trahison […] de ce monde la faute que nos représentants ont commis. Puisse […] cœur de la terre des Esprits, s’endormir et […] de feu." »

Il laissa au chasseur quelques instants pour assimiler les parcelles de ce texte, les ayant récité en graärh ancien pour plus d’impacte, puis il reprit avec un ronronnement lacé dans la voix :

« - "Sa félonie est emprisonnée" ; je pense que cela fait spécifiquement référence à Rog. Lorsque j’ai vu la seconde Couronne, il ne possédait aucune sépulture, aucun liens. On peut supposer que les autres aussi n’ont pas eut une prison aussi sécurisée. La seconde partie ; "Puisse leur trahison […] de ce monde la faute que nos représentants ont commis" ; ici nous avons probablement l’origine dont découlera tout le reste ! Combien nous avons abandonné notre technologie et nos savoirs passés par honte à cause de la trahison des Couronnes, probablement un abus de toute cette connaissance librement échangée et qui aura causé tant de mal. Et la suite !? Oh je pense que c’est là que nous tenons le plus d’indices ! »

Pupilles à présent dilatées, Purnendu passa une langue rapide sur le devant de sa truffe et tapota du bout d’une griffe les dernières lignes.

« - Au début, je n’ai pas compris. Je m’imaginais quelque chose de métaphorique ou au moins de poétique. Ensuite, j’ai réalisé que peut-être ce n’était peut-être pas si crypté ! Là, je regarde ; "cœur de la terre des esprits", on peut penser à une façon détournée de dire Bâoli. Peut-être était-ce ainsi qu’ils l’appelaient. Puis je me suis dit ; ce qui est souvent désigné au coeur de quelque chose, c’est qu’il s’agit soit de profondeur, soit du centre, non !? »

L’excitation le gagnait de plus en plus et il poursuivit, prenant à peine le temps de retrouver son souffle.

« - Et la suite semble confirmer mes hypothèses ! Regarde : "s’endormir" et plus loin l’extrait s’arrête avec "de feu" ! Donc la terre des Esprits serait au cœur de quelque chose que l’on espère d’endormi et qui aurait un lien avec le feu… ça ne te dit rien ? »

Il l’observa, attendant avec impatience qu’il décrypte lui aussi ce mystère. La queue de Purnendu s’était mise à tressaillir et ses oreilles dressées ainsi que ses yeux semblables à deux puits d’encre cerclés d’absinthes surveillaient les moindres indices qui témoigneraient une quelconque compréhension chez son ami.

descriptionPoussière de neige [Purnendu et Jangali] EmptyRe: Poussière de neige [Purnendu et Jangali]

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Jangali souriait béatement devant l'enthousiasme de son ami. Le savoir et la connaissance étaient à Purnendu ce que la cuisine et la chasse étaient à Jangali. Il ne pouvait détacher ses yeux yeux de l'attitude passionnée du cendré. La passion était comme.. contagieuse, oui voilà, c'était le mot. Et puis il préférait nettement cette attitude à celle de l'effrayant Purnendu trop sérieux. Ils avaient déjà bien assez de soucis comme ça pour se voler dans les poils comme ça. Bon bien sûr, ses arguments étaient fondés, il ne pouvait le nier... mais après tout, il avait fait une promesses aux Esprit eux-même et ils avaient accepté sa dévotion. Il avait remis son honneur et sa vie entre leur pattes. L'avenir seul ne saurait lui donner raison.

Fort heureusement, Purnendu avait inscrit ses traductions sur le parchemin, permettant à Jangali de suivre un temps soit peu son raisonnement. Non parce qu'il était bien mignon -très mignon comme mâle certes- mais il ne comprenais absolument rien du graärh ancien ! Au fur et à mesure de ses explications, le chasseur, sous le coup d'une intense réflexion, se mit à peigner de ses griffes le pompon angora qui lui enserrait la taille. Inconsciemment, il reprenait ainsi sa vieille habitude que le guérisseur lui avait transmis il y a de cela une décade...

-Huummm. Un endroit endormi et de feu ? A prendre littéralement ? Huuummmm...

Détachant ses mires de la magnifique calligraphie de Purnendu, il observa la lourde carte au fond de la caverne. L'Âpre-cendre ne voulait visiblement pas lui mâcher le travail et faire travailler sa cervelle. Soit, ce ne devait pas être si difficile avec ces nouvelles informations. Il devait tout simplement réfléchir par élimination.

Néthéril et Paadshail étaient à exclure d'office. Ni son île natale qu'il avait arpenté en large et en travers, ni l'île d'hiver ne correspondaient à cette description.  Upajaoo. Non. Il y faisait chaud, c'étais un désert après tout, mais pas au point d'évoquer le feu. Khokattaan... était un candidat prometteur. Cette histoire de sommeil lui rappelait beaucoup celle des golems endormis à l'intérieur de l'île. Mais encore une fois, l'île était tempéré, rien ne rappelait le feu, si ce n'était celle de la guerre qui avait soulevé les peuples humains il y a quelques mois.

Puis enfin... Vaalaamuk. Il explosa de rire tant c'était évident. C'était tellement gros que même mit sous sa truffe il n'y aurait jamais pensé !

-Le volcan de Vaalaamuk, déclara-t-il simplement, le regard toujours fixé sur la carte.

Même dit à l'oral, cela semblait l'évidence même, d'une logique absurde. Quel meilleur endroit pour l'origine de la magie et le berceau des Esprits que le centre même de leur archipel ? Mais bientôt, la résolution de ce mystère firent poindre d'autres questions au chasseur. Si le Baôli avait été là depuis tout ce temps, comment se faisait-il que sa localisation avait pu être perdu ? Et puis... quatre îles... quatre Couronnes.. et si ?..

-Tu crois qu... !

Tout excité par son petit exercice mental, il s'était tourné précipitamment et ne s'était pas rendu compte à quel point ils étaient proches. Truffe contre truffe, babines contre babines, l'instant n'avait été qu'éphémère mais il suffit à perturber Jangali.

-Oh ! Euh.. je voulais... dire.. tu.. tu crois qu...que chaque île renferme une Cou... ronne ?

Cela avait si soudain et inattendu. Là, dans cet endroit perdu au milieu de nul part, il avait baissé sa garde, tant physique que mentale ? Ou bien était-ce la maladie qui lui jouait des tours ? C'était lui ou il faisait très chaud dans cette grotte ?

descriptionPoussière de neige [Purnendu et Jangali] EmptyRe: Poussière de neige [Purnendu et Jangali]

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Il attendait et attendait avec une patience remarquable quand bien même tout son corps soit à l’arrêt tel un prédateur devant une proie facile. Par instant, la fourrure de son dos tressaillait tandis que sa queue continuait de battre le rythme et que ses pupilles dilatées ne lâchaient pas d’une seconde le graärh rayé. Babines légèrement gonflées, il pencha la tête sur le côté en l’entendant réfléchir à voix haute et hocha du chef comme pour l’encourager dans son fil de pensées. Quand Jangali se mit à contempler la carte de l’Archipel peinte sur une peau de cerf et tendue dans un cadre de bois délicatement ouvragé, il sentit son cœur se mettre à battre plus vite. Allait-il finalement saisir les indices ?

Inconsciemment, il s’était légèrement penché vers lui afin de mieux contempler les soubresauts de sa fourrure qui étaient autant de révélations sur l’approche grandissante du graärh quant à sa compréhension du texte. Aussi quand Jangali énonça le volcan de Vaalaamuk comme lieu possible pour le Baôli, le cendré ne pu retenir un immense sourire qui révéla toute sa dentition carnassière. Exactement ! Les entrailles du volcan contenaient très probablement le Puits des Esprits. Au centre de toutes les îles, dans un lieu à la forte activité naturelle et qu’aucune Légion n’osait réellement approcher à cause de ses flancs stériles. Et si la raison pour laquelle leur peuple évitait Vaalaamuk était plus profonde ?

« - Si je crois que... quoi ? »

Souffla-t-il, amusé de se retrouver truffe à truffe avec le gourmet. Fugaces, les souvenirs de leurs nuits à Netheril lui revinrent en mémoire et la fourrure de son poitrail se gonfla alors qu’il émettait une petite roucoulade d’invitation. Pourquoi se priver ? Les nuits ici pouvaient être bien froides et plutôt qu’étancher une fièvre tropicale, il s’agirait de réchauffer la paille de leur couche… Il pouvait encore sentir sur ses babines le souffle parfumé d’épices du mâle, mais plutôt que de le taquiner ; le guérisseur le laissa s’écarter et paniquer tout seul à la suite de ce rapprochement accidentel. Les yeux légèrement plissés du sourire qui tendait toujours ses babines et les orbes pétillants d’amusement, Purnendu haussa un sourcil et se passa de tout commentaire. Le sujet soulevé était pertinent, mais il ne voulait pas se précipiter.

« - Ne mettons pas les yaks avant le traîneau. Les légendes sont vagues et parfois déformées. Même si tout porte à croire que les quatre Couronnes peuvent effectivement se trouver sur les quatre îles qui entourent Vaalaamuk, ce n’est pas ce qui nous intéresse actuellement. »

S’ils venaient à s’éparpiller, ils risquaient de dilapider inutilement le peu de force et d’atouts qu’ils avaient en leur possession.

« - Nous devons nous concentrer sur le Baôli ainsi qu’un moyen d’arrêter les Chimères. Même s’il s’agit d’un mal apporté par les autres races, il ne fait aucun doute que nous serons aussi considérés comme des ennemis par ces créatures. Leur victoire est notre victoire. »

Il baissa le museau sur les traductions de l’ouvrage et effleura délicatement les pages.

« - De plus, nous avons tout intérêt à obtenir une dette par les nouveaux peuples en contribuant dans cette guerre… car en toute objectivité, nous n’avons à l’heure actuelle aucun moyen de gagner seuls contre les Couronnes. Notre race a trop régressée, nous avons trop oublié ! »

Il serra les poings, frustré par sa propre impuissance et le constat cru de leur dégénérescence au fil des générations. Combien il détestait la décision qu’avaient pris leurs ancêtres ! Enfermer leurs problèmes, mettre une cloche dessus et s’en laver les mains. Honteux et humiliés, ils n’avaient au final pensé qu’à leurs orgueils blessés en décidant de faire oublier aux générations futures quels dangers sommeillaient dans les tréfonds de l’archipel.

« - … Autant pour l’altruisme et le vœux de devenir meilleur... »

Grogna-t-il avec amertume alors qu’il se levait pour ranger méticuleusement tout son matériel.

« - Quand on en aura terminé avec les Chimère, nous pourrons leur demander de nous soutenir contre les Couronnes. Et à ce moment seulement nous creuserons la question, Jangali. »

De nouveau calme, il enveloppa le vieux carnet dans plusieurs couches de papiers et de tissus pour le préserver de toute humidité ou dégradation supplémentaire. Il hésita à utiliser l’un des glyphes qui ornaient ses gants ; « Mémoire » permettait de découvrir l’histoire d’un objet avec lequel on entrait en contact, toutefois quelque chose d’aussi ancien… est-ce que cela fonctionnerait ? Et si oui, était-il seulement prêt à en recevoir la connaissance ? Les conditions dans lesquelles ces quelques lignes avaient été écrites : aurait-il la volonté suffisante pour les supporter ? Mentalement et émotionnellement parlant, Purnendu n’en était pas sûr et préféra donc ranger tout cela en sécurité sans aller tirer la queue du smilodon.

« - Je dois encore recouper ces informations avec d’autres légendes. Je me souviens d’une en particulier qui avait lieu sur Vaalaamuk et qui était lié à l’Esprit Cheval… Il doit y en avoir d’autres aussi. Une fois que j’aurais fait le tour, je pourrais envoyer une missive à la Kamda Illidim qui à son tour pourra entrer en contact avec le Dragon de l’Ire. »

Il soupira et observa l’âtre.

« - Que comptes-tu faire après ? En tant qu’Ashuddh… tu as deux îles qui te sont complètement fermées. Je sais que réfléchir n’est pas vraiment ton point fort... »

Taquin, il lui fit un clin d’oeil et retourna s’asseoir à côté de lui. S’appuyant d’une main sur la paillasse, il plongea la truffe dans le creux de son cou et huma son odeur.

« - … mais certainement tu as une petite idée de ce que tu désires, non ? »

Il leva des yeux (faussement) innocent sur lui sans déloger sa truffe de sa gorge et attendit une réponse de sa part.

descriptionPoussière de neige [Purnendu et Jangali] EmptyRe: Poussière de neige [Purnendu et Jangali]

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Le chasseur garda le silence,écoutant attentivement le raisonnement du cendré. Il n'avait pas semblé aussi troublé que lui sur ce baiser accidentel. Se pourrait-il… qu'il n'ait pas oublié ? Non bien sûr que non, Purnendu n'avait pas oublié. Contrairement au gourmet, le guérisseur avait une excellente mémoire. Les nuits fraîches de Néthéril devaient lui revenir comme si elles s'étaient passé la veille. Non, l' Âpre-Cendre jouait avec lui, c'était tout. Car si Jangali n'était pas connu pour être une lumière, on ne pouvait lui enlever son don d'observation. Tout dans l'attitude de son ami lui indiquait que cet "accident" ne le dérangeait pas du tout. Preuve en était qu'il décortiquait scrupuleusement leurs options. Comme toujours, Purnendu mettait toujours la griffe sur les choses les plus importantes. Dans l'immédiat, ils n'avaient pas à se soucier des Couronnes. Leur vengeance ne pourrait pas être exécutée en un claquement de doigts, même pour des êtres aussi puissants.
Se concentrer sur un seul problème à la fois. Oui, cela plaisait beaucoup au chasseur. Quand il ne cuisinait pas, il fallait dire qu'il était plutôt du genre monotâche.

Et quand le cendré évoqua la régression de leur race, il ne put qu'avoir une pensée pour l'armure qui se trouvait dans les tréfonds de son sac. S'il avait tout juste pu comprendre comment l'enlever, elle renfermait bien des secrets. Lui aussi avait pris conscience du gouffre qui séparait les graärh et leur histoire. On pouvait même dire qu'il s'était pris cette vérité en pleine face. Il chassa bien vite cette douloureuse pensée, comme Purnendu chassait sa propre frustration.

L'évocation de son statut d'Ashuddh le fit tiquer, mais seulement parce qu'il n'arrivait toujours pas à s'en remettre. Bien sûr, d'un raisonnement logique, il s'était fait à l'idée, mais son cœur, lui, était meurtri. Toute sa vie durant, il avait agi pour le bien de sa communauté. Et à présent… À présent il était Ashuddh. C'était un fait. Que comptait-il faire ? C'était une très bonne question, à laquelle il n'avait pas trop réfléchis. Après tout, comme il se moquait gentiment de lui, ce n'était pas son fort.

-Je...ne sais pas trop.

C'était vrai. Jangali avait toujours était plus dans l'action que la réflexion. Même dans les situations les plus improbables, il pouvait compter sur son instinct.

-Mais je sais que là, maintenant…

Sans crier gare, il saisit la patte de Purnendu et le fit basculer sur le dos, s'asseyant sur son ventre dans le même mouvement. La Gerridae faisait de lui un poids-plume. On oubliait souvent que le chasseur possédait une grande force.
À califourchon sur sa proie, il glissa ses coussinets dans ceux du Trand et enroula sa queue autour du pompon duveteux.

-...  j'ai envie d'oublier le sort du monde, avec toi, rien qu'un instant.

Ses mires lagons dilatées comme deux puits abyssaux, il se pencha et déposa un baiser, non accidentel cette fois, sur les tendres lèvres de sa boule de poil adorée.
Il portait en lui des mois de tensions, de doutes et d'angoisses qui ne demandaient qu'à être libérés.
Jangali était dévoué à son peuple, prêt à mettre sa vie en jeu pour lui. Mais en cet instant, il avait besoin de ne penser qu'à lui, à son bonheur. Il avait besoin de goûter à ce bonheur pour lequel il se battait. Et n'en déplaise aux Esprits, s'ils voulaient qu'il se donne corps et âme à la protection des graärh, alors son corps et son âme devaient être soignés. Et qui de plus qualifié pour les soigner qu'un guérisseur au doux nom de Purnendu ?

descriptionPoussière de neige [Purnendu et Jangali] EmptyRe: Poussière de neige [Purnendu et Jangali]

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La parfum du soleil, même si loin de Netheril, semblait s’accrocher à la fourrure rase de son ami et ravissait ses sens. Même si Jangali était une véritable pelote d’aiguilles en terme de qualité de fourrure, tant par son héritage sur les terres estivales que le peu d’entretien que le graärh lui accordait, il y avait un charme indéniable dans le tableau d’ensemble. Le fauve tigré était peu ou prou tout ce que lui-même n’était pas : impulsif, entreprenant, prompte au conflit et aux bravades inutiles. Un esprit échauffé dans un corps parfaitement taillé pour ce genre d’exploits. Rêveur, Purnendu continua de laisser sa truffe traîner dans le cou de son compagnon et fut surpris lorsque ce dernier le fit basculer sur le dos. L’espace d’un instant, tout le corps lourd et massif de l’herboriste se tendit en réponse d’une possible agression. Les muscles se transformèrent en marbre vivant, son pelage gonfla et l’éclat fugace de ses -trop- nombreuses canines fut visible. Puis, ce fut à nouveau le calme dans l’esprit et le corps du graärh lorsqu’il comprit les réelles intentions du chasseur.

« - Rien qu’un instant ? On dirait que tu me sous-estimes encore... »

Ronronna-t-il d’une voix basse et brûlante alors qu’il refermait ses mains sur les siennes et frissonnait depuis la nuque jusqu’à la base de sa queue entortillée à la sienne, joueuse et taquine dans ses soubresauts. Il répondit au baiser avec autant de tendresse qu’on lui offrait, mais changea rapidement pour davantage de fougue. Le souvenir des nuits moites et passionnées à Netheril lui revinrent aisément alors que sa langue râpeuse redessinait les contours de son museau, puis de sa gorge, gouttant à son odeur et savourant sa texture rêche. Il laissa ses coussinets vénérer la silhouette du mâle, adora chaque cicatrice et jeu de rayure sur les poils rendus lustrés par ses caresses incessantes. Il vint boire son souffle, ses grondements alors qu’il s’ouvrait et s’offrait à lui sans concession. Il ne se sentait pas menacé dans son étreinte et la savoura durant de longues heures, laissant le feu se réduire à quelques braises indolentes sous un épais tapis de cendre.

Repu autant de corps que d’esprit, Purnendu prépara une collation et pendant qu’elle mijotait sur le coin de l’âtre tiède, il tira un broc d’eau claire pour commencer à rincer sa fourrure de leurs ébats. Le silence était paisible et venait encore à ses oreilles les ronronnades de son amant. Un léger sourire aux babines, il observa la silhouette alanguie parmi les draps et la paille fraîche, mais aussi tenté fut-il de retourner à ses côtés, le graärh s’occupa de finir sa toilette avant d’aller sortir de sa malle sans fond plusieurs nouveaux ouvrages alors qu’il en rangeait presque tout autant au sein des replis insondables de l’objet. Museau à moitié enfouit dans la pile de feuilles et couvertures au bois finement gravé, il hésita quelques secondes avant de finalement venir sortir des livres de cuisines collectés lors de son escale à Calastin et plus particulièrement à Caladon où la richesse multiculturelle des sans-poils offrait un choix presque infini en terme de savoir-faire.

« - Pourquoi ne pas rester les prochains jours ici, au chaud ? Tu as autant de lecture que tu le souhaites et j’ai suffisamment de provisions pour deux. N’hésite pas à étudier, même si je ne doute pas que ton passage au Domaine t’ai déjà beaucoup apporté. »

Lui-même attrapa une épaisse fourrure qu’il serra autour de lui plus pour le confort qu’un réel besoin de chaleur et il s’installa parmi ses ouvrages, reprenant une lecture longuement boudée avec les récents événements. Semblant se souvenir d’un détail, il énonça sans relever toutefois la truffe de sa ligne :

« - Il me faudra juste que tu ailles chasser d’ici quelques lunes. Une traque de plusieurs jours, sur les flancs sud de la montagne devrait te mener aux traces d’un troupeau de bouquetins. Tu n’auras qu’à prendre ma yourte et mon yak pour te déplacer et passer les nuits. Je dois recevoir un ami ainsi qu’un patient, je souhaite le rencontrer seul. Tu seras un amour. »

La forme était courtoise, mais le ton ne souffrait pas de contradictions et Purnendu n’attendait de toute façon pas de réponses. Il tournait déjà la page de son livre du bout des griffes, prenant des notes de l’autre patte. Il saurait se consacrer uniquement à son ami, mais ne mettrait pas en danger le secret d’Ivanyr pour ses jolies moustaches. Les braises crépitèrent longtemps encore, baignant la grotte de leur douce lueur.

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