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descriptionRencontre Transe-continentale [Aldaron et Sa'Hila] EmptyRencontre Transe-continentale [Aldaron et Sa'Hila]

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5 Avril 1763
Palais de Caladon

Enfin. Enfin Sa’Hila parvenait à la première cité humaine de Khokhattaan. Enfin… pas tout à fait. Disons plus... son esprit. Jours après jours, elle était parvenu à se libérer un peu de temps pour méditer et entrer en communion avec les énergies naturelles du monde. Jours après jours, elle avait projeté son esprit dans une transe qu’elle seule en avait le secret. Au milieu de cet interstice, entre le monde physique et immatériel, elle avait voyagé, volé, galopé. Loin, bien plus loin que son île adorée, elle avait senti la caresse du vent sur ses plumes semi-tangibles, senti la poussière se soulever sous ses sabots presque vrais. Oui, petit à petit, elle s’était rapproché de sa destination : la ville humaine marchande de Caladon. Elle ne savait pas exactement quoi y trouver, mais une chose était sûre : elle devait s’y rendre. Et parce que son rôle de cheffe de Légion l’y contraignait, elle avait choisi ce moyen atypique de parvenir à ses fins. Quelle tristesse de penser que jadis, cette faculté lui servait à s’échapper quelques heures, grappillées sur son précieux temps de matriarche. à présent, elle s’en servait pour aller espionner des potentiels ennemis … ou alliés. Sa’Hila secoua son bec. De telles pensées ne devaient pas obscurcir son jugement. Elle avait déjà rencontré des sans-poils qui méritaient qu’on s’y intéresse après tout. Elle ne pouvait décemment pas mettre tout le monde dans le même panier. Si elle voulait que les peaux-lisse les respectent et ne fasse pas ce genre d’amalgame, elle devait montrer l’exemple après tout.

C’est donc sereinement que Sa’Hila-Geai amorça sa descente vers la cité. Le crépuscule nimbait le paysage de ses couleurs ocres, faisant miroiter les centaines, peut-être les milliers même, de maisons. Ces habitations étaient très étranges pour Sa’Hila, qui comme tout graärh, n’avait connu que des demeures rondes. Vus du ciel, les entrelacs de ruelles ne ressemblaient ni plus ni moins qu’à un immense labyrinthe où même un Lièvre s’y perdrait. Mais aussi anarchique et étrangement structuré qu’était la cité, un édifice en particulier attirait l’attention. Plus haut, plus détaillé, plus majestueux. à ne pas s’y tromper, il s’agissait là l’équivalent de la demeure de l’Aaleeshaan. En nettement plus tape-à-l’oeil, fidèlement aux sans-poils évidemment. C’est à l’intérieur qu’elle devait se rendre pour déposer ses phéromones magiques, dans l’optique d’y revenir plus tard. Et pour cela… elle devait trouver un animal que les sans-poils auraient domestiquer. L’occasion se présenta sous la forme d’un chat, faisant nonchalamment sa toilette sur une toiture. Bien plus petit et moins agressif que les chats sauvages de la savane, il fera parfaitement l’affaire. Fondant comme un rapace sur une proie, elle pénétra l’esprit du félin et y prit possession aisément. La domestication et la proximité raciales des deux êtres étaient tout autant de facteurs qui lui assuraient une puissante emprise sur lui. Bien sûr, elle ne l’utiliserait pas pour faire le mal, la spirite du Cheval respectait bien trop le règne animal pour cela. Habitué à l’agilité inhérente au félin, elle entreprit d’explorer les environs du palais, guettant la moindre entrée. Il ne lui fallut pas longtemps pour trouver une fenêtre légèrement entrouverte et s’y faufiler.

C’était comme entrer dans un tout autre univers. L'opulence des lieux n’avait absolument rien à voir avec la simplicité quotidienne des graärh. Dans le soir tombant, nulle âme ne vint croiser le chemin de la petite forme sombre, constitué de poils et d’yeux mordorés. Sa’Hila ne savait plus trop combien de temps elle arriverait à maintenir sa transe, aussi se dépêcha-t-elle de choisir une salle vide pour marquer son relais magique. Par chance, elle tomba sur une impressionnante bibliothèque, où s’empilaient des centaines d’ouvrages. S’agissaient-ils de livres qui avaient survécu à l’Exode ? Ou simplement les humains étaient-il particulièrement productifs ? Tout à sa contemplation, elle ne fit pas attention aux pas derrière elle, dont le riche tapis en absorbait les sons et vibrations…

-Mrawrrrrr !

Ce cri du coeur lui avait échappé sous la forme d’un miaulement indigné, alors que des mains venaient de saisir le petit chat. Sous l’effet de la surprise et de la frayeur, la voyageuse astrale libéra une importante quantité de phéromones, recouvrant une grande partie de l’individu et la section “géographie” de la bibliothèque. Et alors que l’intrus retournait son enveloppe temporaire, Sa’Hila perdi pieds en croisant son regard. Elle ne s’attendait vraiment pas à cela. Un elfe. En soi, rien n’empêchait un elfe d’être chez les humains… mais comme pour la majorité des graärh, il était très inconcevable pour de sortir de son territoire… La surprise était telle qu’elle perdit donc le contrôle et quitta le corps du félin, reprenant sa forme de geai moqueur. Pendant un court instant, le temps de deux battements de coeurs, le volatile, semblable à une apparition spectrale et l’elfe se fixèrent intensément. L’un comme l’autre venait de vivre une expérience particulièrement intrigante et la limite psychique du sort mit fait à ladite situation. Disparaissant comme une fumée de bougie dans le vent, l’esprit de Sa’Hila réintégra son corps, situé à des kilomètres de là…

Assise en tailleur, Sa’Hila rouvrit les yeux. Les volutes d’encens qui l’entouraient, circonvulaient paressesement alors que Bahvika redressait les oreilles et ronronnait de plaisir au retour de sa maîtresse. Encore un petit peu chamboulée par son aventure, la Dompteuse gratouilla la panthère au milieu des oreilles, lui arrachant d’autres ronronnements encore plus puissants. Décidément, elle pourrait toujours compter sur lui pour la protéger durant ses transes. Au moins, pensa-t-elle, elle avait eu le temps de marquer l’endroit. Il eût été dommage d’avoir fait tout ce chemin pour rien...
Dépliant ses jambes, elle s’étira, faisant craquer sa colonne. La transe était peut-être un sort de l’esprit, il n’en demeurait que le corps aussi était mit à contribution dans son inaction. Néanmoins, alors qu’elle allumait tranquillement les torches et chandelles dans sa chambre, elle ne pouvait s’empêcher de penser. Qui était cet elfe ? Allait-il donner l’alarme ? L’avait-il seulement aperçu et considéré comme une menace ? A sa place, elle se serait méfié. Même si d’un côté, il était hautement improbable que les sans-poils aient entendu parler de la faculté de Sa’Hila… Comme beaucoup d’autre choses, et malgré ses désirs d’ouvertures, la culture graärh restait méconnue. Et de cette ignorance mutuelle, se cultivait le cycle de la haine et de la méfiance. Et si parfois elle pouvait être las de mener ce combat, elle continuait tout de même. Pour ses frères et soeurs, pour ses petit-enfant, pour leur offrir un avenir paisible… presque comme avant…

Intrus !

Cette simple pensée, accompagnée d’un grognement et d’une chute de corps firent faire volte-face à la Cheval. Encore une fois Bahvika l’avait protégé. De quoi cette fois-ci ...?

-Par tous les Esprits, mais qu’est-ce que … ?!

Ouvrant des yeux rond sur la scène irréelle devant elle, elle ouvrit la patte et appela son arme. Versatile se matérialisa sous sa forme d’épée et elle mit en joug le nouveau venu, qui d’ailleurs ne devait pas en emmener bien large. Parfaitement entraîné, Bahvika l’avait plaqué au sol, lui maintenant les bras et les jambes sous ses puissantes pattes. Grondant en signe d’avertissement, le familier montrait également les crocs. Le message était on ne peut plus clair : aux moindres mouvements suspects, c’était sa jugulaire qu’il allait déguster.
Sa’Hila quant à elle, réfléchissait à toute allure. Par le Grand Smilodon, mais d’où venait-il ? Comment était-il arrivé ici ? Dans sa chambre, au beau milieu de la Légion ? Les meilleurs spirites de l'île la protégeaient quasi en permanence ! Il lui fallait des réponces.

-Qui es-tu ? Comment es-tu arrivé ici ? Et ne t’avises pas de me mentir, Bahvika se ferait un plaisir de t’arracher la gorge.

Son ton était autoritaire mais également un tantinet inquiet. Par ailleurs… mais ne s’agissait-il pas de l’elfe qu’elle avait vu plus tôt ?! C’était bien la première fois qu’on pénétrait sans autorisation dans sa chambre, son sanctuaire, son lieu de retrait...le seul endroit où elle s’autorisait à être à être nue par ailleurs. Non pas qu’elle était pudique, cette notion n’existait pas chez les graärh, mais cela démontrait parfaitement le caractère sacré du lieu...

descriptionRencontre Transe-continentale [Aldaron et Sa'Hila] EmptyRe: Rencontre Transe-continentale [Aldaron et Sa'Hila]

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    Le chant des oiseaux résonnait à nouveau. Beaucoup disaient que c'était le retour du printemps, les beaux jours s'accompagnant d'un renouveau sublime. Pour Aldaron, c'était tout autre chose, il le savait. Le bourgmestre de Caladon irradiait d'une aura de force et de solidité depuis quelques jours, depuis qu'Ivanyr était rentré de Nyn-Tiamat. L'inséparable, devenu grand-père, avait perçu leur séparation comme un gouffre abyssal, dans lequel il s'enfonçait sans parvenir à saisir les maigres rayons de soleil qui lui parvenaient depuis la béance lointaine. Tout était devenu terne puis gris, quand les jours s'étaient transformés semaines. Le vide se faisait sentir et parfois, il aurait simplement pu claquer la porte de la Cité Libre juste pour rejoindre son aimé. Comme cet esprit-lié pouvait être une bénédiction extraordinaire et un crève cœur à la fois. Il avait erré comme une âme en peine, remplissant machinalement ses devoirs les uns après les autres, tâchant de garder ce sourire, cette force et cette royauté dont il se paraît à merveille. Ivanyr lui avait terriblement manqué, mais maintenant qu'il était ici, les préparatifs de leur mariage battaient leur plein : c'était demain.

    Aussi se chargeait-il de tout mettre en ordre, dans la cité, afin de pouvoir s'absenter le temps des célébrations. L'arrivée prochaine des chimères ne lui rendait pas la tâche facile, mais il avait besoin de cette étincelle de festivité, de ce bonheur, pour traverser les nuages opaques qui nimbaient leur horizon. Il se faisait tard et la majorité des fonctionnaires avait quitté la bâtisse, à l'exception de ceux qui effectuaient le tour de garde. La bougie éclairait sa lecture, portée sur le récit d'un mage au sujet des chimères. La lecture n'était pas très fructueuse, mais tout était bon à prendre pour se préparer comme il se devait face à la menace plus qu'imminente. Les cliquetis des griffes sur le parquet l'avait alerté. Lorsqu'il levait ses mires verdoyantes sur l'intrus, il arqua un sourcil puis se leva, bien décidé à ouvrir une fenêtre et à remettre l'animal à l'extérieur. Le glyphe sur ses bottes étouffait le son de ses bas, si bien que l'animal le l'entendit pas venir et l'elfe put le saisir sous le ventre pour l'orienter vers lui.

    « Tu n'as rien à faire là, toi... » souffla-t-il pour la boule de poils. S'il appréciait la compagnie des animaux, leur place n'était pas dans une bibliothèque. Le chat ferait ses griffes et délaisserait son urine phéromonée ailleurs que sur les couvertures et parchemins entassés là. L'histoire aurait pu s'arrêter sur ce point, en regardant la petite bête droit dans les yeux, mais il devina une présence, fugace. Quelque chose de malaisant, une intelligence qu'on ne trouvait pas d'ordinaire chez les animaux. Il y avait quelque chose de particulier que sa nature elfique distinguait et le geai moqueur vaporeux, éthéré qui émana de l'animal avant de disparaître ne fit que confirmer ses doutes. Il resta un instant à fixer le chat et le pauvre animal le fixer sans bouger ni comprendre. Puis il se dirigea vers la fenêtre et laissa la petite chose sur le bord : elle n'aurait aucun mal à descendre... Et Aldaron était bien trop préoccupé par cet espionnage inopiné pour s'en inquiéter. Il se savait regardé, épié à longueur de journée. Dirigeant le Marché Noir, il se devait d'être très prudent.

    Si sa récente alliance avec les pirates lui octroyait la liberté de ne plus être pourchassé par un assassin, il n'en demeurait pas moins vrai que certains suspectaient l'organisation de la Triade d'être toujours en activité et rêvaient de découvrir ne serait-ce qu'un seul indice pour pouvoir l'affirmer haut et fort sans passer pour un fou. Au fond, cela le chagrinait, autant qu'il savait que son fils biologique, lâchement abandonné avant sa naissance, était un spirite du geai moqueur. Était-ce lui ? Se pourrait-il ? Ou était-ce un fourbe à la solde de qui ? Des Kohans ? D'Irina Faust ? Il ferma le livre de sa lecture et activa l'amulette tour de son cou. L'amure se déploya, comme des centaines d'écailles venant recouvrir ses épaules, par dessus le tabard brodé par son fils, bleu et or, comme les soldats de la ville marchande qui sillonnaient les rues pour maintenir l'ordre. Le cuir de facture elfique chutait sur son torse et ses cuisses comme un léger protecteur. C'était en général bien assez pour un mage et un archer. Le feutonerre sagement rangé sur son apparat ferait une arme suffisante à courte portée, s'il se retrouvait en danger.

    Il s'assit en tailleur, ayant négligemment posé le livre sur ses genoux, et il ne mit pas plus de trois secondes pour se plonger magiquement en transe, suivant un chemin appris un millier de fois. Puis il s'accrocha à l'essence de cette personne qu'il avait très brièvement rencontrée, tirant son accès vers elle, s'accrochant aux fils de la transe et à la puissance de l'artefact Tarenth qu'il portait au doigt. Il perdit son attache avec le monde réel et il s'incarna à Nethéril, aux aguets. Dans la pénombre intimiste de l'endroit, les mires d'émeraude de l'elfe scrutaient le dos de la silhouette féline. Une graärh ? Il ne s'était pas vraiment attendu à cela... Et en vérité, il n'était pas bien certain de connaître assez leurs mœurs pour se permettre une intrusion de la sorte. Purnendu et Achroma avaient beau lui avoir évoqué une partie de cela... Il n'en demeurait pas moins vrai qu'un rapprochement était encore en projet dans le cœur des peuples, sans pour autant être effectif. La réaction de la féline pouvait être  imprévisible, Aldaron ne désira pas tenter sa chance plus que de mesure et s'apprêta à engager la rappel dans son corps d'origine, quand une chose noire lui sauta dessus, sortie des ombres.

    Quelques secondes plus tard, il était au sol, surplombé d'une panthère et mis en joug par une arme, dont il s'apprêtait à se défendre au moins par boucliers magiques... Mais cela n'alla pas plus loin que de le tenir en joug, alors il n'engagea aucune riposte. Sa respiration était terriblement calme pour quelqu'un qui était menacé de mort... Mais probablement était-ce parce qu'il en avait cruellement l'habitude et que la situation lui paraissait d'un calme olympien en comparaison du stress omniprésent qui régnait, autrefois, à Morneflamme. Combien de fois lui avait-on promis le trépas ? Et combien de fois en avait-il finalement échappé ? Elle voulait certainement se donner un air important ou impressionnant et il pouvait le comprendre : il n'aurait, lui-même, pas aimé le moins du monde qu'on s'introduise chez lui de cette manière. Mais n'était-ce pas ce qu'elle avait, elle-même, fait à sa manière ? L'odeur de l'encens le lui confirmait. L'espace exiguë était parfait pour se plonger dans une transe propice au voyage. Les questions tombaient, en langue commune, sur son visage encore marqué par la surprise. Les prunelles à la teinte d'un feuillage printanier croisait l'océan turquoise de son interlocutrice. « De la même manière que vous, il semblerait. A peu de chose près. » répondit-il, grave et perplexe en même temps. Comme s'il avait pu pousser sa réflexion assez loin sans parvenir encore à son terme, par faute de temps.

    Immobile, il préféra ne pas opposer de résistance... Non pas qu'il en craignait les conséquences car il saurait donner, par glyphes ou magie, l'ordre à la panthère de s'écarter docilement ou même d'attaquer sa propre maîtresse : son esprit était puissant, écrasant et l'animal plierait. Mais il n'avait pas envie de gâcher sa chance d'engager une discussion sous de bons hospices lorsqu'ils se présentaient et de comprendre leur rencontre. « J'ai saisi votre essence, votre présence. Et je l'ai suivie, une fois en transe à mon tour. Pour savoir qui vous étiez, et ce que vous faisiez à Caladon. » Il fronça délicatement les sourcils : « Mon fils est un spirite du geai moqueur. » expliqua-t-il, sans aller au bout tant cela était évident. Et cela l'avait conduit, indubitablement, sur une fausse piste. Était-ce stupide de sa part d'avoir espéré qu'il s'agisse d'un signe de Celëborn ? Sûrement un peu.

    Un silence était retombé, sans qu'il ne quitte l'inconnue du regard, perçant de sa prestance la méfiance qu'elle lui dédiait. « Tu parles la langue commune. » reprit-il... Lui-même en dialecte graärh. Purnendu et Ivanyr lui avaient enseigné, sa capacité d'apprentissage et les glyphes faisaient le reste. Ce n'étaient que les sons qui sortaient de sa bouche. Il était bien incapable de feuler, de ronronner ou de dresser son pelage sur sa peau, mais cela y ressemblait assez fidèlement, comme une langue parlé avec un accent. Et si elle parlait la langue commune, preuve de sa volonté à comprendre les peuples arrivés sur l'archipel, Aldaron lui démontrait avoir entamé une démarche similaire et inversée. « Tu dois être une personne curieuse. » Cela expliquait pourquoi elle s'était retrouvée dans la bibliothèque. Et pourquoi il était ici. « Mais je peux me tromper... Et partir. » Il lui confirmait pouvoir disparaître, aussi vite qu'il était venu. La laisser ainsi tranquille, en paix, si c'était ce qu'elle désirait.

    Après un silence, il tâcha de répondre à l'autre question de la féline : « Je m'appelle Aldaron et je dirige la cité que tu es venue visiter. Je ne veux pas te faire du mal, qui que tu sois. » Son regard tomba sur l'épée et le fauve qui le surplombait en grondant : « Si je reste, puis-je espérer la même bienveillance de ta part ? » Et être ainsi un peu plus libre de ses mouvements. Il ne comptait pas se taper la causette ainsi allongé au sol. Il voulait bien montrer patte blanche, mais il finirait par se lasser de la position.

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Toutes oreilles tendues, Sa’Hila écoutait confusément les explications de son visiteur inattendu. Alors il  était venu par une transe lui aussi ? C’était… surprenant et logique à la fois. A bien y penser, il n’y avait pas d’autre moyen de parvenir jusqu’ici. Mais alors, cela voudrait dire qu’il y existait d’autre moyens de se projeter de cette façon ? L’elfe présent avait l’air bien trop tangible et surtout pouvait communiquer, comme s’il s’était dédoublé. Aucun doute qu’une téléportation n’était pas envisageable non plus, la quantité d’énergie était colossale, surtout pour une destination inconnue et aussi hostile que le centre même de la Légion. Il s’agissait bien d’une autre forme de voyage astrale totalement différente de la sienne.

Comme il l’avait souligné, en graärh qui plus est, Sa’Hila était curieuse. Curieuse mais pas au point de faire aveuglément confiance au premier sans-poil venu dans sa chambre. Son attitude était calme au possible. Soit il était vraiment curieux et venait en paix, chercher un contact qu’elle-même avait recherché, soit, il était un assassin parfaitement maître de lui et cherchait à baisser sa garde… Mais quand bien même, elle avait envie de le croire. C’était peut-être naïf de sa part, mais il était un elfe. De tout les sans-poils, c’était eux qui avaient le plus grand respect de la nature et des graärh après tout. Sa seule référence pour le moment restait Khelvehan… qui était un parangon de respect et d’honneur. Et puis par les tâches de la Coccinelle, se pourrait-il qu’elle ait autant de chance de tomber exactement sur celui qu’elle cherchait ? C’était trop beau. Elle se devait de vérifier. S’il s'avérait qu’il s’agissait effectivement du fameux bourgmestre, alors ils pourraient tous deux rire de cette situation totalement incongrue.

-Je te crois assez intelligent pour comprendre que notre situation actuelle ne me laisse pas le loisir de te croire sur parole, surtout pour moi, la Kamda Aaleeshaan de cette île. Mais je suis magnanime, et vais te laisser l’occasion de prouver qui tu es. Alors seulement je rappellerai Bahvika. Si tu es réellement celui qui dirige la citée des hommes, tu dois être au courant pour les Couronnes de Cendres. Un graärh de ma Légion a déserté pour aller prévenir vos cités. Parles moi de lui.

Elle n’aurait jamais pensé que cet idiot de cuisinier pourrait un jour lui servir maintenant qu’il était Ashuddh. Par tous les Esprits, elle rêvait du jour où elle ne devrait plus se méfier de tout le monde… C’était épuisant et une sacré perte de temps… Hélas, était-ce seulement une utopie dans laquelle la femelle se berçait de douces illusions ? Seul l’avenir lui dira.

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    Kamda Aaleeshaan ? A ce titre les yeux de l'elfe grossirent de surprise. S'il s'attendait à cela ! La dirigeante de la légion Graärh ! Celle de Néthéril s'il en jugeait correctement par la chaude température et le poil court de la féline. Purnendu, en comparaison, était bien plus garni. La réaction de son interlocutrice n'était pas très étonnante : un inconnu étranger infiltré pile poil au beau milieu de la légion, sous la tente de la personne la plus importante hiérarchiquement.... Pour la diplomatie, on repasserait... Mais Aldaron était un marchand avant d'être un politicien. S'il s'essayait à la diplomatie, ça n'était pas forcément son fort et il y avait quelques loupés : il n'avait pas toujours était l'homme calme et patient qu'il montrait aux yeux de tous.

    A la demande qu'elle formulait, il acquiesça doucement de la tête en confirmation de sa coopération : « Il s'appelle Jangali. Environ deux mètres de haut, pelage sombre et des yeux bleus. » Il eut un sourire en coin lorsqu'il ajouta : « Un début de bedaine, il me semble. » Pour un gourmet, était-ce étonnant ? Les préparateurs de repas étaient souvent de fervents goutteurs et des adeptes de bons petits plats par milliers. « Je ne l'ai pas vu très longtemps. J'étais en chemin pour l'île que vous nommez Paadshail quand j'ai reçu un message magique me réclamant de toute urgence auprès de Tryghild, la dirigeante de la cité de Délimar. J'ai usé du même sort que présentement pour me joindre à eux et apprendre que Rog, de la légion de cendres, avait été... libéré de son mausolée. Les dégâts qu'il a causé sont inquiétants et m'ont laissé présager le pire sur ce qui se tramait dans la forêt de Paadshail. Je ne sais pas si je dois me réjouir ou non qu'il ne s'agisse pas d'événements liés. »

    La Licorne lui avait causé bien du mal et en causerait encore beaucoup sur Nyn-Tiamat. Les transes et sommeils étaient d'ores et déjà perturbés de cauchemars et le phénomène prenait de plus en plus d'ampleur : « L'un de mes fils est revenu d'une expédition sur Upajaoo. Nos ennemis les chimères ont réveillé un autre graärh à la puissance titanesque, prisonnier sur cette île. Ventripotent et doté d'un souffle qui a plongé la cité elfique sous une tempête de sable toute une semaine. » L'information lui était communiquée en preuve de sa bonne foi, promesse de vouloir échanger avec elle sur ce danger qui se profilait à l’horizon, derrière le mur fatal que représentait l'armada des chimères en approche. « Jangali a parlé d'un portail sur Néthéril, mon fils m'en signalé un second sur Upajoo et un troisième s'est ouvert, en Paadshail à la fin du mois dernier, relié à celui de Néthéril. Cela laisse à penser qu'il en existe un quatrième sur Khokhattaan... Ou même plus précisément, sous Khokhattaan. Un tremblement de terre en novembre a révélé l’existence d'une terre creuse gardée par d'immense golems. Des golems qui répétaient un ordre gravé dans leur cœur : ''Suraksha karen shahar … Suraksha karen graärh … Sakraman … Khatara''... La légion d'or, la légion de cendres. Vous en savez probablement plus que moi sur le sujet. Vos légendes se révèlent historiques et l'une d'elle, celle du baôli, pourrait bien être, pour nous, l'ultime espoir pour éradiquer les chimères. »

    Il se tut finalement, laissant les secondes s’égrener après tant de mots annonciateurs. « Cela fait beaucoup trop d'informations dans la tête d'un simple assassin, vous ne trouvez pas ? » demanda-t-il, un sourire en coin devant l'aberration de l'idée. Il ne faisait que prouver tant son statut que sa volonté sincère d'échanger avec elle. S'il survivaient aux chimères, les graärhs seraient la clé pour comprendre ce qui se tramait avec ces portails et ces graärhs surpuissants. « Je ne vous veux aucun mal. Je suis honoré de vous rencontrer Kamda Aaleeshaan. » conclut-il.

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Sa’Hila écoutait très attentivement, ses pattes fermement agrippées à son arme. Les yeux plissés, elle observait avec attention le visage de l’elfe, guettant le moindre signe de mensonges. Mais elle n’eut pas longtemps besoin de telles précautions. Indéniablement, il avait rencontré le Gourmet. Bon, ce n’était pas très flatteur pour lui, mais rien d’étonnant pour un lié Vache finalement. Et puis, finalement, il conta ce qu’il savait sur les Couronnes. C’était bien trop pour un simple assassin il est vrai… Tout son corps se détendit, toujours à l'exception de sa queue qui n’en faisait qu’à sa tête, et elle relâcha la pression sur son arme. Elle lui fit d’ailleurs reprendre sa forme de lance et la déposa magiquement à côté de son armure. Elle soupira de soulagement et d’une certaine lassitude.

-Bahvika, c’est bon, tu peux le laisser.

Le félin s’exécuta, reculant lentement tout en gardant un oeil sur l’elfe. Il n’aimait pas que l’on s’approche de sa maîtresse ! Cette jalousie tira un sourire à la dompteuse et elle tendit sa patte à Aldaron pour l’aider à se relever.

-L’honneur est pour moi… Bourgmestre, dit-elle en se rappelant du titre de son invité impromptu. En réalité, je te cherchais. Enfin, je faisais du repérage tout du moins. Vois-tu, ma capacité à voyager est assez limitée. C’est bien la première fois que je vais plus loin que mon île à vrai dire.

S’il désirait en savoir plus sur sa transe féline, elle lui demanderait en retour les spécificités de sa propre projection. C’était bien la première fois qu’elle voyait ce type de magie après tout. Elle demeura un instant, semblant réfléchir puis repris.

-Comme ce n’est pas une visite réellement officielle, je te propose de te mettre à l’aise. J’aimerai également te proposer d’abandonner les rigueurs de protocole. Nous ne somme que tous les deux après tout. Pardon, tous les trois, ajouta-t-elle quand Bahvika lui rappela qu’il était là lui aussi.

Il connaissait le graärh, il devait connaître également leurs manières plus directes également ? Et puis, il n’étaient pas en visite officielle, auquelle cas ses soeurs seraient présentes. D’ailleurs, elle pensait déjà au sermon qu’elle se prendrait de la part de ses protectrices. Une telle imprudence ne convenait pas à la Kamda Aaleeshaan, tout ça … Un sourire en coin étira sa babine. Elle ne connaissait que trop bien ses soeurs de portée…

Pendant qu’elle finissait d’allumer toute les torches pour apporter plus d’éclairage pour l’efe, elle lui laissa le soin de trouver un endroit qu’il lui conviendrait. Sa chambre était aussi grande que le rez-de-chaussée, très spacieuse, surtout pour une seule personne. Des peintures et tentures recouvraient les murs de scènes représentant les Esprits. Dans un coin -si le terme de coin pouvait s’appliquer à une chambre ronde- se trouvait une petite penderie et un miroir sur pied. Non loin se trouvaient son armure et sa lance, posés sur un mannequin et un râtelier. Près d’une fenêtre, un amoncellement de coussins rembourrés et extrêmement doux constituait son lieu de relaxation. Ses différents tambours et autres percussions se trouvaient d’ailleurs juste à côté. Non loin, pendait son hamac, dans lequel elle dormait. Enfin, au milieu de la pièce, se dressait une échelle menant à une trappe au plafond, ouvrant sur le deuxième étage de sa demeure, l’observatoire.

Les lumières allumées, elle reporta son attention sur lui.

-Tu parles assez bien le graärh. Tu dois être aussi curieux que moi pour avoir appris notre langue, qui n’est pas la plus simple pour vous. Qui te l’a appris ? Un graärh libre ou un graärh enchaîné ?

Même si elle restait ouverte et affable, elle n’en demeurait pas moins alerte sur la situation des graärh chez les sans-poils. Ce petit tacle lui permettait de connaître la position d’Aldaron sur la question de l’esclavage finalement. Puis elle reprit, ayant remis la griffe sur un point qu’il avait évoqué.

-Mais au fait, tu es venu -ou projeté ?- ici parce que tu pensais qu’il s’agissait de ton fils ? J’espère que tu n’es pas trop déçu d’être tombé sur le mauvais Geai Moqueur… Tu veux en parler ? Je pourrais peut-être t’aider à le retrouver ? Vois cela comme une façon de me racheter pour t’avoir mis en danger.

Sa’Hila de par son histoire avec Nirmala, comprenait le désir de son invité de retrouver son enfant. à l’inverse de la majorité des graärh, elle avait tant désiré élever sa fille… Et puis, si son enfant était un Geai Moqueur et qu’il se trouvait sur cette île, il ne lui faudrait pas longtemps pour le retrouver.

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    La panthère noire se retira à l'ordre de sa maîtresse libérant un elfe qui s'en trouvait plus disposé à agir à sa guise. Attrapant la patte tendue, Aldaron se remit sur pieds et lissa instinctivement ses vêtements pour leur redonner une forme plus présentable. Non pas qu'il soit particulièrement attaché à son apparence, mais cela faisait plus partie de ses habitudes et de son éducation. Et puis, pendant les trois années passées à Morneflamme, il n'avait pas eu ce luxe qu'on appelait 'dignité', aussi la savourait-il à sa très juste valeur aujourd'hui, sans excès ni manque. Ses mires verdoyantes se posaient sur la féline dont il n'avait pas manqué que remarquer la grande taille : elle devait bien le dépasser d'un quart de mètre et s'il n'en était pas bien certain avant, car il était difficile d'apprécier les hauteurs, allongé, il en était à présent assuré. Son pelage brun était moucheté d'or et si d'ordinaire, il retrouvait aisément une similitude entre la fourrure d'un graärh et celle d'un chat ou d'un autre félin, il devait bien avouer que ces teintes-là étaient assez uniques en leur genre et devait faire la fierté de l'Aaleeshaan.

    Il avait toujours été impressionné et curieux de la physionomie des graärhs, tout simplement parce qu'ils étaient à mi chemin entre l'homme et le félin. Leur corps était nerveux et élancé mais leurs membres avaient pris des longueurs plus adaptées à la bipédie qu'à la quadrupédie. S'il avait pu constaté chez Purnendu ou encore chez Jangali que ces êtres étaient dotés d'une forte carrure, les femelles de leurs espèces étaient toutes aussi grandes. A cela il voyait quelque chose comme cette hérédité titanesque qu'on retrouvait chez les glacernois et les glacernoises. L'elfe acquiesça d'un signe de tête entendu lorsqu'on lui proposa d'abandonner les protocoles et ce ne fut que lorsqu'on l'invita à se mettre à l'aise que son regard d'émeraude se détacha de la Kamda Aaleeshaan pour découvrir l'antre dans laquelle il s'était introduit irrespectueusement. On était loin des dorures et des immenses œuvres d'art dont se parait Gloria et les Rois Kohans, ou encore la richesse prétentieuse et naturelle du palais elfique. Tout ici était épuré, presque pauvre et pourrait faire passer la simplicité de son propre manoir comme un excès de zèle.

    Son attention s'attarda sur les tentures représentant les esprits-liés, jouant mentalement au jeu de la chasse aux siens tandis que Sa'hila s'occupait d'éclairer les lieux, comme pour rendre son jeu plus facile. Il suivait les lignes animales, dont les couleurs avaient fort caractères jusqu'à s'arrêter deux oiseaux aux teintes allant du vert au rouge qui voulaient en un cercle parfait, symbiotique et équilibré. Il quitta sa trouvaille des yeux lorsque l'Aaleeshaan s'adressa de nouveau à lui. La question était habilement posée dans sa simplicité légitime. Lui aussi, il n'aurait pas aimé qu'on maltraite son peuple. Il ne pouvait qu'être aussi désolé qu'impuissant. Il n'eut néanmoins pas le temps de s’appesantir sur une réponse qu'elle l'interrogeait sur son fils. Il lui rendit un sourire à la fois triste et reconnaissant : « C'est aimable à toi. Je n'ai néanmoins pas perdu mon fils. C'est plutôt... C'est plutôt moi qui me suis perdu. »

    Il prit le parti de s'asseoir sur l'un des coussins amoncelés dans une partie de la chambre. « Je crois savoir que dans votre culture, il n'est pas coutume de fonder une famille et de s'élever ses enfants. Mais chez les elfes, c'était comme un devoir sacré, tu vois ? Nous ne mettons que très rarement au monde des enfants. Nombre d'entre nous ne pouvions espérer qu'un unique amour et un unique enfant. J'ai eu le mien trop jeune. Je n'avais aucune maturité, rien à lui apprendre d'autre que mon idiotie adolescente, je suis parti. Je sais toujours où il est. Je sais qu'il est auprès des siens. Je sais aussi que son enfant, Elothil est au Domaine, sous la protection de son Gardien et grand-père, Kehlvehan. Je n'ai pas vraiment besoin de les trouver, j'attends... J'attends qu'il me fasse signe. Qu'il me dise qu'il est prêt pour... » L'affronter ? Renouer ? Il n'en savait rien, il secoua la tête désolé : « Tu as des enfants Kamda Aaleeshaan ? En as-tu élevé qui n'étaient pas les tiens ? » demanda-t-il, alors curieux qu'elle se soit arrêté là dessus plutôt que sur les sombres horreurs couvertes de cendres qui émergeaient dans leur monde avec le désir, probable, de le détruire.

    « Quant à la langue graärh... C'est d'avantage un vampire qui me l'a appris. » Elle ne s'était vraisemblablement pas attendu à cela, mais c'était Ivanyr qui l'avait perfectionné, l'ayant lui-même appris après de Purnendu. « Mon Inséparable. » souffla-t-il alors que son regard coulait brièvement sur la représentation teinte de l'esprit-lié, avant de revenir sur Sa'Hila. « Mais j'ai commencé mon apprentissage avec Purnendu, un graärh de la légion Vat’Em’Medonis. » Il passa volontairement sous silence sa qualité d'Ashuddh « Il s'agissait d'un graärh libre à qui j'ai offert la citoyenneté Caladonienne pour qu'il le reste. C'est comme... Le prendre dans ma tribu si tu veux... Et le protéger, afin qu'il ne finisse pas sur le marché des esclaves. » Un marché des esclaves qu'il servait indirectement depuis qu'il avait accepté de reconnaître Nathaniel comme Roi de la Confrérie. « Je suppose que c'est cela que tu crains. La Confrérie n'a pas du être tendre avec vous qui êtes sur Néthéril. Leurs Capitaines se vantent de vous tenir en respect... Mais tu es venue à Caladon. Et tu voulais me trouver. Je suppose que tu espérais trouver des alliés ? » Et elle parlait au Capitaine des Contrebandiers, n'était-ce pas ironique ? « Ou n'étais-tu poussé que par ta curiosité ? Que cherchais-tu à savoir sur mon peuple ? Que voulais-tu découvrir ? » La question était ouverte et à l'écoute.

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Fascinant. Oui, du point de vue de Sa’Hila, les Sans-Poils étaient tout simplement fascinants. Avec eux, elle redécouvrait la joie d’observer une nouvelle espèce. Leurs comportements étaient tellement imprévisibles et nuancés ! Même si elle adorait et respectait son peuple, elle devait avouer que les graärh étaient quand même très prévisibles. Elle connaissait leur mode de fonctionnement sur le bout des griffes, c’était d’ailleurs pour ça qu’elle avait été choisi comme Aaleeshaan. Mais les Ambahruniens… il lui faudrait bien toute une vie pour parvenir à les comprendre. Leur conception de la vie était si… particulière. Mais foi de Cheval, elle jurait d’y parvenir un jour !

-Oui, j’ai déjà eu une fem...fille. Et même si ce n’est pas dans nos coutumes, j’aime volontier donner un coup de patte à l’éducation des petits graärhon.

Pour les habitués aux intonations graärh, elle avait dit cela avec une certaine amertume. Son histoire avec Nirmala avait laissé quelques séquelles à la cheffe. Quelle ironie que l’elfe vivait avec les regrets d’avoir abandonné son enfant alors qu’elle, vivait avec le regret de ne pas avoir pu élever le sien ? Mais dans son malheur, elle avait eu la possibilité de se rapprocher de Nirmala en devenant Kamda Aaleeshaan, alors qu’Aldaron…. avait dû en baver avec le parangon de sagesse qu’était le Gardien. Elle imaginait très bien la droiture de Kehlvehan entrer en conflit avec l’attitude déshonnorante de celui qui lui faisait face. Cependant, elle ne le jugea aucunement. Jamais elle ne pourrait se mettre à sa place, ce n’était pas sa culture après tout. Et même si elle appréciait cette soudaine confession honnête, elle ne se sentait pas de s’épancher sur ses propres blessures. Ils n’étaient pas si proches tout de même.

Puis la suite la laissa franchement perplexe. Un vampire avec un elfe ? Les voies des Inséparables étaient bien tortueuses parfois. Et ce Purnendu… ce nom lui disait quelque chose. Elle n’arrivait pas à mettre la griffe dessus. En tout cas elle le remerciait silencieusement, grâce à lui, ils avaient pu commencer leur discussion sur de bonnes bases…

-Nous tenir en respect ? Humpf, les pirates ne méritent aucun respect. Ils sont bien naïfs de croire que parce qu’ils nous ont pris par surprise, cela fait d’eux des adversaires honorables. Ils ne doivent leur victoire qu’à leur maîtrise de la navigation et qu’ils sont bien trop lâches pour venir nous affronter sur la terre ferme. Ils ne doivent leur victoires que par l’effet de surprise.

Parler des pirates gonflait toujours son poil de colère et les mouvements de sa queue se faisaient plus brutaux également. C’était une véritable épine dans le coussinet qu’elle avait grande hâte d’arracher. Même Bahvika avait grogné, très sensible aux émotions de sa maîtresse. Consciente de cela, elle inspira, s’intimant de faire le calme dans ses pensées. Il y avait peu de sujet qui la mettait hors d’elle et quand bien même cela lui arrivait, elle était une créature douée de conscience et maitriser sa colère la différenciait du reste du règne animal après tout. S’installant nonchalament dans son hamac, elle reprit le questionnement d’Aldaron.

-Et tu as vu juste. En tant que Kamda Aakeeshaan, il m’incombe de trouver des solutions aux problèmes de mon peuple. Hélas, tu imagines bien qu’après des générations de paix durable, je suis un peu démunie face à cette situation. La solution la plus simple serait de vous rejeter en bloc, comme le fait très bien Vat’Em’Medoris d’ailleurs. Mais je me refuse à de telles extrémités, ce n’est pas ma vision du monde. Les Esprits nous ont doté de conscience, nous différenciant des autres animaux, ce n’est pas pour que nous nous battions constamment…

Encore une fois, elle soupira. Peut être était-elle trop idéaliste pour son propre bien mais que pouvait-elle y faire après tout ? C’était ses convictions qui l’avaient mené où elle en était, elle ne s’en débarasserait pas aussi facilement…

-Alors oui, cela m’arrangerait que nous soyons alliés. Entre votre fléau et le mien, j’ose espérer que nous ferons front commun, sans risque de me prendre un couteau dans le dos… et peut-être que si nous survivons, vous comprendrez que ne nous sommes pas de vulgaires animaux.

Bien sûr elle ne le visait pas lui directement, il avait déjà prouvé sa volonté de respecter les graärh. Mais plutôt tous ceux qui cautionnaient l’esclavage.

-Je me demande toujours comment fonctionne votre système social. N’es-tu donc pas le chef de ta cité ? Et d’ailleurs, maintenant que j’y pense… comment un elfe a-t-il bien pu se retrouver à la tête d’une ville humaine ? Si je me souviens bien, les tiens vivent sur Upajoo non ?

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    Un fin sourire avait craqué son visage paisible à l'entame du mort 'femelle' bien vite corrigé. Le paradoxe était grand, par instant : les Graärh étaient les premier à récrier qu'on les compare à des animaux, mais il fallait bien avouer que leur allure, leur comportement et même leurs mots eux-même les assimilaient ni plus ni moins à des animaux. Aldaron n'en remettait pas en cause leur conscience bien plus éveillée, mais il ne blâmerait pas ces hères qui faisaient l'amalgame trop facilement, en un coup d’œil. Ainsi donc avait-elle eu une file unique, comme lui n'avait jamais porté à naissance qu'un unique enfant. Elle évoquait l'éducation des graärhon là où l'éducation de sa fille semblait être passé à la trappe. Craignant de marcher sur des œufs, il n'osa pas aller plus loin. La mortalité infantile chez ce peuple indigène n'avait d'égale que leur haute fécondité venue pour compenser les pertes. Qui sait ? Peut-être que Sa'Hila avait perdu précocement sa fille, auquel cas, il valait mieux ne pas remuer le couteau dans la plaie. La dernière fois qu'il avait fait cela, c'était avec Kehlvehan. Le Bourgmestre et le Gardien avaient fini ivres dans le jardin de sa résidence à planter du persil. Glorieux.

    Il échappa à ce second tour. A n'en pas doter les pirates l'agaçaient. Son regard d'émeraude se posa sur la queue parcourue de tics nerveux quelques secondes, intrigué, avant de revenir sur la Kamda Aaleeshaan. Elle était en colère, il serait dans un état similaire s'il arrivait quelque chose de tel aux siens. Ce qu'elle reprochait aux pirates avaient quelque chose de légitime. Peut-être apprendrait-elle un jour qu'elle était en train de parler aux Capitaine des Contrebandiers. Les pirates étaient des personnes fourbes qui agissaient par ruse. S'il savait qu'il n'était pas aussi extrême qu'un gredin, il savait aussi que son éthique n'était pas composée que d'amour de son prochain. Il était entre l'ordre et le chaos, dans un équilibre sur lequel il jouait en posant des pièces de chaque côté de la balance. Il avait mit Nathaniel en garde contre les graärh, l'invitant ne pas les prendre à la légère et quoiqu'il adviendrait de cette guerre, les Graärh auraient la satisfaction de ne pas avoir été pris à la légère, assurément. Aldaron était un adepte de l'équilibre : s'il avait donné des pistes au maître du chaos, il en donnerait aussi aux graärh en les conduisant vers les meilleures forces qu'ils puissent trouver.

    Les graärhs de Nyn-Tiamat avaient montré les crocs et les vampires de Faust s'étaient retranché à Nevrast. Qu'adviendrait-il des pirates si les graärh de Nethéril leur offraient un pareil traitement ? Il doutait que Sa'Hila se montre clémente. Il doutait aussi que Nathaniel se montre aussi docile et stupide que Faust. Il y avait quelqu'un de trop sur cette île. L'elfe avait acquiescé d'un signe de tête songeur avant de s'intéresser aux questions qu'on lui adressait. Assez fluidement, il répondait : « Comme je te le disais, je suis parti. J'ai quitté mon peuple. J'ai vécu quatre siècles auprès des humains. Ils sont devenus mon peuple en quelques sortes. C'est pour cela que je ne vis pas sur Upajoo. Caladon est une cité économique. Sa richesse est basée sur le commerce et je suis probablement le marchand le plus doué de tout l'archipel. Je ne dis pas cela pour me vanter, je dis cela parce que les deux seuls capables de rivaliser sur ce terrain avec moi ne sont plus en vie. »

    Son torse se souleva d'un soupir. Son frère et sa sœur de cœur n'étaient plus, la Triade était tombée et s'il était le meilleur, c'était tristement parce qu'il était le dernier. Il chassa la tristesse avant qu'elle ne pointe le bout de son nez : « C'est pour cela que j'ai été élu par les Caladoniens et parce que... Parce que j'ai toujours mis l'or au service de causes que j'estimais justes. » Pas pour son propre profit. Il vivait confortablement, c'était certain. Mais il ne vivait pas dans le luxe ostentatoire à outrance. Il se moquait bien d'en même plein la vue. Dans sa main, une pièce d'or était apparue, une vraie, dorée, ronde et large d'environ 8 centimètres et frappée du sceau de la Cité Libre. Il la tendait à Sa'Hila : « Tiens. Cela représente une bonne somme chez nous. Je sais que vous n'accordez pas de grande importance à l'or et la richesse mais à Caladon, cela pourrait t'ouvrir des portes que tu ne soupçonnerais même pas. Et à te sortir de l'embarras aussi. Pour acheter le silence de quelqu'un... Ou son aide. Ici, je crois que vous faites plutôt appel au sens de l'honneur... A Caladon, tu auras une chance sur deux que cela ne fonctionne pas... En revanche l'or... »

    Il haussa les épaules. Il n'y avait pas un système meilleur que l'autre. Ils étaient simplement différents. « J'ai toujours mis l'or au service de causes que j'estimais justes. » répéta-t-il doucement en laissant l'épaisse pièce d'or dans la patte de Sa'Hila. Qui sait ce qu'elle pourrait faire avec ? Payer d'excellents mercenaires à Caladon ? S'offrir les armes des forges qui ne laissent que trop de le choix ? Payer un bateau pour fuir de Netheril en urgence avec tous les siens ? Libérer un esclave Graärh en l'achetant ? Ou même s'offrir sa propre liberté s'il lui arrivait malheur ? L'avenir était si incertain et l'arrivée des chimères en était le témoignage le plus marquant. « Je ne vais pas rester longtemps, Kamda Aaleeshan. Ce sort est coûteux en énergie, plus encore lorsqu'on transporte des objets physiques. » Il porta son regard sur la pièce d'or : « Néanmoins, je voudrais te donner un conseil : si tu veux des alliés, ce ne sera, hélas, pas à Caladon que tu les trouveras. Pas dans cette guerre du moins. La piraterie n'est pas illégale, dans ma cité, les lois sont ainsi faites, je ne les ai pas choisies... Et je ne peux pas les changer. Tout ce qui s’achète ou se vend, a sa place à Caladon. Néanmoins... »

    Il avait l'impression d'être un vieux sage donnant une quête à un aventurier pour qu'il devienne un héros. Prendre de l'âge ne le réussissait pas... Mais c'était encore ce qu'il avait de mieux à fait : « Va plus à l'ouest de Calastin et tu trouveras la Cité de Délimar. Là-bas les pirates sont pendus haut et court. M'est d'avis que tu devrais y trouver des alliés à ta hauteur... » Fit-il en levant la tête : elle était grande, mais lorsqu'elle rencontrerait les montagnes qu'était les glacernois, peut-être comprendrait-elle son jeu de mot : « … Et d'une loyauté sur laquelle tu pourras compter. Je peux te l'assurer. »

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400 ans ? Bien comme souvent, Sa’Hila fut surprise du nombre. La longétivité des elfes, et par extension celle des vampires, était une notion assez difficile à concevoir pour les graärh. Les seuls peut-être à pouvoir se targuer d’avoir autant de saisons, étaient sans doute les Couronnes de Cendres. Mais dans ce cas précis, ce n’était sans doute pas une bonne chose… En fait, c’était plutôt une preuve de plus que les graärh n’étaient pas faits pour une vie d’immortalité.

Mais plus encore qu’un nombre exorbitant, ces quatre siècles indiquaient qu’Aldaron était bien plus Humain qu’Elfe. Cette simple nuance ajoutait un contraste étonnant à sa personne. Pour Sa’Hila, à qui le Cheval avait ouvert son esprit au reste des êtres vivants, c’était tout à fait fascinant. Si elle s’était déjà fait la réflexion que les Sans-Poils étaient un sujet d’étude passionant dans leur diversité.
Ils étaient capables du meilleur… comme du pire.

Et la suite n’était pas là pour lui donner tort. Accuillant la pièce de métal dans le creux de son coussinet, elle en observa les moindre aspérités. Ainsi donc, c’était donc par cela que jurait les humains ? Certes, c’était un bel objet, l’or ayant toujours était un métal apprécié par les graärh, mais son intérêt s’arrêtait là. Tournant et retournant la pièce, elle ne lui trouvait rien d’exceptionnel. Non, visiblement, son utilité lui échappait totalemment. Ô bien sûr, elle savait qu’il servait à une certaine forme de troc particulièrement alambiqué, mais elle n’était pas une Saumon pour en apprécier toute les subtilités. D’ailleurs, un instant, elle se demandait même si les très rares liés Saumons de la Légion seraient à même d’apprécier ce système. Mais immédiatement, l’idée même d’introduire le concept de monnaie ambharunienne dans son peuple la fit grincer des dents. Bien de leurs récits de guerre et de trahison tournaient autour de la possession et l’appât de richesse. En tant que cheffe de Légion, pouvait-elle vraiment laisser une telle tentation entrer dans leur coutumes, alors que la personnification même du péché d’orgueil du peuple graärh s’était réveillé ?

Fort heureusement, cette conversation était resté dans le cadre informel, et la dompteuse aurait tout le temps qu’il lui faudrait pour répondre à cette problématique… plus tard. Pour l’heure, elle se contenta de confier la pièce à Bahvika, qui ne l’avait pas lâcher de ses yeux dilattés. La panthère était vieille, bien dressée et plus intelligente que ceux de son espèce, elle n’en demeurait pas moins un gros félin à l’attrait pour les choses brillantes bien vivace.

Malgré son explication tendant à confirmer l’incompatibilité de mode de vie graärh et peaux-lisse, elle accepta néanmoins le cadeau avec un ronronnement respectueux. Elle ne savait absolument pas à quoi cette pièce servirait, aussi pour le moment, elle l’acceptait en temps que cadeau symbolique.

Il eût été mal venu de refuser un tel présent, surtout s’il lui avait couté tant d’énergie pour le lui offrir après tout. D’ailleurs, cette précision réveilla sa curiosité quant à cette capacité de voyager d’un bout à l’autre de l’Archipel. Mais même si elle mourrait d’envie de le questionner, elle garda néanmoins ses questions pour elle. Les précisions sur le fonctionnement de sa cité étaient plus importantes que sa propre curiosité.

Et encore une fois, elle se réjouit qu’aucun autre graärh n’eût été présent. Si ses oreilles se couchèrent de mécontentement à ces propos, elle savait ses frères et soeurs moins modérés. Pour les eux, ce laxisme dans la chaîne de commandement était une preuve de faiblesse et aurait été très fortement critiqué…

-Je te remercie pour ces précieux conseils. Je saurais en faire bon usage. Et si jamais nous survivons tout deux à vos Chimères, je t’invite à revenir me voir quand tu veux… enfin, quand je suis habillée serait préférable.

Elle avait cela sur un ton mi-sérieux, mi-amusée. Sa nudité ne la dérangeait pas bien sûr, mais l’autre ne le savait peut-être pas et laisser planer le doute amusait beaucoup la femelle.

-Et peut être pourront nous parler plus longtemps de nos facultés repectives si tu le désires. Jusqu’à présent, j’étais la seule sur cet Archipel à voyager de la sorte.

Et finalement comme anoncé, Aldaron disparut. Et si Bahvika n’était pas encore en train de jouer avec sa pièce, Sa’Hila aurait presque pu croire à une simple allucination. Et si elle n’avait au final pas trouvé d’allié pour leur guerre à venir, au moins, elle avait fait une rencontre suprenante..

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