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descriptionAmilyë [PV Orfraie Ataliel] EmptyAmilyë [PV Orfraie Ataliel]

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Aeglos Evanealle a écrit:
Le 28 Octobre de l'an 7 de l'âge d'obsidienne

- Amilyë -


L'Aube..Il faisait enfin jour. Au soleil, son masque brillait. C'était un bel ouvrage, magnifique, aussi bien dans la composition des motifs que dans la forme, léger, simple mais original, unique.

En le contemplant, il sentait vibrer en lui une énergie mystérieuse, car ce masque inspirait le mystère, il avait quelque chose de plus, comme un détail qui le rendait plus étrange qu'un autre, pourtant, en y réfléchissant, il n'avait rien d'excentrique et était même d'une forme assez banale. Il admirait ce substitut de visage car il semblait représenter le visage d'un grand rapace, les véritables danseurs sur les montagnes, maîtrisant le vent comme personne, mais tout en lui rappelant par les larmes qui y étaient dessinées que la liberté ne lui était pas accordée. C'était une notion à laquelle il aspirait, mais dont il s'était privé lui même. Accablé par le doute et rongé par le remord, il était écrasé par le poids immense de ses erreurs, celles-là même qui avaient couté la vie de milliers d'être vivants, dépecés et brûlés par les flammes de la vengeance. Cette flamme destructrice qui l'avait changé en monstre malfaisant, cette flamme contre laquelle il avait voulu se battre, mais dont il finit par alimenter, cette flamme qui, une fois rassasiée, avait été soufflée par un coup de vent.. Pour ne laisser que ce qui n'avait pas été consumé, des bouts de chair sur des os noircis.

Cadavres, peau craquelée et sèche, chair noircie, organes réduits à de la cendre, C'était ce qu'il restait des ennemis qu'il avait rencontré sur son chemin, et c'était également ce qui restait de lui même, après que l'incendie fut maîtrisé. Cependant il en était ressortit affaiblit, mais pas mort, aussi pouvait-il encore se battre. Écrasé par le poids de ses échecs, il pouvait rester là, immobile mais plutôt que de pourrir au fond, recroquevillé sous terre comme un mort, il avait choisit une autre voie.
Lui même ne parlait pas de choix, car rappelons le, il n'était pas libre, il était contraint de faire ce choix, cependant, malgré sa chair consumée, il devait se relever : Les erreurs du passé appartenaient au passé, or on ne change pas le passé, donc les seules que nous pouvons réparer sont celles du futur... Il pouvait se battre, il en avait la force, le mental, l'expérience, et il l'avait fait, et il faisait, et il allait le faire, c'était son devoir, de battre les autres mais aussi pour soit, supporter le poids de son échec, et peut-être un jour, l'alléger, jusqu'à retrouver un peu de liberté.

Il jonglait avec son masque, testant son poids dans une main puis dans l'autre, il fixait les fentes par lesquelles son regard devait se faufiler, comme s'il s'agissait d'un visage.. C'était cela, cette sensation étrange que lui évoquait le masque, un devoir, une force, un choix fait et peut-être une once d'espoir... Ce masque, lorsque qu'il le revêtait, il se donnait la force d'oublier le passé pour se concentrer sur l'avenir, et il permettait au monde de croire en lui, et non en celui qu'il était. Il s'effaçait pour laisser place à quelqu'un qui se battait comme lui, mais pour des raisons beaucoup plus pures. C'était ce qu'il devenait, avec ce masque, aux yeux de ceux qui le contemplaient, un guerrier solitaire, apparaissant sur le champs de bataille pour y apporter son aide, aucun serment ne le tenait, aucun devoir, il ne vit pas en société ou du moins, aucun moyen de le savoir, et pourtant, il est là, puis disparaît aussitôt.

La bataille avait été longue, elle n'avait duré que la nuit bien sûr, mais quelle nuit... Quels monstres, quelle menace s'écrasait en armanda ? D’où venait-elle ? Il s'en était tiré de justesse, puis s'était rendu dans une petite forêt à la lisière de celle qui fut l'ancien royaume des elfes et il avait pu soigner ses blessures à l'abri des regards aucunes marques du combat n'était visible sur son corps, si elles existaient, elles étaient bien cachées.

Cela semblait naturel, il avait déjà fait cela, pas participé à une bataille de cette envergure depuis Sandur, mais tenté d'aider le monde par ce de discrètes apparition, mais après cela, il était en un tout autre état :
En vérité il était tourmenté, il saisissait mal la nature de ce qu'il venait d'affronter, apparemment des entités capable de subtiliser le corps d'un homme, voir d'un dragon.. Mais lorsque l'on les tuait, détruisait-on la chimère ? Ce qu'il y avait de sûr c'est que l'on détruisait aussi la vie de celui qui portait l'entité malfaisante. Les chimères tuaient-elles leurs hôtes ? Ceux qui sortaient indemne de cet état de possession étaient une preuve que non. Alors, ces êtres qu'il avait massacré, des hommes et des elfes possédés, de ce fait il savait qu'il avait aussi supprimé la vie d'innocents inconscients. Comment se battre contre les chimères, lorsque cela impliquait le meurtre d'innocent ?  Dans un état second, il contempla son masque encore quelques secondes, observant avec assiduité les larmes qui y étaient dessinées puis le repositionna sur le sommet de son crâne. L'elfe bannit culpabilisait, alors il décida de chanter pour ses victimes.

Du haut de son arbre, un magnifique chêne aux branches solides sur laquelle il se reposait, à environ cinq mètres du sol, il porta sa flûte à ses lèvres et entama une mélodie. Une mélodie de paix, d'amour, de sérénité, le son de la flûte était si berçant, relaxant, il espérait qu'il pouvait accompagné l'esprit des morts vers l'au delà, si tant est qu'il y en avait un à présent...

Le vent se leva et vint caresser ses cheveux déliés de natte, flottant de manière onirique, et étouffer légèrement le son de la flûte. Évidemment, cela n'allait pas, il y avait un énième facteur, une rencontre dont il s’obstinait d'oublier tout les détails, mais pourtant alors qu'il jouait, son cœur se serra.

Elle n'était pas loin.

Flûte de paix :


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Orfraie Ataliel a écrit:
L’Aube se levait enfin. Le fracas des combats s’éloignait pour laisser sa place à un silence terriblement pesant, mais aussi libérateur. C’était paradoxal, sans aucun doute, mais Orfraie était habitué à ce genre d’étrangeté depuis longtemps. Le silence lui rappelait invariablement les morts dont les corps n’étaient pas toujours en bon état, ces personnes qu’il fallait pleurer, à qui il fallait rendre les derniers honneurs… Mais ce silence lui permettait également de faire le vide dans son esprit et de retrouver calme et sérénité malgré l’horreur des combats.

C’est ainsi qu’elle se retrouva à marcher, s’éloignant peu à peu du champ de bataille. Son aide avait été précieuse pour ramener les corps et sauver les blesser qui pouvaient l’être, sa force vampirique pouvant soulever d’autres corps sans vie ou des débris quelconques sans de réels efforts. Faire cela l’avait aidé à apaiser son esprit et à contrôler la soif de sang qui l’avait tenaillée pendant un long moment, mais l’aide de Firindal avait été, évidemment, très précieuse afin d’éviter de lâcher un monstre sur les rescapés… Cette pensée fit déglutir la Vampiresse qui, dans un geste automatique, vint masser sa gorge à l’aide de sa main droite.

Elle s’était nourrie depuis, évidemment, mais tout ce sang… Sur l’instant, dans la bataille, elle n’y avait prêté aucune attention d’autant que Firindal l’avait grandement inquiété… Mais à présent, même repue, le goût et l’odeur de l’hémoglobine faisaient naitre en elle l’envie de mordre. Alors, s’éloigner un peu avait été la meilleure solution et si l’on avait besoin d’elle, Firindal était en mesure de lui dire.

Orfraie pénétra sous le couvert des arbres sans réellement s’en rendre compte. Perdue dans ses pensées et se complaisant dans sa solitude – bien qu’il s’agissait là d’un concept abstrait pour une dragonnière – elle se rendit compte assez tard qu’elle n’était pas seule dans les bois. En effet, relevant la tête au détour d’un sentier, elle entendit le son clair d’une flûte et fut soudainement attiré par cette mélodie terriblement apaisante. Magique, sans doute, Orfraie se laissa pourtant bercer sans crainte et c’est avec un léger sourire qu’elle arriva au pied d’une grand et magnifique chêne. Là, elle vit le joueur de flûte, ses longs cheveux noirs dans le vent, et reconnu immédiatement son sauveur. Elle allait pouvoir le remercier pour l’avoir sauvé par deux fois au cours de la bataille ! Mais plutôt que de briser immédiatement la paix qui régnait autour d’eux, Orfraie choisi de s’asseoir au pied de l’arbre, à même l’herbe.

Là, de sa sacoche, l’ancienne princesse sortie sa flûte de pan. Et après quelques instants, elle commença à jouer. L’enchantement de son propre instrument vint doucement amplifier ce sentiment d’apaisement qu’elle et le chanteur ressentaient déjà… Dans une harmonie musicale absolument parfaite. Et dans la façon qu'il avait de jouer, il lui semblait ressentir quelque chose de familier.

Spoiler :


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Aeglos Evanealle a écrit:
Elle était proche, la sensation se faisait plus présente mais pas pesante, cela ne l'empêchait pas de chanter mais dirigeait ses pensées, faisait remuer son esprit. Elle approchait et c'était le message que le vent venait porter à son esprit, en doucement caressant son corps d'une main plus rude. Et comme toujours le vent avait raison. Des cheveux rouges apparurent à ses yeux, un visage pâle et deux éclats bleus d'une profondeur frappante, un regard à la fois plein et vide de pensées, donnant vie au visage pâle autant qu'il prouvait qu'il n'était qu'un masque. Un masque avec le visage de la personne qui lui était le plus cher. La vampire qu'on appelait Orfraie Ataliel... Une insulte envers l'elfe qu'elle fut ? Ou alors, avait-elle une vraie raison de porter ce nom. En quoi se différentiaient-elles ? Les deux Orfraies avaient-elles le même caractère ? La même douceur ? Peut-être que celle qu'il avait connu subsistait plus ou moins au sein de la vampire, peut-être que le masque était si bien peint qu'il semblait difficile de remarquer ses imperfections, ses non correspondances avec le visage qui se cachait dessous.

Car même s'il avait apprit que la princesse elfique était morte, le doute persistait et croissait même grandement depuis la bataille, ou il l'avait vu tout risquer pour son lié, le défendre au péril de sa vie. Peut-être était-ce normal pour deux être unis par l'âme, mais lui avait vu la même ardeur le jour de son procès, et elle avait semblé reconnaître sa voix, une possible remontée des souvenirs de la vraie Orfraie malgré la malédiction ? Tout cela ne serait qu'une coïncidence ? Peut-être,et puisqu'elle était là, était-il temps de le lui demander. Seulement, pas de vive voix, mais en faisant appel à quelque chose de plus profond.

Il ne s'arrêta pas de jouer, si ses pensées étaient orientées vers elle, et le troublaient profondément il n'en laissait rien paraître. En dépit de ce trouble, son corps était relaxé, ses doigts agiles et flexibles, son souffle régulier, sa musique douce. Il la regardait du haut de son perchoir, son propre visage également voilé d'un masque. Il jouait sans jamais la quitter des yeux, un indicible sourire au coin des lèvres, alors qu'elle s'asseyait pour sortir de sa sacoche son propre instrument.. Pour venir chanter avec lui. Le son de son souffle faisant vibrer le bois de sa flûte accompagnait très bien le sien plus aigu, elle n'avait pas perdu de sa pratique. Orfraie avait toujours été une excellente musicienne, et la vampire semblait en avoir conservé l'expérience. L'elfe masqué continuait de jouer malgré ce qu'il reconnut dans le chant de celle qui lui tenait compagnie, des vieux souvenirs bridés, à demi-effacés, qui avaient été rongés par la colère, la douleur, et qui refaisaient surface de sa mémoire meurtrie par la haine. Des souvenirs de lui sur les genoux de sa mère, de lui s'endormant sous la douce mélopée.

Un filet d'eau salée lui vint au bord des paupières, mais sa posture, son souffle et la joie de son air n'en changeaient pas. Il l'avait quitté des yeux mais son regard plongeait dans le vide ou plus exactement, dans son passé qu'il avait tenté d'oublier.

Puis, ils terminèrent le premier acte. Dans le même temps, dans une coordination parfaite, chacun sentirent que la dernière note étaient prononcée, et un silence s'installa dans la forêt, nul ne parla, ou si elle avait élevé la voix, lui ne l'avait pas entendue, son regard demeurait fixe, immobile, statique, mort. Le silence fut brisé par le vent qui se levait à nouveau, celui qui autrefois avait été baptisé Aeglos se leva.

Debout sur la branche qui ne se plaignit pas une seule seconde de son poids, le masque s'orienta de nouveau vers le bas, ses mains vinrent nouer ses cheveux sombres en une longue queue de cheval qui se prolongeait alors jusqu'en bas de son dos, puis elles vinrent ranger l'instrument à vent dans une poche de sa robe, pour en sortir un autre. Une autre flûte à bec, simple, peu décorée, presque laide, pourtant qui signifiait beaucoup, et la porta à ses lèvres.


Un son ancestral, le son de la flûte qu'il avait lui même découpée dans une écorce d'un vieil arbre de la forêt, lorsqu'il n'était encore qu'un enfant, elle avait ses imperfections, mais il ne les voyait pas, c'était son unique lien avec Aeglos, c'était son unique identité, sa flûte, sa musique, le chant de son âme, sans altération magique, seulement le vent qui soufflait de plus en plus fort qui faisait voler à tout deux leurs cheveux, comme incitant Orfraie à se lever. Peut-être qu'au fond de son âme, le chant de son fils vibrerait au fond d'elle, atteindrait un souvenir de joie et de bonheur, d'un petit être qu'elle aimait, courant dans la forêt, une flûte à la main sans jamais cesser de jouer.

Mais lui il cessa, sans jamais dire un mot, sa langue il était persuadé de ne plus en avoir besoins. Il se contenta de sauter de sa branche à celle d'un autre arbre à proximité, et de lui adresser un sourire et un petit signe de tête pour lui faire comprendre qu'il voulait qu'elle le rejoigne.


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Orfraie Ataliel a écrit:
Quelle douce mélodie, quel bonheur pour les sens ! Les deux mélodies liées formaient un air dès plus agréable, étonnamment similaire, comme si les deux musiciens de ce précieux instant avaient l’habitude de jouer ensemble et de s’accompagner mutuellement. Orfraie continuait à ressentir cette étrange familiarité dans les notes de l’homme masqué, sans jamais parvenir à comprendre d’où venait ce sentiment, où elle avait pu l’entendre autrefois.

Quelques instants plus tard, alors qu’il lui sembla que des heures s’étaient écoulées, la musique cessa. Il fut le premier à arrêter et Orfraie en fit de même rapidement, rangeant son instrument sans oser lever les yeux vers la branche où il était perché. Décidément, cette rencontre était étrange, ne pouvait-elle s’empêcher de penser. Puis soudain, le bruissement du tissu lui parvint et elle sue qu’il bougeait. Que faisait-il ? Elle se permit finalement un regard vers lui et l’observa attacher sa longue et sombre chevelure en une simple queue. Mais un détail vint faire briller le regard royal, le souvenir d’un enfant si fière de lui et de sa création venant se glisser sous les yeux de la vampiresse. Un enfant, son enfant, lui montrant la flûte qu’il avait lui-même taillé. Elle avait été si fière de lui, si heureuse de l’entendre jouer pour elle…

Alors, lorsque le musicien se mit à jouer de nouveau, Orfraie se releva. Elle fit quelques pas au pied de l’arbre, tournant le dos à l’homme masqué. Cette mélodie, elle la connaissait, c’était celle de Aeglos Ataliel, de son fils. Ses mains tremblantes vinrent se nouer sur son cœur et elle se tourna vers lui, l’observant avec une rare intensité, sans parvenir à croire que l’homme qui était là était sans doute son fils…

Ses bras retombèrent ensuite le long de son corps et elle s’approcha de l’arbre. Il était là, posté sur sa branche, et souriait. Ce sourire… était-ce vraiment le sien ? Elle n’avait plus vu son fils depuis Sandur et ce dernier avait sans doute changé encore… Mais un puissant sentiment d’espérance entremêlé à son instinct maternel étonnamment intacte lui firent prendre une seule impulsion et rejoindre l’homme sur sa branche, debout en un parfait équilibre. Elle aussi avait joué dans les arbres toute sa vie et l’exercice n’avait rien de compliqué,

Là, elle tendit la main. Ses doigts effleurèrent le masque, dont elle sentait tous les détails sous ses doigts délicats et grace au bijou qu’elle portait autour du cou, sa peau était aussi chaude que celle du musicien. Sa voix ne fut qu’un murmure lorsqu’elle s’exprima, ses mots portés par un vent délicat.

« Mon fils avait le même instrument et me jouait le même air, autrefois. Il était si fier d’avoir taillé sa flûte lui-même et de me jouer quelques notes… Il doit certainement penser que je l’ai oublié, que sa mère n’existe plus… Et j’aimerais tant pouvoir lui dire qu’une mère n’oublie jamais, lui dire à quel point il me manque et à quel point je l’aime. J’aimerais pouvoir le prendre dans mes bras et lui murmurer que tout ira bien, que sa mère sera toujours là pour lui, envers et contre tous, même contre la malédiction des Elfes. »

Ses doigts quittèrent le masque et son bras, une fois de plus, tomba le long de son corps.


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Aeglos Evanealle a écrit:
Si les instruments avaient vibrés à l’unisson, leurs cœurs également. Car les deux se serrèrent lorsque les êtres s’observèrent les yeux dans les yeux. L’elfe continuait de la fixer le sourire aux lèvres, comme s’il attendait qu’elle comprenne, mais au fond, elle n’avait rien à dire rien à prouver, dans son regard maintenant bien plus vivant que mort, il lisait son incompréhension, sa détresse. Détresse qu’il partageait, ses doigts tremblaient quand il la vit le reconnaître, cette fois, pour de vrai. Ses prunelles, précieuses comme des perles, crépitaient de vie, les siennes aussi. Son sourire se fit plus intense, plus puissant mais toujours aussi léger. Moi aussi, lui disait-elle.

D’un bond d’un seul elle le rejoignit, en équilibre sur la branche, l’arbre était assez fort pour les porter tout deux. Et elle s’approcha de lui sans qu’il ne bouge, seuls ses longs vêtements flottaient au doux vent qui les berçait, les entourant de quelques feuilles légères tombées de leurs refuges, qui voletaient doucement. Elle avait un pas hésitant, comme si elle découvrait un secret terrifiant, ou d’une beauté sans pareille. Sans doutes d’ailleurs, n’était faux ni l’un l’autre, peut-être un peu des deux se cachaient derrière le masque, ou plutôt en cet homme jouant une mélodie qui traversait les mémoires de plusieurs vies. Etaient-elles réellement là ? Deux âmes qui se connaissaient, s’était frôlées, vénérées autrefois, et se retrouvaient maintenant, après avoir traversé le temps et ses épreuves mortelles ? Après que le corps soit mort pour l’une, l’esprit pour l’autre ?
Ses doigts approchèrent pour glisser le long de son masque, il faillit s’enfuir croyant qu’elle désirait le retirer, sans doutes le voulait-elle d’ailleurs mais elle ne le pouvait pas, il y en aurait un autre en dessous, il paraissait moins efficace, mais était une barrière qui le rendait inaccessible, quoi qu’elle puisse dire de sa douce voix, Aeglos Ataliel n’était pas là, il ne vivait pas, il ne le méritait pas. Les morts ne ressuscitaient pas, ils renaissaient.

« Votre fils devait le penser, peut-être se rend-il compte aujourd’hui qu’il avait tort, mais plus que penser, il espérait avoir été oublié car aujourd’hui, il ne peut plus rendre hommage à l’amour que lui porte sa mère. »


Il se rapprocha, murmurant, sa tête plus proche de la sienne, il était plus grand qu’elle. Ses doigts vinrent toucher le dos de ses mains, trois doigts à chaque cotés, il remonta lentement son touché le long de ses bras, appréciant la peau chaude malgré le corps mort. Quelle magnifique illusion. Pourquoi cette supercherie si l’esprit était resté intact ? Lui ne cachait pas la mort de l’autre partie de lui même, le masque la symbolisait. Cette scène ne serait qu’un rêve ? Son sourire était plus fragile, son regard, étincelant malgré le masque, abordait un air plus triste. Il avait envie de l’enlacer, la sentir contre lui, lui caresser la peau et enfin retrouver ce qu’il avait laissé derrière lui il y a si longtemps, mais il n’en avait pas le droit. A la place il se détacha d’elle, se penchant plus en arrière, semblant contempler l’infini, mais pourtant il ne la quittait pas des yeux. Et il continua d’une voix plus forte, avec un ton un peu plus joyeux que les murmures précédents. Sa voix était chaude malgré le timbre mélancolique qui perdurait et perdurerait toujours.

« Cependant il peut danser pour celui qu’elle lui portait autrefois, il peut danser pour que les souvenirs ressurgissent du passé et demeurent même dans le présent, pour qu’ils ne soient jamais perdus. »

En une révérence qui se voulait à la fois comique et poétique, il tendit sa main soyeuse à la dame aux cheveux de feu.

« Princesse des ombres, me feriez vous l’honneur ? »



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Orfraie Ataliel a écrit:
Si elle avait été en mesure de verser de véritables larmes, sans doute l’aurait-elle fait. L’homme qui se tenait face à elle, son fils, était incessible et son cœur silencieux se serrait de douleur un peu plus chaque seconde. Telle une véritable torture, elle devait observer son enfant se tenir loin d’elle, poser maintes barrières entre eux, et lui parler comme s’il n’était plus qu’un fantôme. Et, de bien des façons, la Princesse des Ombres avait l’impression tenace de se tenir face à elle-même, quelques mois plus tôt, car à la manière d’un vampire, Aeglos n’était plus celui qu’il avait été.

Mais reviendras-tu d'entres les morts, comme je l’ai fais ? Songeait-elle en fixant ses yeux, ces beaux yeux dont elle se souvenait parfaitement, à présent.

Elle demeura silencieuse alors qu’il s’approchait. Quand avait-il autant grandi ? Depuis quand était-il si musclé ? Elle aurait aimé pouvoir admirer son visage, qu’elle devinait doux et harmonieux sous les masques. Mais elle ne le pouvait pas. Pourquoi le monde s’acharnait-il à la blesser au plus profond d’elle-même, encore et toujours ? Un instant, les glaciers vacillèrent, puis la lueur au fond du regard d’Orfraie disparue. Ses traits se durcirent imperceptiblement et, peu à peu, elle aussi revêtit son masque. Mais elle n’avait pas besoin de métal, des siècles de politique, de faux-semblant lui avaient permis de créer ce masque… Tandis que quelques semaines parmi les Elfes lui avaient appris à encaisser les coups, plus que jamais.

Elle se laissa toucher, sans rien dire, et l’espace d’un instant elle eu l’espoir qu’il lui revienne. Mais son cœur se déchira lorsqu’il s’éloigna et, malgré son ton un peu plus joyeux, Orfraie était encore plus triste. Ses poings se serrèrent et elle sentit ses ongles griffer les paumes de ses mains. Sa transformation avait profondément amenuisé sa capacité à garder son calme dans certaines situations et celle-ci lui donnait envie de gifler son vis-à-vis pour le faire réagir. Toutefois, elle ne voulait pas lever la main, elle ne le pouvait pas, mais les mots peuvent parfois être des armes encore plus terribles… n’est-ce pas ?

« Mon fils n’était pas un lâche. Qui est cette personne qui ose posséder son corps et parler en son nom ? Ou est-il si faible qu’il est incapable de supporter les erreurs de son passé, de s’en servir pour avancer plutôt que de n’être qu’une pale copie de celui qu’il était jadis ? Qu’un fantôme ou un être sans âme et sans saveur ?

Commet ose-t-il balayer tout ce que j’ai mis des siècles à lui apprendre ? Comment ose t-il me faire si honte ? Comment ose-t-il blesser sa mère aussi durement ?

Je sais mieux que quiconque ce que cela fait de mourir. Mais contrairement à toi, faible et lâche, j’ai la force de me tenir debout et d’assumer que Orfraie Ataliel est morte mais qu’elle a eu la force de revenir ! J'ai eu la possibilité de ne pas retrouver mes souvenirs ! Mais j’ai eu la force de faire face à mon passé et tout ce qu’il comporte tout en regardant vers un avenir bien plus sombre que je l’avais imaginé autrefois ! J'ai accepté pleinement ce que je suis, je n'en ai pas rejetée une partie ! J’ai été mille fois blessée, mon propre peuple s'est retourné contre moi et le monde entier hais ce qu’est devenue ma nature profonde…

Mais je suis là et je me battrais. C’est ce qu’on m’a enseigné et c’est ce que j’ai transmis à mon fils ! Alors comment peux-tu oser un seul instant joué à ce petit jeu avec moi ? Alors que je donnerais tout pour toi ! Alors que tu sais que je serais la première personne en ce monde à être là pour toi, même si Armanda était aux portes de la destruction !? Sois fort ! Toi et moi sommes encore plus semblables qu'autrefois, tu n'es pas seul, alors lève toi et rejoins moi ! »


Elle le regardait, sans faiblir, mais elle ne saisit jamais cette main. Les glaciers étaient un maelstroms de sentiments. Au bout de quelques instants, toutefois, ce fut à son tour de lever sa main et de la lui tendre. Mais c'était pour bien plus qu'une danse.


Aeglos Evanealle a écrit:
Il avait toujours admiré cette femme, admiré sa force et son courage, son charisme, la puissance de son aura, de sa volonté aussi solide que le fer. Cette femme qui avait été sa mère, qui lui avait inculqué cette puissance, ou du moins tenté. Il admirait sa beauté, aussi intérieure qu'extérieure, même les larmes aux bords des paupières, la douleur contaminant aussi bien son cœur que son âme, les traits de son visage pur se modifiant, donnant un aspect plus sauvage à la vampire. Sauvage, elle l'avait toujours été un peu, libertine malgré sa fonction de politicienne, elle ne s'était jamais laissée dominée par quoi que ce soit, que ce soit un adversaire politique, ou le pouvoir, l'argent, le grade, la corruption, des défauts que l'on croyait humain mais bien plus envahissants chez les elfes que chez eux. Elle avait toujours été libre dans ses idées, jamais été prisonnière de ses fonctions, jamais contrainte à penser pour la société, non, elle le faisait, pensait pour elle, et pour les siens, par simple et pure volonté. Il lui était arrivé de croire qu'elle n'était pas à sa place, et c'était peut-être vrai si ce milieu était réservé aux hommes sans honneurs, mais jamais par dépit, par défaite assumée, parce qu'elle n'était pas assez forte pour survivre dans ce milieu, elle n'aurait quitté le conseil.

Elle était toujours la même, il n'avait pas besoin de preuve, mais ses mots étaient si violents qu'il savait qu'ils ne pouvaient venir que d'elle. A mesure qu'elle tentait en vain de lui retirer ce masque qu'il s'était forgé, il la revoyait là, dans la salle du conseil, criant à l'injustice devant la cour corrompue, révélant le lourd fardeau de Naraën Evanealle, risquant sans doutes bien plus que de simplement perdre son fils, les yeux brillants d'une puissance qui venait tout droit de son cœur, elle avait fait cela pour lui, pour celui qu'elle aimait, car ça avait été tout sauf une simplicité.
Et lui se revoyait là, dans la salle du conseil, l'écoutant sans l'écouter, contemplant son père, le regard dégoûté des conseillés, écoutant le vent qui hurlait au dehors, abattus par la trahison, et l'ultime sentence que pouvait supporter un elfe, condamné à une forme de mort. Superficielle ou non, il avait accepté son destin, trop faible pour se débattre, trop anéanti pour combattre. Si Aeglos admirait tant la force de sa mère, c'est parce que jamais il ne l'avait possédée. L'homme entendait ses mots, il les comprenait, et en décernait la souffrance de son vécu en tant que vampire, cela ne faisait que faire grimper encore un peu plus son estime pour elle, mais il ne s'y reconnaissait pas, tout simplement.

« Pardonne moi... »

Sa voix avait perdu toute sa joie, envolé comme un mirage, une illusion qu'il avait voulu créer pour briser cet instant mélancolique. Elle était maintenant teintée d'une peine sincère, également d'une pitié, car même si violents, ces mots là ne l'atteignaient pas, pas personellement. Il ne pouvait pas comprendre sa douleur, il la voyait, il la distinguait à la perfection, mais il ne pouvait pas prétendre être capable de se mettre à sa place. Lui était touché par une violente absence de sentiments, ils auraient dû être présents, mais ils appartenaient à ceux de quelqu'un d'autre, ils appartenaient à Aeglos. Pas à lui, qui n'était qu'une coquille vide, faible et lâche, protégeant une âme si profondément enfouie, que même sa sœur ne pouvait l'atteindre, recroquevillée sur elle même, endormie, attendant le jour ou elle pourra renaître, ce jour qui ne viendrait probablement jamais, si même elle ne pouvait pas la toucher.

L'elfe au visage voilé, de ses yeux ne cachait pas la peine que cet être lui inspirait. Sa main maintenant baissée, il hésita un instant avant de s'avancer à nouveau vers elle, puis enlaça sa main douce de ses doigts fins, se rapprochant enfin d'elle. Et là, il sentit son cœur battre vraiment. Leurs corps si proches, leurs yeux se contemplant comme ils l'avaient maintes fois faits par le passé. Peut-être que son masque, sa carapace, n'était pas si parfaite, à la manière d'un éternel ruisseau dont il avait voulu faire barrage, peut-être qu'un mince filet d'émotions avait trouvé le moyen de le contourner. Bougeant lentement, sans vouloir la brusquer, demandant son autorisation physiquement avant d'agir, il l'enlaça comme un fils digne enlaçait sa mère, d'un amour sincère, après des centaines d'années sans s'être vus. Une vague de sentiments faisait écho au fond de son être, trop faible pour le déstabiliser, trop forte pour être ignorée. Ses lèvres se portèrent sur son front, qu'elles embrassèrent.

« ...Amilyë »


Ce n'était peut-être pas possible, pourtant, elle avait effleuré l'âme d'un mort du bout des doigts.

descriptionAmilyë [PV Orfraie Ataliel] EmptyRe: Amilyë [PV Orfraie Ataliel]

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La colère avait soudainement pris le pas, poussant Orfraie à hausser le ton. Si cela pouvait paraitre banal pour le commun des mortels, ce n’était pas le cas pour ceux qui connaissaient particulièrement bien l’ancienne générale, comme Aeglos. Son calme légendaire avait autrefois fait une partie de sa réputation, mais ce trait de caractère s’était étiolé avec sa transformation. Jadis, Orfraie aurait emprunté un ton glacial et tranchant, telle une lame… Mais aujourd’hui, tel le feu qu’elle maîtrisait, ses mots avaient été vifs et brûlants. Pour autant, la princesse des ombres ignorait s’ils avaient fait mouche, ou si tout ceci avait servi à rien.

Si son cœur avait été en mesure de battre, ce dernier aurait sans doute pulsé dans sa poitrine. Sous le coup de la colère, les pupilles de la vampiresse s’étaient dilatées et Orfraie sentait le goût du venin dans sa bouche. Les poings serrés et la posture raide, elle défiait le jeune Elfe du regard, alors que celui-ci était nettement plus grand qu’elle. La dragonnière avait ce regard froid et déterminé, qui ne tolérait pas l’absence d’une réponse claire.

Celle-ci vint en un murmure, une simple caresse vis-à-vis de la tornade qu’elle avait dépêchée quelques instants plus tôt. Les sourcils parfaitement dessinés se froncèrent, marquant l’incertitude qui s’installa dans le cœur de la non-morte. Orfraie entendait sa peine, mais elle sentait que quelque chose n’allait pas. C’est en caressant l’esprit d’Aeglos du sien qu’elle fut en mesure d’appréhender le mal être de son fils, la bouleversant. Physiologiquement incapable de verser une vraie larme, l’ancienne princesse retint un sanglot et détourna le regard, l’espace d’un court instant. Que s’était-il passé, qui avait osé briser son fils ? Son tout petit ? Telle une lionne, Orfraie sentait une nouvelle fois la colère monter en elle, mais celle-ci n’était plus dirigée vers Aeglos. Malheureusement, elle ne pouvait la décharger sur personne et, dans un effort, la Lame Ecarlate retrouva son calme caractéristique. Sa posture se détendit et ses ongles cessèrent de martyriser la paume de sa main baissée. L’autre demeurait levée, attendant que le vent se lève.

Ce fut avec appréhension qu’Orfraie observa son fils avancer, cette peine toujours parfaitement visible au fond de son regard. Elle aurait aimé pouvoir admirer les traits de son visage, caresser sa peau et y déposer un baiser comme quand il était enfant… Mais elle ne se sentait pas le droit d’ôter ce masque elle-même. Cette ultime barrière physique, c’était à lui de l’abaisser, quand bien même cela brisait son cœur. De la colère, Orfraie était doucement passée à la compréhension, même si de nombreuses zones d’ombres demeuraient, même si elle avait mille questions.
Soudainement, leurs mains furent liées. Au ralenti, Orfraie vit les doigts d’Aeglos enserrer les siens, fins et délicats. Les yeux dans les yeux, la Dragonnière n’osait pas prononcer le moindre mot, ayant trop peur de voir cet instant se briser et son fils s’éloigner, disparaitre… Mais la demande muette fut un baume au cœur et, avec un léger sourire, Orfraie lui permit d’approcher. Il l’enlaça, comme un fils est sensé enlacer sa mère et celle-ci se sentit bien petite, mais terriblement heureuse. Ses mains se posèrent dans le dos du grand brun tandis que sa tête se callait contre son cœur qu’elle entendait battre à la chamade. Telle une douce mélodie, Orfraie en battait le rythme, les paupières closes pour tenter de retenir ses larmes de sang. L’émotion la submergeait totalement tandis qu’elle humait le parfum d’Aeglos, s’en imprégnant pour ne jamais l’oublier.

Puis les lèvres du grand brun se posèrent sur le front d’Orfraie, dont les paupières toujours closes laissèrent couler une larme écarlate. D’un geste, celle-ci disparut. Le silence s’étira ensuite quelques instants, puis il fut brisé par le frottement du tissu. La main droite de la Dragonnière quitta le dos de son fils pour venir se poser sur sa joue. Elle ne le regardait pas, mais cette main posée là, caressant sa peau, ses cheveux, traduisait tout l’amour qu’elle avait pour lui.

« Onya… Im cen mela. Amin apsenelle. Nanwen nin. (Fils … Je t’aime. Je te pardonne. Reviens-moi.) »

descriptionAmilyë [PV Orfraie Ataliel] EmptyRe: Amilyë [PV Orfraie Ataliel]

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Sans doutes n'aurait-il du ni prononcer ce nom, ni faire ce geste, qui invoquèrent le silence du vent, mais il l'avait fait parce qu'il en avait ressentit le besoin. Un besoin faible et qui n'aurait pas dû apparaître, mais qui avait effleuré la surface de son cœur. Amilyë, un mot lié à la vie qu'il n'avait pas prononcé depuis tant de décennies, de siècles, par les lèvres d'un mort, cela aurait dû être ironique. Pourtant, comme pour accompagner ce mystérieux phénomène, il ressentit une douce chaleur en lui au contact de l'être aimé, qui s'écoulait doucement dans ses veines. Ravivait tant de souvenir en lui, tant de moments de douceurs et d'amour que l'enfant qu'il avait été a vécu, il ne saurait les compter et pendant un instant, il aurait même pu croire qu'ils étaient vraiment de lui. Il apprécia chaque infimes secondes de cet instant de tendresse. La tête calée contre sa poitrine, il admirait secrètement la couleur de ses cheveux alors qu'elle reposait contre lui les yeux fermés, l'amour rayonnait du corps pourtant mort qu'il tenait entre ses bras par son regard, par ses gestes doux, sa main posée sur sa joue. Si précieuse, elle incarnait sa raison de subsistance, un trésor à protéger pour qu'il puisse embellir le monde. Les larmes étaient de sang, mais elles étaient réelles, elle était si réelle, si vivante. Il porta également une main à sa joue, s'attendant à retrouver sur l'un de ses doigts fins une larme qui aurait perlé de sous son masque, mais il se vouait à être le gardien de la paix, pas de l'amour.

Il aurait pu abaisser son masque de fer, mais jamais il n'aurait pu baisser son masque de chair :
Il ne pouvait pas s'ouvrir, il ne pouvait pas exprimer son mal être, il ne pouvait pas décrire le déshonneur qui pesait sur Aeglos. Il ne pouvait pas même être l'enfant qui se recroqueville dans les bras de sa mère, accepté et pardonné de ce qu'il avait fait pour qui il était, alors qu'il aurait dû ardemment le désirer il n'en entrevoyait même pas la possibilité. Stoïque, impassible, contemplatif. C'était comme cela qu'il avait apprit à regarder le monde et plus important encore, sa propre personne. Il avait tourné le dos à cette sagesse dès lors qu'il avait volontairement décidé d'ignorer les flammes qui l'avaient consumé de l'intérieur, et il en était mort. Mais à présent, il voyait à la place de la vengeance, le désespoir.

« Je ne peux pas »

Fit-il de sa langue natale, la voix toujours aussi douce alors qu'il la libérait de son étreinte, profitant encore quelques instants de son contact avant que ses mains ne rejoignent les siennes, quittant sa joue pour revenir entre eux, au niveau de la poitrine.

« Mais un jour,  Lorsque les vents qui me portent parcourront sans perturbations un monde en paix, peut-être renaîtrai-je à mon tour. »

Il marqua une pause, son regard presque inexpressif continua de lui même.

« Mais probablement disparaîtrai-je en essayant. »

Pas d'amour, pas de mère ni de fils, il n'était plus qu'un guerrier qui se battrait jusqu'à la fin pour sauver le bonheur qu'il n'a jamais eu. Condamné à mourir au combat, et y trouvant enfin la paix par ce sacrifice ultime.

Lentement, il sépara ses doigts des siens, échappant doucement à sa prise jusqu'à ce qu'il n'y est plus qu'un contact visuel entre eux. L'instant suivant, le vent se leva à nouveau entre eux, comme s'il formait une barrière qui les séparait, faisant voler leur cheveux. Au travers du voile léger, il ne paraissait être qu'un fantôme. Lors de cette ultime œillade, il aurait aimé lui dire combien il l'aimait, comment il était incapable de le lui témoigner, tellement c'était grand et puissant, tellement ça le paralysait, mais cela ne lui ferait que plus de mal encore, elle devait vivre sans lui, Aeglos était resté à terre sur les sables de Sandur, il ne s'en relèverait probablement jamais.


 « J'aurais préféré que tu ne te souviennes pas de ton fils. Je t'en prie, Orfraie, oublie moi. »

Et, d'une lenteur plus lourde encore, il détourna le regard, et se retourna, avant de lentement s'enfoncer dans l'ombre d'un épais feuillage.

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