1er août 1763
Déjà avait-elle mit un pied dehors, qu'elle pensait à Caladon. Qu'est ce qui pouvait autant l'indisposer ici à l'instar de son foyer? Les dalles de pierres fumaient sous le même soleil, le même vent à l'odeur salé s’engouffrait entre ces murs où s'entassaient les mêmes pierres...Sous ses airs rustres Délimar était la parfaite jumelle de sa voisine et pourtant...Pourtant la Bourgmestre n'arrivait pas à s'y sentir chez elle. Evidemment qu'elle jouissait particulièrement des attentions qu'on lui faisait en tant qu'invitée de marque; Elle n'y manquerait pas. Et aussi s'était-elle extasiée devant le respect que pouvaient lui témoigner ces colosses qui devaient faire le triple de son poids, si ce n'était plus. Elle avait eu du mal à cacher ce sourire satisfait qui, une fois seule, se transformait en fou rire. Tout était devenu si fou depuis son retour de la bataille. Oui, c'était bien une certaine folie qui l'animait ces derniers temps, si elle pouvait le dire ainsi. Elle était complètement grisée. Elle en avait presque du mal à fermer l'oeil la nuit. Ses insomnies se résumaient à l'ébauche de nouveaux plans, à des tentatives de s'imaginer la réaction d'un tel ou à l'admiration, pour la énième fois, de l'insigne qu'on lui avait gracieusement confié. Aujourd'hui elle le portait fièrement à la poitrine de sorte à ce que personne ne le rate. Bien qu'elle s'était toujours considérée digne de la porter mais que ce rêve devienne réalité la projetait en pleine fantaisie. Elle entendait encore la foule clamer son nom jusque dans les bas quartiers. Sa victoire avait été plus que triomphante. Et jamais, même en dépit de sa nature mégalo, n'avait-elle rêvé d'une telle assomption. Peut-être vivait-elle les plus beaux jours de sa futile existence? Puis il n'y avait rien de tel que de se savoir idolâtrée, aimée, soutenue pour se jouer des moues circoncises des Délimariens.
Sans doute était-ce ces regards inquisiteurs qui lui faisaient comprendre que sa place ne serait pas aussi facilement acquise ici qu'à Caladon. En définitif, même si cette ville n'était pas la sienne, et qu'elle s'y sentait inconfortablement mal à l'aise, s'éloigner quelques temps de l'euphorie qui l'emportait dans son sillage n'était peut-être pas si mal. Elle faisait preuve d'un tel enthousiasme que ses conseillers en était quelques peu déstabilisés. Il avaient prit l'initiative commune de lui rappeler que la période était encore au deuil et que des festivités seraient déplacées. Aussi, avaient-ils été assez soulagés de la voir s'éloigner quelque temps, espérant qu'elle revienne la tête froide. Le pouvoir est l’aphrodisiaque suprême, disait-on. Elle le voyait ces jours ci et elle le vivait comme jamais elle n’avait cru devoir le vivre. Car le pouvoir grise, le pouvoir enivre, le pouvoir aveugle.
Souvent s'était-elle posé la question du prix qu'elle aurait été prête à donner pour en arriver là où elle en était aujourd'hui. Sous sa cape recouvrant la moitié droite de son corps se dissimulait le dit prix de la victoire. Il était disgracieux d'afficher son membre estropié au regard de tous. Elle en serait profondément embarrassée. Pour autant, elle ne faisait pas plus d'effort pour effacer de l'esprit de ses gens une blessure impropre à une demoiselle de sa stature. Autant à Délimar il était difficile d'user de sa magie sans complication inutiles, autant à Caldaon elle aurait très bien pu remédier à quelques illusions peu coûteuses en attendant de trouver une véritable alternative. Mais non, elle aimait voir, lorsque sa cape suivait son bras valide, qu'elle se soulevait ne serait-ce qu'un peu, un éclair dans leurs regards. Chaque petite allusion ravivaient en leurs coeurs le souvenir des batailles passées. Ils se souvenaient qu'elle était là, avec eux, et quel rôle elle avait joué.
Toutefois, ici, encore une fois pour la contrarier, les blessures de guerre, les cicatrices en tout genre semblaient monnaie courante. Autant de raisons de contrarier son égo pour qu'elle puisse en venir à l'idée que ce qui la réconforterait le plus serait de ne pas se confronter un fois de plus un mastodonte. Elle n'irait pas jusqu'à avouer que l'intendante l'intimidait, elle avait sa fierté. Cependant elle aurait aimé se renseigner auprès des autochtones sur la réelle valeur de cette femme. A vrai dire les seuls rapports qu'elle en avait perçu provenait de l'elfe qui ne pouvait cacher son amitié pour la guerrière. Or cet état d'esprit n'avait rien d'objectif. Et même si il avait tenté d'adoucir la virulence des opinions de sa fille, elle restait dubitative. Eleonnora voulait se faire un avis par elle même de la réelle situation de l'alliance.
Puis c'était en fouillant les notes de son père adoptif qu'elle était tombée sur ce nom qui lui était déjà parvenu aux oreilles auparavant. Enfin, fouiller, c'était un bien grand mot, elle ne faisait qu'utiliser les indices et les ressources que ce dernier avait laissé. Finalement n'était-elle tombée que sur des courriers de formalité et des factures sans importances. Rien qui ne mentionnait ses activités parallèles, ou quelques secrets qu'elle aurait eu plaisir à découvrir avant tout les autres. Il semblait, sans surprise, qu'il n'était pas du genre à laisser traîner les choses au hasard. Aussi avait-elle relevé le nom du conseiller Avente sans oublier de se renseigner sur sa personne. Il s'était trouvé qu'il faisait en ce jour ci le candidat idéal pour répondre les caprices anxieux qui commençaient à animer la Caladonienne en mal du pays.
Elle put en effet constater qu'entre les deux gaillards qui se tenaient qu'elle avait envoyé à sa rencontre se tenait un homme à l'allure bien frêle comparée à ses camarades. Elle ne put réprimer un sourire à cette vision. « Ah, j'ai bien faillit m'impatienter.» Les appartements qu'on lui avait assigné le temps de son court passage n'avaient rien des luxueux salons que l'on trouvait au sein du palais Caladonien. Toutefois elle appréciait le pragmatisme architectural qui s’évertuait à créer de grands espaces lumineux. On pouvait dire ce que l'on voulait Eleonnora appréciait particulièrement toute ambition de grandeur.
Elle avait presque regretté de ne pas avoir emporté de lecture, ce qui n'aurait pas manqué. L'attente et l'ennui était ce qu'elle supportait le moins au monde. Cependant elle faisait en sorte de ne pas laisser paraître ses signes d'anxiété. Se levant du divan elle enroulait encore machinalement son doigt fin atour d'une de ses mèche de cheveux soigneusement coiffés. Elle jaugea l'homme sans un commentaire avant de se diriger vers lui, sourire aux lèvres. « J'espère ne pas avoir dérangé vos occupations conseiller Avente....bien que je sais que dans ce métier, il n'existe que le repos que l'on s'impose. Permettez donc que je vous libère quelques instants de votre plume. » Elle lança un geste désinvolte aux deux malabars avant d'inviter le nouvel arrivant à la suivre. Au final avait-il vraiment le choix? Elle n'avait pas pensé au fait qu'il puisse refuser la moindre conversation. Et tant mieux s'il avait été intimidé par ces gaillards, se pointant sans demander leur reste, l'embraquant vers une destination inconnue, sans lui donner l'occasion de discuter de quoique ce soit. Elle retarderait évidemment le moment de lui fournir des explications claires et précises. Car si elle aimait impressionner en débitant ses titre, dont le tout nouveau qui tait encore un doux miel lorsqu'il franchissait ses lèvres, cela l'amusait davantage de lire l'incompréhension dans les yeux de son otage. « Asseyez vous, je vous en prie mon cher! »
Déjà avait-elle mit un pied dehors, qu'elle pensait à Caladon. Qu'est ce qui pouvait autant l'indisposer ici à l'instar de son foyer? Les dalles de pierres fumaient sous le même soleil, le même vent à l'odeur salé s’engouffrait entre ces murs où s'entassaient les mêmes pierres...Sous ses airs rustres Délimar était la parfaite jumelle de sa voisine et pourtant...Pourtant la Bourgmestre n'arrivait pas à s'y sentir chez elle. Evidemment qu'elle jouissait particulièrement des attentions qu'on lui faisait en tant qu'invitée de marque; Elle n'y manquerait pas. Et aussi s'était-elle extasiée devant le respect que pouvaient lui témoigner ces colosses qui devaient faire le triple de son poids, si ce n'était plus. Elle avait eu du mal à cacher ce sourire satisfait qui, une fois seule, se transformait en fou rire. Tout était devenu si fou depuis son retour de la bataille. Oui, c'était bien une certaine folie qui l'animait ces derniers temps, si elle pouvait le dire ainsi. Elle était complètement grisée. Elle en avait presque du mal à fermer l'oeil la nuit. Ses insomnies se résumaient à l'ébauche de nouveaux plans, à des tentatives de s'imaginer la réaction d'un tel ou à l'admiration, pour la énième fois, de l'insigne qu'on lui avait gracieusement confié. Aujourd'hui elle le portait fièrement à la poitrine de sorte à ce que personne ne le rate. Bien qu'elle s'était toujours considérée digne de la porter mais que ce rêve devienne réalité la projetait en pleine fantaisie. Elle entendait encore la foule clamer son nom jusque dans les bas quartiers. Sa victoire avait été plus que triomphante. Et jamais, même en dépit de sa nature mégalo, n'avait-elle rêvé d'une telle assomption. Peut-être vivait-elle les plus beaux jours de sa futile existence? Puis il n'y avait rien de tel que de se savoir idolâtrée, aimée, soutenue pour se jouer des moues circoncises des Délimariens.
Sans doute était-ce ces regards inquisiteurs qui lui faisaient comprendre que sa place ne serait pas aussi facilement acquise ici qu'à Caladon. En définitif, même si cette ville n'était pas la sienne, et qu'elle s'y sentait inconfortablement mal à l'aise, s'éloigner quelques temps de l'euphorie qui l'emportait dans son sillage n'était peut-être pas si mal. Elle faisait preuve d'un tel enthousiasme que ses conseillers en était quelques peu déstabilisés. Il avaient prit l'initiative commune de lui rappeler que la période était encore au deuil et que des festivités seraient déplacées. Aussi, avaient-ils été assez soulagés de la voir s'éloigner quelque temps, espérant qu'elle revienne la tête froide. Le pouvoir est l’aphrodisiaque suprême, disait-on. Elle le voyait ces jours ci et elle le vivait comme jamais elle n’avait cru devoir le vivre. Car le pouvoir grise, le pouvoir enivre, le pouvoir aveugle.
Souvent s'était-elle posé la question du prix qu'elle aurait été prête à donner pour en arriver là où elle en était aujourd'hui. Sous sa cape recouvrant la moitié droite de son corps se dissimulait le dit prix de la victoire. Il était disgracieux d'afficher son membre estropié au regard de tous. Elle en serait profondément embarrassée. Pour autant, elle ne faisait pas plus d'effort pour effacer de l'esprit de ses gens une blessure impropre à une demoiselle de sa stature. Autant à Délimar il était difficile d'user de sa magie sans complication inutiles, autant à Caldaon elle aurait très bien pu remédier à quelques illusions peu coûteuses en attendant de trouver une véritable alternative. Mais non, elle aimait voir, lorsque sa cape suivait son bras valide, qu'elle se soulevait ne serait-ce qu'un peu, un éclair dans leurs regards. Chaque petite allusion ravivaient en leurs coeurs le souvenir des batailles passées. Ils se souvenaient qu'elle était là, avec eux, et quel rôle elle avait joué.
Toutefois, ici, encore une fois pour la contrarier, les blessures de guerre, les cicatrices en tout genre semblaient monnaie courante. Autant de raisons de contrarier son égo pour qu'elle puisse en venir à l'idée que ce qui la réconforterait le plus serait de ne pas se confronter un fois de plus un mastodonte. Elle n'irait pas jusqu'à avouer que l'intendante l'intimidait, elle avait sa fierté. Cependant elle aurait aimé se renseigner auprès des autochtones sur la réelle valeur de cette femme. A vrai dire les seuls rapports qu'elle en avait perçu provenait de l'elfe qui ne pouvait cacher son amitié pour la guerrière. Or cet état d'esprit n'avait rien d'objectif. Et même si il avait tenté d'adoucir la virulence des opinions de sa fille, elle restait dubitative. Eleonnora voulait se faire un avis par elle même de la réelle situation de l'alliance.
Puis c'était en fouillant les notes de son père adoptif qu'elle était tombée sur ce nom qui lui était déjà parvenu aux oreilles auparavant. Enfin, fouiller, c'était un bien grand mot, elle ne faisait qu'utiliser les indices et les ressources que ce dernier avait laissé. Finalement n'était-elle tombée que sur des courriers de formalité et des factures sans importances. Rien qui ne mentionnait ses activités parallèles, ou quelques secrets qu'elle aurait eu plaisir à découvrir avant tout les autres. Il semblait, sans surprise, qu'il n'était pas du genre à laisser traîner les choses au hasard. Aussi avait-elle relevé le nom du conseiller Avente sans oublier de se renseigner sur sa personne. Il s'était trouvé qu'il faisait en ce jour ci le candidat idéal pour répondre les caprices anxieux qui commençaient à animer la Caladonienne en mal du pays.
Elle put en effet constater qu'entre les deux gaillards qui se tenaient qu'elle avait envoyé à sa rencontre se tenait un homme à l'allure bien frêle comparée à ses camarades. Elle ne put réprimer un sourire à cette vision. « Ah, j'ai bien faillit m'impatienter.» Les appartements qu'on lui avait assigné le temps de son court passage n'avaient rien des luxueux salons que l'on trouvait au sein du palais Caladonien. Toutefois elle appréciait le pragmatisme architectural qui s’évertuait à créer de grands espaces lumineux. On pouvait dire ce que l'on voulait Eleonnora appréciait particulièrement toute ambition de grandeur.
Elle avait presque regretté de ne pas avoir emporté de lecture, ce qui n'aurait pas manqué. L'attente et l'ennui était ce qu'elle supportait le moins au monde. Cependant elle faisait en sorte de ne pas laisser paraître ses signes d'anxiété. Se levant du divan elle enroulait encore machinalement son doigt fin atour d'une de ses mèche de cheveux soigneusement coiffés. Elle jaugea l'homme sans un commentaire avant de se diriger vers lui, sourire aux lèvres. « J'espère ne pas avoir dérangé vos occupations conseiller Avente....bien que je sais que dans ce métier, il n'existe que le repos que l'on s'impose. Permettez donc que je vous libère quelques instants de votre plume. » Elle lança un geste désinvolte aux deux malabars avant d'inviter le nouvel arrivant à la suivre. Au final avait-il vraiment le choix? Elle n'avait pas pensé au fait qu'il puisse refuser la moindre conversation. Et tant mieux s'il avait été intimidé par ces gaillards, se pointant sans demander leur reste, l'embraquant vers une destination inconnue, sans lui donner l'occasion de discuter de quoique ce soit. Elle retarderait évidemment le moment de lui fournir des explications claires et précises. Car si elle aimait impressionner en débitant ses titre, dont le tout nouveau qui tait encore un doux miel lorsqu'il franchissait ses lèvres, cela l'amusait davantage de lire l'incompréhension dans les yeux de son otage. « Asseyez vous, je vous en prie mon cher! »