--- Début Août
Des petites papattes arrières, ainsi qu'un bout de queue noire, dépassaient du tas de pommes. Comme un vrai bandit, Valmys avait voulu entrer par effraction, abusant de la fenêtre ouverte de la cuisine. Le saut était mal calculé, mais qu'y pouvait-il ? Il découvrait encore ce petit corps, qu'il s'était pourtant construit lui-même. S'agitant pour se défaire de son embarras, appuyant ses pattes sur des pommes pour s'en extirper, il parvint à retrouver un peu de dignité. Inquiet, il vérifia que nul fragment de lichen, mousse, ou autre herbe qui faisait sa composition, ne lui manquait. Tout avait l'air en place : la magie lui offrait une véritable cohérence, ainsi qu'une teinte et un toucher des plus vraisemblables. Il en était très fier et, surtout, cela l'amusait beaucoup. Hermine, il expérimentait une autre vision du monde. Une vision pleine de douces aventures, de légèreté. Son lien avec son Esprit-Lié lui paraissait alors plus puissant que d'ordinaire, comme il avait pu l'être à l'instant où, au coeur du Volcan, l'entité supérieure avait posé sur lui ses grands yeux sans iris. Cette légèreté, cette délicatesse, il voulait en faire profiter quelqu'un.
Dawan lui avait beaucoup parlé du maître des lieux, en des termes aussi beaux et enjoués qu'à son habitude. Mais à la tournure de ses phrases, Valmys avait cru comprendre où il voulait en venir : l'Althaïen avait besoin d'une amitié sincère, sans oser l'embrasser. C'était parfait ! Exactement ce que lui pouvait chercher aussi, et ce qu'il pouvait offrir ! Paré de sa livrée d'hermine, il se sentait loin de l'Immaculé qu'il était. Les instants qu'il leur voulait leur seraient doux, et hors du temps, hors des tracas pragmatiques de ce monde. Des repos, des rêves éveillés ! Il était là pour ça !
Mais pour cela, il fallait trouver Ilhan. L'hermine croqua dans une pomme, avant de bondir à terre, dans un bruit feutré qui trahissait sa nature tant magique que végétale. C'était une expérience d'érudit : il voulait savoir ce qu'il adviendrait de ce morceau de pomme ! Allait-il nourrir sa magie ? Ou juste intégrer l'avatar, jusqu'à sa décomposition ? Sans regret, l'Enwr trottina jusqu'à l'entrebaillement de la porte, par lequel il se glissa.
Nulle agitation, nul bruit en ces lieux, en cette heure. L'hermine marqua un arrêt, caché derrière un meuble, pour ruminer. Par les Huit... Il espérait ne pas avoir à attendre son nouvel ami trop longtemps ! Le sort était compliqué à tenir, s'il s'éternisait. Peut-être avait-il quelque réunion. Ou peut-être était-il juste enfoui dans un livre ? Se glissant de cachette en cachette, se reposant sur le brun de sa fourrure pour espérer être discret, le petit animal commença à explorer la maison.
Du haut de sa petite taille, les tapis lui paraissaient de véritables jungles. Il les évita de prime abord, avant de s'amuser à se jeter dedans à plat ventre quand il fut certain d'être seul. Il s'y roula avec délectation, et quelques roucoulements de plaisir, avant de reprendre contenance et, curieux, se diriger vers les bibliothèques. Là, il plissa des yeux pour essayer de lire les nombs des ouvrages. Moui... Ils n'avaient pas l'air intéressants. Sauf peut-être celui-là, qu'il extirpa de la biblothèque, pour le poser par terre et essayer maladroitement de le lire. Non... Ses yeux de mustélidé n'étaient pas faits pour ce genre d'exercice. Il abandonna, partit explorer un peu le jardin.
Là était sa place, sous la fraîcheur du vent, dans les bras des végétaux. Un long moment il joua à embêter les plantes et fleurs, à s'amuser de leurs ondulations quand il les tapait avec ses petites papattes. Dans l'eau, il essaya de tremper son museau, et contempler son reflet. Il fouilla tout le jardin, à la recherche d'autres êtres vivants. Mais à part une musaraigne, deux oiseaux, et des insectes, il ne se trouva guère d'ami -et les musaraignes ne sont pas très bonnes camarades.
Alors il prit la direction du bureau. Ses prunelles noires s'illuminèrent d'étoile devant la vision magnifique du tas de coussin. Il n'en fallut pas plus. À toute allure, l'hermine galopa vers eux, et se jeta, quatre pattes grandes écartées, au milieu. Lorsque tout son petit corps fut profondément enfoui dans l'océan de douceur qui l'avait réceptionnée, elle estima avoir, grosso modo, découvert le sens de la vie. Elle s'y roula, avant de jouer plutôt à faire moult bonds sur ces coussins. Lorsqu'elle s'en désintéressa, sa petite tête triangulaire osa enfin observer ses alentours. Oh, un bureau !
S'accrochant aux tiroirs, elle se hissa jusque sur le plan de travail, pour jeter un oeil à ce qui trônait là. Moui, moui... Tout ceci manquait de couleurs, et de dessins de maison. Pourtant, elle dut s'y attarder suffisamment, car bientôt des bruits de pas firent remuer ses petites oreilles. D'un bond, elle se jeta sur la chaise qui faisait face au bureau, et s'y roula en boule, prenant son air le plus innocent et adorable possible.
Des petites papattes arrières, ainsi qu'un bout de queue noire, dépassaient du tas de pommes. Comme un vrai bandit, Valmys avait voulu entrer par effraction, abusant de la fenêtre ouverte de la cuisine. Le saut était mal calculé, mais qu'y pouvait-il ? Il découvrait encore ce petit corps, qu'il s'était pourtant construit lui-même. S'agitant pour se défaire de son embarras, appuyant ses pattes sur des pommes pour s'en extirper, il parvint à retrouver un peu de dignité. Inquiet, il vérifia que nul fragment de lichen, mousse, ou autre herbe qui faisait sa composition, ne lui manquait. Tout avait l'air en place : la magie lui offrait une véritable cohérence, ainsi qu'une teinte et un toucher des plus vraisemblables. Il en était très fier et, surtout, cela l'amusait beaucoup. Hermine, il expérimentait une autre vision du monde. Une vision pleine de douces aventures, de légèreté. Son lien avec son Esprit-Lié lui paraissait alors plus puissant que d'ordinaire, comme il avait pu l'être à l'instant où, au coeur du Volcan, l'entité supérieure avait posé sur lui ses grands yeux sans iris. Cette légèreté, cette délicatesse, il voulait en faire profiter quelqu'un.
Dawan lui avait beaucoup parlé du maître des lieux, en des termes aussi beaux et enjoués qu'à son habitude. Mais à la tournure de ses phrases, Valmys avait cru comprendre où il voulait en venir : l'Althaïen avait besoin d'une amitié sincère, sans oser l'embrasser. C'était parfait ! Exactement ce que lui pouvait chercher aussi, et ce qu'il pouvait offrir ! Paré de sa livrée d'hermine, il se sentait loin de l'Immaculé qu'il était. Les instants qu'il leur voulait leur seraient doux, et hors du temps, hors des tracas pragmatiques de ce monde. Des repos, des rêves éveillés ! Il était là pour ça !
Mais pour cela, il fallait trouver Ilhan. L'hermine croqua dans une pomme, avant de bondir à terre, dans un bruit feutré qui trahissait sa nature tant magique que végétale. C'était une expérience d'érudit : il voulait savoir ce qu'il adviendrait de ce morceau de pomme ! Allait-il nourrir sa magie ? Ou juste intégrer l'avatar, jusqu'à sa décomposition ? Sans regret, l'Enwr trottina jusqu'à l'entrebaillement de la porte, par lequel il se glissa.
Nulle agitation, nul bruit en ces lieux, en cette heure. L'hermine marqua un arrêt, caché derrière un meuble, pour ruminer. Par les Huit... Il espérait ne pas avoir à attendre son nouvel ami trop longtemps ! Le sort était compliqué à tenir, s'il s'éternisait. Peut-être avait-il quelque réunion. Ou peut-être était-il juste enfoui dans un livre ? Se glissant de cachette en cachette, se reposant sur le brun de sa fourrure pour espérer être discret, le petit animal commença à explorer la maison.
Du haut de sa petite taille, les tapis lui paraissaient de véritables jungles. Il les évita de prime abord, avant de s'amuser à se jeter dedans à plat ventre quand il fut certain d'être seul. Il s'y roula avec délectation, et quelques roucoulements de plaisir, avant de reprendre contenance et, curieux, se diriger vers les bibliothèques. Là, il plissa des yeux pour essayer de lire les nombs des ouvrages. Moui... Ils n'avaient pas l'air intéressants. Sauf peut-être celui-là, qu'il extirpa de la biblothèque, pour le poser par terre et essayer maladroitement de le lire. Non... Ses yeux de mustélidé n'étaient pas faits pour ce genre d'exercice. Il abandonna, partit explorer un peu le jardin.
Là était sa place, sous la fraîcheur du vent, dans les bras des végétaux. Un long moment il joua à embêter les plantes et fleurs, à s'amuser de leurs ondulations quand il les tapait avec ses petites papattes. Dans l'eau, il essaya de tremper son museau, et contempler son reflet. Il fouilla tout le jardin, à la recherche d'autres êtres vivants. Mais à part une musaraigne, deux oiseaux, et des insectes, il ne se trouva guère d'ami -et les musaraignes ne sont pas très bonnes camarades.
Alors il prit la direction du bureau. Ses prunelles noires s'illuminèrent d'étoile devant la vision magnifique du tas de coussin. Il n'en fallut pas plus. À toute allure, l'hermine galopa vers eux, et se jeta, quatre pattes grandes écartées, au milieu. Lorsque tout son petit corps fut profondément enfoui dans l'océan de douceur qui l'avait réceptionnée, elle estima avoir, grosso modo, découvert le sens de la vie. Elle s'y roula, avant de jouer plutôt à faire moult bonds sur ces coussins. Lorsqu'elle s'en désintéressa, sa petite tête triangulaire osa enfin observer ses alentours. Oh, un bureau !
S'accrochant aux tiroirs, elle se hissa jusque sur le plan de travail, pour jeter un oeil à ce qui trônait là. Moui, moui... Tout ceci manquait de couleurs, et de dessins de maison. Pourtant, elle dut s'y attarder suffisamment, car bientôt des bruits de pas firent remuer ses petites oreilles. D'un bond, elle se jeta sur la chaise qui faisait face au bureau, et s'y roula en boule, prenant son air le plus innocent et adorable possible.