Les lettres tressautaient sur le parchemin. Littéralement. La jeune femme jura. Une tâche venait de se former alors que sa plume s'écrasait sous l'effet d'un nouveau tremblement. Agacée elle la laissa tomber sur son écritoire de voyage non sans faire la moue. Dans la carriole le valet et le diplomate qui l'accompagnaient s'échangeaient des regards discrets. Ils n'avaient pas eu besoin de mots pour s'accorder sur ce fait: l'acharnement de la Bourgmestre était délicat à commenter. L'un et l'autre semblait se demander qui aurait le courage d'élever la voix en premier. Le valet, droit comme un piquet n'osait faire un geste. Le diplomate qui était lui aussi attelé à son atelier d'écriture portable n'avait plus le courage de tremper sa plume dans l'encre à nouveau. Ils pesaient les risques, les pour, les contres dans une attente interminable. Après tout il faudrait bien que quelqu'un prenne l'initiative d'aborder le sujet, n'est ce pas? Mais les réprimandes auxquelles le conseiller Aaron avait fait face après une réflexion de ce type avaient fait le tour de tout le palais. Tous connaissaient le caractère de feu de la demoiselle. Alors lui rappeler sa faiblesse la plus apparente paraissait extrêmement risqué en ce moment même.
Mais voici que cette dernière soupirait en désignant son écritoire. "Auriez vous l’obligeance de me débarrasser de ceci?" Soulagé que ce soit sa maîtresse qui brise enfin la tension, l'homme à tout faire précipita ses mains gantées vers le matériel d'écriture. Le diplomate ne pipa mot et fit mine de regarder le paysage défiler de façon distraite. La prise de risque très peu pour lui. "Après tout il a toujours été particulièrement ardu de rendre quoique ce soit de propre dans ce moyen de transport..." Une goutte de sueur perla dans son cou. "N'ai-je pas raison, monsieur?" Il tourna la tête avec un sourire crispé. Qu'est ce qu'il avait bien pu faire pour mériter ça? Il avait été le parfait caladonnien. Fils de pêcheurs il avait traverse l'océan les larmes dans les yeux des mois durant. Que fut son soulagement devoir ses terre promises a l'horizon... Il adopta le mode de vie caladonnien, travailla d'arrache pied pour arriver be serait ce qu'à la cheville de cette jeunette et pour quoi ? Finir sur une histoire de bras ? Ce voyage était censé projeter sa carrière pas y mettre fin aussi subitement...Il jeta un bref coup d'oeil au parchemin brouillon maculé d'une écriture tremblante, indécise, digne d'un enfant en bas age. Était-ce de la mauvaise foi ou s'amusait-elle à le déstabiliser intentionnellement? Pendant un instant l'idée que ce voyage était institué dans le but de le mettre à l'épreuve émergea dans son esprit. Il aurait bien échafaudé d'autre théorie du complots à son égard mais devant l'insistance du regard de sa supérieur il n'avait pas d'autres choix que de répondre"Bien...j'évite toujours, personnellement, de rédiger des missives trop importantes lorsque je ne suis pas sur un véritable bureau..." Il s'était bien rattrapé, il pouvait souffler. Pourtant s'il savait...
Eleonnora détestait ce regard qu'on lui portait. En dehors des discours et des grandes occasions, sa blessure, son statut d'estropiée n'avait plus rien d'un trophée. Si ce n'était pas de l'ignorance feinte, c'était la pitié. Et il n'y avait pas plus intolérable. Ce crétin d'Aaron qui avait voulu lui assigner un scribe pour ses missives et notes personnelles. Pour réussir, il fallait s’entraîner, travailler! Cela partait d'un bon sentiment? Elle lui en donnerait des bons sentiments! On ne traite pas sa supérieure d'handicapée et encore moins la Bourgmestre de Caladon! S'il n'était pas aussi proche des affaires de son père adoptif, la demoiselle aurait abusé de son autorité pour lui dévoiler un aperçu de sa vie d'estropiée.
Il avait été le premier, et surement le dernier avant longtemps, à aborder ouvertement le sujet face à la Bourgmestre en personne. Même si sa bravoure n'avait pas été récompensée à sa juste valeur, sa réflexion avait eu le mérite de piquer l’Intérêt l'impétueuse dirigeante. Depuis cet incident elle ne cessait de se demander ce que son entourage pensait de son incapacité. Évidemment ils évitaient tous le sujet avec une habilité qu'elle n'aurait cru possible chez certains. Et pour autant elle préférait faire de légères allusions pour ne pas non plus insinuer qu'elle serait possiblement faible ou incapable.
"Allons, ne soyez pas modeste, votre écriture est certes quelque peu tremblante mais parfaitement lisible. Vous vous adaptez très bien à toute situation. Je ne choisirai pas des incapables pour m'accompagner enfin..." Devait-il être heureux? La Bourgmestre s'autorisait peu de compliment envers ses subordonnés...Il ne put empêcher le rouge d'affluer à ses joues. "Mais en toute objectivité...que pensez vous de mon écriture?" Il déglutit. Toute couleur disparu sur son visage. Elle était diabolique. Il ouvrit la bouche mais fut arrêté par des hennissements. Il remercia toutes les déesses, esprits et dieux de ce monde.
Eleonnora, agacée qu'on l'interrompre e à ce moment critique écarta légèrement les rideaux de son côté de la fenêtre. Le cortège semblait s'être arrêté. Que faisaient ces crétins? Quelque chose bouchait donc le chemin? Ou était-ce des voyageurs? des bandits? Peu importe, elle n'aimait pas attendre. Avant d'ouvrir la porte elle vérifia une dernière fois son insigne bien épinglé sur sa cape. Sans la faire s'impatienter davantage le valet lui porta assistance pour la faire descendre et lui emboîta le pas vers la tête du convoit.
Mais voici que cette dernière soupirait en désignant son écritoire. "Auriez vous l’obligeance de me débarrasser de ceci?" Soulagé que ce soit sa maîtresse qui brise enfin la tension, l'homme à tout faire précipita ses mains gantées vers le matériel d'écriture. Le diplomate ne pipa mot et fit mine de regarder le paysage défiler de façon distraite. La prise de risque très peu pour lui. "Après tout il a toujours été particulièrement ardu de rendre quoique ce soit de propre dans ce moyen de transport..." Une goutte de sueur perla dans son cou. "N'ai-je pas raison, monsieur?" Il tourna la tête avec un sourire crispé. Qu'est ce qu'il avait bien pu faire pour mériter ça? Il avait été le parfait caladonnien. Fils de pêcheurs il avait traverse l'océan les larmes dans les yeux des mois durant. Que fut son soulagement devoir ses terre promises a l'horizon... Il adopta le mode de vie caladonnien, travailla d'arrache pied pour arriver be serait ce qu'à la cheville de cette jeunette et pour quoi ? Finir sur une histoire de bras ? Ce voyage était censé projeter sa carrière pas y mettre fin aussi subitement...Il jeta un bref coup d'oeil au parchemin brouillon maculé d'une écriture tremblante, indécise, digne d'un enfant en bas age. Était-ce de la mauvaise foi ou s'amusait-elle à le déstabiliser intentionnellement? Pendant un instant l'idée que ce voyage était institué dans le but de le mettre à l'épreuve émergea dans son esprit. Il aurait bien échafaudé d'autre théorie du complots à son égard mais devant l'insistance du regard de sa supérieur il n'avait pas d'autres choix que de répondre"Bien...j'évite toujours, personnellement, de rédiger des missives trop importantes lorsque je ne suis pas sur un véritable bureau..." Il s'était bien rattrapé, il pouvait souffler. Pourtant s'il savait...
Eleonnora détestait ce regard qu'on lui portait. En dehors des discours et des grandes occasions, sa blessure, son statut d'estropiée n'avait plus rien d'un trophée. Si ce n'était pas de l'ignorance feinte, c'était la pitié. Et il n'y avait pas plus intolérable. Ce crétin d'Aaron qui avait voulu lui assigner un scribe pour ses missives et notes personnelles. Pour réussir, il fallait s’entraîner, travailler! Cela partait d'un bon sentiment? Elle lui en donnerait des bons sentiments! On ne traite pas sa supérieure d'handicapée et encore moins la Bourgmestre de Caladon! S'il n'était pas aussi proche des affaires de son père adoptif, la demoiselle aurait abusé de son autorité pour lui dévoiler un aperçu de sa vie d'estropiée.
Il avait été le premier, et surement le dernier avant longtemps, à aborder ouvertement le sujet face à la Bourgmestre en personne. Même si sa bravoure n'avait pas été récompensée à sa juste valeur, sa réflexion avait eu le mérite de piquer l’Intérêt l'impétueuse dirigeante. Depuis cet incident elle ne cessait de se demander ce que son entourage pensait de son incapacité. Évidemment ils évitaient tous le sujet avec une habilité qu'elle n'aurait cru possible chez certains. Et pour autant elle préférait faire de légères allusions pour ne pas non plus insinuer qu'elle serait possiblement faible ou incapable.
"Allons, ne soyez pas modeste, votre écriture est certes quelque peu tremblante mais parfaitement lisible. Vous vous adaptez très bien à toute situation. Je ne choisirai pas des incapables pour m'accompagner enfin..." Devait-il être heureux? La Bourgmestre s'autorisait peu de compliment envers ses subordonnés...Il ne put empêcher le rouge d'affluer à ses joues. "Mais en toute objectivité...que pensez vous de mon écriture?" Il déglutit. Toute couleur disparu sur son visage. Elle était diabolique. Il ouvrit la bouche mais fut arrêté par des hennissements. Il remercia toutes les déesses, esprits et dieux de ce monde.
Eleonnora, agacée qu'on l'interrompre e à ce moment critique écarta légèrement les rideaux de son côté de la fenêtre. Le cortège semblait s'être arrêté. Que faisaient ces crétins? Quelque chose bouchait donc le chemin? Ou était-ce des voyageurs? des bandits? Peu importe, elle n'aimait pas attendre. Avant d'ouvrir la porte elle vérifia une dernière fois son insigne bien épinglé sur sa cape. Sans la faire s'impatienter davantage le valet lui porta assistance pour la faire descendre et lui emboîta le pas vers la tête du convoit.