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descriptionMon amour jamais ne mourra [PV Aldaron] EmptyMon amour jamais ne mourra [PV Aldaron]

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26 Avril 1763
La Vagabonde

La rage s'était lentement apaisée, consumant les ultimes braises de ses forces tandis que la légendaire frégate maudite fendait les flots des abysses à la pleine mesure de ses moyens, emportant son nouveau capitaine vers les côtes opulentes de la nouvelle Caladon aussi vite que les courants le permettait. Sous un manteau de cendres amères reposaient, mourantes, les brandons de son ire, défaits de combustibles, isolés dans cette tombe sous-marine, à des lieux sous la surface des flots tempétueux. Pendant des heures, le haut mage à présent impuissant rumina, écartelé par l'angoisse viscérale qu'il éprouvait pour son époux et Inséparable, par une immense tristesse pour son sort et par une terrible vindicte. Qui que soit le vampire qui avait osé mordre l'amour de sa vie, il allait le payer cher, très cher. Intérieurement, il esquissait déjà les tortures auxquelles il le soumettrait. Oh oui, cette immonde vermine allait hurler jusqu'à en faire trembler les cieux avant qu'il ne se décide à l'achever. Il lui trairait de toute sa souffrance, de tout son esprit et de la moindre goutte de fluide jusqu'à n'en laissait qu'une coquille vidée et brisée qui n'appellerait que la mort pour le délivrer. Et la Mort serait encore bien trop douce pour lui. Mais en attendant ce moment de pur délice, il nourrissait son imagination des traits délicats de son lié.

Aldaron n'était pas encore éveillé mais cela ne saurait tarder. Il était allongé là, immobile, froid. Son cœur au rythme si familier ne battait plus, le silence s'en faisait assourdissant. Jamais plus il ne le bercerait de ce tambour profond et vibrant. Son souffle s'était éteint. Jamais plus il ne s'adoucirait à compter ses soupires, à les boires à la coupe de lèvres délicieuses lorsque les griffes du plaisir embrasaient leurs sens. Sa peau était à présent gelée. Jamais plus il ne se perdrait dans la douceur de ce velouté incomparable. Et plus que tout, il y avait l'amnésie vampirique. L'assurance qu'en se réveillant, le nouveau-né aurait totalement oublié qui il était, et ce qu'ils partageaient. Il ne serait qu'un anonyme parmi d'autres. Une figure inconnue. Rien d'autre. L'idée menaçait à tout instant de l'engloutir dans un nouvel élan de rage primaire. Expirant lentement, l'Aîné éleva une main aux longs doigts jusqu'à caresser doucement la bague nouée à l'une de ses lourdes tresses nordiques. La boucle de Wunjo, le bonheur, n'avait soudainement plus aucune raison d'être. Pourquoi porter une exaltation de la nuit éternelle lorsque celui à qui il la destinait n'en avait plus aucun usage ? D'un geste lent, il la retira et l'observa, brisant enfin le contact visuel longuement établit avec la forme allongée dans sa couche.

Une vague de dégoût le saisit devant le porte-bonheur qu'ils avaient gravés ensemble et ce fut avec une expression ouvertement répugnée qu'il enferma l'objet dans un petit coffret posé sur le grand bureau. Expirant sèchement, il retourna à la veille de son compagnon et se rapprocha pour caresser avec douceur ses cheveux d'un blond délicat, ne questionnant pas le moins du monde ce changement au milieu de la dévastation que son état représentait. Avec une tendresse révérencieuse, il avait lavé son corps du sang et des algues, il avait peigné sa chevelure et l'avait habillé avant de le déposer là. Qu'était-il sensé faire ? Qu'était-il sensé dire ? Son œil droit ne portait plus la moindre couleur, il était là mais semblait si lointain. Il avait fait préparer autant du sang de l'humain qu'il pouvait se permettre d'en donner sans le tuer, afin d'étancher la première soif de son aimé, et avait déjà ordonné qu'on ralentisse l'avancée du navire dès qu'un navire naufragé de la flotte unie se présenterait afin de pêcher davantage d'humains. Son époux aurait besoin de beaucoup de sang, dans les prochaines semaines et il pressentait que même avec la formidable vélocité de la Vagabonde, ils mettraient du temps à parvenir à destination. Tant pis pour les humains, ils ne sauraient sans doute jamais à quel point leur sacrifice était important, était vital. Tant pis, qu'ils restent ignorants, ces animaux.

Seul Aldaron comptait à ses yeux.

Doucement, il lui caressait les cheveux et le visage, soufflant de tendres paroles dans sa langue natale, il attendit, montant une garde futile mais sincère. Qui donc viendrait le menacer ici, sous les flots ? Et que pourrait-il bien faire, lui qui était à présent coupé de ses pouvoirs ? Il ne pouvait même pas freiner le nouveau-né si jamais celui-ci devenait frénétique. Tout ce qu'il pouvait espérer était que le sang réuni serait suffisant pour un premier repas, le temps de trouver d'autres proies. Physiquement, il n'était pas capable de tenir la compétition, bien trop frêle. Sans sa magie il était vulnérable. Fort heureusement, son équipage était là pour le seconder si besoin. Mais il n'avait pas envie d'user de cette carte à moins que ce ne soit sa dernière. Il ne voulait pas trahir Aldaron. Il ne voulait pas qu'on s'introduise dans ces retrouvailles déjà bien assez délicates ainsi. Soupirant une fois encore, emprisonné dans cette insupportable attente, le haut mage ne pouvait qu'espérer. Que se passerait-il à son éveil ? Avait-il la moindre chance de voir son amour retourné ou serait-il condamné à l'aimer à secret, à nourrir une tendresse sans retour et pourtant impossible à briser, impossible à changer ou à abandonner ? Aldaron allait-il bien ? Ses blessures étaient refermées mais elles avaient été critiques et sinistres. Est-ce que cela allait influer sa transformation ? Il… ne savait pas… il avait peur…

Tellement peur…

Puis, lentement, il sentit le nouveau-né lentement prendre conscience, se redressa et s'écarta légèrement, laissant sa main tomber sur la sienne. L'Aîné, et déesses ce titre prenait alors bien plus de sens, attendit quelques instants avant de se pencher, de prendre la bonbonne de sang pour la poser bien en évidence pour son aimé, qui n'aurait qu'à l'attraper pour se nourrir. Lentement, il essaya d'accompagner son éveil par des paroles rassurantes, voulant essayer d'invoquer son esprit, l'essence de son être en même temps que ses instincts primaires de prédateur.

descriptionMon amour jamais ne mourra [PV Aldaron] EmptyRe: Mon amour jamais ne mourra [PV Aldaron]

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    Oublier. Il avait tellement voulu oublier. La perte de ces personnes chères, la brûlure de Morneflamme, qu'à cet instant fatidique, il savourait cette aliénation procédant au sein même de sa mémoire pour la dévorer. Le bien, le mal : tout était exécuté sur la même sentence divine, la malédiction des déesses, inévitable et inarrêtable. Quand bien même il l'aurait pu... L'aurait-il seulement voulu ? Il recherchait cet oubli, cette page blanche sur laquelle écrire à nouveau et plus que tout, il voulait son éternité auprès d'Ivanyr et non pas s'éteindre prématurément alors que leur union aurait pu durer si longtemps. Il était rare d'éprouver un tel amour, ne serait-ce pas un sacrilège de le laisser s'éteindre par la mortalité ? La décision avait été prise et le destin avait été scellé à l'instant même où les crocs de Toryné s'étaient plantés dans sa gorge, la débâcle de la guerre s'en trouverait salvatrice pour protéger la vie de sa mère. Tout s'était bien passé, au début. Et puis, il y avait eu Wargen.

    Ses plaies s'étaient refermées assez vite, une fois que la lame noire fut retirée de son ventre. De souffle, il n'avait plus. De battements de cœur non plus. C'était comme si tout s'était arrêté. Comme si son corps sans vie gisait là. Il entendait les pulsation cardiaque d'un autre, et puis plus rien. Ses sens s'ouvraient doucement au monde alors que quelque chose l'étrillait de plus en plus sauvagement : la Soif. Sa bouche était sèche, ses mains réclamaient de la violence. Il voulait une proie. Il tentait, par ses sens, de la trouver. Il devait bien y avoir un cœur qui bat dans les alentours ou... Une âme qui rêve. La matière l'appelait, comme si la nourriture se dandinait sous son nez fin... Vaporeuse, et probablement même immatérielle.

    Les images qu'elles véhiculaient contenaient assez de violence et par conséquent, assez d'intensité pour le rassasier. La guerre marquait son esprit d'une terreur qu'il dévorait, aspirait, même sans être à ses côtés. Les navires grondaient, craquaient, les épées s'entrechoquaient dans un vacarmes de métal, de bois et de cris. La peur marquait uniformément ces visages tachetés de sang et la mer emportait les cadavres de ceux qui avaient succombé. Les adversaires étaient difformes, presque aviaires et en si grand nombre, tout semblait perdu. L'équipage du navire était lui-même affreux, comme s'il avait fusionné avec l'océan, le corps craquelé de coquillages et des membres de céphalopodes avaient poussé, ici et là, comme des excroissances plus ou moins utiles. L'horreur traumatique rendait ce rêve particulièrement vivace, presque tangible. Il avait l'air presque vrai, comme si rien n'était exagéré ou sous-estimé... L'Àst en désirait d'avantage, affamé tel le nouveau-né qu'il était.

    Artane se mit à gémir dans son sommeil, dans l'infirmerie de la cale. La transpiration perlait sur son corps et ses sourcils froncés donnaient à son visage moustachu une expression de dégoût. Il secouait lentement la tête de gauche à droite, comme s'il cherchait à s'échapper de quelques visions angoissantes. Puis vinrent le temps des suppliques marmonnées alors qu'il se débattait mollement dans ses draps. Dr Poulpe s'était penché sur lui pour le maintenir en place mais visiblement, le contact gluant de ses tentacules vinrent nourrir son cauchemar d'un immense kraken dominant un ciel orageux pendant la bataille. Nordan en hurla de peur, son traumatisme de guerre exacerbé. L'Àst frémit de satisfaction, entr'ouvrant, dans sa transe, sa bouche à présent dotée de fin crocs. Les cris de l'humain ne tardèrent pas à mettre tout l'équipage sur le branle bas de combat. Aldaron referma ses poings sur le drap du matelas et, par conséquent, sur la main d'Ivanyr. Il serrait si fort, si intensément, qu'il était bien peu possible pour l'Aîné de quitter l'endroit et comprendre ce qui se passait.

    Les plaies d'Artane s'ouvraient de nouveau, par ses mouvements intempestifs, mais le coup de grâce fut lorsqu'il s’explosa lui-même le crâne contre un mur en hurlant toute la terreur de son âme... Le tout sans parvenir à quitter le sommeil, comme s'il était pris au piège d'une folie bien plus puissante que lui. Le silence revint lorsqu'il tomba à terre, mort, sous les yeux d'un Dr Poulpe et d'autres membres d'équipage qui n'avaient pas compris ce qui s'était passé. Le corps d'Aldaron se détendit, ses poings se décrispèrent doucement... Et il fallut quelques secondes de plus pour qu'il ouvre les yeux, contemplant le plafond de bois. Ses perles d'émeraude étaient à présent mouchetées de pigments ambrés et marquées d'un éclat blanc intense. Sa mémoire vierge captait ces premières images, alors qu'il tournait la tête à gauche, puis à droite, discernant une silhouette à ses côtés, assise sur le bord du lit.

    Il se redressa, doucement, sans quitter cette silhouette des yeux et un bref hoquet de douleur le fit se pencher en avant. Son front se cala sur l'épaule de l'Aîné alors qu'il s'habituait à la plaie refermée, ses muscles encore ankylosés. Cela passa vite, néanmoins, mais il resta là puisque l'autre ne s'était pas retiré. Il humait l'odeur de ses vêtements, cherchant à y percevoir des indices sur sa dangerosité sans y trouver rien de plus pertinent qu'une migraine, comme si cela cherchait à lui faire comprendre qu'il connaissait cette odeur sans pour autant l'autoriser à faire le lien. Il n'aimait pas cette impression désagréable de porte close, de prison. Ses yeux se posaient sur sa main logée dans celle de l'autre. De l'affection ? Ce devait être cela. L'autre avait de l'affection pour lui : il pourrait s'en servir. Il releva sa tête, calme, l'air innocent alors qu'il venait de tuer quelqu'un.

    Il mit quelques instant à découvrir les traits de son visage pâle, son regard se perdant dans les saphirs. « Ivanyr ? » demanda-t-il. Mais il n'eut pas besoin de réponse : l'éclat dans ses yeux lui confirmait. Son regard se posa sur la bonbonne de sang, sans lui trouver d'attrait. Il retira sa main de celle de l'autre et quitta la lit par la gauche pour s'éloigner de ce vampire. La force de son esprit l'aidait à rester calme, sans quoi il serait en train de courir en rond en levant les bras. « Je vous ai vu... Dans un rêve. Pendant une guerre. » Il ne savait pas laquelle, il ne savait même pas s'il y en avait eu une. Il faisait le tour du lit et par conséquent le tour d'Achroma, comme pour essayer de vérifier une hypothèse. « Sur un navire... » Il réalisa que le sol tanguait. Sur ce navire ? « Avec un équipage... » Il fronça les sourcils, cherchant visiblement ses mots, sans les trouver : « Bizarre. »

    Il se cala dans un coin de la pièce, perturbé : « Je vous... Sens. Vous ne devriez pas m'approcher, je mange... Les âmes, je crois. C'est... » Il secoua la tête de gauche à droite : « Bizarre. » A nouveau. Cela lui revenait en bouche facilement. Tout lui semblait bizarre, comme si quelque chose clochait. Il avait en lui des impressions qu'il ne comprenait. « Je n'ai pas envie de vous faire du mal... »

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Mais qu'est-ce qu'il avait celui-là à hurler comme ça ? Ce n'était pas bientôt fini de déranger les braves gens en deuil ? On aurait dit un cochon qu'on égorgeait. Minute, il avait bien donné des ordres pour qu'on le garde entier, tout de même, n'est-ce pas ? Il n'avait pas oublié ? S'il descendait, là tout de suite, il n'allait pas réellement trouver Nordan entrain d'être égorgé, non ? Peut-être devrait-il aller voir, juste pour être certain. Oh mais non, décidément, rien qu'à l'entendre beugler, ça lui ôtait absolument tout altruisme. Et de toute façon, son Inséparable essayait de lui broyer la main, il ne risquait pas vraiment de pouvoir s'en décrocher même s'il en avait eut la moindre motivation réelle. En revanche, il avait très envie d'ordonner qu'on le bâillonne, histoire de faire cesser ces vagissements de veau mourant. Ne pouvait-il donc, par tout ce qui était saint et droit en ce monde, avoir droit à dix foutues minutes de paix pour s'occuper correctement de son pauvre époux trop rapidement transformé ? C'était outrageant d'être ainsi dérangé à tout va par l'agonie de la plèbe quand il avait plus important à faire. D'autant qu'Aldaron montrait des signes d'activité inquiétante. Il ne réagissait pas du tout comme lors d'une transformation classique, mais il ne se l'expliquait pas, craignait terriblement que cela provienne de l'effet des blessures de Néant.

Et puis soudain, le silence. Ô silence tant appelé, délice de cette nuit abandonnée. S'il avait pu, à jamais, se prolonger. Mais non, évidemment. Le monde était ainsi fait qu'il prenait un cruel plaisir à le faire déchanter, encore et toujours, jusqu'à plus soif. Mais enfin, les yeux tant aimés s'ouvraient sur le monde, faisant trembler son cœur d'une sourde attente et d'un soulagement affolé. Sans le brusquer, sans rien faire pour le presser, il l'observait, attendant et le laissant faire, laissant son rythme s'installer. Une fois de plus, un doute profond le prit. Aucune frénésie ? Il aurait pourtant dû être assoiffé, vorace et même violent ! Mais non, rien de tout cela, seulement le silence et un calme suspect. Il le laissa s'appuyer contre lui, l'observant avec une intensité non dissimulée, guettant ses frémissements, ses moindres réactions pour essayer de comprendre et de se rassurer. Il ne bougeait pas, s'humiliant du réconfort que ce simple contact lui procurait. Mais il devait être plus fort que ça, il n'avait pas le choix. Aldaron aurait besoin de lui après tout. Il aurait besoin qu'il soit solide à l'avenir. Plus question d'être friable, de montrer ses faiblesses ou de se laisser aller alors que son aimé compterait sur lui. Ce serait certainement douloureux, mais nécessaire, et par amour pour lui il y était tout prêt.

Lorsque le nouveau-né se redressa pour l'observer, il plongea son regard dans le sien, ne sachant que dire, et l'appel de son nom agrandit ses mires de surprise alors que son cœur bondissait, fébrile. Déjà ? Est-ce qu'il le reconnaissait déjà ? Peut-être qu'il n'avait pas oublié, finalement, peut-être que… peut-être que l'Inséparable l'avait protégé ? Il se tendit vers lui, chaque fibre de son être accrocha au moindre frémissement de son aimé, attendant, exalté, la suite, l'indubitable suite… qui ne vint jamais. Point de baiser, point d'étreinte. Point même de sourire. Naïf invétéré qu'il était, stupide amouraché. Il le laissa aller, mourant quelque peu de le voir déloger sa main de la sienne, mais souffrant l'agonie en silence. N'était-il pas encore là, présent ? C'était déjà plus qu'il n'aurait pu espérer avec de telles blessures. C'était ce qu'Aldaron avait voulu et il essayait de se raccrocher à cette consolation, que la conscience tant vénérée, disparue, aurait été satisfaite, soulagée de l'oubli et de cette page tournée. Nul doute à ce sujet, mais lui ? Il restait seul sur la rive qu'Aldaron avait quitté, sans savoir avec quelles rames et quelle embarcation le rejoindre là où il se trouvait désormais. Son nom ? Comme un sursaut, le dernier pli lissé de cette page à présent immaculée. Rien d'autre que cela. Tout à réécrire, une manne pour celui qui avait été un elfe. Sans nul doute.

« Maudit serait un meilleur terme »

Un simple souffle, le peu de force qu'il conservait se dilapidant dans le besoin de se conserver. Sa silhouette se tournait vers lui qui avait bougé, frappée de perplexité. Puis d'une nouvelle peur. Que disait-il là ? Manger les âmes ? De quelle folie pouvait-il s'agir ? Quelque artifice chimère l'avait-il corrompu ? Sans ses sens magique, il était aveugle et sourd aux réponses immédiates. Il fallait qu'il en sache davantage, mais pour cela il devait cesser de s'apitoyer sur son sort comme une larve sans consistance. La pensée, fugace, provenait de cet éclat de conscience réveillée sur le navire durant la bataille, celle-là même qui avait refusé de voir l'hymne Kohan entonnée. Inspirant profondément, Ivanyr puisa dans sa présence ombrageuse et sévère pour se consolider. Quelque chose était allé de travers avec Aldaron, lors de sa transformation, c'était la seule explication possible mais quant à savoir exactement de quoi il s'agissait ? Il ne savait pas le moins du monde. A son tour, il se releva, pour lui faire face et parce qu'il trouvait cette position à présent détestable, abandonnée puisqu'il n'était plus le précieux trésor sur lequel il veillait. Encore à présent, assoiffé en plein désert, il s'accrocha à la courbe sensuelle de ses lèvres qui avaient commandé bien des complots pour le bien du monde, espérant en voir tomber de précieuses paroles, ou preuves de sa piété.

Il en gagnait, en une étrange et révoltante façon, sa volonté de ne pas le blesser n'était-elle pas la preuve de son affection ? Face à lui, à nouveau, il se retint d'avouer sur le champ que son âme lui appartenait déjà toute entière, dévouée et fébrile à sa simple présence, débordante d'un amour qu'il n'osait plus montrer, de peur de l'effaroucher, ou de s'humilier.

« Je te remercie. Je te fais confiance, Aldaron. Tu ne me feras jamais de mal »

Pas volontairement en tout cas. Un instant, il le contempla avec l'envie de clore cette distance et de l'embrasser, de le vénérer. Il en souffrait, physiquement, mais se contenta d'avancer légèrement, lentement, pour lui montrer que rien ne lui arriverait. Il avait réellement, aveuglément foi en lui, même à présent. Le simple fait de l'entendre craindre pour lui le confortait. Jamais son aimé le blesserait volontairement.

« Ce nom. Aldaron. Est-ce que cela t'évoque quelque chose ? Est-ce que tu… ressens quelque chose, quand je le prononce ? »

Il tentait d'être lent, de ne pas le brusquer, de détourner légèrement son esprit de sa crainte, le temps de trouver quelques bases solides à commencer par la façon dont il devrait l'appeler. N'avait-il pas choisi lui-même Ivanyr, lorsque tous le nommait Achroma. L'identité était une première pierre à l'importance capitale et pour débuter cette dalle conséquente, cette simple question suffirait.

« Est-ce que je peux t'appeler ainsi ou… ou préfères-tu quelque chose d'autre ? »

Quelques instants, et il s'arrêta, plus proche qu'auparavant, bien moins que ce qu'il aurait désirait. S'il avait pu fusionner avec lui, ne faire qu'un avec lui… tout lui donner, pour que tout aille bien et que cette phase passe, qu'il le retrouve, qu'il voit son soleil à nouveau, les couleurs de son existence. Il était si beau, même à présent, pas seulement de corps mais de présence et d'esprit…

« Bienvenue… bienvenue en ce monde »

Il lui sourit, lentement, avec autant d'amour que de détresse, les yeux emplis de tendresse et de tristesse, bien qu'il ne se brisa pas un seul instant. A nouveau, il inspira profondément, ferma les yeux, retenant le flot, puis les rouvrit pour reprendre conscience de sa présence.

« Tu as dis que tu me… sentais ? »

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    Le nouveau-né remontait ses mains le long de ses bras croisés, comme pour se rassurer d'une étreinte avec lui-même. Il était désorienté et le vide commençait insidieusement à l'effrayer. Aldaron ? Pourquoi l'appelait-il seigneur des arbres ? Il avait une figure de branchage ? Il avait des feuilles dans les cheveux ? Il ne s'était pas vu... Il ne savait même pas à quoi il ressemblait et à cette réalisation, le vide devenait plus grand et plus terrifiant encore. Pourquoi l'appelait-il seigneur des arbres, à l'accent elfique, cette langue qu'il comprenait sans difficulté ? Était-ce un sobriquet ? Le doux surnom affectueux d'un ami ? A quoi cela faisait-il référence ? Cela aussi n'avait pas de réponse et il commençait à y avoir beaucoup trop de manques qui le mettaient face au vide. Face à cette béance qu'il ne comprenait pas et qui lui donnait envie de fuir.

    Il secoua brièvement et sèchement la tête de gauche à droite lorsqu'on lui demanda si ce nom lui évoquait quelque chose. Cela ne lui disait rien. Aurait-il fallu que cela lui fasse quelque chose ? Que cela le soulage ou le réconforte ? Ou l'effraie ? Il n'en savait rien. Il ne savait pas en quoi il était le seigneur des arbres. Il ne se souvenait pas même avoir vu la moindre forêt de toute sa vie... Et pourtant, instinctivement, il savait à quoi cela ressemblait. Il voyait les branches, les feuilles, les troncs qui s'étendaient à perte de vue. L'odeur de humus encore frais, après que la pluie soit tomber et le chant des oiseaux... Le chant des oiseaux. Il se souvenait des oiseaux. La mélodie tintait à ses oreilles, venant le réconforter et combler le vide béant devant lequel il était. Un chant d'oiseau pour remplacer le silence. « Vous pouvez m'appeler comme vous le souhaitez, je n'ai... Je n'en ai aucune idée. » Aldaron lui convenait, du moins pour le moment. Lorsqu'il verrait les larmes de ceux qui pleuraient un Aldaron, il se sentirait tout de suite moins à l'aise avec cette idée. Mais pour l'heure, elle l'indifférait assez, si ce n'était l'incompréhension de ce choix arbitraire. Si cela avait été un autre nom, l'effet aurait été similaire : cela ne lui disait rien. Alors celui-ci ou un autre ? Était-ce important ?

    Bienvenue ? Pourquoi avait-il cette sensation bizarre que cela n'était pas tout à fait vrai, tout comme cela ne lui semblait pas tout à fait faux ? Il se sentait nouveau dans ce monde et ancien à la fois. Il se sentait débarqué et pourtant enraciné. Il tâcha néanmoins de lui rendre son sourire, au moins pour le remercier de l'accueil qu'on lui faisait. L'ultime question le fit se replonger au cœur de ses ressentis flous, perturbé par leur absence de contour, comme s'ils n'avaient aucune forme, aucune cohérence... Et il devait mettre des mots sur cela ? L'autre voulait l'aider, peut-être était-ce le bon chemin... Peut-être qu'il savait par où il fallait aller ? « Je sens votre présence. Là où vous vous situez. Vous pourriez bien être à l'autre bout du monde... » Un monde dont il ignorait la taille. A quel point était-ce immense ? Est-ce que ce qu'il disait était juste ? « Je crois que je serai capable de vous retrouver. Et je sens... » Il longeait ces émotions, les larmes montant à ses yeux sans pleurer, les sensations bloquées dans sa gorge qui faisaient trembler ses mots quand il parlait : « Votre peine et vos... »

    Il ne savait pas si mettre du verbe sur cet imbroglio se révélerait être une bonne chose, si creuser ce qu'il percevait l'aiderait. Il avait faim et cette faim le faisait avancer vers cet homme. « Votre affection. » Il avait faim, cela lui titillait les entrailles, cela le déroutait. Assez proche du millénaire, l'une de ses mains effleurait son ventre jusqu'à se poser à plat sur son torse, remontant jusqu'à son buste. Le nouveau-né avait l'air perdu au sein de ses ressentis, comme au beau milieu d'une introspection troublante qu'il creusait et creusait encore, pour comprendre : « Pour moi, je crois... » Il relevait sur lui les yeux d'un être égaré et noyé sur le flot de l'émotion amoureuse d'Ivanyr à son égard, tendre et délicate. Si précieuse, si brûlante, si envoûtante. « Vos attentes... » Sa main remontait à sa nuque alors qu'il se redressait, se tendait vers lui, les yeux mi-clos. C'était si fascinant, si poignant... Et si déroutant quand ses sens d'Inséparable, d'Ast et tout simplement ses perceptions sociales s'emmêlaient pour essayer de comprendre ce qui le charmait et le désorientait. Ce qui l'attirait et le déconcertait.

    Il sentait qu'il lui plaisait. Il sentait l'influence qu'il avait sur lui. Plus encore lorsqu'il entrouvrait ses lèvres à quelques millimètres des siennes tel l'infâme bourreau qui jaugeait des réactions de l'autre à ce qu'il lui soumettait... Et qui ce nourrissait de ses désirs, de ses ambitions... Ses rêves. Il les happait au cœur même de sa privation, de tout ce qui se languissait en silence : « Frustrées. » La culpabilité grattait en ses viscères un sentiment de malaise. Il ne voulait pas lui faire du mal mais dans cette attente grossière, ne lui donnait-il pas l'impression de jouer avec lui comme on s'amuse avec un bout de viande avant de le manger... Ou de l'abandonner ? En cet instant, il dévorait ses rêves et refusa de laisser sa proie lui échapper, ou de sentir qu'il la manipulait. Ses lèvres happaient les siennes dans un baiser d'une tendresse à la fois jouée et sincère, poussé par la faim de l'Ast et l'amour de l'Inséparable. Il se nourrissait de ses désirs sublimés, cherchant à le voir les exprimer, pour s'en rassasier, avidement.

    Le repas était savoureux, si sensible, bien plus que les cauchemars d'Artane. Ce rêve-là était enivrant, il était puissant et il le dévorait, il l'étreignait. Il en absorbait l'essence en vidant son propriétaire de ses ambitions, de ses espoirs... Il le laissait progressivement tomber dans la tourmente, avec pour seul cap, ce baiser qu'il lui offrait comme une torture, comme une plaie suintante d'où coulait le sang nourricier. C'était terriblement malhonnête. Mais il avait faim. Le baiser était une laisse pour attacher sa proie, pour l'empêcher de partir et chaque fois, il en donnait un petit peu plus, pour en récolter beaucoup en retour. Il lui offrait une passion dans ce baiser et il lui semblait étrange d'en ressentir un plaisir autre que celui d'un repas abondant. Il appréciait le geste, sa symbolique, les sentiments qui émanaient de lui sans qu'il les comprenne. Et puis la culpabilité. La souffrance à l'idée de faire souffrir l'autre... Et s'il le rendait fou comme Artane, et s'il n'arrivait pas à s'arrêter à temps ?

    Il hurla, effrayé, et recula d'un coup, venant claquer son dos contre le mur, laissant sa proie à l'abandon. Elle retrouverait bientôt ses idées, ses rêves maintenant que l'Ast ne les dévorait plus. Aldaron claquait ses deux mains devant sa bouche, pris de haut-le-cœur, dégoutté et psalmodiant en boucle des « Je vous avais dit de ne pas m'approcher... », à moitié étouffé alors qu'il se laissait glisser, dos contre le mur, jusqu'au sol. L'envie brûlante de se rouler en boule. Ou d'hurler. C'était quoi tout ce bordel ?

descriptionMon amour jamais ne mourra [PV Aldaron] EmptyRe: Mon amour jamais ne mourra [PV Aldaron]

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Un simple hochement de la tête, pour répondre à son désintérêt. Un petit pincement au coeur. Aldaron était le nom sous lequel il l’avait connu, retrouvé, aimé et choyé, qu’il soupirait dans leurs étreintes, murmurait tendrement dans leur repos et grondait quand ils se disputaient. Pour lui c’était bien plus qu’un nom mais une ancre à l’essence de leur passion commune. Il avait nourri l’espoir qu’il le garde et le veuille, avait craint qu’il le rejette. Cette indifférence, bien que naturelle, le heurtait plus encore qu’un refus malgré toute la volonté qu’Achroma mettait à lui expliquer la chose. L’Aîné avait vécu cet instant bien des fois. Combien de ses enfants avait-il aimé au-delà de toute raison, passionné et fusionnel, au cours de sa longue vie ? Il en avait transformé un certain nombre pour obtenir leur éternelle affection. Il savait. Mais lui en tremblait, car il ne vivait cette expérience qu’au travers du voile de sa scission. La suite lui apporta une nouvelle dose d’espoir, comme une bouffée d’air pour un noyé. Ce qu’il décrivait était leur lien, le don de l’Inséparable. Il n’était donc ni rompu ni muselé, il existait, il n’était pas solitaire. Réfrénant un sourire exalté, il le regarda s’approcher de nouveau de lui, sans jamais s’esquiver, le laissant le rejoindre, en ayant même besoin.

Oui, pour toi

Toujours pour lui. Son regard plongea dans celui, poudré d’or, du nouveau né. Il était plus magnifique encore à présent, si intense, si riche et pourtant si perdus. Aurait-il dû le lui cacher ? Stupide de sa part, il avait dû le perdre plus encore à être aussi émotif. Mais comment l’empêcher de ressentir au travers de leur lien ? Devait-il vraiment le cloisonner, au risque de le perdre encore et peut-être davantage ? Ce serait comme de se trancher la gorge. Surtout quand il était si proche, si présent. Un frisson parcourut son être, pas seulement physique, mais aussi psychique. Le simple contact de sa main le faisait brûler d’amour pour lui. Ce simple contact était déjà un soulagement dans son torse, une douce fleur tiède d’affection qui l’envahissait sous la certitude de sa présence. Alors le voir s’approcher si près, voir ses lèvres tant désirées ? Il connaissait leur douceur, fantasmait leur souplesse et le goût de leur échange. Il s’imaginait clore cette distance, joindre ses pulpes aux siennes, baigner dans tout son être par cette union. Oui, il était frustré, pas physiquement, grotesque besoin primal, mais par l’essence même de ce qu’il était, un lié au supplice pour son aimé. Il le voyait et n’osait rien faire, ne voulant pas briser le peu qu’il parvenait à rattraper…

Il n’aurait pas cru ce contact, plongeant pourtant dedans à corps perdu, ne se débattant pas un seul instant. Il éclosait, le soleil en son coeur irradiant à la simple idée de lui. Son monde était lui. Son univers était lui. Il n’y avait que lui en cet instant et pour chaque pensée ou sensation engourdie qui s’étiolait, se délitait, s’engourdissait sans qu’il comprenne ou veuille comprendre pourquoi… pour chacune d’elle, la suivante était plus intense encore. Parce qu’il était là. Il le saisit, l’enlaçant, caressant son visage, ses cheveux, ses épaules, son dos. Il peignait en son esprit un monde fait de lui, pour lui, par lui. Un monde qui, une fois déjà, avait semblé trop violent, trop fanatique mais qui, aujourd’hui, l’emplissait plus que tout. Que le monde rouille et tombe en poussière, eux seuls comptaient. Et puis, subitement, tout se brisa. Il s’éloigna, s’arrachant à lui sans qu’il ait la force de le retenir, le laissant vide, vacillant et perdu à son tour. Lentement, le monde exista à nouveau, fade, médiocre, blessant. Il aurait voulu continuer de s’enivrer mais la soudaine détresse de son époux l’alarma dès qu’il en prit conscience, lui refusant tout abandon. Clignant des yeux, il prit conscience de sa panique, de son état désemparé et il approcha sans y réfléchir.

Tout va bien, Aldaron… Tout va bien

La voix d’Achroma, stoïque et aimante, confiante et solide. Les mains d’Achroma, venant prendre le nouveau-né dans ses bras avec autant de délicatesse que s’il était de cristal, alors que l’autre pouvait le fendre en deux. Il lui baisa la tempe, caressa doucement son dos et le nicha tout contre lui.

Tu ne m’as pas fait de mal…

Et c’était la vérité. L’acte perpétré par Aldaron n’était malveillant que dans les faits, mais la perception qu’il en avait eue avait été glorieuse, aimante, absolue. Il répéta cette affirmation, embrassant son front, ses cheveux, sans jamais le lâcher. Il avait été incapable de l’en empêcher mais au fond ? Il ne l’avait pas voulu. Pas alors qu’il ne vivait que par lui.

Je ne suis pas blessé, je ne suis pas malade ou effrayé par ce que tu as fais, tu le sens, n’est-ce pas ? Comme tu as sentis le reste…

Là encore, aucun mensonge. S’il avait pu le faire sans crainte de l’effrayer, il l’aurait même supplié de continuer. Mais continuer quoi exactement ? Qu’est-ce qui s’était réellement passé ? On eût dit qu’il absorbait la substance de son coeur et de son esprit. Qu’il absorbait ses pensées, ses sentiments. Etait-ce une forme de parasitisme psychique ? Une forme de Néant ? Sa transformation aurait pu créer une… une mutation ? Le faire dévorer l’essence psychique plutôt que physique ? Il n’était pas certain, mais c’était l’explication la plus simple pour le moment pour expliquer tant son absence de besoin de sang que ce qui venait d’avoir lieu. Cependant, en un sens, c’était peut-être autant une bonne qu’une mauvaise chose. Il pouvait le nourrir plus facilement. Coupable, il savait aussi qu’il apprécierait cela, s’il ne se trompait pas. Et s’il se trompait ? S’il s’agissait de quelque chose de terrible qui corrompait son aimé ? Pour l’instant, entre la panique du nouveau-né qui découvrait le monde et la possibilité d’une panique due à autre chose, il ne savait pas tout à fait faire la différence. Inspirant doucement, il lui prit une main, venant masser sa paume du pouce, lentement.

Est-ce que tu ressens de la faim ? Une faim intense, profonde, qui ne te quitte pas ? Ce que tu m’as fait, est-ce que ça a atténué cette faim ? Est-ce que tu as mangé ? Veux-tu…

Il hésita, soucieux, puis poursuivit.

Veux-tu manger encore ?

Lentement, il entrelaça ses doigts aux siens. Il l’appela, doucement, tendrement, tout en continuant de le chérir, de le couver. Comme le piou avec son oeuf. Le surnom qu’Aldaron lui avait trouvé… Il se souvenait sa grimace, et puis sa vengeance quand il l’avait appelé boule de plumes par la suite. Une bouffée de tristesse et d’affection lui serra la gorge douloureusement. Il reprit, tout bas, comme un secret pour lui-seul.

La personne que tu étais avant de te réveiller ici… celle qui s’appelait Aldaron. C’était mon époux, mon amour, mon lié. Tu es toujours mon amour et nous sommes liés par une puissance supérieure appelée l’Inséparable. Un esprit-lié. C’est pour cela que tu ressens mes émotions… et pour cela qu’elles sont si fortes. C’est aussi pour ça que tu ne veux pas me faire de mal et que je te fais confiance. Si tu veux… je pourrais t’en parler… mais avant j’aimerais t’aider à apaiser la Faim

descriptionMon amour jamais ne mourra [PV Aldaron] EmptyRe: Mon amour jamais ne mourra [PV Aldaron]

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    L'Ast sursauta au contact renouvelé, et qu'il avait pourtant récrié de refuser. Il s'en sentait coupable, d'apprécier cette proximité, se délectant de lui, de son affection protectrice, des dangers qu'il bravait pour lui et lui seul. Qui était cet homme si prêt à tout pour lui ? Il sentait sa dévotion, si féroce, si puissante. Il pêchait par orgueil, rassuré à l'idée de le posséder, d'avoir, pour lui, une personne qui le vénérait d'une foi aussi vivace que celle qu'on octroyait aux Dieux. Il avait honte, mais il appréciait de ne pas avoir à vivre la solitude de son amnésie comme une traversée du désert. Ivanyr lui donnerait de l'eau et le protégerait du soleil, dusse-t-il le faire en prenant les coups brûlants à sa place. Il avait honte, en son for intérieur, d'apprécier son sens du sacrifice, mais il en avait tellement besoin, en l'instant. Il ne chercha donc pas à le repousser, mais la culpabilité revenait, sourde et grondante dans le fond de sa tête, comme une bête sur le point de mordre.

    Il sentait qu'il ne l'avait pas blessé et il acquiesçait de la tête, mais ce qu'il craignait, ce n'était pas ce qui s'était passé mais ce qui aurait pu se passer s'il avait continué. Il se laissait étreindre, retenu avant de couler au sol, il se laissait faire, manipuler comme un trésor fragile alors que lui-même retenait ses gestes brusques. Il sentait tant de violence en lui. Et pire que cela, il avait envie de faire du mal, de planter griffes et crocs dans une victime comme le prédateur qu'il était. Il avait envie de faire couler du sang et déchirer de la chair. Il avait envie de dévorer des rêves, des ambitions et des espoirs, jusqu'à plus soif. Il voulait sentir les vies s'écrouler dans sa poigne, suffoquer à l’étouffement psychologique de son appétit... Mais il ne voulait pas être un monstre. Il sentait qu'il n'était pas compatible avec sa propre nature cruelle. Il la refusait, la craignait, autant qu'il savait qu'elle existait, qu'il en était capable, qu'il était ce monstre. Il tremblait, secoué de spasmes, se logeant un peu plus dans son étreinte comme si ses bras, son attention et les baisers dans ses cheveux pourraient l'apaiser. Il était fébrile, tiraillé entre deux désirs intenses, si bien qu'il ne savait plus ce qu'il devait faire ou non. La Faim. Oui, c'était cela, la Faim.

    Mais il ne voulait pas y céder. Il en avait déjà tué un, il le savait. Il n'entendait plus son cœur battre. Il avait pourtant tellement faim. Sa vue se floutait, son audition devenait un écho. Il ne voulait pas manger ça. Il ne voulait pas être un monstre, la bête cruelle qu'on avait fait de lui qu'on le forçait à être... A nouveau. Oui, il avait cette sensation. Celle d'avoir vécu cela une fois. La contrainte d'être un animal. L'esprit qui résiste, mais qui plie. C'était pour cela qu'il tremblait. Il savait que la bestialité serait plus forte, encore une fois. Qu'il n'y avait rien à faire pour ne pas être ce monstre. Il était toujours là, en lui, et ne voulait pas le laisser mourir ou abandonner. Il avait Faim. Il devait se nourrir et vivre. Il avait si honte. Époux ? Amour ? Lié ? Inséparable ? Cela ne lui disait rien, il ne s'en souvenait pas mais il savait, il sentait qu'on lui disait la vérité. Et cela lui donnait encore plus de raisons de ne pas s'en prendre à lui. Il tremblait de plus bel. Il voulait se retirer de son étreinte mais le poignet qu'il agrippa, il manqua de le briser, le relâchant au dernier moment. Il n'osait plus bouger, plus rien faire. Il tremblait et perdait le contrôle de ses gestes s'il ne se maintenait pas en place.

    « Je ne peux pas... » souffla-t-il, assez bas mais vu leur proximité, il était bien assez sûr qu'Ivanyr l'avait entendu. « Je ne veux pas... Je l'ai tué, l'humain... Je n'arrivais pas à m'arrêter. » Rien que le souvenir excitait ses instincts prédateurs. « Je sens vos émotions... Mais je ne sens pas que cela et ce n'est pas elles que je mange. Ce sont... » Il avait faim. Il caressait sa proie, comme pour l'apaiser et lui demander pardon. « Les rêves, les ambitions, les espoirs. L'humain dormait, l'esprit sans défense. C'était facile. Je l'ai détruit en lui prenant ses rêves. Il y avait une jeune femme, brune... Il rêvait de la retrouver. Il rêvait de l'étreindre mais je lui ai pris son bonheur. Je lui ai pris l'ambition qu'il avait de croire qu'il serait un héros aux yeux de tous. Qu'il aurait une médaille, un titre, une certaine noblesse pour ses prouesses à la guerre... Qu'il aurait un rang suffisant pour avoir la main de sa dulcinée et... Satisfaire les attentes de son beau-père. » Il fronçait les sourcils. « Aldaron... Aldaron Leweïnra... » Les mots s'étouffaient à mesure qu'il paniquait. Cela n'était pas ce qu'il croyait ? Cette femme n'était pas sa fille, n'est-ce pas ? Un simple concours de circonstances ? Il y avait combien d'Aldaron en ce monde ? Il n'en avait aucune idée. « J'ai une fille ? » Pour sa propre santé mentale, il mit cela volontairement de côté et plaqua, un peu trop brusquement, une main sur la bouche d'Ivanyr. Non, il ne voulait finalement pas savoir. Il avait assez de chats à fouetter sur l'instant pour s'en rajouter une couche.

    Il préféra continuer, pour s'occuper et focaliser son esprit sur autre chose : « Son rêve est devenu un cauchemar. Une guerre. Parce que je lui avais pris son rêve, mais il se battait, il avait l'espoir de survivre. Ça, aussi je le prenais. Et plus il était désespéré, plus il mettait de force dans les actions qu'il entreprenait pour survivre. Je le laissais faire, je me rassasiais. Et puis je prenais un lambeau de plus. J'appréciais de le voir souffrir, de tout lui enlever morceau par morceau, il se vidait de son espoir comme une plaie ouverte. Si je trouvais cela cruel, j'étais incapable de le relâcher. A chaque espoir dévoré, le suivant était encore plus affligé, plus extrême, plus... urgent. Plus précaire. Plus savoureux. Je n'arrivais pas à m'arrêter... Je tirais sur la corde, jusqu'à la rendre de plus en plus fine, et ça a cassé... » Lorsqu'il releva son regard dans celui d'Ivanyr, ses mires verdoyantes étaient teintés d'une bestialité marquée, profondément cruelle. Ce qu'il voyait dans les saphirs qui lui faisait face, excitait plus encore son appétit. Il tremblait, plus fébrile que jamais, affamé. « Je n'ai pas envie de recommencer... Je suis désolé, sachez-le. » Il l'était sincèrement.

    Il le sentait, son espoir, celui qui, persuadé, le rassurait à l'idée que son Inséparable ne le tuerait jamais, ne lui ferait aucun mal. Il le mangeait, l'absorbait, il était si puissant. Il venait l'embrasser, pour renouveler cette croyance et s'en nourrir encore. Elle était si naïve. Des entités supérieures, hein ? Qu'il croit, qu'il espère, cela lui faisait de quoi manger. Il pompait cette immatérielle denrée, lui donnait, dans ses baisers, de quoi croire qu'il l'aimerait assez pour s'arrêter. Lui, il savait que la bête ne connaissait ni la pitié, ni l'amour. Elle riait au nez des entités supérieures. Elle aimait le doute qui naissait quand l'espoir était ainsi étouffé, absent, desséché. Qu'était-ce cela ? Un conte, une histoire. Erhis Pseltrion tué par sa sœur d'inséparable. Et là, il croyait toujours qu'Aldaron pourrait s'arrêter ? Qu'il ne lui ferait aucun mal ? Qu'une entité supérieure les liait ? Est-ce qu'il commençait à avoir peur ? Est-ce que son amour puissant continuerait de croire ? Est-ce qu'en toute conscience du tragique de pouvait prendre l'instant, Ivanyr préférait volontairement continuer à y croire que de sauver sa vie et la passer avec la souillure d'avoir douté, ne serait-ce qu'une seule fois ?

    Sa proie ne devait pas partir et l'Ast s'en assura en l'étendant sur le lit. Les gestes étaient sauvages alors qu'il le surplombait, assis à califourchon pour s'assurer une bonne maîtrise. Il voulait qu'il croit et qu'il espère, il s'apaisait dans un baiser tendre, donnant l'impression qu'il avait le contrôle sur la Faim, qu'il pourrait s'arrêter. Il mangea ce qu'il y avait autour : ses ambitions, ses objectifs, ses buts. Il les arrachait si facilement et éteignait sa vie de toutes ses lumières. Ses rêves de retrouver des amis en vie après la guerre, ses ambitions de parangon. Il retirait tout ce qui n'était pas lui. S'il voulait prendre son temps, il était aussi, malheureusement, très vorace et, une part de lui, aimait comme il effaçait des rêves d'Ivanyr tout le reste de monde excepté lui. Égoïstement, il savourait de prendre une place totale dans son existence, dans ses attentes. D'être non seulement le centre de son monde, mais également son monde entier. Il devait s'avouer charmé par cet amour démesuré, sans aucune commune proportion. Et lorsqu'il s'attaqua aux rêves qu'Ivanyr avait d'Aldaron, cela lui brûla le cœur d'une saveur incroyablement nourricière. Son appétit de nouveau-né était ravi d'avoir trouvé un pareil filon, chemin divin jusqu'à la plus précieuse des mines d'or. Il dévorait ces espoirs, avec la culpabilité de les détruire, tant ils étaient beaux, doux. Tant ils étaient si purs, si sincères. Il aurait voulu les vivre avec lui, les voir éclore dans des projets communs.

    Un sanglot éclata contre les lèvres chéries alors qu'il se reculait pour hurler, plein de rage. Cela le tiraillait de plus en plus. La faim d'un côté et l'envie de laisser ces rêves indemnes de l'autre. Il savait que le monstre gagnerait, qu'il n'avait aucune chance et il ne manqua pas de fondre sur lui, à nouveau, dans des baisers plus voraces encore alors que ses mains pleines de désirs lui ôtaient les tissus de la bienséance. De tous les rêves qu'il dévorait avec une violence qui ne savait pas se ménager, il pouvait bien lui offrir celui de leurs retrouvailles. Il le voulait aussi, comme un rêve partagé qui n'avait aucun sens, pour lui, amnésique, mais qui brûlait pourtant en son for intérieur.

    Cela avait duré des heures ? Des jours ? Il ne savait pas combien de temps avait eu besoin de s'épancher sa Faim, mais il y était parvenu et au comble de son bonheur, Ivanyr n'était pas mort. Leurs corps enlacés se reposaient l'un sur l'autre, usés et malmenés mais enfin en paix. Lorsqu'Ast avait commencé à manger ces rêves qu'Ivanyr nourrissait pour eux deux, le nouveau-né s'était rendu compte qu'il s'agissait d'un puits sans fond, constamment rempli par un amour indestructible, inséparable. Une véritable corne d'abondance pour celui qui, affamé, avait besoin de plus et de toujours plus. Il avait bu, jusqu'à ce que l'ivresse lui passe. Et maintenant ? Il vivait comme mis sous perfusion. Il mangeait en continu, un petit peu. Suffisamment pour ne pas perturber la psyché de son lié et de façon régulière pour ne pas en venir à un manque aussi violent que celui qu'il venait de connaître. Il était épuisé, vidé de toute son énergie... Mais il se sentait bien. Il avait sauter sur un homme qu'il connaissait depuis quelques secondes, à sa naissance, et avait passé le plus torride et irascible des bons temps avec lui. Cela n'avait ni queue ni tête. Mais cela avait brassé un nombre incalculable d'émotions qu'il s'était découvert... là aussi sans les comprendre. « Tes rêves... » souffla-t-il, brisant le silence qu'occupait, en fond, le bruit des vagues sur la coque du navire. « De nous… Ils étaient si purs. Ils sont si purs... »

    Car ils étaient toujours là, ils étaient revenus, comme impossibles à éteindre même si on en mangeait un bout. « Je suis désolé de ne pas me souvenir de toi. De nous. De... Des rêves que je devais aussi avoir de mon côté. Cela n'a pas du être agréable de me voir t'ignorer. Parle-moi de toi... Je veux te connaître. »

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Le sentir trembler ainsi lui déchirait le coeur et l’âme, nourrissant le brasier de sa colère et le venin acide de sa vengeance. Quiconque était responsable de tout cela le paierait très cher, plus cher que n’importe quel autre ennemi, adversaire, qu’il ait pu ou pourrait affronter. Quiconque osait infliger tout cela à l’amour de sa vie ne méritait ni respect ni regard ni aucune forme de douceur et pas seulement parce qu’il était son époux mais simplement parce qu’il ne méritait pas cela. Pas comme ça, pas comme un sauvage. Il aurait tellement voulu tout effacer d’un claquement de doigt, sans le pouvoir. Il ne pouvait qu’assister, impuissant, à l’épreuve qu’il traversait, en lui offrant le peu qu’il possédait. Instinctivement, il l’enferma davantage dans son étreinte, retenant sa rage. Ca ne servirait pas à Aldaron s’il tempêtait et détruisait tout autours de lui. Si quoi que ce soit, cela l’effraierait sans doute et le pousserait plus loin encore de lui. C’était la seule raison pour laquelle il se retenait en l’instant. Un instant, ses yeux s’humidifèrent de larmes sanglantes, et le vampire se rendit enfin compte de sa propre fatigue, physique comme morale, l’épuisement et l’envie d’abandonner. Mais il ne pouvait pas abandonner, il fallait qu’il reste solide pour son compagnon. Fermant un instant les yeux, il se laissa aller et emplir par la présence du nouveau-né, son corps contre le sien, ses cheveux… il ne manquait que le battement musical de son coeur et cela aurait été parfait. Il ne l’entendrait plus jamais. Expirant doucement pour essayer de soulager le poids retenu dans son plexus, il rouvrit les yeux et se redressa légèrement.

Les tremblements s’étaient accentués progressivement, faisant davantage palpiter son inquiétude et sa colère, et il allait essayer de le toucher, d’essayer une autre approche, quand la main d’Aldaron se referma sur son poignet, lui faisant émettre un sinistre grincement et projetant dans son bras un pic de douleur. Une grimace froissa ses traits, le nouveau-né avait une force bien supérieure à la sienne, surtout si proche de sa transformation. Elle diminuerait pour redevenir normale progressivement mais cela prendrait des semaines, ce qui signifiait qu’entre temps ? Il ne pouvait le contrôler que par la raison ou la magie. Enfin surtout par la raison pour le moment puisqu’il n’avait plus de pouvoirs magiques. Une pointe de peur le traversa à cette idée. Etait-ce définitif ? Est-ce qu’il avait encore perdu un fragment de son être dans cette bataille comme Achroma avant lui ? Il voulait espérer, non seulement pour lui-même mais aussi pour pouvoir protéger son époux correctement. En fin de compte, s’il avait été celui qui l’accompagnait sur ce foutu navire Délimarien plutôt que Toryné, il aurait pu empêcher cela. Ne pouvant revenir en arrière, il ne pouvait qu’espérer être là dans le futur pour prévenir toute souffrance supplémentaire, et il ne pouvait qu’espérer récupérer sa magie pour se faire car sans elle ? Il n’était pas grand chose. Et certainement moins qu’un jeune vampire en pleine floraison de malédiction. Sa voix le sortit de ses pensées soudaines et il cilla.

Il ne pouvait pas ? Quoi donc ? Son regard s’écarquilla légèrement sous la surprise. Ce que le nouveau-né lui avait fait, il l’avait aussi infligé à Artane ? C’était pour cela qu’il était mort ? Comment avait-il pu mourir de quelque chose d’aussi sublime ? Etait-ce parce qu’il était humain et donc moins fort, inférieur, d’esprit plus faible, d’essence plus faible peut-être ? Et bien tant pis pour lui. Il ne méritait pas Aldaron de toute façon. La jalousie cuisit l’intérieur de son corps comme un acide ou un poison. Qu’Artane en meurt était parfait, si ça ne l’avait pas tué c’était lui qui l’aurait fait de toute façon. Mais cela passa bien vite au second plan quand il reçu l’explication de son époux sur sa nouvelle condition, l’acceptant naturellement comme la vérité mais abasourdi de cette révélation. Il dévorait les rêves ? Ce n’était pas normal, ce n’était pas naturel. Quoi que ce soit c’était un changement, une mutation ou un accident magique et cela lui semblait tellement lié aux Chimères que ça ne faisait que nourrir sa culpabilité à ne pas être venu pour l’empêcher de se battre. Dans d’autres circonstances, il se serait certainement interrogé sur les tenants et aboutissants de cette révélation, ce que cela signifiait concrètement pour l'existence d’Aldaron mais pour l’instant son esprit essayait déjà de digérer ce qu’on venait de lui annoncer. Digérer tout ce qui était entrain de lui tomber dessus en vérité.

Une digestion qui fut aisément interrompue par la caresse de sa main qu’il brûlait d’embrasser, ce qu’il fit sans même y penser. Une forme inconsciente d’absolution. D’amour éperdu. Sa bouche frôlait la peau froide, avant de se plisser en une fine ligne méprisante à l’égard des rêves et des pensées de l’humain. Un tic léger vint lui crisper l’oeil droit. Quel idiot décidément, jusque dans la mort il aurait été un indécrottable naïf. La mention de la gamine en revanche le mit mal à l’aise et il entre-ouvrait la bouche pour lui répondre quand Aldaron le baillona sommairement. Se taire fut un plaisir, pour cette fois. Il se laissa faire, simplement, sans cesser de le couver du regard, incapable de ne pas caresser ses traits, plonger dans son regard dont l’éclat blanc était encore une nouveauté pour lui. Etait-ce une sorte de… lumière intérieure ? Ou autre chose ? Il voyait la bête derrière les prunelles mais n’arrivait pas à s’alarmer, la couleur était si magnifique, si vibrante, l’éclat blanc le rendait encore plus intense, plus hypnotisant. Il ne parvenait pas à voir la menace, juste ce qu’il ressentait pour lui. Et ce qu’il lui disait ? Il était un jeune vampire, un nouveau-né, bien sûr qu’il avait faim et avait du mal à s’arrêter, c’était normal, on ne pouvait pas le blâmer pour ça. Certains jeunes déchiraient leurs premières victimes sous la frénésie, ce n’était pas si dissemblable, il le faisait juste… mentalement ?

Tu n’as pas à t’excuser…” souffla-t-il d’une voix haletante.

Il n’y avait nulle rancune en lui, son esprit ne parvenait pas à trouver cela alarmant. Oui un humain était mort, et alors ? Les nouveaux-nés étaient violents, on pouvait le comprendre non ? Il voulait lui-même réinstaurer la morsure libre et donc la création de jeunes, il acceptait forcément les aléas que cela représentait. Si un ou deux humains périssaient, quelle importance ? Ils se reproduisaient comme des lapins après tout. Non ce n’était pas grave du tout. Son esprit vint à s’emplir de chaleur lorsque les lèvres d’Aldaron se posèrent sur les siennes et pendant un bref instant, il fut paniqué. Ce n’était peut-être pas une bonne idée, il n’allait pas le perturber ? L’effrayer ? Le… le… Non, c’était lui qui venait à lui alors tout allait bien non ? Il se laissa faire, se détendit, venant l’enlacer, le caresser, vénérer ces lèvres dont il rêvait quotidiennement. Le contact était si doux, si agréable, faisant surgir tout ce qu’il ressentait pour lui. Il se laissait faire et ne chercha pas un instant à s’échapper en sentant son esprit commencer à s’engourdir, la substance psychique qui le constituait s’éteindre lentement. Il avait faim ? En même temps, il venait tout juste de s’éveiller, bien sûr que ça devait creuser surtout après ses blessures. Il n’y avait rien de mal à le laisser faire, d’ailleurs il lui avait même demandé de recommencer non ? Il n’y avait rien à craindre, Aldaron pouvait se repaître de lui, de son amour et de ses espoirs, leur lien le rendait invincible à cet égard. Et que c’était bon…

En fait c’était même très très bien. S’il était impuissant à le retenir, s’il n’avait plus de magie et ne pouvait diminuer la souffrance de son esprit nettoyé par l’amnésie, au moins pouvait-il le nourrir correctement. Oui, il n’était pas totalement inutile auprès de lui et c’était parfait. Il lui donnerait tout ce dont il avait besoin, toute la nourriture dont il avait besoin, il le pouvait, il le voulait, et si c’était l’unique chose qu’il pouvait faire pour lui il se donnait à lui avec plaisir. Il l’attrapa, le serrant dans ses bras. Il l’aimait tellement. Qu’il se nourrisse, qu’il prenne tout ce qu’il voulait, qu’il reste auprès de lui, à lui, tout à lui, même pour cela. Il n’aurait pas besoin d’une autre source s’il pouvait prendre ce qu’il avait en lui n’est-ce pas ? Qu’il prenne, qu’il prenne ! Qu’il se nourrisse jusqu’à plus soif et jamais ne l’abandonne. Il le sentit bouger et voulut le retenir près de lui, mais l’autre était plus fort et sans trop savoir comment, il se retrouva allongé sur le lit, sur le dos, Aldaron le dominant. Il n’y avait pas de douceur dans l’approcher mais il était là et ça lui suffisait. Il voulu l’attraper encore, le retenir contre lui. Il le désirait, mais pas que physiquement. Tout son être l’appelait et avait besoin de lui. Il sentait certaines de ses pensées devenir lointaines, comme derrière un brouillard avant qu’elles ne disparaissent totalement, signe qu’il se repaissait. C’était comme de petites lumières qui disparaissaient, mais elles n’étaient que secondaires, la principale demeurait.

Lui. Il était là, il emplissait son monde. Bientôt, il n’y eut plus que lui, qu’Aldaron. Tout ce qui le constituait et la relation qu’ils entretenaient tous deux. Et soudainement il n’était plus contre lui, soudainement il hurlait, le paniquant un bref instant. Que se passait-il ? Avait-il fait quelque chose ? Son oeil droit clignotait de couleurs sinistres. Non, non, non ! Il ne voulait pas qu’il ait mal, il ne voulait pas qu’il souffre ! Il se redressait quand son amant le percutant et cette fois il l’attrapa de toutes ses forces. Il y avait un lambeau de culpabilité à lui faire subir tout cela sans qu’il ait pleinement conscience d’eux mais il ne parvenait pas à s’arrêter. Aldaron était tout son monde et il le voulait, il le désirait tout entier, qu’il reste avec lui, toujours, à jamais… Il dévora sa bouche, laissa les mains fébriles et violentes lui retirer ses habits, faisant de même avec lui, perdant toute notion de décence et de droiture pour simplement s’offrir à lui, à la chaleur brûlante de sa présence. Dans l’univers de leur lien impérissable, il n’y avait pas besoin de décence ou de sens commun, pas besoin de se cacher, de mettre un masque mondain. Aldaron savait tout de lui, même ses plus noirs secrets. Et il n’avait aucune raison de faire semblant. Il n’y avait plus rien d’autre, juste eux, lui.Il chuchotait contre ses lèvres, contre sa peau, l’esprit dans un autre espace-temps, complètement différent. Il sentait la ponction mais il le sentait lui, il s’en repaissait aussi, il s’enivrait et donnait, donnait encore, plus…

Et puis cela s’arrêta, comme une marée descendante. Il reposait sur le lit, avec lui, chérissant l’instant comme le plus précieux des joyaux du monde. Ils n’avaient pas été tendres, ni l’un ni l’autre. La faim du nouveau-né, ce qu’il lui faisait, tout cela avait finit par avoir raison de son côté civilisé. Lui aussi avait une bête en lui, mais elle était en général muselée. Pas cette fois. Et sa faim à lui portait le nom d’Aldaron. Pendant quelques instants, il n’avait pas eut besoin de ressembler à une créature pensante et éduquée. il avait juste donné cours à son immense besoin de lui, attisé par le désespoir de sa condition. Il reposait avec lui, épuisé mais apaisé, sentant une sensation lointaine d'engourdissement à l’arrière du crâne quand le nouvel éveillé grignotait un peu de lui. Mais cela ne faisait que diffuser une chaleur délicieuse dans son corps à l’idée de pouvoir l’aider et le nourrir. Il se sentait si bien. Il avait fermé les yeux, toujours concentré sur lui, le redécouvrant d’une façon plus tendre après leurs ébats sauvages. Et lorsque le son de sa voix vint glisser à ses oreilles, il rouvrit les yeux pour l’adorer d’un regard presque fanatique, bien qu’indubitablement rompu par la fatigue. Un léger sourire fleurit à ses lèvres, alors que de nouveau, des larmes de sang montaient à ses yeux. Ses lèvres tremblaient alors que la vulnérabilité de son état manquait le noyer d’un seul coup.

C’était comme… mourir… encore

Mais il n’y avait nul reproche dans sa voix, simplement la douleur de ce souvenir terrifiant. La vampirisation effaçait la mémoire, c’était ainsi, il n’y pouvait rien. Et il était là, il savait tout ce qu’il ressentait pour lui, de toutes les façons possibles. Et il n’avait pas fui, et lui demandait de parler. Il ne lui en voulait pas. Pouvait-il seulement lui tenir durablement rancune de quoi que ce soit ? Il en doutait sincèrement.

Je ne suis pas certain de… de savoir quoi dire. Je suis comme toi, un vampire. Immortel et, contrairement à toi, je me nourris de sang. En fait, tous les vampires jusque là se nourrissaient de sang, avant toi. J’ai… je suis âgé, même pour les vampires, si ce que les gens me disent est vrai. Si ma mémoire est vraie. Un millier d’années

Bon sang, c’était surréaliste et il avait l’impression d’être un incapable. Se passant une main sur le visage, il chercha un fil conducteur, sans vraiment en trouver. Lui parler de lui ? De qui il était ? C’était dur. Il avait encore du mal à répondre à une telle question. Qui il était était une vaste question. Quand Aldaron avait été en vie, ils en avaient discutés à plus d’une reprise. Il cherchait qui il était. Même parler simplement de lui, que dire ?

Moi aussi, j’ai des soucis de mémoire. Tu ne te rappelle rien avant de te réveiller n’est-ce pas ? Tous les vampires ont ça, commencent par là. Moi, j’ai subis ça deux fois. Une quand j’ai été vampirisé, et une plus récemment. Je suis mort. Comme.. mort, décédé. Mais je ne suis pas resté mort. Un dragon a décidé de me ramener à la vie. Et j’ai été de nouveau amnésique. Même maintenant je n’ai pas encore toute ma mémoire

Lui parler de lui, quoi dire, quoi dire ? Il voulait le connaître et Ivanyr voulait qu’il le connaisse. retrouver leur intimité, leur partage. Ils ne se comprenaient pas tout le temps mais c’était normal. ça n’empêchait pas leur complicité, leur tendresse, le bien-être ressenti à n’avoir aucun secret l’un pour l’autre. Il avait tellement envie de pouvoir lui parler ! Mais pas que de lui, d’eux, de celui qu’Aldaron avait été. Cependant, il savait que ce n’était pas tout à fait une bonne idée. Aldaron devait retrouver ses souvenirs seul…

J’ai commencé à la retrouver quand je t’ai retrouvé. C’est à ce moment-là que j’ai compris que tu étais ma lumière. Je suis désolé, c’est complètement décousu… je… c’est un exercice plus dur qu’il n’y paraît de parler de soit. A l’heure actuelle je suis un des trois Parangons vampiriques. Les chefs de notre race. Enfin ce qu’il reste de notre race. Je suis un mage de guerre, j’ai été entraîné à user de l’énergie de la trame, la magie, pour tuer sur les champs de bataille. Mais j’aime la magie au-delà de cet usage, je la trouve belle, pleine de rêves, d’espoirs, de possibilités… C’est un art que je respecte et que j’aime. Pas autant que je t’aime toi mais… je ne me vois pas exister sans

Il grimaça en repensant à son état actuel. Si il n’y avait pas eut Aldaron ? Il aurait dépérit. Déesses, il espérait vraiment que ce n’était pas définitif… il ne fallait pas que ce soit définitif. Avait-on la moindre pitié en ce monde que ça ne serait pas définitif. Il en angoissait déjà. Le parangon de la magi sans magie ? Ses lèvres tremblèrent avant qu’il ne se crispe pour se contrôler. Aldaron n’avait pas besoin de voir sa détresse, ça ne l’aiderait pas.

C’est… quelque chose qui m’a beaucoup aidé quand je me suis réveillé sans mes souvenirs. Je voyais des sortes de flash, des images, des personnes qui me parlaient, ou me faisaient souffrir, qui cherchaient quelque chose de moi mais qui ne rimaient à rien parce que je ne parvenais pas à me souvenir. Souvent, je faisais des crises physiques qui me laissaient agonisant. Alors je me suis accroché à la magie. C’était quelque chose de beau et de neutre. Un refuge…

Les débuts avaient été terriblement difficiles, même à Caladon, il avait d’abord peiné avant que leur lien ne le renforce. Avec lui il pouvait faire face à tout. Avec lui il se sentait plus fort, meilleur. Pour lui. Ce que pensait et vivait Aldaron, de façon générale mais à son égard encore plus, étaient la chose la plus importante au monde. Tous deux étaient uniques. Même comparés à d’autres Inséparables car il y en avait certainement d’autres. Ils étaient uniques.

Je travaille à inclure les vampires dans un royaume humain. Enfin c’est une affaire compliqué. Et je travaille aussi au sein d’une organisation marchande. Les personnes comme toi et moi, les vampires… Ils ne sont pas très bien vus et on essaye de leur faire du mal. Moi je veux les protéger. C’est ce que je faisais avant de mourir. J’étais un de leurs ‘pères’ si on veut. Et… j’ai recommencé, après mon éveil. Pas immédiatement, c’est assez récent, mais j’essaye

Il s’interrompit et l’observa, presque persuadé de l’avoir perdu dès le départ mais pas tout à fait certain. Il ne souvenait pas de comment lui-même avait été à sa naissance vampirique à part le fait qu’il ait été terriblement insolent et incontrôlable. Mais l’état de sa mémoire ? Il ne savait pas. Est-ce qu’il ne savait plus rien ? Est-ce que les faits communs, les races, la géographie, tout cela, il le comprenait ? Il espérait. Il n’aurait pas été un très bon historien autrement.

Je suis… versatile, je crois. Certains disent que j’agis comme un enfant, d’autres comme l’Aîné. J’ai le vertige, et pas juste un peu, j’ai une peur atroce de la hauteur. La dernière fois que je suis monté sur un dragon j’ai manqué vomir avant même le décollage. Je… je suis très mauvais en art. Enfin j’aime l’art ! Mais je ne sais pas en faire. J’ai voulu faire une statue de toi, ça ressemblait à une grenouille et ce n’était pas volontaire…

Un éclat de rire lui secoua les épaules et sécha l’humidité de ses yeux pendant quelques instants. La tête qu’avait fait Aldaron ! Et lui s’était sentit tellement vexé qu’il avait fait un caprice pour garder son ‘chef d’oeuvre’ dans le jardin. Qu’il pouvait être bête parfois ! Mais en y repensant c’était extrêmement amusant. Cette fois, c’était un fragil sourire qui lui étirait les lèvres, quelque peu timide et indécis, mais bien réel.

J’aime les lieux enneigés, et la mer. L’eau me fascine. J’aime les sensations fortes, surtout quand ce n’est pas lié à ma peur du vide. J’aime voyager. Je… suis un très mauvais cavalier. J’ai une soeur, pas de sang mais elle a été mordue par la même personne qui m’a mordue moi, mon meilleur ami est un graarh… hm, je ne suis pas sûr que tu t’en souvienne. Si ? Est-ce que je t’ai perdu ? Je suis désolé…

descriptionMon amour jamais ne mourra [PV Aldaron] EmptyRe: Mon amour jamais ne mourra [PV Aldaron]

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    La tête blonde du nouveau né venait lentement se poser sur le torse pâle de son Inséparable. Il fermait les yeux, écoutant sa voix faire vibrer sa cage thoracique, le son grave de ses mots, comme une berceuse qui l'enlaçait et le cajolait dans sa fatigue. Mourir encore. Il ne se souvenait pas ce que cela faisait que de mourir. Pour l'heure, il n'avait fait que naître, l'esprit empli d'un néant incompréhensible, vierge et pourtant si plein de ces choses qu'il ne parvenait à nommer mais qu'il sentait dans ses entrailles, vivaces et sincères. Il ne savait pas ce que cela faisait de mourir, mais dans le ton qu'employait Ivanyr, il ne douta pas que c'était quelque chose d'horrible. Cela l'effraya un instant. Il était pourtant mort, lui aussi. Un cadavre remis sur pieds par une magie très puissante. Mais un cadavre tout de même. Était-ce honteux que d'être un mort ? Devrait-il se cacher, pour être à l'abri des vivants ? Il caressait, en soutien, la peau nue de celui qui avait affirmé être son époux. Cela aussi, il ne s'en souvenait pas. Mais une part de lui le sentait intuitivement. C'était inexplicable mais il lui faisait sincèrement confiance.

    Il resta à l'écouter, les yeux clos. Parler de soi. Beaucoup savaient très bien le faire, de façon très exagérée même. Mais Ivanyr, c'était différent. La question qu'il lui avait posée, il la regrettait, il n'avait guerre voulu l'égarer et pourtant, il en avait besoin, lui, de savoir tout cela. Même si avant de mourir il avait su toutes ces petites choses, l'oubli le mettait mal à l'aise. Il avait besoin de le connaître et il aurait voulu aussi se connaître, retrouver la mémoire de tout cela pour savoir quoi dire et quoi faire, avec son entourage, sans blesser personne jamais. Il aurait voulu que tout lui explose à la figure, car au moins, il n'y aurait eu que lui pour souffrir et pas tout les autres qui l'avaient aimé. Il aurait partagé avec eux des souvenirs, des points communs. Il aurait ravivé la flamme des amitiés et des amours. Mais il n'était plus qu'un étranger. Une personne qu'on serait déçu de voir, parce que la première chose qu'on appendrait à son sujet : c'était qu'il avait oublié. Au bout de combien de regards malheureux commencerait-il à se sentir profondément navré de ne pas être une véritable rencontre ? D'être des retrouvailles ratées ?

    Il fronça doucement les sourcils lorsqu'Ivanyr lui parla du sang dont se nourrissait les vampires. Lui, il ne se sentait pas d'attirance pour ce liquide. Il ne lui ouvrait pas l'appétit. Alors pourquoi était-il le seul ? Ou le premier ? En vérité, il aurait voulu ne pas avoir à gérer sa singularité en plus de son amnésie : cette dernière était déjà bien assez. Mais être auprès de ceux de sa race, il serait une anomalie qu'on regarderait. Un étranger. Il se sentait étranger partout. Sauf ici, dans ses bras, aussi froids soient-ils. Aussi millénaires soient-ils. Il se demandait quel âge il avait, lui aussi. Combien de siècles d’existence s'étaient envolés de sa mémoire. Mais il ne semblait pas être le seul à avoir des soucis de mémoire, puisque le réveil d'Ivanyr s'en trouvait récent, également. Et c'était leur complicité qui l'avait aidé à avancer alors... Est-ce que cela serait pareil pour lui ? Est-ce que la présence du vampire à ses côtés le sauverait comme la lumière d'un phare en pleine mer ?

    Il sentit la crispation passagère de son corps lorsqu'Ivanyr évoqua son amour pour le magie et combien il ne pourrait pas exister sans. Probablement que cette magie l'aidait dans la mission qu'il s'était donné : protéger les vampires. Peut-être était-ce en partie pour cela qu'il se sentait à son aise sous son aile, bien qu'une pointe de jalousie vint s'enfoncer dans son esprit à l'idée qu'il y en aient d'autres qui bénéficient de cet accompagnement. Il aurait voulu être le seul à avoir droit à autant d'attention même si c'était profondément égoïste et qu'en son for intérieur, il avait déjà accepté de ne pas être le seul petit oiseau à nicher dans son ombre. Un sourire étirait ses lèvres, au anecdote, comme si le rire d'Ivanyr lui était extrêmement contagieux. Mais s'il rirait autant, Ivanyr, c'était parce qu'il se souvenait. Cela lui glaça le sang, à nouveau (autant que le sang d'un vampire pouvait d'avantage se glacer), lorsque cela le remit face à son amnésie. Lui, il ne se souvenait pas de ce moment amusant. Il n'avait pas ces images en tête, il ne pouvait se contenter que d'une histoire par procuration.

    Ses lèvres se pincèrent, se lovant un peu plus contre lui, comme s'il cherchait une chaleur pourtant inexistante. Il se raccrochait à son parole. Il imagina les montagnes et la mer. Mais il ne se souvenait ni de la sœur, ni du graârh. Pourquoi lui demander s'il s'en souvenait ? Cela remuait le couteau dans la plaie alors qu'il répondait un simple : « Non... » La voix avait été un murmure, contredisant presque, dans le ton, ce qu'il affirmait. S'il l'avait perdu ? Non pas vraiment, cela ne l'empêchait pas d'être perdu tout de même. « Comment est-ce qu'on retrouve notre mémoire ? » La question pouvait paraître anodine, pour autant, Ivanyr lui avait affirmé qu'il n'avait commencé à retrouver ses souvenirs qu'en sa présence et ils étaient ensemble. Pourquoi rien ne lui revenait, à lui ? « Je veux me souvenir. » Il se recroquevilla, toujours contre lui, cherchant l'étreinte instinctive qui viendrait, en réponse, de la part de l'Aîné : « Pourquoi faut-il que nous ayons à oublier ? C'est injuste. Cela fait du mal à tout le monde et... C'est effrayant, ce vide, dans ma tête. Je n'ai rien à me remémorer, rien à faire vivre dans mon esprit. Je n'ai aucun enseignement à tirer du passé, je n'ai que des erreurs à faire pour apprendre, traverser à nouveau les épreuves de la vie pour savoir ce que cela fait de se brûler les doigts. Obligé de souffrir la nouveau, d'échouer à nouveau. Cet Aldaron, je suis sûr qu'il avait déjà connu une part de tout cela, non ? Pourquoi ? Pourquoi alors devoir faire cela à nouveau ? J'aimerais savoir quoi faire. Où aller. Je ne me sens pas rassuré avec... Rien. Je me sens démuni face aux autres. Face à ceux qui veulent du mal à ton peuple, notre peuple. »

    Il déglutit difficilement : « Comment on fait pour se protéger quand on ne sait rien de leur armes ? Est-on obligés de se prendre un coup, au moins une fois, pour les connaître ? C'est cela ? Il faut que je les laisse me faire mal ? Par leurs armes ou par leur mots. Par leurs regards. » Il n'avait pas réalisé qu'il tremblait de peur. « C'est si effrayant, ce vide. Je veux... Je veux mes souvenirs. Je veux avoir qui je suis. Je veux savoir ce que j'avais sur le cœur, le nom de mes amis, et ceux de mes ennemis. Je veux les émeuves que j'ai traversé, les victoires qui ont été les miennes. Les enseignements que j'ai tiré de tout cela. » La panique l'agitait, mal à l'aise, comme une poigne qui venait lui étreindre la gorge jusqu'à ce qu'il suffoque. C'était étrange de s'imaginer pouvoir suffoquer. C'était comme si ses poumons fonctionnaient toujours et qu'il avaient besoin de cet air pour combler la page blanche. Elle l'effrayait tellement.

descriptionMon amour jamais ne mourra [PV Aldaron] EmptyRe: Mon amour jamais ne mourra [PV Aldaron]

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En le sentant se lover davantage contre lui, il le nicha tout contre son corps, ressentant instinctivement le besoin de l’enfouir et de le protéger de tout. Pourtant il savait aussi qu’il n’en était pas capable, il suffisait de voir l’état dans lequel était son Inséparable à l’heure présente pour s’en rendre compte. Il aurait tant voulu en avoir le pouvoir, il aurait tant voulu pouvoir isoler toute menace pour créer un monde dans lequel il ne craindrait plus jamais pour lui. Et pourtant ils étaient tous deux plus vulnérables que jamais. “Ce n’est pas grave” Il le pensait réellement sur le moment. Cela reviendrait à un moment ou un autre et en attendant ils se recréeraient d’autres souvenirs. Il voulait profondément s’y raccrocher, se convaincre que tout cela n’était pas la fin. L’attitude du nouveau-né semblait le démontrer, leur lien n’était pas coupé même s’il n’y avait plus de souvenirs, la racine était encore là, la tendresse, même la passion alors le reste reviendrait et il ne voulait rien croire d’autre. Même si c’était difficile. La suite lui fit entre-ouvrir la bouche, ne sachant réellement comment donner une réponse complète à cette interrogation très légitime de la part d’Aldaron. Pourtant, au-delà de la légitimité de la question, il se sentait coupable d’en être la cause. En était-il réellement la cause ? Il en avait l’impression en tout cas. Tout cela, toutes ces questions, sa peine et sa frustration, il aurait tellement voulu avoir des réponses universelles et toutes puissantes à lui offrir mais tout ce qu’il avait, c’était sa propre expérience de l’amnésie et de la souffrance qui l’entourait au devant du reste du monde. Il savait, avec une effrayante acuité, ce que son bien-aimé ressentait, et son impuissance était d’autant plus insupportable.

Et puis, soudainement, il s’en souvint. Le diamant de pureté. Son visage s’illumina alors qu’il se redressait sur un coude, souriant et exsudant le soulagement. Si ! Déesses, si, il pouvait l’aider ! Il avait totalement oublié l’existence de l’objet avant cet instant mais par les septs, il avait effectivement une solution. Sous l’allégresse soudaine, il l’embrassa, le serra dans ses bras en tâchant sa peau de quelques gouttes carmines alors qu son coeur se gonflait d’une joie sans pareille. Il allait pouvoir lui épargner cette souffrance. Aldaron aurait ses souvenirs rapidement, et il n’aurait pas à subir ce que lui-même avait subit. “J’ai la solution” Les mots étaient haletant de son enthousiasme, il lui prit la main et en embrassa la dos avant d’approcher sa dextre du cou délicat. Il devait être là… il était forcément là. Son sourire se fâna alors qu’il caressait la peau avec hésitation. Il n’y avait aucun collier pour orner cette gorge tentatrice. Le diamant n’était pas là. Ses doigts tremblèrent. Après l’envolée de bonheur, la chute était d’autant plus vertigineuse et il s’écrasait lamentablement sur le sol. Une boul dure vint se loger dans son torse, lourde et suffocante. Il se sentait coupable, en un sens. Coupable de lui faire un faux espoir, coupable de lui faire du mal en étant si déçu, coupable de ne pas être capable de se détacher totalement de cette envie qu’il retrouve ces souvenirs alors même qu’il le souhaitait réellement. “Je suis désolé. Il a dû t’être arraché pendant la bataille” Avec un soupire, il parvint à lui sourire avec sincérité et lui caressa une joue du bout des doigts. “Lorsque tu étais encore un elfe, tu m’avais déjà évoqué l’envie de devenir vampire. La question de ton identité et de tes souvenirs avait bien entendu été évoquée et j’avais trouvé une… une solution

Une solution qu’il avait construite sans s’émouvoir des extrêmes nécessaires pour cela. Aucun extrême n’était de trop pour son Inséparable. Alors il avait prit sur lui d’effectuer une visite au Domaine Baptistral, afin qu’un maître lui donne une pierre dans laquelle résiderait le chant-nom d’Aldaron et ainsi… tout ce qu’il était. On lui avait refusé sa demande, au début et il avait fini par perdre patience et menacer de se rendre coupable d’une extermination pour enfin obtenir gain de cause. En perdant définitivement accès au Domaine. Ce n’était pas un gros sacrifice à ses yeux même s’il savait ce que cela représentait. “Mon cadeau de mariage pour toi était une pierre montée en collier, un diamant. Un diamant spécial. Il contenait l’essence de ton être et par cela, tous tes souvenirs. Avec lui, je voulais que tu puisses retrouver ta mémoire si tu finissais réellement par me rejoindre dans la nuit. Ce n’était pas une magie agressive, tu aurais pu aller à ton rythme, tranquillement, absorber chaque souvenir un à un… Peu importe” Il revenait à la case départ et à cette horrible question. Comment un vampire retrouvait-il ses souvenirs ? Pourquoi était-il contraint de les retrouver d’ailleurs ? Maintenant qu’il était confronté à la question hors de ses propres instants de souffrance, il en venait à se demander si cela faisait partie de la malédiction initiale ou si la nature avait fait en sorte de mettre un mécanisme en place, une phase de régulation quelconque, pour la psychologie des vampires nouveaux-nés. Personne ne pouvait répondre à cette question hélas. Même pas lui, l’Aîné. La malédiction était déjà vieille lorsque Achroma était né, et les déesses étaient mortes pendant sa disparition.

Il n’y a pas de chemin tout tracé pour retrouver la mémoire lorsque l’on est vampire” Il ne voulait pas lui mentir avec de fausses douceurs parce que, même si cela le peinait maintenant, il pourrait faire la paix avec cette idée et l’inclure dans sa vie future comme il le désirait, agir sur elle comme il le désirait. Lui trouver sa propre solution, pour lui-même. C’était le mieux qu’il puisse lui donner maintenant, s’il ne pouvait pas lui donner sa mémoire elle-même. La vérité et l’assurance de savoir à quoi s’en tenir. Il savait qu’Aldaron était fort, il ne savait pas si le nouveau-né le serait autant… mais il ne pouvait pas lui refuser la vérité alors que son éveil était déjà si étrange. “Parfois, un vampire ne la retrouve même jamais. Tout dépend de la personne, de son histoire, de sa volonté à se souvenir et de ce qu’elle peut vivre dans sa nouvelle existence. Cela vient souvent d’un élément déclencheur, soit une expérience forte en émotions, soit une expérience qui vient faire écho à un souvenir disparu. Pour l’exemple, nous étions déjà amants avant mon amnésie. Je tenais à toi et cela a commencé à faire revenir mes souvenirs. Il y a aussi… la possibilité de chercher à retrouver la mémoire via des traitements, via la transe, ou le pouvoir d’un esprit-lié, de la magie…” Il voulait se souvenir. Grands esprits, lui aussi voulait qu’il se souvienne mais ce n’était pas réellement un souhait qui pouvait se réaliser là dans la seconde, pas sans le diamant. “Certains disent que les vampires oublient pour ne pas devenir fous, pour apprendre leur nouvelle existence sans biais, sans traumatismes du passé, pour ne pas se voir eux-mêmes comme des monstres, pour se reconstruire sur des bases neuves” Il le croyait jusque là mais il n’était pas certain de cela. Ce n’était qu’une hypothèse en fin de compte, une idée sans fondement à part ses observations.

Certains disent que c’est simplement une partie de notre malédiction. Que c’est la volonté des déesses. C’est une vision répandue. Il y en a une autre, plus répandue encore” Il s’était de nouveau assombri et pendant quelques instants, resta à l’observer, caressant son épaule avec lenteur. Il aurait tellement eu envie de tout oublier. Balancer le reste du monde, partir à l’aventure loin de tout avec lui. Eux, le navire… ils n’avaient pas besoin de plus en fin de compte. “La vision la plus répandue est simplement que beaucoup ne se sont jamais posés la question, parce qu’ils s’en moquent car ils se moquent de nous, de nos souffrances, de nos peines” Il s’interrompit et inspira profondément, sentant la lourdeur de l’amertume sur lui. Son regard caressa le sien, désolé de lui infliger cela. Il ne pouvait pas créer une illusion de perfection pour lui, pour un monde qui lui ferait payer cette naïveté le prix fort. Il serra doucement sa main dans la sienne, jouant distraitement avec ses doigts. “Pour beaucoup, nous étions des monstres, aujourd’hui, nous sommes des choses étranges, dont la façon de se nourrir dérange, dont les instincts dérangent, dont la malédiction dérange… Ils auront beau affirmer le contraire, c’est un mensonge pour beaucoup. Ceux qui s’ouvrent réellement aux vampires sont rares. Autrefois, beaucoup de vampires confrontés à la fermeture des autres peuples sont devenus ce que ces peuples voyaient. Des êtres violents, sans attaches, cruels. Et d’autres ont continués d’essayer de ne pas sombrer” Il lui prit le visage en coupe dans une main. “Tu ne seras jamais seul face au monde extérieur. Je serais là, pour toi, et j’espère que tu parviendras à trouver une figure parentale au sein de notre clan, une figure sur laquelle t’appuyer comme un père ou une mère

C’était ce qu’il y aurait de mieux. Qu’un parent puisse l’aider à s’épanouir dans sa nouvelle existence et le soutienne pour surmonter les obstacles. Lui n’aurait pas survécu sans la présence de Cybele et Elric. Cela n’effacerait pas complètement les épreuves mais cela les rendrait plus simple, moins pénibles. “Tu souffriras forcément, même ainsi, mais tu auras toujours des personnes qui seront là pour toi, pour te protéger, te conseiller. Non pour forcer ton chemin, mais te donner des éléments pour le paver comme toi tu l’entends et te reforger. J’ai souffert de mon amnésie, je comprends parfaitement ce que tu ressens, penses, vis… je le sais. Et je serais là, quoi que tu puisses me demander. Et si cela peut t’aider de la moindre façon… cette nouvelle existence, il ne faut pas la voir comme une punition même si ton état actuel te semble aussi cruel. Au milieu de cette malédiction, il y a une promesse d’espoir. Celle de pouvoir tout recommencer de zéro. De pouvoir tout refaire différemment. La chance de changer, absolument tout. Tu ne le vois pas pour l’instant en raison du vide, mais ce sera forcément différent. Et cette chance, les humains, les dragons et les elfes ne l’ont pas” Il porta sa main à ses lèvres pour l’embrasser et le rapprocha de lui, venant poser son front contre le sien “Un clan, une famille. Ensemble, pour toi. Tu ne seras jamais seul sur ce chemin, jamais laissé sans défenses, sans alliés. Et si tu veux tes souvenirs, on trouvera un moyen de te les rendre au plus tôt

descriptionMon amour jamais ne mourra [PV Aldaron] EmptyRe: Mon amour jamais ne mourra [PV Aldaron]

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    L'étreinte était comme une drogue qui apaisait ses craintes. Le nouveau-né fermait les yeux, à l'abri sous le rempart de l'amour qu'on lui vouait démesurément. Il s'estimait heureux et privilégié, comme ces enfants qui naissaient avec une cuillère en argent dans la bouche, bien conscient que tous les vampires n'avaient pas la chance d'évoluer, pour leur premiers mois, dans un environnement suffisamment protecteur. Il tâchait de s'apaiser, du mieux qu'il le pouvait, mais la peur était aussi naturelle que viscérale. Il peinait à s'en défaire et puis, il y eu soudain cette solution ? Aldaron ouvrit les yeux, le cœur plein d'espoir, tout ouïe pour connaître cette issue qu'Ivanyr annonçait avec tant d'entrain. Il sentait sa joie, son allégresse et elle se communiquait, emplissant son propre cœur. Mais l'instant de joie ne fut que de courte durée lorsque le sourire radieux de son époux se fana. Là encore, ses émotions partagées l’entraînaient dans la chute et l'Ast trembla à nouveau, saisi du frisson de l'écroulement. Il balbutia : « Qu-quoi ? » Il l'interrogeait, pour avoir des réponses, bien qu'il s'en douta à la tête que faisait Ivanyr. Une part de lui n'avait pas envie d'entendre qu'il n'y avait pas de solution. Il devait y en avoir une, absolument. Il ne voulait pas affronter cette page blanche, cela ne lui convenait pas. Avait-il le choix ? Si telle était la volonté de déesses, dans leur malédiction sournoise, comment pouvait-il vraiment lutter ? N'était-il pas capricieux ?

    Arraché dans la bataille ? La bataille ? Quelle bataille ? Il ouvrit la bouche, pour poser la question, mais aucun son ne sembla vouloir quitter le pas de ses lèvres. Il avait bien vu une bataille, dans le rêve d'Artane. Mais il ne s'y était pas vu, aux côtés d'Ivanyr. Alors quelle bataille ? Se trouvait-il plus loin sur le front ? Mais s'ils étaient Inséparables et qu'il étaient plus forts ensemble, pourquoi se séparer ? Cela n'avait pas de sens ! Il ne comprenait pas, cela l'agaçait, persuadé qu'il était qu'avec ses souvenirs cela aurait été un tant soit peu plus clair ! Et puis, qu'est ce qui avait été arraché ? Sur sa gorge ? Était-ce un collier ? Mais quel collier ? L'angoisse grimpait avec le flux de questions incessantes. Dans sa gorge, une boule logeait, féroce et étouffante. Il n'aimait pas du tout cette ignorance, il se sentait dépossédé, incapable de s'appuyer sur cette force tranquille dont il se sentait pourtant capable, en d'autres situations... S'il avait su. Mais il ne savait rien, plus rien. S'accrochant aux mires de son époux comme un phare dans la nuit, il buvait ses explications au sujet de cet objet : il lui fallait absolument le retrouver. Il devait retourner sur cette bataille et chercher ce si précieux atout, de toute urgence. Il ne pouvait pas se contenter de ce 'peu importe' qui concluait le propos d'Ivanyr. Si, cela importait, énormément. Il ne pouvait pas baisser les bras, sans même avoir cherché un peu. Où était cette bataille ? Il voulait en savoir plus et il voulait cette solution.

    Le reste l’assomma, du moins dans un premier temps. Jamais ? Il était possible qu'il ne la retrouve jamais. Il était pantois, et en avait cessé de tremblait à la claque, l'idée même qu'il ne puisse pas retrouver ce qu'il avait perdu et que tout le monde savait, par bribe, de lui. Il avala la bile que cette idée plaçait en son cœur froid. L'expérience d'Ivanyyr ne serait peut-être pas la sienne, il ne savait pas à qui demander pour qu'on fasse bouger sa mémoire, qu'on la pousse à déployer sa force de jadis. La mise en garde le laissa stoïque, il ne savait pas ce qui valait mieux : devenir fou parce qu'il n'arrivait pas à se souvenir ou devenir fou parce que le poids de ses souvenirs retrouvés étaient trop important. Dans les deux cas, l'avenir radieux ne semblait pas vouloir se placer au bout du chemin. C'était affreusement amère comme perspective. Si son esprit n'avait pas été assez endurance, il aurait très certainement pleuré devant ce paysage bien sombre. Mais sa bile se transforma en colère intérieure lorsqu'il fut question du traitement qu'on réservait en vampire, engouffrant là toute sa rage accumulée pour ne pas qu'elle le dévore. Il les méprisait, tous. Tout ceux qui les jugeaient et les méprisaient pour la malédiction à laquelle ils étaient liés. Ils étaient les premiers à en souffrir, comme un enfant handicapé qu'on venait brimer de sa jambe manquante. Il grondait intérieurement, et il fallut que son visage soit pris en coupe pour qu'il revienne à son propos. Rassurant au demeurant, cette fois. N'avait-il pas déjà un parent ? Il y avait bien quelqu'un qui l'avait mordu, non ?

    Voir cela comme une chance de recommencer à zéro ? Peut-être le pouvait-il. Pour l'heure il ne faisait que sentir la douleur lancinante de sa colère. Et si cela finissait par lui passer ? Il ferma les yeux, tout contre lui, cessant de trembler, tâchant d'oublier ce qui le dérangeait pour s'attacher à l'instant présent. Une part de lui voulait croire en tout cela. Il ne devait pas regarder le passé même s'il rencontrerait beaucoup de personne pour lui tourner le visage en arrière... Mais son présent était confortable, dans les bras de son Inséparable et son avenir ? Il devrait se battre. Il sentait qu'il savait se battre, alors, il y arriverait, le cœur gonflé d'espoir par ses proches. « D'accord. » souffla-t-il en approbation. Il avancerait, toujours.

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