13 Février 1763
Aërthia
Aërthia
Son regard couleur de l'eau rêvée par un assoiffé restait posé sur le parchemin qu'on lui présentait, fixe, pénétrant, froid et critique. Ses traits royaux restaient figés en une expression d'intense réflexion sensiblement soulignée de mécontentement. Mais ses augustes lèvres restaient définitivement closes. Aucun son n'était émit, aucune imprécation ou jugement, aucune parole de réconfort ou de condamnation. Autours de la silhouette de l'Aîné ne régnait qu'une intense, pénétrante considération. Il était venu séjourner dans la plus haute tour de la forteresse, proche des monts acérés, proche du ciel qu'il avait un jour dominé, juché sur le dos d'une dragonne à la blancheur absolue, aussi immaculée que son nom. Seithvelj. Il avait été murmuré à son arrivée, lorsqu'il était subitement apparu, porté par les ailes du nacré Kaalys. Il avait parcourut les salles profondes comme le chuchotis du vent, avant d'enfler, encore et encore au travers d'Aërthia, se répandant inexorablement. L'Aîné était en vie. L'Aîné était là. Pour son peuple, comme un témoignage vivant de la grandeur que les enfants de la nuit avaient perdu, disloqué aux quatre vents. L'Aîné était là, figure antique, preuve de la domination qu'un jour, les vampires avaient imposé au monde. L'Aîné était là, ayant bravé les édits même de Mort pour revenir auprès des siens à l'heure de leur plus grand besoin.
Il était le même, inchangé, haute figure dominant les autres, au port impérial d'un antique monarque des glaces, à la carrure des hommes de Glacern, chevelure au platine subtile scintillant dans la luminosité, pâle comme des perles dans l'obscurité, luisant doucement, le regard déterminé, profondément intelligent et composé, comme les neiges éternelles des Hauts de Paadshail. Il était le même, dans sa façon d'agir et de parler. Il était la grandeur, celui pour qui le titre de Prince avait été inventé. Et les fidèles étaient venus à lui, d'abord les plus âgés, ceux qui avaient eut l'honneur de servir à ses côtés dans les guerres du vieux continent, ceux qui savaient, ceux qui le connaissait. Puis de jeunes vampires, parfois opportunistes, parfois fascinés. La figure qu'il présentait était parfaite, son discourt simple et tranchant, à la fois accusateur et rédempteur, la poigne d'adamantine dans un gant de fine soie. Haut mage, il n'avait eut à prouver sa force, la force de l'Aîné, qu'une seule et unique fois. Ce point sobrement imposé n'étant plus discuté, il avait pu s'atteler à comprendre en profondeur le délitement de la puissance vampirique et les principaux écueils qu'il allait devoir adressé s'il désirait que les siens soient autre chose que des porcs que l'on saignait continuellement.
Accompagné du capitaine vampirique Glen, il avait réunit d'anciennes connaissances sur lesquelles il savait pouvoir s'appuyer et ils avaient entrepris les préparatifs d'un nouvel exode. Là encore, la nouvelle avait été sobrement présentée, pragmatiquement assené. Les arrivages de sang ne viendraient plus, s'arrêtant à Nevrast. Il fallait dès à présent commencer à vider Aërthia et tout ceux qui resteraient devraient se débrouiller par eux mêmes. Cependant, au-delà de ce problème immédiat, l'Aîné devait également penser à la succession de celle qui se faisait si sobrement appeler 'impératrice des ombres éternelles'. Rien que ça. Irina Faust devait avoir oublié qu'avant de se parer d'un titre pompeux, il valait mieux avoir les moyens de ses ambitions. La guerre civile grondait et les enfants de la nuit se cherchaient un nouveau dirigeant. Il savait d'ors et déjà qu'un autre prétendait à ce titre, qu'il avait sans doute contrarié en apparaissant soudainement d'un passé aussi glorieux que révolu. Pendant quelques jours, il avait très sérieusement considéré l'idée de le défier en duel du prince et de le carboniser sans plus de turpitudes. Mais voilà, il était l'Aîné, pas un petit roitelet à la vue basse et à l'ambition dévorante. Son but n'était pas le pouvoir même, car il le possédait déjà. Ce qu'il voulait, c'était la survie et la prospérité du peuple nocturne. De son peuple.
Alors, pareillement à l'avènement de Saeros comme premier prince à sa place, il réfléchissait à l'utilité que pourrait avoir ce prétendant dans ses plans pour les vampires. Avec ce qu'il contemplait à présent, il avait peut-être enfin trouvé la réponse à sa question.
« Aîné. Il est là »
Le vampire était un ancien capitaine de l'armée vampirique à l'époque où celle-ci parcourait la campagne humaine comme une nuée de sombres sauterelles. Il était étrangement réapparu peu de temps après le retour d'Achroma au sein de son peuple.
D'un signe de tête, le haut mage confirma la requête silencieuse qu'on lui présentait, sans jamais se défaire ni de son silence, ni de sa fixité tandis qu'il continuait d'étudier le parchemin. La porte cliqueta, s'ouvrit. Le pas était léger mais présent. Il y eut un échange à voix basse. Son acolyte donnant sans doute quelque indication à l'invité qu'il recevait en ce lieu au froid tranchant qu'il semblait parfaitement ignorer tandis qu'il soupesait le chiffre qui parachevait le rapport comme le couperet d'un bourreau. Le départ de son servant acheva de nouveau tout bruit réel dans la pièce et ce pendant un temps infini. Lorsque le coi se rompit, ce fut sur la voix du haut mage, qui avait commandé des armées, assuré la mort de la moitié de l'armée elfique et tenu tête à Saeros et au Tyran Blanc en personne, conversé avec le créateur du Lien et chanté l'hymne du renouveau de la Caste des Dragonniers, ce fut sur cette même voix qui entonnait un chiffre. Long, pénible, lourd. Un chiffre lacé d'une unique question sous-jacente. Comment avaient-ils pu tomber aussi bas ?
Comment ?
Il était le même, inchangé, haute figure dominant les autres, au port impérial d'un antique monarque des glaces, à la carrure des hommes de Glacern, chevelure au platine subtile scintillant dans la luminosité, pâle comme des perles dans l'obscurité, luisant doucement, le regard déterminé, profondément intelligent et composé, comme les neiges éternelles des Hauts de Paadshail. Il était le même, dans sa façon d'agir et de parler. Il était la grandeur, celui pour qui le titre de Prince avait été inventé. Et les fidèles étaient venus à lui, d'abord les plus âgés, ceux qui avaient eut l'honneur de servir à ses côtés dans les guerres du vieux continent, ceux qui savaient, ceux qui le connaissait. Puis de jeunes vampires, parfois opportunistes, parfois fascinés. La figure qu'il présentait était parfaite, son discourt simple et tranchant, à la fois accusateur et rédempteur, la poigne d'adamantine dans un gant de fine soie. Haut mage, il n'avait eut à prouver sa force, la force de l'Aîné, qu'une seule et unique fois. Ce point sobrement imposé n'étant plus discuté, il avait pu s'atteler à comprendre en profondeur le délitement de la puissance vampirique et les principaux écueils qu'il allait devoir adressé s'il désirait que les siens soient autre chose que des porcs que l'on saignait continuellement.
Accompagné du capitaine vampirique Glen, il avait réunit d'anciennes connaissances sur lesquelles il savait pouvoir s'appuyer et ils avaient entrepris les préparatifs d'un nouvel exode. Là encore, la nouvelle avait été sobrement présentée, pragmatiquement assené. Les arrivages de sang ne viendraient plus, s'arrêtant à Nevrast. Il fallait dès à présent commencer à vider Aërthia et tout ceux qui resteraient devraient se débrouiller par eux mêmes. Cependant, au-delà de ce problème immédiat, l'Aîné devait également penser à la succession de celle qui se faisait si sobrement appeler 'impératrice des ombres éternelles'. Rien que ça. Irina Faust devait avoir oublié qu'avant de se parer d'un titre pompeux, il valait mieux avoir les moyens de ses ambitions. La guerre civile grondait et les enfants de la nuit se cherchaient un nouveau dirigeant. Il savait d'ors et déjà qu'un autre prétendait à ce titre, qu'il avait sans doute contrarié en apparaissant soudainement d'un passé aussi glorieux que révolu. Pendant quelques jours, il avait très sérieusement considéré l'idée de le défier en duel du prince et de le carboniser sans plus de turpitudes. Mais voilà, il était l'Aîné, pas un petit roitelet à la vue basse et à l'ambition dévorante. Son but n'était pas le pouvoir même, car il le possédait déjà. Ce qu'il voulait, c'était la survie et la prospérité du peuple nocturne. De son peuple.
Alors, pareillement à l'avènement de Saeros comme premier prince à sa place, il réfléchissait à l'utilité que pourrait avoir ce prétendant dans ses plans pour les vampires. Avec ce qu'il contemplait à présent, il avait peut-être enfin trouvé la réponse à sa question.
« Aîné. Il est là »
Le vampire était un ancien capitaine de l'armée vampirique à l'époque où celle-ci parcourait la campagne humaine comme une nuée de sombres sauterelles. Il était étrangement réapparu peu de temps après le retour d'Achroma au sein de son peuple.
D'un signe de tête, le haut mage confirma la requête silencieuse qu'on lui présentait, sans jamais se défaire ni de son silence, ni de sa fixité tandis qu'il continuait d'étudier le parchemin. La porte cliqueta, s'ouvrit. Le pas était léger mais présent. Il y eut un échange à voix basse. Son acolyte donnant sans doute quelque indication à l'invité qu'il recevait en ce lieu au froid tranchant qu'il semblait parfaitement ignorer tandis qu'il soupesait le chiffre qui parachevait le rapport comme le couperet d'un bourreau. Le départ de son servant acheva de nouveau tout bruit réel dans la pièce et ce pendant un temps infini. Lorsque le coi se rompit, ce fut sur la voix du haut mage, qui avait commandé des armées, assuré la mort de la moitié de l'armée elfique et tenu tête à Saeros et au Tyran Blanc en personne, conversé avec le créateur du Lien et chanté l'hymne du renouveau de la Caste des Dragonniers, ce fut sur cette même voix qui entonnait un chiffre. Long, pénible, lourd. Un chiffre lacé d'une unique question sous-jacente. Comment avaient-ils pu tomber aussi bas ?
Comment ?