Connexion
-21%
Le deal à ne pas rater :
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, Collection Botanique
39.59 € 49.99 €
Voir le deal

descriptionSavoir pour prévoir, afin de pouvoir [PV Toryné] EmptySavoir pour prévoir, afin de pouvoir [PV Toryné]

more_horiz
13 Février 1763
Aërthia


Son regard couleur de l'eau rêvée par un assoiffé restait posé sur le parchemin qu'on lui présentait, fixe, pénétrant, froid et critique. Ses traits royaux restaient figés en une expression d'intense réflexion sensiblement soulignée de mécontentement. Mais ses augustes lèvres restaient définitivement closes. Aucun son n'était émit, aucune imprécation ou jugement, aucune parole de réconfort ou de condamnation. Autours de la silhouette de l'Aîné ne régnait qu'une intense, pénétrante considération. Il était venu séjourner dans la plus haute tour de la forteresse, proche des monts acérés, proche du ciel qu'il avait un jour dominé, juché sur le dos d'une dragonne à la blancheur absolue, aussi immaculée que son nom. Seithvelj. Il avait été murmuré à son arrivée, lorsqu'il était subitement apparu, porté par les ailes du nacré Kaalys. Il avait parcourut les salles profondes comme le chuchotis du vent, avant d'enfler, encore et encore au travers d'Aërthia, se répandant inexorablement. L'Aîné était en vie. L'Aîné était là. Pour son peuple, comme un témoignage vivant de la grandeur que les enfants de la nuit avaient perdu, disloqué aux quatre vents. L'Aîné était là, figure antique, preuve de la domination qu'un jour, les vampires avaient imposé au monde. L'Aîné était là, ayant bravé les édits même de Mort pour revenir auprès des siens à l'heure de leur plus grand besoin.

Il était le même, inchangé, haute figure dominant les autres, au port impérial d'un antique monarque des glaces, à la carrure des hommes de Glacern, chevelure au platine subtile scintillant dans la luminosité, pâle comme des perles dans l'obscurité, luisant doucement, le regard déterminé, profondément intelligent et composé, comme les neiges éternelles des Hauts de Paadshail. Il était le même, dans sa façon d'agir et de parler. Il était la grandeur, celui pour qui le titre de Prince avait été inventé. Et les fidèles étaient venus à lui, d'abord les plus âgés, ceux qui avaient eut l'honneur de servir à ses côtés dans les guerres du vieux continent, ceux qui savaient, ceux qui le connaissait. Puis de jeunes vampires, parfois opportunistes, parfois fascinés. La figure qu'il présentait était parfaite, son discourt simple et tranchant, à la fois accusateur et rédempteur, la poigne d'adamantine dans un gant de fine soie. Haut mage, il n'avait eut à prouver sa force, la force de l'Aîné, qu'une seule et unique fois. Ce point sobrement imposé n'étant plus discuté, il avait pu s'atteler à comprendre en profondeur le délitement de la puissance vampirique et les principaux écueils qu'il allait devoir adressé s'il désirait que les siens soient autre chose que des porcs que l'on saignait continuellement.

Accompagné du capitaine vampirique Glen, il avait réunit d'anciennes connaissances sur lesquelles il savait pouvoir s'appuyer et ils avaient entrepris les préparatifs d'un nouvel exode. Là encore, la nouvelle avait été sobrement présentée, pragmatiquement assené. Les arrivages de sang ne viendraient plus, s'arrêtant à Nevrast. Il fallait dès à présent commencer à vider Aërthia et tout ceux qui resteraient devraient se débrouiller par eux mêmes. Cependant, au-delà de ce problème immédiat, l'Aîné devait également penser à la succession de celle qui se faisait si sobrement appeler 'impératrice des ombres éternelles'. Rien que ça. Irina Faust devait avoir oublié qu'avant de se parer d'un titre pompeux, il valait mieux avoir les moyens de ses ambitions. La guerre civile grondait et les enfants de la nuit se cherchaient un nouveau dirigeant. Il savait d'ors et déjà qu'un autre prétendait à ce titre, qu'il avait sans doute contrarié en apparaissant soudainement d'un passé aussi glorieux que révolu. Pendant quelques jours, il avait très sérieusement considéré l'idée de le défier en duel du prince et de le carboniser sans plus de turpitudes. Mais voilà, il était l'Aîné, pas un petit roitelet à la vue basse et à l'ambition dévorante. Son but n'était pas le pouvoir même, car il le possédait déjà. Ce qu'il voulait, c'était la survie et la prospérité du peuple nocturne. De son peuple.

Alors, pareillement à l'avènement de Saeros comme premier prince à sa place, il réfléchissait à l'utilité que pourrait avoir ce prétendant dans ses plans pour les vampires. Avec ce qu'il contemplait à présent, il avait peut-être enfin trouvé la réponse à sa question.

« Aîné. Il est là »

Le vampire était un ancien capitaine de l'armée vampirique à l'époque où celle-ci parcourait la campagne humaine comme une nuée de sombres sauterelles. Il était étrangement réapparu peu de temps après le retour d'Achroma au sein de son peuple.

D'un signe de tête, le haut mage confirma la requête silencieuse qu'on lui présentait, sans jamais se défaire ni de son silence, ni de sa fixité tandis qu'il continuait d'étudier le parchemin. La porte cliqueta, s'ouvrit. Le pas était léger mais présent. Il y eut un échange à voix basse. Son acolyte donnant sans doute quelque indication à l'invité qu'il recevait en ce lieu au froid tranchant qu'il semblait parfaitement ignorer tandis qu'il soupesait le chiffre qui parachevait le rapport comme le couperet d'un bourreau. Le départ de son servant acheva de nouveau tout bruit réel dans la pièce et ce pendant un temps infini. Lorsque le coi se rompit, ce fut sur la voix du haut mage, qui avait commandé des armées, assuré la mort de la moitié de l'armée elfique et tenu tête à Saeros et au Tyran Blanc en personne, conversé avec le créateur du Lien et chanté l'hymne du renouveau de la Caste des Dragonniers, ce fut sur cette même voix qui entonnait un chiffre. Long, pénible, lourd. Un chiffre lacé d'une unique question sous-jacente. Comment avaient-ils pu tomber aussi bas ?

Comment ?

descriptionSavoir pour prévoir, afin de pouvoir [PV Toryné] EmptyRe: Savoir pour prévoir, afin de pouvoir [PV Toryné]

more_horiz
Un véritable chaos régnait dans la salle du conseil. Et pour cause, revenue de nulle part, alors que tous le pensait mort à jamais, l’aîné, Achroma, avait fait son apparition, il y avait de cela quelques jours à Aerthia. Quelques jours encore avant, Toryné s’était adressé à la ville, affirmant sa conviction de devenir le prochain prince noir et de guider le peuple de la nuit vers une nouvelle ère de gloire. Par la suite, l’androgyne et ceux acquis à sa cause avaient fait en sorte de se débarrasser de certain opposant afin d’attirer par la peur ou le respect d’autres vampires à leur cause. Tout semblait se dérouler sans accroc, jusqu’à l’arrivée de l’aîné. Sa simple présence changeait la donne, ce n’était qu’une question de temps avant que certain ne retourne leur allégeance afin de se rallier à cette légende du peuple vampirique. Défier le vampire millénaire en duel n’était pas envisageable, tenter de l’éliminer par d’autres moyens semblait bien trop ardu et surtout, n’accorderait aucune légitimité à Toryné, hors elle était son arme principale pour détrôner la Faust. Les esprits s’échauffèrent, tous cherchaient une solution pour ne pas perdre le contrôle de la situation.

Toryné quant à lui restait silencieux, son regard scrutant le vide, ses doigts tâtonnant la manche de son épée, ranger dans son fourreau. La venue de l’aîné représentait déjà une belle épine dans ses projets, mais avec cela, il était le porteur d’une terrible nouvelle, les cargaisons de sang n’arriverait définitivement plus à Aerthia. Le rationnement de sang qu’il avait imposé avait pour but de temporiser le retour d’un approvisionnement, cela semblait bel et bien compromis. Cependant, l’esprit du Cygne Blanc se refusait d’abandonner aussi facilement, tout ce qu’il avait traversé n’allait pas se terminer parce qu’un glorieux fantôme du passé venait de ressurgir, il n’allait pas courber l’échine, plus jamais il ne ploierait les genoux devant un autre prince.

Certains de ses partisans émettaient l’hypothèse qu’il pouvait s’agir d’un imposteur, cherchant à prendre le pouvoir en s’affublant d’un nom prestigieux. Toryné n’y croyait nullement, il avait déjà envoyé ses éclaireurs pour confirmer l’identité de l’aîné et rien ne semblait contredire cette vérité. D’autant plus, quel fou oserait se lancer dans une entreprise aussi suicidaire que celle de se faire passer pour l’aîné du peuple vampirique ? Personne. D’autres émettaient la possibilité de se soumettre, qu’il n’était pas trop tard pour offrir ses services à Achroma, mais à cela Toryné répondait d’un non-froid et catégorique qui n’invitait aucune tentative d’argumentation. Après le discours qu’il avait fait devant le peuple d’Aerthia et les actions qu’ils avaient entreprise, ne pas aller jusqu’au bout finirait de le faire passer pour un lâcher, un profiteur ainsi qu’un faible. Tout rêve de pouvoir mourrait avec cette décision. Non, il allait devoir faire preuve d’intelligence, il fallait revoir tous ses plans, mais surtout tous ses projets. Il devait penser comme l’aîné devait actuellement penser. Il venait d’arriver dans une ville dans laquelle il n’avait surement jamais posé les pieds, dans l’objectif de diriger son peuple, l’un de ses premiers reflexes allaient d’être de s’enquérir de l’état de la nation, comme n’importe qu’elle prétendant à un trône.

Toryné avait fait en sorte de récupérer tous les documents d’importance lorsqu’il avait fait du château d’Aerthia sa base d’opération. Il était évident que certains viendraient afin d’aller récupérer des documents administratifs et les ramener à Achroma, les arrêter ne serait pas dans les intérêts du Cygne blanc, cela signerait le début des hostilités entre deux camps aux frontières encore flou. Au contraire, même, il avait tout intérêt à laisser l’aîné avoir accès à certains documents. Beaucoup pensent qu’une information capitale doit être protégé et défendu corps et âmes, mais la vérité pour le Dalis était tout autre. Toutes informations finis tôt ou tard par se propager, absolument toutes. L’important est donc de contrôler son flux, comment est-elle diffusée, qui va la recevoir, quand et où. Toryné était détenteur d’un document qui comportait une terrible révélation sur le royaume vampirique, ce papier l’avait fait jurer sur son défunt prince et ami, Keziah. L’aîné devait voir ce document et l’aîné allait le voir.

Les ordres étaient la passivité, Toryné allait gérer la situation de par lui-même, ses partisans quant à eux surveillaient et récoltaient les informations. Une fois que l’androgyne eut la confirmation que le document avait bien été récupérer par des partisans de l’aîné, il se mit en route. Lentement, mais sûrement, il se dirigeait vers la tour dans laquelle le nouvel arrivant avait élue domicile, la plus grande des tours de la ville. On avait essayé de le convaincre de ne pas y aller, qu’il se ferrait carboniser à la seconde même où se présenterait devant l’incendiaire. À cela Toryné avait juste répondue « L’aîné ne me tuera pas. Il a besoin de moi » des paroles téméraires et présomptueuses pour beaucoup. Peut-être l’était-ce, mais Toryné était confiant.

-Je suis ici pour voir Achroma Seithvelj. Fut ce qu’il déclara aux gardes de la tour. Ces derniers restèrent silencieux et portèrent leurs regards sur l’épée du Cygne Blanc, rangé certes dans son fourreau, mais présente.

-Si vous pensez que je peux être une quelconque menace pour l’aîné, alors que faites-vous ici ? La phrase pouvait sembler stupide. Le rôle de garde était de protéger un lieu et la ou les personnes s’y trouvant. Cependant pour les vampires, pour qui la force était gage de grand dirigeant, cette déclaration prenait tout son sens.

Les gardes le laissèrent passé, après tout, qu’est-ce qu’un vampire en robe pouvait bien faire contre le plus puissant des mages de la race vampirique ? La parure du Cygne n’était certes pas une robe comme les autres, mais cela restait une robe, rien qui n’arrêterait un torrent de flamme. On le guida jusqu’à lui. Une fois face à lui, Toryné pu enfin voir de près celui que tous nommaient l’aîné, alors que celui qui l’avait escorté lui murmurait quelque paroles, l’androgyne était trop occupé à dévorer du regard ce vampire revenu d’entre les morts…. une seconde fois. Amusant, il s’était imaginé quelque chose de différent, certes, il dégageait quelque chose qui imposant le respect et d’aussi intimidant, mais autant qu’il l’aurait pensé. Le concerné semblait occuper à lire un certain parchemin, un parchemin que Toryné avait trop de fois manipulé et lu pour ne pas le reconnaître, le moment était parfaitement choisi.

-Un chiffre impressionnant n’est-ce pas ? Surtout, lorsqu’on parle d’argent… Il écarta brièvement les bras, le ton était assuré, la voix portante en conservant sa mélodie habituelle. Bienvenue à Aerthia, la ville qui saigne les vampires. L’ancien prince, Keziah Soen, voulait une ville imprenable pour le peuple de la nuit. Il fit quelque pas, s’approchant, les deux mains sur les hanches. Il est mort dans sa ville imprenable, tué par un Graarh, et nous as laissé ce dernier cadeau. Avec ça, compté bien entendu le prix que le sang du marché écarlate nous coûtent et le prix d’entretien de la ville et tout un tas de broutille…

En tant que conseiller, Toryné savait que Keziah engouffrait le royaume dans les dettes, la paranoïa du prince suite à la perte de Kyne et à ce nouveau territoire à gérer l’avait rendu moins à l’écoute de ses conseillers, dont lui-même. Il avait manigancé d’éjecter le prince des cendres du trône, en utilisant justement ses dettes accumulées pour que les vampires décident de s’en débarrasser. Toryné avait amassé beaucoup de richesse de par ses activités hors du royaume et de par celle qu’il avait accumulée en profitant de l’affrontement entre le théocrate et protectorat. Le vampire aurait fait en sorte de trouver un nouveau prince plus à l’écoute du conseil et aurait fait en sorte de prendre une partie de la dette à sa charge, ainsi, il aurait eu une mise sur le royaume tout en restant dans l’ombre, loin du rôle si dangereux de prince noir. Hélas, la mort prématurée de Keziah et l’arrivé d’Irina l’avaient forcé à changer ses plans, comprenant alors qu’il ne pouvait pas rester dans l’ombre plus longtemps.

-Je sais ce que vous devez vous dire, comment moi, conseiller de Keziah ait pu laisser ça arriver. Vous saviez que j’étais son conseiller, je suppose ? Je répondrais à cela que le prince noir n’écoute son conseil que s’il le désire et que… Je vous rapporterai le détail de cette dette si vous le désirez, on ne se rend compte des talents de marchand Caladonien que lorsqu’on se faire avoir, je dirais… Se faire avoir était un bien faible mot, bon sang… et dire que son défunt prince s’était même permis de construire ces horribles statuts sur la place publique. Les Hommes avaient trouvé le parfait moyen de tenir les vampires en laisse en plus du commerce écarlate. Le cygne blanc ne continua pas, attendant de voir les réactions de l’aîné sur ses déclarations, mais également de voir s’il allait obtenir les réponses sous-jacentes qu’il attendait avec ses premières paroles.

descriptionSavoir pour prévoir, afin de pouvoir [PV Toryné] EmptyRe: Savoir pour prévoir, afin de pouvoir [PV Toryné]

more_horiz
Son regard était égal, tout comme sa voix le fut lorsqu'il décida de répondre à son interlocuteur. Comme n'importe quel individu doté d'une once d'intelligence, l'Aîné s'était renseigné sur ce petit prétendant au trône. Fort de ses connaissances au sein des plus vieux cercles vampiriques, le haut mage n'avait guère tardé à en savoir assez sur cet individu. De plus, et bien qu'il n'en parlerait pas, tous deux s'étaient déjà croisés. Il se souvenait fort bien de cette énergumène bien trop bruyante, juste après la catastrophe de Cordont, tandis qu'il discutait avec Sintharia. Il avait fait une très mauvaise impression à Ivanyr et l'Aîné avait tendance à se fier aux ressentis de son alter-ego. Pour autant, son appréciation personnelle ne comptait pas au devant du sort du peuple de la nuit. Tant que cet homme représentait une opportunité, il se devait d'être objectif et de la prendre en compte. Cela ne voulait pas dire pour autant qu'il allait avaler toutes les couleuvres que l'autre lui présenterait. Dalis devait apprendre, et il apprendrait.

«  Vos excuses ne m'enseignent qu'une chose. En plus d'être vous-même un échec retentissant comme conseiller, les standards de la fonction ont drastiquement baissés  »

Lui-même avait occupé le poste de conseiller pendant longtemps et même au plus fort de sa tyrannie, Saeros l'avait écouté. C'était là la force d'un conseiller, de savoir se faire entendre. Son intelligence sociale devait souvent dépasser celle du Prince, son expérience de la politique et des manœuvres également. Tout son art était justement de manœuvrer l'être qui dirigeait et cela à tout prix. Combien de fois Saeros avait-il prit des décisions qui ne lui plaisaient pas, simplement parce que lui, Achroma, avait réussi à les lui faire admettre ? Oh il ne blâmait pas Dalis, ni le reste du conseil en vérité. Mais peut-être était-ce là le plus terrible. Il n'avait pas besoin de blâmer, il ne faisait qu'énoncer la vérité, le fait, plat et sans la moindre animosité de sa part. Le conseil était peuplé d'incapables. Il faudrait donc le nettoyer de fonds en combles et espérer que ceux qui occupaient ces sièges possèdent d'autres qualités que celles nécessaires au très lourd devoir de conseiller.

Ils ne pouvaient pas se permettre de laisser des incapables diriger leur peuple. Se parant d'une expression parfaitement neutre, il déposa la liasse de parchemins sur la table posée près de lui et reprit son étude du personnage qui se présentait devant lui. Le verbe était là bien que faussement usité. En vérité, s'il l'avait pu, il aurait prit le temps de jauger davantage de son caractère et de ses capacités. Pour l'heure, il devait faire avec ce qu'il avait en main, en espérant ne pas se tromper. Ce ne serait, fort heureusement guère une déception si cela advenait. En n'offrant aucune réelle attente mais en laissant la porte ouverte, on ne pouvait qu'être surpris, non ? Il en avait l'habitude. Prendre les outils à disposition dans l'urgence pour faire des miracles, c'était son lot quotidien depuis un millénaire. Et comme depuis un millénaire, il parviendrait en temps et en heure à ses objectifs. Ce n'était pas quelque chose d'aussi trivial qu'un suicide et plusieurs années de mort qui allaient l'en empêcher.

«  Le talent des marchands Caladonien est une évidence pour qui relève le nez de son ego et s'intéresse à ce qui constitue le reste de son monde  »

Hors justement, à part flatter son ego, Soen n'avait pas fait grand-chose. Et quand il le faisait c'était une catastrophe. Et néanmoins, quiconque s'intéressait un peu aux façons des autres factions n'aurait eut aucun mal à comprendre la dangerosité des dettes Caladoniennes. Il suffisait de voir leurs sentences civiles. Ou de se renseigner. Bref, il suffisait de faire marcher un dixième de con esprit et donner les bons ordres, recueillir les informations nécessaires. Là encore, c'était le travail d'un conseiller que de connaître tout cela pour son Prince si celui-ci devait n'être qu'une figure de puissance brute. Attendre de se faire entuber pour découvrir le danger relevait d'une complète et ahurissante naïveté. Rien dont un vampire pourrait être fier.

«  Il me semble que je ne vous apprends rien Dalis. Vous étiez certes un médiocre conseiller, au mieux, mais vous n'êtes pas dépourvu d'intelligence sociale  »

L'art de se renseigner, encore et toujours. Tout partait de là en fin de compte. Être bon partout était impossible mais quand on admettait ses propres limites, il devenait aisé avec un peu de pragmatisme de chercher à combler des lacunes en allant chercher l'expérience et le contenu ailleurs. Lui ne connaissait Toryné Dalis que de vue, alors il avait naturellement interrogé ceux qui le connaissait davantage ainsi que le réseau dont il disposait à l'étranger. Et nul doute qu'en effet, malgré ses lacunes, l'autre avait cherché des alliés et effectué des voyages. Il connaissait donc la valeur d'observer chez les voisins. Comment, en ce cas, expliquer la tenue du royaume ? Les autres ? Peut-être. Ou un dessein personnel.

«  Ne mentionnez plus jamais votre main dans cette débandade économique. En particulier lorsqu'on ne vous confronte pas  »

Il ne l'avait à aucun moment blâmé personnellement et pourtant l'autre était de lui-même venu se dédouaner. Ou tenter de le faire. Et ça ne lui apportait qu'un coup de bâton dont il aurait pu se passer. Dont ils auraient pu se passer. La situation était instable et dangereuse et il était hors de question que la moindre information ou suggestion transforme le peuple de la nuit en une vague inepte de fureur. Que le principal fautif pourrisse sur la roue de la réincarnation, le reste n'avait pas à être dit. En tout cas pas tant qu'on ne cherchait pas un bouc émissaire bien vivant à frapper. Autant diriger leur hargne contre Faust, elle tombait à point nommé pour ce rôle. Cela ne l'enchantait pas vraiment, il préférait travailler avec des femmes comme aides mais… celle-là était plus un danger qu'autre chose, et pas dans le meilleur des sens.

«  Le seul résultat que cela aurait serait de vous faire paraître faible et doutant de vous-mêmes  »

Si vraiment bouc émissaire il fallait, le reste du conseil servirait fort bien. A moins bien sûr que les prochaines minutes déterminantes de leur conversation ne donnent une autre direction que celle qu'il escomptait. Il soupirait déjà à l'idée de devoir tuer plus de vampires. Les siens n'étaient déjà pas nombreux, réduire encore leur nombre lui restait sur l'estomac. Mais mieux valait observer la pire issue possible en face. En attendant, il était également difficile pour lui de ne pas cracher sa bile. Rester digne était d'une importance primordiale et pourtant terriblement difficile devant la rancœur qu'il nourrissait à l'égard de ceux qui avaient traîné leur image dans la boue la plus immonde. Il ne décolérait pas de l’imbécillité chronique de Soen et ne comprenait même pas comment il avait pu accéder au trône avec un tel manque de prévoyance et de prudence.

«  Keziah Soen n'avait de prince que le titre et lui, ainsi qu'Irina Faust ont enterrés conjointement tout prestige ou crédibilité qui pouvaient s'y attacher  »

Voilà qui était dit. Combien de fois avait-il intérieurement pesé ses mots avant de les énoncer ? Une bonne centaine au moins. Faust était à peine moins coupable que son prédécesseur. Elle avait des idées, une vision de grandeur qui allait dans le bon sens mais elle était défaite de tout pragmatisme ou sens pratique et économique. On ne bâtissait pas l'avenir sur un tas de fumier. Au mieux servait-il à l'engrais de l'agriculture. Hors leur situation était un fumier. La dette était colossale et même en travaillant jour et nuit à solidifier leur position il ne pourrait pas la résorber. Il doutait également qu'on fasse une croix dessus sans de sacrés arguments. Pendant des heures, il avait tourné et retourné le problème, discuté avec les ses anciens confrères et finalement… il n'y avait véritablement qu'une seule solution à envisager qui pourrait sauvegarder ce qui restait. Une solution qui ne fut pas, encore, une humiliation de bout en bout.

«  Les vampires sont les laissés pour compte de l'Archipel et c'est inacceptable  »

Une seule solution. Pour ça, il allait falloir endurer, réfléchir et agir avec prudence mais… c'était possible. Tout n'était pas perdu. Ils avaient réussi à se sortir des souterrains, hors de question de retourner s'enterrer dans la tombe d'un criminel après ça. Ils étaient déjà partis d'une situation épineuse et démunie, s'ils agissaient comme des vampires et non comme des lavettes et des esclaves, ils s'en sortiraient. Son regard rivé sur le vampire qui lui faisait face, il lui laissa un instant pour absorber avant de poursuivre avec cette même neutralité composée, comme s'il déroulait le menu d'une auberge et non ses décisions pour l'avenir du peuple vampirique.

«  Il est temps de changer cela et ça commence par couper les membres putréfiés. Il n'y aura plus de Prince. Continuer d'user de ce titre représenterait une blague et un embarras pour tout le monde. Puisque les derniers occupants du trône ont cru bon de saborder toute forme de respect que le reste du monde porterait envers un dirigeant ainsi adoubé fort bien, nous ferons sans  »

Ce n'était qu'un titre. Avec le temps, leur nouvelle fonction première serait tout aussi crainte et respectée que le Prince avait pu l'être et peut-être mieux encore. Certains ne seraient pas contents, mais ils feraient avec ou ils en subiraient les conséquences. Pour sauvegarder ce qui était le plus important, il fallait bien faire quelques sacrifices symboliques et choisis. Pour un simple titre qu'ils abandonneraient, ils se verraient récompensés au centuple. Le prince était mort avec Saeros. Désormais, c'était le fond de leurs valeurs qu'il était nécessaire de cultiver. Leur prédation choisie, leur volonté eugénique d'être meilleurs, l'élitisme de leurs dirigeants…

«  Libre à vous de marcher dans mon sens. Ou de périr séance tentante. Vous n'êtes pas assez utile pour que je perde mon précieux temps à vous convaincre. Je préfère encore le perdre à trouver un remplaçant si vous ne faites pas l'affaire. A vous de vous décider  »

Il ne pourrait pas y couper.

descriptionSavoir pour prévoir, afin de pouvoir [PV Toryné] EmptyRe: Savoir pour prévoir, afin de pouvoir [PV Toryné]

more_horiz
Toryné écoutait attentivement chaque parole de l’aîné, toute son attention était rivée sur les mots qui sortaient de sa bouche et étaient passé au crible fin. L’esprit volage du céleste n’avait guère le loisir de s’aventurer dans quelconques champs de son imaginaire, si escapade, il devait y avoir, c’était sur des sentiers bien précis. Et pourtant, l’androgyne se posait des centaines de questions pour l’aîné. Comment était-il revenu parmi les morts ? Avait-il été seulement mort ? S’était-il caché durant tout ce temps ? Si oui pourquoi ? Pourquoi réapparaître maintenant ? Hélas, il n’avait guère le loisir d’interroger le principal concerné, d’autant plus que ce dernier ne lui donnerait pas les réponses qu’il désirait pour l’heure actuelle. Pour le moment, c’était d’avenir qu’il fallait parler. Après tout, ne vivait-il pas un moment historique qui serait gravé dans la roche, qui serait enseigné aux générations futures. Que dirait-on ? Le retour de l’aîné ? Le vampire qui vainquit la mort une seconde fois ? Mais surtout, que dirait-on sur lui ? Toryné ne pourrait se contenter d’une simple ligne dans l’histoire, ni même d’un simple chapitre.

-Je vous déconseille de tuer toute personne refusant de vous suivre aussi rapidement, cela ne serait pas très sage… Cela n’a pas réussi à ce cher Keziah que vous-même qualifié d’indigne en tant que dirigeant du peuple de la nuit. Je rajouterais à cela que me chercher un remplaçant vous coûterais bien plus de temps que prendre la peine de m’écouter et vous savez mieux que quiconque que vous ne pouvez pas vous permettre de perdre du temps, je suis unique en mon genre hélas… Il ignora les commentaires concernant son passé proche de conseiller, cela n'aurait aucune utilité pour la conversation à venir.

Le vampire marcha lentement en direction de l’ancien glacernois, était-ce trop audacieux ? Certains diraient que ses paroles l’étaient déjà assez pour se faire tuer. « Tuez-moi, je me réincarnerais bien un jour » dit-il en haussant des épaules. L’idée de mourir lui avait toujours été insupportable, l'idée qu'il puisse devenir... quelque chose de différent... mais il était assez maître de son corps et de ses émotions pour que rien ne puisse laisser transparaître de cela, de plus, Toryné avait une certaine confiance en sa survie, pour le moment. « Mais je pense que nous avons bien plus important à faire que de parler de ma mort supposée, Achroma, vous permettez que j’utilise votre prénom n’est-ce pas ? ». Une question qui n’invitait pas de réponse, le céleste prenait ses aises.

Ici, il allait voir la différence entre l’incendiaire et la saurienne de Quartz. Lorsque Toryné avait confronté Keetech à ses propres erreurs et aux limites de cette dernière, elle avait imposé son autorité par la force, rendant la « sagesse » draconique bien ridicule. Achroma lui avait bien d’autre prétention, celle de régner, de diriger. Hors, il ne pourrait régner seul, personne ne pouvait régner seul, dragons, dieux, vampires, tous étaient sujets à cette loi. Bien entendu, s’il avait tort et qu’Achroma s’avérait n’être rien d’autre qu’un énième vampire tellement imbus de sa puissance qu’il ne pouvait accepter la contestation, alors il finirait comme Keziah et l’ancien conseil, un tas de cendre qui rejoindrait le honteux cycle de la réincarnation. Si Toryné n’avait jamais accordé une quelconque croyance envers un destin tout tracé, il avait cependant cet instinct commun à beaucoup de voir en certaines choses l’impossibilité qu’elle soit le fruit du hasard. Le retour de l’aîné faisait partie de ces « certaines choses ».

-Cependant, ne pensez pas à tort que je ne suis pas de votre avis, la situation actuelle est inacceptable, contrairement à ce que mes détracteurs peuvent dire, je n’ai pas déclenché un soulèvement contre Faust pour ensuite passer mes journées à m’admirer dans le miroir. Et pourtant, pensa-t-il, retenant en son for intérieur ce commentaire ironique. Comme lui-même l’avait dit, le temps, ils n’en avaient pas à foison… Cependant, avec le peu qu’il avait, la direction qui allait être prise devait être claire aux yeux du Cygne. Qu’il n’y est plus de prince est une chose, c’est rompre avec la tradition, une manière d’éloigner l’humiliation que les derniers portant ce titre nous ont apportés… Du moins, si une idée plus vaste et structurée s’accompagne avec cela… Qu’auront les vampires au lieu d’un prince ? Un roi ? Un empereur ? Un… maître suprême ? Rajouta-t-il d'un ton dérisoire. Je conçois que le symbolisme est important, il est à l’origine du titre de prince, mais le symbolisme n’est suffisant que pour les brebis sans berger.

Il ne doutait pas un seul instant que la réflexion de l’aîné ne soit pas aussi pauvre, cependant Toryné n’allait pas se contenter d’aussi peu. Beaucoup pourraient suivre Achroma pour bien moins, mais l’androgyne venait de le dire, il lui fallait plus qu’un symbole. Une créature aussi cupide que le cygne blanc n’était pas atteignable par une quelconque foi ou par l’attrait du bien commun, non, la seule chose qui attirait le monstre affamé était son propre profit, un désir égoïste de pouvoir nourri uniquement par l’orgueil le plus pur.

-C’est tout un modèle qui doit être bouleversé et pas aussi abrupt et imbécile que Faust à tenter de faire. Ce n’est même plus qu’une question de mode de gouvernance, mais de mode de vie. Aerthia est comme… la matérialisation de l’échec du peuple de la nuit à l’adaptation. Nous vivons dans un archipel, mais nous n’avons pas de flotte, tout juste 5 ou 6 amas de planches qu’on appelle bateau à défaut de trouver mieux… Nous avons installé notre ville aux pieds d’une chaîne de montagne, mais où sont nos mines ? Nos carrières ? Cette ville devrait continuellement dégager des nuages noirs d’industries et bourdonner du vacarme des ouvriers et des esclaves s’acharnant à la tâche ! Et notre port ne devait pas nous forcer à traverser cette maudite forêt de malheur ! Qui elle-même devrait déjà avoir été colonisé par des scieries et des camps de bûcherons depuis longtemps ! L’androgyne fit semblant de rigoler, ne témoignant que de son dépit. Son regard devint plus grave, désormais, il était face au vampire qui paraissait être un géant face à lui, le forçant à relever la tête pour soutenir son regard.

-Vous en êtes conscient de cela n’est-ce pas ? Vous savez à quel point le peuple de la nuit doit évoluer pour survivre dans ce monde, pour ne pas être « laissé de côté ».

Aerthia avait été créé trop tôt. Des terres et un royaume à part entière pour les vampires n’étaient pas impossibles. Cependant aussi vieux soit-il, l’identité de nation et d’unité était bien trop jeune chez les buveurs de sang. Les vampires avaient été encore récemment plus des parasites ou des prédateurs qu’un véritable peuple, vivant de pillage et de rapt, mais ce mode de vie ne marchait pas en temps de paix et lorsqu’on est éloigné de ceux qu’on parasite. Les graarh auraient pu être une alternative envisageable, l’esclavage compensant en parti la quasi-absence de main d’œuvre, mais le savoir-faire restait absent… et cela était sans compter la dépendance qu’avait engendrée le commerce écarlate.

-Vous parliez de membre gangrené à arracher, la vérité est bien plus complexe et difficile… Il nous faut muer…

Modifier, améliorer, changer, détruire n’était pas la solution sur des plans aussi bien sociaux que d’efficacités. Tout peuple est réfractaire aux changements trop brutaux, à moins qu’il ait l’illusion que ce changement vienne d’eux et on ne peut détruite totalement leur base culturelle.

-C’est ce que je désire, je ne vous connais que de réputation et de récit, mais… je pense que c’est également ce que vous désirez, non ? Et si c’est bien le cas, vous comprendrez alors que je ne plierai pas le genou devant vous, et cela, non par peur de froisser ma robe.

descriptionSavoir pour prévoir, afin de pouvoir [PV Toryné] EmptyRe: Savoir pour prévoir, afin de pouvoir [PV Toryné]

more_horiz
Il se contenta de l’observer, platement, guère convaincu par sa répartie. Allons, il pouvait faire mieux que cela tout de même. Plus acéré, plus juste, mieux ajusté. Cherchait-il à négocier un bout de chiffon dans un bouge Sélénien, ou bien à prouver qu’il aurait tort de le tuer, que son existence avait de la valeur. Qu’il avait de la valeur. Non. Pas tout à fait. Qu’il pouvait apporter quelque chose aux vampires dans l’heure heure de besoin. C’était cela, réellement, qui prenait toute son importance. Cette créature qui jouait les femmes tout en étant homme pouvait avoir de nombreuses qualités, il ne le renierait pas car il ne le mettait même pas en cause, ne le soumettait à aucune question ou indiscrétion. Mais ça ne l’intéressait pas. Ce qui l’intéressait lui, c’était uniquement ce qui servirait son peuple. Et s’il s'avérait qu’il ne pouvait servir son peuple, par son arrogance ou son idiotie, alors il l’éliminerait simplement. Ce n’était pas personnel, seulement les besoins de la nation. Celles qu’aucun vampire n’avait su contenter. Pas même celui qui se tenait dans cette pièce en cet instant. Pour toutes ses réclames, Toryné n’avait pas tenu la nation, et n’avait pas essayé semblait-il.

Je suis seul juge de la façon dont je souhaite user de mon temps et de mes moyens Toryné, aussi pouvez-vous être certain que, lorsque je vous affirme préférer passer mon temps à vous chercher un remplaçant, je le préfère effectivement. Je ne vous cacherais pas non plus avoir déjà des candidats en tête si vous veniez à me décevoir. Mais je vous remercie de vos conseils

Sa voix était tranquille et sans agressivité. Il n’en avait pas le besoin. Tous deux savaient que s’il se résolvait à le tuer, il mourrait. Mais au-delà de cette compréhension mutuelle, le haut mage désirait faire comprendre combien sa résolution n’était pas celle d’une toquade mais bien mûrement réfléchie et que rien, si ce n’était un discours tout aussi mûr, ne pourrait venir la rediriger. Il ne s’agissait pas de prouver une quelconque supériorité, parce qu’il ne se sentait pas menacé par un enfant sur un plan personnel. Il s’agissait de ce qu’il était capable d’accomplir pour les siens. Et ce qu’il accomplirait. Ses menaces n’étaient pas que du vent. Son écoute non plus. Parler dans le vent, c’était bon pour Faust. L’autre devrait se défaire de cette vilaine manie également s’ils voulaient tous aller de l’avant et accomplir ce qui devait être accompli. C’était un trait humain, pas un trait vampirique. C’était un trait de proie essayant de se faire plus intimidante qu’un prédateur, ou pour endormir sa conscience de sa supériorité dans une discussion stérile basée sur un ego vain. Les vampires n’étaient pas des humains et ils étaient supérieurs.

Quant à Keziah, ce n’est pas la destruction de ses ennemis que je lui reproche. C’est un trait très vampirique et très pragmatique convenant à bien des situations. Pas à toutes, mais à beaucoup

Ce qu’il lui reprochait c’était sa stupidité tant sociale qu’économique. Une mort pouvait être utile, si elle était bien choisie et bien exécutée. La bravade du cygne ne lui tira qu’un léger haussement du sourcil droit. Il n’était pas dupe, mais comme il l’avait affirmé plus tôt, il n’était pas là pour une vaine discussion d’orgueil. Savoir qu’il s’agissait là d’une simple tentative de ne pas montrer la teneur réelle de ses sentiments lui suffisait, Toryné n’avait pas à l’affirmer lui-même à haute voix. Le résultat était le même en fin de compte. Briser l’orgueil de ses interlocuteurs ne lui servait pas, il s’agissait d’une arme redoutable, qui poussait ceux pouvant s’opposer à lui à commettre des erreures. Et tant que l’accord n’était pas scellé, l’ancien conseiller restait un opposant. Ce serait l’accord, et uniquement l’accord, qui changerait la donne. Toute la question était de savoir comment il allait arranger ses plans. Avec, ou sans lui. Ils seraient fixés à l’issue de cette discussion. Et en un sens ? Il désirait presque que le cygne refuse de suivre ses plans. La survie de la Licorne l’avait grandement frustré, pouvoir passer ses nerfs sur quelque chose lui ferait le plus grand bien. Car il n’était pas qu’Achroma.

Faites

Le nom n’était qu’un nom, pas même celui dont il usait en privé. Il était une image. Cette minuscule concession ne le dérangeait en rien et était même offerte avec plaisir si cela aidait à nouer ses plans comme il l’entendait. Le bonheur d’un orgueil absent. Et il faudrait au moins cela s’il conservait l’autre comme partenaire dans son entreprise car il était clair que Toryné, de son côté, avait l’orgueil en panache. Cette fois, la bravade le fit sourire. Non, réellement, cette créature n’avait jamais vécu parmis de véritables vampires. Alors quoi ? Jusqu’à présent il avait fait en sorte d’être pédagogue dans son discours. Là où l’évidence aurait dû être, il concédait afin de le guider vers un état d’esprit bien précis. Sa détermination, son désintérêt pour les vides jeux de paroles, et à présent cela… Bien sûr qu’il allait le faire, mais la question se posait encore, son réceptacle comprenait-il l’investissement qu’il faisait et à quel point sa mort serait lente d’agonie s’il le décevait ? Il espérait réellement conserver son investissement bien qu’il soit prêt à réitérer les efforts avec un autre. Tutorer un élève déjà efficient n’avait rien de satisfaisant, il fallait de la matière à travailler. Quel paradoxe.

Et pourtant… vous venez de le faire Toryné. Vous venez déjà de vous agenouillez devant moi. Je n’ai pas besoin de voir le bas de votre robe se couvrir de souillures pour cela. Votre esprit a cru bon de négocier plutôt que de saisir immédiatement le coeur du sujet qui s’esquissait, cela veut tout dire. Si vous êtes persuadé de votre valeur, alors vous n’avez pas besoin de négocier. Cette valeur parlera d’elle-même. Oubliez ce que vous avez vu de Faust et Sohen, ou de ces idiots dont votre vieil ‘ami’ a peuplé sa vaine cour. Ces images sont fausses, inutiles. Et je suis réellement désemparé de devoir biaiser ma parole pour vous faire comprendre notre vérité depuis votre entrée en ces lieux

Il inspira profondément et secoua légèrement la tête. Il était mort pendant si peu de temps, et pourtant leur héritage, leur âme, leur culture s’était complètement perdue. Tout ce qu’il espérait, c’était de parvenir à la ressusciter et la compléter. Son regard se troubla un moment du fond de ses pensées, avant qu’il ne le mire avec un fond de cynisme. Ces questions, que posaient son vis à vis, elles tournaient dans sa tête depuis un moment maintenant. Qu’il se pose les mêmes était bon signe, si rien de plus. Mais se poser des questions n’était que le premier pas de la prise de conscience. S’interroger permettait la critique, la perspicacité guidait ensuite cette critique pour éclairer de sa présence les points d’achoppement. Cela étant dit, l’identification du problème était relativement simple, ce qui était bien plus compliqué, c’était de le résoudre. L’alliance avait poussé les vampires au désespoir et à l’agonie. La solution ne pourrait qu’être égale en intensité. Il avait eut beau chercher, biaiser, il ne voyait pas le moyen de temporiser, d’adoucir ou de réfréner. Il aurait réellement voulu, au moins au regard de ses accointances Calastiennes mais non. Impossible.

Quel est réellement la plus grande faute commise par Sohen d’après vous ?

La réponse vint rapidement, c’était une question de pure rhétorique et il ne voulait pas non plus se perdre en conjectures inutiles ou philosophiques. En essence, cela avait déjà été évoqué. Mais l’utilité de l’amorce restait la même car elle mettait le doigt sur ce qui avait été le rouage présidant au délitement de leur peuple. Savoir d’où l’on venait, quelles fautes étaient les leurs, apprendre des erreures commises… Le coeur de leur problème était misérable, pathétique et d’autant plus impossible à accepter sereinement. Cela le brûlait intérieurement, comme un acide, comme de la bile trop longtemps contenu. Cela le rongeait de l’injustice profonde qu’il en concevait. Quelle était la plus grande faute commise alors ? Celle qui résumait le clivage des vampires depuis bien trop longtemps. Vouloir le nier n’aurait servi qu’à dilapider le peu de dignité qu’il leur restait.

Vouloir agir en humain

Un clignement de ses yeux à la couleur d’eau exotique, et il secoua très légèrement la tête. Il inspira, pesant ses mots, puis reprit avec un léger tic du coin de l’oeil droit, contenant sa colère. Avaler l’infamie en si grandes quantités en si peu de temps n’avait pas été une tendre expérience pour lui qui retrouvait à peine les siens. Il avait reçu la vérité en pleine face, presque cruellement, aussi son outrage naturel s’accompagnait également d’une forme de révolte toute personnelle. Et plus encore pour lui. Intérieurement, Achroma condamnait fermement ce qu’Ivanyr pouvait bien observer. Il avait toujours oeuvré pour que son peuple soit accepté et trouve sa voie, sa vocation, son rythme. Tout cela avait été défait, piétiné avec la candeur égoïste d’un enfant par des êtres indignes qui n’auraient jamais dû s’élever au delà du rang de simple troupier.

Non. Mes excuses, la formulation est incorrecte. Ce serait davantage… penser qu’il lui faille agir en humain

Les derniers mots portaient dans le ton employé la marque d’un intense mépris. Pas envers les humains, mais envers ceux assez écervelés pour renier l’essence de leurs êtres, pour se laisser domestiquer, comme des chiens, pour adopter un mode de vie et de pensées imposé, pour plaire à des individus qui ne faisaient aucun effort envers eux, cherchant au contraire tous les moyens pour les écraser plus bas que terre. Tel le paysan humain se parant de soie et d’ornements pour essayer de se faire passer pour la noblesse, ils s’étaient humiliés pour une acceptation qui ne viendrait jamais. Lui-même n’avait pas suivi cette voie et pourtant il se sentait sale, à appartenir à la même race que ces pauvres âmes désespérées. Pour autant, ce désespoir ne rencontrait pas chez lui l’unique répulsion qu’il exprimait, mais aussi de la tristesse et de la compassion.

Penser qu’il faille aux vampires une forteresse, acheter leur nourriture, avoir des courtisans, des nobles, instaurer une pauvreté et une richesse… Voilà l’erreure. La faute, réellement. Confondre adaptation et assimilation

Il poursuivait avec un calme plein de retenue, le vibrato profond de sa voix se modulant sur une note à la passion jugulée, présente, sans pour autant lui échapper. Elle rythmait ses propos, leur donnant la cadence tandis qu’il énonçait avec aisance. Pourtant, chaque fois, à chaque agonie du phrasé parvenant à son terme, cette émotion se faisait absolue, emplissant l’accent exotique pour le faire dévier. Pour autant, rien ne semblait briser sa posture, qu’il gardait neutre, tranquille. La fougue d’Ivanyr, la retenue d’Achroma. Dès l’instant où il s’était trouvé seul sans Kaalys en ces lieux il avait été contraint de se mettre d’accord avec lui-même. Son entreprise ne fonctionnerait que si tous les fragments de son âme collaboraient les uns avec les autres. Il ne pouvait pas se permettre d’être divisé. Les autres, le peuple, l’étaient déjà bien assez.

Pourquoi avoir décidé de bâtir une ville ? Notre peuple était nomade et c’était là notre force. Personne n’était capable de prédire où nous trouver, de nous attaquer, de nous prendre par surprise. Personne n’était capable de nous encercler. Nous nous passions de murailles, de constructions inutiles, notre environnement était adapté à notre besoin de nous déplacer, notre chaîne de commandement et notre société également….Pourquoi avoir décidé d’instaurer une cour, pour quelle raison ? Les dirigeants du peuple vampirique étaient les plus forts, les plus malins, les plus érudits. L’élite et c’était bien normal. On ne dirige pas une nation avec des agnelets. Les compétences nécessaires sont celles de l’élite. Le jeu de cour au sein d’une telle élite n’a rien de productif. Nous sommes des prédateurs, flatter la vanité n’est pas nécessaire car nous savions ce que nous valions alors

Il fallait avoir vu l’armée du prince noir, le seul dont il soit question de se souvenir, le conseil, à l’époque où il était peuplé par les grands de leur race. Beaucoup, depuis, étaient soit morts, soit partis loin de cette infamie. Un imbécile était alors venu pour changer absolument tout ce qui avait été sans prendre le temps de se demander si c’était nécessaire ou efficace ? Le modèle avait bien été bouleversé. Mais pas de la bonne façon. L’évolution devait être lente mais ce n’était pas possible, ce n’était plus possible. Plus pour le moment en tout cas. Lorsque le désespoir se dissiperai, alors il serait possible de ralentir mais pour le moment ? Pour le moment il fallait combler l’abysse devant laquelle ils oscillaient. Quand survivre ne serait plus le mot d’ordre et qu’il s’agirait, à la place, de vivre, tout simplement. Mais cette fois il faudrait faire en sorte que rien ne vienne briser de nouveau leur élan.

Je n’énoncerais pas toutes les absurdités dont j’ai pu être témoin ici. En lieu et place, je synthétiserais ainsi : il n’y a aucun modèle à bouleverser car il n’y a aucun modèle du tout. L’identité profonde des vampires ne s’est pas fixée après que les héritiers de Saeros aient stupidement envoyé balader tout ce que nous avions acquis. Mais en eux, certaines vérités restent ancrées…

Son propos fut un instant retenu, avant qu’il ne poursuive enfin, platement.

... Et Faust a simplement apprit à ses dépends qu’un prédateur ne devient jamais rongeur, peu importe la force du souhait. A un moment ou un autre, il se souvient avoir des crocs et des griffes

Faust avait été gaspillée, en un sens. S’éloignant de l’intérieur de la salle, il s’approcha du balcon, laissant le vent venir faire ondoyer ses cheveux et les pans de tissus autours de lui. Tout comme d’inutiles échanges ne pourraient nullement changer ce qu’il pensait et sa détermination à appliquer ce qu’il pensait, l’Aîné ne dictait pas sa critique sans une proposition à avancer. Parler pour parler n’apportait rien. Parler pour statuer ce qui serait, en revanche, apportait la clarté du chemin emprunté. Car il y avait un chemin, encore. Il serait dur, dangereux, mais ils étaient rompus à cela. Ils avaient l’habitude. Mais pour parvenir à ce but les vampires devraient d’abord souffrir encore, briser formellement leur fierté avant de la retrouver. Un sacrifice de plus, mais un sacrifice nécessaire. Aussi nécessaire que l’avait été leurs années dans les souterrains.

Vous visez juste en vous questionnant sur les mines et la flotte. Mais le problème est plus large. Certes, nous manquons des savoirs faire qui nous seraient nécessaires, parce que nous sommes prédateurs et non constructeurs. Cependant, pour gagner ces savoirs faires, l’alliance nous propose de nous asservir plus encore, en payant avec des fonds que nous n’avons pas, par exemple. C’est un cercle vicieux et cela vient d’un seul et unique fait, encore et toujours : l’assimilation. Les humains ne nous ont pas accepté ni respecté. Ils ne nous ont pas laissé mûrir, comme peuple et nation, à notre rythme. Le rapprochement de Sohen ? De la poudre aux yeux. Les humains ont profités de lui pour nous museler et nous mettre une laisse au cou, pour nous traire jusqu’à notre disparition totale sur cette île maudite loin de tout. Maintenant ? C’est à nous de balayer

Et ils avaient beaucoup de travail.

Sohen puis Faust ont acceptés qu’ils essaient de nous domestiquer. Mais ce n’est pas ainsi que cela fonctionne. Et il est grand temps que nous cessions de nous prostrer plus bas que terre. Personne ne donnera réellement aux vampires. Jamais. Pour toutes leurs belles paroles, leurs grands discours, leurs belles éloges, jamais ils n’ont voulu nous laisser une chance. Fort bien. Nous prendrons ce que nous voulons, comme il se doit, comme de juste

Ce que les humains pourraient offrir d’une main, dissimulerait la laisse de l’autre. Mais s’ils faisaient mine d’accepter la laisse, ils seraient assez proche pour frapper par la suite. Et les elfes ? Ils ne comptaient pas. S’ils venaient à se mêler de leurs affaires, à tenter d’imposer leur paternalisme, ils mourraient tous jusqu’au dernier. Quelque part, ce ne serait que justice. Pour Aldaron, pour les vampires, pour les glacernois également. Mais pour l’instant il n’était question que d’un seul angle et c’était suffisant. S’ils agissaient correctement, ils n’auraient pas besoin de plus que cela. Et il savait qu’ils pouvaient réussir sans l’ombre d’un doute. Il avait mit à profit son temps pour y parvenir. La découverte du gouffre financier n’était finalement qu’un élément pour hâter tout ce qu’il mettait en place.

Mieux encore, nous allons les prendre à leur propre jeu. Et quand nous en aurons fini, ils se souviendront pourquoi nous étions craints. Le peuple de la nuit est un peuple fort qui a toujours dû s’imposer et se taille sa propre place. Jamais nous n’avons attendu une becquée. Nous n’en attendrons plus

Il était temps, oui. Que l’humiliation cesse. Elle cesserait d’une main de velour et avec une lame ajustée.

Nous sommes différents des peuples de l’Alliance. Même cette notion de prince est emprunt malencontreux. La construction politico-sociale que j’ai en tête est une forme d’hybridation destinée à assurer une transition, en retrouvant nos racines, celles qui font notre force, mais sans sacrifier à un avenir non autocratique. Cependant, cela viendra en un second temps. Avant cela, je vais vous entretenir de la façon dont je compte rendre aux miens ce qui leur revient

Son regard trouva de nouveau la silhouette colorée, se plantant en elle sans chercher à s’esquiver.

A moins que nous n’avancions pas dans le même sens bien évidemment

descriptionSavoir pour prévoir, afin de pouvoir [PV Toryné] EmptyRe: Savoir pour prévoir, afin de pouvoir [PV Toryné]

more_horiz
L’esprit de l’aîné était foncièrement différent du sien. Leur conception des choses n’était pas les mêmes, Achroma était plus directe, là où Toryné était plus… sinueux, disons. Ainsi, tous deux attribuaient des significations totalement opposées à certains concepts. L’aîné voyait dans la négociation du Cygne un acte de soumission, voire de faiblesse. Pour Toryné en revanche, une vraie négociation ne se faisait que d’égal à égal, il s’agissait d’un échange où l’intelligence était la seule véritable arme. Ironiquement, par ailleurs, il ne voyait pas où était la négociation dans leur conversation, pour le moment tout deux ne faisait qu’échanger sur ce qui était encore bien trop la surface de l’avenir du peuple de la nuit. Il allait devoir s’adapter, grand mal en face si l’incendiaire y voyait un nouveau signe d’une soi-disant soumission.

De plus, si le cygne ne craignait pas l’aîné, il n’en était pas idiot pour autant. Achroma pouvait le tuer sur-le-champ, Toryné était venue en sachant parfaitement cela et il avait pris le pari que cela n’arriverait pas. En dehors de ce simple fait dont tous deux avaient conscience, Achroma donna à cette vérité une consistance avec des mots, il était le seul juge de son temps, très bien. Il avait des candidats en tête ? Il serait curieux de les voir, mais il n’en avait pas besoin, il ne souffrirait d’aucun rival, d’aucune menace.

Toryné en revanche voulait Achroma, il était puissant et il était un symbole, il espérait juste qu’il ne soit pas un idiot doté de capacité de destruction massive, ou du moins pas trop idiot. Et il doutait sincèrement que l’aîné soit un idiot, mais il manquait d’une certaine vision des choses, et cela, Toryné le voyait dans le discours qu’on lui donnait. Achroma parlait comme un nostalgique, hors la nostalgie était une mauvaise amie, elle oublie les points négatifs et ne sait pas vivre dans le présent. Il resta cependant silencieux, écoutant chaque point du vampire des flammes et préparant sa réponse en même temps. L’erreur de Keziah ? Oui il n’avait pas tort, Keziah était trop attacher à ses origines d’humains, ce que Toryné avait toujours vu d’un mauvais œil. Malheur qu’il eut trouvé ses descendants, malheur qu’il se soit attaché autant au jeune Nolan Kohan. Keziah et lui était sûrement les plus humains des vampires, c’était sûrement pour ça qu’il était devenu ami. Cependant, la différence avait été que Toryné était humain de par l’intensité des émotions qu’il ressentait, Keziah lui était humain, car il s’accrochait à ce qui était révolu. Donc, sur ce point, il était globalement d’accord, il n’avait pas donc pas nécessité de revenir dessus, très bien. Cependant… la suite, méritait qu'on y prête une certaine attention.

Il y avait beaucoup de points sur lesquels revenir, le vampire tri centenaire synthétisait ses réponses futures tout en accumulant les nouvelles informations que lui transmettait Achroma, chose dont l’ancien conseiller et agent double avait l’habitude.

-D’accord, dit-il presque instinctivement une fois qu’Achroma eu fini. Tout cela est très intéressant. Votre direction ressemble à la mienne, il y a des points qui divergent, mais… oui, ils ne sont pas incompatibles, c’est bien. En vérité, il se parlait presque à lui-même, son regard ne regardait même plus celui de l’aîné, mais plutôt le vide. Il avait par moment ce genre "d'absence", il se perdait dans ses pensées, mais son esprit restait conscient de la conversation, alors il parlait comme par automatisme. Puis, comme si un courant électrique lui parcourait le corps, sa tête se releva pour revenir vers celle d'Achroma.

-Le modèle nomade n’est pas mauvais, mais il était inapplicable dans le fait à notre arrivée. Un archipel impliquait forcément une séparation des territoires par les eaux. Il nous fallait un point fixe afin de pouvoir profiter d’un commerce écarlate qui cette fois-ci s’imposait comme une nécessité, car notre source de nourriture c’était éloigné. Il n’était pas envisageable de négocier une installation auprès des hommes, ils auraient refusé et imposer nos idéaux était impossible sans faire face à une coalition humano-elfique. Nous étions coincés, mais nous partions déjà sur ses bases avant notre exode ce qui n'a pas aidé. Notre seule voie pour une mode de vie nomade comme dans l’ancien temps aurait été la piraterie, mais comme nous l’avons constaté, nous n’avons pas de savoir-faire dans ce domaine.
Il parlait assez vite et sa voix était bien plus sérieuse que le ton léger qu’il avait employé jusqu’à maintenant. On ne nous a jamais laissé mûrir, mais qui laisserait un prédateur mûrir ? Non, c’est d’ailleurs très humain de vouloir apprivoiser toutes choses, les animaux, la nature, la magie, c’est dans la nature humaine, la nôtre est différente… Il s’incluait dedans, mais comme sa réflexion précédente, il était très humain comme vampire. Il n’était pas aussi destructeur, son instinct de prédateur se portait sur d’autres domaines et le désire de domination était bel et bien ancrer en lui. Non pas que les vampires ne l’avaient pas, mais c’était véritablement différent, il n’était pas des conquérants, mais des destructeurs et Toryné avait toujours trouvé cela regrettable de voir le don de l’immortalité gâché ainsi. Effectivement, il n’y avait pas de modèle à bouleverser, c’était une nature qu’il fallait modifier.

-J’avais pensé lors de notre arrivée sur Nyn-Tiamat que le royaume devait peut-être prendre fin de manière violente, qu’une ère s’arrêtait pour en laisser une autre prendre le dessus. Un système moins centralisé autour d’un seul individu, une nouvelle forme d’unité, mais cela s’était arrêté qu'à une expérience de pensée à l’époque, il manquait l'élément déclencheur pour que les vampires réalisent... la véritable teneur de la situation actuelle.

Toryné n’avait pas aimé que les vampires se voient attribuer cette île, il aurait aimé Keet-Tiamat, une superficie plus facilement contrôlable et des perspectives bien plus intéressantes. Cependant avec le manque de temps et des négociations qui s’éternisaient, les vampires avaient reçu les terres gelées. Finalement la meilleur chose qu'avait fait Keziah était de mourir, il avait permis une suite d’événement qui peut-être sauverait les vampires.

-Qu'elle sera la prochaine ère ? Je pense me faire une idée de l’hybridation que vous imaginez, mais avant que vous ne m’en fassiez part, je tiens à clarifier très rapidement deux points. Le premier concerne la cour vampirique. Ne vous fiez pas à ce que l’on peut vous rapporter sur cette dernière, son image superflue j'entends. J’ai construit la cour d’aujourd’hui, j’ai fait en sorte que personne ne puisse véritablement s’en méfier, j’attendais le bon moment pour révéler leur talent au monde entier et je crois que ce moment arrive. Il n’en rajouta pas plus, il n’allait pas dévoiler l’une de ses cartes complètement après tout, si l’aîné faisait le bon choix, il aurait tout le temps de découvrir le talent des fidèles du cygne noir. L’autre point est la dette bien sûr… il nous est indispensable de nous en débarrasser. Et je pense savoir comment nous y prendre. Pour ainsi dire cela serait même presque assez facile, un coup sournois qui ne plairait sûrement pas, mais qui permettait de se débarrasser d’un poids bien trop lourd pour un quelconque avenir possible pour le peuple de la nuit. Cependant, son idée allait dépendre de ce qu’allait proposer l’incendiaire. Mais je vous laisse d’abord continuer sur votre lancée cher Aîné, je suis curieux de voir si j’ai deviné vos fameuses idées. Allait-il être surpris ? Ou bien déçus ? Était-il tout deux sur la même longueur d’onde ? Eux qui semblaient n’avoir rien en commun si ce n’est le désir de rétablir la gloire d’antan au peuple vampirique et l’ambition d’en être le moteur.

descriptionSavoir pour prévoir, afin de pouvoir [PV Toryné] EmptyRe: Savoir pour prévoir, afin de pouvoir [PV Toryné]

more_horiz
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
<<