13 Mars 1763
Domaine Baptistral
Domaine Baptistral
La discordante symphonie de la guerre à venir ne semblait pas prendre racines, en ces lieux de savoir et d'études. C'était en tout cas ce que les membres de l'Ordr semblaient décidés à montrer à leurs visiteurs. Tant parce qu'il n'en avait rien pensé que parce qu'il n'était simplement pas dupe. Cependant, si certains désiraient se laisser bercer par l'apparente composition des maîtres du savoir, ils en étaient libres, maîtres de leur sort. Lui était ici dans un but bien précis. Il désirait, avant l'arrivée des Chimères, s'offrir un peu de temps dans un lieu paisible et auprès d'une compagnie qui ne lui demandait pas continuellement de surveiller ses faits et gestes. La mascarade qu'il maintenait auprès de Valmys était plus simple, plus souple et lui venait naturellement, terriblement naturellement. Ce n'était pas le cas de son jeu comme capitaine des assassins. Athagalan nécessitait énormément de lui, et il ne souhaitait pas décevoir son père, maintenant qu'il avait été accepté. Cette simple escapade lui avait même coûté de nombreuses nuits de travaille ininterrompu, zélé afin de ne rien laisser au hasard. Chaque pas sur l'herbe tendre du sanctuaire s'était chèrement payé. Ce repos, il l'avait gagné et même en cet instant, son esprit restait habité de dizaines de questions différentes. Néanmoins, ce qui l'occupait le plus n'était pas destiné à Nathaniel. Son office était parfaitement en ordre, et il le tenait avec un soin méticuleux et presque maniaque. Non, la question qui le taraudait concernait un contrat qu le capitaine des contrebandiers désirait voir accomplit. Sa proie n'était pas si aisée à débusquer, encore moins à éliminer.
S'arrêtant soudainement, il vint observer les environs puis sortit délicatement la pierre de communication que l'Enwr lui avait offert à leur dernière rencontre. L'élevant, il prit une inspiration, avec l'évidente intention d'user de la pierre pour prévenir Valmys de sa présence. Mais était-ce la méthode la plus appropriée ? Son sens de la symbolique pondérait la chose avec une extrême critique. Et puis, en fin de compte, il activa le glyphe et laissa sa voix être absorbée par l'objet, pour être retransmise à la la jumelle de sa gemme, quelque part au sein du Domaine. Avec un léger sourire confiant, le pirate fit rouler les sons de son accent Lyssien, susurrant à sa proie comme il aurait glissé son souffle à son oreille, à la fois tendrement, et malicieusement.
« J'éclos et me fane en un même havre, dernier reliquat d'une déesse éteinte, je porte en moi les récits et les rêves de toutes les âmes. Je relie tout en ce monde immense, on me maudit ou on pleure mon absence, mais toujours je poursuis mes toquades, jamais fidèle, toujours instable »
La devinette ne serait sans doute guère difficile à déchiffrer pour un apprenti baptistrel aussi le pirate n'attendit pas pour lui donner un quelconque indice, se dirigeant plutôt vers le sanctuaire du vent afin de l'y attendre. Il s'y tint seul, dressé sur l'un des dolmens, s'offrant au puissant souffle qui régnait là alors que son ouïe s'emplissait du chant cristallin des innombrables carillons à vœux. Là, il se sentait presque aussi libre, aussi vivant qu'en mer. Fermant les yeux, mêmes si c'était inutile, il se laissa porter par ses sensations, vibrant sous la tension du souffle, y cherchant des sons, des paroles, des contes, ou des révélations. Il n'entendit, cependant rien d'autre que les pas de Valmys qui approchait enfin, après un long moment. Se détournant de la vue, il sauta à bas de la roche pour rejoindre l'apprenti.
« Tu es... »
Le son se perdit, alors qu'il l'observait attentivement, une main esquissant le geste de s'élever pour le toucher. Il se reprit, abaissant la dextre et après un bref instant, se fendit d'un sourire pour son vis à vis. Ce fut avec sobriété qu'il reprit la parole, lentement et tranquillement, mais sa voix vibrait d'une note d'inquiétude sous-jacente, comme s'il contenait à grand peine son souci. En vérité, il avait pondéré la façon de réagir à tout cela dès le moment où l'un des marins s'était amusé à le narguer avec ce qui s'était passé pendant son absence. Et comme de juste, le marin en question l'avait chèrement regretté, non seulement parce qu'il n'était plus uniquement leur maître d'équipage mais aussi et surtout parce qu'il était quelqu'un de relativement jaloux et possessif et qu'il n'appréciait pas qu'on vint violenter ou profiter de ce qui lui appartenait.
« J'ai appris que tu avais été repêché par mon père au large et que tu avais séjourné de nouveau sur le Maelström. Comment te sens-tu ? Tu n'as rien ? Ils n'ont rien voulu me dire de précis… »
Secouant légèrement la tête, il ajouta rapidement :
« Je suis désolé de n'avoir pas été là. J'étais en mission à ce moment-là, je suis arrivé complètement après la bataille »
S'arrêtant soudainement, il vint observer les environs puis sortit délicatement la pierre de communication que l'Enwr lui avait offert à leur dernière rencontre. L'élevant, il prit une inspiration, avec l'évidente intention d'user de la pierre pour prévenir Valmys de sa présence. Mais était-ce la méthode la plus appropriée ? Son sens de la symbolique pondérait la chose avec une extrême critique. Et puis, en fin de compte, il activa le glyphe et laissa sa voix être absorbée par l'objet, pour être retransmise à la la jumelle de sa gemme, quelque part au sein du Domaine. Avec un léger sourire confiant, le pirate fit rouler les sons de son accent Lyssien, susurrant à sa proie comme il aurait glissé son souffle à son oreille, à la fois tendrement, et malicieusement.
« J'éclos et me fane en un même havre, dernier reliquat d'une déesse éteinte, je porte en moi les récits et les rêves de toutes les âmes. Je relie tout en ce monde immense, on me maudit ou on pleure mon absence, mais toujours je poursuis mes toquades, jamais fidèle, toujours instable »
La devinette ne serait sans doute guère difficile à déchiffrer pour un apprenti baptistrel aussi le pirate n'attendit pas pour lui donner un quelconque indice, se dirigeant plutôt vers le sanctuaire du vent afin de l'y attendre. Il s'y tint seul, dressé sur l'un des dolmens, s'offrant au puissant souffle qui régnait là alors que son ouïe s'emplissait du chant cristallin des innombrables carillons à vœux. Là, il se sentait presque aussi libre, aussi vivant qu'en mer. Fermant les yeux, mêmes si c'était inutile, il se laissa porter par ses sensations, vibrant sous la tension du souffle, y cherchant des sons, des paroles, des contes, ou des révélations. Il n'entendit, cependant rien d'autre que les pas de Valmys qui approchait enfin, après un long moment. Se détournant de la vue, il sauta à bas de la roche pour rejoindre l'apprenti.
« Tu es... »
Le son se perdit, alors qu'il l'observait attentivement, une main esquissant le geste de s'élever pour le toucher. Il se reprit, abaissant la dextre et après un bref instant, se fendit d'un sourire pour son vis à vis. Ce fut avec sobriété qu'il reprit la parole, lentement et tranquillement, mais sa voix vibrait d'une note d'inquiétude sous-jacente, comme s'il contenait à grand peine son souci. En vérité, il avait pondéré la façon de réagir à tout cela dès le moment où l'un des marins s'était amusé à le narguer avec ce qui s'était passé pendant son absence. Et comme de juste, le marin en question l'avait chèrement regretté, non seulement parce qu'il n'était plus uniquement leur maître d'équipage mais aussi et surtout parce qu'il était quelqu'un de relativement jaloux et possessif et qu'il n'appréciait pas qu'on vint violenter ou profiter de ce qui lui appartenait.
« J'ai appris que tu avais été repêché par mon père au large et que tu avais séjourné de nouveau sur le Maelström. Comment te sens-tu ? Tu n'as rien ? Ils n'ont rien voulu me dire de précis… »
Secouant légèrement la tête, il ajouta rapidement :
« Je suis désolé de n'avoir pas été là. J'étais en mission à ce moment-là, je suis arrivé complètement après la bataille »