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descriptionUne matinée inoubliable [PV Ssaadjith] EmptyUne matinée inoubliable [PV Ssaadjith]

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¤ L’art de la chasse ¤

7 août de l’an 1763 du troisième âge

Le dragon rouge n’appréciait pas les climats froids, même s’il pouvait parfaitement s’y rendre, y vivre et les supporter, il préférait et de loin les climats chaud et sec. Plus tard, lorsqu’il se serait occupé de la menace que représentent le lien et les bipèdes, il aimerait s’installer dans un canyon pour y prendre du repos et s’occuper d’une nuée. Il les protégerait et entrainerait les nouveau-nés. Oui cela lui irait parfaitement. Mais ce rêve ne se concrétiserait pas tout de suite, il devait avant tout s’occuper du lien et des bipèdes. Toutefois il avait au moins le plaisir de pouvoir s’occuper de ses propres nouveau-nés. Il aurait juste apprécié de le faire autre part qu’en Nyn-Tiamat. Et lorsqu’il pensait cela, il ne faisait pas référence au climat froid. Il faisait référence à l’aura étrange, vicier, malsaine qui régnait sur l’île. Un mal sévissait ici, un mal magique et mental. Ce mal semblait provenir de la forêt. Cela le renvoyait dans le passé lorsqu’il surveillait la forêt elfique qui abritait les chimères. Cette fois-ci le mal était différent. Suffisamment faible pour qu’il le néglige. Il avait d'autres affaires à fouetter pour s’en occuper. Aussi le colérique se contentait d’étendre son esprit autour de celui de ses enfants venus sur cette terre pour rencontrer le fils de Nynsith et de Kaalys : Shyven. Keetech était assez forte pour repousser d’elle-même les assauts psychiques en provenance de la forêt. Nephilith et Ssaadjith ne l’étaient pas, aussi Verith se chargeait-il de leur protection. Déjà rôder face à ce type d’agression, face au Tarenth, face à Vie, face au Tyran et face aux chimères, c’est sans aucune difficulté qu’il repoussait ce mal. Et c’est en raison de cette grande aisance qu’il négligeait le mal de la forêt. Il n’était pas suffisamment inquiétant pour justifier qu’il réoriente encore une fois son attention loin de son combat contre le lien et les bipèdes.

Si demain Verith avait prévu de s’occuper de Nephilith, aujourd’hui il était prévu qu’il s’occupe de Ssaadjith. Il allait leur venir en aide à chacun, leur enseigner à chacun quelques éléments de sa connaissance afin qu’ils soient tous deux un peu plus autonomes, si un jour leur mère et père se retrouvaient tous deux contraint à s’éloigner d’eux. Pour ceux deux garçons, l’enfant de l’orage savait sur quoi allait porter la leçon. Nephilith avait du mal avec ses ailes, alors que Ssaadjith commençait déjà à battre de ces dernières. Le doré allait donc recevoir un cours de vol. Ssaadjith, pour sa part, allait recevoir un cours de chasse. L’arrogance et la vanité de celui-ci le conduisaient à faire des erreurs, des erreurs qu’il refusait de reconnaitre. Le rouge allait donc s’employer à corriger cela, pour le bien de son fils. Aussi avait-il réveillé ce dernier de bon matin en lui annonçant qu’ils allaient chasser, mais que l’obsidienne souhaitait manger, il allait devoir lui-même attraper sa proie. Prenant donc Ssaadjith sur son dos, Verith s’envola vers l’Est, en direction de la toundra.

Une fois de retour au sol, le rouge annonça qu’il allait superviser la chasse de son fils. Toutefois conscient du fait que sa grande taille alerterait les prédateurs et empêcherait Ssaadjith de se mettre en condition réel, il usa de l’un de ses sorts. Usant d’obscurus, le colosse de grenat disparut dans sa propre ombre avant de venir se fondre dans celle de son fils. Il s’y dissimulait seulement, ne venant pas entraver les mouvements du cornu. Du moins … au début.

« Tu dois garder ta queue un petit plus haut sans quoi elle va toucher le sol et le bruit pourra alerter ta proie. »

Aussi Verith vint placer la queue de son fils à la bonne hauteur pour lui montrer.

« Evite de croiser le regard de ta proie sans quoi elle pourra sentir indirectement ton intention et s’enfuira. »

L’enfant de l’orage se montrait particulièrement dur avec son fils, n’hésitant pas à le reprendre sur ses erreurs, même la plus petite. Si ce dernier souhaitait qu’on ne l’oubli pas, alors autant que ce soit pour son adresse à la chasse, plutôt que pour ses erreurs. Toutefois, même s’il reprenait son fils sur ses erreurs, il lui donnait également de judicieux conseil.

« Lorsque tu estimes que c’est le moment de fondre sur ta proie, tu peux déployer tes ailes en même temps que tu te projettes pour venir donner un battement vers l’arrière afin d’augmenter la vélocité de ton départ. »

descriptionUne matinée inoubliable [PV Ssaadjith] EmptyRe: Une matinée inoubliable [PV Ssaadjith]

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    Lui d’abord ! C'était de lui que Verith allait s'occuper en premier et c'était bien normal puisqu'il était l'inoubliable aîné. A la course de sortie d’œuf, c'était lui qui avait remporté le paris, reléguant Nephilith au rang de cadet. Il savait que sa Gemme-Écaille vivrait mieux cette place que lui, à n'en pas douter. Ssaadjith, lui, ressentait ce besoin d'exister et d'être plus remarquable encore que les autres. Et aujourd'hui, c'était son jour ! Verith l'emmenait chasser ! Sa dernière escapade sur Nyn-Tiamat, récemment, pour rencontrer sa nièce n'avait pas été reluisante. La forêt de Licorok était pleine de dangers et ce combat avec des caprins montagnards avait révélé tout un problème qu'il faudrait résoudre... Du moins, si cela l'intéressait. Il n'habitait pas sur Nyn-Tiamat. Si ces bipèdes vivaient mal leurs nuits, il s'en moquait un peu excepté si cela venait à lui apporter quelque chose. S'il était le héros qui tuait une de ces licornes ? Ou s'il trouvait un moyen de protéger ces bipèdes contre un peu vénération à son égard ? Une statue à son effigie au milieu de Nevrast ? Moui... Cela pouvait se négocier. Un petit pas pour un grand avenir.

    Mais pour l'heure c'était plutôt pas de repas pour l'étoile en devenir car son père en avait décidé ainsi tant que Ssaadjith n'aurait pas chassé une proie. C'était franchement pas sympa de prendre son ventre en otage ! Il n'était pas si dodu pourtant, il n'avait pas besoin d'être mis à la diète ! Après s'être longuement insurgé contre ce traitement digne d'un mauvais père, Verith avait coulé dans son ombre pour le chaperonner dans son apprentissage. Le dragonnet grogna quand on lui dressa la queue, avec la désagréable impression d'être un patin entre les mains d'un marionnettiste. Néanmoins, s'il bougonnait par fierté, il restait très attentif à toutes les instruction. Gardant la queue au dessus du sol, il se mit à renifler l'air en quête d'une proie. Il y avait là un lapin blanc. Ssaadjith se tassa sur lui-même pour se tapir derrière un buisson de houx, attendant le bon moment pour sauter sur sa proie. Après avoir remué du derrière pour vérifier l'état des ressorts de ses pattes, il donna un grand coup d'ailes pour s'élancer et bondir hors de sa cachette... Hélas il avait oublié, le frottement de ses ailes contre le houx alerta l'animal immaculé et Ssaadjith se mangea à la place le rocher et finit les quatre fers en l'air.

    Vexé au possible, il se redressa immédiatement et se mit à courser le rongeur avec véhémence, sans faire attention aux bruits qu'il pouvait produire, ni aux alentours. Ne comptait pour lui que son ego blessé. Il avait pourtant scrupuleusement suivi les conseils de son père ! La queue en l'air, le regard de côté et les aile claquant sur l'arrière pour se donner de l'élan ! Et voilà qu'il se retrouvait à courir après un lapin blanc. Son flair en alerte, néanmoins, il stopa soudain sa course, caché derrière un autre buisson, à l'affût. Il sentait autre chose. Il se fit silencieux. Près d'eux, un vampire blessé avait du faire un mauvaise rencontre. Il boitait et son sang noir s'écoulait de sa plaie. Il devait vouloir rentrer à Nevrast pour quelques soins ou bien s'éloigner suffisamment de son prédateur pour que ses plaies se referme en attendant. Il avait l'air mal en point et esseulé : le sourire de Ssaadjith s'étira de malice. Le dragonnet posa son popotin à terre et commença donc à négocier.

    « Père, j'ai pris une importante décision. Contrairement à Nephilith, moi, je comprends que les bipèdes sont des êtres dangereux et stupides. Ils mettent en péril notre avenir et je sais que si vous m'enseignez la chasse, ce n'est pas seulement pour que je subvienne à mes besoins. C'est également pour m'apprendre à me défendre, afin que je ne finisse pas entre leur griffes pleines de vices et d'inconscience. Je vous comprends et je vous approuve. Aussi ai-je décidé de tuer mon premier bipède. Me feriez-vous l'immense plaisir de votre approbation et de votre soutien ? » Lui ? Caresser son père sans le sens des écailles ? Mais bien sûr que oui ! Il ne mentait pas pour autant au sujet de bipèdes : Ssaadjith se méfiait d'eux et outre sa fierté personnelle, il désirait se convaincre qu'il était capable de se battre contre ces êtres ignobles, malgré son jeune âge et d'assurer sa protection. Et quelle ne serait pas sa fierté s'il rapportait un bipède à manger ! Combien ne se vanterait-il pas auprès de Nephilith d'avoir été le premier des deux fils à avoir abattu son premier humain !

    Il insista donc, se doutant que son père y verrait plus le danger : « Je vous en prie, je meurs d'envie de vous rendre fier. Et de vous rassurer. Je sais que vous craignez qu'il nous arrive quelque chose de grave, à Nephilith et moi... Ce n'est hélas pas en chassant un vulgaire lapin que je saurais vous assurer de ma capacité à me défendre dans l'adversité. Je vous en prie... Il vaut mieux que je fasse mon premier essai tant que vous êtes là, près de moi, que lorsque je le ferai dans votre dos pour apprendre sans votre aide. » Il avouait sans mal qu'il irait quoiqu'il arrive chasser du bipède. Maintenant qu'il avait ce projet en tête, il n'en démordrait pas tant qu'il n'aurait pas réussi cet exploit avant son cadet gémellaire. « Regardez celui-ci comme il est seul, sans défense. Ce doit être un éclaireur et il s'est déjà fait salement amocher. Il boîte et il se tient un bras ensanglanté. L'achever fera un bon entraînement, ne trouvez-vous pas ? Juste assez difficile pour une première épreuve, sans que cela ne soit trop périlleux. Je sais que je ne suis pas bien grand... » C'était peu dire, du haut de ses 80cm au garrot, il faisait la moitié de la hauteur de son adversaire : « Mais je suis solide, je suis un dragon... Et plus important, je vous ai vous, mon cher père. Rien de mal ne pourra m'arriver. Allez dites ouiiiiii... »

descriptionUne matinée inoubliable [PV Ssaadjith] EmptyRe: Une matinée inoubliable [PV Ssaadjith]

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¤ Règles du père ¤

L’heure était à la chasse. Verith, fondu dans l’ombre de son fils, l’observait, le conseillait et le corrigeait. Ses ils devaient apprendre à chasser. Ils devaient apprendre à être indépendants. Cette indépendance était le premier pas vers la liberté. À l’inverse des liés qui eux sont dépendants de leur bipède. Mais plus que cela, ses fils devaient savoir raisonner comme un chasseur, ainsi s’ils étaient un jour en danger à cause des bipèdes, ils sauraient comment raisonnera leur adversaire et pourraient donc mieux le contrer. Le petit d’obsidien avait repéré un lapin depuis quelques instants et s’apprêtait à l’attaquer pour en faire son repas. Bien qu’il ait émis de véhémentes protestations à son égard, le rouge était resté ferme et son fils avait fini par accepter de se plier aux règles. Même si le père sentait à la surface des pensées de son fils, son bougonnement et sa vexation. Le rouge s’en amusait. S’il faisait cela, c’était pour le bien de son fils. Outre le fait de le motiver, il lui permettrait ainsi d’expérimenter le fait de chasser le ventre vide et donc d’être titillé par la faim. L’enfant de l’orage espérait ainsi qu’il prendrait conscience de la faiblesse de corps et d’esprit que le fardeau de la faim pouvait faire peser sur ses épaules.

Le moment était enfin venu, après avoir repéré le lapin blanc et s’être rapproché de lui suffisamment prêt sans être repéré par ce dernier, Ssaadjith se positionna. Verith lui donna un dernier petit conseil et le petit d’obsidien, mettant en pratique ce qu’il avait pu apprendre jusqu’ici. Sa tentative échoua malheureusement. Le dragonnet fit trop de bruit au moment de s’élancer, alertant sa proie qui commença alors à s’enfuir. Son fils se retrouva les quatre pattes en l’air puis, vexer comme un pou, se redressa et commença à courir après la créature bondissante. Toutefois, piquer à vif, Ssaadjith oublia tous les concepts de discrétion de la chasse pour se mettre à courir comme un fou après sa proie. Le rouge ne dit rien, se contentant d’observer son fils. Il notait les erreurs que ce dernier avait faites et les lui pointerait de la griffe lorsque son fils finirait par se calmer. C’est en faisant des erreurs qu’on apprend à ne pas les réitérer.

Néanmoins, l’esprit du rouge repéra quelques choses de fort fâcheux. Plus loin, il avait détecté la présence d’un bipède. Et son fils courait droit en direction de ce dernier. Pour le moment, le rouge ne dit rien. Il aurait pu arrêter son fils, mais il n’en fit rien. Il voulait savoir si, dans l’état où il se trouvait, il repèrerait de lui-même le danger ou commettrait une erreur fatale. Bien entendu, Verith se tenait prêt à arrêter le petit noir avant qu’il ne franchisse la ligne de non-retour. À sa grande surprise, il n’eut pas besoin de le faire. Ssaadjith s’arrêta quelques mètres avant la limite que s’était fixé le rouge. Il l’avait repéré. Aussitôt, le premier jumeau se fit discret, silencieux et écouta son odorat. Verith était fier de son fils, même s’il était turbulent, il n’en était pas moins alerte. Le cornu finit par s’asseoir et l’écarlate crut l’espace d’un instant que ce premier allait attendre sagement que le danger passe. Mais il n’en fut rien.

Verith se retint de pousser un soupir quand Ssaadjith se mit à lui parler. Ce sale gosse était impossible. Mais il était également malin. Dans ses propos l’obsidien n’avait pas tort et ce n’est pas le rouge qui allait lui dire le contraire. Mais Verith était aussi un père et il savait que les bipèdes représentaient un danger. La suite se tint aussi, ses enfants allaient tôt ou tard se retrouver face à la menace bipède. Et il valait également mieux qu’il soit auprès de ces derniers lorsqu’ils se retrouveraient confrontés pour la première fois à eux. Cependant, Ssaadjith n’était même pas parvenu à saisir un lapin, alors il voulait s’attaquer à une proie plus grosse. Et maintenant il osait le menacer d’aller chasser des bipèdes dans son dos. Le rouge gronda.

« Ne sous-estime pas les bipèdes mon fils. Ils sont aussi faibles que leur vilénie est grande. Mais cela ne seulement si on se place dans mon cas. Par rapport à toi, ils sont presque aussi forts que l’est leur vilénie. Tu es encore bien trop jeune et inexpérimenté, Ssaadjith. Tu n’es même pas parvenu à chasser ce lapin. Tu lui as courus ensuite après sans prendre garde. Heureusement tu as su repérer ce bipède avant que je ne sois obligé de t’arrêter. Mais cela ne pardonne pas les erreurs que tu as pu commettre pour chasser un simple lapin. Et maintenant, tu veux t’en prendre à une plus grosse proie ? Tu sautes bien trop les étapes mon fils. »

Le rouge immobilisa les pattes de son fils à l’aide de son ombre afin qu’il ne bouge pas.

« Mais soit, il serait dommage d’éteindre la flamme d’une telle ardeur. Cependant, cela aura un prix mon fils. Je te laisse chasser ce bipède, mais seulement aux conditions suivantes. Premièrement, je t’aiderais, avec mes conseils et ma magie. J’interviendrais physiquement si j’estime le danger trop grand. Deuxièmement ce bipède est blessé, ce qui signifie que ce qui l’a blessé est peut-être encore dans les parages et continue de le traquer, tu devras donc t’assurer que le danger que représente un autre prédateur soit écarté. Et ce n’est pas tout. Écoute bien, car ce sont les deux conditions les plus importantes et sur lesquels je ne transigerais jamais : Troisièmement, si je te dire de fuir, tu fuis sans réfléchir. Quatrièmement, tu ne chasseras aucun autre bipède sans mon autorisation. »

Le colérique marqua une courte pause et reprit.

« Ssaadjith, si tu ne respectes pas ma troisième et ma quatrième règle, tu perdras ma confiance et je t’emporterais aux confins du monde. Là où il n’y a personne, ni bipède, ni frère, ni sœur, ni mère, ni moi, ni aucun dragon, là où personne ne pourra voir tes exploits. Je me suis bien fait comprendre Ssaadjith ? »

descriptionUne matinée inoubliable [PV Ssaadjith] EmptyRe: Une matinée inoubliable [PV Ssaadjith]

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    La proposition étant à présent faite, le dragonnet resta bien sagement assis en attente d'une évidente approbation, il en était certain. Son argumentaire n'avait aucune faille... C'était ses actes qui lui avaient fait défaut et les membres antérieurs du saurien s'affaissèrent de tristesse. Certes, il n'avait pas réussi à attraper ce lapin... Mais c'était futile un lapin, c'était sans intérêt. Alors que dans la chasse au premier bipède, cette fois, son ego le motivait et ça, c'était un point très important à compter dans ses forces. Il était déterminé, ferme et plein d'espoirs... Des espoirs qui mourraient dans l’œuf. Son père n'avait néanmoins pas tord. La probabilité qu'il parvienne à tuer ce bipède sans l'aide de son père était si mince qu'on pouvait aisément trouver cela impossible... Et c'était cet impossible qui plaisait tant à Ssaadjith. Comment pourrait-il être inoubliable s'il ne faisait que ce qu'on pouvait attendre de lui ? Des choses... Normales ? Il devait accomplir des prouesses hors du commun. Probablement que Verith devrait lui donner un coup de patte... Mais si jamais il y arrivait ? Si jamais il parvenait cet exploit ? Ce serait merveilleux. La quête à l'extraordinaire était pavé d'erreurs et d'échecs. Il en connaîtrait sûrement bien plus que d'autres dragonnets tant qu'il serait mu par cette volonté de sortir du lot. Il se casserait le museau plusieurs fois, mais ce qui comptait, en bout de ligne, pour le dragonnet, ce ne serait pas le nombre de ses erreurs, mais ce qu'il en apprendrait et surtout, les performances qu'il aurait été chercher en prenant des risques mesurés. Comme en l'instant. Que craignait-il avec son père près de lui ? Absolument rien. Il avait tout à gagner.

    Face à ces mots accablants, Ssaadjith prévoyait déjà d'entamer une grève de la faim en refusant de chasser quoique ce soit, jusqu'à ce que Verith cède à son caprice, mais fort heureusement, il n'eut pas à argumenter d'avantage. Il se redressa, attentif, prêt à écouter ce prix que Verith lui réclamait. Pour ce bénéfice, il était bien décidé à accepter toutes les conditions. La première lui sembla évidente : il était là pour que le dragon rouge lui apprenne à chasser. Refuser ses conseils aurait été une sottise doublée de stupidité. Il savait qu'il avait beaucoup à apprendre. La seconde condition lui sembla tout aussi légitime. Il voulait bien s'y plier pour s'assurer que rien ne viendrait l'égorger par derrière. La troisième condition était on ne peut plus claire. Si Verith lui demandait de fuir, aussi curieux puisse-t-il être, il fuirait. Cela ne faisait pas l'ombre d'un doute. Il était vaniteux, mais il savait reconnaître que son père était bien plus expérimenté que lui et que s'il ne voyait que la fuite comme solution, c'était qu'elle était indispensable. Quant à la quatrième, et bien... C'était ce qu'il lui avait déjà dit non ? Il voulait profiter de la présence de son père pour faire une expérience qu'il n'aurait pas à faire bêtement seul. Cela signifiait bien que s'il avait ce qu'il voulait, il ne jouerait pas les suicidaire. Les prix lui convenait à merveille, et il avait hâte de s'y mettre ! L'enthousiasme faisait battre son petit cœur... Jusqu'à ce qu'il lui semble se serrer d'horreur aux derniers propos de son père. On n'avait pas idée de lui dire des choses pareilles ! C'était monstrueux !

    Les membres antérieurs de Ssaadjith se tassèrent à nouveau. Etait-il un si mauvais garnement pour qu'on en vienne à une menace d'une telle intensité ? N'y avait-il pas des échelons moins rudes, moins brutaux, en terme de punition avant d'en arriver à une pareille extrémité ? La désobéissance portait sur une simple mise en danger de sa propre vie pas une trahison honteuse qui aurait conduit à la fin du monde non plus ! Quel genre de père pouvait menacer son enfant d'un tel châtiment sans le moindre avertissement préliminaire ? C'était cruel et troublant pour le dragonnet. Il ne savait pas quoi en penser, sur l'instant. Il s'en trouvait abattu et ses mires d'absinthe contemplèrent le vampire blesser s'éloigner, le goût de la chasse tari par cette... Quoi ? Comment pouvait-il appeler cela ? Son père l'aimait-il seulement pour proférer une telle chose ? Il n'était qu'un enfant. Entre Shyven qui l'avait insulté de tâche noire, comme on traite un indésirable, voilà que son père lui promettait une prison loin de tous, dans la plus profonde des solitudes. Il se savait être un enfant turbulent... Mais tout de même ? Il leva son derrière du sol et commença à marcher mollement en direction de là où venait le vampire blessé. C'était par là que débuterait son travail... Du moins, s'il en avait toujours envie. Le coup de massue rendait cette perspective tout de suite plus fade.

    Il poussa un soupir et entama un départ : « C'est entendu, père. Rassurez-vous. » se contenta-t-il d'avouer, pas certain de vouloir lui exposer tout le reste. Il était d'accord, c'était tout ce qui importait. Le reliquat aurait besoin d'être assimilé et digéré. Il se concentra sur sa tâche, flairant les pas du vampire pour remonter sa route. Après quelques minutes d'une marche prudente, un petit campement de vampire se dessina sous ses yeux. Il s'en approcha avec précaution, humant l'air. Il se trouva rapidement un rocher sur lequel grimper pour prendre de la hauteur et gagner de la vision. Il maintenait son corps à ras le roc, pour ne pas se faire repérer, aux aguets, mais très vite, il comprit que personne ne le verrait. Le campement était un vrai champ de bataille. Les tentes étaient déchirées, sanglantes et l'une était même ne feu. Des corps gisaient au sol, sans vie et une énorme bête grognait son agonie, allongée sur le flanc, plusieurs lances et javelots plantés au travers du corps. Elle était assurément en fin de vie, ses dernières forces la quittaient et sa respiration chaotique finit par rendre son dernier souffle. Une épée elfique, plantée également en elle, criait d'un sifflement très désagréable à ses oreilles quand le vent glacial de l'île enneigée venait caresser sa lame. Sa garde d'argent était sertie d'une effigie représentant une tête de dragon, la gueule ouverte et le dragonnet resta quelques secondes à la mirer. Les bipèdes faisaient assez bien des représentations d'eux... Les dragons. Était-ce pour les acheter ?

    « Ils ont tué la bête... Le bipède de tout à l'heure doit avoir fuit pour trouver des secours, non ? » demanda-t-il mentalement à son père. Ou pour fuir la bête si celle-ci était venue à se relever... Même si ça n'était pas le cas, finalement. Il n'aimait pas le sifflement de cette épée, il était désagréable à ses sens et lui tapait sur les nerfs. Le dragonnet lui répondait inconsciemment en faisant vibrer ses écailles légérement, comme pour montrer qu'il n'avait pas peur. Et puis le sifflement s'estompa jusqu'à s'éteindre, bien que le vent ne s'était réduit. Pourquoi ? L'un des vampires au sol se redressait, lentement. Ssaadjith sentait que ce bipède drainait l'énergie des glyphes et alliages du champ de bataille pour reprendre des forces. Il en percevait le flux. Un spirite de la sauterelle ? Le dragonnet savait que les bipèdes étaient aidés pas des entités supérieures. Ils leur fallait au moins cela pour survivre en ce monde... Pauvre créature fragiles et démunies... Le dragonnet resta immobile. S'il bougeait, il se ferait repérer et il n'en avait pas très envie. Mais lorsque le vampire posa son regard sur lui, il réalisa que c'était peine perdu. Son sang s'était glacé en croisant son regard, de toute évidences trahi par les battements de son cœur mais le vampire tournait déjà son attention ailleurs. Un autre cœur ?

    Le vampire tenta de fuir, mais une autre grosse bête, semblable à celle au sol, venait de surgir des fourrés pour égorger celui qui se relevait. Comme parcouru d'une décharge électrique, Ssaadjith n'attendit même pas que Verith lui ordonne de fuir qu'il avait déjà pris ses pattes à son cou et fonçait à toute allure loin, très loin de la grosse bête à crocs. Il ne savait pas ce que c'était et il ne voulait pas rester pour le savoir. Courir, c'était tout ce qui avait une importance.... Mais cela ne suffirait pas. Aux grognements et pas de course bestiale qu'il entendait derrière lui, il n'avait pas fallut longtemps pour que la grosse bête déchiquette sa proie et se mette à sa poursuite. ET elle courait vite en plus ! Il lui fallait une idée, une diversion pour la semer et vite ! Ce fut là que le vampire croisé un peu plus tôt entra dans on champ de vision. Ni une, ni deux, Ssaadjith courut vers lui et passa entre ses jambes. Avant qu'il n'ait eu le temps de comprendre ce qui se passait, la grosse bête venait lui arracher la tête, laissant au dragonnet un peu de répit. « J'AI TUE MON PREMIER BIPÈDE ! » cria-t-il par télépathie à son père, tellement fier de sa ruse. Il n'y aurait jamais cru, mais à défaut de l'avoir combattu directement, il avait laissé ses deux ennemis décider du survivant. « J'AI TUE MON PREMIER BIP - Ok, ok c’est bon, je cours ! » fit-il quand son père l'invectiva de raison. Il devait courir, fuir. Le bipède ne serait qu'un repas éphémère.

    Le dragonnet arriva au bord d'un lac et s'y élança, s'aidant de ses ailes pour plonger en son cœur... Dans les profondeurs, la bête manquerait d'air si elle le poursuivait, là où le dragonnet pouvait y survivre aussi longtemps qu'il le faudrait. Il avait l'habitude. Il avait passé ses premiers jours sous la surface de la terre. Il arriva au fond du lac.. Plus un bruit, plus rien. La bête avait du abandonner sa poursuite impossible. L’obsidienne, lui, s'était agrippé à un rocher au fond de l'eau, les grippes plantées dans la pierre, patient. L'adrénaline retombait et il se sentait trembler de terreur à ce qui s'était passé. Il ne s'était pas attendu à cette énorme bête qui n'avait fait qu'une bouchée du dangereux bipède lui court après. Ses nerfs se relâchaient, il aurait voulu un câlin pour s'apaiser mais... Pouvait-il demander à ce père qui l'avait menacé de la pire des choses qu'on pouvait lui faire ? Il tâcha de se calmer et de retrouver ses esprits, là, au fond de l'eau, collé à son support comme un mouche à son rocher. Il lâcha un gémissement étouffé de peine.

descriptionUne matinée inoubliable [PV Ssaadjith] EmptyRe: Une matinée inoubliable [PV Ssaadjith]

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¤ Fierté ¤

A la demande du jeune dragonnet, le père avait posé de drastiques conditions avec une sanction grave en cas de non-respect. L’enfant ne comprendrait sans doute pas aujourd’hui pourquoi son père s’était montré aussi rude en ce jour, mais un jour, à n’en pas douter, il comprendrait. Si Verith avait dit ses mots, c’est parce qu’il s’inquiétait pour son fils. Le rouge savait plus que quiconque le danger que représentait les bipèdes. Ssaadjith voyait ceci comme un jeu, mais ce n’était pas le cas pour le colérique. Il avait perdu son frère, sa sœur et sa mère à cause des bipèdes. Or de question qu’il perde un membre supplémentaire de sa famille. Il ne s’en remettrait pas. Si l’obsidien ne broncha pas aux premières conditions, le rouge put très nettement sentir la révolte lorsque vint la sanction qu’il appliquerait en cas de non-respect. Mais l’enfant de l’orage préférait passer pour un monstre auprès de son fils que de le voir mourir par la faute d’un bipède. L’engouement de Ssaadjith sembla s’effondrer bien rapidement et c’est presque en trainant des pattes qu’il se mit en marche. Pour autant, le message était bien passé. Après la chasse de son fils, et suivant comme elle se passerait, il prendrait le temps d’entrer dans les détails pour expliquer sa décision. Le cornu avait accepté les conditions du rouge, mais encore fallait-il qu’il les comprenne. Cela viendrait en son temps.

Verith se fit donc silencieux, se contentant d’encourager son fils lorsqu’il se lança dans la chasse, ne pouvant s’empêcher par moments de lui donner quelques petits conseils dans sa traque. Ssaadjith avait encore beaucoup de choses à apprendre pour devenir un bon chasseur. Il connaissait la théorie grâce à ses instincts naturels et la mémoire draconique, mais il fallait maintenant passer à la pratique. Le dragon libre garda bien entendu pour lui ce que lui-même repérait. Au loin se trouvait un campement de vampire, l’odeur du feu et du sang y était omniprésente. La faune hostile de ce lieu avait surement dû avoir raison de celui-ci. Les bipèdes ne savaient toujours rien de la nature, de ses secrets, de ses dangers et de son équilibre. Ils étaient bien trop arrogants. Ce fut bientôt à son fils de faire cette découverte. Il eut la bonne idée de prendre de la hauteur afin de pouvoir observer au mieux la scène, tout en s’évertuant de rester à couvert pour ne pas se faire repérer.

« Ils ont tué la bête... Le bipède de tout à l'heure doit avoir fui pour trouver des secours, non ? »

La question de son fils surgit soudainement dans son esprit. Le rouge avait reconnu la créature gisant au sol et il avait déjà repéré la bête semblable qui se tapissait encore dans l’ombre.

« Ça ne serait pas improbable. Toutefois, au vu de l’état du camp, j’en doute. Je pense qu’il a simplement fui pour sauver sa propre non-vie. Ce carnage, c’est bien trop pour une seule créature de ce genre. »

La déduction de son fils n’était pas mauvaise, mais elle n’était pas complète, aussi le père se permettait-il d’éclairer un peu son fils. Du mouvement se fit enfin entendre, il provenait des cadavres. L’un d’entre eux n’était pas totalement mort-mort. Un vampire se redressa, Ssaadjith tenta bien de se dissimuler, mais face à un vampire c’était peine perdue. Le rouge sentit la peur saisir le noiraud quand le suceur de sang se tourna en leur direction. Il ne put s’empêcher de venir caresser mentalement l’esprit de l’obsidien pour le rassurer. Il était là, avec lui, donc il n’avait rien à craindre. Mais au moins, son fils ne péchait pas d’un excès de zèle et restait prudent quand bien même son adversaire était affaibli. Néanmoins, le vampire n’était pas ce qui inquiétait le plus Verith. Ssaadjith ne l’avait pas encore remarqué, mais une autre créature du même genre que celle étendue au sol s’approchait du vampire. Après le rouge, ce fut le vampire qui remarqua le nouvel arrivant en premier. Le longue-dent n’eut même pas l’occasion de tenter de fuir que le loup géant bondit sur lui pour lui trancher la gorge. Ssaadjith était là pour traquer un bipède, pas une bête de ce genre, il lui fallait donc fuir. Toutefois, le rouge n’eut même pas l’occasion de le lui rappeler. Le petit obsidien détala immédiatement, ses griffes venant ripper contre le rocher.

« Bonnes initiative et évaluation mon fils, tu n’es pas là pour combattre cette créature et à ton niveau tu n’y parviendrais pas encore. »

Toutefois, même si le noiraud avait décampé, le fenrisúlfr avait remarqué sa présence et le prit donc en chasse. La bête était bien plus grande et plus rapide que Ssaadjith, il n’aurait donc pas de difficulté à le rattraper. Comment allait s’y prendre son fils ? Verith s’apprêtait à agir à tout instant si l’animal rattrapait son petit. Le premier vampire repéré plus tôt n’était pas loin et le cornu sembla se diriger en sa direction. Comptait-il utiliser celui-ci comme une diversion ? Astucieux. Le premier jumeau était peut-être turbulent, mais il avait de la jugeote.

Ssaadjith déboula donc sur le chemin, fonçant droit sur le bipède qui se retourna en entendant du bruit. Le dragonnet se jeta en avant, glissant sur le sol, passant entre les jambes du vampire, avant de reprendre sa course pour finalement s’arrêter et observer son œuvre. Le loup géant bondit sur le bipède, le décapitant avec une aisance sans pareille. Le noiraud jubila alors, annonçant tout fièrement son père qu’il venait de tuer son premier bipède.

« Ssaadjith, continue de courir, t’arrêtes pas, il va te reprendre en chasse très vite ! »

« J'AI TUE MON PREMIER BIP - Ok, ok c’est bon, je cours ! »

Son fils reprit la course à temps, car la créature le repéra à nouveau et recommença à lui courir après. La chance sourit une fois encore à son enfant qui finit par débouler sur un large étang. Instinctivement il plongea à l’intérieur, allant nager jusqu’au fond de celui-ci. Verith se détacha de l’ombre de ce dernier alors que luminosité décroissait à mesure que Ssaadjith plongeait. Il ne pourrait pas maintenir sa forme là-dessous. Le fenrisúlfr s’approcha de l’étang, reniflant la trace de sa proie draconique. Le silence s’abattit, mais il fut bref. Une légère secousse vint le rompre suivit des aboiements de panique de l’animal. Verith était sorti de son ombre et se tenait de l’autre côté du coin d’eau. Cela avait suffi pour faire fuir la créature. Le regard doré du grand rouge se tourna vers le lac, il voyait son fils à l’intérieur, au plus profond, en train de se maintenir à son rocher avec toute la force qu’il pouvait. Intérieurement, le colérique sourit, il était fier de son enfant.

Agitant sa queue, Verith vint ordonner à son fil d’or. Celui-ci plongea dans le lac pour venir s’enrouler autour du rocher auquel était agrippé Ssaadjith. Ni une ni d’eau, le dragon libre le souleva alors qu’il approchait son museau de la surface de l’eau. Le fruit de sa pêche sortie alors de l’eau. Un beau poisson draconique, peu d’individus pouvaient se vanter d’avoir attrapé à un tel spécimen. Le cœur de noiraud battait encore à tout rompre. Lentement, le colérique vint presser le bout de son immense museau contre son fils alors que son esprit venait l’entourer.

« Ce que tu ressens mon fils, cette peur, je ressens la même en sachant que des bipèdes se trouvent si proche de ma famille et qu’il peut leur arriver du mal à cause d’eux. Essaye de ne pas trop m’en vouloir pour tout à l’heure. »

Verith vint déposer au sol le rocher, auquel son fils était accroché, entre ses pattes avant. Il n’avait plus rien à craindre maintenant. Rien de pouvait lui arriver tant qu’il était là. Le museau du rouge restait penché sur son fils.

« Je tiens à te féliciter Ssaadjith. Tu as tué ton premier bipède ! Je ne m’attendais pas à ce que tu résolves cette épreuve de cette manière, mais tu as réussi avec les moyens en ta possession en faisait preuve d’ingéniosité. Je suis fier de toi, mon fils. »

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    Tremblotant, Ssaadjith était solidement agrippé à son rocher, loin de vouloir sortir de là tant que le danger de cet animal fourbe serait présent, là à la surface. Cette bête était grosse, et cruelle. Un jour il serait assez grand et assez puissant pour rivaliser avec elle et il en ferait un délicieux repas. Avec un peu de lait de chèvre, ce serait parfait. Mais pour aujourd'hui, la fuir était encore la solution la plus sage. Du moins, c'était celle que son père et lui-même approuvaient. Pour l'heure ? Il était terrorisé. Son angoisse tirait la haute-magie dont il était le draconique vecteur. C'était comme s'il l’agrippait pour se sentir mieux, pour y laisser sa trace, faire en sorte que jamais on ne l'oublie. Cet endroit dans les confins du monde, où tout le monde l'oublierait, il n'existait pas, n'est-ce pas ?

    La fatigue le tassait sur lui même, bien qu'il n'en lâcha pas son gros rocher. Un instant, il crut voir un fil doré, mais cela ne l'inquiéta pas plus que cela : il finissait par avoir l'habitude. En général, quand il faisait une bêtise, ce lasso venait le capturer et il se retrouvait nez à nez avec l'Ire grondante de Verith. Mais cette fois, il n'avait pas fait de bêtise. Du moins lui semblait-il. Il avait obéi aux règles et c'était assez rare pour être notable, mais c'était pourtant bel et bien le cas : les règles lui avaient convenu. Il se retrouva hors de l'eau, il observa le Fenrisulfr partir en courant, au loin, un fin sourire satisfait sur ses babines. Bien évidement, dans sa tête égocentrique, cette immense bête avait eu peur de lui, Ssaadjith. Les vagues qu'il avait du faire dans le lac avaient effrayé l'animal. Ça n'était certainement la grosse silhouette de Verith qui était à l'origine de cette peur panique.

    Tourné vers son père, il déposa une léchouille sur l'immense museau qui venait se presser contre lui. Lui en vouloir ? Non pas vraiment, il avait plus été choqué par l'extrémité de la punition. C'était plus de la déception et de l'incompréhension. Mais il avait droit à son affection, alors cela lui allait, il voulait bien oublier et passer outre. Posé au sol et félicité, Ssaadjith lâcha enfin son rocher pour se dresser fièrement. S'il avait pu se pavaner, il l'aurait fait et cela ne saurait tardé une fois que, dans leur nid, il raconterait comment il avait tué son premier bipède à Nephilith, à Nynsith et Keetech. Là, il serait un parangon d'orgueil. Pour l'heure, il faisait seulement le beau en levant son museau noir bien haut. « Évidement que j'ai réussi. » répliqua-t-il à son père, comme s'il s'était agi d'un postulat de départ sur lequel Verith aurait du parier. « La chasse aux lapins, c'est pour ceux qui ne sont pas doués. Moi, je suis au delà de cela. » Incorrigible ? Oui, ça c'était certain. Si Ssaadjith venait à tomber un jour du haut de son orgueil, il en mourrait tellement la hauteur était vertigineuse.

    Soudain, il n'avait plus peur lorsque c'était son orgueil qui parlait : c'était sa manière d’exorciser ses chimères. Sautillant gaîment, il vint se blottir contre son père : cette histoire, couplée avec de l'adrénaline, l'avait épuisé, mais quel ne fut pas sa surprise, en voulant se lover, de tomber dans le vide, au travers de ce qu'il avait cru être la patte avant. Pensant avoir mal visé, il réalisa avec horreur que non, les écailles rougeoyantes étaient là, juste à côté de lui, mais qu'il ne les sentait pas. Il frotta sa tête mais passa au travers... Il poussa un cri apeuré. Alors quoi ? Ça y est ? Son père l'avait jeté en ce lieu où ne régnait que l'oubli ? Sous le joug de la terreur, le dragon d’obsidienne agrippa plus viscéralement la haute-magie jusqu'à en créer une distorsion. Il fermait les yeux, pantelant, épuisé et vidé de son énergie. Ça n'était pas vrai. Ça ne pouvait pas être vrai. Son père venait de le féliciter, pas de le gronder. Il l'avait pourtant bien écouté, ce pourrait-il qu'il l'ait grondé et que lui ait tellement voulu le rendre fier qu'il en avait imaginé ces félicitations ? Fictives ? Il se souvenait de l'esprit de sa mère qui disparaissait. Etait-il perdu pour de bon ?

    Il ne savait plus et sursauta dans un nouveau cri lorsqu'une créature vint lui tapoter le bout du museau, en signe de soutien, avec l'un de ses tentacules. Il voyait vraiment ce qu'il voyait ? Il écarquilla ses yeux d'absinthe. Ah ! Son père avait eu tord ! Il n'y avait quand même quelqu'un dans les tréfonds du monde où il serait 'seul'. Dans son second cri, il avait reculé et s'était heurté à une patte. Verith ! Il était là : « Vous êtes revenu ! Je savais que vous ne pouviez pas m'abandonner dans les confins du monde ! Vous m'aimez trop pour ça ! C'est normal, puisque je suis magnifique. » Oui, toujours aussi narcissique. Quelqu'un avait-il encore un espoir qu'il corrige un jour ce vilain défaut ? « Regardez, j'y ai trouvé un ami ! Je peux le gardeeeer ? » Yeux de biches, grand sourire, assurance parfaite. Il allait dire oui. Il ne pouvait pas dire autre chose que oui.

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¤ Incident ¤

Verith sentait l’adrénaline et les émotions retombées chez son fils, bientôt une fatigue passagère le frapperait, il serait alors un peu plus calme. C’est d’ailleurs ce moment que le colérique choisit pour féliciter son fils. Il s’en était bien sorti, et surtout il avait respecté les règles qu’il avait instaurées. Tout ce qu’espérait l’enfant de l’orage c’est que son fils continue de les appliquer à l’avenir, il était encore bien trop jeune et bien trop faible pour ce monde. Tant de menaces existaient encore et Verith ne souhaitait pas le voir succomber face à celle-ci, ou pire encore. Ssaadjith finit par se reprendre et déposer une petite léchouille contre le museau de son père. Bien, il ne lui en voulait pas trop, c’était le principal. Le seul problème maintenant, c’est qu’il risquait d’être intenable tant son orgueil allait être gonflé par le fait d’avoir tué un bipède. Le rouge allait surement être amené à regretter de l’avoir autorisé à faire cette chasse.

« C’est vrai, mais il n’y aura pas toujours une grosse créature que tu pourras utiliser dans tes plats, mon fils. C’est pourquoi il faut que tu saches chasser par toi-même. L’imprévu guette toujours et il faut savoir y faire face en se préparant avant qu’il ne soit trop tard. »

Verith finit par reposer son fils au sol. Il était tout de même très fier de ce vilain garnement. Il était son fils après tout, comment ne pouvait-il pas en être fier ? Peut-être méritait-il un cadeau pour cette chasse. Il allait devoir y réfléchir. Mais un cadeau venant du colérique cachait toujours quelque chose de plus profond. Ssaadjith commençait d’ailleurs à s’agiter, bien trop fier de son résultat. Ne l’avait-il pas dit il y a quelques secondes ? Qu’il allait être intenable ? Toutefois, celui-ci finit par s’approcher de la patte de son père pour s’y blottir, le colérique n’eut pas le temps de réagir, plonger dans une réflexion bien trop intense sur le moment. Cette patte, elle disparaissait. Que devait-il faire ? Retirer sa patte au risque de rejeter l’amour de son fils et de le blesser, ou le laisser découvrir son secret ? Piéger face à une interrogation qui n’avait pas de bonne réponse, le rouge ne réagit pas assez vite et son fils passa au travers. Mince, vite, il allait devoir inventer une histoire. Verith s’apprêta à retirer sa patte quand un cri de panique mentale résonna dans la trame, ressentant la frayeur de son fils.

« Ssaadjith ! »

L’énergie de la trame se distordit au niveau de son fils et Verith lâcha un rugissement de douleur alors qu’il leva subitement sa patte litigieuse. Une décharge magique l’avait traversé, lui causant de la douleur. D’où cela pouvait-il provenir ? Le puissant esprit du colérique se déploya faisant vibrer l’environnement qui sembla devenir plus lourd, cherchant l’origine de tout ceci. Il finit par la trouver rapidement, non loin de son fils. Il s’apprêta à abattre sa psyché sur l’inconnu pour le châtier, se retenant au dernier moment lorsqu’il vit la chose inconnue tenter de rassurer son enfant. Qu’est ce que c’était que cette chose. Instinctivement il chercha à la repousser de sa progéniture, l’estimant bien trop proche, ignorant de quoi il s’agissait, l’analysant par la même occasion. Toutefois le rouge finit par s’arrêter. Cette chose ressemblant par certaines similitudes à ce qui s’était produit avec sa fille lorsqu’il l’avait sauvé de la chimère l’ayant possédée. Ssaadjith finit par se cogner à sa patte, toujours bien tangible pour le moment, revenant à lui et sortant de sa panique. Aussitôt son esprit vint l’entourer.

« Oui je suis là Ssaadjith, rassures-toi. Je suis toujours là pour ceux qui font partie de ma famille. »

Son fils finit par se rendre compte de la présence de l’intrigante créature et la prit en affection, se tournant vers son fils, souhaitant la garder. Verith dévisagea la bête se trouvant dans la trame. Oui, elle n’était pas dangereuse et semblait désormais liée à son fils d’une certaine manière. Le cas semblant assez similaire avec sa sœur.

« Oui Ssaadjith, je t’autorise à la garder. Tant qu’elle ne fait pas de mal, à toi ou à un autre dragon. »

L’enfant de l’orage vint reposer sa patte intangible de manière machinale, n’ayant pas remarqué que celle-ci oscillait entre l’opacité et une certaine transparence, semblant chercher à se stabiliser.

« Voilà encore une bien étrange créature … »

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    Il avait dit ouiiiii ! Ssaadjith se mit à sautiller dans tous les sens, intenable, commençant à jouer avec la créature et à lui poser mille et une questions. D'où elle venait ? Qu'est-ce qu'elle était ? Et surtout, comment elle s'appelait ? Il lui faudrait un vrai nom de vainqueur. Qu'il soit à la hauteur du Grand Ssaadjith ! Il comprit que c'était lui qui venait de la créer, inconsciemment et il se lança tout un jardin complet de bouquets de roses, car évidement, il était prodigieux et la créature le plussoyait en ce sens, venant gonfler son ego déjà bien surdimensionné. Elle lui détailla ce qu'elle était et qu'elle était là pour lui et rien que pour lui, pour que jamais il ne soit seul. Le cœur plein de reconnaissance du dragonnet s'attachait sincèrement à son allié, qui portait le nom d'Elothep. Son symbiote, c’était son symbiote à lui ! Il était extraordinaire et il avait très envie de le montrer à Nephilith mais également à sa mère et à sa sœur ! Il fallait qu'ils voient combien il était extrêmement doué pour son âge et qu'il savait même donner la vie ! Et oui, ça n'était pas réservé aux dragonettes. Il avait réussi ce prodige et il n'en était pas peu fier ! Ça pour sur, entre donner la vie et donner la mort, il allait littéralement être un Dieu dans son discours pour les mois et les mois à venir ! Pauvre de sa famille qui avait finir par se demander comment faire le adopter pour s'en débarrasser ! « Encore ? Vous en avez vu d'autres des comme Elotep ? C'est impossible, mon Elothep est unique ! »

    Quoiqu'il en soit, lui, il s'entendait très bien avec lui-même et avec Elothep. Il jouait à l’attraper, comme un entraînement distrayant à la chasse qu'il avait entamé plus tôt. Il suivait les conseils de son père, ceux qu'il lui avait donné quand il chassait le lapin. Il y parvenait mieux, quand il fallait jouer et attraper Elothep, si bien qu'il se demanda si la créature ne faisait pas exprès de se laisser attraper pour que le dragonnet soit fier de ses prouesses. Il en essuya rapidement hypothèse, trop gênante pour en ego et préféra croire qu'il faisait tout simplement de remarquables progrès. Il joua ainsi plusieurs longues minutes jusqu'à ce que le souffle lui manque et qu'il fut épuisé. Il posa lors son derrière au sol avant de se laisser tomber sur le flanc. Il roula sur le dos, se grattant dans la terre gelée en se tortillant, les quatre fer en l'air, mirant un ciel hivernal dégagé. « Père ? » demanda-t-il après quelques secondes sur le dos. Il avait retrouvé assez de stabilité dans son souffle, bien que ses naseau se dilataient encore au rythme de sa respiration. Il coula à nouveau sur le flanc, vers son père, cherchant son regard : « Il est arrivé quoi à votre patte ? J'ai bien senti qu'elle n'était plus là. » Il resta quelques secondes à attendre que son père lui raconte mais une brillante réponse illumina son esprit. Il écarquilla grand les yeux et bondit sur ses quatre pattes : « Oh ! Je sais ! Vous avez combattu un terrible danger, mais vous y avez perdu une pattes ! Vous utilisez de la magie pour donner l'illusion que vous l'avez toujours ! »

    Il sautilla sur place : « Oh quel brillant stratagème ! Le combat que vous avez mené a du être teeeeellement épique ! Racontez-moi ! Sil vous plaît, racontez moi ! » Ses yeux fixaient son père, attentif et curieux, autant qu’excité à l’idée d'entendre de quelles péripéties son père avait majestueusement triomphé. Elothep venait applaudir de ses petites tentacules éthérées, comme pour appuyer la demande d'histoire de Ssaadjith.

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¤ Blessure ¤

Elothep, ainsi s’appelait cette créature étrange qui, par certains aspects, ressemblait à une méduse. Verith observait la bête aussi bien à l’aide de ses sens physiques que magique. Inquiet ? Oui il l’était, le rouge n’aimait pas trop l’idée de voir une créature autre qu’un dragon libre approcher sa progéniture. Mais des dragons libres, sur cet archipel, il n’y en avait pas en dehors de sa famille. Toutefois, le colérique supposait que c’était moins grave qu’un dragon lié ou un bipède. Toutefois, il ne savait rien de cette créature. La seule chose qu’il savait, ce n’était qu’une créature, certes différente, mais tout aussi étrange, accompagnait la sœur de Ssaadjith. Mais Nynsith avait été protégé par cette dernière, elle n’apparaissait donc pas comme dangereuse au regard du Verith. En revanche, concernant cette Elothep, le dragon n’en savait rien.

Déjà, le petit obsidien jouait avec cette étrange bête, lui courant après pour tenter de l’attraper. Le père dragon en profita pour analyser plus en profondeur la méduse de magie. Elle détenait un certain pouvoir, mais rien qu’il ne pourrait écraser. Il serait donc en mesure de défendre son fils si jamais cette dernière tentait de faire quoi que ce soit à son encontre. Finalement, Ssaadjith finit par s’essouffler à force de jouer de son petit jeu. L’attention de celui-ci retomba donc sur le colérique. La suite, malheureusement, le rouge aurait préféré l’éviter. Le dragonnet turbulent c’était rendu compte de l’absence d’une patte de son père. Et déjà il commençait à le questionner. Finalement, il était aussi perspicace que son frère. Sans doute les deux tenaient-ils cela de Verith. L’enfant de l’orage se mura dans le silence, cherchant un moyen de se sortir de ce mauvais pas. Devait-il envoyer son enfant promené, ou devait-il raconter une belle histoire, un beau mensonge ? Mentir coutait à Verith. Il n’appréciait pas cela. Et il ne souhaitait pas envoyer Ssaadjith dans les roses. Cela ne ferait qu’empirer les choses. Dissimulez quelque chose à un enfant et il s’y intéressera encore plus. Que devait-il faire ? Mentir ou dire la vérité. Le regard de Verith devint sombre et sa voix devint grave.

« Ssaadjith, mon fils, sais-tu garder un secret ? Au reste du monde ? Y compris à ta mère, à ta sœur et à ton frère ? »

L’enfant de l’orage leva la patte litigieuse. Celle-ci se stabilisait petit à petit, redevant parfaitement visible, mais demeurant impalpable.

« Ton père a mené de nombreux combats dans sa vie. Y compris contre des adversaires plus forts que lui … pratiquement tout le temps d’ailleurs. Ce qui m’a permis de comprendre une chose. Avant de blesser quelqu’un, il faut être soit même prêt à être blessé. Particulièrement lorsque tu fais face à un ennemi redoutable. Il est certains combats dont tu ne peux pas ressortir sans blessure. Il est certaines blessures pires que d'autres. Et il est des sorts bien pires que la mort. »

La magie vint se canaliser dans les griffes de la patte disparue du rouge, bientôt ses lames d’ébènes devinrent aussi éclatantes que des éclaires. Lentement, Verith vint griffer le sol d’un bout d’une de ses griffes éclatantes, creusant un sillon. L’éclat disparut et les griffes redevinrent sombres.

« Ma patte est toujours là. Il ne s’agit pas d’une illusion. J’ai déjà subi de nombreuses blessures physiques dans ma vie. Mais jamais aussi grave que celle de la perte d’un membre. Celle-ci est bien différente. Elle est d’ordre magique. »

Verith garda le silence, se remémorant le combat contre l’esprit-dragon et les derniers mots de ce dernier. Ce misérable l’avait maudit, ainsi que Sombréclat. Un mauvais perdant qui n’acceptait pas sa défaite et le fait qu’un dragon et un bipède rejettent sa vision.

« L’ennemi qui me l’a infligé est mort. Mais les stigmates de ce combat demeurent encore. Je suis son antithèse, il voulait donc me faire disparaitre. »

La voix du colérique se radoucit un peu, devenant plus chaleureuse, réconfortante, empreinte de confiance et de détermination.

« Mais tu n’as pas à t’inquiéter, j’ai déjà connu pire. Sache qu’il n’existe pas de blessure dont ton père ne peut guérir. Ce n’est qu’une question de temps avant que je trouve le moyen de m’en débarrasser. Alors en attendant ce jour. Tu dois garder le secret. Je ne voudrais pas inquiéter le reste de ma famille. »

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    Ssaadjith se tassa sur ses pattes lorsque le regard de Verith devint sombre. Elothep vint se cacher en lui. Avait-il dit une bêtise ? Son père avait l'air si sérieux tout d'un coup. La voix grave du rouge le laissa dubitatif. Secret et Ssaadjith étaient deux entités qui ne tiendraient pas en place. Le dragonnet avait besoin de fanfaronner, mais peut-être était-il possible qu'il en comprenne l'utilité, des secrets. Au fond, il était capable de ne rien dire au sujet de ses bêtises pour ne pas se faire disputer. C'était une certaine forme de secret. Et puis... Lui, il pouvait promettre et Elothep non. Ça ne serait pas de sa faute si, si cela devenait nécessaire, le secret était révélé par Elothep. Le dragon noir acquiesça d'un signe de tête et écouta le récit de son père. Fort nébuleux au demeurant ! Il manquait cruellement de descriptions épiques et de rebondissements.

    « C'est une sorte de malédiction ? » demanda-t-il, perplexe. Et cela sous-entendait derrière un 'c'était donc un dragon' ? Il revint rapidement sur les derniers mots de Verith, et sa demande de secret. « Je garderai ce secret, père. Je n'ai pas l'esprit prompt à vous offrir une solution, mais peut-être que mère saurait vous aider. Lui cacher cette vérité n'est-il pas compromettre vos chances de vous en sortir ? » A vouloir résoudre seul des problèmes, on ne réfléchissait et agissait avec un seul esprit, là où la communauté pouvait se montrer prolixe en idées, même vaines. « Par ailleurs, si je m'en suis rendu compte, Nephilith, Nynsith et mère pourront aussi bien s'en rendre compte. Vous êtes le premier à me réclamer de ne pas faire de cachotteries à ma famille, que cela nuit à notre bonne entente, et vous nous cachez le fait que vous soyez en train de disparaître progressivement. »

    Il finit par s'asseoir, à nouveau, cherchant à comprendre pourquoi son père agissait de façon solitaire, tout cela pour n'inquiéter personne. « Vous me demandez aussi de leur cacher. D'entrer dans ce que vous me défendez à d'autres égards. Je le ferai, si c'est vraiment ce que vous voulez... M'est d'avis néanmoins qu'une famille, c'est fait pour être là, pour chacun de ses membres, dans les bons et les mauvais moments. Vous avez créé une famille, chez des dragons. Et vous faites naître la gangrène en son sein en retournant à vos sources solitaires, et votre habitude à trouver une solution seul. » Le dragonnet poussa un soupir, triste à la fois pour sa famille et pour son père. Leur famille ne serait-elle au final qu'une illusion ? Un regroupement de dragons liés par le sang, qui s'estimaient unis mais qui, à la première occasion, agissaient seuls ?

    « Qui était votre ennemi, votre anti-thèse ? Pourquoi l'avoir combattu et tué ? Que s'est-il passé pour que vous vous retrouviez avec cette blessure ? » Elothep ressortait du corps de Ssaadjith, sur sa tête, venant s'échouer entre ses cornes pour écouter, lui aussi, l'histoire en détail.

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¤ Explication ¤

Le rouge avait fait une erreur, du moins en quelque sorte, il avait baissé sa garde face à son fils. Sans doute avait-il pensé qu’il ne craignait rien en présence de ce dernier, ou à l’inverse, peut-être s’était-il laissé emporter par le moment, baissant ainsi sa vigilance. Il aurait tout le temps de réfléchir à cette erreur plus tard, lorsqu’il serait seul, pour le moment il devait trouver un moyen de se tirer de ce mauvais pas. Chose qui ne serait pas aisée, voire même partiellement impossible. Le colérique avait décidé de dire la vérité au petit d’obsidien. Lui mentir n’aurait pas été une bonne chose et ce qui s’était passé le responsabiliserait peut-être. En somme une leçon importante pour Ssaadjith.

Verith ne pouvait nier que le dragonnet était malin, en même temps il s’agissait de son fils et il était libre. Le colosse de flamme n’ayant jusqu’ici rencontré au cours de ces dernières années que des liés parfaitement stupides tant et si bien qu’il en avait perdu l’habitude face à tant de crétinerie. Aussi était-ce là sa deuxième erreur. Le petit d’obsidien était libre, dénué de tout vice du lien et donc pleinement en possession des attributs de sa race, mais surtout il était son fils le point qu’il aurait dû le moins négliger.

Une malédiction ? Le noiraud visait juste. Mais le pire restait à venir. Du moins le pire, façon de parler. Verith resta quelque peu ébahi par ce qui suivit. Ssaadjith, son fils, un à peine né, lui faisait la leçon, à lui son père et puissant dragon. Ce fait était parfaitement invraisemblable. Bien entendu, l’égo du colérique en fut touché, s’il avait été n’importe qui d’autre nul doute qu’un coup de patte serait partit bien vite. Mais l’individu face à lui n’était pas n’importe qui et le rouge en prit encore plus conscience. Verith était partagé entre la fierté, la surprise et la colère. Comment devait-il réagir ? Avec mauvaise foi ou non ? La tentation était tentante. Un grondement de colère s’échappa que géant de rubis qui venait de se faire damer le pion par son enfant.

« Petit effronté ! Comment oses-tu me faire la leçon. C’est au parent de le faire à leur enfant et non l’inverse ! »

L’esprit de Verith vint à la rencontre de celui que Ssaadjith pour l’enlacer avec une certaine tendresse.

« Tu es bien plus sage que ton extrême jeunesse ne le laisse à penser … et tes très nombreuses bêtises. Mais tu m’as promis de garder le secret. Tu t’es engagé. Alors je vais tout te dire. »

L’enfant de l’orage redevint sérieux.

« Le bipède et le lien. Notre race a beaucoup souffert à cause d’eux. Le bipède et le lien, j’ai beaucoup souffert à cause d’eux. Cymbor. Estellen. Skade. Frère. Sœur. Mère. Par la faute des bipèdes et par la faute du lien, je les ai perdu. Je me bats contre l’un et l’autre, ce combat m’a fait souffrir et me fera encore souffrir. Mais je n’ai pas l’intention que ton frère, ta sœur, ta mère ou toi souffriez également. C’est vrai, je garde le secret, mais c’est pour vous protéger. Je ne veux pas qu’ils vous arrivent quelque chose. Je tiens beaucoup trop à vous. Je ne souhaite surtout pas que vous ressentiez la souffrance que j’ai éprouvée. Je ne te demande pas d’être d’accord avec moi, mais au moins de le comprendre, Ssaadjith. »

Verith marqua une courte pause et reprit.

« Tu as visé juste, il s’agit d’une malédiction. Sais tu combien de fois j’ai été maudit fils ? Trois fois, celle-ci est la quatrième. »

Verith considérait la domination que lui avait imposée Vraorg comme une malédiction.

« Par trois fois je m’en suis débarrassé, celle-ci ne fera donc pas exception. Je connais bien ce type de blessure, une malédiction ne doit pas être prise à la légère. Ne soit pas trop prompt à aider quelqu’un qui est maudit, cela pourrait te nuire. Je parle par expérience. Les malédictions sont une magie puissante et elle cherchera à se défendre. Je ne doute pas de l’aide que Keetech pourrait m’apporter. Mais admettons qu’elle le fasse sans y parvenir, que la malédiction se défende et que Keetech en souffre ou pire qu’elle se retrouve affublée par la même malédiction ? Vois toujours plus loin que ton museau Ssaadjith, pèse le pour et le contre, envisage les réactions et conséquences. »

Le rouge en profitait pour glisser quelques conseils à son enfant, quand bien même il aurait préféré faire ce genre de leçon quand l’obsidien serait plus vieux.

« Même si je disparaissais, Keetech serait toujours là pour veiller sur vous. Vous êtes beaucoup trop jeune et ignorant des dangers de ce monde. Il faut que quelqu’un vous protège. De plus, je ne veux pas inquiéter ta mère … pire je n’ai pas eu la force de lui dire. Nous avons été séparés pendant de longues années, années pendant lesquels je n’ai pas été auprès d’elle pour Nynsith, années pendant lesquels j’ai beaucoup souffert. Je pense qu’elle s’en veut déjà de ne pas avoir été là, tout comme je m’en veux moi de ne pas l’avoir été auprès d’elle. Nous sommes réunis à présent. Je ne veux pas la torturer ainsi. Sans doute m’en voudra-t-elle ne rien avoir dit. Mais je préfère qu’elle m’en veuille plutôt que la voir inquiète et souffrir. »

La situation qu’exposait Verith à Ssaadjith était complexe voir impossible. Il n’y avait pas de bon ou de mauvais choix. Par moments il n’y a pas de bon ou de mauvais choix à faire. L’obsidien devrait le comprendre.

« À présent tu sais que moi, ton père, je disparais progressivement. Tu ne me regarderas plus de la même façon. Tu n’agirais plus de la même façon. Tu ne penseras plus de la même façon. Cela va te travailler. Tu vas t’inquiéter. Tu vas en souffrir. Tu vas ressentir ce que je ne voulais surtout pas que vous ressentiez, vous tous. Je voulais vous protéger. »

Un léger soupir s’échappa du rouge.

« C’est vrai, je te reproche souvent de faire des cachoteries. Et ça, c’est parce que tu es comme moi lorsque j’étais plus jeune et que je ne suis pas nécessairement un exemple à suivre sur ce point-là. Et aujourd’hui aussi, mais ce qui m’arrive est très différents de tes bêtises. »

Verith dodelina légèrement de la tête.

« Bon, je suppose qu’il faut que je te dise comment tout cela est arrivé. L’esprit dragon, aussi appelé le Dracos. C’était lui mon adversaire et ennemi. Un dragon, qui a vécu du temps de ta grand-mère. Contrairement aux autres dragons libres, il a décidé de rester sur Ambarhùna lorsque tous ont décidé de partir. Il croyait encore aux bipèdes. Il souhaitait leur donner une chance. Il pensait également que le lien pouvait leur offrir cette chance. Il a donc convaincu certains des nôtres de laisser leurs œufs, ma mère fut parmi ceux ayant accepté. Plus tard, le Dracos trouva le moyen de s’élever de sa condition. De devenir plus qu’un dragon, de devenir pur esprit et pure magie. Un peu comme les déesses, en quelque sorte, mais beaucoup moins puissant. Il exécuta son plan visant à donner une chance aux bipèdes. Les œufs laissés derrière par les nôtres furent trouvés, ils ont éclot, ils se sont liés, la magie est revenue sur Ambarhùna … et les bipèdes se sont refait la guerre comme avant. Rien n’avait changé depuis le départ délibéré des nôtres. Cymbor, mon frère, comme tous les autres laissés à l’esprit dragon trouvèrent la mort … alors qu’il s’était engagé à les protéger. À mes yeux, il était un traitre à notre race, un monstre, un fou. Voilà pourquoi je l’ai tué. C’était aussi bien personnel que pour le bien de notre race. Malheureusement, il refusait de reconnaitre son échec. Il refusait sa défaite. Il refusait que nous le rejetions. Alors, aux portes de la mort il a usé de ses dernières forces dans son entêtement aveugle pour jeter cette malédiction. »

Le rouge leva sa patte.

« Plutôt que de voir la vérité, il a décidé de la faire disparaitre. »


Dernière édition par Verith le Ven 14 Fév 2020 - 12:50, édité 1 fois

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    Comment il osait lui faire la leçon ? Avec beaucoup, mais vraiment beaucoup de culot. Il s'estimait déjà bien heureux que Verith ne le taloche pas. Le dragonnet aurait volé plusieurs mètres plus loin s'il avait du payer à hauteur de ce qu'il avait osé faire. Où il aurait été écrasé comme un moucheron. Non, vraiment, il avait, à ne pas douter, beaucoup d'audace et un esprit fort inconscient de ce dans quoi il fourrait le nez. A moins qu'il le savait, au contraire. Il était le fils de Verith, la chair du sa chair, l'écaille de son écaille ! Jamais son père ne lui ferait réellement du mal. Alors cela lui donnait cette audace qui pourrait paraître bien inconsciente mais qui était, en réalité, bien manipulatrice. S'il le paierait un jour, probablement, en attendant son ego surdimensionné ronronnait de bonheur à l'étreinte de son paternel qui ne lui en voulait pas vraiment, de toutes évidences. Si bien qu'il se permit de pousser le bouchon un peu plus loin avec un : « Il faut bien que quelqu'un le fasse, Père. » Oui, car il ne fallait pas compter sur les 90% de la population de cet archipel qui le craignait pour cela.

    Néanmoins, fort de son histoire gagnée, il s'assit pour l'écouter et la créature dont il venait de se lier d'amitié s'installa entre ses cornes, attentive. Le récit fut long mais le dragonnet se fit violence pour le pas interrompre son père avec ses milliers de questions et de remarques. Il resta, à la fin, les yeux écarquillés à mirer cette patte qui s'effaçait. Il jeta un coup d’œil à Elothep, cherchant par où commencer ses questions. « Quatre malédiction : joli score. Vous vous mettez pas mal de gens à dos, Père, ne trouvez-vous pas ? » Il baissa la tête, en signe de paix : « Je pense que tous les points de vue peuvent se défendre, mais qu'on ne vous nomme pas Dragon de l'Ire par hasard. Loin de moi l'envie de vous faire la leçon... » Enfin si un peu, mais juste pour le fun, pas par réelle envie de lui faire la leçon : « Je crois seulement que votre virulence vous place directement en ennemi d'êtres très puissants, capables de vous maudire. Je vous crois, lorsque vous vous dites que vous vous en sortirez, mais je pense qu'au lieu de passer votre temps à courir après une solution aux conséquences de vos actes, peut-être serait-il plus avisé d'emprunter une voie plus diplomate ou... Je ne sais pas ? Plus ouverte ? »

    Il gratta de la griffe au sol, dessinant sans vraiment dessiner mais plus pour s'occuper les griffes. « Grand-mère Skade devait être une dragonne fort sage. Si je ne fais qu'à peine la taille de votre griffe, je n'ose à peine imaginer la taille qu'elle faisait et combien j'aurais été minuscule à côté d'elle. Elle devait être immense ! » Ses yeux d'un vert d'absinthe brillèrent de mille éclats, rien qu'à l'imaginer. Lui aussi, un jour, il serait aussi titanesque. Son ego le désirait vraiment. « Et sa sagesse, acquise au fil des millénaires, devait être aussi vaste et pourtant... Vous dites qu'elle a cru en ces bipèdes, au point de leur confier ses propres œufs. C'est tout de même une grande marque de confiance ! Je n'ai pas d'enfants, mais jamais je n'aurait laissé Nephilith à des êtres en lesquels ma sagesse me disait de ne pas croire. Et même en dépit de l'échec que cela a été, en dépit des guerres... Elle, grande dragonne millénaire, elle a choisi de se lier à un bipède ! Je ne veux pas croire que ma grand-mère puisse avoir été folle. L'était-elle ? »

    Il posa son regard sur l’œil de feu de son père : « Je ne cherche pas à vous contredire, Père. Je n'ai pas l'intention de me lier au moindre bipède : ils ne me méritent pas. Je cherche seulement à comprendre. Vous me dites que les bipèdes et le Lien sont dangereux. Mais vous me dites également que votre propre mère, pourtant cent fois plus âgée que vous, leur a fait confiance ! Infiniment confiance. Si une dragonne si sage a choisi de se lier, après des siècles et des siècles d’existence, de vécu, d'épreuves, de vérités apprises, c'est qu'en dépit du danger que représente le Lien et les bipèdes, il y avait, en leur présence quelque chose à gagner ? Je veux dire... Moi Ssaadjith, 80cm de haut, j'ai tué un bipède ! J'ai tué un vampire comme l'était le Lié de Grand-Mère. Pourquoi aurait-elle pris un tel risque si ce n'était que mal, comme vous l'affirmez ? » Cela ne faisait pas de sens. « Pourtant, elle a du être déçue par l'échec et la perte de deux de ses enfants. Les guerres qui étaient revenue en même temps que les dragons. Et malgré tout ça... Malgré ce cauchemar que vous décrivez... Père, pourquoi s'est-elle liée ? »

    Il cherchait une réponse, dans son cœur, car il ne se satisfaisait de l'incohérence face à laquelle il se trouvait. « Je ne crois pas que ce soit le Lien qui ait tué Grand-Mère. Je pense que c'est son propre choix, celui de se lier. C'est comme... C'est comme lorsqu'on saute d'une falaise et qu'on en meurt. Ce n'est pas la faute de l'abysse se trouvant en bas, les rochers pointus qui sont venus déchirer notre corps. C'est le fait d'avoir sauté. C'est la décision, le choix que l'on prend. C'est nous-même. Le Lien n'est que l'arme qui est venu s'abattre... Tout comme cette malédiction s'est abattue sur vous. Pourquoi des dragons choisissent-ils de se lier, Père ? Qu'est-ce qu'ils y gagnent ? »

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¤ Explication II ¤

L’enfant de l’orage avait décidé de révéler la vérité à son fils, prenant en considération qu’il aurait été fort à parier que se murer dans le silence, le mensonge ou simplement le repousser aurait été contreproductif. Le rouge espérait toutefois qu’une réflexion naitrait chez son fils et qu’il gagnerait en maturité sur quelques points. Le rouge n’allait pas être déçu, il avait fait le bon choix, semble-t-il. Quand bien même le petit obsidien poussait l’audace un peu loin que Verith réprimanda par un léger grondement de prévention. Il était certes son fils et pouvait lui parler comme nul autre ne le pouvait, mais il ne fallait pas non plus trop tirer sur la corde. Cela lui apprendrait aussi à faire montre de prudence. Il existait également d’autres individus comme Verith pouvant s’emporter avec facilité, aussi parvenir à évaluer la limite à ne pas franchir lui éviterait de se retrouver dans des situations complexes et dangereuses.

« Je ne suis pas du genre à me laisser marcher sur les pattes, encore plus par ceux qui défendent les graves fautes qui ont pu être commises à l’encontre de notre race, par ceux qui commettent des fautes à notre encontre ou par ceux qui les cumulent, n’apprenant rien, ne tirant aucune leçon et s’enfonçant dans une logique absurde les justifiant. Pourquoi devrais-je faire preuve de diplomatie à l’encontre de ceux qui s’en prennent aux miens ? C’est à eux d’assumer les conséquences de leurs actes, de tout faire pour faire cesser et réparer l’offense. C’est parce qu’ils sont bien incapables de reconnaitre leur tort et d’agir en conséquence que ma virulence est la réponse. Leurs actes et leurs absences de culpabilisation doivent être punis de façon exemplaire. Alors j’endosse ce rôle, même si cela me place au-devant d’ennemi puissant, même si cela ne me fait pas plaisir, même si cela me fait souffrir, même si cela m’amène à devoir par la suite panser mes blessures. »

Être plus ouvert ? C’est bien les autres qui l’avaient poussé à être ainsi. Fermeture d’esprit, reproches, trahison. On ne pouvait pas lui reprocher de ne pas avoir fait un pas vers les fautifs afin de leur faire comprendre leurs fautes et le comportement à adopter, quand bien même ces éléments sont d’une évidence extrême. Sentant l’interrogation et l’imaginaire de son fils s’agiter, le rouge vint faire parvenir jusqu’à lui certains de ses souvenirs, du temps où Skade était encore vivante, afin qu’il puisse la voir. Il n’aurait malheureusement pas l’opportunité de connaitre et rencontrer sa grand-mère et cela encore une fois par la faute des bipèdes et du lien. Les interrogations de Ssaadjith qui suivirent étaient légitimes. Pourquoi ? Pourquoi avoir fait cela ? Comment comprendre et analyser un tel comportement ? Il devait bien y avoir une raison ayant poussé une créature d’une grande sagesse à agir ainsi. Et Verith avait la réponse, ou du moins il avait une idée.

« Ta grand-mère devait penser qu’il résidait une lueur d’espoir au sein des bipèdes, en dépit de tout ce qui c’est passé. Sans doute l’a-t-elle vu dans ce vampire. Mais ce qu’elle a vu n’était, à mon sens, qu’illusoire. Une illusion née de la peine, du chagrin de la mort de Cymbor. Il faut savoir que Cymbor, mon frère, bien avant que ma mère ne confie son œuf à l’esprit dragon, celui-ci lui avait été volé. L’œuf avait été volé par un elfe. Dans son entreprise de le récupérer, Skade fut aidée par une vampire. Cette vampire lui offrit son aide afin de payer sa dette à son encontre. Mais quelle dette me demanderas-tu ? Alors que Skade n’était qu’un œuf, elle fut volée également, et ni plus ni moins que par cette même vampire. »

Un soupire s’échappa du rouge.

« Ma mère récupéra l’œuf de Cymbor. Avec l’aide de cette vampire. On peut dire que l’avantage de cette histoire est qu’un bipède a pu prouver qu’il était capable de reconnaitre son erreur et de se racheter. Mais ce n’est rien de plus qu’une infime goute d’eau ayant elle-même péché dans un océan de pécheur. Mais revenons plutôt sur le vampire avec lequel ta grand-mère s’est liée. Il se trouve que ce vampire n’était ni plus ni moins que l’opposant principal et l’ennemi mortel du vampire ayant tué Cymbor. Au vu de la précédente histoire et de l’état de celui qui fut son lié, le choix s’explique facilement. Elle a cru penser qu’en s’alliant de nouveau avec un vampire elle pourrait faire payer le crime subit par Cymbor, tout en retrouvant un éclat d’espoir chez les bipèdes. »

Verith dodelina de la tête.

« Elle a choisi de placer sa confiance au sein des bipèdes. Au sein de ce bipède. Là a été son erreur. Elle s’est donc liée, puis c’est retrouvée séparer de ce dernier en raison de la guerre face au terrible ennemi qu’était le Tyran Blanc. Le vampire étant tombé entre les mains de ce dernier. Elle a donc subi ce que celui-ci subissait. C’est donc bien le lien et ce bipède qui ont tué ta grand-mère. Son erreur a été de placer sa confiance dans un bipède. Elle aurait pu faire payer comme il se doit la mort de Cymbor par elle-même ou en me demandant mon aide ou même sans se lier, mais au lieu de cela, elle a décidé de faire confiance à un bipède. Et aujourd’hui elle est morte. Ce bipède ne s’est pas montré à la hauteur de la confiance qui lui a été accordée et est devenue une faiblesse mortelle pour une puissante dragonne. »

Le rouge gronda.

« Il y a une grande différence entre faire le choix de sauter d’une falaise, le choix d’accorder sa confiance et le choix de se battre pour ce que l’on croit. Choisir de sauter d’une falaise c’est choisir la mort. Choisir d’accorder sa confiance ce n’est pas choisir la mort. Choisir de se battre pour ce que l’on croit, ce n’est pas choisir de se faire maudire. En choisissant de faire confiance à un bipède, ma mère n’a pas délibérément choisi de perdre la vie. En choisissant de me dresser contre l’esprit dragon pour faire cesser le mal qu’il faisait subir aux dragons, je n’ai pas choisi délibérément de me faire maudire. J’ignore ce qu’était réellement la raison du choix de Skade. Mais moi, je l’ai fait pour rendre justice, faire cesser le préjudice dont étaient victimes les dragons depuis trop longtemps par un traitre. Ma mère avait peut-être d’autres possibilités. Mais moi ? Hormis le fait de le laisser continuer, devenant ainsi son complice, ou de l’arrêter, je n’avais nulle autre possibilité. Et j’ai débattu avec bien assez de dragon lié pour savoir qu’il n’est pas possible de leur faire voir la vérité tant qu’ils sont liés. Alors avec celui qui vend les œufs aux liens ? Ah ! Autant parler à un mur. »

Un nouveau soupire s’échappa du colérique.

« Ceux qui naissent entre les mains des bipèdes n’ont rien choisi, pas plus que les bipèdes entre les mains desquels naissent les dragons. Eux sont liés dès le début et ne choisissent rien du tout. En revanche, pour ceux qui après leur naissance se lient ? Qu’est ce qu’ils y gagnent eux ? De tout ce qu’ont pu me dire les dragons liés auxquels j’ai parlé, rien qui n’en vaille la peine. Rien qui ne vaille ce qu’un dragon libre a ou peut obtenir en restant libre. Rien qui ne vaille qu’un dragon libre perde sa liberté. Le lien n’est pas utile en plus d’être néfaste. »

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    A entendre les premiers propos de son père, Ssaadjith se fit la réflexion que s'il devait tenir son orgueil démesuré de quelqu'un, ce serait plus son père. Il l'admirait sans nul doute : Verith savait faire face aux dangers sans courber l'échine devant un ennemi. Il était l'Ire combative qui refusait d'être pliée ou brisée. Il se battait. Son cœur se gonflait de fierté à pouvoir se vanter de descendre d'un tel dragon. Son père agissait avec son cœur, certes colérique, mais son cœur tout de même. Et cela, c'était une force immense au yeux de l’obsidienne. L'absolu de ses propos, néanmoins, dénotaient d'une erreur de subjectivité. Un être ne pouvait retenir aucune leçon ou n'apprendre rien. Ce que ces êtres apprenaient et retenaient n'était tout simplement pas ce que Verith aurait voulu qu'ils retiennent. Cela était parfaitement sujet à interprétation et il se doutait que quiconque essayait de parler au Rouge au sujet des bipèdes et du Lien dirait que le dragon s'enfonçait aussi dans une logique absurde. Cela était une question de point de vue, de culture, de blessures et de craintes. Rien qui ne mérita un tel absolu mais Ssaadjith avait parfaitement accepté, en posant ces questions à son père, que ses informations soient biaisées, déformées pour convenir à son mode de pensée. Cela était tout à fait naturel mais cela ne faisait des propos de Verith ni une gracieuse vérité ni un parfait mensonge. Un entre-deux dont il pourrait s'inspirer de l’essence pour former sa propre pensée.

    La vision psychique de sa grand-mère Skade écarquilla ses yeux d'un émerveillement enfantin. Elle était véritablement immense et ses écailles étaient sombres comme les siennes ; cela ne pouvait signifier rien d'autre qu'un jour, il serait aussi grand et impressionnant qu'elle. Dans les cieux, il serait majestueux. Et la réponse vint : une lueur d'espoir. C'était bien maigre à ses yeux, mais qu'aurait-il bien pu obtenir d'autre de la part d'un dragon qui exécrait le Lien ? En vérité, cela était déjà beaucoup et scindait les dragons en deux types : ceux qui avaient foi en toutes les créatures et ceux qui rejetaient les bipèdes et leurs erreurs. Si son père faisait partie de cette seconde catégorie, sa grand-mère Skade avait choisi la première. Quant à savoir qui avait raison ou tord ? Une fois encore, cela relevait de la subjectivité. Les bipèdes avaient frappé coup sur coup Verith, il n'était pas étonnant qu'il leur refuse la moindre qualité. Mais à se priver ainsi de foi en l'autre, n'était-ce pas perdre une partie de sa propre vie ? L'amertume et la colère guidait l’existence de son père, Ssaadjith espérait sincèrement qu'il trouve dans sa famille la consolation dont il avait bien besoin. Il y avait cependant un point sur lequel il rejoignait tout à fait son père : par le Lien, le bipède devenait la faiblesse d'un puissant dragon. L'on pouvait être aussi grande, sage et puissante que le fut Skade, la laisse qui l'unissait à ce bipède était purement et simplement suicidaire. Ces créatures étaient si fragiles, si brisables. Il n'avaient même pas d'écailles pour se protéger ! Ils pouvaient se croire puissants mais ils étaient en bas de la chaîne alimentaire. Alors compromettre son existence en la liant à l'une de ces créatures fragiles ? Non, ça n'était pas une bonne solution, à moins qu'il y ait un avantage certain à cela.

    Ssaadjith n'en voyait pas et son père ne lui en donnait pas d'avantage. Le Lien avec ce vampire aurait pu, comme le disait Verith, être remplacé par quelque chose de plus solide. Aussi puissant que fut le vampire ayant tué Cymbor, Skade n'aurait eu qu'à s'écraser dessus pour le tuer ! La logique lui échappait alors : pourquoi avoir choisi de s'ajouter une faiblesse que son ennemi aurait pu exploiter ? Et qui avait été exploitée, en définitive. Vraiment, malgré les explications apportées par son père, il ne se sentait pas plus convaincu que cela. Rien n'expliquait le geste de Skade. Il n'était pour lui que folie et stupidité pragmatique. Il ne connaissait qu'une chose qui puisse faire prendre d'aussi bête résolution : l'amour. Lui-même ferait n'importe quoi pour sauver Nephilith. Skade n'avait-elle pas vu les autres opportunités qui se présentaient à elle pour parvenir à ses fins ? Ou avait-elle refusé de les voir par amour pour les bipèdes ? Rien ne valait la peine de prendre de tels risques. Le dragonnet acquiesça de la tête, parfaitement attentif pendant les explications de Verith, buvant ses paroles sans crainte. Elles n'étaient pas dénuées de sens et il était bien heureux de ne pas être né entre les mains d'un bipède. « Merci, Père, de ces explications. » fit-il avec beaucoup de révérence. Il appréciait qu'on vienne éclairer sa lanterne. Son avis se forgerait progressivement de la sorte et Verith lui avait donné l'envie d'être un fier dragon libre. « Bien qu'il soit étoffé de nombreux exemples, votre point de vue est fort subjectif, au sujet des bipèdes. Il n'en demeure pas moins vrai que je n'ai pas la moindre envie de m'attacher un boulet aussi fragile à la patte. » Il roula des yeux : l'idée lui paraissait tellement saugrenue et rendait l'acte de Skade tout aussi incompréhensible.

    « Père, il n'y a que vous et Mère pour vous efforcer à former une famille, une nuée de dragons liés entre eux qui se défendraient les uns les autres, jusqu'à la mort. Peut-être que Grand-Même Skade ne l'avait point encore saisie. Comme tous les dragons sauvages, elle était solitaire. C'est encore nouveau et pourra faire notre force de dragons libres. Être ensembles. » Il se redressa de fierté et son ventre gargouilla à nouveau. Elothep quitta son corps pour partir au loin dans la forêt avoisinante. Ses mires d'absinthe l'observèrent longuement avant de revenir sur son immense dragon rouge de père : « Je vous remercie de m'avoir appris à chasser, également. Je crois que je vais pouvoir me débrouiller à présent. » Une biche approchait d'eux. Son comportement était des plus anormal : quelle proie viendrait si innocemment auprès de son prédateur ? Et pourtant, ce fut bien le cas. Lorsqu'elle fut près d'eux, Ssaadjith étendit ses ailes et d'un bond, s'élança à la gorge de la biche. Celle-ci ne s'était ni mise à fuir, ni débattue. Elle n'avait pas même peur. Elle se laissa égorger jusqu'à en mourir... Jusqu'à ce qu'Elothep sorte du pauvre animal trépassé. « Et voilà ! » clama-t-il à la cantonade, fier de sa... ''proie'' ? Sans nul doute, il n'aurait pas le moindre soucis à chasser à présent ! Certes, ce n'était pas vraiment de la chasse. C'était de la chasse version Ssaadjith : rusé et fainéant.

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¤ Le cadeau ¤

Repenser à Skade attrista Verith. La tristesse venant étreindre le cœur du colérique trouvait sa source dans la mort de sa mère, dans la façon dont elle était morte et dans le fait que ni elle ni ses enfants ne pourraient se rencontrer. Tout comme il était triste qu’Estellen ne rencontre jamais sa progéniture, ou encore son frère Cymbor. La colère de l’enfant de l’orage n’était au final qu’un moyen d’exprimer sa tristesse, de trouver un exutoire. Mais également un moyen de se protéger et de faire en sorte que les raisons le poussant à être triste ne se reproduisent pas. Les yeux dorés du colosse grenat se posèrent sur son fils qui buvait et assimilait ses paroles. Il espérait que cette petite discussion lui mette du plomb dans la tête. Et cela s’avéra être le cas, quand bien même le rouge n’apprécia pas que Ssaadjith lui dise que son point de vue était subjectif. Comment pouvait-il être subjectif avec tous les exemples appuyant son raisonnement. Non, il était parfaitement objectif. Les bipèdes et le lien doivent être éliminés pour le bien de sa race et de ce monde. Verith se garda toutefois d’exprimer cette pensée, inutile de s’énerver après son fils sur ce sujet et pour le moment. Le colérique ne masqua toutefois pas sa réjouissance et son soulagement quand l’obsidienne lui annonçant qu’il ne se lierait pas. Bien, voilà une bonne chose, une excellente chose même. L’idée qu’un de ses enfants se lie lui était parfaitement insupportable. Jamais il ne permettrait une telle chose.

« Il est vrai que nous sommes une exception parmi les dragons. Entretenir des liens familiaux aussi importants. Toutefois, je vois en cette solidarité une évolution face à la menace. Si à l’époque, les dragons avaient été tous solidaires, jamais les crimes des bipèdes n’auraient pris une telle ampleur, jamais nous n’aurions quitté notre terre d’origine. Nous les aurions punis avec force. La situation aurait pu être différente, la paix aurait pu être possible avec eux. Ils auraient été éduqués. Malheureusement, le passé ne peut être réécrit … je sais à présent que cet office ne nous était pas attaché. »

Non, il n’appartient pas aux dragons d’éduquer les bipèdes et de les mener sur la bonne voie. Cette mission, c’est aux Tarenth que les déesses l’avaient confiée. Et lors du bannissement de ceux-ci, les divinités n’ont rien fait au sujet de cet office. Elles ont abandonné leur création à leur sort. Et Verith n’avait aucune intention de réparer les pots cassés en prenant cette relève. Les bipèdes ne méritaient pas cet effort de sa part.

« La solitude n’est pas nécessairement une mauvaise chose, Ssaadjith. Par ailleurs, cette solitude m’a été reprochée par certains dragons liés avec qui j’ai pu discuter. Mais je ne me suis jamais considérée comme étant seule. Comment pouvons-nous être seuls alors que la voix de notre ancêtre résonne en nous ? Skade n’était pas non plus si seul que tu le penses. Ce que nous avons aujourd’hui avec Nephilith, Nynsith, Keetech, toi et moi, c’est elle qui en avait planté les graines. Sur le nouveau continent, nous étions très proches avec elle et ma sœur. »

Le rouge gratifia l’obsidienne d’une caresse mentale alors qu’il le remerciait et s’en allait tuer une biche au comportement étrange. Le rouge devina rapidement que cette dernière était sous influencer en repérant l’étrange créature qui venait de s’attacher à son fils. Bon, au moins pouvait-elle lui être utile. Mais Verith restait néanmoins méfiant.

« J’ai un cadeau pour toi mon fils. Pour récompenser tes exploits d’aujourd’hui. »

Le dragon observa autour de lui, l’air songeur, avant que son regard ne se pose sur le morceau de roc au bord de l’eau, celui auquel son fils s’était accroché avec force après s’être dissimulé sous l’eau, transit de terreur.

« Oui, ceci sera parfait. »

Le fil d’or du rouge vint s’enrouler contre le morceau de roc, le soulevant de plusieurs mètres au-dessus de Ssaadjith. Verith vint ensuite placer ses deux pattes avant de chaque côté. Le dragon laissa échapper de sa gueule un léger trait de flammes qui vint entourer la pierre. La trame alentour s’agita furieusement alors qu’une puissante magie se mit à s’émaner du colérique. Les flammes vinrent enrocher le roc, de dernier venant prendre une teinte rougeoyante, une forte chaleur s’en dégageant. Un bruit de craque se produisit et la pierre sembla s’enfoncer sur elle-même, sa taille diminuant rapidement comme s’il était compressé sur lui-même. Lorsque la danse de feu se dissipa, il n’y avait plus qu’en lieu et place du rocher qu’une petite gemme couleur orange.

Alors que l’on pensait l’opération finie et que la trame retrouvait son calme, l’un des joyaux ornant le poitrail de l’armure de Verith se mit à luire. Un trait de lumière s’en échappa venant frapper la gemme, laissant des étincelles d’énergie magique s’en échapper. L’instant fut bref, la trame fut de nouveau chamboulée, avant de retrouver son calme. Verith fit flotter son ouvrage au-dessus d’une de ses griffes pour l’observer. Il s’agissait d’une gemme orangée à l’intérieur de laquelle luisait un éclat rougeoyant, rappelant aisément celui d’un brasier. Il finit par tourner la griffe en direction de l’obsidienne, le pointant, venant faire virevolter l’objet jusqu’à une corne de celui-ci, la gemme s’incrustant à l’intérieur de la couronne à cornes que possédait son enfant.

« Voici Glenn. Il te protègera. Prends-en soin et ne t’en sépare jamais. »
Glenn :
Gemme venant s’incruster à l’intérieur d’un bijou porté par un dragon pour l’orner. Il a été fabriqué à partir d’un rocher arraché du fond d’un lac gelé de la toundra de Nyn-Tiamat et façonné à l’aide de la magie. Le rocher a été fondu et compressé afin d’obtenir une petite gemme de couleur orangée à l’intérieur de laquelle luit une lueur rougeoyante, cette pierre précieuse par ses couleurs rappelle le feu d’un dragon, ou encore l’âtre d’un foyer renvoyant directement à cette notion de famille et à la chaleur bienfaisante qui s’en émane. Pourtant, on dit qu’en focalisant son attention sur la lueur au sein de la gemme, on a l’impression qu’il s’agit en réalité d’une flamme dansant à l’intérieur … et qui par moments répond aux regards de ceux qui l’observent intensément… par un même regard.

Glyphes :

- Dragon libre - Draconique :
Il est difficile d'imposer sa volonté au porteur du joyau. Quiconque sera tenté devra redoubler d'efforts pour parvenir à le forcer à agir contre son gré. (Fonctionne contre le sort "Autorité" de la magie de l'âme)

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