¤ Au centre de tout ¤
[justify]Les Chimères avaient été vaincues … du moins c’est ce que laisser présager l’état actuel des choses. Pour autant, le rouge n’en était pas totalement convaincu. Les derniers mots de Gilgamesh résonnaient encore dans son esprit. Ils n’étaient parvenus qu’à repousser les chimères, elles pouvaient encore revenir en ce monde, de la même façon qu’elles y étaient venues. Ce moyen existait encore et il existerait toujours à moins d’agir pour le neutraliser. Le combat de Verith était encore le même. Il avait toujours été le même. Et plus le temps à avançait, plus les conflits s’accumulaient, plus il se rendait compte que tout était lié. La faute d’un seul. Les actions d’un seul être avaient dévié le monde du destin qui lui avait tracé les dieux, le conduisant sur cette voie carmin. Pour autant, ce qui avait été fait était fait. Rien ne pouvait changer le passé et il serait idiot de vouloir corriger les choses de telle sorte à revenir sur la voie originelle. Cette initialement tracé par les dieux. Verith ne le souhaitait pas. Car cela nécessitait de pardonner des erreurs qui ne pouvaient l’être. D’oublier des éléments qui ne pouvaient l’être. Mais plus encore, cela serait faire preuve d’irresponsabilité et de lâcheté. On ne peut faire table de rase du passé. Il faut vivre et assumer les choix et erreurs qui ont été faits. Et c’est bien ce que comptait faire le rouge avec ce monde.
Edwyn Rudy, l’honnit d’entre tous, celui qui avait irrémédiablement changé le destin, le Tarenth qui avait voulu voir plus loin qu’il ne le devait, créateur du lien et celui ayant conduit son peuple à la révolte contre les déesses. L’enfant de l’orage se considérait comme la réponse à ce dernier. À la conséquence des fautes commises par celui-ci. Verith ne serait pas celui qui permettrait de faire machine arrière afin de faire comme si toutes les erreurs n’étaient jamais arrivées. Au contraire, il serait celui qui ferait en sorte que jamais les erreurs commises ne soient oubliées, mais plus encore il serait celui qui ferait avancer les choses en tentant de faire aller ce monde sur une nouvelle voie. Pas celle tracée par les déesses. Pas celle imposée par la déviance d’Edwyn. Mais une toute autre où les erreurs seraient pleinement assumées et corrigées.
Si le monde en était là aujourd’hui, c’est bien à cause de trois grandes erreurs. Le paradoxe d’Edwyn, la création du lien et l’inaction des dieux.
Edwyn avait créé un paradoxe en observant l’avenir plus loin qu’il ne lui était possible. Il a vu le destin que sa transgression venait de créer et d’irrémédiablement sceller. Les Tarenth n’étaient plus, remplacer par trois races barbares se faisant perpétuellement la guerre. Son peuple était destiné à guider ces trois races, mais en outrepassant ses droits et réclamant des comptes aux déesses, les Tarenth furent bannis d’Ambarhùna. Du fait de leur absence, les bipèdes se retrouvèrent sans guide et furent dévorés par leur propre nature, entrant en guerre les unes contre les autres.
Comme si cela ne suffisait pas, Edwyn transgressa non pas une, mais deux fois, les limites des déesses. En touchant à l’âme, la Tarenth donna naissance à la magie de l’âme. Par sa première transgression, Edwyn avait condamné ce monde à la violence et au chaos. Par sa deuxième transgression, il venait à présent de condamner ce monde à la destruction par les chimères.
Pour autant, quand bien même les crimes d’Edwyn sont impardonnables et relèvent de l’avarice et de l’égo. Ce fut la paresse des dieux qui entérina de sceller le destin de ce monde. Ceux-ci ont banni les Tarenth et scellé la mémoire des dragons en ce qui concerne ces événements antiques avant de tout bonnement disparaitre. Le monde qu’ils ont créé avait vu son destin changer et ils n’ont rien fait pour tenter de corriger les choses, de remédier aux problèmes. Non, bien au contraire, ils ont laissé faire. Ils ont abandonné leurs créations à leur propre sort. Celui de la violence et de la destruction. Alors qu’ils avaient le pouvoir de tout changer.
Ces biens par ces trois fautes que le monde en est là aujourd’hui. Si les déesses avaient payé le prix de leurs erreurs par la mort, il en restait aujourd’hui deux autres dont il fallait s’occuper. Le paradoxe d’Edwyn et la création du lien. Verith avait la ferme attention de s’occuper des deux. Tout d’abord le lien, dont la destruction était rendue nécessaire pour empêcher le retour des chimères et donc la destruction irrémédiable de ce monde. Ensuite, le paradoxe d’Edwyn. Néanmoins, en ce qui concerne ce deuxième point, le rouge n’avait pas l’intention d’arranger les choses. Bien au contraire. Les bipèdes avaient besoin d’un guide. Les déesses l’avaient prévu ainsi. Sans guide, ils étaient incapables de connaitre la paix. Mais ce rôle de guide, c’était aux Tarenth de l’assumer, hors ces derniers ne sont plus et les déesses ont abandonné les bipèdes à leur sort. Malheureusement, l’enfant de l’orage ne considère pas que ce soit aux dragons de reprendre ce rôle, quand bien même ils étaient là il y a des centaines de milliers d’années et qu’ils avaient côtoyé les Tarenth et les dieux. Si Verith voyait les choses ainsi, c’est parce qu’il estimait qu’il n’appartenait pas à son peuple de supporter la charge et les erreurs d’Edwyn, des Tarenth et des dieux. Mais plus encore, si le colérique voyait les choses ainsi, c’est parce qu’il savait que toute tentative des dragons de remplir se rôle serait voué à l’échec et à la souffrance. Comment en était-il si sur ? Il lui suffisait de contempler les actions passées de ses prédécesseurs. Les dragons liés n’avaient su être des guides pour les bipèdes. L’esprit-dragon n’avait su être un guide pour les bipèdes. Et même l’abandon de la magie n’avait su ramener les bipèdes sur le droit chemin. Les bipèdes étaient condamnés à leur sort. Il n’y avait donc d’autres solutions que de les détruire pour empêcher le mal qui provoquait et l’empêcher de se répandre à la surface du monde. Il s’agissait là de la seule solution pour détourner le monde de la voie menant à la violence et au chaos.
Verith avait longtemps cherché un moyen de corriger l’erreur du lien. Et après avoir trouvé le moyen de repousser les chimères en fouillant dans le passé des Graärh, il pensait également avoir trouvé le moyen de résoudre ce problème. Le Bâoli, il y avait peut-être un moyen de l’utiliser pour défaire le lien une bonne fois pour toutes. Ainsi la menace des chimères serait irrémédiablement écartée, mais la menace que cette magie fait également peser sur son peuple le serait aussi. Cela nécessiterait sans doute de nombreuses recherches, mais le colérique était doté d’une détermination à toute épreuve.
Après s’en être allé trouver Illidim Barphrosh, l’Aaleeshaan de la légion Vat’Em’Medonis, pour obtenir l’autorisation de se rendre auprès du Bâoli pour l’étudier et trouver un moyen de vaincre le lien, le dragon devait à présent obtenir une deuxième autorisation. Le rouge n’avait rien à reprocher aux graärh et il savait être sur une terre qui leur appartenait. Aussi pouvait-il consentir d’accepter de se plier à quelques règles pour se rendre sur la terre sacrée du peuple félidé. Même s’il avait plus que grandement contribué à la redécouvrir. Mais le rouge ne doutait que ce peuple animal saurait l’en remercier, en lui donnant l’accès. Après tout l’une des Aaleeshaan l’avait déjà fait, alors la seconde le ferait surement.
Pour autant l’occasion de rencontrer véritablement qui se nommait Sa'Hila ne s’était pas présentée. Il y avait eu fort à faire et Verith avait été fort occupé. Déjà parce qu’il y avait eu la naissance de ses jumeaux. Mais ensuite parce qu’il avait dû tenir la promesse de son engagement auprès de la légion du nord, les aidant à détruire Aerthia. Ce dernier point avait été assez rapidement, les vampires avaient déserté la zone avant l’arrivée des troupes Graärh. Au final il lui avait suffi de donner quelques coups de patte pour aider à la destruction des quelques édifices dressés. Le dragon libre avait été quelque peu déçu. Il aurait apprécié infliger une défaite cuisante aux vampires. Après tout, ils le méritaient.
Toutefois, cette occasion se présentait à présent. Verith savait que l’Aaleeshaan de la légion de Vat’Aan’Ruda se trouvait sur l’île de Tiamat. Les deux légions coopéraient là-bas pour la défense du Bâoli. Le colérique était assez content d’apprendre cela. Au moins les Graärh éviteraient-ils que des bipèdes ne s’en approchent trop facilement, ce qui serait assurément une mauvaise chose. Ayant décidé de piquer une tête et se déplaçant à présent sous l’eau alors qu’il approchait de l’île volcanique. En profitant au passage pour saisir un banc de poissons et ainsi se sustenter. Verith commença à présent à remonter vers la surface. Sa destination était en vue. Ses écailles commençaient à fendre la surface de l’eau à mesure que la profondeur se faisant moins grande. Au final, c’est en marchant jusqu’à la plage que le colérique fit son arrivée. Ceci dénotait grandement avec ce dont il avait l’habitude. Cette fois, c’était … plus simple ? Du moins pas totalement. À mesure qu’il approchait du rivage, celui qu’on avait surnommé il y a peu l’accusateur avait ouvert la gueule et celle-ci commençait à charger de flamme. Alors qu’il arrivait près du camp félidé on aurait pu penser qu’il préparait une attaque, mais il n’en était rien. Le rouge finit par fermer sa gueule et ravala ses propres flammes. La chaleur se dégageant du dragon grimpa en flèche et de la vapeur se mit à s’échapper de lui. Le rouge se séchait de l’eau pouvant encore se trouver entre ses écailles suite à cette petite baignade.
À son approche, quelques félins s’étaient approchés de lui. Se trouvait parmi eux celle pour qui il était venu.
« Salutation, veilleurs du Bâoli. Je suis Verith de l’ire, le dragon libre. Je viens de l’île où l’hiver règne en maitre. J’ai obtenu l’autorisation d’Illidim Barphrosh, l’Aaleeshaan de la légion Vat’Em’Medonis, pour poser pattes sur cette terre. » L’enfant de l’orage fit bouger son fil d’or pour venir saisir l’objet qui lui avait été remis par la graärh aveugle. Pour se rendre ici, il fallait obtenir l’autorisation d’une Aaleeshaan, mais pour se rendre au cœur du volcan, il fallait l’autorisation des deux. Bientôt, celle qu’il reconnut comme était Sa’Hila s’approcha et utilisa le lien télépathique qu’il avait établi pour lui répondre. Cette dernière sembla étrangement à l’aise avec cette méthode de communication. Le fait qu’elle l’utilise immédiatement au lieu de parler verbalement en était la preuve. C’était étrange.
« Je suis honorée de vous rencontrer, Verith de l'Ire. Je suis Sa'Hila, Kamda Aaleeshaan de Néthéril et voici Par'Mani et Par'Vati, mes sœurs et protectrices. Quel bon vent a gonflé vos ailes jusqu'ici ? »Le fil d’or du rouge se dirigea vers cette dernière à qui il remit l’objet l’autorisant à venir.
« Fille de l’ile d’été, tu me sembles bien familière avec la communication télépathique. » La voix mentale du dragon était teintée d’interrogation et d’un léger soupçon de méfiance. Il continua toutefois.
« Je viens me rendre compte de l’avancée des défenses de ce lieu, mais également m’assurer qu’aucun bipède que vous n’auriez autorisé ne rôde dans le coin. Vous détenez là un trésor qui attisera sans le moindre doute leur avarice. Mais je ne suis pas venu ici pour être porteur de mise en garde. » Le rouge pointa du bout de la griffe l’objet qu’il venait de remettre à Sa’Hila.
« Votre consœur Aaleeshaan, plus que me donner l’autorisation de me poser sur cette l’île, m’a également donné son autorisation pour me rendre au sein du Bâoli. Je sais qu’il me faut également obtenir votre autorisation avant de pouvoir y entrer. C’est bien volontairement que je me plie à votre formalisme pour accéder à ce lieu qui est sacré à vos yeux. Et que j’ai grandement aidé à redécouvrir. » Le rouge indiqua être venu ici avec des attentions pacifique, mais également volontariste, sans toutefois s’empêcher de rappeler que sans son aide ce lieu n’aurait pas été redécouvert par les graärh. Et par extension que les chimères n’auraient pu être vaincues.
« Ce qui se trouve dans le volcan a apporté la solution pour repousser les chimères. Mais je crains que cet ennemi ne soit pas encore pleinement vaincu. J’apprécierais que vous m’autorisiez également à m’y rendre afin de pouvoir l’étudier et y trouver les réponses que je cherche. Je suis bien entendu prêt à apporter mon aide à vos propres recherches. Je me doute que certaines sont liées aux miennes. »