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descriptionTerre de feu, feu dragon ... dragon de l'Ire ? [Sa'Hila et Verith] EmptyTerre de feu, feu dragon ... dragon de l'Ire ? [Sa'Hila et Verith]

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22 Juillet 1763
Plage de Vaalaamuk

Le contact frais de l'eau arracha un ronronnement de contentement à l'Aaleeshaan alors qu'elle trempait ses pattes. Ses coussinets malmenés par l'environnement volcanique de Vaalaamuk semblaient reprendre vie. Elle en soupira d'aise. Ses sœurs et même Bahvika, qui détestait l'eau, l'avaient rejoint. Bien plus éloquent que des mots, leur regard ne pouvait que transparaître le bonheur de faire trempette.

Il fallait dire qu'elles n'avaient pas volé ce moment de repos. Depuis des mois, quatre plus précisément, Sa'Hila n'avait eu de cesse de superviser la sécurité du Baôli. Jamais elle n'avait eu autant de travail et jamais elle n'avait autant bougé hors du village de la Légion par ailleurs. Les débuts avaient difficiles, très difficiles... Il lui avait fallu déployer des efforts considérables pour ravaler sa fierté et collaborer avec Kamda Illidim. Les deux femelles, dont les caractères et méthodes étaient diamétralement opposés, n'avaient pourtant pas commencer leur relation sur de bonnes bases. Ce n'était par pour rien que Vat'Em'Medonis et Vat'Aan'Ruda avaient gardé leur distance pendant tout ce temps. Mais les circonstances obligeant, la Dompteuse avait fait un travail sur elle et tout mit en oeuvre pour protéger l'héritage du peuple graärh. Cela lui avait coûté, piquée au vif dans son orgueil, d'admettre que la Légion du Nord regorgeait de forces de la nature. Les Trand étaient pour la plupart massifs, puissants et se frotter à eux était pure folie. Mais... si le blizzard de Paadshail forgeait certes de grands guerriers, confrontés aux chaleurs extrêmes du volcan, les Medonis n'en menaient pas large. Ce qu'ils ne possédaient pas en muscles et puissance, les Garal possédaient cependant une capacité d’adaptation climatique nettement plus avantagée, la savane ayant des températures plus abordables. Devant ces simples fait, il était vite apparu comme vitale une entende entre les deux Légions, au final très complémentaires. Vat'Em'Medonis fournissait de puissants guerriers et des navires, Vat'Aan'Ruda un savoir magique et du ravitaillement. Permettre d'établir un camp fortifié à l'entrée du Baôli avait été une tâche colossale mais pas impossible pour les natifs de l'Archipel, les Esprits ayant visiblement béni cette entente entre ce peuple si longtemps divisé.

Sa'Hila elle-même avait participé à la mise en place des barrières magiques pour protéger l'endroit le plus sacré des Graärh. Si elle n'était pas la plus grande des guerrières, on ne pouvait décemment pas lui enlever sa compréhension et sa maîtrise des énergies naturelles. Parfois jusqu'à épuisement, elle avait travaillé, en compagnie de vingtaines de mages graärh -essentiellement Garal-d'arrache pied. Mais finalement, tout leur efforts avaient finis par payer. La Kamda Aaleeshaan était fière de pouvoir dire que jamais plus le Baôli ne serait laissé sans protection. Mais surtout -surtout !- jamais plus l’ignominie de leur ancêtres ne serait reproduite.

En effet, une des grandes décision de Sa'Hila fut d'encourager l'exploration de leur passé plus en profondeur et de garder des traces écrites de leur histoire. Elle jugeait que son peuple avait suffisamment payé ses crimes passés et régressé jusqu'à ne devenir que l'ombre de ce qu'il était jadis ! Les Graärh avaient suffisamment compris la dure leçon de la vanité de leurs ancêtres et se devaient maintenant de montrer au monde de quels poils ils étaient faits !

D'ailleurs, la Danse-fauve devait partir dans les jours à venir. Les derniers préparatifs pour la grande bataille contre les pirates venaient d'être achevés et elle mènerait elle-même l'assaut. Rien ne l'empêcherait d'exterminer ces résidus d'Ashuddh de son île ! A part... peut-être... cet inquiétant tourbillon ?

D'énormes bulles crevaient en effet la surface calme de la mer devant elle, ondoyant furieusement la surface jusqu'alors calme. Bahvika fut le premier à pressentir le danger et se mit à grogner en direction de l'origine des vagues de plus en plus grosses qui se formaient à présent. Légèrement inquiète, Sa'Hila vit apparaître soudainement un rocher émerger des tréfonds marins. Non... pas un rocher... une corne, puis deux, puis des écailles carmines, et puis enfin, un œil. Gigantesque. Ridiculement, grotesquement gigantesque.

Verith de l'Ire. Nul besoin de tergiverser dix ans, elle savait à qui exactement appartenait cette œil. Et même si elle ne l'avait qu'entraperçu fendre les cieux en direction de la funeste île volante il y a quatre mois de cela, sa réputation et les rumeurs l'entourant le précédaient. Cependant, elle ne savait pas trop quelle position adopter. Etant la représente de tout un peuple, elle n'avait eu à plier le genou devant quiconque depuis des années. Seuls les Esprits étaient au-dessus d'elle... en théorie. Même si les dragons étaient effectivement des semi-divinités, catalyseur de la magie de plusieurs races, ils ne représentaient rien pour les graärh, si ce n'était un gros questionnement sur leur position dans la chaîne alimentaire. Sentant s'ouvrir un lien mental dans son esprit, elle opta finalement pour une inclinaison respectueuse vers l'illustre saurien.

#Je suis honorée de vous rencontrer, Verith de l'Ire. Je suis Sa'Hila, Kamda Aaleeshaan de Néthéril et voici Par'Mani et Par'Vati, mes sœurs et protectrices. Quel bon vent a gonflé vos ailes jusqu'ici ?#

Elle croisa les griffes pour que la formulation ne soit pas mal prise par l'antique créature. Ne l’appelait-on pas aussi "Verith, le Colérique" après tout ?

descriptionTerre de feu, feu dragon ... dragon de l'Ire ? [Sa'Hila et Verith] EmptyRe: Terre de feu, feu dragon ... dragon de l'Ire ? [Sa'Hila et Verith]

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¤ Au centre de tout ¤

[justify]Les Chimères avaient été vaincues … du moins c’est ce que laisser présager l’état actuel des choses. Pour autant, le rouge n’en était pas totalement convaincu. Les derniers mots de Gilgamesh résonnaient encore dans son esprit. Ils n’étaient parvenus qu’à repousser les chimères, elles pouvaient encore revenir en ce monde, de la même façon qu’elles y étaient venues. Ce moyen existait encore et il existerait toujours à moins d’agir pour le neutraliser. Le combat de Verith était encore le même. Il avait toujours été le même. Et plus le temps à avançait, plus les conflits s’accumulaient, plus il se rendait compte que tout était lié. La faute d’un seul. Les actions d’un seul être avaient dévié le monde du destin qui lui avait tracé les dieux, le conduisant sur cette voie carmin. Pour autant, ce qui avait été fait était fait. Rien ne pouvait changer le passé et il serait idiot de vouloir corriger les choses de telle sorte à revenir sur la voie originelle. Cette initialement tracé par les dieux. Verith ne le souhaitait pas. Car cela nécessitait de pardonner des erreurs qui ne pouvaient l’être. D’oublier des éléments qui ne pouvaient l’être. Mais plus encore, cela serait faire preuve d’irresponsabilité et de lâcheté. On ne peut faire table de rase du passé. Il faut vivre et assumer les choix et erreurs qui ont été faits. Et c’est bien ce que comptait faire le rouge avec ce monde.

Edwyn Rudy, l’honnit d’entre tous, celui qui avait irrémédiablement changé le destin, le Tarenth qui avait voulu voir plus loin qu’il ne le devait, créateur du lien et celui ayant conduit son peuple à la révolte contre les déesses. L’enfant de l’orage se considérait comme la réponse à ce dernier. À la conséquence des fautes commises par celui-ci. Verith ne serait pas celui qui permettrait de faire machine arrière afin de faire comme si toutes les erreurs n’étaient jamais arrivées. Au contraire, il serait celui qui ferait en sorte que jamais les erreurs commises ne soient oubliées, mais plus encore il serait celui qui ferait avancer les choses en tentant de faire aller ce monde sur une nouvelle voie. Pas celle tracée par les déesses. Pas celle imposée par la déviance d’Edwyn. Mais une toute autre où les erreurs seraient pleinement assumées et corrigées.

Si le monde en était là aujourd’hui, c’est bien à cause de trois grandes erreurs. Le paradoxe d’Edwyn, la création du lien et l’inaction des dieux.

Edwyn avait créé un paradoxe en observant l’avenir plus loin qu’il ne lui était possible. Il a vu le destin que sa transgression venait de créer et d’irrémédiablement sceller. Les Tarenth n’étaient plus, remplacer par trois races barbares se faisant perpétuellement la guerre. Son peuple était destiné à guider ces trois races, mais en outrepassant ses droits et réclamant des comptes aux déesses, les Tarenth furent bannis d’Ambarhùna. Du fait de leur absence, les bipèdes se retrouvèrent sans guide et  furent dévorés par leur propre nature, entrant en guerre les unes contre les autres.

Comme si cela ne suffisait pas, Edwyn transgressa non pas une, mais deux fois, les limites des déesses. En touchant à l’âme, la Tarenth donna naissance à la magie de l’âme. Par sa première transgression, Edwyn avait condamné ce monde à la violence et au chaos. Par sa deuxième transgression, il venait à présent de condamner ce monde à la destruction par les chimères.

Pour autant, quand bien même les crimes d’Edwyn sont impardonnables et relèvent de l’avarice et de l’égo. Ce fut la paresse des dieux qui entérina de sceller le destin de ce monde. Ceux-ci ont banni les Tarenth et scellé la mémoire des dragons en ce qui concerne ces événements antiques avant de tout bonnement disparaitre. Le monde qu’ils ont créé avait vu son destin changer et ils n’ont rien fait pour tenter de corriger les choses, de remédier aux problèmes. Non, bien au contraire, ils ont laissé faire. Ils ont abandonné leurs créations à leur propre sort. Celui de la violence et de la destruction. Alors qu’ils avaient le pouvoir de tout changer.

Ces biens par ces trois fautes que le monde en est là aujourd’hui. Si les déesses avaient payé le prix de leurs erreurs par la mort, il en restait aujourd’hui deux autres dont il fallait s’occuper. Le paradoxe d’Edwyn et la création du lien. Verith avait la ferme attention de s’occuper des deux. Tout d’abord le lien, dont la destruction était rendue nécessaire pour empêcher le retour des chimères et donc la destruction irrémédiable de ce monde. Ensuite, le paradoxe d’Edwyn. Néanmoins, en ce qui concerne ce deuxième point, le rouge n’avait pas l’intention d’arranger les choses. Bien au contraire. Les bipèdes avaient besoin d’un guide. Les déesses l’avaient prévu ainsi. Sans guide, ils étaient incapables de connaitre la paix. Mais ce rôle de guide, c’était aux Tarenth de l’assumer, hors ces derniers ne sont plus et les déesses ont abandonné les bipèdes à leur sort. Malheureusement, l’enfant de l’orage ne considère pas que ce soit aux dragons de reprendre ce rôle, quand bien même ils étaient là il y a des centaines de milliers d’années et qu’ils avaient côtoyé les Tarenth et les dieux. Si Verith voyait les choses ainsi, c’est parce qu’il estimait qu’il n’appartenait pas à son peuple de supporter la charge et les erreurs d’Edwyn, des Tarenth et des dieux. Mais plus encore, si le colérique voyait les choses ainsi, c’est parce qu’il savait que toute tentative des dragons de remplir se rôle serait voué à l’échec et à la souffrance. Comment en était-il si sur ? Il lui suffisait de contempler les actions passées de ses prédécesseurs. Les dragons liés n’avaient su être des guides pour les bipèdes. L’esprit-dragon n’avait su être un guide pour les bipèdes. Et même l’abandon de la magie n’avait su ramener les bipèdes sur le droit chemin. Les bipèdes étaient condamnés à leur sort. Il n’y avait donc d’autres solutions que de les détruire pour empêcher le mal qui provoquait et l’empêcher de se répandre à la surface du monde. Il s’agissait là de la seule solution pour détourner le monde de la voie menant à la violence et au chaos.

Verith avait longtemps cherché un moyen de corriger l’erreur du lien. Et après avoir trouvé le moyen de repousser les chimères en fouillant dans le passé des Graärh, il pensait également avoir trouvé le moyen de résoudre ce problème. Le Bâoli, il y avait peut-être un moyen de l’utiliser pour défaire le lien une bonne fois pour toutes. Ainsi la menace des chimères serait irrémédiablement écartée, mais la menace que cette magie fait également peser sur son peuple le serait aussi. Cela nécessiterait sans doute de nombreuses recherches, mais le colérique était doté d’une détermination à toute épreuve.

Après s’en être allé trouver Illidim Barphrosh, l’Aaleeshaan de la légion Vat’Em’Medonis, pour obtenir l’autorisation de se rendre auprès du Bâoli pour l’étudier et trouver un moyen de vaincre le lien, le dragon devait à présent obtenir une deuxième autorisation. Le rouge n’avait rien à reprocher aux graärh et il savait être sur une terre qui leur appartenait. Aussi pouvait-il consentir d’accepter de se plier à quelques règles pour se rendre sur la terre sacrée du peuple félidé. Même s’il avait plus que grandement contribué à la redécouvrir. Mais le rouge ne doutait que ce peuple animal saurait l’en remercier, en lui donnant l’accès. Après tout l’une des Aaleeshaan l’avait déjà fait, alors la seconde le ferait surement.

Pour autant l’occasion de rencontrer véritablement qui se nommait Sa'Hila ne s’était pas présentée. Il y avait eu fort à faire et Verith avait été fort occupé. Déjà parce qu’il y avait eu la naissance de ses jumeaux. Mais ensuite parce qu’il avait dû tenir la promesse de son engagement auprès de la légion du nord, les aidant à détruire Aerthia. Ce dernier point avait été assez rapidement, les vampires avaient déserté la zone avant l’arrivée des troupes Graärh. Au final il lui avait suffi de donner quelques coups de patte pour aider à la destruction des quelques édifices dressés. Le dragon libre avait été quelque peu déçu. Il aurait apprécié infliger une défaite cuisante aux vampires. Après tout, ils le méritaient.

Toutefois, cette occasion se présentait à présent. Verith savait que l’Aaleeshaan de la légion de Vat’Aan’Ruda se trouvait sur l’île de Tiamat. Les deux légions coopéraient là-bas pour la défense du Bâoli. Le colérique était assez content d’apprendre cela. Au moins les Graärh éviteraient-ils que des bipèdes ne s’en approchent trop facilement, ce qui serait assurément une mauvaise chose. Ayant décidé de piquer une tête et se déplaçant à présent sous l’eau alors qu’il approchait de l’île volcanique. En profitant au passage pour saisir un banc de poissons et ainsi se sustenter. Verith commença à présent à remonter vers la surface. Sa destination était en vue. Ses écailles commençaient à fendre la surface de l’eau à mesure que la profondeur se faisant moins grande. Au final, c’est en marchant jusqu’à la plage que le colérique fit son arrivée. Ceci dénotait grandement avec ce dont il avait l’habitude. Cette fois, c’était … plus simple ? Du moins pas totalement. À mesure qu’il approchait du rivage, celui qu’on avait surnommé il y a peu l’accusateur avait ouvert la gueule et celle-ci commençait à charger de flamme. Alors qu’il arrivait près du camp félidé on aurait pu penser qu’il préparait une attaque, mais il n’en était rien. Le rouge finit par fermer sa gueule et ravala ses propres flammes. La chaleur se dégageant du dragon grimpa en flèche et de la vapeur se mit à s’échapper de lui. Le rouge se séchait de l’eau pouvant encore se trouver entre ses écailles suite à cette petite baignade.

À son approche, quelques félins s’étaient approchés de lui. Se trouvait parmi eux celle pour qui il était venu.

« Salutation, veilleurs du Bâoli. Je suis Verith de l’ire, le dragon libre. Je viens de l’île où l’hiver règne en maitre. J’ai obtenu l’autorisation d’Illidim Barphrosh, l’Aaleeshaan de la légion Vat’Em’Medonis, pour poser pattes sur cette terre. »

L’enfant de l’orage fit bouger son fil d’or pour venir saisir l’objet qui lui avait été remis par la graärh aveugle. Pour se rendre ici, il fallait obtenir l’autorisation d’une Aaleeshaan, mais pour se rendre au cœur du volcan, il fallait l’autorisation des deux. Bientôt, celle qu’il reconnut comme était Sa’Hila s’approcha et utilisa le lien télépathique qu’il avait établi pour lui répondre. Cette dernière sembla étrangement à l’aise avec cette méthode de communication. Le fait qu’elle l’utilise immédiatement au lieu de parler verbalement en était la preuve. C’était étrange.

« Je suis honorée de vous rencontrer, Verith de l'Ire. Je suis Sa'Hila, Kamda Aaleeshaan de Néthéril et voici Par'Mani et Par'Vati, mes sœurs et protectrices. Quel bon vent a gonflé vos ailes jusqu'ici ? »

Le fil d’or du rouge se dirigea vers cette dernière à qui il remit l’objet l’autorisant à venir.

« Fille de l’ile d’été, tu me sembles bien familière avec la communication télépathique. »

La voix mentale du dragon était teintée d’interrogation et d’un léger soupçon de méfiance. Il continua toutefois.

« Je viens me rendre compte de l’avancée des défenses de ce lieu, mais également m’assurer qu’aucun bipède que vous n’auriez autorisé ne rôde dans le coin. Vous détenez là un trésor qui attisera sans le moindre doute leur avarice. Mais je ne suis pas venu ici pour être porteur de mise en garde. »

Le rouge pointa du bout de la griffe l’objet qu’il venait de remettre à Sa’Hila.

« Votre consœur Aaleeshaan, plus que me donner l’autorisation de me poser sur cette l’île, m’a également donné son autorisation pour me rendre au sein du Bâoli. Je sais qu’il me faut également obtenir votre autorisation avant de pouvoir y entrer. C’est bien volontairement que je me plie à votre formalisme pour accéder à ce lieu qui est sacré à vos yeux. Et que j’ai grandement aidé à redécouvrir. »

Le rouge indiqua être venu ici avec des attentions pacifique, mais également volontariste, sans toutefois s’empêcher de rappeler que sans son aide ce lieu n’aurait pas été redécouvert par les graärh. Et par extension que les chimères n’auraient pu être vaincues.

« Ce qui se trouve dans le volcan a apporté la solution pour repousser les chimères. Mais je crains que cet ennemi ne soit pas encore pleinement vaincu. J’apprécierais que vous m’autorisiez également à m’y rendre afin de pouvoir l’étudier et y trouver les réponses que je cherche. Je suis bien entendu prêt à apporter mon aide à vos propres recherches. Je me doute que certaines sont liées aux miennes. »

descriptionTerre de feu, feu dragon ... dragon de l'Ire ? [Sa'Hila et Verith] EmptyRe: Terre de feu, feu dragon ... dragon de l'Ire ? [Sa'Hila et Verith]

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Sa'Hila devait bien avouer que le dragon était... terrifiant. Si elle arrivait à faire bonne figure, les mouvements sporadiques de sa queue s'étaient intensifiés et c'est un peu tremblante qu'elle réceptionna l'objet que lui tendait le grand rouge. Mais même si elle était terrifiée, son esprit ne s'empêchait pas de réfléchir et elle se dit, amusée, qu'elle avait là, la réponse à une question qu'elle se posait depuis longtemps : comment les dragons faisaient pour interagir avec les bipèdes, si petits en comparaison. Elle ne s'avait pas comment ce fil doré fonctionnait, mais c'était clairement pratique.
Tout en étudiant attentivement ce qu'elle avait au creux du coussinet, elle écouta les propos et interrogations du saurien. Visiblement, la télépathie était un sujet sensible chez le dragon libre. Elle ne comprenait pas vraiment en quoi c'était un problème, mais elle sentait qu'elle devait s'expliquer. Il semblait tout à fait disposé à coopérer, autant ne pas attirer ses foudres.

#Je suis liée au Geai Moqueur. En tant que Kamda Aaleeshaan, j'ai l'habitude d'être en  permanence en contact avec les autres tribus de mon île. C'est devenu comme ... une seconde nature chez moi si vous voulez.#

Comme pour prouver ses dires, elle s'efforçait, tout en lui parlant , de calmer Bahvika, le poil gonflé par la peur, qui grognait et gémissait vers ce qu'il ne savait pas s'il s'agissait d'une menace ou non.
Cela faisait plus de dix ans, si ce n'était plus, qu'elle était habituée à ouvrir son esprit aux autres Geais, en plus des autres animaux que le Cheval lui permettait de communiquer. Cette capacité était devenue aussi naturelle que respirer. Même son tatouage, personnel et unique, existait en ce sens. "L'Amitié du Geai Moqueur", comme elle aimait à l'appeler, lui permettait de pousser encore plus loin les limites de ses  pouvoirs de télépathie. Alors oui, dire que Sa'Hila était familière avec ce mode de communication était un doux euphémisme.
Et l'Aaleeshaan imaginait parfaitement que le grand dragon était au courant pour les Esprits-Liés, aussi elle ne s'attarda pas dessus. D'autres considérations méritaient son attention.

#Je peux vous assurer que le Baôli est à présent entre de bonnes pattes. Nous avons perdu ce site sacré depuis trop longtemps pour laisser quelque Sans-Poils y poser ne serait-ce que les yeux dessus. L'aide incommensurable apportée par les Baptistrels ne peut être niée, mais elle résultait de circonstances exceptionnelles. Jamais plus Vaalaamuk ne sera foulée par des bottes de Peau-Lisse sans une bonne raison, ni sans une bonne escorte.#

Rien ne l'obligeait à se justifier, tout puissant dragon qu'il était. Mais c'était bien parce qu'il était indéniablement la créature la plus puissante de l'Archipel à ce jour, et que malgré cela, il acceptait de se soumettre à leur règles, presque dérisoires à côté de sa force.

#Et malgré votre aide à sa redécouverte et à sa protection, je me dois de vous demander de me préciser ce que vous y cherchez. Kamda Illidim semble avoir été convaincue par vos propos, mais je n'ai pas encore eu le privilège d'entendre vos arguments. Comprenez que toutes ces précautions sont nécessaires, compte tenu de la puissance de ces lieux. Jadis nos ancêtres ont été aveuglés par l'appât du pouvoir. Une telle chose ne doit pas se reproduire. Même moi qui suis une gardienne de cet héritage ne peut pas y entrer sans une bonne raison.#

Sentant que la conversation allait durer encore un petit instant, la Danse-Fauve invoqua un golem de smilodon et s'en servit pour s'appuyer dessus. Même s'ils parlaient par télépathie, Sa'Hila regardait respectueusement le Dragon de l'Ire droit dans l'oeil.
Par'Mani et Par'Vati en firent de même et s'assirent à même le sol. Leur soeur les ayant rassuré que l'écailleux ne les attaquerait pas.

#Depuis quelque temps, il se murmure et se ronronne parmi les miens que les Chimères auraient été libérée à cause des "dragons-liés". Puis-je décemment  assumer qu'il s'agit d'une de vos pistes pour votre quête ?#

Mine de rien, Sa'Hila restait bien informée de ce qu'il se racontait sur son île. C'était son rôle après tout. Et puis, elle n'était pas née de la dernière mousson, elle se doutait que le grand rouge en connaissait un rayon en matière de magie. Et si elle ne connaissait rien du tout sur les dragons, elle-même était assez calée pour déduire un minimum de la fiabilité de ce qu'il lui dirait.

#De plus, outre la légitimité de votre requête, je me dois de vous demander comment comptez-vous vous rendre au sein du Baôli ?#

Cette dernière question était réellement emprunte d'une vraie curiosité. Elle ne lui faisait évidemment pas l'affront de lui rappeler qu'il ne rentrerait jamais son corps gargantuesque dans l'étroit boyau menant au nexus. Aussi, elle imaginait bien que le centenaire avait un atout dans ses écailles et elle était bien curieuse de savoir quoi.

descriptionTerre de feu, feu dragon ... dragon de l'Ire ? [Sa'Hila et Verith] EmptyRe: Terre de feu, feu dragon ... dragon de l'Ire ? [Sa'Hila et Verith]

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¤ Le nœud du problème ¤

La capacité télépathique de la graärh éveilla la curiosité du dragon, ainsi qu’un léger soupçon. Originellement, seule son espèce était capable d’une telle prouesse. Il s’agissait de leur mode de communication. Il s’agissait d’un don qu’une minorité d’individus, en dehors des dragons, possédait. Et il aimerait bien connaitre la raison à cela. Le rouge savait que les dragonniers en étaient également capables, fruit de la magie du lien qui permettait aux misérables bipèdes de plagier certaines de leur capacité. Pour autant, le rouge ne posa aucune question, du moins aucune question directe. Cela n’empêcha pas la créature féline d’y répondre. Celle-ci s’expliqua le plus simplement du monde. Il s’agissait là d’un don de son esprit-lié. Ainsi, certaines de ces entités étaient capables de conférer ce don. Le rouge avait certes de vastes connaissances, mais celle en matière d’esprit-lié restait encore limitée. Son peuple n’était pas béni par ces entités. Il s’agissait d’un outil de bipède, le rouge ne s’y était donc qu’intéresser que quelque peu, car il pouvait s’agir d’une arme que ceux-ci utiliseraient probablement contre les siens. Ils n’avaient toutefois pas poussé sa réflexion plus loin, ou du moins n’avait-il pas pu. Il avait eu fort à faire ces dernières années et les esprits-liés n’étaient pas apparu comme une arme utiles pour combattre ceux qu’il avait à combattre. Mais sans doute aurait-il le loisir de combler cette lacune en côtoyant les graärh et le Bâoli. Après tout ce peuple et cette source de magie y étaient étroitement liés.

"Je peux vous assurer que le Bâoli est à présent entre de bonnes pattes. Nous avons perdu ce site sacré depuis trop longtemps pour laisser quelque Sans-Poils y poser ne serait-ce que les yeux dessus. L'aide incommensurable apportée par les Baptistrels ne peut être niée, mais elle résultait de circonstances exceptionnelles. Jamais plus Vaalaamuk ne sera foulée par des bottes de Peau-Lisse sans une bonne raison, ni sans une bonne escorte."

Verith avait annoncé qu’il n’était pas venu ici pour être un porteur de mise en garde, pourtant cela le dérangeait grandement. La féline faisait preuve d’une certaine suffisance, née de l’ignorance du mal des bipèdes. Le colérique se garda toutefois de faire une quelconque remarque. Il aurait bien l’occasion de faire des mises en garde à l’avenir. Et puis, il avait déjà partagé son savoir avec l'Aaleeshaan du nord, il comptait sur celle-ci pour prendre ses avertissements avec la plus grande considération, et pour les partager avec sa consœur du sud.

« Je ne connais que trop bien les conséquences désastreuses qu’entraine la soif de pouvoir. Une terre ravagée, un peuple honni, un monde meurtri, une destinée altérée. J’ai pu, aussi bien malheureusement qu’heureusement, les observer longuement et au plus proche. Vos précautions vous honorent et je m’y soumets bien volontiers. Le commun des mortels tire les leçons de leurs propres erreurs, les plus sages d’entre eux tirent les leçons des erreurs des autres. Je ne peux que vous féliciter de faire partie vous aussi de cette seconde catégorie, mais surtout d’en tirer de véritable leçon. Continuez ainsi et vous promettrez un avenir radieux à votre peuple. Ce qui n’est malheureusement pas le cas des bipèdes. »

Le rouge laissa échapper un profond soupir de lassitude à la fin de cette phrase et se reprit toutefois rapidement.

« Votre rumeur est imparfaite. Dragons-liés et bipèdes-liés ont une part de responsabilité indéniable en effet, mais ils ne sont que le vecteur de la véritable source du problème : la magie du lien. Toutefois, la responsabilité de ces vecteurs dans le cadre de la menace des chimères est véritablement pleine et entière à partir d’aujourd’hui. Ils sont au fait de la menace qu’ils font peser sur le monde. C’est à eux d’en tirer les conséquences. Néanmoins, je doute profondément qu’ils en soient capables, car le mal qui les ronge est insidieux. »

Verith marqua une courte pause avant de reprendre aussi tôt.

« Vous présumez bien, Fille de l’ile d’été. J’ai toujours eu le lien en horreur et chaque découverte que je fais à son sujet me donne raison. Cette magie est le fruit d’un tabou, d’un interdit violé, d’un individu aveuglé par sa soif de pouvoir, une entrave à la liberté du corps et de l’esprit, un vecteur de chaos et de désordre. Et à présent la clé servant à libérer un fléau de sa cage, apte à détruire la création. J’ai pour quête de le détruire. Il est une erreur qui doit être corrigée … une de plus qu’il me faut absolument corriger. »

Le regard du colérique se porta vers l’entrée à flanc du volcan permettant d’accéder à son cœur et au Bâoli.

« Tout ce qui fut créé, peut-être détruit. J’espère qu’en étudiant le Bâoli, je trouverais un moyen de vaincre cette menace, comme il a permis de repousser les chimères. Ainsi, les souffrances qu’il a causées cesseront à jamais, incapables de se renouveler. »

La détermination du colérique était palpable dans ses paroles. Il avait le devoir de le faire. Mais plus précisément, il parviendrait à le faire. Le rouge ne doutait pas de sa capacité et de son devoir. L’héritage d’Edwyn devait être détruit.

"De plus, outre la légitimité de votre requête, je me dois de vous demander comment comptez-vous vous rendre au sein du Bâoli ?"

La question arracha un léger sourire colosse de flamme.

« S’il avait s’agit d’une montagne conventionnelle, j’aurais peut-être creusé sa façade afin de pouvoir l’atteindre. Mais il s’agit d’un volcan, ses petites choses sont capricieuses et je ne voudrais pas provoquer une catastrophe. Sans compter que vous n’apprécierez peut-être pas. Je passerais donc par l’entrée conventionnelle. »

Le regard du colérique se posa sur la créature de pierre que la graärh avait créée par magie et il la pointa de la griffe.

« J’utiliserais ceci si vous me le permettez. Il me suffira de me glisser dans son ombre pour en prendre le contrôle et me déplacer à ma guise même dans les petits espaces. »


Dernière édition par Verith le Dim 15 Déc 2019 - 20:35, édité 1 fois

descriptionTerre de feu, feu dragon ... dragon de l'Ire ? [Sa'Hila et Verith] EmptyRe: Terre de feu, feu dragon ... dragon de l'Ire ? [Sa'Hila et Verith]

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Sa’Hila sourit aux explications du grand rouge. Elle était heureuse de constater qu’ils étaient sur la même longueur d’onde. Elle non plus ne comprenait pas les choix de leur ancêtres et leur décadence. Elle ne comprenait pas pourquoi ils avaient fait le choix d’enfermer la menace, quitte à ce qu’elle se libère par la suite. Il lui était impensable, à leur époque, de laisser passer une telle chose. A présent… le feu et la cendre couvaient le futur d’une aura sinistre…
Elle espérait bien que si elle venait à coopérer avec le saurien, elle puisse en bénéficier une aide en retour. Bien sûr, elle ne comptait pas le lui demander maintenant, elle devait d’abord le mettre en confiance, faire elle-même patte blanche et apprendre tout deux à connaître les projets et vision de l’autre. Alors elle écouta attentivement les tenants et aboutissants de la quête du colosse. Elle ne connaissait presque rien de la magie des sans-poil, très étroitement liée à celle des dragons, aussi cela l’intéressa grandement, même si le mot “lien” faisait naître un certain malaise, si celui-ci était associé à l’idée de l’éradiquer. Pour la native qu’elle était, le seul qu’elle avait toujours connu et que ce mot lui évoquait était celui des Esprits-Liés. C’était idiot, il s’agissait sans doute de termes sémantiques proches, mais elle ne pouvait s’empêcher de trembler à l’idée que le dragon géant ne rompt le lien si sacré des Graärh avec leur protecteurs. Elle avait beau être versée dans l’art magique des graärh, elle savait très peu des secrets du Baôli. A quel point était-il lié à l’énergie des Esprits ? A celle que les sans-poil appellaient la Trame ? C’était bien pour cela que la femelle tenait à entrer avec le dragon, pour s’assurer qu’une telle chose n’arrive pas.

“S’il avait s’agit d’une montagne conventionnelle, j’aurais peut-être creusé sa façade afin de pouvoir l’atteindre. Mais il s’agit d’un volcan, ses petites choses sont capricieuses et je ne voudrais pas provoquer une catastrophe. Sans compter que vous n’apprécierez peut-être pas. Je passerais donc par l’entrée conventionnelle.

Ses oreilles se dressèrent sur sa tête. Etait-ce… de l’humour ? De l’humour de dragon ? Elle avait bien vu son sourire -qui ne l’aurait pas vu à cette distance, et surtout vu la taille du saurien ?- mais elle n’était pas bien sûre. S’il se voulait drôle, et bien c’était raté. Son coeur avait raté un battement, l’image de la catastrophe qu’il évoquait avait facilement jailli dans son esprit et Bahvika lui-même avait senti le trouble de sa maîtresse et avait gémit. Allons bon, elle devait se ressaisir. Ils avaient survécu à une invasion d’être jugés invincibles, et le grand rouge avait démontré sa puissance. S’il avait vraiment mettre en pièce Vaalaamuk, il n’aurait pas pris en considération l’avis -ou la vie ?- des graärh…
Fermant, les yeux un instant, elle s’intima de souffler un peu. Parfois elle se surprenait à trop penser. Depuis qu’elle était en charge de Néthéril, elle prenait les choses parfois trop à coeur et imaginait les pires scénarios. On l’avait choisi comme Kamda pour cela, mais souvent ses soeurs le lui reprochaient, n’était-ce pour profiter simplement de la vie… ou de simples blagues dans le cas présent. S’accordant finalement elle aussi un sourire, elle darda ses yeux bicolores dans l’iris incandescent, son coutumier regard curieux. Le saurien lui réservait bien des surprises et elle avait hâte de voir s’il pouvait vraiment entrer son corps immense dans un si petit objet comparé à lui. Une telle démonstration de magie lui montrerait à n’en pas douter ses capacités quant à manipuler le Baôli.

Avisant le laisser-passer qu’elle tenait toujours à la main, elle plongea son autre main dans sa sacoche pendante à son côté et en extirpa l’autre moitié. Les portant à hauteur de son visage, elle en examina les moindres détails. Représentants les deux moitiés d’un médaillon, une pièce était constituée d’une griffe de Fenrisúlfr sur laquelle était gravé le symbole de Vat’Em’Medonis, et l’autre, une griffe de Smilodon sur laquelle figurait le symbole de Vat’Aan’Ruda. Chacune avait été taillée, ciselée et polie de sorte à ce que les deux parties s'emboîtent parfaitement, formant un cercle parfait. Les gravures minutieuses, ne pouvaient trompées l’oeil d’un graärh et prouvaient leur authenticité. Et Sa’Hila en était sûre et certaine puisqu’elle avait participé elle-même à leur création. Les deux parties réunies, une douce lueur semblait à présent émaner du médaillon complet. Seules cinq paires existaient, preuve que très peu d’élus pouvaient entrer dans le Baôli. Satisfaite, elle tendit l’objet à Verith.

#Et bien je suis curieuse de voir votre magie à l’oeuvre. En attendant, permettez-moi de vous conduire jusqu’au puit. Puisque vous voulez bien entrer par la porte principale, je serai votre guide.#

Joignant le geste à la parole, elle entreprit de se diriger vers le Baôli, non sans admirer l’oeuvre du dragon. C’était en assistant à ce genre de spectacle que l’Aaleeshaan se disait que la magie permettait quand même de faire des merveilles, si on l’utilisait à bon escient et pour les bonnes raisons. C’était à la fois fascinant et inquiétant, que de sentir perdre quelque peu le contrôle sur sa créature…
En tête de groupe, précédant ombre-verith, ses soeurs et Bahvika, Sa’Hila en profita pour faire part au saurien ses préoccupations sur une possible rupture du lien entre les Esprits et les Graärh. Kamda Illidim avait accepté de lui remettre l’autorisation, sans doute jugeait-elle qu’il n’y avait aucun risques. Cependant, elle ne pouvait s’empêcher de tempérer que l’aveugle était certes très aux courants des rituels de communions avec les Esprits, elle n’était pas une chamane très accomplie. Leurs visions, sans offense pour sa consoeur, étaient assez différentes sur ce point…

Il ne fallut guère plus d’une dizaine de minutes pour atteindre l’entrée du nexus. Toute traces de combat et de la sanglante bataille avaient été effacés au cours des derniers mois, et seules des stèles gravées ici et là témoignaient des évènements. Sa’Hila avait insisté à réhabiliter l’écriture dans leur peuple. Bien trop de sang avait coulé par absence d’informations, victimes du temps et des mythes. Les contrôles passés et les rituels de bénédiction effectués, il purent enfin descendre dans les profondeurs de la montagne de feu. Une certaine émotion s’emparait toujours de la femelle alpha, tant par l’importance du site que des sacrifices qui en avaient écoulés…

-Bien. Nous y voilà. Le Baôli. Notre lieux le plus sacré…

Elle n'avait pas besoin d'en dire plus, la vue singulière du lieu suffisait à le décrire. Sa voix se répercuta dans l’immensité de la caverne alors que son regard plongeait encore une fois dans le bassin de magie pure. Seuls ses remous attestaient que le temps ne s’était pas arrêté tant le silence était omniprésent.

-Par où voulez-vous commencer ? Avez-vous déjà réfléchi à des pistes ?

Arrachant à contre-coeur sa contemplation du bassin, elle fixait à présent la créature de magie. Autant elle avait vu les capacités des Baptistrels et pouvait comprendre un petit peu comment cela fonctionnait, autant elle n’avait strictement aucune idée de comment le dragon de l’Ire comptait s’y prendre...

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¤ Le cœur de l’archipel ¤

Verith put le sentir aussi distinctement qu’il sentait l’air marin se briser contre ses écailles telle une vague contre les récifs. Sa boutade avait fait frémir la féline et son inquiétude avait couru jusqu’à sa créature domestiquée. Mais était-ce vraiment une boutade ? Verith aurait probablement mis ses paroles à exécution s’il n’avait pu faire autrement et s’il n’y avait que des considérations mineures pouvant le conseiller de ne pas le faire. Fort heureusement, le rouge pouvait faire autrement et il y avait des considérations majeures à prendre en compte. L’enfant de l’orage n’avait rien contre les graärh, il n’avait donc aucune raison de chercher à les blesser, d’une façon ou d’une autre. Sa’Hila s’efforça toutefois à reprendre son calme, rien de plus normal, elle était une dirigeante et il aurait été fort décevant qu’elle cède à la panique. Illidim avait renvoyé une forte image à Verith. Toutefois, il ne s’attendait pas à ce Sa’Hila lui envoi la même, non, chaque chef à sa façon de servir les intérêts de son peuple.

Avant d’aller plus en avant, l’Aaleeshaan vint unir le pendentif que lui avait remis Verith avec un autre. Elle unit les deux preuves permettant à celui qui les possédait de fouler leur terre sacrée et de s’y plonger au plus profond. Elle tendit par la suite le nouvel objet au dragon qui s’en saisit à l’aide de son fil d’or, venant le placer au sein de son arme qui sembla s’adapter pour accueillir l’objet. Le carcan du tyran avait encore quelques avantages. Mais ils ne valaient pas l’humiliation qu’il avait subie et subissait encore. Un jour il parviendrait à jeter loin de lui cette marque du passé. Sa’Hila fit signe à Verith de la suivre et le rouge activa son sort. Comme un oiseau plongeant dans l’eau pour se saisir d’un poisson rodant trop proche de la surface, Verith plongea dans l’ombre du golem. Très vite le colosse disparut et il ne resta plus que le golem, qui projetait l’ombre d’un dragon. La magie de Verith vint enserrer l’automate de pierre et il en prit le contrôle. La trame vibrait encore de l’œuvre magique du dragon. L’inquiétude, ou plutôt le doute, résonnait dans l’esprit du colosse. Que se passerait-il à l’intérieur ? Verith ressentait sans difficulté la formidable puissance magique qui se dégageait du volcan. Mais une fois au plus proche du Baôli, comment celui-ci interagirait-il avec sa magie ? Parviendrait-il à maintenir sa forme ? Il le saurait très bientôt.

Le groupe se mit en marche et l’Aaleeshaan fit part au visiteur de son inquiétude quant à son projet de détruire le lien et l’influence que cela pourrait avoir entre le lien unissant les graärh et les esprits-liés.

« C’est une très bonne question que vous posez là, Fille de l’ile d’été. Pendant longtemps, l’étude de la magie ne m’a jamais réellement intéressé. Puis c’est en me rendant compte que je ne pouvais blesser les puissants ennemis qui me faisaient face à la seule force de mes griffes que j’ai commencé à pleinement m’y intéresser. J’ai appris beaucoup de choses sur la façon dont la magie et les énergies fonctionnent. Pour autant, je ne me suis jamais intéressé aux esprits-liés. Du moins, jusqu’à maintenant. Je savais qu’il pouvait être utilisé par les bipèdes, je savais donc qu’ils pouvaient être utilisés comme une arme contre moi. Mais, je n’y ai jamais vu une réelle menace. Car la magie est peu efficace contre les dragons et qu’ils disposent à ce titre d’autres armes.

Mon faible intérêt pour les esprits-liés vient aussi et surement du fait qu’ils ne sont pas liés à nous ... de la même façon qu'à vous et aux bipèdes j'entend. Nous, dragons, n’avons pas besoin de leur pouvoir, de leur protection. Car nous sommes peut-être suffisamment puissants. Mais ça ne veut pas dire que je ne sais rien à leur sujet. Ambarhùna n’a pas toujours connu la présence des esprits-liés. Au vu de l’ensemble de l’histoire du continent qui a vu naitre ma race, leur présence est récente. Ils sont arrivés, en même temps que les humains. Et ce n’est que plus tard que les esprits-liés se sont liés aux elfes et aux vampires. Enfin, quand mon espèce a quitté Ambarhùna et que la magie sur le continent a périclité, les Esprits-liés s’en sont trouvé eux aussi affectés. Leur présence a disparu. Et c’est quand les dragons ont refait surface, quand la magie sur le continent a connu un nouveau souffle, qu’ils ont refait leur apparition.

Au final, les esprits-liés sont aussi de la magie et nous dragons sommes ceux qui apportons la magie en ce monde. Par conséquent, ils seront là où les miens se trouveront. Cependant, ceci ne répond pas entièrement à votre inquiétude. Aussi vais-je être plus explicite. Les esprits-liés n’étaient pas présents sur Ambarhùna à l’époque où le lien a été créé. Celui qui a créé le lien n’avait pas la protection des esprits-liés. Et le lien influe sur les âmes, là où, d’après ce que j’en sais, les esprits-liés ne le font … sauf peut-être pour ce qui est de celui que l’on nomme l’inséparable. En conséquence, je ne pense pas que la disparition du lien impactera les Esprits-liés. Les dieux ont créé les esprits-liés. Et les dieux n’ont pas créé le lien. »


Verith disait ceci, pour autant cela ne veut pas pour autant dire que tout potentiel effet était écarté. Ce qui se trouve dans le cœur du volcan peut influer, suivant la manière dont il est utilisé. Si par hasard, le rouge trouvait un moyen de détruire le lien, mais que pour cela il devait utiliser le Baôli, peut-être que cela aurait un effet sur les esprits-liés dans la mesure où cette source de magie est étroitement liée à eux. Après tout, l’utilisation du Baôli pour défaire les chimères a entrainé de profondes perturbations dans la magie. Ce n’est donc pas la disparition du lien qui pouvait avoir une conséquence, mais la façon dont le fait disparaitre.

À force de discussions, le groupe avait commencé à pénétrer dans le volcan. À chaque pas, Verith sentait la magie s’intensifier. Très bientôt, le sol devint glace. De la glace au milieu d’un volcan emplit de lave, voilà un phénomène intéressant, intriguant. L’énergie présente s’intensifiait encore, mais cela n’eut aucun, ou pratiquement aucun, effet sur son sort. Une bonne chose à savoir. L’odeur du sang flottait encore un peu dans l’air en dépit de tous les efforts déployés pour purifier cet endroit. Verith le sentait, mais il avait un odorat encore plus développé que celui des graärh qu’il savait déjà beaucoup l’être. Alors qu’ils s’enfonçaient dans le cœur du volcan, ils furent contrôlés et bénis. Les graärh prenaient très à cœur de la sécurité, c’était une très bonne chose. Leur foi en revanche laissa le rouge indifférent. Il ne la contredirait pas et ne les froisserait pas. Mais il avait pu voir ce que la foi avait pu donner, avec les Almaréens, avec le Tyran blanc et avec les déesses. Les premiers avaient été aveuglés et étaient devenus la marionnette du second qui s’était laissé enivrer par le sentiment de grandeur qu’il tirait de la dévotion de ceux qui croyaient en lui. Enfin, pour les troisièmes, elles étaient si persuadées que la foi de leur création ne les amènerait à jamais fauté envers elles, qu’elles n’avaient pas vu la colère des ceux-ci avant que la première pierre ne frappe Mort. La foi rend aveugle, autant que le pouvoir, l’amour et la vengeance.

« Bien. Nous y voilà. Le Baôli. Notre lieu le plus sacré… Par où voulez-vous commencer ? Avez-vous déjà réfléchi à des pistes ? »

Le golem s’approcha doucement avant de s’arrêter à mi-chemin entre le puits et l’entrée de la pièce. Ce lieu était très beau, mais ce n’est pas tant la beauté du lieu qui l’intéressait que ce qui en émanait. Cette place était vieille, terriblement ancienne. Et l’énergie qui flottait lui était étrangement familière.

« Pour ne rien vous cachez. J’ai commencé à l’instant même où j’ai posé une griffe sur le sable composant la plage de cette ile … la première fois que j’ai découvert ce lieu. Mais je n’y étais pas revenu depuis la dernière bataille. Et je n’ai jamais été aussi proche du cœur bien sûr. Toutefois, je peux dire que je sens du changement. Tout comme la magie a été modifiée par l’utilisation qui a été faite de ce puits lors de la bataille, lui aussi a été modifié. Comment, je n’en sais rien. Et pour le savoir, il aurait fallu que je sache comment il était avant. Il y a toutefois une chose qui n’a pas changé. Ceci agit comme un dragon … en plus puissant bien sûr. De la même façon que nous dragons apportons la trame là où nous nous trouvons, le Baôli l’apporte sur cet archipel. Je sens la présence de la trame et de la haute magie ici. Elles nous entourent, s’entremêlant, mais forment toutefois une frontière … une frontière poreuse. Comme l’est un dragon. »

Le rouge fit une pause, étendant son esprit à travers la salle gelée, tandis que le golem se remit à bouger, marchant dans la pièce, en faisant le tour.

« À ce titre, je ne pense pas que ce soit un puits. Mais une porte. »

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Sa'Hila était secrètement heureuse de pouvoir discuter avec le dragon rouge. Ses connaissances sur la magie, bien que plus grande que la plupart des Graärh, lui avaient toujours paru incomplètes. Et de nombreuses questions etaient restaient restés dans un coin de sa tête, irrésolues. Pendant des années, elle avait apprit tout ce qu'elle pouvait sur les arcanes de son peuple, plutôt que la voie des armes, et jusqu'à devenir une référence sur le sujet. Elle avait toujours senti une différence, étrange et inexplicable entre "l'énergie naturelle" et "l'energie émanente des Esprits", sans pouvoir réellement la nommer. Bien sûr, les explications du dragon pouvait n'être qu'un point de vue, mais en y réfléchissant, la femelle conclut que la proximité et surtout l'origine du Colérique, que c'était là un fait concret.

Ceci dit… Si elle croyait au paroles du dragon, le concept de "Déesses" et d'un panthéon créateur lui etait toujours aussi cryptique. Elle ne remettait pas en question la parole du Rouge mais sa foi l'empêchait de croire à de prétendus êtres superieurs aux Esprits, surtout sans pouvoirs apporter de preuves de leur existence, ou plutôt non-existence compte tenu qu'elles étaient "mortes". Si elles étaient l'origine de tout, leur mort aurait provoqué la fin de tout non ? Et puis, quand bien même sa race avait régressé à un point inimaginable, le récit des Déesses auraient du traverser les âges ! Non decidément, le culte des Esprits restait encore une croyance plus que concrète. Entre des totems protecteurs que chaque graärh rencontrait au moins une fois dans sa vie et des entités fondatrices dont l'existence ne pouvait être prouvée, le choix était vite fait…

Parfois..  Sa'Hila s'en voulait d'être aussi pragmatique dans sa façon de pensée, surtout quand il etait question de religion. Elle savait qu'elle avait été choisie comme Kamda Aaleeshaan en partie pour cela, mais une autre fonction de Kamda reposait sur le respect du Culte. Et… plusieurs fois Kamda s'était surprise à remettre en question certains fondements de leur société, profondément attachés et entremêlés aux Esprits. Elle n'en avait jamais à qui que ce soit… et surtout pas à la Maîtresse des Céremonies. Et pour cause… sa fille etait une des raisons pour laquelle Sa'Hila doutait de certain aspect du Culte…

Secouant la tête, la dresseuse essaya de se remettre les idées en place. Elle ne devait pas penser à cela maintenant, surtout pas au coeur du Baôli. Énerver les Esprits encore une fois… rien que d'y penser lui hérissa le long de la colonne vertébrale. Et ce qu'elle entendit ne fit rien pour arranger cela.

-Une… une porte ?

La stupeur lui dressa les oreilles et arracha son regard de la contemplation du bassin de magie, à la fois si fascinant et si reposant, pour regarder l'ombre du dragon. Si les graärh n'usaient guère de portes, le concept ne lui était pas étrangé et n'avait rien de bien rassurant quand on parlait du Baôli. Cela remettait en perspective le nom de "Puit des Esprits" de façon très alarmante. Un puit impliquait un flux unidimentionelle alors qu'une porte… pouvait être déverrouillée et … ouverte. Si l'intuition du Colérique était bonne, alors les Chimères survivant à leur emprisonnement devenait une probabilité concrète.

Assise près de l'idole du Cheval, elle caressa Bahvika pensivement d'une griffe. Celui-ci avait senti son trouble et à defaut de pouvoir lui donner des réponses, acceptait d'être une peluche anti-stress. Après un intense moment de reflexion, pendant lequel elle prenait concience de nouveau de ses lacunes concernant le Baôli et son histoire, elle finit par reprendre la parole.

-Seriez-vous capable de sonder mes souvenirs ? Je ne sais pas jusqu'où s'étendent vos pouvoirs, mais j'étais là avant le changement que vous avez senti. Je sais que mes sens de la … Trame… ne sont pas aussi puissants que les votres mais, je pense que ce pourrait être une piste. Cela ne coûte rien d'essayer vous ne pensez pas ?

Admettre ses lacunes était une preuve de sagesse. Prétendre le contraire, stupide.

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¤ La piste de miette de pain ¤

La magie, la trame, la haute magie, les divinités, une porte vers un autre plan. Verith avait conscience que la fille d’été ne comprendrait pas tout à ce qu’il pouvait bien raconter et il n’avait pas vraiment l’intention de donner un cours pour combler les lacunes de cette dernière. Toutefois, il était difficile de parler de lacune. Ce que le colérique avait appris, peu d’individus le savaient et s’il l’avait appris c’est parce qu’il avait vécu de nombreuses péripéties dont peu d’individus seraient revenus sains d'esprit ou tout simplement vivants. Quoi qu’il en soit, le rouge connaissait son sujet. Il n’avancerait pas de telles hypothèses s’il n’avait pas de quoi les défendre. Toutefois, celles-ci n’étaient pas encore entièrement fondées. Il allait devoir étudier plus en détail cet endroit et ce puits avant de pouvoir affirmer avec certitude de quoi il pouvait s’agir. Toutefois, une chose était sure : il n’aurait pas les réponses à toutes ses questions ici. Il en apprendrait beaucoup, mais pour saisir entièrement ce que ce lieu était, le rouge allait devoir en apprendre plus sur les graärh, sur leur passé, sur leur histoire. Il y aurait assurément des éléments aidant à sa compréhension. Après tout, c’est à partir de simple légende qu’il avait trouvé ce lieu. Maintenant qu’il avait plus de concret entre les mains, qui sait ce qu’il pourrait bien mettre à jour.

Le golem se tourna en direction de Sa’Hila lorsque cette dernière reprit la parole une fois que sa stupeur fut passée. Elle voulait sérieusement qu’il fouille dans son esprit ? C’était une chose possible, mais guère agréable. Verith aurait pu rejeter de but en blanc cette idée à l’apparence absurde, mais il ne le fit pas. Les graärh usaient très peu de la trame et pas de la même manière que les bipèdes, si bien que leurs connaissances à ce sujet étaient faibles. Toutefois, il ne fallait pas s’arrêter à ce constat. Le rouge avait appris que la moindre information pouvait avoir de l’importance, pouvait permettre de reconstituer une piste et de cette piste aussi infime soit-elle découvrir quelque chose.

« Je le peux, fille de l’été. Mais ça ne sera pas agréable, même douloureux et il pourrait y avoir des conséquences sur votre santé mentale. Je préfère vous prévenir. J’ai déjà eu l’occasion de le faire par le passé. Mais il y avait une variable. La personne n’était pas consentante. Si vous ne me résistez pas, le processus devrait être facilité. Et de mon côté, je pourrais prendre mon temps et y aller sans violence ce qui devrait grandement réduire les potentiels dégâts causés à votre psyché. »

Il y avait toutefois une autre variable. L’esprit des dragons est différent de celui des bipèdes. Verith avait de l’expérience lorsqu’il s’agissait de trifouiller l’esprit de ces derniers. Mais il ne serait pas mal de supposer que l’esprit des Graärh est différent de celui des bipèdes. Or le colérique n’avait jamais fait ceci sur l’esprit d’un félin. Certes, le processus devrait rester le même, mais il devrait faire preuve de prudence.

« Préparez-vous et si vous avez des guérisseurs appelez-les, mieux vaut être prévenant. »

En attendant que les graärh se préparent, Verith fit le tour de la pièce, jetant un premier regard à ce lieu. Le point central de la zone était le Bâoli, mais il était tellement important que l’on pourrait s’aveugler en focalisant son attention uniquement sur lui. Il y avait peut-être dans ses murs d’autres éléments de nature à faciliter la compréhension de cette pièce. Une fois que les graärh furent prêts, le rouge se rapprochant de la fille d’été. Il préférait être proche afin d’éviter que la puissance du Bâoli ne puisse causer des interférences. Il ne savait de quoi cette chose était capable, alors mieux valait être prudent.

« Détendez-vous, fille de l’été, et surtout ne résistez pas. »

La puissance de l’esprit du colérique se déploya pour venir s’enfoncer dans la psyché de la féline. Le rouge tenta au mieux de discipliner son esprit pour que le flux incessant le parcourant ne vienne pas bruler Sa’Hila. Dire qu’il était tel un dragon dans un magasin de verrerie ne serait pas une mauvaise image, aussi Verith fit-il preuve d’une extrême précaution pour ne pas briser la boutique. Lentement, le rouge chercha jusqu’à trouver un fil de souvenir. Bien, à présent il devrait remonter ce chemin mémoriel jusqu’à trouver l’instant qui l’intéressait. Et quel était cet instant ? Verith avait annoncé que tout comme la magie de la trame qui avait été modifiée, le puits l’avait aussi été. Peut-être est-ce cette modification du puits qui a impacté la magie et l’a modifiée ? Ou alors est-ce simplement le flux de haute magie ayant balayé le monde qui avait modifié la magie et la modification du Baôli n’avait rien à voir là-dedans ? La deuxième hypothèse était la plus probable. Dans ce cas il faudrait que le rouge enquête également sur les conséquences entrainées par la modification du Baôli, car il devait surement en avoir.

Le rouge remonta le sentier mémoriel, survolant de nombreux aspects de la vie de la graärh. Puis après de longues minutes, Verith finit par arriver au moment intéressant. L’ultime bataille contre les chimères. À ce moment, lui était dans le ciel en train de combattre leur roi. D’autres combattaient en pleine mer, tandis que l’Aaleeshaan défendait le Baôli et faisait face à un puissant ennemi : Vehasiel. Le rouge l’avait déjà rencontré, il y a longtemps, alors qu’il avait encore une apparence humaine, lorsque lui, Alford, Kälyna, Arya et Ilyanth c’étaient aventurés dans l’ancienne forêt elfique sous domination chimère et qu’ils avaient pénétré à l’intérieur d’un ancien temple de Néant. Mais l’heure n’était pas à la nostalgie. Verith visionna les souvenirs de cette bataille, enregistrant dans sa propre mémoire ce qu’il voyait. Dans ces quelques moments, il  avait un élément qui pourrait assurément expliquer le changement ressenti.

Qu’est ce que cela pouvait être ? La manipulation des baptistrel ? L’avènement du chanterre ? L’évènement étrange autour de la défaite de Vehasiel ? L’énergie du néant ? Le flux de haute magie? Le reflux de la haute magie ? L’aspiration des chimères au sein du Baôli ? L’aspiration du roi des chimères ? Il s’agissait là des évènements les plus marquants pouvant au sens du rouge expliquer le changement ressenti. Mais lequel était-ce ? Ça, il n’en savait rien et malheureusement il ne le saurait pas. Sa’Hila lui avait permis d’identifier les évènements, mais pas de les étudier. Le combat avait focalisé toute son attention, ce qui était compréhensible. Mais d’autres personnes avaient assisté à cette scène. Peut-être faudrait-il les interroger eux ? Reconstituer ce puzzle à l’aide des différentes mémoires. Encore une piste de miette de pain se dit le colérique.

L’esprit du rouge se retira finalement de Sa’Hila. Comme on pouvait s’y attendre, l’exercice n’avait pas été de tout repos. Le rouge doutait qu’elle subisse des séquelles irréversibles, mais elle allait avoir de besoin repos et de beaucoup de glace pour son crâne.

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Jamais Sa'Hila n'avait, de toute sa vie, ressenti un aussi puissant mal de crâne. Même le concentré de toute les voix des Geai Moqueurs ne saurait égaler la puissance formidable qu'elle venait d'expérimenter. Son esprit bourdonnait encore du passage du grand rouge, comme le residu d'une foudre s'abattant sur un baobab. Difficilement, elle rouvrit les yeux mais n'osa pas se redresser. Le sol anormalement gelé du Baôli était bien trop confortable dans son état actuel. Du bout de la griffe, elle activa la perle du Léopard des neiges sur son poignet et captant l'essence de glace qui fourmillait dans ce lieu insolite, posa sa patte givrée sur son front, lui arrachant un ronronnement de soulagement. Cela suffit à rasssurer ses soeurs et familiers, quand bien même elle n'en menait pas large.
Mais de cette experience, la chamane en ressortie heureuse et grandie. Sa curiosité l'avait toujours poussé à explorer ses capacités et en ce jour, elle avait pu assister à l'art draconique, sans en perdre la raison. Il y avait fort à parier que si la Kamda n'avait pas été liée et habituée aux pouvoirs de l'esprit accordé par le Geai, elle n'aurait été rien de plus qu'un légume. Une penséee nébuleuse émergea néanmoins : elle était heureuse de ne pas avoir le colérique pour ennemi. La différence de puissance lui donna une sueur froide et elle s'efforça de garder son calme en se focalisant sur les pulsations du puits de magie.

Usant du langage corporel si particulier de son espèce, elle questionna silencieusement ses soeurs sur le résultat de cette exploration mémorielle. Et le silence du dragon en disait long : cela n'avait rien donné de probant. Évidemment, la cheffe n'avaient pas misé de grands espoirs dessus, aussi elle ne fut pas déçue. Ils s'aventuraient sur des sentiers inconnus inhérents à l'étude des énergies. Par expérience, elle savait que les réponses ne se trouvaient pas si facilement...

#J'aimerai vous soumettre une requête, Verith de l'Ire.#

N'ayant physiquement pas la force de parler à haute voix, elle préféra user de son lien avec son golem-hôte. Pour la femelle, user du don du Geai Moqueur au sein du Baôli était une grande marque de respect pour son protecteur après tout.

#Cela pourrait vous paraître étrange et quelque peu osé mais... Puis-je vous demander de m'aider moi et les Kamda suivantes, à protéger le Baôli ? Demain comme dans dix ans, le moment de rejoindre les étoiles peut survenir à tout instant et j'aimerai avoir votre soutien pour défendre ce lieu.#

Grimaçant sous l'effort, Sa'Hila s'adossa à la statuette du Chien non loin. Son crâne était comme pris dans un étau, mais son esprit, lui, restait clair comme de l'eau de roche.

ma grande peine, il y a parmi mon peuple, des êtres avides de pouvoirs qui convoiteront de nouveau la puissance de Vaalaamuk. Vous qui avez déjà combattu votre fléau, je ne devrais pas demander cela mais... puissent les graärh compter sur votre soutien ?#

Sa'Hila n'avait aucune honte à formuler telle demande. La société graärh fonctionnait sous un système de domination. Naturellement, les dragons représentaient parfaitement cette idée de force, en plus d'apporter magie et vie en ce monde, comme le faisaient les Esprit-Liés. Déjà beaucoups des siens pensaient comme elle, mais l'entendre de l'esprit du rouge serait une marque de confiance et d'honneur incomensurable.

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¤ Accord ¤

Verith avait déjà infiltré en profondeur l’esprit de certains bipèdes. Notamment ceux de forgerons afin d’user de leur savoir faire pour réaliser des commandes, des commandes bien spécifiques, mais qui ne s’avéraient être en réalité que de pâle figure d’artefacts de temps immémoriaux provenant de la race bannie. Les humains, elfes ou vampires n’avaient pas leur savoir-faire ni leur magie, le dragon tentait tant bien que mal de pallier ceci, mais le résultat restait bien médiocre par rapport à ce qui se situait dans la mémoire du colérique. Pour autant, l’enfant de l’orage avait su s’en contenter. Bien entendu tout cela avait un prix. Chaque artisan qu’il utilisait trouvait la mort. Ou plus exactement, ils devenaient complètement fous. Et Verith ne pouvant laisser un artisan avec de telles connaissances en tête, tout en ayant perdu la raison, chargeait le Corbeau de se débarrasser d’eux. Le héraut du colérique s’était toujours exécuté sans rechigner. Cherchant les artisans puis s’en débarrassant. Mais Saemon comprenait les desseins du rouge, c’est bien pour ça que l’assassin lui obéissait. Quoi qu’il en soit, le fils de l’orage avait déjà infiltré en profondeur l’esprit de différents bipèdes, comme il s’y était attendu celui des graärh était quelque peu différent. Aussi avait-il du procéder avec encore plus de précautions qu’avec une psyché humaine, elfe ou vampire qui, bien que fragile, ne lui était pas inconnu. Son objectif n’était pas de tuer ou de faire devenir folle l’Aaleeshaan. Fort heureusement pour elle, Verith était adroit de par son expérience passée et il parvint à réussir l’entreprise. Il récupéra ce qu’il était venu chercher en causant le moins de dommage possible. Sa’Hila aurait néanmoins besoin de repos après une telle expérience. Cela lui passerait sans doute le goût de recommencer. Le colosse de flamme analysait déjà les informations qu’il avait pu acquérir, tout en observant les félins s’affairer autour de leur chef. Le rouge n’intervint pas, il avait déjà assez fait et il préférait laisser cette dernière entre les mains de son peuple. Quand bien même ce qui venait d’être fait l’avait été avec le consentement de Sa’Hila, il n’en demeurait pas moins que ses proches ne devaient pas apprécier de la voir dans cet état. Le rouge s’apprêtait à annoncer son départ afin de laisser tranquille tout ce beau petit monde, quand la voix télépathique de la féline lui parvint.

Celle-ci souhaitait lui formuler une requête. Le colérique était intrigué. Peu de personnes pouvaient demander quelque chose au rouge. La féline n’en faisait bien sûr pas partie. Néanmoins, cette dernière ne lui demandait rien, elle souhaitait simplement lui demander quelque chose. Associer cette bonne formulation au fait que Verith ne possédait aucun grief à l’encontre de la race des graärh et l’attention du rouge pouvait être pleinement obtenue. Pour autant cela ne signifiait pas qu’il accepterait, loin de là. Mais il était au moins disposé à écouter, ce qui était un avantage indéniable. Néanmoins, et peut-être l’ignorait-elle, mais faire requête auprès du rouge n’était pas sans conséquence. Seul un autre dragon ayant le respect de ce dernier pouvait obtenir une attention pleinement libérale. Pour le commun des mortels, c’est une autre histoire. Si Verith acceptait, suivant la teneur bien entendu, il n’est pas dit qu’il ne réclame pas quelque chose un jour au peuple félin. Après tout, la légion de l’ile de l’éternel hiver avait déjà réclamé son aide pour attaquer la forteresse vampirique. Certes, ils auraient pu au final se passer de sa présence pour accomplir leur tâche, le peuple de la nuit ayant décampé avant leur arrivée. Mais il était indéniable que l’action des graärh n’aurait pas eu le même impact en son absence. Le plus puissant dragon de l’archipel les accompagnant. Au final, les légions du nord étaient débitrices d’une requête du grand rouge. Si celle du sud devenait débitrice elle aussi, l’enfant de l’orage pourrait obtenir un avantage dans l’une de ses entreprises. Restait à avoir à présent la demande le graärh. Le rouge acquiesça, lui permettant de formuler sa demande.

« Cela pourrait vous paraître étrange et quelque peu osé, mais... Puis-je vous demander de m'aider moi et les Kamda suivantes, à protéger le Baôli ? Demain comme dans dix ans, le moment de rejoindre les étoiles peut survenir à tout instant et j'aimerais avoir votre soutien pour défendre ce lieu. »

Verith resta muet. Elle lui demandait d’aider à surveiller cet endroit ? La requête n’était pas complètement dénuée de raison. Il s’agissait d’un lieu de puissance, mais également d’un lieu sacré pour se peuple. Ce n’était donc pas étonnant qu’elle s’assure de lui conférer un puissant protecteur. L’enfant de l’orage prit la peine de réfléchir. Dans tous les cas, il aurait surveillé ce lieu et aurait empêché quiconque avec des intentions qu’il jugerait mauvaises de s’en approcher. Alors, formaliser tout ceci par un accord ? Engager son honneur valait surement l’avantage qu’il en tirerait.

« À ma grande peine, il y a parmi mon peuple, des êtres avides de pouvoir qui convoiteront de nouveau la puissance de Vaalaamuk. Vous qui avez déjà combattu votre fléau, je ne devrais pas demander cela, mais... puissent les graärh compter sur votre soutien ? »

Le fils de Skade n’était pas tant inquiété par le peuple graärh que par les peuples bipèdes. Il  savait de quoi eux étaient capables. Il craignait plus le connu que l’inconnue.

« Je concède à ta requête, fille de l’ile d’été. Je surveillerais ce lieu et le protégerais de ceux de ton peuple qui trahiraient sa sacralité en succombant à l’avidité du pouvoir. Qu’une telle souillure jamais n’atteigne le Bâoli. »

Le golem de pierre dont le rouge avait pris possession par l’ombre se tourna en direction des sœurs de l’Aaleeshaan.

« Menez donc votre dirigeante dans un endroit calme où elle pourra retrouver se reposer et recouvrer ses forces. »

Lui comptait rester ici encore un peu pour étudier ce lieu.

descriptionTerre de feu, feu dragon ... dragon de l'Ire ? [Sa'Hila et Verith] EmptyRe: Terre de feu, feu dragon ... dragon de l'Ire ? [Sa'Hila et Verith]

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