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descriptionRencontre de Feu [PV Orfraie] EmptyRencontre de Feu [PV Orfraie]

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Colline d'Ipsë Rosea - 15 août 1763



Ils allaient sur Calastin ! Ils allaient voir l’île des humains ! Dire que Nephilith était tout excité serait un doux euphémisme. En fait pour tout avouer, ils n’auraient pas dû y aller. Son paternel jugeait qu’ils étaient trop jeunes encore pour un tel risque, selon lui. Les bipèdes étaient dangereux, les humains étaient stupides et il ne comprenait pas pourquoi le petit dragonnet avait tant envie de les voir, les rencontrer et de voir de visu leurs créations. Mais Nephilith avait entendu sa mère dire vouloir se rendre sur l’île en croissant pour surveiller d’un œil l’avancée destructrice des Ekinoppyres. Elle avait l’air inquiète à ce sujet. Elle qui n’aimait pas l’idée de voir la création détruite, ravagée, balayée par les vents du chaos. Elle disait vouloir en profiter aussi pour voir la nouvelle cité de l’île humaine, que les elfes avaient aidé à bâtir. Ipsë Rosea, si Nephilith avait bien entendu.

Aussitôt le doré avait alors insisté et supplié ses parents pour y aller aussi. Il voulait voir l’île en croissant. Il voulait voir ses bipèdes de ses propres yeux, même si de loin. Il voulait voir leur création ingénieuse, leurs étranges bâtiments, leurs belles demeures en pierre, leurs drôles d’instruments. Il voulait voir, comprendre, apprendre ! Et pour cela, il ne pouvait rester confiné dans une grotte. Comment pouvaient-ils s former à affronter ce monde s'ils n'en voyaient rien, avait-il argué. Il avait été pénible, insistant, s’était fait reprendre à de nombreuses reprises, avait vu maintes de ses arguments rejetés âprement, mais il n’avait pas baissé les pattes et avait continué, encore et encore, les assommant de questions en tout genre. Il était doué pour les questions. Ses parents l’avaient vite compris, à leur grande déconvenue. Il était quasi impossible de tarir le flot qui foisonnait en Nephilith... si ce n’est à lui répondre. Ou lui montrer.

Alors ils avaient fini par céder. Verith avait imposé des conditions drastiques, et le doré et son Frère-Coquille avaient promis de les suivre. Nephilith ne voulait pas décevoir son paternel. Et il ne voulait pas se voir refuser une autre sortie de ce genre à l’avenir. Alors Keetech était partie et les avait emmenés tous deux. Le voyage total avait pris deux jours. Deux jours pendant lesquels les questions n’avaient pas cessé de fuser, d’autant plus quand ils croisaient une créature ou autres curiosités.

Et Nephilith adorait les créatures. Il avait déjà entendu parler des licornes, suite à leur mésaventure avec leur nièce et son frère. Dangereuses créatures qui avaient une sombre influence sur les autres espèces sur l’île de Nyn-Tiamat et qui leur avaient envoyé des chèvres agressives. Un brin vexant de se faire attaquer par de simples chèvres d’ailleurs, si vous vouliez son avis, surtout quand on était destiné à devenir un dragon féroce, ou mieux à devenir Dieu. Elles auraient pu au moins leur envoyer des créatures plus dignes que cela. Ou venir elles-mêmes… Même si, à bien y réfléchir, ils avaient déjà tant peiné à se dépêtrer des chèvres… Et pourquoi son père avait-il dit non, quand il avait demandé à attraper une licorne pour sa collection ? Ça aurait fait joli une licorne dans leur grotte...

Il aimait les créatures donc, et depuis qu’il avait entendu parler des licornes, il n’avait qu’une envie : en rencontrer d’autres, et d'autres créatures encore plus belles aussi, pour les ajouter toutes dans sa collection. Une collection de créatures ! Oh, oui, il voulait un ver des dunes de Keet-Tiamat ! Ou mieux des Floralydes. Comme ça quiconque rentrerait dans leur caverne sans leur autorisation serait pris de sévères hallucinations ! Il rêvait de voir un Smilodon de Néthéril. Selon ce que mère avait raconté, les Graärh se disaient en être des descendants… Ou quelque chose du genre. Il n’était pas bien sûr d’avoir compris toute cette histoire étrange, et rêvait de rencontrer un Graärh qui lui raconte de vive voix toutes leurs belles légendes. Il voulait rencontrer toutes les créatures, même les plus dangereuses. Surtout les plus dangereuses. Les Fenrisúlfr, les golems, les Ekinoppyres qu’ils allaient bientôt voir à l’oeuvre, les karapts, les Varuna, ou les vers de lave de Tiamat ! Tous, il voulait tous les voir. Et les avoir. À lui, rien que pour lui. Et éventuellement pour son frère.

Tiens, était-ce une Noctapagos qu’ils voyaient soudain sous eux alors qu’ils traversaient la mer de Reshenta ?

Tout le long du trajet Nephilith ne cessa de babiller à ce sujet, et Keetech écouta avec patience, répondant parfois de façon lapidaire, parfois de façon attentive, aux questions de ses fils. Ssaadjith n'avait pas repris son comptage d'écailles et avait même sommeillé une partie du voyage.

Et enfin, enfin, ils arrivèrent à destination. Keetech avait décidé de prendre repos sur une colline proche d’Ipsë Rosea, qui surplombait les vallons tout autour. Avant de se poser, la dragonne resta quelques instants en vol stationnaire, pour regarder au loin l’avancée des plantes voraces, qu’elle montra à ses fils alors montés sur son dos. Puis, elle se posa dans un grondement sourd, et, après leur avoir répété les consignes, elle les autorisa à descendre sur terre se dégourdir les pattes. Nephilith observa sa mère s’installer en position de veille, dans une attitude attentive pour garder un œil sur eux, et prête à réagir au moindre danger. Rapidement toutefois son attention fut appelée ailleurs et, tout heureux, il s’élança vers le monde. Ssaadjith était déjà parti aussi s'amuser. Nephilith observa alors les cailloux, et l’étrange terre, ces collines à perte de vue qui jalonnaient le haut plateau, les champs là à portée d’ailes, dans lesquels des bipèdes semblaient s'amuser à attraper les herbes qui y avaient poussées.

Et alors qu’il s’extasiait des bâtiments plus loin, dont un gros moulin, de ce même moulin qu’il avait voulu reproduire en rêve, il sentit une présence approcher. D'un coup d'oeil il observait sa mère, qui semblait soudain bien occupé avec Ssaadjith en proie avec il ne savait quelle bestiole, ou il ne savait quelle plante. Le doré retourna son attention vers le bipède non loin, et, après avoir jeté un dernier coup d'oeil vers sa mère et son frère qui semblaient l'avoir oublié, il se décida. Remerciant intérieurement Ssaadjith de lui fournir ce petit intermède et cette distraction bienvenue.

Nephilith s’éloigna un peu. pas trop toutefois, pour que sa mère reste à portée et puisse intervenir si besoin à tout moment. Il avait promis, après tout. Il rêvait de voir, rencontrer, parler à ce bipède. Mais il ne voulait pas trahir sa promesse non plus. Rester près de maman, d'accord. Mais on ne lui avait pas précisé à quel degré de "près" il devait être...

Puis bon, il avait cette chance improbable d’être avec sa mère, sans le dragon de l’ire pour les surprotéger ou pour tuer tout bipède osant les approcher. Il pouvait essayer... Alors, fort de tous ces arguments, il invita et interpela le bipède, lui envoyant, en pensée, une salutation euphorique, tout en images colorées, en sons émerveillés et en ronronnements excités. Peu conscient qu’un tel impact psychique pourrait bouleverser l’esprit bien faible de ces pauvres bipèdes s’il n’était pas préparé.

" Bonjour bipède que voilà. Je veux te parler. Viens, approche, je veux te voir. "

Il n'entendait en cet instant plus rien d'autre, tout focalisé qu'il était sur ce qui approchait. Seule comptait la belle chevelure de feu qui enfin se dessinait alors qu’elle montait la colline où il se trouvait.

" Je m’appelle Nephilith, fils du dragon de l’Ire et de la dragonne de Quartz. Et toi, qui es-tu ? De quelle race es-tu ? Pourquoi as-tu cette chevelure de feu ? Père ne m’avait pas dit que les bipèdes aimaient le feu aussi. "

Nephilith se tut soudain, songeant qu’il allait faire fuir le bipède à force de trop parler. Si son nouveau jouet partait, voire son nouvel objet de collection, avec quoi il s’amuserait après ? Et comment il apprendrait les bipèdes ? Il fallait qu'il se modère un peu. Qu'il taise ses questions. Qu'il attende, longue attente, que l'autre réponde. Pourvu qu'il réponde. Non, rectifia-t-il, pourvu qu'elle réponde. C'était une femelle apparemment. Une femelle de feu. Il ne pouvait rêver mieux pour une première rencontre !

descriptionRencontre de Feu [PV Orfraie] EmptyRe: Rencontre de Feu [PV Orfraie]

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Les feuilles bruissaient doucement juste au-dessus d'elle, ballottées de droite à gauche par le vent chaud du mois d'août, et les rayons du soleil jouaient à cache-cache avec les branchages. Juste en dessous de la frondaison, Orfraie avait élue domicile pour une partie de la matinée et, assise à même l'herbe verte, elle lisait tranquillement un épais volume. De temps à autre, elle s'arrêtait pour noircir un parchemin de son élégante calligraphie. Tout était en elfique, bien sûr.

Comme souvent, elle portait du vert. Un vert forêt qui n'était pas sans rappeler la couleur des feuilles, juste au-dessus d'elle. À cela s'ajoutaient un pantalon marron et de légère botte de la même couleur. Au creux de sa gorge, retenue par une chaîne en argent, brillait une écaille de jade en forme de larme. À travers son Lien, elle sentait - ressentait ! - Firindal s'amuser lors de la chasse. Cela la faisait doucement sourire et la rendait aussitôt plus accessible.

Elle se trouvait dans le jardin intérieur de la tour de la Loge. Édifiée en même temps que la cité d'Ipsë Rosea, ce bâtiment abritait le groupe à la tête duquel Orfraie se trouvait. Ce groupe, elle en avait rêvé avec Firindal, si longuement pensé. Elle touchait du doigt un objectif et cela la ravissait. Dommage que la création de la Loge fut les conséquences de malheureux incident…

Vers midi, l'elfette décida qu'il était temps de se dégourdir les jambes. Avec la prestance et l'agilité qui la caractérisait, Orfraie se releva et se rendit jusqu'à ses appartements où elle fut en mesure de laisser ses affaires. En effet, il s'y trouvait un petit bureau où elle déposa livre et parchemin avant de s'éclipser, non sans prendre le fourreau de Fëalocë au passage.

L'épée aux têtes de dragons battait son flanc lorsqu'elle fut rendue aux écuries. D'une voix douce, elle appela Hajja et le destrier elfique, depuis son box, émit un hennissement joyeux avant de passer la tête par-dessus la porte. Il porta sur Orfraie un regard brillant d'intelligence et la dragonnière lui ouvrit. Tandis que l'animal allait docilement attendre sous le soleil, l'Ataliel referma la porte. Nul besoin d'une selle ou d'une bride pour monter Hajja car ce dernier répondait à la voix.

Mais avant de grimper sur son dos, Orfraie brossa son poil, vérifia ses sabots et le flatta longuement.

En quittant la petite cité, la Liée de Feu lança Hajja au galop. De loin, on aurait dit une flamme juchée sur le dos d'un cheval. Ce dernier allait vite, ses sabots trouvant un terrain propice à la course. L'herbe était courte, fraîche et bien verte… Bien loin du désert qu'était Keet-Tiamat ! Avec joie, Orfraie se pencha sur le dos de sa monture. Elle sentait ses muscles se tendre sous l'effort, la sueur mouiller son crin et ses poumons s'emplir d'un air si précieux.

Mais soudain, Hajja pila. Sans ses réflexes, Orfraie passait par-dessus sa tête et finissait dans l'herbe. L'animal piaffa et la cavalière fut contrainte d'enrouler ses doigts dans la crinière d'Hajja tandis qu'elle le calmait de l'autre main.

La raison de cette soudaine panique était évidente : l'immense dragon qui venait de passer non loin. En se redressant, Orfraie plissa les yeux, mis sa main en visière et fini par reconnaître les couleurs de Keetech, la dragonne qui donnait son nom à l'île des Elfes. Guère étonnant qu'Hajja eu peur face à un tel prédateur.

Dans le champ voisin, des éclats de voix lui parvenaient. Les paysans avaient également été surpris, sans l'ombre d'un doute.

« Lelya cen. »

Doucement, Hajja se remit au pas. Calmé et rassuré, il accepta d'avancer comme le lui demandait Orfraie. Celle-ci finit toutefois par descendre et, d'une tape, permis au cheval d'aller brouter un peu plus loin. La dragonnière préférait poursuivre à pied car elle sentait la présence de plusieurs dragons, dont l'un se rapprochait.

" Bonjour bipède que voilà. Je veux te parler. Viens, approche, je veux te voir. "

Cela fut aussi soudain que brutal. Malgré l'habitude, l'intrusion dans sa tête fit l'effet d'un coup de marteau à Orfraie et celle-ci grimaça avant de chercher, du regard, de processeur de cette petite voix bien forte.

Et c'est à ce moment qu'elle aperçut le dragonnet. Il mesurait un peu plus de soixante centimètres, à vue de nez, et possédait de belles écailles dorées. Finissant de gravir la colline, Orfraie s'approcha comme il le lui avait demandé.

# Bonjour Nephilith. # Le salua-t-elle en pensée. Elle lui transmit également sa joie de la rencontrer et à quelle point elle le trouvait beau, avec ses écailles dorées. Elle avait également prit soin de noter sa filiation dans un coin de son esprit et elle espérait que le dragon de l'Ire ne soit pas dans les parages… La menace de la mère, qu'Orfraie ne pouvait manquer, était suffisante.

# Je m'appelle Orfraie. # Reprit t-elle. Elle ne pouvait s'empêcher de sourire et lui trouvait un air de ressemblance avec Alkhytis, qui posait toujours ses questions les unes derrières les autres sans prendre le temps de respirer. # Je suis une Sainnûr et j'ai cette chevelure couleur feue comme tu es né avec des écailles dorées. #

Elle était proche, désormais, et pouvait mieux le détailler. Et son apparence était surprenante, car Orfraie avait presque l'impression d'être face à un petit crocodile. Mais les ailes, grande et membraneuses, ne trompaient pas.

# Je ne peux parler pour tous les bipèdes, mais j'aime énormément le feu, sans doute autant qu'un dragon. #

L'Ataliel trouvait les flammes réconfortantes et puissantes à la fois. Elle aimait perdre son regard dans les braises, voir des langues de feu lécher le bois. Même l'odeur lui plaisait et il s'agissait, sans aucun doute, de l'une de ses senteurs favorites.

#Je ne crache pas le feu comme l'un des tiens, mais…# Elle leva la main, à hauteur de Nephilith - elle fut contrainte de s'accroupir pour cela -, et ouvrit les doigts. Au creux de sa paume dansait une petite flamme qu'elle fit grossir et grossir avant de l'envoyer dans le ciel en une gerbe d'étincelles. Tandis que les petites flammèches retombaient vers l'herbe, Orfraie s'assit en tailleur à quelques pas du jeune dragon. Puis, levant de nouveau la main, elle aspira les flammes, qui ne se trouvaient qu'à quelques centimètres du sol, et les fit disparaître.

# Tu as l'air d'être un dragon fort curieux. J'en connais un autre, un peu comme toi. Comptes-tu explorer les environs ? Peut-être aller en ville ? #

descriptionRencontre de Feu [PV Orfraie] EmptyRe: Rencontre de Feu [PV Orfraie]

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Nephilith reçut une réponse en mots et en images et ronronna presque de plaisir. Cette bipède savait communiquer avec les dragons ! Il lui transmit à son tour son enthousiasme débordant et sa joie qu’elle soit venue et lui réponde. Il sentit toutefois un écho de gêne ou de douleur, il n’aurait su dire pourquoi ni en quoi, quand elle reçut ses réponses. Mais elle ne semblait pas pour autant fuir, alors il continua. Aux compliments qu’elle lui offrit sur sa couleur d’or, il hérissa légèrement les écailles en sifflant de joie, tout en ouvrant doucement ses grandes et immenses ailes. Il fut heureux à cet instant de s’être entrainé un tant soit peu avec son père pour ne pas paraître ridicule devant un bipède en s’empêtrant les ailes dans ses pattes ou dans une branche alentour. Il fit un léger battement, comme pour saluer le compliment qui lui avait fait tant plaisir, mais les rabattit rapidement sur son dos.

Son père aurait été furieux de ce simple geste. Exposer ainsi l’un de ses pires points faibles à un bipède inconnu. Mais il ne sentait aucune peur, ni aucun danger, émaner de cette petite femelle. Et il aimait aussi sa couleur feu. Il aimait son contact. Orfraie disait-elle. Ce nom sonnait bien, avait une douce musique. Oui, décidément, il voulait bien adopter cette bipède-là. Et si tous étaient comme elle, il ne comprenait vraiment pas ce que son père avait contre eux. Ils avaient l’air en plus si fragiles et si petits face à un dragon adulte comme l’était sa mère !

Quand elle répondit à toutes ses questions, il roucoula en réponse et lui envoya un fleuve de contentement, tout en observant attentivement ce qu’elle lui montrait. Ses saphirs se focalisèrent sur les petites flammes et il rêva déjà d’en cracher de même. En plus grandes et plus majestueuses bien sûr !

"Bientôt je cracherai du feu et quand je saurai le faire je viendrai te montrer", fit-il, toujours aussi fort, telle une promesse.

Non pas une menace, mais une promesse de montrer comment il grandirait à la première bipède qu’il avait rencontrée.

"Tu seras ma bipède de feu, et ensemble nous jouerons à toujours mieux le maitriser. Tu veux bien ?"

Oh oui il rêvait de jouer avec elle et de jouer avec le feu. Jouer avec les dragons était certes marrant, mais il voulait aussi jouer avec les autres races, et voir ce dont ces créatures étranges étaient capables.

À l’invitation de visiter, il hésita. La tentation était forte de céder à son impulsion curieuse. Mais il jeta un coup d’oeil en arrière en songeant à sa mère. Elle était certes occupée avec son Frère-Coquille, mais elle n’était tout de même pas très loin. Et si elle s’apercevait de sa disparition… Elle risquerait de paniquer, de le chercher de tout côté. Elle le trouverait bien vite en projetant son esprit, et si elle le trouvait en ville… en compagnie d’un bipède… que penserait-elle ? Sous la panique de le croire capturé, comme son père disait si souvent le craindre, elle serait capable de ravager toute la belle petite cité. Ce serait dommage… Il pourrait aussi lui demander. Mais il connaissait déjà la réponse. Ce serait un non catégorique.

"J’adorerai accepter et venir avec toi voir tes belles pierres là-bas qui montent sur la colline. J’adorerai voir les constructions des bipèdes. J’en ai déjà souvent observées en rêve."

Il s’avança d’un petit pas et coula sa tête contre la main, pour tester cette peau rose un peu cuivrée. C’était tout doux, tout mou… C’était très différent du contact écailleux de ses parents ou de son frère. Les bipèdes n’avaient donc pas d’écailles ni de peau dure ? Ils étaient vraiment fragiles, dirait-on. Comment donc son père pouvait-il les craindre tant ? Esprits fourbes, à vouloir puissance et pouvoir, disait-il. D’accord… mais comment donc pouvait-il ravir la puissance d’un dragon avec une peau si fragile, un si petit corps et une allure si frêle ? Le lien ? Ou les bipèdes cachaient-ils, derrière cette apparence trompeuse, une tout autre puissance ? Se dégageant de ce contact, il secoua la tête pour chasser toutes ces questions et reposa ses grands saphirs sur la belle bipède.

"Mais Mère risque de rugir de colère et je serais peiné qu’elle détruise ta… ville…"

Il envoya alors en pensée des images de dévastation, de feu et de cendres, des images qu’il redoutait. Et qui évoquèrent soudain un autre cauchemar qui souvent le hantait. Un cauchemar qui revint soudain en force. Il tenta de juguler les images, en vain, et les partagea, sans tout à fait le vouloir, avec Orfraie. Des images du monde en proie au chaos et à la destruction. Le rugissement enflammé des volcans se mêlant aux déchirants tremblements de la terre alors envahie sous les flots d’immenses vagues… Ce fut avec un effort immense, qu’il parvint à les chasser elles aussi et à revenir avec la bipède de feu.

"Elle pourrait croire que tu as voulu me capturer. Et si je lui demande, elle refusera. Mais tu peux peut-être me… montrer… ?"

Il plongea alors ses saphirs dans les yeux clairs de la bipède en une requête muette. Pas tout à fait un ordre, mais il mourrait d’envie qu’elle accepte. Pour tout avouer, si elle refusait, il ne saurait trop comment il le prendrait. Mal. Déçu, sans doute.

"Et pourquoi tes pensées sont presque comme des chuchotis timides ?" demanda-t-il enfin.

Vaguement conscient qu’il aurait peut-être dû poser cette question en premier, vu la gêne qu’il ressentait en écho quand il lui envoyait ses pensées.

descriptionRencontre de Feu [PV Orfraie] EmptyRe: Rencontre de Feu [PV Orfraie]

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Il est vraiment mignon, ne pouvait s'empêcher de penser Orfraie. Maintenant qu'elle était à côté de lui, la dragonnière avait toute la latitude nécessaire pour l'observer plus minutieusement. Nephilith n'était pas un petit chat, bien sûr, mais comme toutes jeunes créatures, la nature l'avait rendu terriblement adorable. Bien que démesurément long, son corps, taillé toute en finesse, n'était pas sans rappeler un serpent, tandis que sa tête et son museau rappelait plus un crocodile, à bien y réfléchir. Sa queue semblait davantage pourvue pour naviguer dans les flots, tandis qu'il toisait Orfraie de ses deux grands saphirs étincelants et découvrait ses ailes en une douce révérence. La Sainnûr se perdit dans ce regard rempli d'intelligence.

# Je serais honorée de te voir cracher tes premières flammes. # répondit-elle, toujours par télépathie et en toute sincérité.

La princesse des ombres, de ses doigts délicats, frotta son front. La voix du dragon était toujours aussi puissante, dans sa tête, comme celle d'un enfant beaucoup trop heureux… et il n'y avait pas grand-chose qu'Orfraie pouvait faire… Il n'y avait pas réellement la possibilité de se boucher les oreilles.

# Je veux bien. #

Le ton de la voix tenait davantage de la promesse. Orfraie sourit doucement, puis leva la main et la tendit vers Néphilith, paume vers le haut. Nulles flammèches, cette fois-ci, simplement une main tendue. Sans attendre, la dragonnière s'expliqua.

# Lorsque deux bipèdes tombent d'accord, ils se serrent la main. #

Orfraie n'était pas certaine que le geste soit bien prit, car c'était accepter une coutume bipède… Mais, étant donné que le dragon était jeune, tenter sa chance était un risque acceptable.

Par la suite, la dragonnière décela l'hésitation dans le regard du petit dragon. Visiter la ville semblait être une idée fort plaisante, mais pourtant quelque chose le retenait. Orfraie suivit son regard, et comprit, lorsque ses améthystes caressèrent la silhouette immense de Keetech. Cela lui tira un sourire en coin, un sourire qui ne fit que croître lorsque le petit saurien s'approcha et, tout doucement, coula sa tête écailleuse contre sa paume. Le contact était rugueux, très semblable à celui avec Firindal. Le corps de Néphilith diffusait une douce et agréable chaleur. Le contact dura trop peu de temps, songea l'Ataliel, et il lui sembla que sa main brûlait après que Néphilith se fut éloigné.

# Tu es un jeune dragon responsable, Nephilith. J'ai un fils moi aussi et, crois-moi, il y a peu de chose en ce monde capable d'arrêter une mère furieuse. #

Son propre trait d'humour fit sourire Orfraie, une nouvelle fois, et celle-ci dévoila ses guichettes acérées par la même occasion. Toutefois, une chose était sûre : la colère de Keetech n'avait certainement pas d'égal en ce monde et, pour rien au monde, la dragonnière souhaitait prendre le risque de l'éveiller. En écho à cette pensée, l'Ataliel reçu de plein fouet les pensées de Néphilith. Il s'agissait davantage d'une vision, en vérité, ou même d'un cauchemar qui balaya l'esprit d'Orfraie, pas assez fort pour y résister. Même tout jeune, l'esprit d'un dragon restait bien plus fort que le sien. Pour la seconde fois, l'Ataliel porta la main à son visage et se masse doucement les tempes.

« Je-je pourrais. » Répondit Orfraie à haute voix, encore trop sonnée pour continuer la conversation par télépathie. Dialoguer avec Néphilith n'était pas tout à fait comme discuter avec Firindal, où tout était naturel.

« Des chuchotis ? » Sans comprendre, la Sainnûr releva les yeux vers le jeune saurien, dont le regard était une véritable supplique. Elle ne pouvait refuser sa requête, mais elle ne comprenait pas non plus où il voulait en venir… À moins que…

# Ce ne sont pas des chuchotis… C'est… C'est toi qui parles un peu fort, Néphilith. #

Toutefois, elle ne voulait pas froisser le tout jeune dragon et lui transmit donc cette pensée, accompagnée par un air peiné. Orfraie reprit ensuite contenance, se redressa et se racla la gorge. En théorie, la demande de Néphilith était plus simple. En pratique, l'Ataliel n'avait jamais vraiment fait une telle chose. Elle avait, à plusieurs reprises, partagé des sentiments, des sensations, mais jamais la vision d'un lieu… Cela serait donc une première, ce dont elle avisa le saurien.

Le dos bien droit, les paupières closes afin de mieux se concentrer sur ses pensées, Orfraie les tourna vers la cité d'Ipsë Rosea sans jamais lâcher la conscience de Néphilith. C'était un peu comme penser à deux choses à la fois, ce qui n'était pas un exercice facile. Fort heureusement, son partenaire était un télépathe et pouvait donc, par lui-même, rester bien accroché à elle.

Dans sa psyché, les champs entourant Ipsë se dessinaient en noir et blanc. Puis, comme un caillou dans une marre, une onde vint colorer ce paysage. Le point de vue était à hauteur d'Orfraie et, doucement, s'approchait des murs de la ville. La vision était un peu floue, car l'Ataliel ne se souvenait pas de chaque détail, mais le rendu était plutôt fidèle à la réalité.
La vision passa sous une arche, qui était l'une des entrées de la ville, et gravit doucement les larges marches qui permettaient de se rendre jusqu'au sommet de la colline. Le chemin était bordé d'arbres, de buissons et de massifs de fleurs… Les habitants se promenaient dans les rues, les enfants jouaient entre eux. Continuant son ascension mentale, Orfraie se rendit jusqu'à la place principale, où se tenait le marché. Là, mille odeurs qu'elle peina à transmettre, mais aussi des centaines de couleurs, de sons, de visages qui restaient flous.

Lorsqu'elle se tourna vers Terminas, la vision fut plus nette, car Orfraie passait régulièrement devant. Ainsi, Néphilith put admirer le savoir faire des Elfes en matière de construction, avec ses arches de bois, ses couleurs et gravure, avec l'agencement parfait des pierres, avec les statues…
Puis la vision se tourna vers la Tour de la Loge, plus petite mais beaucoup plus détaillée. Mentalement, Orfraie en fit la revue : la bibliothèque dont les rayons se remplissaient peu à peu, les salles d'études, les dortoirs, sa propre chambre au mobilier de bois épuré où se trouvait, en évidence, son arc au bois d'argent et ses deux épées, dont l'une représentait les corps de deux dragons enlacés. Le tout était accompagné par le sentiment de « chez soi.  ». La visite se termina sur l'endroit que l'Ataliel préférait : Le jardin intérieur. C'était elle qui s'en occupait principalement, et elle y mettait beaucoup d'amour et de temps. Les arbres donnaient des fruits, les massifs étaient en fleurs tout comme l'herbe se parait  de petites fleurs de toutes les couleurs. Il y avait même une fontaine et un petit étang au bord duquel la dragonnière aimait beaucoup s'asseoir. De petits poissons y nageaient tranquillement.

Puis, soudain, essoufflée par cet effort, Orfraie se laissa choir en arrière lorsqu'elle rompit le contact. Son dos rencontra l'herbe fraîche avec plaisir tandis qu'elle se couvrait le font de sa main droite. Sa peau était un peu moite, constata-t-elle.

« C'est le mieux que je sois en mesure de faire, jeune Néphilith. Peut-être pourras-tu obtenir la permission de ta mère pour une visite, une prochaine fois. Ou lorsque tu seras adulte. » lui dit-elle en se redressant sur un coude. # Et toi, où vis-tu avec ta famille ? #

descriptionRencontre de Feu [PV Orfraie] EmptyRe: Rencontre de Feu [PV Orfraie]

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Quand la crinière de feu acquiesça à ses demandes, Nephilith ronronna de plaisir et envoya une onde de pur contentement. C’était à se demander ce que son père leur reprochait. Cette bipède était polie, et flatteuse, lui montrait respect malgré son jeune âge, reconnaissant sans doute la supériorité  de la race draconique. Alors oui, peut-être cherchait-elle à le brosser dans le sens des écailles pour mieux le duper ensuite, comme Verith ne manquerait pas de le lui faire remarquer. Mais il pouvait bien prendre les compliments et montrer son contentement, cela ne l’empêchait pas de garder sa vigilance constante.

Quand elle lui tendit la main et sembla attendre quelque chose de lui, il se sentit toutefois… circonspect. Et s’il ne se vexa pas, il ne répondit pas à l’invitation du geste. Trop hésitant sur sa réelle signification. Ou sur comment l’effectuer comme il se devait. Voilà en tout cas une étrange coutume bipède qu’il devrait étudier. Ou peut-être pourrait-il consulter les voix ? Peut-être cette coutume était-elle connue de toutes ces voix qui lui murmuraient à l’oreille et dans l’esprit. Il pourrait…

Non pas maintenant. Il ne valait mieux pas les écouter, ou il allait encore se perdre dans les méandres de tout ce qu’elles voulaient lui montrer. Il avait une bipède à s’occuper et à étudier de près, il était hors de question qu’il perde son attention en rêvasserie. Au lieu de répondre à son geste, il opta pour un autre bien plus draconique, pour tester cette peau rose. Il aviserait plus tard si sa coutume bipède valait la peine.

Oui, peu de choses pourraient arrêter la colère de ses parents, bien moins encore pourraient arrêter le dragon de l’ire en personne, songea Nephilith, tout en hochant simplement la tête aux paroles qu’elle lui offrit. Tout en ronronnant de nouveau tant il était content que cette bipède le comprenne si bien et ne s’offusque pas. Père lui aurait-il menti là aussi quand il prétextait qu’ils étaient irrespectueux et inconscients ? Ou cette bipède n’était-elle que l’exception confirmant la règle que son père arguait tant être universelle ?

Et il aperçut soudain, avec fascination, les crocs de la bipède. Ils étaient certes moins aiguisés que les leurs, bien moins puissants, mais elle avait, elle aussi, des crocs pointus ! Voilà qui était intéressant. Tous les bipèdes étaient-ils comme elles, tout en pointe et en flammes ?

Comment ça, il parlait trop fort ? s’offusqua-t-il soudain, quand elle répondit à sa question. Hésitant un court instant, il pencha légèrement la tête sur le côté. Peu soucieux de ses pensées qui passaient du poulpe au mollusque. Ce n’était pas elle qui chuchotait, mais lui qui criait donc ? L’esprit bipède était-il si fragile, si sensible, que sa voix lui paraisse si puissante ? Il n’observait aucune trace de mensonge en tout cas dans ses ondes de pensées. Et l’onde de peine qu’elle lui envoya pour accompagner ses mots durs adoucit un peu son humeur soudain ombrageuse. Et avant même qu’il n’ait pu lui envoyer son irritation, sa déception, ses questionnements, le tout mêlé en un imbroglio qu’il peinait à décortiquer, il reçut de plein fouet des images de champs, de caillou, de marre, d’onde, de paysage. Il voyait les choses d’un peu plus haut qu’il en avait l’habitude et il trouvait la vue jolie. Au début il se demanda si la bipède n’avait pas quelques défauts de vision, tant ses images étaient floues, mais bien vite les contours se firent plus nets, alors qu’ils passaient en pensée un monticule de pierres semblant former comme une entrée de grotte. Sauf qu’ils n’entraient pas dans une grotte ! Ils ressortirent aussitôt à ciel ouvert et s’offrirent à eux d’autres pierres encore. De toutes formes, agglutinées les unes contre les autres, montant haut dans le ciel pour certaines, comme voulant dépasser les quelques arbres qui bordaient leur chemin. Et soudain… du bruit. Des odeurs. Plein de bipèdes ! Plein par milliers ! Et il y avait même des bipèdes de pierre ! Nephilith aurait bien aimé en toucher un de la griffe pour voir s’il était aussi dur que ce qu’il avait l’air, et surtout pour comprendre pourquoi il ne bougeait pas comme les autres, comme figé dans une étrange scène du passé, pendant que le présent courait encore devant lui. C’était étrange et déroutant.

Et de nouveau une immense construction de pierre, mais cette fois avec une harmonie qui chanta ses douces notes d’équilibre dans l’esprit du dragonnet. Il voulait construire la même chose plus tard ! Foi de Nephilith, lui aussi aurait sa pierre à lui, aussi grande, aussi majestueuse, plus encore même, et aussi harmonieuse. Elle serait à la gloire des dragons, de Ssaadjith et lui !

Puis soudain la vue changea et il aperçut… Des étranges allées de bois contenant… contenant quoi ? Semblaient être alignés ici mille objets rectangulaires, sentant le cuir et une autre odeur qu’il n’avait encore jamais rencontrée. Un nom lui fut chuchoté par les voix, mais elles parlaient toutes en même temps. Trop nombreuses, trop bruyantes, et l’écho rugissait en lui l’empêchant de comprendre, d’entendre, et le noyant de frustration. D’autant plus que la vision continuait et qu’il aperçut d’autres objets, d’autres bois, d’autres pierres, qui attisèrent sa curiosité et son envie. Il voulait lui aussi un objet rectangulaire comme ça sentant le cuir et il ne savait quoi. Il lui en fallait un comme ça, à lui aussi ! Pour que les bipèdes jugent intéressant d’en faire la collection et leur réservent un si grand espace, c’est qu’il s’agissait d’objets importants et précieux ! Lui aussi devrait en avoir dans sa collection, songea-t-il. Et il en envoya aussitôt la pensée à sa bipède de feu, en essayant de moduler cette onde pour qu’elle soit moins agressive. Moins puissante.

Et il voulait ce qu’elle semblait appeler jardin aussi. Oui, il lui fallait ça aussi dans sa collection. Un jardin. Son Frère-Coquille et lui pourraient s’amuser à reproduire tout l’archipel en miniature. Non mieux, leur jardin serait l’archipel miniature. Et ce jardin serait au centre de l’archipel même, au creux de ce gouffre qui crachait du feu. Nephilith envoyait ainsi ses pensées en ondes aussi douces que possible, quand soudain les images cessèrent, et les sensations avec elles, tandis que la bipède s’écroulait dans l’herbe, comme… fatiguée ? Et sa peau semblait suinter de l’eau soudain. Était-ce normal ?

Heureusement, elle se redressa bien vite et le dragon fut soulagé que sa bipède ne meure pas si bêtement et si soudainement. Bon, si elle était morte si vite, c’est qu’elle était bien trop fragile pour ce monde, mais tout de même ! Alors qu’il venait de trouver sa première bipède de collection, ça aurait été fâcheux de la perdre aussitôt.

"C’était joli. Et oui je veux voir tout cela en vrai. Les constructions bipèdes sont fascinantes."

Tout en disant cela, il envoya des ondes de pure curiosité et d’envie impatiente, en une musicalité enjouée et en notes colorées.

"Moi aussi je veux construire des choses comme ça. Et plus grande encore, plus belle, plus haute, plus majestueuse. Je veux que mes constructions atteignent le ciel. Mon frère adorerait ! Il veut manger les étoiles… Mais tu n’as pas encore rencontré mon frère. Je te le présenterai bien, mais il distrait ma mère. Si je vais le chercher, Keetech jouera de son orage et ne voudra plus que je te parle."

Il hocha la tête négativement.

"Mais non jamais mes parents ne me donneront une autorisation. Surtout pas pour visiter une ville de bipèdes en compagnie d’une bipède. Ils ne vous aiment pas. Mon père en tout cas. Il faudra attendre que je sois un peu plus grand. Mais pas trop. Sinon je ne pourrais pas entrer voir ces objets de cuir et de… comment vous appelez ces objets sur ces grandes allées de bois ? J’en veux un comme ça moi aussi ! Et un jardin tout pareil !"

Puis se rappelant qu’elle lui avait posé une question, il lui envoya alors les images de sa grotte. Sans montrer par où on y accédait, ni où elle se trouvait. Juste l’intérieur de la grotte. Il n’était pas fou non plus. Allez savoir, avec ces bipèdes. Vigilance constante, son père le lui avait bien assez répété.

Juste l’intérieur donc. Les images furent d’abord vives, presque violentes. Nephilith lui envoyait toutes les images à la fois, comme pour lui permettre de tout reconstituer pour s’y promener elle-même. Puis il se rappela qu’elle lui avait dit qu’il parlait trop fort. Et elle avait semblé avoir mal et être fatiguée, pauvre bipède, cela semblait bien fragile comme petite chose. Alors il radoucit son flot d’images et montra son petit nid, la coquille, grosse coquille, cassée, mais reconstituée, de son Frère-Coquille et lui, leur perle au milieu de l’oeuf, l’oeuf au milieu du nid, les décorations d’algues, de pierres, de rocs, de mousses et de coquillages, qu’ils s’étaient amusés à faire, le petit lac aussi. Mais il n’y plongea pas en pensée, pour qu’elle ne puisse pas faire le lien. Tout en ambiance feutrée, de cette douce lumière opalescente tantôt émeraude tantôt saphir, reflétée par l’eau et les parois.

"Mais avec mon Frère-Coquille, nous envisageons ensuite un autre nid. À notre juste mesure. Bien au chaud. Plus près du feu qu’aucun nid ne peut l'être."

Et cette seule pensée lui inspira une douce chaleur se lovant au creux de sa poitrine.

"Si tu veux, si mon frère accepte aussi, et si tu arrives à supporter l’endroit, quand nous y serons, je te montrerai. Après tout, maintenant, tu fais partie de ma collection."

Et se disant, il songea à l’étrange coutume bipède qu’elle avait voulu lui montrer, mais qu’il n’avait tout d’abord pas acceptée. Hésitant un instant, il se décida finalement, et tendit une patte, déplia une à une ses griffes et tourna sa patte vers le haut. Comprendrait-elle son geste ? Comprendrait-elle ce que cela signifiait pour lui ?

descriptionRencontre de Feu [PV Orfraie] EmptyRe: Rencontre de Feu [PV Orfraie]

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Encore essoufflée par l'effort qu'elle venait tout juste de fournir, Orfraie se redressa finalement et entreprit de reprendre tranquillement son souffle. Son coeur, lui, ralentissait tranquillement et ses battements, qui raisonnaient dans le crâne de l'Ataliel, commençaient à se calmer. De nouveau en tailleur face au jeune dragon, la Liée posa ses coudes sur ses genoux et se pencha légèrement en avant. L'écaille qui pendait au bout de sa chaîne en argent se mit à tournoyer un instant sous les yeux du jeune dragon, jusqu'à ce que Orfraie replace le pendentif sous sa tunique.

"Et Ipsë Rosea est une petite ville. Il en existe de bien plus grandes et majestueuses, construites avec des matériaux et des styles très différents. As-tu eu l'occasion d'en approcher d'autre ?"

Face à la curiosité de Nephilith, Orfraie ne pouvait que s'attendrir. De plus, avoir l'occasion de partager son savoir et son expérience avec le jeune saurien était une chance inestimable ! Avec un père comme Verith, pouvoir donner son point de vue au dragonnet était une chance de lui faire voir les bipèdes et leurs cultures d'une autre façon.

"Nous avons tout le temps de nous rencontrer, ton frère et moi."

Un dragon qui voulait manger les étoiles ? Orfraie comprit la métaphore et s’inquiéta, l'espace d'un instant, du désir de conquête de ce jeune dragon. Mais un instant seulement, car en dragonnet qu'il était, Nephilith exagérait peut-être.

Nephilith reprenant, Orfraie haussa un sourcil. Ces choses de cuir ? Il lui fallut un instant pour comprendre qu'il parlait de livres. Ces centaines de livres qui recouvraient déjà les murs de la bibliothèque de la Tour de la Loge... Mais avant de pouvoir formuler une quelconque réponse, le doré lui envoya de plein fouet les images de sa grotte. Sans lui dire où elle se situait exactement, une mesure de précaution qu'Orfraie comprenait. Hélas, les images étaient trop vite, trop intenses, et la Liée se crispa jusqu'à ce que Nephilith calme le flot de ses pensées et transmette doucement les images, comme des peintures qu'Orfraie prit le temps d'examiner.

Ainsi, elle découvrit la coquille du jeune saurien et fut très intriguée par ses couleurs ainsi que par sa taille. Mais grâce aux pensées du dragon, elle découvrit que son frère était en fait son jumeau ! Orfraie n'avait jamais imaginé cela possible pour les dragons et le lui fit remarquer d'une pensée. En s'éloignant du nid, l'Ataliel découvrit un milieu marin. Du moins, c'était son intuition. Les algues en décoration, la pierre humide, les coquillages... Cette grotte devait se trouver près de l'eau, ou peut être même sous l'eau ? Cela expliquerait la présence d'un lac, que Nephilith ne fit que survoler en pensée.

"Près du volcan de Tiamat ?" Demanda Orfraie, bien qu'elle ne doutait pas de la réponse. "C'est là-bas que j'irai si je cherchais l'endroit le plus chaud de l'archipel."

Mais ce n'était pas un endroit pour un bipède. Ce qui était sans doute le but recherché par les jumeaux, en vérité.

"Ta collection ?"

Face à la patte tendue par Nephilith, Orfraie demeura interdite. Serrer une main était plutôt un signe d'amitié, ou au moins de respect. Hors, le mot "collection" avait une autre connotation. La Liée ne voulait pas être la chose de ce dragon. Doucement, elle tenta de lui faire comprendre pourquoi ce terme la dérangeait. En revanche, elle avait de quoi le remplacer. Si Nephilith acceptait cet échange ainsi que sa signification, leur relation naissante serait placée sous un autre jour.

"Quand deux bipèdes se serrent la main, cela veut dire qu'ils se respectent. Parfois, ils sont même amis. Et les amis s'invitent parfois les uns chez les autres. Si tu acceptes d'être mon ami, je serai la tienne. Et si tu m'invites chez toi, je t'inviterai chez moi. C'est une île paradisiaque, je pense qu'elle te plairait." Lui révéla t-elle.

Doucement, Orfraie lui transmit la définition de l'amitié et les sensations qu'elle associait à ce mot : l'affection, la sympathie, le respect, la bienveillance... Bien sûr, être ami était bien plus que cela, mais elle ne voulait pas effrayer le dragon en lui parlant du rôle de soutien d'un ami, qu'elle jugeait pourtant très important. À la place, elle préféra se concentrer sur le côté plus simple : être sympathique l'un envers l'autre, partager quelques moments ainsi que des idées et des envies... et bien sûr de l'affection. En pensée, elle rajouta également qu'il était plus sage de s'entourer de vrais amis que de suivants, car l'affection sincère était un moteur bien plus motivant que la crainte ou les menaces, ce qui était donc un avantage selon elle. Et bien entendu, il était possible d'avoir beaucoup d'amis et donc de les collectionner, d'une certaine façon !

"Alors, veux-tu bien être mon ami ?"

Avec délicatesse, la princesse des ombres avança sa main et la posa doucement sur la patte du jeune dragon. Le dessous était plus rêche que le dessus, lui semblait-il, mais toujours aussi chaud et agréable au toucher. Si Nephilith acceptait, il n'avait qu'à serrer un peu.

descriptionRencontre de Feu [PV Orfraie] EmptyRe: Rencontre de Feu [PV Orfraie]

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Au mouvement de la bipède, le jeune dragonnet aperçut un éclat briller. Ses saphirs achoppèrent alors l’écaille de dragon pendant à son cou frêle. Une onde interloquée, mêlée d’inquiétude et de questionnements, vibra de son esprit. Pourquoi et comment avait-elle eu une écaille d’un de ses congénères ? Était-ce un cadeau d’un des leurs ? Les voix lui soufflaient que certains dragons avaient fait, par le passé, et encore en ces jours, un tel don à des créatures inférieures, comme pour garder un œil sur ces êtres si fragiles auxquels ils auraient pu se prendre d’une certaine affection. Ou l’avait-elle ravie à l’un des leurs contre son gré ? Mais un bipède pouvait-il seulement extirper une écaille à un dragon sans que ce dernier ne le veuille ? Oui, soufflaient les voix. Certains bipèdes parvenaient bien à tuer un dragon… alors, pourquoi pas lui voler une écaille…

Toutefois, de l’esprit de cette bipède, il n’avait ressenti aucune animosité et ses instincts ne lui soufflaient aucun danger. Certes, il connaissait peu les bipèdes et son père les lui avait décrits bien fourbes… Devait-il se méfier ? L’incertitude et l’hésitation le happèrent quelques instants, mais les réponses que la bipède lui offrit le rassurèrent un tant soit peu. Si elle avait été aussi fourbe que son père le prétendait, elle aurait insisté pour qu’il vienne avec elle, elle aurait usé de mensonges, de ruse et de viles flatteries, ou aurait attisé sa curiosité, pour qu’il la suive dans ses vils filets. Or là, elle n’avait pas insisté, et avait même cédé à ses demandes.

Non, pas de danger. Confiance pouvait peut-être se tisser avec cette bipède de feu, que déjà il appréciait.

Quand elle lui demanda s’il avait pu voir d’autres cités, il envoya une onde négative mêlée à une vibration déçue. Non, il n’en avait pas vu d’autres…

"Seulement dans mes rêves et seulement montrées par les voix", répondit-il alors toujours en pensée, tentant de rendre son envolée moins puissante que les fois d'avant.

Mais il se faisait la promesse d’en voir une de ses propres yeux, d’en tâter le sol de ses propres griffes, et d’en survoler les cieux de ses propres ailes. Et il envoya également ses sourdes promesses à la bipède de feu, comme voulant partager ce petit serment avec elle. Il aimerait d'ailleurs honorer ce voeu avec elle, si cela se pouvait.

Il ne répondit pas toutefois à la question du volcan. Pour lui, la bipède avait déjà répondu d’elle-même à sa question, qui n’en était alors pas vraiment une. Et, pour tout avouer, il n’osait tout lui dire non plus. Ils se rencontraient pour la toute première fois… et s’il lui venait l’idée de lui voler son antre rêvée ? Bien qu’il doutât qu’une bipède puisse y accéder… Il préféra donc se focaliser sur le sujet de sa collection, un sujet tout aussi passionnant selon lui.

"Oui, ma collection. Je veux trouver tous les objets et tous les êtres les plus merveilleux que le monde peut offrir, et les chérir ensuite, les garder et les protéger, pour que rien n'altère ses beautés. J’ai déjà une perle dans notre coquille, qui est la plus belle perle du monde, car c’est mon Frère-Coquille qui l’a trouvée. Un jour, ma collection sera aussi immense que mon nid et chaque recoin ne sera que trésor infini."

Il fut déçu toutefois qu’elle n’accepte pas de suite sa patte tendue, et attendit, dans l’expectative, à la limite de se vexer de ce soudain refus, elle qui avait quelques instants auparavant tant voulu ce geste, et qui maintenant le lui refusait ! Heureusement bien vite elle expliqua ce qui la faisait hésiter. Alors quoi ? Elle ne voulait pas être dans sa collection ?

Amis, disait-elle ? Cette notion ne lui était pas familière. Les voix tentèrent de lui transmettre ce qu’elles connaissaient de ce mot, en même temps que la bipède lui envoyait des ondes chaleureuses et chatoyantes pour lui montrer ce qu’était l’"amitié". Il dut avouer avoir du mal à comprendre la nuance. Sa collection, il la chérissait. Il ressentait pour elle, et tout ce qui la composait, une douce onde chaleureuse, toute pareille, aussi douce et forte que ce qui lui était montré. Quelle était donc la différence ? D’ailleurs ne lui soufflait-elle pas par ses images que l’on pouvait avoir une "collection d’amis" ? Nephilith se sentit perplexe et confus, mais, finalement, décida que, oui, il voulait partager des moments avec cette bipède, il voulait l’inviter chez lui, et visiter son chez elle, il voulait la revoir, il voulait partager, et si elle avait besoin de lui, peut-être voudrait-il l’aider. Si c’était cela être amis… alors pourquoi pas ?

"Je veux bien être dans ta collection d’amis et tu seras dans la mienne."

Et pour appuyer sa pensée, il serra un peu, prenant garde que ses petites griffes n’écorchent pas peau-douce-et-fragile.

"Et j’ai hâte de visiter ton île. Quand j’aurai conquis mon nid, j’ai hâte de te le montrer aussi, avec tout le reste de ma collection."

Puis, son regard se riva de nouveau sur l’écaille. Peut-être pouvait-il oser sa question ? Ses saphirs se relevèrent sur les améthystes de sa bipède de feu, avec une lueur déterminée. Un brin inquiète et intriguée.

"Comment as-tu eu cette écaille ? Elle est jolie. Est-ce un présent ?"

Questions sous-entendues, qui affluèrent en fond de pensée : de quel dragon, pourquoi, quand… L'avait-elle volée ? Ou avait-elle un autre ami dragon ? Oui, beaucoup de questions. Comme toujours avec lui.

descriptionRencontre de Feu [PV Orfraie] EmptyRe: Rencontre de Feu [PV Orfraie]

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Orfraie s'était fourvoyée, semblait-il. Le terme 'collection' l'avait induite en erreur. À présent, Nephilith le lui avait expliqué avec ses propres mots et, l'Ataliel devait le reconnaître, le jeune dragon ne semblait pas avoir de mauvaises intentions. Mais, il était encore un dragonnet et seul le temps était en mesure de donner tord ou raison à la dragonnière.

Au bout de quelques instants, alors que l'immaculée avait toujours sa main posée sur la patte du saurien, ce dernier accepta sa proposition. Les lèvres charnues de la dragonnière s'étirèrent aussitôt en un joli sourire tandis que ses améthystes, fenêtres de son âme, témoignaient de son plaisir face à cette réponse positive. Ensuite, Orfraie baissa les yeux sur leurs mains-pattes liées tandis que Nephilith serrait doucement, ses petites et coupantes griffes à quelques centimètres de la peau délicate de l'Ataliel.

# Cela me tarde déjà, je n'ai jamais eu l'occasion d'explorer Tiamat. Mais prend garde lors de ta conquête, les Graärh veillent désormais sur le coeur du Baoli et peut-être verront t-ils votre présence, à toi et ton frère-coquille, d'un mauvais œil.# Le mis en garde Orfraie en reprenant doucement sa main. Ses doigts effleurèrent ensuite l'écaille qu'elle portait autour du cou. Avec sa couleur de Jade et ses reflets bleutés, le cadeau de Firindal était de toute beauté. Il n'était guère surprenant que le jeune chasseur de trésor l'ait remarqué.

# C'est un cadeau, oui.# Doucement, Orfraie passa ses mains derrière sa chevelure et détacha la chaînette. Elle déposa l'écaille au creux de sa paume avec beaucoup de délicatesse - alors qu'elle était très résistante - et l'approcha du saurien doré pour qu'il soit en mesure de mieux l'observer. # Je suis une Liée. Il se nomme Firindal, il est âgé de trois ans et m'a offert cette écaille pour veiller sur moi lorsqu'il n'est pas à mes côtés.#

Doucement, Orfraie se concentra sur l'esprit de Nephilith afin de lui transmettre l'image de Firindal. Dans la peinture de sa conscience, il apparaissait allongé dans l'herbe, les pattes croisées. Ses grandes ailes étaient collées contre son corps, sa queue tout étirée derrière lui et le soleil se reflétait sur ses écailles. Il soulignait sa magnificence tout en révélant quelques reflets bleutés parmi le jade et l'émeraude.

# Lorsqu'un dragon se lie, il obtient la capacité de détacher une écaille de son corps et d'y insuffler une partie de sa force. Quand je la porte sur moi et qu'il n'est pas là, elle renforce mes pouvoirs magiques.#

L'Ataliel ignorait tout de la position de Nephilith vis-à-vis du Lien. Était-il du côté de son père ? Ou préférait-il se forger sa propre opinion ? C'était un risque que de révéler qu'elle était une Liée, mais Orfraie avait jugeait qu'être sincère était préférable.

# Je n'ignore pas la position de ton père vis-à-vis du Lien mais je pense que tu es un jeune dragon qui se fait ses propres idées des choses. Je tiens à ce que nous restions amis # S'inquiéta Orfraie en remettant l'écaille autour de son cou. # Et en tant que nouvelle amie, j'ai quelque chose pour toi. Il me semble que cet objet a attiré ton attention toute à l'heure, lorsque je te l'ai montré.#

Plongeant le bras dans sa sacoche jusqu'au coude, Orfraie fouilla à l'aveugle dans le contenu quelque peu en désordre de l'objet. Au bout de quelques secondes, tandis que son visage se tordait de diverses expressions alors qu'elle se fiait à son toucher, l'Ataliel extirpa du sac de cuir un objet lui aussi en cuir, du moins à première vue. L'amenant près de Nephilith, elle lui présenta.

# Il s'agit d'un livre. Les livres peuvent être gros ou petits, épais ou fin. Ici, il est tellement fin et petit qu'on peut l'appeler carnet. Les livres que tu as vues toute à l'heure renferment du savoir, des textes que nous avons écrit dont le sujet principal est la magie et son bouleversement récent. C'est une façon simple et accessible de stocker des informations, c'est pour cela qu'il y en a autant.# Orfraie fit tourner le carnet entre ses doigts. Il mesurait quinze centimètres de haut et était épais d'un centimètre. Ses pages étaient bien blanche et plutôt épaisses. # Mais on ne fait pas qu'écrire dans un livre, on peut aussi dessiner ou peindre par exemple.# Doucement, l'Ataliel ouvrit le carnet et dévoila la première page au regard de Nephilith. Il s'agissait d'une esquisse au fusain où l'on pouvait deviner les abords d'une cité qui n'avait rien à voir avec Ipsë Rosea étant donné l'architecture pyramidale. # Il s'agit de Endëaerumë, la cité des Elfes sur l’Île de Keet-Tiamat.#

Tournant le carnet vers elle, Orfraie feuilleta plusieurs pages avant de tourner le support vers le jeune dragon.

# Ce dragon se nomme Alkhytis.# Le dessin était ici complété par de la peinture afin de retranscrire au mieux les nuances des écailles cuivrées. # C'est un autre dragon Lié et un ami lui aussi. Vous avez un caractère semblable sur certains points, je pense que vous vous entendriez.# Posant le carnet dans l'herbe, Orfraie laissait l'opportunité à Nephilith d'en tourner les pages. #I l n'y a plus de pages blanches, alors j'aimerais te l'offrir comme cadeau si tu es en mesure de le transporter. Et lorsque tu pourras venir en ville, je pourrais te dessiner et te peindre dans un autre carnet, si tu veux.#

descriptionRencontre de Feu [PV Orfraie] EmptyRe: Rencontre de Feu [PV Orfraie]

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En voilà une information intéressante. Des bipèdes, ces bipèdes-de-poils dont ses parents lui avaient déjà vaguement parlé, s’étaient installés sur l’île qui crachait du feu ? Pour veiller sur le coeur du Baoli… Ainsi l’île crachant du feu cachait en son antre ce puits d’énergie, ce puits de magie, dont il avait également entendu parler ? Que des bipèdes, même si les bipèdes-de-poils lui semblaient parmi les bipèdes les plus intéressants hiérarchiquement parlant, ne voient pas la présence de dragons d’un bon œil le laissait totalement indifférent. Peu lui importait : soit ces bipèdes avaient la sagesse de se plier à la volonté des dragons, et d’accepter même l’honneur que ces dragons leur feraient de leur présence sur l’île, soit ils subiraient le courroux des dragons s’ils leur cherchaient des épines dans les écailles. Sans compter que d’accepter des dragons sur cette île serait fort bénéfique dans leur "veille" sur le Baôli. Qui de mieux que des dragons pour veiller sur lui ?

Non, vraiment, si l’information était intéressante, elle ne l’inquiétait guère. Si les bipèdes-de-poils n’étaient pas complètement stupides, ils se trouveraient honorés de leur venue et les aideraient même. Sinon… eh bien, tant pis pour eux, ils seraient classés dans les cas désespérés et donneraient simplement raison aux récriminations de son père. Toutefois, Nephilith hocha la tête et roucoula un remerciement pour ce petit conseil tout bipédique.

Et son attention se focalisa de nouveau sur ce petit morceau d’écailles qu’elle portait au cou. Il n’était pas volé, voilà déjà qui le rassurait. Mais la suite le fit bien vite déchanter, et une onde presque peinée valsa doucement vers la bipède de feu. Une onde teintée d’une douce tristesse, d’une pointe de désappointement et d’une petite note de peur d’une couleur rouge si paternelle. Une liée… Si son père l’apprenait, non seulement Nephilith l’entendrait rugir à l’autre bout de l’archipel, mais en plus la bipède risquait de subir l’ire du dragon si célèbre pour ses colères et sa haine envers le lien.

Bon, il était vrai que son dragon lié était fort joli. Pas aussi joli que lui, lui qui était d'or et de soleil. Pour tout avouer, il se trouvait bien mieux assorti avec cette crinière de feu que le dragon de jade, mais bon, il paraissait que les liés ne se choisissaient pas.

"J’aimerais un jour t’offrir une écaille moi aussi. Même si je ne me lie pas avec toi."

Il était sûr que c’était possible. Il devrait demander à son paternel. Et il serait peut-être intéressant ensuite de pouvoir insuffler de la magie à cette écaille pour pouvoir garder un œil sur ses bipèdes… C’était une idée à creuser. Il pourrait ainsi laisser ses bipèdes de collection libres de vaquer à leurs étranges occupations et de parcourir les îles comme ils le voulaient, tout en gardant un œil sur ces si fragiles créatures. Après tout, s’il sélectionnait des bipèdes pour entrer dans sa collection, c’est qu’ils étaient de valeur. Autant tout faire pour qu’il ne leur arrive rien. Oui, voilà qui était résolu. Il devrait se pencher sur la question.

Mais un autre jour. Sa première bipède de collection requerrait son attention. Elle semblait inquiète quant à son avis sur la question du lien.

S’il en avait un ? Oui : pour lui tous les dragons devaient avoir le choix et un tel lien imposé lui semblait indu. Il trouvait cela contre nature qu’un dragon se retrouve obligé d’attendre un "lié" pour pouvoir éclore et vivre sa vie. Et encore, une vie toujours attachée à ce lié qui, au fond, lui avait été imposé, sans qu’il ne l’ait peut-être vraiment choisi. Devait-on en blâmer les bipèdes pour autant ? Il n’en était pas aussi sûr, malgré tout ce que son père disait. Les bipèdes choisissaient-ils d’être liés ? N’était-ce pas le dragon qui créait ce lien par sa magie ? Si certains bipèdes devaient sans doute rêver de devenir l’élu d’un dragon, ce n’était pas ce qui faisait qu’ils étaient choisis. C’était la magie. Peut-être une magie corrompue, mais une magie quand même. Et le bipède ne choisissait pas réellement non plus de devenir lié, finalement. Selon lui, le lien avait sans doute quelque chose de perverti oui. Et du peu qu’il avait compris, que les chimères en aient usé pour venir menacer leur monde en était un témoignage. Mais pour cela, il lui semblait tout de même difficile de blâmer les liés pour autant. Ils étaient autant victimes de cette corruption qu’eux tous. Peut-être même plus, eux qui se retrouvaient enchainés sans rien avoir demandé.

Donc non, il n’était pas pour le lien, mais non, il n’était pas contre les liés pour autant. Et plutôt que de vouloir tuer les bipèdes liés, comme son père le promettait, il préférerait pouvoir trouver un moyen de changer ce lien, d’en détruire la nature corrompue, et d’en assainir l’union. Si des dragons voulaient se lier à des bipèdes, qu’ils le fassent en toute volonté, et que ce lien n’ait aucun effet néfaste sur leur monde en donnant de la force à des êtres corrompus voulant tout détruire.

Tout à ses pensées, qui, bien qu’agitées, restaient pour une des rares fois focalisées sur un sujet, toutes les voix se concentrant elles aussi sur cette unique question, il ne répondit pas de suite et laissa la bipède continuer, lui envoyant seulement une onde d’encouragement. Il la vit sortir alors cet objet de cuir qui l’avait tant fasciné dans sa vision. Il écouta avec avidité ce que bipède-de-feu lui expliqua au sujet de cet objet. Il le couva des yeux, ses saphirs brillant fortement d’avidité.

"Livre", disait-elle. Et déjà, les voix lui envoyaient plein d’images, de sensations, concernant ce que ce mot leur évoquait. Il aperçut soudain de grandes constructions de pierre et de bois comprenant des "livres" par centaine, par millier, des constructions comme celles de la vision, mais pour certaines plus petites, et pour d’autres bien plus grandes. Les bipèdes avaient cela de fascinant : leur esprit créatif !

Savoir. Connaissances. Tout ce qu’il aimerait collectionner aussi. Il voulait des livres, plein de livres, si ces livres détenaient le savoir ! Mais le savoir des livres serait-il aussi puissant que le savoir des voix ancestrales ? Il en doutait. Mais il serait curieux de comparer. Celui-là ne semblait pas contenir de savoir important, mais plein d’images. Des images très jolies toutefois, et, fasciné, Nephilith fit mine d’en caresser une de la griffe, même si à distance, en redessinant les traits dans l'air.

Endëaerumë. Ça avait l’air très joli. Il faudrait qu’il aille la voir aussi de ses propres yeux si elle était ainsi. Les elfes… bipèdes-à-oreilles-pointues lui soufflèrent les voix. Oh oui, comme les oreilles pointues que bipède-de-feu avait. Était-elle elfe aussi ? Ou l’avait-elle été ? En posant ses saphirs sur les oreilles de la bipède, Nephilith émit une courte onde circonspecte, mais n’eut pas le temps de poser sa question, qu’elle tournait les pages. Il observa vaguement le dragon Alkhytis, notant ce nom dans un coin de son esprit. Encore une rencontre à faire. Décidément, il avait tant de choses à voir, faire, découvrir, et finalement tant de dragons ou bipèdes à rencontrer !

S’il pouvait transporter le livre ? Il n’en savait rien, mais il trouverait bien un moyen. Au pire il le prendrait entre ses crocs sans trop serrer. Il serait intéressant de se créer de quoi transporter ses trouvailles et nouveaux trésors à venir, songea-t-il dans un coin de son esprit.

"Tu n’as pas besoin de cadeau pour qu’on reste amis, bipède-de-feu", répondit-il enfin, toujours modulant sa voix pour qu’elle ne soit pas trop puissante et ne blesse pas l’esprit si intéressant de sa première-bipède-de-collection.

Toutefois, avant qu’elle ne se ravise et reprenne son "livre", il posa une patte possessive dessus, une lueur farouche et contente tout à la fois illuminant ses saphirs si profonds, alors qu’il ronronnait de plaisir.

"Mais il est tout de même bienvenu et j’en ferai un trésor choyé auprès de ma perle."

Cette même perle qu’il lui avait montrée dans ses visions de leur grotte. Son tout premier trésor. Sa collection commençait à s’agrandir ! Là aussi, il lui faudrait trouver de quoi les entreposer sans risques et de quoi les garder et les protéger de tout voleur.

"Je serai heureux que tu me dessines quand nous nous reverrons. Car serment de dragon, nous nous reverrons."

Il ne lui demandait même pas son autorisation.

"Je ne suis pas comme mon père. Si je suis d’accord avec lui que le lien est corrompu, dans son état actuel, je ne suis pas pour autant contre les liés. Je ne pense pas que les liés aient choisi leur destin. Je ne comprends pas comment nous pourrions alors les accuser de ce qu’ils n’ont pas choisi ni voulu. S’il faut combattre les effets néfastes du lien, j’aimerais que l’on trouve un moyen de le faire sans blesser les liés. Sans blesser les dragons avant tout, mais… je trouve les bipèdes intéressants, même si de bien fragiles créatures, et je n’aimerais pas perdre ma première bipède de ma collection d’amis."

Il approcha alors le livre vers lui en le faisant glisser doucement pour ne pas l’abimer, puis se décida à lui faire un cadeau, à elle aussi.

"Je ne peux peut-être pas te donner une écaille, mais je peux au moins te donner cela."

Et tout en envoyant cette pensée, il attrapa un de ses cristaux de saphir qui ornaient son dos, il en cassa l’extrémité et la tendit à la bipède-de-feu.

"Ce cadeau n’a pas de pouvoir comme l’écaille de… ton Firindal-lié-de-jade, mais un jour peut-être je trouverai comment faire pour que mes bipèdes de collection aient également un cristal ou une écaille imprégnée d’un pouvoir draconique lié à moi et digne de moi. Un jour, peut-être… "

Et il attendit ainsi, son cristal au sein de sa patte, paume vers le haut, attendant que bipède-de-feu s’en saisisse et accepte, elle aussi, son cadeau comme pour sceller leur "amitié". Finalement, une certaine forme de lien, si l’on y réfléchissait bien. Même si celui-là était voulu, consenti, et non corrompu.




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Après le sujet du Lien, un thème beaucoup plus léger fut abordé. Il n'était pas source de potentielle discorde, au moins, à moins d'avoir trop à cœur le sujet de l'art… Mais de cela, Orfraie en doutait. Néphilith était encore bien jeune pour être si critique. Même l'Ataliel, pourtant ancienne Baptistrelle, n'était guère difficile. Il y avait peu de formes d'arts "classiques" qu'elle n'aimait pas, préférant de loin rester ouvertes à toutes idées. Mais c'était un autre sujet et une discussion que, peut être, les deux nouveaux amis auraient un jour. Peut-être, alors, qu'Orfraie découvrirait davantage de coutume draconique, une idée qui la réjouissait et attisait sa curiosité sans limite.

Revenant au présent, et au carnet, Orfraie sourit. Elle s'était douté, dès l'instant où Néphilith avait commencé à poser ses questions, que ce dernier aimerait ce cadeau. Même si, dans le cas présent, le savoir contenu entre les pages noircies n'étaient pas tout à fait ce à quoi l'on pouvait s'attendre, tout du moins à première vue. En effet, en feuilletant l'ouvrage, le jeune dragon allait découvrir des paysages et des endroits nouveaux avant même d'y poser une griffe… Et il s'agissait là d'une forme de savoir.

En refermant le carnet, puis en le déposant doucement dans l'herbe bien verte, Orfraie capta les quelques mots du jeune saurien. En relevant le regard vers lui, elle lui sourit, puis envoya une douce caresse mentale.

"Je sais, mais cela me fait plaisir", répondit-elle en toute sincérité. N'était-ce pas ainsi entre amis, après tout ? Faire plaisir à l'autre sans chercher à obtenir quelque chose en retour.

Déjà, une patte possessive se posait sur la couverture de cuir et acheva de faire sourire l'Ataliel. Malgré ses paroles, Néphilith était heureux d'un tel présent et ne pouvait le cacher à la dragonnière, qui trouva son ronronnement très mignon.

"C'est ce que je me disais", lui dit-elle non sans malice. "Les bipèdes possèdent des 'coffres' pour entreposer leurs possessions en toute sécurité. Tu pourrais t'en trouver un, ou quelque chose s'en approchant, pour garder tes trésors bien à l'abri", reprit-elle tout en lui montrant mentalement l'objet dont elle parlait puis quelques variantes naturelles, comme une pierre creuse par exemple.

Orfraie sourit de nouveau lorsque le dragon lui expliqua sa vision du Lien. Elle était heureuse de l'entendre dire, de savoir qu'ils ne seraient pas ennemis tôt ou tard, à moins que sa vision change radicalement. L'Ataliel ne répondit pas en parole, toutefois, mais lui envoya des ondes joyeuses. Ces mêmes ondes devinrent curieuses lorsque le dragon reprit la parole, cette fois bien mystérieux. De quoi pouvait-il s'agir ?

Le voyant faire, Orfraie ne manqua pas d'être surprise. Elle craignait qu'il se fasse mal, mais ces cristaux semblaient être comme des ongles trop longs qu'il était possible de couper ou comme les sabots d'un cheval qu'il était possible de percer pour faire tenir des fers. Ne s'étant guère attendu à cela, la dragonnière prit quelques secondes avant de tendre la main à son tour et de récupérer délicatement le cristal. C'était beaucoup plus léger qu'elle l'avait imaginé, remarqua t-elle en le soupesant. Elle le prit ensuite entre son pouce et son index et le leva pour regarder le soleil au travers, son visage s'ornant aussitôt de reflets saphir.

"Cela me touche beaucoup. Merci, Armalócë."

D'une pensée, elle tenta de lui traduire ce nom : dragon aux écailles comme le soleil. Bien sûr, cela sonnait beaucoup mieux en Elfique. Tout sonnait mieux en Elfique, de l'avis d'Orfraie. Une langue compliquée, mais si belle, à l'écrit comme au parler. Peut-être, un jour, lui apprendrait-elle s'il se montrait curieux ? Firindal, au contact de son esprit, avait emmagasiné ses connaissances, alors pourquoi pas Néphilith ?

"Il me semble qu'il est en la capacité des dragons d'enchanter leurs écailles. Firindal n'a jamais essayé, mais je crois bien l'avoir déjà entendu m'en parler. Peut-être pourras-tu poser la question à tes parents."

Voilà une piste à creuser pour le jeune saurien, de quoi occuper son esprit bouillonnant. Ensuite, pour ne pas perdre le cristal, Orfraie le glissa sans attendre dans sa sacoche. Elle ignorait comment elle allait le mettre en valeur, mais il était certain que la pierre précieuse n'allait pas rester cacher au fond de son sac.

"L'heure tourne, mon jeune ami."
Elle mira la silhouette gigantesque de Keetech au loin. "Je pense qu'il est temps que tu retrouves ta mère et ton frère, avant de te faire attraper. J'ignore comment se passe l'éducation chez les dragons, mais chez les bipèdes une telle escapade sans surveillance, pourtant interdite, mériterait une punition."

Un autre sujet dont ils pourraient discuter une autre fois. Orfraie déplia ses jambes et se redressa, s'étirant avec plaisir. Elle dominait soudainement Néphilith, mais s'accroupit devant lui pour déposer une dernière caresse sur ses belles écailles.

"Nai Anar caluva tielyanna, Armalócë. "

Puisse le Soleil briller sur ton chemin, lui traduisit-elle d'une pensée, avant de le laisser filer.

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