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descriptionLe chant du cygne. - Ilyanth FB. EmptyLe chant du cygne. - Ilyanth FB.

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Ordre, 25 décembre an 7.

Enfin le domaine se profilait, elle avait attendu ce moment des jours, elle avait conduit ses hommes au domaine, elle observait à plusieurs dizaines de mètres qu'il n'y ai pas de signe d'agressivité de leur par et elle éloignait sa monture entièrement caparaçonnée derrière les arbres, le Fléau Rouge faisait parler de lui une nouvelle fois, et pourtant, elle n'avait même pas tiré son épée pour le moment. Son camp devait être quelque part perdu dans la forêt. Elle s'était vouée à mourir, une fois de plus et rien ne semblait pouvoir traverser sa propre armure pour deviner ce qu'elle pensait en l'instant présent, elle s'était tant préparé à mourir qu'elle n'en avait plus peur, c'était devenue une normalité dans son existence depuis qu'elle avait reçu cette blessure.

Depuis plusieurs jours, elle faisait ce curieux manège, sans jamais entrer comme si elle croyait que le domaine lui-même refusait d'accepter les Fléau Rouge, les elfes la regardaient étrangement, et pourtant, cela crevait les yeux quelle était dans un état déplorable, sa plaie ne s'arrêtait pas de saigner, tâchant de noir son armure, sa selle, l'armure de la jument et finalement la neige, et finalement elle ne tenait qu'à peu de chose en selle, elle savait ce peuple loin d'être tolérant avec les autres espèces et encore plus avec les vampires, elle ne laissait rien de plus que les traces des sabots de son cheval dans la neige, ça et le sang noir sur la neige blanche. Elle n'avait pas décroché un seul mot, c'était la période de silence, elle avait besoin de s'économiser, elle avait été là comme une statue, une menace diront les mauvaises langues, voir la capitaine en terre ennemie n'était jamais bon signe.

Puis au bout de cinq jours plus rien, pas de trace du Fléau Rouge sur son destrier, du moins ça aurait été le cas de quelqu'un de peu observateur, elle traînait l'odeur du sang derrière elle comme si elle traînait un cadavre depuis des années. Mais ce n'était pas le cas, c'était.. Juste elle, plus d'un mois à se vider de son sang sur les chemins, elle ne savait pas vraiment comment elle avait tenu aussi longtemps, elle n'avait même pas retiré son armure, et elle n'était pas sûre de le vouloir, elle aurait aimé avoir son homme à ses côtés, mais finalement, elle préférait le laisser dans le silence, il ne savait pas tout ce qu'il s'était passé, et ce chant du cygne ressemblaient vraiment à son dernier.

Elle avait livré une dernière bataille pour sa nation, maintenant elle pouvait mourir, elle observait le ciel d'un œil terne à travers son heaume, elle tournait le regard et observait son épée plantée dans le sol non loin, assez pour être à portée de main, la neige sous-elle était imprégnée de son sang, sa monture fouissait dans la neige à quelques pas, l'alliage ne lui avait jamais paru autant se satisfaire de son sort, le gris terne de la lame reflétait à merveille le terne du paysage tout blanc.

Impossible de savoir qui se cachait derrière cette armure noir et rouge, si ce n'était sa petite taille, impossible de savoir son genre ou même son âge, la douleur et l'anémie causée par le poison usaient sa conscience qui flanchait, un jour de plus et le Fléau Rouge appartiendraient au passé.

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Cette nuit-là, Ilyanth s’était couché de bonne heure après une soirée paisible, passée à consulter d’antiques grimoires dans la bibliothèque du domaine. L’elfe avait sombré dans la béatitude du sommeil et gagné les rivages mirifiques du pays des songes. Soudain, celui-ci fut réveillé en sursaut par des coups frappés à la porte de sa chambre. Encore ensommeillé, il se leva et alla ouvrir. Face à lui se trouvaient plusieurs Enws, deux garçons aux cheveux bruns et une jeune fille rousse, au visage mangé par les tâches de son. Cette dernière baissa la tête d’un air contrit :

- Veuillez nous excuser maitre Ilyanth de vous réveiller à cette heure impromptue, mais un camp de soldats se trouve à proximité du domaine. Ils sont une bonne dizaine et certains ont des blessures importantes.  Nous pensons qu'ils sont arrivés il y a quelques jours et je crains que nous ne soyons pas en mesure de les soigner seuls car nos connaissances sont insuffisantes. C’est pour cette raison que nous requérons votre présence.

- Je comprends, répondit le chantefeu. Attendez-moi ici, je vais m’habiller et je vous accompagne.

Le Baptistrel s’empressa d’enfiler à la hâte une tunique couleur pourpre et d’emporter la harpe dorée qui représentait son instrument de prédilection. Ensuite, ils se rendirent vers le lieu où les attendait les blessés. Dehors, la neige tombait, faisant virevolter des flocons argentés autour d’eux et de violentes rafales glacées fouettaient leurs visages. N’eut été son lien avec le feu, élevant sa température corporelle et réchauffant son corps, Neolenn aurait grelotté en raison de froidure qui régnait dans les cimes Elfiques. Le groupe de Baptistrels sortit du domaine et se rendit dans la forêt environnante. Bientôt, ils discernèrent à travers les ténèbres nocturnes un campement de fortune où se tenait une troupe de soldats, massés l’un contre l’autre, sans doute pour se protéger de la rigueur hiémale. La plupart d’entre eux semblaient fort mal en point et le maitre barde remarqua que la neige alentour était maculée de traînées de sang noirâtre.

Des soldats vampiriques, songea-t-il en rivant ses prunelles céruléennes sur les silhouettes caparaçonnées dans leurs armures d’acier. Il était inhabituel que ces sombres prédateurs se rendent jusqu’au domaine car leur capacité de régénération leur permettait de survivre à maintes blessures. Leur présence en ce lieu sacré signifiait probablement que leurs plaies étaient particulièrement sérieuses et difficiles à soigner.
Le domaine était ouvert à quiconque recherchait la paix et la guérison et l’elfe du soleil ne faisait aucune distinction entre les différentes races d’Armanda, loin de partager les préjugés séculaires que nourrissaient nombre de ses congénères à l’encontre du peuple de la nuit.

Les soigneurs décidèrent de se répartir les blessés et le lié du feu s’approcha de plusieurs d’entre eux afin de s’enquérir de leur état de santé. Soudain, celui-ci aperçut une frêle silhouette, enfermée dans une armure et le visage dissimulé derrière un masque de fer, non loin d’un fier destrier couleur d’ébène, emprisonné sous la même chape d’acier. S’agissait-il d’un enfant ? Cela paraissait peu probable et il devait s’agir d’un combattant de faible stature. Le Rhapsodien s’avança dans sa direction et pris la parole d’une voix aimable :

- Mon nom est Ilyanth Neolenn et je suis un chantefeu. Ma magie me permet de soigner les blessures les plus graves et je pense pouvoir vous venir en aide car vous semblez très affaiblie…

En effet, la créature gracile semblait si épuisée et titubante, que cela relevait presque du miracle qu’elle soit capable de se tenir debout. Le sang qui dégoulinait le long de son armure se répandait sur la neige, souillant sa pureté de coulées fuligineuses et une odeur métallique imprégnait l’atmosphère.

Neolenn comprit que si ce soldat ne recevait pas des soins très rapidement, ses jours étaient sérieusement en péril.

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Là où la vie n'a pas de valeurs.. Elle ignorait un temps l'elfe, se relevant avec la plus grande difficulté l'effort ne faisait que la faire se vider de son sang, un geste aussi difficile au bord de l'agonie avait quelque chose d'insurmontable, la vampire s'exécutait rapidement quitte à en souffrir encore plus, ne laissant pas le temps à l'elfe d'agir, elle s'appuyait sur son épée pour toiser l'elfe, mais ça, il ne pouvait pas s'en rendre compte, son épée en disait long sur la nature de l'être enferaillé de même que sa tenue, l'ancien uniforme des vampires qui n'était plus tellement de rigueur à présent et une épée d'un alliage gris terne très rare et de fracture théocrate, souvent réservé aux officiers puisque peu pouvaient se permettre. Et pour peu que l'on ait écouté les histoires un frêle cavalier en armure noire et rouge sur un destrier vêtu de la même chose, tout paraissait plus clair à présent. Méritait-elle seulement de l'aide ?

Le Fléau Rouge observait attentivement l'elfe, elle était tendue et n'avait nullement confiance et de toute manière, son sort était scellé depuis bien longtemps, le poison avait fait son œuvre et ses pansements de fortunes ne parvenaient plus à endiguer l'hémorragie. Elle tremblait sur place en fixant ce curieux être, elle avait toujours eu du mal avec les pacifistes et tout autant avec les elfes, elle en avait probablement tué à une époque, mais elle avait bien trop tué pour s'en souvenir, comme si sa conscience avait longtemps dormi, et même dans cet état, elle restait sommeillante et capable du pire.

- Les gens meurent, cela fait partie de l'ordre naturel des choses, et même dans cet état, je serais capable de te remettre à ta place. Le ton était affreusement froid, la douleur habilement dissimulée, néanmoins, elle dévoilait un autre pan d'elle-même, une voix tout enfantine malgré les émotions négatives qu'elle chargeait dedans. Le message avait été clair elle ne voulait pas de son aide.

Donc le capitaine était une enfant, cela avait tendance à facilement troubler les personnes qui la croisaient pour la première fois, ça avait le mérite de surprendre, personne ne pouvait deviner qu'une toute jeune fille se cachait derrière le monstre des champs de bataille.

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Une atmosphère glaciale et mélancolique semblait peser sur ce camp empli de soldats blessés. Depuis combien de temps attendaient-ils là, blottis dans leurs abris de fortune, et dans la froideur hiémale. Ilyanth n’aurait su le dire car celui-ci ne disposaient que de peu d’informations à leur sujet. Les vibrations du monde lui indiquaient que nombre d’entre eux souffraient et cette perception lui faisait mal. Les Baptistrels en raison de leur connexion à la musique de l’univers possédaient cette faculté de ressentir la souffrance d’autrui comme si c’était la leur. Peut-être que son désir de soulager la douleur d’autrui venait en partie de ce don d’empathie, qu’en la faisant sienne et en guérissant l’autre il se guérissait un peu lui-même.

La petite créature paraissait fort mal en point et Neolenn lisait sa faiblesse à travers son chant-nom. Elle ressemblait à un animal, tremblant et blessé après une terrible chasse…Pourtant, malgré son état d’épuisement, cette dernière semblait désireuse de demeurer stoïque et fièrement dressée, là où il aurait mieux valu qu’elle soit couchée et que des guérisseurs lui administrent des soins.

Puis, elle prit la parole d’une voix très juvénile, ressemblant à celle d’un enfant mais dont les intonations avaient la dureté du métal. Le Chantefeu demeura calme, conservant son aura de chaleur et de bienveillance, comme si ces mots aussi acérés que la lame d’une épée ne l’atteignaient pas.
Le considérait-elle comme un ennemi alors que son seul but était de l’aider ? Le maître barde secoua doucement la tête avant de répondre :
- Je ne compte te faire aucun mal, je veux simplement arrêter cette hémorragie…Puis d’un ton empreint de gravité, il poursuivit :
- Si je ne fais rien, tu mourras…

Cette enfant-soldat désirait-elle mourir ? Peut-être que son existence tout entière se bornait à combattre sur les champs de bataille et qu’elle aspirait à une ultime paix ? Mais dans ce cas pourquoi serait-elle venue jusqu’au domaine, défiant le froid et la neige. L’elfe songea que la situation de cette enfant, prisonnière dans son carcan d’acier était probablement plus complexe qu’elle n’en avait l’air. Dans tous les cas, le jeune Cawr ne pouvait pas demeurer passif, attendant sagement les bras croisés que cette dernière se vide de son sang.

- Des gens meurent chaque jour, mais s’il est dans mon pouvoir de l’éviter, je le fais, répondit le maître barde. Et dans ton cas, je pense être en mesure d’arrêter cet écoulement de sang et de cicatriser tes plaies. C’est mon devoir de soigneur d’agir ainsi et je ne compte pas te regarder mourir sans rien faire !

La voix du Rhapsodien avait perdu un peu de sa neutralité et devenait vibrante d’émotions.

- Peut-être désires-tu la mort, mais moi je compte bien te garder en vie.

Ilyanth ferma les yeux, tentant de puiser dans les profondeurs de son être suffisamment de ressources et de force intérieure. Ensuite, il entonna un chant Elfique d’une somptueuse beauté :

[Soin] Soins
Referme les blessures à condition qu'elles ne soient pas trop graves, répare les os. Marche aussi sur les végétaux et animaux.

Geste clé : Chant elfique.]

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- Je me moque de mourir, la mort c'est quand tout devient trop difficile et à présent je suis fatiguée.. Et puis à la guerre tous ceux qui échouent meurt, on ne peut pas sauver tout le monde, je le sais bien. Son ton semblait déjà plus calme et neutre mais la connaissant ça ne pouvait qu'être trompeur.

Derrière la colère, la fatigue et la haine se cachait sans subtilité la peur de l'autre, elle se comportait comme un animal face à une situation inconnue, une peur sans aucune réflexion et sans aucun autre choix pour fuir elle n'avait pas d'autres moyens que de montrer les dents comme elle le pouvait, elle se sentait définitivement prise au piège. Et autant dire que la capitaine n'aimait pas vraiment ça, toute sa vie avait été portée par ses propres choix et qu'on lui impose un choix arbitraire de cette façon là, au delà de l'agacement c'était injuste. Alors elle n'avait pas vraiment le choix.

Et les premières notes du chant elfique provoquèrent son attaque, son épée était à portée de main et ne se préoccupant pas des nouvelles souffrances que ça lui causerait, elle ne comptait pas le tuer juste lui faire assez peur pour qu'il la laisse, elle était tendu au moins autant que son bras l'était pour mettre en joug l'elfe, et au moment où son arme était placée la blessure infligée par le lien contaminé, quelqu'un visiblement tenait à ce qu'elle ne lève pas son épée contre quiconque, la lame captait tout ce qu'il y avait d'émotions positives dans cette scène surréaliste. Elle cillait mais ne désengageait pas pour autant, rien que lever le bras avait été douloureux, la magie ne faisait pas encore totalement son œuvre.. Plus le temps passait plus ses blessures semblaient avoir été causée par un règlement de compte entre vampire, ses os brisés par la magie, le lien contaminé, tout semblait plus clair à présent et sans doute voilà pourquoi elle en faisait une affaire personnelle.

Plus que la main qui tremblait c'était tout son être, tenir debout était particulièrement difficile et ça ne ménageait pas ses plaies, et elle se moquait bien de se vider de son sang dans ses conditions, elle avait trop fréquenter la mort pour en avoir peur, elle était en paix. Cependant elle semblait être sur le point d'abdiquer, mais pour quelle raison ? Mais elle n'abandonnait pas son désir de mort, elle baissait juste les armes

- Tu m'énerves, l'elfe. Pas vraiment de trace d'agressivité, juste le ton typique d'un enfant qu'on ennui et qui souhaiterait qu'on le laisse tranquille..

Puis sans plus de cérémonie elle plantait son épée dans la neige, au moins elle semblait avoir oublier l'idée de l'étriper où qu'elle avait tout simplement compris qu'il ne lâcherait pas l'affaire et clairement elle n'avait plus le temps pour tenir tête à qui que ce soit.

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Ilyanth la regardait sans tressaillir, pourtant ces paroles faisaient rejaillir sur sa mémoire le douloureux traumatisme de la bataille de Sandur. Tant de sang s’était écoulé ce jour-là et tant de vies innocentes avaient été injustement arrachées. Pourrait-il jamais oublier ces visions d’horreur ? Pourquoi fallait-il que les êtres se battent et meurent en vain ? Suite à ces terribles combats et aux pertes occasionnées, l’elfe s’est retrouvé prostré des jours durant dans un état proche de la catatonie et c’est sa capacité de résilience qui lui avait permis de surmonter ces blessures intérieures.

Cette vampiresse avait dû vivre des choses épouvantables pour en arriver à un tel stade, pourtant il ne lui appartenait nullement de la juger.

- Nombreux sont les morts qui désireraient la vie et les vivants qui préféreraient la mort, répondit-il avec douceur. Même si je peux comprendre ton sentiment d’indifférence à l'égard de ta propre existence , comme je te l’ai dit tout à l’heure, je n’ai pas l’intention de laisser quelqu’un mourir devant mes yeux s’il est dans mon pouvoir de lui venir en aide…

Grâce à sa grande capacité d’empathie et aux vibrations qui émanaient d’elle, Neolenn pouvait percevoir ses émotions ; la peur qui l’habitait, la lassitude et aussi un grand sentiment d’impuissance qu’elle dissimulait derrière cette armure d’acier.

Dès l’instant où le Baptistrel entonna les premières notes de son chant de guérison salvateur, la réaction de la capitaine ne se fit guère attendre. Ses vibrations résonnaient plus fort et il pouvait sentir la colère et l’agacement sourdre en elle ; n’eut été son état d’épuisement, à la fois physique et mentale, l’enfant vampire l’aurait probablement frappé à l’aide de son épée.

Le chantefeu remarqua également que cette dernière possédait une sorte de bras mécanique, à moins qu’il ne s’agisse d’une prothèse. D’un ton agacé, la nocturne exprima son énervement vis-à-vis de l’elfe, ce qui suggérait qu’elle préférait qu’il s’éloigne et la laisse en paix. Joignant le geste à la parole, elle planta sa lame dans la neige.

Le lié du feu sourit et répondit :

- Je crois qu’il va falloir attendre un peu avant que ce sort ne fasse complètement effet et que tes blessures se renferment, mais tu es tirée d’affaire, tes jours ne sont plus en danger.

Le jeune Cawr songea qu’il était un peu ironique de tenir de tels propos à un vampire pour qui l’état de mort-vivant constitue l’existence, mais aucune autre façon de le dire ne lui venait en tête.

- A présent repose-toi, et si tu as encore mal, j’emploierai un sort plus puissant. Si tu n’as plus besoin de mes soins, je vais aller m’occuper d’autres blessés.

Puis, le Rhapsodien se tourna en direction d’un autre soldat dont l’état de fatigue et les blessures sévères laissaient craindre le pire.

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- Si tu me laissais mourir tu serais un héros même parmi les tiens, je ne me suis pas retrouver dans cet état par hasard, même toi tu dois savoir que les chimères ne font pas ce genre de blessure. Elle croisait difficilement les bras, en parti à cause de son atèle mécanique qui avait subit pas mal de dégât durant la bataille contre les chimères.

Elle ressentait malgré son désir de couper court à la conversation le besoin de justifier son choix, sans réellement savoir pourquoi, elle avait été usée par ses blessures et par le long chemin qu'ils avaient parcouru ventre à terre pour venir ici et essayer de sauver ce qu'il restait à sauver. Alors elle suivait ce curieux elfe pacifiste, prétextant une vague surveillance, finissant même par retirer son heaume pour laisser paraître son visage enfantin quelques douze années peut-être un peu moins, des yeux bleu acier et des cheveux roux attachés en chignon plat, quelque chose d'assez peu commun en somme et certainement pas ce qu'on s'attend en entendant le titre de capitaine.

- La paix ne m'as jamais parue comme quelque chose à défendre, suivre les ordres qu'importe ce qu'ils étaient c'était la solution de sa facilité, mettre toute son âme dans son épée et jeter le reste, mais qui vit par l'épée mourra de la même manière. C'est un sacrifice que j'ai accepter de faire bien avant de devenir un vampire. Il y avait quelque chose d'assez ironique en elle, peut-être parce qu'elle se sentait coincée dans ce corps d'enfant qui 'joue' à faire la guerre. J'ai pris conscience que ce monde ne vaut plus la peine d'être défendu et maintenant tout ce qu'il me reste c'est des corps froids et sans vie et ça pèse bien plus lourd que tout le reste. Combien de vie aurait-il fallut prendre pour que tout le monde soit satisfait ?

Une pause pour lui laisser le temps de comprendre ce qu'elle disait, les sous-entendus, tout paraissait plus clair sur son attitude, elle ne savait même pas pourquoi elle lui racontait tout ça, peut-être parce que bientôt elle sera morte, elle avait bon nombre d'ennemis et sa désertion future ne l'aiderait pas à se faire des alliés.

- J'ai passer toute ma vie à me battre pour les autres, à obéir aux ordres, longtemps tuer n'était rien de plus qu'une jeu mais avec les années c'est devenue de plus en plus difficile, tuer des humains et des elfes c'était faciles, c'était encore plus facile contre les barbares venus imposer leur religion ou pendant la théocratie mais maintenant on se retrouve à affronter des ennemis de plus en plus increvables. Je m'occupe d'eux puis je disparais , je n'ai rien à faire ici et mes supérieurs ne sont pas au courant de mon escapade avec mon escadron ou plutôt ce qu'il en reste et ce n'est qu'une question de temps avant que l'on vienne me chercher, surtout que votre charmant empereur doit déjà être au courant de ma venue, d'autant plus qu'on m'a coller un rôdeur aux talons. Et ils avaient bien raison de se méfier, elle jetait un regard par dessus son épaule. C'est tellement ironique de voir le Fléau Rouge ici, et encore plus avec un elfe pacifiste. L'agonie n'a pas que du mauvais.

Le Fléau Rouge avait sa propre réputation, que nul lui enviait, sa soif de sang, les meurtres perpétrés au noms du royaume vampirique et de la théocratie il avait massacré bien trop pour s'en souvenir, elle se cachait derrière ce titre comme une véritable armure et puis qui aurait pu croire que derrière ce monstre se cachait et puis il devrait certainement la prendre pour une folle à rire de sa situation mais elle n'en avait cure.

- Mon combat est loin d'être fini, il semblerait, tu me remets sur la route avec autant de persuasion qu'un coup dans les côtes, mais qui pensait que vous aviez un code de conduite. La colère et la peur avait laissés place à une espèce de curiosité.

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Les paroles de la vampiresse sonnaient avec la dureté de l’acier, aussi tranchantes que la lame acérée d’une épée. Elle pensait qu’en la laissant mourir, l’elfe serait un héros aux yeux des siens ? Le Chantefeu n’en croyait rien, estimant que toute existence possédait une valeur intrinsèque, même celle des âmes déchues et qu’il ne lui appartenait nullement de décider qui méritait de vivre et de mourir. Les paroles de son cœur représentaient la seule voie que le flamboyant était déterminé à suivre. Et à cet instant, sans savoir pourquoi ni la raison pour laquelle son cœur le lui dictait, il avait senti qu’il devait user de son pouvoir salvateur pour guérir les blessures de cet enfant-vampire. Pourtant si sa magie pouvait se révéler efficace pour soigner les plaies du corps, qu’en était-il de celles de l’âme ? Neolenn pressentait que ce qui avait conduit ce petit être, caparaçonné dans sa prison d’acier, jusqu'ici ne relevait pas simplement de quelques soins, mais dissimulait certainement une raison plus profonde…

Le lié du feu secoua négativement la tête, faisant voltiger délicatement ses boucles soyeuses :

- Un héros aux yeux des miens si je te laissais mourir ? Je n’en pense rien et je crois que tu te trompes sur moi et sur nombre de Baptistrels. La plupart d’entre nous ne désirons pas la mort de qui que ce soit, bien au contraire, si du sang était versé et une vie perdue, cela représenterait un terrible échec pour nous…

Puis d’un ton calme, nimbé de sa sérénité et de l’aura apaisante que lui prodiguait son totem d’oiseau du paradis, le chanteur poursuivit :
- J’ignore qui tu es, ainsi que ton passé, même si je devine qu’il doit être fort sombre et empli de violence et de destruction. Mais sache que je ne suis pas là pour te juger ni refuser de soigner une personne dont les jours sont en danger, ce qui semblait être ton cas. Peut-être désirais-tu ardemment la mort et ressens-tu de la colère ou du ressentiment envers moi pour ce geste, mais sache que je n’ai fait que suivre ce que me dictait mon cœur et que j’ai coutume de croire en la justesse de mes ressentis.

Tandis que Neolenn s’éloignait afin de prodiguer ses soins à d’autres blessés, il sentit que la frêle créature lui emboîtait le pas. Cette dernière ôta soudain son heaume, dévoilant un visage juvénile, d’une blancheur d’albâtre et une chevelure aussi incandescente qu’une rivière de flammes. Comme l’elfe du soleil s’y attendait, la soldate était un vampire-enfant, une fillette métamorphosée avant même d’avoir atteint la puberté, figée à jamais dans une éternelle jeunesse, en dépit de son âge plusieurs fois centenaire. Contrairement, à nombre de membres du beau peuple, Ilyanth n’avait jamais considéré les ténébreux comme des abominations à exterminer, mais comme des créatures de la Nature, qui bien qu’incarnant de redoutables prédateurs et souvent attirées par la noirceur, méritaient de vivre et jouaient un rôle dans l’équilibre délicat de l’univers.

La fatigue se lisait sur les traits de la fillette et ses grands yeux d’un bleu givré luisaient d’un éclat métallique. Le maître barde la contempla brièvement et lui adressa un sourire plein d’aménité, tout en écoutant attentivement la suite de ses propos. Ceux-ci firent naître en lui de la tristesse et de l’empathie pour cette gamine, qui n’en possédait plus désormais que l’apparence. Ainsi elle incarnait l’un de ces êtres, dressés à tuer et ne vivant que par le fracas de la guerre et ses pas l’avaient mené jusqu’à ce lieu sacré, peut-être pour y échouer, telle une bouteille à la mer ou y trouver une ultime rédemption. Quant au titre qu’elle portait « le fléau rouge », celui-ci lui paraissait vaguement familier, sans doute était-elle l’un des capitaines ou des champions de l’armée vampirique. Cependant un tel nom évoquait sans peine la haine, le sang et la destruction, éléments qui avaient marqué son existence jusqu’à ce jour…

- Je ne connais pas la raison pour laquelle toi et tes hommes avez trouvé refuge dans cette forêt et si tu es en fuite ou traquée pour quelques crimes que tu aurais commis, dit-il avec calme. Je pense qu’il ne m’appartient pas de te juger à ce propos, car qui suis-je pour juger la vie que tu as menée jusqu’à présent et les choix que tu as faits ? Certes, je te mentirais si je te disais qu’ils sont conformes à mes idéaux et à la lutte que je mène pour la paix, car je crois fermement que vivre dans un monde pacifié et harmonieux est possible…C’est mon souhait le plus cher en tout cas et ce qui donne un sens à mon existence.

Le maitre barde continua de sa voix mélodieuse, aux doux accents Elfiques, tout en plongeant son regard Céladon dans les mires d’acier de la rousse :
- Tu te trompes, mon intention n’était pas de te remettre sur la route ou de te chasser. En réalité, tu es libre de tes choix. Tu peux partir, reprendre ton chemin et continuer l’existence que tu as menée jusqu’à présent ou entrer et demeurer dans le domaine Baptistrel. Cet endroit sacré est ouvert à quiconque vient en paix et respecte ses règles…

Les prunelles claires du chantefeu tombèrent sur l’épée que tenait la fille de la nuit et il ne pût réprimer un frisson, tant les armes lui inspiraient de la peur et de la répulsion :

- Si tu désires venir et rester au domaine, tu devras abandonner ton arme à l’entrée car nulle violence n’y est admise…

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- Vous ne désireriez même pas la mort d'un assassin ou d'un dictateur ? Son appréhension avait laissé la place à une curiosité toute enfantine, qui seyait à merveille avec son allure de toute jeune fille en dépit qu'elle soit une créature de la nuit, pour une vampire qui avait passer son existence entière à tuer ce pacifisme avait forcément un côté plutôt exotique. Elle finissait par poser les mots sur sa méfiance envers les elfes : Je sais pas pourquoi mais je me suis toujours méfier des elfes, et avec les années la méfiance à engendrer une haine profonde et quand je suis rentrée dans l'armée j'ai fait l'erreur de céder à cette haine aveugle. ça ne me dérange pas d'être hait pour ce que j'ai fait, je l'ai accepter depuis la fin de la théocratie, le monde avait besoin de personne à accuser, j'ai accepter ce choix, même les vampires ont chercher des gens à accuser, j'ai été rétrogradée et reléguée au second plan et maintenant on me regarde comme une criminelle. Je ne te ferais pas l'affront de te dire que j'ai eu une enfance difficile.

Cela ne lui ressemblait pas vraiment de se laisser aller au longs discours, un bref éclat de rire à la fin de sa tirade pour détendre un peu la situation, elle ressemblait à ses personnes sans grands codes sociaux qui peinent à trouver une place parmi les autres, le choix des armes avait été la facilité pour elle, les créatures qui ne connaissent que la violence dans toutes leurs vies et s'y jette à corps perdus car ils ne savent pas faire autre chose.

- Ceux là ce sont mes hommes qui ont été blessés pendant l'expédition punitive contre les chimères, il ne reste que ça de mon escadron, pas grand chose, mais la bataille à rapidement tourner au drame. Elle lâchait un bref soupir qui aurait pu paraître douloureux. Et je ne peux pas m'empêcher d'être très en colère contre ceux qui nous ont envoyés à l'abattoir.

Était-elle finalement aller au royaume elfique pour ça ? Après tout c'était bien leur empereur qui avait commandité l'expédition, elle aurait bien pu tenter un dernier coup de folie avant de mourir, pour finir dans un dernier éclat, mais quelles conséquences cela aurait-il eu ?

- J'étais persuadée que c'était ma dernière bataille, que j'allais enfin mourir, mais j'avais oublier l'essentiel, j'ai fait beaucoup de mal ces derniers mois, et ce rôle je ne peux plus le porter, j'ai fuis par ici en pensant que je trouverais un chouette coin pour mourir, mais malheureusement je ne pensais pas tomber sur les rôdeurs qui nous ont conduits ici. Elle était à bout tout simplement. Je pense que sacrifier quelques personnes pour la paix est quelque chose de nécessaire, et maintenant ce sont les machines de guerre qui ont servis dans l'armée et que tous adulaient ou craignaient, je pense que j'ai fait mon temps, mais au moins j'ai l'avantage que peu de personnes connaissent mon visage j'évite ainsi le lynchage en pleine rue, c'est aussi pour ça que j'ai choisi de déserter. Ce monde n'a plus grande valeur à mes yeux et tout ce qu'il me reste maintenant c'est des montagnes de corps froids sur la conscience.

Elle sentait le frisson qui parcourait l'elfe à la vue de son épée et elle finissait par lâcher dans un air enfantin tout en observant avec attention le métal gris et terne de sa lame, l'alliage qui la couvrait, typique des gradés de la théocratie avait quelque chose d'effrayant et rien d'anormal puisque la lame captait toute choses positives, tristesse et peur naissaient en ceux qui l'observaient trop longtemps..

- Moi aussi elle me fait froid dans le dos, quand je l'ai en main je ne suis plus vraiment moi même, et pourtant je n'arrive pas à m'en séparer, je l'avais bien avant de devenir ce que je suis, je crois que je lui ai accorder trop d'importance avec les années. Elle semblait vraiment fatiguée sur le coup, le contre coup de la magie ou tout simplement qu'elle avait surestimer ses capacités. Je déposerais chaque arme que je possède dans ce cas, j'ai besoin de réfléchir sans rien avoir des les mains.

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L’enfant-vampire se tenait face à lui, sa chevelure incandescente saupoudrée de flocons neigeux et l’éclat givré de son regard d’acier faisait désormais place à de la curiosité. De même, sa voix sèche et autoritaire retrouvait soudain des accents enfantins. Ilyanth secoua la tête en arborant un léger sourire :

- Je ne souhaite pas la mort ni la destruction même pour les dictateurs ou les criminels. Ce que je souhaite au fond de moi c’est que ceux-ci cessent leurs sombres agissements. C’est leurs comportements que je réprouve et non pas leur existence. De plus, je pense que même un criminel peut changer et décider d’arrêter ses crimes. Dans ce cas-là pourquoi ne mériterait-il pas une deuxième chance ?

Certes son idéologie pouvait sembler fort naïve ;  toutefois, Neolenn croyait fermement en la rédemption et au fait que chacun pouvait apprendre de ses erreurs et que rien n’était figé.

La rouquine, fermée au premier abord, devint soudain plus loquace et évoqua son animosité envers les elfes ainsi que son passé funeste, ce qui ne surprenait pas le Baptistrel. Leurs deux peuples s’étaient voués une haine féroce pendant tant d’années et les vieilles blessures ne pouvaient pas se refermer si facilement. Cependant à quoi bon ajouter de la souffrance à la souffrance ? Tellement de sang avait été versé dans les deux camps et la haine et le ressentiment ressemblaient à des poisons qui corrompaient l’âme, n’amenant que rage et désespoir.
Le chantefeu désirait garder son cœur en paix car il savait que la recherche de la sérénité et de l’harmonie représentait la seule voie menant à un bonheur véritable.

De toute évidence, cette jeune vampiresse avait connu des heures sombres, à l’instar de nombreux Armandéens, durant le règne du tyran blanc. Du sang sur les mains elle en avait certainement ainsi que commis des crimes innombrables. Mais de quel droit Ilyanth pourrait-il la juger ?
Ce dernier n’avait jamais tué ni même blessé quiconque mais il ne considérait pas pour autant supérieur en raison de cela. Chacun suivait sa propre voie et s’adaptait aux événements à sa manière et peut-être que la guerre et la violence avaient représenté son seul moyen de survivre face à la cruauté du monde.

- Je pense que tes choix t’appartiennent et que tu as fait ce qui te semblait adéquat à ce moment-là.  Que tu aies pu commettre des erreurs, c’est certainement le cas mais qui n’en fait pas ? Je pense que nul n’a le droit de te juger car nos chemins et nos errances nous appartiennent et nous avons chacun notre vécu propre qui n’est comparable à aucun autre. Puis je crois aussi que même si tu ne peux pas changer ton passé, il te reste la possibilité de construire un autre futur. Tant tu es en vie, tout est possible…

L’elfe du soleil était intimement convaincu qu’il était toujours possible d’apprendre de ses erreurs et de ne plus récidiver à l’avenir. Même si cette fillette aux cheveux de feu pouvait si elle le voulait repartir à zéro et bâtir une autre existence que celle qu’elle avait mené jusqu’à à aujourd'hui.
La voix de la vampiresse laissait transparaître sa colère lorsqu’elle évoquait les raisons qui l’avait amené à fuir et à déserté.

- Jusqu'à maintenant tu ne vivais que pour la guerre, mais puisque tes pas t’ont mené jusqu’ici, peut-être est-il temps pour toi de vivre autre chose. Ce dont il s’agit, je l’ignore mais en cherchant au fond de toi et en écoutant ton cœur tu trouveras toutes les réponses.

En effet, le Rhapsodien pensait que chacun se devait de trouver sa vérité intérieure et ne pas fier à des réponses toutes faites ainsi que suivre des voies déjà tracées.

La gamine parut remarquer son tressaillement à la vue de la lame de métal terne et le Cawr songea que cette arme avait dû faire couler bien du sang et des larmes. Celle-ci éveillait en lui tant de sentiments contradictoires, à la fois tristesse, peur, répulsion et mélancolie. L’épée symbolisait ce fil tranchant capable d’ôter une vie en une fraction de seconde. Le visage d’Alphaia reflétait à présent son épuisement et sa fragilité d’enfant.

- Puisque tu acceptes de t’en séparer, alors tu es libre de me suivre à l’intérieur du domaine. Mais avant cela, je dois terminer de m’occuper de tes compagnons blessés.

Le maître Barde poursuivit sa tâche de soigneur et lorsque cette dernière fut achevée, il invita l’enfant de la nuit à le suivre jusqu’à l’entrée du domaine et lui indiqua un râtelier magique où déposer son arme.

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- Je suis un peu plus absolue que toi, j'ai passer ma vie à tuer, je n'ai eu aucun mal à tuer des gamins qui ne savaient même pas marcher ou mettre le feu à des granges remplies de femmes et de vieillards. Juste parce que qu'on me le demandait, je n'y ai pas vraiment pris de plaisir mais je l'ai fait. Je n'attends pas du pardon ou de la pitié, beaucoup d'anciens théocrates comme moi ont échapper à leur jugement mais pas à ceux des peuples.

Elle appréciait particulièrement le calme de cet elfe, il ne la jugeait pas et n'imposait pas ses idées, et c'était quelque chose de louable, lentement elle comprenait son point de vue même si elle n'approuvait pas tout, se contentant de poser un regard neutre quoi que curieux sur cet être atypique. Par son grand calme il l'a contraignait passivement à garder le sien, les restes de douleur étaient encore assez pour la garder dans un état assez docile, était-ce là le curieux pouvoir des baptistrels ?

La jument noire qui suivait d'un air assez désintéressé les deux bipèdes, semblait elle aussi plus calme à présent, même si elle gardait son air ombrageux et pas vraiment engageant. Le destrier vampirique n'aimait pas plus les elfes que sa jeune cavalière mais elle semblait à minima tolérer celui-ci près de sa cavalière. Le camp s'affairait doucement, il n'y eut pas un mot plus haut que l'autre, le capitaine n'ayant pas besoin d'hausser le ton pour garder un semblant d'ordre dans le minuscule groupe de vampire à peine dix têtes en la comptant.

- Vous avez toujours tendance à trouver du bon dans les gens même quand il n’y en n’a pas. J'étais comme toi à une époque, je refusais de voir le mal qu'il y avait en mon géniteur, jusqu'à que celui-ci me saute aux yeux. Tu sais je fais parti d'une famille de vampire que tous veulent tuer, chasses illégales, rapt d'enfants, meurtres, vols.. Pourtant on était que huit, mais parfaitement inadaptés à la société, j'ai été ramassée par le vampire quand j'avais cinq ans, mes parents m'ont balancer dans ses pattes pour sauver leurs culs. Elle était vulgaire mais de la part d'un soldat était-ce vraiment étonnant ? A huit ans je savais déjà comment détrousser et égorger proprement quelqu'un, on se battait entre nous à la moindre occasion pire que des chiens. J'ai servi pendant des années comme réserve de sang sur pattes et comme serpillère. Puis j'en ai eu marre de l'autorité de mon géniteur et je me suis engager dans l'armée après l'avoir battu en duel. Je croyais être libre mais finalement je n'avais troqué ma chaîne que contre une autre, juste plus légale..

Elle avait fait des tas d'erreurs, mais elle ne fuyait pas ses responsabilité, bien au contraire, peut-être que les choses auraient pu s'arrêter lors de la chute du tyran blanc, tout aurait été plus simple pour elle et pour ceux qu'elle avait connu, malheureusement les choses étaient rarement simples et le destin avait fait son œuvre.

L'enfant-vampire se tournait ensuite vers ses hommes une fois que tous furent soignés, et à peu près remis en état.

- A présent vous pouvez rentrer chez-vous, au pays ou n'importe où, vous n'êtes plus sous mes ordres où même sous ma responsabilité. Et elle s'éloignait de la troupe, la jument noire sur ses talons, libérée de toute entrave.

Peut-être qu'elle finirait par craquer et qu'elle retournerait dans l'armée la queue entre les jambes comme un vulgaire chien, mais pour le moment elle préférait ne pas y penser.

- C'est un vampire qui m'a ouvert les yeux, qui m'a laissé croire que au lieu de juste obéir, je pouvais juste faire ce que j'avais envie, un doux rêveur pacifiste. Et cette idée me plait bien. On devinait facilement au ton de sa voix qu'il y avait un petit quelque chose de plus entre eux.

Une fois devant les râteliers d'armes magiques, elle déposait ses armes, sans râler, elle ne s'était jamais séparer de ses armes, alors elle se débarrassait ainsi de son épée, de sa lame cachée dans son atèle métallique et de sa perce-maille, attendant patiemment. Aussi fou que cela puisse paraître elle se sentait libérée sans le fardeau de son épée, l'esprit presque apaisée, les restant de sa colère envolés. Néanmoins elle n'était pas aussi tranquille que ce qu'elle essayait de faire croire.

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Le cœur d’ambre écoutait Alphaia, conservant son attitude de neutralité bienveillante. Certes, les paroles proférées par l’enfant-vampire étaient terribles et pouvaient choquer, révulser ou emplir d’effroi nombre de ses congénères ; pourtant, il les accueillait avec une grande sérénité et un certain détachement car conscient que ces actes appartenaient à la Réalité.

Le monde était en perpétuel équilibre entre guerre et paix, lumière et ténèbres. Les choses se révélaient souvent plus complexes que ne le laissait supposer les apparences. Aux paroles suivantes de la vampiresse, l’elfe demanda :

- Pourquoi est-ce que tu te contentais d’obéir ?

Sa question était dénuée de jugements ou d’ironie et celui-ci n’avait d’autre désir que de comprendre son interlocutrice. Puis, il ajouta d’une voix douce :

- Je pense que les jugements révèlent plus de choses sur ceux qui les formulent que sur ceux qui en sont l’objet.

En raison de son passé de théocrate, la capitaine avait commis des actes d’une cruauté innommable, mais était-ce une raison pour la condamner au rejet et à la damnation éternelle ? Neolenn avait fait le choix de ne pas porter de jugement négatif sur cette dernière et lui tendait la main. Néanmoins, ce dernier était conscient que les victimes de ses exactions seraient sans doute moins enclines au pardon ou à l’acceptation.
L’atmosphère semblait soudain moins tendue et même la jument à la robe fuligineuse s’était apaisée. Autour d’eux, les soldats s’affairaient, semblables à des fourmis, tandis que l’elfe du soleil demeurait dans sa bulle de paix, comme détaché du temps et du bruit de l’univers.
Le Baptistrel afficha un léger sourire, en écoutant la suite du récit de la rouquine :

- Disons que je pense que la réalité et les êtres sont complexes et que chacun, moi y compris, comporte des zones d’ombre et de lumière. Il est difficile de considérer que quelqu’un ne possède aucune part de bonté, car peut-être cette parcelle est-elle dissimulée sous la noirceur. De même, selon moi les actes d’un individu doivent être replacés dans un contexte de vie pour acquérir tout leur sens. Disons que je n’adhère pas à une pensée manichéenne, qui voudrait que le monde soit divisé entre des gens totalement gentils et d’autres considérés comme des méchants.

La militaire continua à relater les événements de son passé, semblant se départir un peu de sa froideur et de sa réserve initiale. En contemplant son visage enfantin, qui derrière une apparence de candeur dissimulait un passé des plus sombres, Ilyanth songea que cette gamine plusieurs fois centenaire avait été jusqu’à présent le jouet des événements et d’individus malintentionnés.

Son vécu et ses relations avaient forgé la créature qu’elle était aujourd’hui. En d’autres circonstances, sa vie aurait pu être totalement différente. Du moins, le Cawr se plaisait à y croire et même maintenant rien n’était figé.

La rouquine donna l’ordre à ses hommes de disposer, leur rendant leur liberté et au fur et à mesure que ceux-ci s’éloignaient, le silence se fit dans la forêt. Le chanteur eut de nouveau un sourire bienveillant et répondit :

- Pour être honnête, je partage l’avis de ce vampire, peut-être suis-je aussi un doux rêveur. Je pense que même si nous évoluons dans un monde avec des règles ou que nous subissons certains événements, nous conservons une marge de manœuvre, une capacité de réflexion et à décider de nos existences. C’est ce qui s’appelle le libre-arbitre.

La fillette-vampire suivit le maitre-barde jusqu’à l’entrée du domaine et déposa son épée dans le râtelier. Le chantefeu ressentit un certain soulagement à l’idée de ne plus voir cette arme, car il avait toujours éprouvé un certain malaise voire de la crainte à la vue de ces instruments de mort.

Il mena la capitaine à travers le domaine jusqu’à un bâtiment où se trouvait des chambres destinées aux visiteurs. Le jeune Cawr ouvrit la porte de l’une d’entre-elles qui donnait sur une pièce, simple mais agréablement meublée.

- Tu peux loger ici pendant ton séjour au domaine et rester aussi longtemps que tu le désires. Ce lieu peut devenir ton sanctuaire et te permettre de passer ta convalescence dans le calme et le recueillement. Tu pourras avoir accès aux différents bâtiments, aux sanctuaires des éléments et aux bibliothèques. La plupart des habitants de cet endroit ne te jugeront pas sur ton passé et peut-être cet intermède, un peu à l’écart du monde, te permettra de te reconstruire physiquement et moralement.

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Elle scrutait attentivement chaque mouvement de l'elfe, elle cherchait des réponses silencieuses, elle-même s'étonnait de supporter un elfe, mais loin de son épée elle se sentait plus légère, comme si avoir sans cesse une arme à portée la rendait plus agressive et plus combative ou peut-être qu'inconsciemment elle savait que sans elle n'aurait aucune chance ? Elle connaissait aussi le grand pouvoir de ces pacifistes, mais ça l'intriguait autant que ça l'effrayait.

- Parce que sinon on m'aurait tué pour insubordination. À quoi ça m'aurait servi d'avoir de l'honneur si j'étais morte ? Elle affirmait ça avait la même innocence qu'un enfant devait une vérité qui lui paraissait absolue. Jouer ce rôle me convenait avant, il faut bien un méchant dans l'histoire, mais maintenant, je me suis rendue compte que j'ai été trompée.

Elle se rendait compte de tout ce qu'elle avait raté durant tout ce temps, elle s'était perdue à mener une vie qui ne lui convenait pas, elle avait joué un rôle et au final elle n'avait rien gagner, juste perdu son temps.

- Je ne me leurre pas, on meurt souvent comme on a vécu, ce n'est pas quelque chose qui m'effraie, je me suis toujours préparé à mourir, mais personne n'a réussit à me tuer, pas même les chimères, peut-être bien que je ne mourrais jamais, peut-être que les dieux trouvent ça drôle de me voir galérer comme ça. Elle était pleine d'ironie envers elle-même. Je ne me leurre pas, on meurt souvent comme on a vécu, ce n'est pas quelque chose qui m'effraie, je me suis toujours préparé à mourir, mais personne n'a réussit à me tuer, pas même les chimères, peut-être bien que je ne mourrais jamais, peut-être que les dieux trouvent ça drôle de me voir galérer comme ça.

- Pour moi ça a été le verre noir, ça m'oblige à me rappeler que les humains ne sont pas juste des proies faibles, qu'ils sont capables de faire preuve de bien plus dé détermination que nous à cause de leur vie si courte. J'ai pratiquement perdu un bras mais j'ai compris la leçon, de ne plus les sous-estimer. On est différent de vous, on sent pas toutes ces choses on peut pas lire dans les gens, on est même pas foutu de s'aider nous-même, mais on a des cicatrices pour se souvenir des erreurs qu'on a fait.

Elle savait bien que ça paraissait sans doute bien étrange pour l'elfe, mais parfois les enfants apprenaient comme ça, surtout les plus têtus.

- Je trouve que tu lui ressembles, vous avez cette même bienveillance naturelle, je ne saurais l'expliquer. C'était sans doute pour ça qu'elle lui faisait tant confiance.

Et elle lui accordait un des rares sourire radieux qu'elle était capable de produire, elle pouvait avoir à la fois quelque chose de radieux et de sombre. Mais elle n'allait pas plus abuser de son temps, alors elle s'écartait un peu.

- J'accepte ta proposition et j'espère trouver un peu de paix ici. Puis elle s'éclipsait.[/color]

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