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30 août 1763 - Athgalan la Perfide



Une semaine. Cela faisait une semaine qu’il avait été kidnappé. Une semaine à voguer sur les mers en compagnie de ces pirates. Certes des pirates raffinés, notamment leur capitaine Nayan Eärendil, mais des pirates tout de même. Ilhan n’avait pas oublié sa première soirée, des plus mémorables. Il s’était réveillé sur un bateau inconnu, en présence d’un hôte tout aussi inconnu, qui lui avait offert alors tout le raffinement à la mode althaïenne, depuis des habits coupés sur mesure, jusqu’à une tablée digne de la défunte romantique. Tout avait été fait pour le séduire, le mettre en confiance et endormir sa paranoïa légendaire. Grande erreur qu’il avait commise de croire pouvoir tenir tout ce sinistre bal. S’il était parvenu à ne pas perdre la joute verbale, il avait toutefois perdu toute dignité, dès que la sinistre vérité lui avait été révélée.

Cannibale. Son hôte était un cannibale ! Un assassin, pirate, fils du roi de ces félons, et cannibale de surcroit. Pire même ! Il lui avait fait goûter ses mets préférés, sans même lui demander un quelconque consentement, et lui avait fait savourer la chair de ses compagnons délimariens défunts. Il y avait longuement songé lors de ce voyage. S'il ne pouvait décemment reprocher le cannibalisme au spirite du vautour, si l'on en suivait en tout cas les préceptes Graärh pour qui aucun Esprit-Lié n'était mauvais, et si l'on pouvait alors tenter d'accepter ce fait, Ilhan ne pouvait toutefois pardonner que le vautour lui ait imposé ses propres goûts sans lui demander son avis. Et pire même, lui ait joué une si sinistre farce.

Non, cette sinistre soirée resterait gravée dans sa mémoire. Il n’avait pu alors se défaire de ce sentiment de souillure et d’avilissement qui lui avait collé à la peau tout le voyage. Il n’avait plus retenté de gestes aussi futiles qu’inutiles que celui de vouloir percer cette maudite coque de ce bateau tout aussi maudit. Il n’en avait pas eu la force des jours durant suite à sa tentative, mais il avait été également en constante compagnie, l’empêchant de commettre quelque stupidité que ce soit.

Son hôte s’était montré par ailleurs toujours aussi affable et courtois, lui offrant tout ce dont il pouvait avoir besoin. Luxe, confort, raffinement… tout avait été fait pour qu’il ne soit pas dépaysé, et qu’il conserve un semblant de dignité. Il avait été autorisé à se promener sur le pont, sous bonne garde. Personne n’avait osé porter la main sur sa personne, si ce n’est le capitaine lui-même. Et encore, aucune torture ne lui avait été infligée, autre que celle psychique qu’une telle situation imposait. Il était étrange de se savoir prisonnier sans en avoir l’air, d’être traité comme un prince aux fers dorés. Étrange… et déroutant.

Inutile de dire que le reste du trajet, il avait refusé catégoriquement tout mets carné. Il avait exigé un régime strictement végétarien. Et loin de s’en offusquer, son hôte s’était plié à sa volonté, allant même jusqu’à le rassurer quand Ilhan restait de longues minutes à contempler ses plats en se demandant ce qu’ils pouvaient cacher encore. Son hôte lui avait même fourni des remèdes apparentés à ceux qu’il consommait dernièrement, dès qu’il avait compris ce dont souffrait l’althaïen.

Dire que ce voyage avait été affligeant serait donc mentir. Même si ce simple fait jouait sur les nerfs à vif du Tisseur, qui ne pouvait s’empêcher de se demander ce qu’on lui voulait. Une rançon ? L’avait-on capturé pour jouer les otages et faire du chantage à Delimar ? Si les pirates pensaient que cela calmerait l’ardeur colérique de l’Océanique, c’était se mettre la proue dans les récifs. L’avait-on capturé parce qu’on avait démasqué son identité de Tisseur et qu’on voulait le forcer à mettre la Toile au service de ces bandits ? Là encore ce serait bien mal le connaitre. L’avait-on capturé pour tout simplement humilier Delimar, le vendre comme esclave, alors que la cité de l’honneur escomptait justement abolir cet outrage, et que lui-même était l’un des principaux acteurs de ce projet ? Ou y avait-il encore toute autre chose ? Allez savoir avec ces vils marauds. Tout était possible, même le pire. Surtout le pire pour tout dire.

Ilhan en était là de ses pensées, quand on le fit descendre du bateau. Il n’eut droit à aucun fer, il ne fut ni pieds ni poings liés, si ce n’est les liens que son propre esprit lui infligeait, par la simple conscience de son infériorité physique. Habillé d’un tout nouveau costume à la mode althaïenne, en soie bleu nuit sobre, mais parfaitement taillé, Ilhan suivit son escorte. Pas moins de dix hommes répartis tout autour de lui, qui le guidaient tout en le protégeant de tout vaurien ou de toute crapule voulant l’approcher. Quelques curieux parmi tous les malandrins qui trainaient osèrent tenter de le toucher, de l’attraper ou de le conspuer, mais furent rapidement mis au pas par l’un des hommes de Nayan. Il n’y avait pas à dire, ces pirates-là étaient de haute main et d’un professionnalisme exemplaire. Et si Ilhan fut d’abord peu rassuré de traverser toute Athgalan ainsi, il put rapidement respirer plus calmement, quand il fut témoin d’une telle maitrise. Nul doute, gardé par ces hommes-là, il ne risquait rien.

Pas même de s’enfuir, songea-t-il un brin amer.

D’un œil scrutateur, il tenta de noter le chemin emprunté, tout en ignorant autant que faire se pouvait les chuchotis sur son passage ou les têtes qui se tournaient et le suivaient d’un regard avide et curieux. Il ne pouvait nier l’ingéniosité des pirates et de ces bandits des mers. Construire leur cité en plein marais était un pari qu’ils avaient relevé avec brio, à n’en pas douter. Tout était construit sur pilotis, tout en se servant, avec efficacité, des structures naturelles autour. Ils arrivèrent très rapidement sur un centre-ville foisonnant de vie et de divers bâtiments, ou plutôt de bouges, aurait-il été tenté de dire. Ilhan peina à réprimer une moue dégoûtée à la vue de certaines masures. Auberges, disaient certains écriteaux. Nids à poux, si l’on voulait son avis. Fort heureusement, ils se dirigeaient vers un bâtiment bien plus digne, bien plus majestueux. Cette grande forme sombre qui profilait son ombre gigantesque sur eux, tel un rapace prêt à fondre sur vous. Ilhan aperçut un phare au sommet de l’édifice et osa demander quel était ce bâtiment. Un garde lui accorda la réponse d’un ton maussade, mais poli. Cabine du capitaine. Simple, concis, limpide. Exemplaire d’efficacité.

Forcément, il s’en était douté, on le menait au roi des pirates. Forban parmi les forbans. Une fois entré à l'intérieur, il nota à peine la décoration, et se concentra sur les issues et cachettes possibles que le lieu recelait. Là aussi, il lui serait difficile de s’échapper, nota-t-il. Outre le fait qu’ils se trouvaient en plein milieu d’un marais, et qu’il serait bien en peine de trouver son chemin dans cette nature sauvage et hostile, toutes les issues étaient savamment gardées. Et son escorte ne le lâcha pas d’une semelle, même quand ils furent entrés. Après avoir traversé quelques pièces, toujours sous les chuchotis curieux, il fut conduit dans une pièce où on l’invita à se poster devant une table. Et à attendre.

Et l’attente fut longue. Comme si on cherchait, une fois encore, à user ses nerfs, à les mettre à vif, à le dépecer de tout contrôle, pour mieux le tenir à leur merci. Mais il n’était pas dit qu’il céderait si facilement à ses méthodes aussi vieilles que le monde. Lui-même en avait bien souvent usé pour ne pas tomber dans ce piège. Il se concentra alors sur son mantra intérieur, se forçant à inspirer et expirer calmement en un ersatz de méditation, le temps que son nouvel hôte daigne se montrer à lui.

Et enfin, enfin, après une éternité et avoir écoulé tous les grains du sablier, son hôte se présenta. Dans toute sa fourberie.

Dernière édition par Ilhan Avente le Ven 18 Oct 2019 - 22:40, édité 1 fois

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¤ Le cadeau ¤

Devenir roi de la confrérie avait augmenté de manière exponentielle les responsabilités de Nathaniel ainsi que son travail. Il était déjà au fait de cela quand il avait des vues sur le poste pour autant il pensait qu’il pourrait en profiter pour se la couler douce, du moins un tout petit peu. Après tout c’était lui le roi, on devait donc le servir. Mais les loisirs attendront, il y avait fort à faire à Athgalan et il avait beaucoup de projets. Avant tout, il devait reprendre en main les pirates de la ville. Lorsque le nabot avait pris la fuite suite à son ascension, l’elfe sombre avait sauté sur l’occasion pour s’emparer de la charge de capitaine des pirates. Il occupait actuellement deux postes en attendant de se trouver un successeur pour celui des capitaines des gredins. Il y en avait déjà des potentiels, mais il voulait être sûr que celui qui prendrait sa suite ne saboterait pas tous ses efforts. Il avait bien cadré les choses et maintenant il devait faire la même chose avec les pirates. Aussi le nouveau roi utilisa la tactique habituelle. Il rassembla auprès de lui les plus meilleurs équipages et il massacra sous les yeux des autres l’un des membres à l’aide sa fidèle masse. Voilà ce qui vous attend si vous me décevez ou chercher à me trahir. S’assurant qu’ils avaient bien compris la leçon, il leur ordonna d’aller voir les autres équipages d’en faire de même. Rassembler les équipages et massacrer l’un des membres au hasard. Par la suite, il ordonna de traquer tous les bateaux pratiquant la piraterie et qui n’étaient pas rattachés à la confrérie. Athgalan devait avoir le monopole de la piraterie. Il avait fait la même chose alors qu’il occupait la place de capitaine des gredins. Il avait fait traquer les guildes de voleur présent sur les différentes iles et différentes villes avant de les soumettre. Ainsi ces guildes travaillaient pour la confrérie, reversaient une part de leur gain et collaboraient à certaines actions de la confrérie lorsque cela s’avérait nécessaire. Le crime n’est au final qu’un commerce et Athgalan devait s’assurer de contrôler le marché. Nathaniel avait par ailleurs ordonné aux autres capitaines de faire de même. Athgalan devait devenir une entreprise tentaculaire, la ville n’étant au final qu’un siège social pouvant être déplacé.

En parlant de déplacement, l’idée faisait tranquillement son chemin dans l’esprit du roi de la confrérie. Il aimait Athgalan, malheureusement de réelles difficultés apparaissaient. On rapportait du mouvement à l’Est. Les graärh, maudit félin, s’activaient. Ils ne semblaient pas apprécier la présence des pirates ainsi que leurs activités. Pour commencer, les tribus les plus proches des côtés s’étaient retirées dans les terres, afin de minimiser les risques de raids des esclavagistes. C’était fort ennuyeux, si les tribus se rassemblaient, elles finiraient par mettre leurs ressources en commun pour au final décider d’éliminer leur gêne commune. Une attaque finirait par survenir, tôt ou tard. Et malheureusement les pirates d’Athgalan n’étaient ni assez nombreux, ni assez dégourdi, ni assez intelligents pour mener une bataille sur la terre ferme et pour défendre une ville. Une ville, qui de plus, était très difficilement défendable. Il n’y avait aucune fortification, aucune place forte, à part peut-être la cabine du capitaine et encore. Le marais était ingrat et ne permettait pas d’établir une ville comme on en trouve ailleurs. Si attaque il y avait par la terre, Athgalan tomberait.

Aussi le regard de l’elfe sombre se portait ailleurs, vers l’Est, par-delà la menace graärh. Sur la mer flottait l’ancienne forteresse volante des chimères. Voilà un lieu qui pourrait abriter une future ville pirate. Située sur l’eau, elle ne serait accessible que par la mer. Là, les pirates avec leur navire pourraient avoir une chance. Surtout en installant des engins de siège autour de la ville. Ce qu’il fallait pour mettre le feu à la mer et donc au navire, mais également pour briser les ponts et les coques des bateaux. Tout ceci viendrait en temps voulu, le jour où les pirates seraient contraints de quitter Athgalan. En attendant, Nathaniel s’assurait que préparer certaines défenses pour la ville. Si la cité pirate ne pouvait être défendue, au moins pouvait-elle accueillir l’ennemi. Quitte à ce que la ville soit perdue, autant la faire devenir un piège. Autant qu’elle serve à tuer le plus d’ennemis possibles. Et avec un peu de chance, les coûts pourraient être réduits. Le marais est un lieu dangereux, inhospitalier. Les pirates sont parvenus à maintenir à distance les créatures d’Athvamys, ils pourraient très bien les faire revenir. Les pirates avaient deux avantages : leur vilénie et la connaissance du terrain. Autant s’en servir en cas de combat. C’est ainsi que l’elfe sombre ordonna que l’on produise des pièges de poison, de feu et que l’on fasse des stocks de barils de sang.

La défense de la ville et la prise en main de la flotte pirate d’Athgalan n’étaient toutefois pas les seuls sujets de préoccupation principaux de Nathaniel. Il y avait un autre sujet, un potentiel accord avec un ancien vampire de Nyn-Tiamat. Un mage puissant au nom connu pour ses actions passées. Celui-ci souhaitait devenir le nouveau prince noir. Le gredin espérait que la coopération avec celui-ci se passerait bien mieux qu’avec Irina. Pour commencer, il y avait plus à y gagner et il semblait plus sérieux que l’ex-capitaine des catins. Cela faisait plaisir. L’homme avait su éveiller son intérêt avec le bois de la forêt de Licorok. Plein de navires en perspective. Avec ça, il pourrait peut-être construire la flotte qu’il souhaitait et ainsi régner sur la mer de l’archipel. Cependant, avoir plein de navires c’est bien, mais encore faut-il avoir l’équipage avec. Les pirates allaient devoir commencer à produire des enfants et créer une école pour apprendre à ceux-ci l’art de la navigation et de la piraterie. Il allait falloir faire des raids afin de capturer des femmes et des nourrissons.

Tout ce travail allait finir par donner des rides au nouveau roi de la confrérie. Heureusement il pouvait compter sur son fiston. Ce cher Teotl, sachant que son père était submergé par le travail, lui avait apporté un petit cadeau. Comme il était plein d’attention. Il en était presque à regretter de l’avoir abandonné à la naissance. Le gredin en trépignait presque d’impatience, il avait hâte de déballer son cadeau. Aussi, lorsqu’il eut fini de traité en énième dossier, prévoyant de nouvelles attaques pirates à l’encontre d’un convoi de transport de marchandises, Nathaniel décida qu’il était temps de s’occuper de l’offrande qu’on lui faisait. Celle-ci était arrivée il y a une ou deux heures déjà. Il était impoli de la faire attendre plus encore. C’est donc sifflotant d’un air enjoué qu’il s’en alla retrouver son fils pour en apprendre un peu plus sur ce qui s’était passé et sur ce qu’il lui avait ramené. Il s'agissait d’un homme provenant de Delimar. Cette nouvelle arqua un sourcil, son fils avait donc attaqué un navire Delimarien et avait gagné. Voilà qui prouvaient ses talents, ces derniers étant de loin les plus coriaces de tout l’archipel. Son fils lui relata son entrevue avec l’homme, ce qui amusa grandement le gredin. Teotl avait une façon bien à lui de s’amuser avec ses victimes, plus subtile et vicieuse que son père. Par ailleurs, ce dernier lui apprit que l’invité était d’origine Althaïenne, peut-être n’allait-il pas trop l’amoché alors, les althaïens étaient aussi réputés pour faire de bon amant, il serait dommage que gâcher. Le présent de Teotl n’attendait plus que lui, il avait été installé dans une salle de la cabine des capitaines, patienta, bouillonnant, dans l’attendre que le roi de la confrérie ne lui accorde une audience privée.

C’est sans plus attendre que Nathaniel prit la direction de la salle accueillant le prisonnier. Le pirate ordonna à deux gardes de le suivre. Il fit un détour rapide par son bureau et ordonna aux deux gardes l’accompagnant de se saisir de la petite malle qu’il indiqua avant de se remettre en route. Une fois arrivé devant la porte il s’étira afin de chasser la fatigue de son corps, il devait faire bonne impression, sans quoi la magie n’opèrerait pas. Brusquement, le roi de la confrérie ouvrit la porte avant d’y pénétrer. L’elfe sombre ne portait pas son attirail habituel, cela aurait été grandement inconfortable pour travailler. Deux bottes en cuir brun montant jusqu’aux mollets, un simple pantalon bleu-clair, un chemin blanc cassé avec par-dessus un gilet sans manches de la même couleur que son pantalon. Ne demeurait de son harnachement habituel sa ceinture, ainsi que son turban trônant au sommet de son crâne. Ses cheveux, eux, n’étaient pas libres, mais attachés en une longue tresse tombant en arrière. Le faciès du gredin se tourna en direction du prisonnier et directement un sourire vint trancher son visage, révélant sa denture ciselée. Nathaniel ne dit pas un mot à l’adresse de l’inconnu et se contenta d’avancer, quittant du regard ce dernier pour se diriger vers une table. Il fit signe aux gardes de venir placer la malle sur la table. Le premier alla ensuite se positionner devant la porte, tandis que le deuxième s’en alla chercher une chaise, s’approche ensuite d’Ilhan, la posant et l’invitant à s’asseoir d’un air dur, restant par la suite positionner derrière la chaise.

« J’espère ne pas vous avoir fait trop patienter. On pourrait croire qu’être roi permet de se la couler douce en laissant à d’autres le soin de gérer les affaires, mais en vérité c’est comme se retrouver seul aux commandes d’un voilier au milieu de la tempête. Fort heureusement, les cieux se sont calmés. »

L’elfe sombre ouvrit avec tranquillité la malle et commença à en sortir le contenu comme s’il en avait l’habitude, chacun de ses gestes étant soignés. C’est ainsi que sur chaque flanc de la malle il déposait des instruments de torture les plus horribles les uns que les autres. Pinces diverses pour arracher ongle ou dent, un petit instrument servant à sectionner les doigts phalange par phalange, un martinet,  collier de pique, poire d’angoisse, un énucléeur, un couteau de dépeçage, un séparateur de genoux n’attendant qu’à ce qu’on assemble les quatre morceaux le composant. Il y avait même une sorte de petit seau, dans lequel on place généralement un rongeur avant de le plaquer contre le ventre du supplicier, le sceau étant ensuite chauffé, le rongeur creusant alors la chair de la victime pour chercher à s’enfuir.

« Merde, j’ai oublié de prendre le rat. Bon, espérons qu’on n’en ait pas besoin. »

L’elfe finit enfin par sortir une paire de ciseaux, un instrument d’apparence banale semblant bien simple et dérisoire en comparaison des autres. C’est pourtant celui-ci que choisit le gredin. Il avait le choix entre tout un florilège d’objet plus cruel les uns que les autres et pourtant il choisissait celui-ci. Il finit par s’adresser au garde le plus proche d’Ilhan.

« Anthonne, tiens-le, il serait dommage qu’il bouge trop. »

Le sourire aux lèvres, Nathaniel contourna la table et commença à s’approcher de Delimarien, faisant tourner le ciseau dans sa main.

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Longue. Très longue attente que fut la sienne. Il n’aurait su dire combien de temps il dut rester ainsi, debout, devant cette maudite table, à attendre que le capitaine de ces maudits forbans daigne venir le voir, mais il était assuré d’une chose : ce temps ne se comptait ni en secondes ni en minutes. Lorsqu’il avait perdu le décompte aux alentours de mille et une secondes, il avait préféré arrêter cette futilité et se focaliser sur sa respiration. Il se plongea alors dans une demi-transe qui lui permettait de décrocher son esprit de la douleur lancinante de son corps, de la fatigue obsédante qui torturait chaque muscle, chaque fibre de son dos, de ses jambes, et même de ses bras. Diantre, ces scélérats n’étaient vraiment que des mécréants sans foi ni loi pour laisser languir un homme de son âge dans une telle position, sans même lui laisser un semblant de repos !

Non, ne plus penser à ces margoulins de boucaniers, et se focaliser sur sa respiration. Inspirer, expirer, vider son esprit. Forger sa forteresse imprenable, pour ce qui, sans doute, allait l’attendre. Se murer dans son for intérieur, en barricader chaque alcôve, plonger chaque pensée la plus intime, la plus secrète, dans les limbes de son esprit, là, tout au fond, dans ses tortueuses sinuosités que seul lui pouvait connaître et dont seul lui pourrait retrouver le chemin. Un marais… son esprit devenait un marais aux multiples pièges et aux nombreux sables mouvants…

Il en était là de ses pensées, quand enfin la porte s’ouvrit en grand, presque avec force. Le capitaine daigna enfin montrer le bout de ses oreilles en une entrée tonitruante. Ilhan releva lentement ses yeux sombres sur la haute silhouette, qu’il détailla avec attention. Cet être, malgré toute la fourberie qu’il dégageait, et malgré son sourire… d’orque… qui faisait frémir à la vue de ses crocs acérés qui n’avaient rien à envier à ceux des vampires, suintait d’un certain charisme qu’il serait éhonté de nier. Oui, en voyant un tel individu, il pouvait aisément comprendre comment il avait pu ravir le trône des pirates, si longuement convoité, mais à jamais vide jusque-là. Il y avait une certaine prestance dans ce lion de mer, et aussitôt les sens de l’althaïen se mirent en alerte. Il aurait affaire à un rude personnage, qu’il ne serait pas aisé de duper ou avec qui il serait compliqué de louvoyer.

Quand on l’invita, enfin, à s’asseoir, Ilhan ne se fit pas prier, tentant autant que faire se peut de cacher les tremblements de ses membres fatigués.

La ponctualité est la politesse des rois, répondit-il d’une voix trainante, laissant ses accents althaïens chanter tout son cynisme, quand l’autre daigna enfin s’adresser à lui.

Il observa alors l’étrange manège de son hôte et sentit une certaine tension monter insidieusement dans la pièce à la vue des divers outils que le gredin sortait.

Il ne put s’empêcher de noter les quelques similitudes entre le père et le fils. Si physiquement ils étaient indéniablement de même sang, peut-être aussi dans la prestance et le charisme, quand bien même ils étaient de toute autre nature chez le fils que chez le père, mentalement, de par leur manière et leur décorum, ils étaient assez dissemblables. Là où subtilité et raffinement, culture et éducation chatoyantes, se faisaient l’apanage du plus jeune, âpreté farouche et honteuse grossièreté, violence sans apprêt, semblaient avoir les préférences du paternel. Ilhan peina à retenir un reniflement de mépris à ce constat. Pire encore quand le capitaine lâcha ce mot si frustre et inconvenant, aux dissonances cacophoniques, qu’était ce "merde". Rien que de se le répéter mentalement, Ilhan en aurait craché son dégoût.

Toutefois, même ses petites remarques silencieuses, somme toute bien superficielles, ne suffirent pas à chasser l’appréhension qui montait en lui à la vue de tous ces instruments. Il n’en connaissait pas la moitié, n’en avait vu dans sa vie que le quart d’entre eux, et encore, et pourtant il s’imaginait sans peine à quoi ils pouvaient bien servir. Faire souffrir. Tout simplement. Torture siffla sa lente agonie dans son esprit.

Il se souvint alors des mots, malheureux inconscient qu’il était alors, qu’il avait prononcés un jour à Sigvald, arguant qu’il aurait assez de force d’esprit pour supporter la torture, même physique, et pour ne pas céder à ses sirènes meurtrières. Il semblerait que l’heure était venue de mettre à l’épreuve son outrageux orgueil. Que les Huit lui donnent la force de résister, de se montrer digne de Delimar, et des paroles qu’il avait offertes ce jour-là au général de la cité de l’honneur.

Au mot rat, il manqua suffoquer, mais parvint à conserver un visage lisse de toute expression et à offrir un regard méprisant au possible, levant le menton dans un port hautain tout en dédain.

Et quand il aperçut le capitaine s’avancer vers lui avec un simple… ciseau… Il ne put que arquer un sourcil, circonspect, en une question muette qu’il lui semblait soudain inutile de prononcer à haute voix, tant toute son attitude la criait pour lui. Un ciseau ? Vraiment ? Pour quoi ? Lui crever les yeux ? Lui lacérer le visage ? Ses narines frémirent légèrement à cette pensée, mais il n’en détourna pas pour autant les yeux, et garda ses orbes de jais, alors polaires, rivés sur le fourbe.

Nul besoin qu’il me tienne. Hors de question qu’il ne pose ne serait qu’un pouce de ses sales pattes sur moi, susurra-t-il en distillant tout le venin dont il était capable dans ce court phrasé. Je n’ai nul besoin d’attaches pour savoir faire face à la scélératesse. Quelle qu’en soit sa perversité.

Et se disant il releva le menton en un signe de défi.

Quand bien même, au fond de lui, il n’en menait pas large, sentait tout son corps trembler, ses muscles se tendre, son coeur pulser à vive allure et qu’il n’avait alors qu’une envie : prendre les jambes à son cou et fuir loin de ce marais maudit. Mais il se força à l’immobilité, et à ne pas baisser les yeux. Cela aurait été donné victoire à ce gredin, et il en était hors de question.

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¤ Le coiffeur pirate ¤

Nathaniel venait d’entrer dans la salle où avait été entreposé le cadeau de Teotl pour son père. Le forban avait aussitôt présenté des excuses pour son arrivée tardive, des excuses qui pourtant sonnaient fausses dans la bouche de l’Eärendil. En vérité, il n’en avait rien à faire d’être en retard, il arrivait quand il arrivait, voilà tout. Cependant il y avait toutefois une véritable pointe de remords, mais elle n’était pas à l’adresse de l’humain, mais de Nathaniel lui-même, il était désolé de s’être fait attendre aussi longtemps pour aller déballer son cadeau.

« La ponctualité est la politesse des rois. »

Un présent qui en plus avait du répondant ! Oh, son fils semblait l’avoir à coup sûr gâté, quoi de mieux lorsque la proie ose tenir tête au chasseur ? C’est plus amusant quand elle résiste plutôt que de se briser tout de suite. L’elfe se retint même de ricaner à la remarque de l’invité. Il eut un simple sourire en coin et se contenta de lancer un regard en direction de l’humain, à la fois moqueur trahissant sa pensée. Oui il était roi, mais pas n’importe quel roi. Il était roi des pirates, roi des forbans, il n’était donc pas comme les autres rois. Qui est plus est, Nathaniel avait fait payer à l’intégralité de l’archipel l’information selon laquelle les chimères étaient de retour. Faisant passer son profit personnel avant celui du destin des races Ambarhuniennes et Tiamarantiennes. L’elfe ferait donc assurément un roi peu scrupuleux des convenances.

C’est le seul échange qu’eurent les deux hommes pendant un moment d’ailleurs, Nathaniel allant se placer derrière une table et commençant à déballer un attirail morbide, pour finalement retenir de tous ses instruments qu’un simple ciseau. Celui-ci en main, il joua avec tout en contournant lentement la table pour venir s’approcher de l’invité. Il ordonna même à ses hommes de le tenir pour éviter qu’il ne bouge trop, mais la réponse du concerné fut cinglante.

« Nul besoin qu’il me tienne. Hors de question qu’il ne pose ne serait qu’un pouce de ses sales pattes sur moi. Je n’ai nul besoin d’attaches pour savoir faire face à la scélératesse. Quelle qu’en soit sa perversité. »

Un nouveau sourire vint révéler la dentition ciselée du gredin alors qu’il arrivait face à l’humain.

« Scélératesse … perversité … que de bien jolis mots. Vous êtes fier, Ilhan. Cette fierté vous fera résister. »

Le gredin fit un mouvement brusque vers l’avant, venant placer sa jambe droite entre celles du noble. Dans le même mouvement, il posa sa main gauche sur l’épaule droite de l’invité, pour le plaquer contre le dossier.

« Mais petit à petit, celle-ci s’étiolera. À l’image d’un miroir brisé dont les morceaux se détachent un à un pour tomber au sol.»

Nathaniel plia ensuite le genou droit, forçant si nécessaire, pour poser celui-ci sur la chaise, n’hésitant pas à presser contre l’entrejambe de l’humain. En contact physique avec Ilhan, l’elfe usa Chor-Srot pour venir consulter les esprit-liés ayant accordé leur protection à son invité. Une lueur vint pétiller dans ses pupilles lorsqu’il se rendit compte que l’ornithorynque était lié à ce dernier. Sans la moindre once d’hésitation, il le copia.

« Intéressant … très intéressant. »

Comme un fait exprès, l’elfe sombre s’était mis à parler à voix basse et à bouger légèrement son genou. Il allait choyer cet individu. Les yeux du gredin se révulsèrent un court instant alors qu’il puisait dans sa magie pour pervertir l’esprit-lié du lion afin de changer les cibles de ses effets. La voix du gredin se fit soudainement plus attirante.

« J’apprécierais beaucoup que vous ne bougiez pas, Ilhan. »

La main gauche de Nathaniel commença à remonter de l’épaule droite de l’humain vers son cou, semblant le caresser, remontant encore par la suite pour venir se perdre dans la chevelure, semblant la lui caresser. Le gredin entoura autour de deux mèches de cheveux d’Ilhan deux de ses doigts.

« Il serait très dommageable que je me rate, cela pourrait avoir des conséquences fortes fâcheuses pour vous. »

Lentement la main droite de l’elfe se mit en action. Le ciseau se rapprocha doucement, se dirigeant vers les mèches que le pirate tira quelque peu afin de les tendre. Pendant ce temps, il continua à bouger légèrement son genou.

« Voilà, ce sera bientôt fini, je vous assure que vous en garderez un bon souvenir. »

Le ciseau s’approchait de plus en plus, s’apprêtant à s’abattre. À moins d’une vive et soudaine résistance, le gredin coupa les mèches en question. Deux poupées de chiffon étaient déjà prêtes, conçues selon le rituel magique et mystique du gredin, il allait pouvoir y placer les mèches de cheveux afin de pouvoir créer un réceptacle du lien unissant Ilhan à ses esprits protecteurs. Une poupée pour chaque lien, respectivement l’ornithorynque et le dauphin. De nouvelles poupées à ajouter à la collection du roi des pirates.

descriptionDans les filets d'un scélérat [PV Nathaniel] EmptyRe: Dans les filets d'un scélérat [PV Nathaniel]

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Qu’il n’aimait pas ce sourire de requin… Littéralement de requin. Ou plutôt d’orque. Ilhan pouvait sentir son lien avec cet Esprit-Lié palpiter, et ce sourire en était une autre preuve flagrante. Il peina alors à réprimer un frisson en s’imaginant ces dents le déchiqueter. Ou pire encore. Entre le fils spirite du vautour au cannibalisme éprouvé et le père spirite de l'orque affamé… Mais qu’est-ce qu’il était donc allé faire dans cette galère ?

Fier ? Oui, il l’était. Un peu trop d’ailleurs. Il aurait même parlé d’orgueil. C’était là un des traits qu’on lui avait souvent reproché, du moins par le passé. Il lui avait fallu un séjour au Domaine aux côtés de Maitre Kehlvelan et son laborieux apprentissage là-bas, ainsi que quelques douloureuses expériences pour son ego ensuite, pour apprendre à faire taire quelque peu son orgueil outrageux et son ambition démesurée. Mais oui, certains appelaient cela aussi de la fierté, dut-il concéder intérieurement, même s’il n’en dit mot, grinçant des dents pour toute réponse.

Mais après tout, ne venait-il pas de la cité de l’honneur ? De cette cité si fière à la noblesse exacerbée ? Il devait, si ce n’est pour lui, au moins pour Delimar, se montrer digne et résister. Ne pas céder. Ne pas céder.

Et il se répéta alors ce mantra intérieur, alors que toutes les fibres de son corps lui criaient de s’enfuir, et que son instinct lui priait de réagir. N’importe quoi, un geste, un seul, mais partir ! Mais non, il ne le pouvait. Ne pas céder, se répéta-t-il. Ne pas céder, chuchota inlassablement l’écho qui forgea sa volonté en son esprit. Ne pas céder, ne pas écouter sa peur, la museler, résister, ne pas céder, ne pas bouger.

Fort de cette détermination qui se tissa en lui, il offrit d’abord pour seule réponse un regard noir des plus sombres et des plus meurtriers. Et manqua hoqueter quand il sentit soudain une jambe s’insinuer entre les siennes. Par Néant ! Était-il en train de lui faire du genou ?

Ce geste, il le connaissait bien. Il en connaissait toutes les significations, et généralement elles n’auguraient rien de bon. Un flash soudain heurta son esprit déjà bien agité. Un flash, lui contre une table, un borgne se jouant du même geste… Et l’image du scélérat qui s’amusait devant lui se superposa un court instant au borgne. Cette fois un frisson lui échappa, traitre corps qu’il avait. Mais si son regard se ternit, il ne flancha pas pour autant. Pire même, alors qu’il chassait ce souvenir dérangeant, son regard se durcit.

Et sa détermination se renforça encore d’un cran. Pas comme s’il pouvait fuir, de toute façon. Déjà qu’auparavant ses chances étaient bien maigres, mais avec cette poigne de fer contre son épaule, le rencognant de force au fond de son siège… Lui, petit humain si faible… Il n’avait aucune chance contre la force de cet elfe maudit.

Les mots du gredin ne firent en tout cas que lui confirmer qu’il n’allait guère apprécier la suite. S’étioler… Miroir brisé… Un autre fourbe avait déjà cherché à le briser dans le passé. Mais il n’y avait pas réussi. Foi d’Avente, se promit-il intérieurement, il ne donnerait pas à ce forban ce qu’un empereur, même usurpateur, n’avait pu obtenir !

Même si, dut-il avouer, le forban en question était fort doué. Au mouvement de genou, Ilhan sentit une onde monter insidieusement en lui. Ce fut dans un soudain flou qu’il entendit les mots chuchotés du fourbe.

« Intéressant … très intéressant. »

Mots salvateurs qui le forcèrent à revenir au temps présent. À sa détermination. Ne pas céder. Résister. Penser à… Non, pas Fabius. Penser à Kehlvelan dans sa pire colère. Oui, voilà. Ou pire penser à une rencontre avec le dragon de l’ire après l’avoir insulté… Oui, voilà… Mais, un instant...

Qu’est-ce qui était intéressant au juste ? se demanda-t-il soudain. Il fronça les sourcils pour seule manifestation de son étonnement, quand il réalisa ce qui avait été dit. Mais il n’eut pour seule réponse à sa question muette qu’un révulsement des yeux du pirate. Eh quoi, faisait-il un malaise soudain ? Voilà qui serait bien sa chance…

Non, pas un malaise, réalisa-t-il abruptement, quand il sentit une… étrange… pression sur son esprit. Sur sa volonté… comme cherchant à l’effriter. Quelque chose… lui susurrait… de ne pas résister. De… quelque chose… Un pouvoir d’esprit-lié, comprit-il enfin, quand son propre ornithorynque lui souffla la réponse. Diantre ! C’est que ce scélérat avait plus d’un tour dans son sac. Ilhan sentait la pression se renforcer, se faire plus féroce sur son esprit et il peina à lutter. Il était un spirite moins puissant que l’autre pour pouvoir le saborder. Il n’avait donc que la force de son propre esprit pour lutter. Alors il lutta…

« J’apprécierais beaucoup que vous ne bougiez pas, Ilhan. »

Tenta de lutter. Cette voix suave. Ce mouvement lancinant. Cette force sur son esprit. Ce… Ne pas céder. Résister, répéta un écho lointain en son for intérieur. Ne pas céder. NE PAS CEDER. Et dans un halètement presque douloureux, il rejeta la pression qui tentait de le corrompre.

Peut-être que pour un temps cependant. Il avait déjà dû faire appel au peu de force qu’il lui restait, affaibli qu’il était. Il lui fallait trouver une solution… et vite… Ce n’est qu’à cet instant, alors qu’il cherchait un moyen de dévier une nouvelle attaque, un nouvel attrait, qu’il réalisa que le pirate tenait deux mèches de ses cheveux. Il les lorgna du coin de l’oeil avant de replanter ses orbes sombres dans les perles traîtresses de son tortionnaire.

Il ne bougea toutefois pas d’un iota, et sentit tous ses muscles se raidir, non pas du plaisir insidieux que l’autre voulait lui ravir, mais d’une appréhension sans nom. Il retint un nouveau frisson de peur et se retint de détourner la tête. Il avait dit qu’il ne bougerait pas, il serait digne de sa parole. Il ne céderait pas.

Il parvint même, fier de lui, à résister à l’envie féroce de fermer les yeux, alors que le ciseau maudit se rapprochait. Un bon souvenir… Vraiment ? Et toujours ce mouvement lancinant contre lui… Non, ne pas céder ! Penser à… Naal aux thermes… Non, pas à ça ! Penser à… Sigvald en rage ou mieux Tryghild fulminant de toute la force de son sanglier ! Oui, voilà, ce regard sombre de Tryghild au jugement… Oui, voilà penser à cela ! Ne pas céder !

Deux mèches de cheveux ? parvint-il enfin à demander en un murmure à peine audible.

Mais on pouvait presque entendre dans sa voix la question sous-jacente : "tout ça, pour ça ?"

Bien qu'il se douta, que ce petit manège, outre de pouvoir se jouer de lui, cachait toute autre chose. Ces mèches devaient servir à quelque chose. Quelque chose d'intéressant, vu la réaction du pirate peu de temps auparavant. Mais quoi ?

Et pour quoi faire ? Pour faire une perruque de ma chevelure, il vous en faudra bien plus que cela.

Oui, il le provoquait. Pour l’heure, les mots étaient la seule arme qui lui était autorisée.

La seule ? Vraiment ? Soudain, alors que la pression commençait de nouveau à se faire ressentir, une idée germa en lui. Idée folle, qui avait peu de chance de fonctionner… mais au point où il en était, qu’avait-il à perdre ? Alors il serra le poing où se trouvait son anneau des murmures, et fit appel à son souffle spirituel. Priant les Huit et tous les Esprits-Liés de bien vouloir lui accorder cette petite aide temporaire. Même s’il risquait fort aussi de créer un incident magique… de se faire exploser la main ou…

Mais rien de tout cela. Non, pas d’incident, pas d’explosion… et contre toute attente, les dieux soient loués, son appel fut entendu. Il sentit soudain son propre pouvoir se développer, s’étendre, et… aussitôt il s’empressa de copier le lion insidieux qui tentait tant de le corrompre et envoya sans semonce cette même onde vicieuse à son expéditeur. De ses orbes de jais, il lui offrit en prime toute sa haine, espérant bien lui impulser un effroi mémorable, qui le ferait reculer, ou mieux revoir ses plans le concernant. Tout, pourvu que ce petit jeu cesse ! Tout, pourvu que cela ne se répète pas, encore, comme dans le passé !


HJ : j'ai fait que le souffle spirituel marche miraculeusement, mais je songeais qu'ensuite il se dissiperait très rapidement, voire carrément avec l'effet inverse (baisse d'un cran ensuite des esprits-liés d'Ilhan). Je te laisse carte blanche pour cela, en espérant que ca t'ira catkiss

descriptionDans les filets d'un scélérat [PV Nathaniel] EmptyRe: Dans les filets d'un scélérat [PV Nathaniel]

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¤ Un histoire d’esprit ¤

Un lié de l’ornithorynque, il s’agissait pour le gredin d’une véritable aubaine. Il n’allait pas tuer cet humain, ni lui faire de mal, du moins pas beaucoup. Il allait le garder en vie et s’amuser un peu avec lui, mais il ne lui ôterait surtout pas la vie. Il allait lui voler son esprit-lié afin de renforcer sa propre puissance. Il avait eu de la chance de tomber sur ce dernier alors qu’à l’horizon se profilait un combat contre les graärh de Néthéril. La chance jouait toujours en faveur du nouveau roi, quand bien même il était le pire des salauds. Au final, le comportement que l’on avait n’influait pas sur notre destin. Une bonne action est toujours récompensée ? Une mauvaise action est toujours punie ? Pas toujours. Cela dépend uniquement des autres personnes, pas d’un quelconque équilibre supérieur.

C’est ainsi que l’elfe décida de s’amuser aux dépens de l’humain, venant poser son genou contre l’entrejambe et la frottant, tout en se rapprochant de lui, le plaquant et lui retirant deux mèches de cheveux. Nathaniel souhaitait mettre son invité dans une posture des plus inconfortables. Il souhaitait le dérouter. Qu’allait-il subir ? Violence physique et sévices sexuels ? À moins que ça ne soit les deux, ou ni l’un ni l’autre. Déstabiliser son adversaire, le surprendre pour mieux vaincre. Mais comme l’elfe ne devait pas trop faire de mal à cet humain, sans doute pencherait-il pour la deuxième option après en avoir fini.

Ainsi sentant Ilhan particulièrement mal à l’aise du fait de cette proximité soudaine et cherchant un moyen de détourner son attention d’une quelconque façon, Nathaniel ayant vu tant de personnes avant lui procéder au même stratagème alors qu’il s’apprêtait à les violer, le gredin approcha les ciseaux et coupa deux mèches de cheveux, créant l’incompréhension chez son hôte.

« Deux mèches de cheveux ? »

L’elfe eut un sourire en coin et son regard se mit à pétiller alors qu’il se reculait de l’humain.

« Quoi ? Vous êtes déçu ? Vous auriez aimé que je continue ? Que j’aille plus loin ? »

L’interrogation qui suivit sur le devenir des mèches de cheveux était légitime. Qu’est ce que le gredin comptait en faire ? Quelle sombre manigance tout cela pouvait bien cacher ? Nathaniel choisit de ne pas répondre à cette provocation et préféra s’amuser.

« Ça ? Vous avez raison de vous en inquiéter. Grâce à ces quelques mèches, je vais être en mesure de vous ensorceler et de vous mettre à nu. »

Au sens propre ou au sens figuré ? L’elfe ne précisa pas. Sans doute les deux, ou le deuxième. Après tout il n’avait pas vraiment besoin d’aide pour le faire au sens propre. Quoi qu’il en soit, ce qu’il disait là n’était qu’un mensonge. L’objectif derrière cette coupe de cheveux était tout autre, mais l’humain n’en savait rien. Il pouvait donc lui faire croire ce qu’il voulait. Ou du moins essayer. Sans perdre plus de temps, l’elfe s’apprêta à siffler dans ses doigts pour appeler son singe qui était dans une pièce adjacente. Malheureusement il n’eut pas l’occasion de le faire, car son hôte décida de se rebeller. Ayant copié l’ornithorynque d’Ilhan, il sentit ce dernier déployer ses pouvoirs pour se saisir de son lion. Très bientôt, Nathaniel sentit une onde le traverser. Mais contrairement à ce que croyait Ilhan, il ne s’agissait pas d’une onde d’effroi. Le roi pirate avait dès le début de cet entretien inversé les effets de genre de son esprit-lié. Ainsi il attirait les hommes et effrayait les femmes. Il était toutefois intéressant de noter que l’ornithorynque copiait ici la perversion de l’esprit-lié et non pas celui d’origine. Intéressant. Quoi qu’il en soit, l’elfe posa les mèches de cheveux sur son bureau puis s’approcha d’Ilhan. Avec une certaine férocité, il replaça son genou, glissa une main sous la tunique de son prisonnier et alla lui mordre l’oreille avec délicatesse. Les caresses de l’orque se firent plus insistantes et il alla arracher un baiser forcé au noble, jusqu’au moment où le gredin put enfin reprendre possession de lui-même. Sans attendre, il alla neutraliser le lien unissant Ilhan à ses esprits à l’aide de l’ornithorynque copié.

« Fiou ! C’était chaud dites moi. J’ai cru l’espace d’un instant que j’allais vous prendre sur place. »

Nathaniel se recula, battant l’air avec sa main pour s’éventer un peu.

« Je suis un spirite confirmé, mon cher Avente. Pervertir un esprit-lié pour en changer les pouvoirs est à ma portée. Mais il intéressant de voir que l’ornithorynque copie l’altération de l’esprit-lié et non pas tel qu’il est à l’origine. »

L’elfe sombre passa son pouce sur ses lèvres pour effacer le goût du baiser, avant de venir tirer un peu les vêtements de l’humain tout dépareiller depuis son passage afin de lui rendre un peu de dignité.

« Je vous prierais d’éviter de refaire ceci à l’avenir. Nous aurons tout le temps de nous amuser ensemble à la fin de cet entretien. »

Finalement, le gredin put enfin siffler dans ses doigts. Très vite, la porte sembla s’entrouvrir et une petite créature poilue apparut et trottina jusqu’à l’elfe avant de monter sur le bureau. Le gredin lui avait appris à répondre aussi bien à sa voix qu’à son sifflement. Le singe observa la pièce, puis l’humain prisonnier et enfin son maitre. L’elfe vint lui gratter le sommet du crâne et finit d’enrouler les mèches de cheveux d’Ilhan et de les placer dans une petite pochette de cuir. Nathaniel avait fait des progrès en dressage depuis quelque temps. Ayant une animosité naturelle avec la race équidé, il s’était imaginé que cette animosité s’étendait à tous les animaux. Mais la réalité était tout autre. Le gredin s’avérait plutôt douer avec les animaux. Après tout, dresser un animal c’est comme dresser un esclave. Nathaniel avait découvert cette faculté alors qu’il avait commencé à faire des recherches sur les serpents. Il faut dire qu’une de ces créatures n’avait de cesse de le poursuivre depuis la fameuse bataille contre les chimères. Et il ignorait bien pourquoi d’ailleurs. L’elfe sombre était poursuivi par cette créature reptilienne. Ce dernier l’avait poursuivi en mer, trouvant un moyen d’aborder le Maelstrom par deux fois. Et par deux fois il était parvenu à le rejeter à la mer avant de faire disparaitre son navire pour mettre de la distance entre lui et la bête. Il devenait presque parano et sursautait presque à chaque sifflement. Nathaniel ignorait pourquoi, mais cette bête avait un croc contre lui. Il l’aurait bien tué, mais il n’y était jamais parvenu, seulement à la repousser. Aussi tenter de la capturer pour la dompter avait germé dans son esprit. C’est ainsi qu’il avait découvert ses facilités en matière de dressage. Du moins, facile, facile, ça c’est vite dit. Il avait eu du mal au début. Mais fort heureusement pour lui, le gredin pouvait profiter du réseau mis en place par Athgalan et avait déniché un expert en dressage. Sans attendre il avait ordonné à son fils Teotl d’aller le capturer pour lui et de lui ramener. Ce dresseur était un vampire, et cette pauvre créature de la nuit n’avait eu d’autres choix que d’enseigner au roi des pirates. Autant dire qu’il ne s’agissait pas là d’une tâche facile. Mais Nathaniel avait bien appris auprès de lui. C’est grâce à lui qu’il avait aussi bien dressé Fabius. Mais un singe et un serpent sont deux choses bien différentes. Surtout que le serpent en question ne semble pas être un animal basique. Fort heureusement, le dresseur pour sauver sa vie, avait révélé l’existence d’un autre maitre dresseur, un elfe, bien plus douer de lui. Ce dernier pourrait surement améliorer les talents du gredin.

Nathaniel revint à lui, se rendant compte qu’il avait commencé à s’égarer dans ses pensées. Il donna le sachet au macaque.

« Allez Fabius. Va donner ça à Erneste, il saura quoi en faire. »

Le singe ne demanda pas son reste et quitta la pièce dans la précipitation, tandis que l’elfe sombre reportait son attention sur l’humain. Il vint s’asseoir sur son bureau, perçant de son regard fourbe Ilhan.

« Mon fils m’a dit que vous étiez un haut dignitaire de Délimar. Je sens que votre tête fourmille d’informations précieuses. Et j’espère que vous les partagerez avec moi. Vous auriez beaucoup à gagner à coopérer avec moi. Nombre de dignitaires à travers l’alliance et le royaume l’ont fait et en ont récolté de beaux fruits. Alors oui je sais, cela sous-entendrait trahir quelques confiances, mais c’est vraiment très surfait, croyez-moi. La trahison est dans l’ordre naturel des choses, sinon l’amitié et la loyauté n’existeraient pas. C’est un peu comme la vie et la mort. La mort marque la fin de la vie. La trahison marque la fin de la loyauté. Mais pour qu’une nouvelle loyauté naisse, il faut qu’une première prenne fin. Cela fait partie du renouveau nécessaire pour avancer dans notre existence. N’avez-vous, vous-même, pas servi différents seigneurs ? Passer d’une loyauté à une autre ? »

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S’il était déçu qu’il s’arrête ? En aucune façon. S’il voulait qu’il aille plus loin ? Surtout pas. Mais il tut bien entendu ces réponses-là. Il savait pertinemment bien que face à un tel gredin il suffisait de dire blanc pour avoir noir. Même si une petite voix lui chuchotait qu’il pourrait dire ce qu’il voulait, garder silence ou rugir avec insolence, que cela ne changerait en rien le destin que le gredin lui avait fomenté. Il n’y avait qu’à entendre les sous-entendus à peine dissimulés derrière ses réponses sibyllines pour le comprendre.

Et même s’il savait ne pouvoir échapper à son possible funeste destin, il n’était pas dit qu’il ne tenterait pas de combattre à sa façon, quand bien même il était pieds et poings liés. Mais grand mal lui en prit ! Au lieu de l’effroi tant attendu sur le visage du forban, il y lut une attirance féroce, prédatrice, qui n’était en rien de ce qu’il avait prévu ! Des mains volages et un genou cabotin vinrent soudain le prendre d’assaut et des lèvres gourmandes vinrent lui arracher un baiser éhonté. Ilhan se retint de gémir ou de réagir à son assaillant, se raidissant sous l’outrage, braquant toute sa volonté à résister aux pulsions que le lion savait un peu trop bien faire naitre en lui. Et soudain, muet et statufié, il se retrouva essoufflé, son agresseur écarté.

Et ses précieux liens avec ses Esprits-Liés coupés ! Ses seules armes lui étaient soudain enlevées et l’althaïen eut cette fois la désagréable sensation de se retrouver véritablement à nu. Était-ce de cela qu’il parlait ? Les mèches de cheveux servaient-elles à neutraliser les Esprits-Liés des cibles ? Était-ce temporaire ? Définitif ? Ou usait-il simplement d’un quelconque enchantement ? Ou avait-il réussi à copier son propre Esprit-Lié ? Son précieux ornithorynque ?

Tant et tant de questions se bousculaient en lui, alors qu’Ilhan tentait, laborieusement, de reprendre son souffle et un minimum de contenance. Il retint une grimace quand les mains du pirate se rapprochèrent à nouveau et réprima tout mouvement de recul instinctif. De toute façon le dos de la chaise l’aurait rapidement contraint dans son geste qui n’aurait été alors qu’une marque de peur, qui aurait bien trop fait plaisir au malfrat. Cela aurait été lui affirmer que le roi des pirates commençait à avoir une quelconque emprise sur lui. Non, il ne lui donnerait pas ce plaisir. Il se força alors à ne pas bouger d’un pouce quand l’autre… réajusta ses vêtements. S’il en fut surpris sur l’instant, il garda bien toute remarque pour lui. Inutile d’en réclamer plus ou de titiller les envies malsaines du maraud.

Quand Nathaniel se détourna enfin de lui pour revenir vers la table, Ilhan se permit un léger soupir, et s’efforça à son mantra habituel, inspirer et expirer profondément, jusqu’à vider son esprit, profitant que le pirate ait le dos tourné. Pour autant, il ne perdit pas une miette de ce que le pirate faisait. Et fronça les sourcils à la vue du petit singe. Il observa leur petit manège avec attention… et manqua sursauter au nom honni. Il ferma un instant les yeux, alors que Nathaniel lui tournait toujours le dos, et tenta de chasser les soudains souvenirs malaisants qui l’assaillaient. Ce n’était vraiment, mais vraiment pas, le bon moment. Il inspira longuement et expira tout aussi lentement, avant de rouvrir ses orbes sombres, quand Nathaniel se retournait tout juste vers lui.

Il lui offrit un regard vide, dénué de tout pétillement, et un masque lisse inexpressif, un rictus méprisant figé sur ses lèvres. Il ne cilla pas d’un iota quand le pirate le sonda et reprit la parole. Des informations sur Delimar ? Et il croyait qu’il allait céder si facilement ? Pour toute réponse, il accorda d’abord un simple haussement de sourcil sceptique au roi des pirates, avant que son rictus méprisant ne s’agrandisse, se teintant d’un fort cynisme.

Si vous pensez que, sous prétexte que j’ai servi différents seigneurs, j’ai changé pour autant de loyauté, vous vous trompez lourdement. Et cela dénote alors une chose des plus intéressantes.

Il leva légèrement le menton, tel un noble toisant le malandrin de bas étage avec force dédain, sans perdre son rictus moqueur. Même s’il savait que d’ici peu, celui-ci se ternirait douloureusement.

Vous ne connaissez au final rien de moi. Et je connais alors sans doute plus de vous que vous de moi. Je ne suis pas nombre de dignitaires. Et qu’importe les fruits que vous m’offririez pour toute… collaboration

Ses accents althaïens crachèrent presque ce mot-là.

Je suis sûr qu’ils seront déjà pourris avant même que j’aie pu les consommer.

Il lui offrit son rictus le plus mesquin et le plus hautain et ses orbes de jais passèrent d’un vide abyssal à une lueur de pur défi. Il savait jouer avec le feu et qu’il n’en sortirait sans doute pas gagnant. Dès qu’il était entré dans cette pièce, il savait qu’il allait perdre, quel que soit le jeu engagé. L’important en cet instant n’était pas la fin de la bataille, qui était malheureusement déjà conclue avant même de commencer, mais le combat en lui-même. En Delimar, même un perdant pouvait s’en sortir honorablement s’il combattait avec ardeur et volonté. Il lui fallait alors se montrer digne de ce précepte, et combattre, à sa façon, avec dignité. Quel que soit le prix que cela lui en coûterait.

Quant à la confiance… Très surfait dites-vous ? Que cela est regrettable… En ce cas, pensez-vous pouvoir véritablement faire confiance en votre fils ? En ses dires et informations ? Si la confiance ne rime à rien en votre cité putride, et que trahison est votre lot quotidien, dites-moi alors, roi des pirates, quand la dague de votre fils se plantera dans votre dos ?

Lui-même en avait une petite idée. A priori jamais. Pour le moment du moins. Nayan éprouvait une sorte de vénération pour son père, ce maudit roi des pirates qui n’en avait que le titre, mais pas l’allure, et confiance avait, pour le jeune sainnûr, une réelle importance. Nayan souhaitait avidement la confiance de son père. Trahison ne serait pas son prochain cadeau à son roi, assurément. Et rien que cela, cette simple réponse sous-entendue, que même Nathaniel pouvait entrevoir dans ses fourbes questions, réduisait en miettes ce que le pirate venait de dire pour le convaincre de trahir.

Il lui offrit alors un sourire conquérant.

Le renouveau n’est pas dans la trahison. Mais dans le ferment des serments. Celui-là même qui pousse les individus au dépassement de soi. Chaque obstacle, chaque épreuve, ne fait qu’arroser ces serments, faits aux autres ou à soi-même, constitués de loyauté ou de foi, et forge alors l’individu dans une volonté toujours plus renforcée, qui lui permet alors de continuer à avancer. Le renouveau vient alors dans cette renaissance continuelle, éprouvée par le temps et les épreuves. Tout comme la mort n’est pas la fin d’une vie, mais sa continuité dans un ailleurs, une autre forme, qui forge alors notre âme au travers du temps.

Son ton s’était radouci, son sourire était revenu un simple rictus énigmatique entre moqueur et désabusé. Mais ses obsidiennes pétillaient toujours d’une farouche volonté.

Dans mon incroyable bonté, je vais concéder à vous livrer un des serments qui m’a forgé.

Il sonda un instant le pirate, comme voulant presque le transpercer de son regard sombre.

Le serment que jamais personne ne m’arrachera quelconque information que je ne voudrais pas donner. Voilà un serment que je puis donc aussi vous faire, ô grand roi des pirates : faites de moi ce que vous voulez, torturez-moi ou jouez-vous de moi… mais jamais je ne vous divulguerai quoi que ce soit. Vous pourrez avoir mon corps, ce fétu de paille qui ne pourra guère résister à la force de l’elfe que vous êtes… oh oui. Mais vous n’aurez pas mon esprit.

Il ferait tout, en tout cas, pour que cette forteresse ne cède pas.

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¤ Une fierté qui te perdra ¤

Une porte de sortie, voilà ce qu’elfe sombre avait offert à l’humain. La possibilité de céder à ses plus bas instincts, à l’égoïsme, à l’avidité, à sa volonté de survivre, à la véritable nature de l’homme en somme. Cette nature qui pousserait tout à chacun à vendre père et mère pour pouvoir s’en sortir. Malheureusement, l’individu face à lui était trop solide … ou trop borné. Il rejeta la voie dorée que lui proposait Nathaniel. La collaboration avec le forban n’était pas aussi horrible que l’althaïen pouvait l’imaginer. Beaucoup de ceux qui y avaient cédé y avaient trouvé leur compte. Le problème venait peut-être d’ailleurs. Il existait de ces hommes emplis d’abnégation qui ne trouvaient leur compte que dans l’épanouissement de leur cause. Pourtant, il ne s’agit là que de pure affabulation. Toute personne, au fond de lui, possède une part d’égoïsme. Il fallait simplement la découvrir pour faire fléchir son interlocuteur. Pour autant, devait-il le faire ? Afin d’y parvenir, il devrait faire parler Ilhan, beaucoup, encore, énormément. Le pousser à révéler une information, le pousser à ce trahir. Y parviendrait-il ? Peut-être, mais ce serait un long, très long travail. L’elfe ne pouvait pas se permettre de perdre trop de temps, surtout lorsqu’il existait d’autres méthodes. Son interlocuteur était fatigué, cela se voyait. Tout ce qu’il avait subi jusqu’ici. Il ne résistait que grâce à sa fierté et à sa détermination. Ce n’était au final qu’une question de temps. Nathaniel avait donc une solution plus rapide pour arriver à ses fins. Bien entendu, il obtiendrait des bénéfices sur le court terme, là ou une collaboration aurait pu lui permettre des bénéfices sur le long terme. Tant pis, il faut savoir se contenter de ce que l’on a par moments.

« Je rêve ou vous essayez de me faire douter de mon propre fils. Vous contrattaquez malgré la position dans laquelle vous vous trouvez. Je dois reconnaitre que vous en avez dans le pantalon. Malheureusement pour vous, c’est peine perdue. Effectivement, il pourrait me planter une dague dans le dos, après tout il est de mon sang et en serait donc parfaitement capable, ça ne serait même pas du tout étonnant. Mais voyez-vous, la confiance ne s’applique pas avec lui. Il n’a pas confiance en moi. Il croit en moi comme quelqu’un croit en une cause et ceci faite toute la différence. S’il venait à me planter une dague dans le dos, ce n’est pas moi qu’il trahirait, mais c’est lui-même. Il trahirait sa propre croyance. »

Finalement, c’est un long soupir qui s’échappa de Nathaniel.

« Il aurait été plus sage d’accepter la main que je vous tendais. Cela aurait rendu les choses plus faciles et plus supportables pour vous. Ne comprenez-vous pas que je cherche à vous ménager ? À vous protéger de ce qui pourrait arriver ? Je vous ai mis en garde pourtant, contre votre fierté. »

Nathaniel se retourna face au bureau pour saisir un des appareils qu’il avait précédemment sortis. Prenant un arracheur d’ongles, il s’approcha d’Ilhan.

« Nous sommes d’accord sur un point. L’esprit est fort, plus fort que la chair et je suis persuadé que le vôtre est très fort. Malheureusement, toute défense n’est pas impénétrable. Il suffit simplement de savoir comment la faire tomber. Par exemple, dans une épaisse muraille, la moindre petite bouche d’évacuation pour les égouts constitue une faille, une faiblesse qui si elle est exploitée permettra de faire tomber toute la défense. Ici, l’épaisse muraille est votre esprit et la faille est votre chair. Je vais donc l’exploiter. L’esprit influe sur la chair, mais la chair influe également sur l’esprit. »

Un des hommes du gredin se positionna derrière le prisonnier, venant lui placer de force un morceau de cuir épais entre les dents, tout en tirant vers l’arrière pour le maintenir au fond de la chaise. Le roi saisit fermement le petit doigt de sa victime, manquant de le briser tant il y mit de la force, avant d’utiliser l’appareil pour arracher l’ongle de ce dernier sans attendre.

« Nous savons tous les deux comment cela va se finir. Nous savons tous les deux que vous allez céder. La question qui demeure est : combien de temps cela va-t-il prendre ? Combien de temps avant que vous ne réalisiez que cette fierté est responsable de tout ce qui vous allez subir ? Combien de temps avant de que vous ne réalisiez que vous êtes responsable de la situation dans laquelle vous vous trouvez ? »

L’elfe se préparait déjà à arracher un deuxième ongle, demandant à ses hommes de se tenir prêt à maintenir l’humain si nécessaire.

« Il est sage de lutter lorsque vous avez une chance de vous en sortir. Mais cette histoire ne va pas bien se terminer. Votre résistance est purement futile. Vous savez que vous allez céder. Vous tentez de vous persuader du contraire, mais au fond de vous vous savez que ce n’est pas le cas. Épargnez-vous tout ça. »

Le ton insidieux du lion imprégnait la voix de l’elfe sombre, alors qu’il arracha un deuxième ongle.

« Commençons par quelque chose de simple. Combien de navire possède la flotte de Delimar ? »

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Non il ne rêvait pas, eut-il envie de répondre. Seul le silence fit écho à ces mots toutefois. Le "Roi des pirates", roi des forbans, n’avait nul besoin de réponse. Et le regard sombre pétillant de moquerie dédaigneuse était aussi criant que tout ce qu’il aurait pu proférer. Oui il avait tenté de semer le trouble, le doute, dans ces esprits fourbes qui étaient déjà, par eux-mêmes, sujets à la traitrise quand leur intérêt comptait plus que tout autre chose. Il devait avouer que le cas du fils était toutefois tout autre, et que sa tentative n’avait été que pure fanfaronnade, pur essai rhétorique dans l’espoir, futile et inutile, de gagner un peu de temps. De retarder l’échéance, inéluctable, qu’il sentait arriver.

Nayan Earendill n’était pas constitué du même bois que son paternel, aucun doute. Il semblait lui être fidèle et rechercher son approbation, telle une approbation divine qui viendrait ceindre son front d’une couronne plus belle encore que celle du roi. Son père n’était certes pas ses Déesses, mais pour l’instant sa croyance en lui était en fer forgé. Mais si tel était le cas pour le moment, Ilhan savait que les gens changeaient, que les circonstances et le temps faisaient souvent leur œuvre même sur les âmes les plus ancrées dans leur conviction. La loyauté de Nayan ne pouvait être remise en cause pour l’heure… mais il n’y avait qu’à garder un œil sur le fils, le temps qu’il faudrait, et attendre patiemment dans l’ombre. Des années, des décennies peut-être, plus encore possiblement… Et sans doute ne verrait-il jamais cet ultime moment où le fils ôterait enfin ses oeillères sur son paternel, et prendrait son envol et sa liberté, voire lui ravirait la couronne. Mais d’autres le verraient pour lui, d’autres araignées si sa Toile survivait... et agiraient en conséquence, il l'espérait.

Ilhan tut toutefois toutes ces pensées et s’empressa de les cacher au plus profond de lui. Allez savoir, le forban semblait avoir plus d’un tour dans sa besace, il préférait ne prendre aucun risque, si soudain il était doté du don de lire en son esprit...

Accepter la main qu’il lui tendait ? À ces mots, l’althaïen baissa son regard sombre sur ladite main et lui accorda un regard hautain, accompagné d’un rictus des plus dégoûtés. S’il avait été bien moins éduqué, sans doute aurait-il craché sur le sol pour exprimer pleinement sa répugnance. Chercher à le ménager ? La bonne blague. Pour un peu, il passerait presque pour une âme charitable. Le prenait-il pour le premier des idiots ? Il était le diplomate de Delimar. Bien entendu qu’il ne serait en rien ménagé ! Il s’y était préparé et avait fermement scellé son esprit pour ne céder à aucun des funestes chantages qu’on allait sans doute lui offrir.

Pourtant, préparé psychologiquement ou non, il ne put réprimer un frisson quand il aperçut l’instrument dont venait de s’emparer le maraud. Il n’en connaissait ni le nom ni l’utilité, dut-il avouer, mais il était assuré de bientôt en comprendre l’usage. Et le regard fourbe et torve que lui accorda le pirate ne l’aida en rien à se rassurer. Il serra les dents, et décocha son regard le plus polaire.

Oui, l’esprit influe sur la chair et la chair sur l’esprit. Il le savait. Et il se savait faible de corps et de chair, oui également. Mais il savait son esprit assez fort pour résister au chantage. Son corps céderait sans doute, accorda-t-il secrètement au pirate, mais il ne ferait pas céder son esprit pour autant.

Du moins… l’espérait-il.

Mais quand on lui appliqua de force un mord-dent et qu’on le maintint fermement, il douta soudain de la force de son propre esprit. Il gémit quand le pirate lui saisit le petit doigt et crut entendre un craquement, mais il n’eut guère le temps de s’appesantir sur la question qu’on lui arracha un gémissement plus fort encore alors que son doigt criait toute sous la douleur. Il avait l’impression qu’on le lui avait arraché tout entier. Pourtant il le sentait encore bien présent… le brûlant et pulsant d’une souffrance intense.

Ilhan ferma les yeux sous l’onde qui refoula tout le long de son bras, et sentit poindre des larmes traitresses au coin de ses yeux. Un frisson glacé lui parcourut l’échine tandis qu’une suée coula lentement de son front et dans son dos. Non, il ne devait pas flancher. Non, il ne devait pas céder. Son esprit avait su faire face à l’Empereur qu’il avait trahi, aux envahisseurs qu’il avait dupés, son esprit avait su faire front à la menace du Tyran et à la mort, son esprit avait lutté, par deux fois au moins, contre des chimères et avait même su en repousser l’une d’elles de lui-même. On l’avait surnommé esprit inébranlable. Ce n’était pas le moment de trahir ce surnom.

Ce n’était pas le moment de trahir Delimar. Sans doute son corps ne résisterait-il guère longtemps à ce traitement, mais son esprit, lui, devait tenir, ne pas céder, ne pas chavirer. Il devait garder la tête froide, quoiqu’il advienne à son corps, bien frêle proie. Et Ilhan se répéta ce laïus encore et encore.

Toutefois, quand on lui ôta son mord-dent, il laissa sa tête rouler légèrement vers le bas et inspira à grande goulée, comme pour absorber la douleur. Douleur lancinante de son doigt, mais aussi de tout son être. Cette simple petite séance avait suffi à réveiller l’autre douleur qui sommeillait en lui, là, dans son corps malade, près de son foie. Il la sentait poindre, par à-coups de martèlement sourds et insidieux, montant crescendo comme un leitmotiv qui reprenait en puissance.

Combien de temps cela allait-il prendre ? Peu longtemps, il l’espérait. Mais sans doute n’était-ce qu’une douce utopie.

Combien de temps avant que vous ne réalisiez que mon esprit ne cédera pas ?croassa-t-il d’une voix basse, presque murmurante, se jouant du pirate en reprenant ses mots. Combien de temps avant que vous ne réalisiez que vous serez responsable de votre lamentable échec face à mon entêtement ?

Car oui, entêté il l’était. Cela avait toujours été un de ses traits de caractère. Un des pires selon certains. Peut-être cela s’avérerait-il le meilleur en cet instant ?

Le doute s’insinua en lui toutefois quand l’homme lui remit le mord-dent et que le même manège recommença. Cette fois, il hurla au travers de son mors. Et son souffle se fit saccadé quand on lui libéra la bouche. Il baissa la tête, sentant une fatigue l’enivrer et enserrer sa tête d’un étau pulsant.

« Commençons par quelque chose de simple. Combien de navires possède la flotte de Delimar ? »

S’il en avait eu la force, l’althaïen en aurait ri. Une question simple ? Un sourire torve, désabusé, étira ses traits. Il dut alors faire appel au peu de force qu’il lui restait pour relever ses orbes sombres, emplis de morgue acérée, sur l’elfe.

Beaucoup trop pour les compter, rétorqua-t-il d’un ton glacial. Cette question n’a rien de simple, sombre mécréant. Et quand bien même le serait-elle, je ne vous dirai rien.

Oh certes, il connaissait une estimation. Il avait bien vu des chiffres passer. Il savait à peu près combien de navires actifs voguaient, combien de flottilles marchandes, combien de frégates et autres navires de mer, combien en réparation ou combien encore en construction… mais ces nombres changeaient fréquemment, sans cesse presque. Mais quand bien même il aurait pu donner une telle estimation, il n’en avait toujours aucune envie. Et manque de chance pour le pirate, la torture physique ne lui donnait qu’une seule idée : s’entêter davantage sur le chemin du silence. Il était de ces enfants pour lesquels plus vous leur disiez non et plus ils cherchaient à faire quand même. Quelles qu’en soient les conséquences.

Soudain le monde sembla tanguer devant lui. Il crut voir le pirate se dédoubler, et le mur onduler. Il ferma les yeux, las, comme pour chasser ce malaise éhonté.

Mon corps est sans doute bien faible et oui, sans doute cédera-t-il, susurra-t-il, toujours les yeux fermés.

D’une voix à peine audible et aux accents bien trop lents pour être honnête.

Mais que mon corps cède donc, faites de lui ce qu'il vous plaira, vous n’aurez jamais mon esprit, ajouta-t-il en rouvrant les yeux.

Du moins le tenta-t-il. Il peina à accommoder. Son regard se baissa difficilement sur sa main mutilée. Grand mal lui en prit. Cette vue ensanglantée manqua lui arracher une nausée. Et alors, une vive lumière l’aveugla… avant qu’il ne sombre dans les limbes de ténébreuse inconscience.

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¤ Eternel cauchemar ¤

La première question du pirate tomba. Il souhaitait connaitre le nombre de navires en composant la flotte Délimarienne. Il se doutait bien que ce chiffre serait amené à évoluer prochainement, mais connaitre une approximation des forces de la plus dangereuse flotte de l’archipel lui donnerait un avantage. Bien entendu, le pirate ne demandait pas un nombre précis, mais une approximation. S’il souhaitait connaitre le nombre précis il aurait cherché à voler des documents et non un capturer un diplomate. La question s’accompagna bien entendu des premiers actes de torture. L’elfe avait décidé de commencer doucement. Les grosses blessures n’étaient pas nécessairement celles qui causaient le plus de douleur. De plus, une trop grosse blessure mettrait en péril l’interrogatoire. Non il fallait occasionner le maximum de douleur et le minimum de dommages. Appuyé là où ça fait mal. Ainsi deux ongles furent arrachés à Ilhan. La réaction fut immédiate. La douleur transparente sur ce dernier. Peut-être même un peu trop d’ailleurs ? Le gredin avait torturé plus d’un homme et assisté à plus d’une torture. Il en avait même subi. Il savait donc déterminer les limites. Et à son grand regret, la limite du diplomate fut franchie très rapidement. Une pointe de déception vint luire dans le regard du gredin lorsqu’il vit Ilhan tourner de l’œil. Quoi ? Déjà ? Un rire s’échappa de ses hommes, mais l’elfe sombre les interrompus rapidement d’un grondement de lion. Oui c’était risible, mais ça n’arrangeait rien à la situation. Un soupire finit par s’échapper du gredin.

« Bon, renversez-le, avec la chaise. »

Les hommes s’exécutèrent, mettant la chaise au sol de sorte que l’humain se retrouve sur le dos avec le dossier.

« Toi, lève-lui les jambes. On va le faire revenir à lui. Et toi contenir de le maintenir pour éviter qu’il s’agite de trop. »

Le premier vint attraper les jambes du diplomate, venant les lui lever. L’objectif étant de faire descendre le sang de ce dernier jusqu’à sa tête. Il ne devrait pas tarder à reprendre connaissance ainsi. Nathaniel vint se placer derrière, se penchant sur le visage de l’Althaïen. Il lui saisit la main blessée, venant la lever également l’air, pour finir par la placer au-dessus du visage. Le gredin observa le sang glisser depuis l’ongle arraché, ruisselant au bout du doigt, pour ensuite tomber sur le visage de ce dernier. Très bientôt des premiers frémissements apparurent sur le visage du prisonnier. L’elfe sombre accueillit le réveil de ce dernier avec un large sourire.

« Bon retour parmi nous. Tu espérais nous quitter si facilement et si rapidement ? Je dois avouer que je suis assez surpris, je m’attendais à ce que tu tiennes plus longtemps. Mais au final, ça ne rendra la chose que plus facile. Peu importe que tu tombes, inconscient, je serais toujours là pour se ramener rapidement à toi et t’accueillir ton réveil avec mon visage. Tu penseras avoir fait un mauvais rêve, mais tu réaliseras bien vite qu’il s’agit de la réalité. Que tu es toujours ici, avec moi, chaque réveil signifiant qu’une nouvelle horreur va t’arriver. »

Aussi fort l’esprit de son prisonnier soit-il, il finirait par céder. Chaque acte de torture, chaque évanouissement et réveil seraient comme autant de coups de bélier contre la porte de sa psyché. L’elfe sombre donna une petite claque sur la joue d’Ilhan pour concentrer son attention alors qu’il reposa la main de ce dernier au sol, l’immobilisant.

« Je disais donc. Commençons par quelque chose de simple. Combien de navires possèdent la flotte de Delimar ? Je suis sûr que tu es capable de me donner cette information. Peut-être pas le chiffre exact, même si c’était parfait, mais une approximation s’en rapprochant. »

L’elfe avait toujours l’arrache ongle en main et vint l’agiter devant l’humain.

« Si tu me réponds, je promets de ne pas faire de mal à ton majeur. »

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Des bruissements lointains, comme assourdis. Des mots voguant aux contrées de son esprit assombri.

Un noir abyssal l'enveloppant. Un froid sidéral le statufiant.

Un toucher humide sur sa joue. Des voix plus distinctes.

Un léger frémissement crispa son visage et ses paupières papillonnèrent péniblement. Mais son esprit était encore trop engourdi, son corps trop léthargique, pour qu’il parvienne à reprendre tous ses sens. Une autre sensation humide, et cette fois ses orbes sombres parvinrent à s’ouvrir. Ce fut, hagard, qu’il aperçut le visage du gredin au-dessus de lui. Tout n’était que flou et vertige, pourtant ce visage se dessinait de plus en plus nettement. Et ce sourire mesquin plus encore. Sur l’instant, Ilhan aurait tout donné pour flétrir à jamais ce sourire imbu et le transformer en rictus défiguré à jamais.

Une gifle le rappela toutefois bien vite à l’ordre. Et surtout le fit revenir à sa sinistre réalité. Nul pouvoir entre ses mains, il n’était en cet instant qu’un pantin dans celles de ce gredin. Un pantin alors allongé sur le sol, sa chaise au sol, constata-t-il étonné. Et tout doucement, il se souvint. Les ongles arrachés… La douleur… A ses souvenirs, une grimace lui échappa, faisant un sinistre écho aux mots que lui avait offerts le forban à son réveil. Penser avoir fait un mauvais rêve… et se rappeler qu’il ne s’agissait que de la triste vérité. C’était tout à fait cela. Il devait au moins concéder cela à ce malfrat : le gredin s’y connaissait en torture et en maitrise psychique de ses captifs. Un peu trop à son goût.

Sa main fut reposée sur le sol, et aussitôt les questions reprirent. L’althaïen sentit ses bas instincts monter en lui et une envie irrépressible de lui cracher au visage pour toute réponse. Mais ce serait là un singulier manque d'éducation. C’est que, voyez-vous, même dans les pires situations, même dans les pires positions, il avait tout de même un peu de dignité à préserver. Et une réputation à conserver. Jamais il n’avait failli au prestige raffinement de sa noble cité d'antan. Il était hors de question qu’il s’adonne à de quelconques comportements désobligeants et dégradants. Il se contenta donc de foudroyer son tortionnaire d’un regard noir des plus polaires. S’il avait pu l’avaler et le perdre dans ses ténébreux abysses, il l’aurait fait. Ce regard qu’il lui offrit était digne d’un feutonnere braqué sur sa tempe. D’un point de vue tout à fait chimérique, bien entendu…

Il observa le petit manège du gredin et une sueur froide commença à perler le long de son dos et sur son front. Pour autant, il ne céda pas plus et son regard se durcit plus encore.

"Si tu me réponds, je promets de ne pas faire de mal à ton majeur."

Et à mon mineur ? répondit-il avec force ironie.

Une petite voix intérieure le fustigea aussitôt de cette répartie inopinée et malvenue, qui n’allait qu’aggraver sa situation déjà bien précaire. Il se mordit alors la langue pour s’empêcher de rétorquer plus avant. Et bientôt se la mordit réellement jusqu’au sang, alors qu’un autre ongle lui était arraché. S’il parvint à ne pas hurler et à garder lèvres closes, un gémissement ne s'en échappa pas moins pour autant. Bas, sourd, chargé de douleur. Des larmes traitresses sillonnèrent ses joues, mêlant sang et sel dans un petit torrent de souffrances.

Et que serait la suite ? Arrachage de tous les ongles ? Coupage de doigts ? Arrachage de dents ? Il se souvint alors des quelques rares ouvrages qu’il avait lus sur l’art de la torture en Althaïa. Son peuple était peu porté sur la chose, pour autant cela ne voulait pas dire qu’il ne la connaissait pas et ne l’avait jamais pratiqué. Mais, comme en toute chose, les althaïens pratiquaient tout art avec un raffinement poussé à l’extrême. Chez eux, la torture se basait sur le dépeçage bout à bout de morceau de peau, sur l'usage de substance acide sur de petites plaies, ou encore sur l’usage de poison et de contrepoison à répétition. Sur l’usage de magie également quand elle était revenue, des sortilèges ne provoquant que douleur sans aucune lésion… sans aucune trace… Ou mieux encore la torture psychologique. Longue, fastidieuse, mais souvent bien plus puissante que toutes celles physiques. Bien entendu, il n’allait pas se vanter de ces méthodes-là auprès de son tortionnaire, qui déjà lui arrachait un autre gémissement sous un autre assaut de torture.

Et, une fois encore, bien vite son corps rendit les armes et le confina dans les limbes de l’inconscience…

***

Il ne sut combien de temps il resta ainsi à flotter dans ces ténèbres cauchemardesques, mais cette fois quand il se réveilla, il n’était plus dans une chaise. Ni même dans la cabine du capitaine. Il se retrouvait attaché, aux fers, dans une petite cellule miteuse qui empestait la sueur, l’urine, le vomi… et la peur. Toutes ces odeurs fétides manquèrent lui donner la nausée et il dut faire appel à toute sa volonté pour ne pas ajouter ces propres relents à toutes ces déjections nauséabondes. L’effort lui donna des suées, et la douleur, de son foie et de ses doigts, le happa de nouveau de plein fouet. Tant et si bien...

Que les ténèbres de nouveau l’enveloppèrent.

***

Une gifle. Le noir était au final si rassurant, si accueillant. La douleur se faisait sourde, lointaine, presque oubliée dans d’autres contrées… non, il préférait ne pas revenir.

Une autre. Plus forte encore. Lui cinglant la joue comme au fer rouge. Des miroitements lumineux commençaient à chasser l’obscurité salvatrice, tandis que ses paupières papillonnaient lourdement.

Une autre gifle encore. Qui lui rabattit la tête sur le côté et manqua lui faire craquer la nuque. Un gémissement. Et cette fois ses yeux s’ouvrir complètement. Contre son gré.

De nouveau ce visage, ce sourire… comme il le lui avait promis.

"Je serais toujours là pour te ramener rapidement à toi et t’accueillir ton réveil avec mon visage."

Les mots flottèrent en son esprit tandis qu’il détaillait avec une lueur de désespoir ce visage honni.

"Tu penseras avoir fait un mauvais rêve, mais tu réaliseras bien vite qu’il s’agit de la réalité."

Sinistre réalité, en effet. Quelle nouvelle horreur allait donc lui arriver ? A cette pensée, Ilhan laissa son regard errer rapidement sur la pièce dans laquelle il était.

Et il constata aussitôt qu’il était installé sur un lit, les mains attachées aux montants… et démuni d’une partie de ses vêtements. Cette fois, un semblant de panique monta en lui. D’autant plus quand il aperçut le sourire tout aussi sinistre du singe venant se pencher sur l’épaule de son maitre. Fabius

Non, ne pas penser à Fabius, ne pas penser à Fabius, psalmodia-t-il tel un leitmotiv désespéré alors que la peur s’insinuait par tous les pores de sa peau et suintait bien plus fort qu’il ne l’aurait voulu dans ses orbes de jais.

Je ne vous dirais rien, susurra-t-il, d’une voix qu’il voulut assurée.

Mais son ton bas et presque rauque manquait le trahir.

Vous pouvez faire ce que vous voulez de moi, vous n'obtiendrez rien.

Il aurait aimé que sa voix soit plus empreinte de conviction et de détermination et ne sonne pas aussi pathétique, tant y résonnait cette fatigue lasse et éprouvée. Oh certes, il savait pouvoir se forger la volonté de ne rien dire… mais à quel prix ? Son regard voleta de nouveau sur le lit, les liens, le singe… et le sourire du forban.

Mais à quel prix ?

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¤ Toujours plus dans l’immonde ¤


Ce fut long, très long, si long que tout ceci commençait à perdre de l’intérêt. Le forban appréciait la résistance, mais il appréciait encore plus la docilité. Pourquoi est-ce que ce dernier ne fléchissait pas ? Le bureau du roi de la confrérie empestait l’odeur du sang et de la souillure. Les ongles des mains et des pieds reposaient là, dans un bocal. Dans un autre à côté reposaient des morceaux de peau, que le gredin lui avait arrachée des doigts en les dépeçant, ou du dos en les arrachant à coups de fouet. Un peu plus loin se trouvait une fiole quasiment vide à l’intérieur du laquelle se trouvait encore quelques gouttes d’une substance ocre servant à mettre les nerfs en feu, et à proximité de celle-ci une multitude de petites aiguilles couvertes de sang. Plus l’althaïen lui avait résisté, plus la violence montait d’un cran. L’humain s’était évanoui de nombreuses fois, mais à chaque fois le gredin l’avait fait revenir à lui, l’accueillant avec son visage rapidement maculé du sang de celui-ci. De nombreuses autres fioles vides se trouvaient sur le bureau de Nathaniel, ayant servi à maintenir Ilhan parmi eux. Ce dernier avait même vu son cœur s’arrêter tant les sévices que lui infligeait le gredin étaient grands. C’est par ailleurs suite à cet incident que l’elfe mit fin à la séance. L’humain lui avait résisté et cela le mettait en rage. Toutefois, cela l’impressionnait également. Des fortes têtes il en avait connu, mais des comme lui, jamais. L’elfe sombre allait devoir se dépasser pour le briser.

A la fin de la journée, le prisonnier fut emmené dans une cellule. Après qu’on lui ait bandé ses blessures bien entendu. L’hôte du roi des forbans devait se reposer, sans quoi il ne survivrait pas aux jours à venir. Nathaniel n’en avait pas terminé avec lui. Loin de là. Avec regret, la douleur n’avait pas donné la totalité des résultats escomptés par le gredin. Le corps de l’humain était brisé, certes, son esprit fragilisé, mais encore suffisamment déterminé pour ne pas flancher. Puisque cette méthode ne donnait rien, alors l’elfe sombre en utiliserait une autre. De la même manière qu’il existe plusieurs chemins pour se rendre dans un point précis de la ville d’Athgalan au travers du réseau de ponton, il existe plusieurs manières de parvenir à ses fins. Puisque l’une avait échoué, l’orque en utilisait une autre.

Deux jours s’écoulèrent. Le prisonnier demeura dans sa cellule tout ce temps et inconscient pour la majorité. L’elfe s’assura de ne lui fournir aucun repère temporel. L’esprit de ce dernier devait se perdre, il ne devait pouvoir se rattacher à rien du tout. Son ignorance serait une arme au service du pirate. Le garde chargé de sa surveillance était un spirit du serpent et avait copié l’apparence du roi des pirates. L’elfe le lui avait dit, à chaque fois qu’il reviendrait à lui, c’est son visage que ce dernier verrait. Après que ses deux journées se soient écoulées, l’elfe ordonna à ce qu’on lui ramène son invité. Celui-ci fut endormi, on le déplaça, on le lava et prodigua quelques soins mineurs. On l’amena ensuite jusque dans les quartiers du roi, avant de l’attacher au lit et le dévêtir. Nathaniel avait une idée précise en tête. Il allait s’amuser une fois de plus avec lui, mais d’une autre façon. Puisque la douleur avait échoué, le plaisir, lui, réussirait peut-être.

Le regard de l’elfe se posa sur l’humain attaché dans son lit. Ce dernier portait de nombreuses cicatrices des récents sévices, des potions ayant été utilisées pour aider à cela. Le cou d’Ilhan était orné d’un collier de contrainte qui l’empêchait également d’user de sa magie et de ses esprits-liés. Même si ce dernier devait être trop faible pour espérer y avoir recours. Très bientôt, la magie ayant servi à endormir le prisonnier se dissipa. Ce dernier revint à lui et une fois de plus c’est le visage de l’elfe qui l’accueillit. Et une fois encore, ce dernier l’accueillit avec son sourire ciselé.

« Je ne vous dirais rien. Vous pouvez faire ce que vous voulez de moi, vous n'obtiendrez rien. »

À peine ce dernier se réveillait, à peine il tenait tête au gredin. L’elfe mit un doigt devant sa bouche.

« Chuuuut … tu avais plus de conviction quand tu le disais la première fois. D’autant plus … ce que tu dis n’est pas vrai. »

Le singe sur l’épaule de Nathaniel se pencha, venant agripper le doigt que ce dernier avait devant sa bouche, le tirant vers lui, pour finalement le mordiller. Ce doigt se révéla être un majeur … coupé … et dépourvut d’ongle.

« J’ai déjà obtenu de toi un magnifie petit jouet pour Fabius. Il l’apprécie en plus. »

Le gredin tourna sa tête en direction du singe, venant lui taper sur le nez.

« Hey, prends-en soin. Ça m’embêterait de devoir en couper un autre. Maintenant file. »

Le macaque sauta de l’épaule de son maitre, filant en direction de la porte, l’entrouvrant quelque peu pour passer puis la refermant derrière lui. Nathaniel, lui, s’approcha sur le côté droit du lit, un sourire carnassier aux lèvres.

« Je me suis dit que tu apprécierais de quitter ta geôle pour un lit. »

L’elfe leva une main et vint passer un doigt sur l’une des cicatrices d’Ilhan causé par la maltraitance dont il avait été victime récemment.

« Mon lit. »

La main de l’elfe continua sa route, descendant lentement, alors qu’il laissait pleinement l’esprit lié de son lion dont le pouvoir avait été travesti, étendre son énergie en direction du prisonnier.

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Perdu. Désorienté.

Oui, il l’était. Il ne savait plus combien de temps il avait passé en compagnie de ce forban. Cela lui semblait mille ans… alors que ce devait sans doute n’être que quelques instants ? Quelques minutes, heures ? Une journée ? Pour lui, tout cela s'étirait en une sombre éternité. Il n’aurait jamais cru connaître cela un jour. Il avait tenté de relativiser chaque épreuve, en pensant à celles que d’autres avaient traversées avant lui. L’esclavage des griffes desquelles il avait tiré certaines de ses araignées. Morneflamme dont il avait réchappé de peu en s’évadant à temps, mais au prix de la vie de toute sa troupe qui avait couvert ses arrières, lui, le Tisseur, qu’ils avaient voulu sauver. Il tentait de se raccrocher à tout cela pour supporter chaque coup de fouet, chaque morceau dépecé, chaque… Mais son corps faible et plus diminué encore avait cédé avant son esprit, et à chaque fois sombrait. Cela ne l’aurait pas dérangé, si à chaque fois on ne l’extirpait pas des limbes de la douce inconscience.

Mais cette fois… cette fois, il redoutait le pire. Un pire qu’il avait déjà connu. Un pire qu’il avait déjà vécu et cela plusieurs fois. Un pire qu’il s’était pourtant juré de ne plus revivre. Le doigt sur ses lèvres l’intima à se taire et lui arracha un frisson d’appréhension, qu’il fut incapable de réprimer. Ce n’est qu’en cet instant qu’il réalisa pleinement sa situation… le collier à son cou… cette entrave magique qui l’empêcherait d’appeler à l’aide ses Esprits-Liés… ET ce singe, horrifique, portant ce nom honni entre tous, s’amusant avec un…

Un doigt ?

Horreur.

Un maësltrom d'angoisse et d'effroi le frappa alors de plein fouet. Il tourna la tête vers sa main et manqua tourner de l’oeil, quand il vit un doigt y manquer à la main gauche. La main du Tisseur. Et ce nom, Fabius, encore une fois susurré…

Terreur.

Ilhan ferma les yeux et manqua laisser de traitres larmes couler. Il retint à grande peine cet élan de faiblesse. Mais quand il rouvrit ses orbes sombres sur l’elfe, ils étaient étrangement troubles.

Et à la place de l’elfe sombre et de son singe, se superposa soudain un autre visage. Un visage altier, beau d’une certaine façon, borgne pour autant, et un rictus fourbe déformant ses nobles traits… Ilhan dut papillonner plusieurs fois des yeux pour revenir à la réalité et chasser ce visage tant haï. Le singe avait disparu. Apparemment avec son dû. Mais l’elfe sombre était toujours là, à ses côtés, penché sur lui.

L’althaïen frissonna malgré lui quand le doigt taquin vint effleurer l’une de ses cicatrices. Ce toucher, répugnant, lui fut à la fois douloureux et… à sa plus grande honte délicieux. Il sentait soudain un élan l’attirer inexorablement vers cet être odieux. Il sentait vouloir tout lui concéder, tout lui…

Frayeur !

Son Esprit-Lié ! Ce fourbe usait encore de son lion pour le duper, l’enrôler dans ses jeux pervers et endormir son esprit ! Ilhan tenta alors de faire appel à toute sa volonté pour y résister. Se focalisant sur Delimar, sur sa Reine, sur la cité de l’honneur. L’honneur, il devait sauver son honneur ! Pour le peu qu’il en restait du moins… Il pouvait repousser cet assaut traitre. Il pouvait y résister, il pouvait…

Il aurait pu... si une main insidieuse n’avait pas poursuivi sa course, son œuvre, sur sa peau alors bien sensible.

Traitre sensualité....

Vous n’aurez rien de moi, fit-il en un murmure à peine audible.

Le souffle soudain coupé quand la main se fit plus insistante.

Je ne vous concéderai rien. Rien. Non… Rien…

Sa voix se faisait toutefois plus hésitante, plus vibrante. Sa peau frémissait, son corps frissonnait, tremblait… et soudain une onde le happa sans qu’il ne parvienne à la retenir. Il haleta.

Non… rien

Plus faible. Tout juste un susurrement.

Non… oh non… oui… non !

Misérable volupté.

Il luttait. Son esprit tentait de s’accrocher. Mais l’énergie qui l’enveloppait était éprouvante, l’enserrait tout entier, alors que la main taquine menaçait également de totalement le posséder.

Mortifié, Ilhan se mordit la langue. Puis se força à répéter.

Vous n’aurez rien.

Mais la conviction commençait à s’effriter et sa voix se faisait bien moins convaincante de seconde en seconde. Certes, son esprit était fort, mais son corps ne l’était pas. Pour preuve la réaction honteuse qui déjà répondait aux assauts éhontés. En des affres annonçant une honteuse félicité. Cette fois les larmes s’écoulèrent, tandis que des souvenirs l’assaillaient, qu’il revoyait le borgne, encore et encore, en même temps que l’elfe sombre s’imposait. Il n’eut pas même la force de retenir ce petit torrent salé, tant il était las, éprouvé.

Il sut alors que son corps ne pourrait plus longtemps lutter. Mais il se refusait à lui céder n’importe quoi. Il braqua alors son esprit sur un but, un seul : il ne dirait rien. Il ne lui céderait aucune information. Quitte à le laisser le faire sien. Il lui céderait son corps. Son plaisir honni aussi, s’il le fallait.

Plaisir des sens.

Mais il garderait son esprit. Cela, ce coffre-fort resterait à lui.

Inexpugnable conscience.

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