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descriptionDragons en goguette [Nahui + Nephi] EmptyDragons en goguette [Nahui + Nephi]

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15 Septembre 1763, Port d'Athgalan

Ce nid à bipède sentait mauvais, il n’y avait aucune autre façon de le décrire. Les fortes effluves agressaient ses sens dès qu’elle pointait le museau sur la surface de nid glissant. Il n’y avait d’ailleurs pas que les effluves qui agressaient quand elle rejoignait ce que son lié appelait un ‘pont’ bien qu’elle ne comprit toujours pas en quoi c’était un ‘pont’ puisque l’image invoquée dans l’esprit de la majorité des bipèdes alentours était celle de deux pattes en pierres qui se joignaient au-dessus d’un fleuve ou d’un ruisseau, chose qu’elle trouvait très respectueuse de la part des bipèdes. Un cours d’eau n’était pas fait pour que des bipèdes aillent le salir. Un cours d’eau menait son existence de cours d’eau sans rien demander aux autres et il fallait lui laisser sa paix. Toujours était-il qu’aux odeurs s’ajoutaient les bruits et parfois même la vision. Sur nid glissant, cela restait acceptable et dans la limite du tolérable, mais dès qu’on mettait une patte ailleurs que sur lui ? Pouah ! Le problème, c’est qu’elle avait finit par en faire le tour, de son nid glissant, elle le connaissait maintenant et avait marqué son territoir consciencieusement même si elle avait été forcée de recourir à des méthodes d’odeurs plutôt qu’avec des traces de griffes. Cela l’avait surprise et frustrée, au début, quand elle ne comprenait pas encore pourquoi chaque fois qu’elle faisait ses marques de griffes et de cornes, le bois de nid glissant les retirait immédiatement. Il avait fallut que son lié explique pour qu’elle cesse de s’énerver après le bois. Heureusement, elle avait d’autres moyens d’indiquer quand un lieu était à elle.

Mais en cette journée, elle voulait explorer autre chose que le nid, même si le nid à bipède appelé Athgalan sentait fort et était bruyant, c’était mieux que de s’ennuyer sur le ‘pont’ qui n’en était pas un. Se glissant aussi furtivement qu’elle le pouvait hors du nid, elle prit quelques instants pour scruter depuis la ‘passerelle’ les environs immédiats. Elle n’avait pas très envie de s’enfoncer dans la ville, son lié avait quelque chose d’important à faire et elle ne voulait pas risquer de le déconcentrer. Heureusement, il y avait d’autres nids glissants dans le port, plein même ! Deux retenaient cependant son attention, dont un la fascina complètement. On aurait dit qu’il avait été plongé dans la grande eau pendant un très très long moment, couvert d’algues, de coquillages, de coraux, les voiles repliées comme des écailles de poissons luisantes. Il sentait la mer également, la grande eau iodée et humide, fraîche. Il n’y avait presque aucune activité à son bord, c’était le moment idéal pour s’y glisser et explorer. De sa démarche ondoyante, elle se dépêcha de rejoindre la ‘passerelle’ du navire poisson et huma l’air avec grande concentration, pour essayer de percevoir l’odeur des bipèdes du ‘bord’. Peine perdue ! C’était comme si il n’y avait pas de bipède à bord de ce nid glissant en l’instant. Parfait, l’exploration n’en sera que plus aisée. Montant rapidement, la jeune dragonne dû se hisser sur ses pattes arrières pour parvenir à ouvrir l’une des portes du ‘pont’ qui n’en était pas et s’engouffra dans l’ouverture avec prudence.

Là, dans la ‘cale’ comme disait son lié, il y avait une forte odeur de poisson mais aussi quelques effluves plus exotiques. L’une d’elle, en particulier, attira son attention. Un dragon ? C’était une odeur de dragon, elle en était certaine. Humant avec force, petit museau triangulaire en avant, Kaiikathal commença à suivre la piste… Le lieu était mal éclairé, mais elle se dirigea sans trop de mal, en allant lentement et en humant régulièrement. L’intérieur de ce nid-ci ne semblait à priori pas marqué comme un territoir, bien qu’il y eut l’odeur d’un dragon, à moins que l’odeur de poisson ne soit tellement forte qu’elle couvre celle des marques de musc ? Queue balançant en rythme derrière elle, la marche-tempête tentait de ne faire aucun bruit tandis qu’elle avançait. Au détour d’une caisse, quelque chose bougea légèrement et elle se plaqua immédiatement au sol en relevant la queue en posture de menace avant de se glisser dans une ombre plus fournie que les autres. Elle contourna la caisse pour réapparaître plus proche du mouvement et s’assurer de quoi il s’agissait.

descriptionDragons en goguette [Nahui + Nephi] EmptyRe: Dragons en goguette [Nahui + Nephi]

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Nahui s'était habituée, avec le temps, à la Vagabonde. Elle s'était habituée surtout à être sur les qui-tanguent. Les premières fois, peu de temps après sa naissance, avaient été laborieuses. Cette sensation lui avait rappelé des instants douloureux, et infinis, des tremblements dans tout son petit corps immature, et cette brûlure qui avait irradié de ses yeux. La première fois, le souvenir des coups qui recommençaient, encore et encore, sans jamais cesser, avaient glacé son cœur de terreur. Elle avait galopé sur tout le pont, et les divers obstacles qu'elle avait malmenés en chemin ne l'avaient arrêté. Ses cris avaient été des crissements suraigus d'une peur primitive. Il avait fallu l'immobiliser en douceur, et la remettre entre les mains d'Aldaron pour que, enfin, ses pattes cessent de fouetter le sol. Alors, son esprit s'était littéralement jeté contre celui de son Lié pour s'y blottir, et se laisser bercer par ce dernier. Peu à peu, son souffle s'était apaisé, ses pensées et son cœur pareillement. Il était là. Ils pouvaient tout affronter. Les chimères pouvaient revenir et la frapper. Jadis, elle avait survécu face aux chimères. Avec Lié, elle pouvait même les affronter, et les terrasser. Peu à peu, son souffle et son coeur s'étaient calmés, et elle avait mordillé délicatement la manche de Lié, lui transmettant son affection, sa confiance infaillible, et sa reconnaissance profonde, pour leur simple et commune existence.

Avec les jours, c'était cette confiance qui avait relégué les souvenirs à quelques frayeurs inopinées. Nahui déambulait sur le bateau, se guidant comme elle le pouvait dans ce qui ressemblait fortement à un océan de magie. Ses pattes parfois tâtaient le terrain devant elle, sa petite langue bifide partait devant elle pour explorer. Les sons la guidaient, beaucoup, par-delà le roulis des vagues. L'équipage était de médiocre qualité. Pour des morts pulsants de magie, ils étaient ennuyeux de caractère, et se refusaient à jouer. Aussi était-ce à bord de la Vagabonde qu'Aldaron avait pu découvrir combien sa Liée avait besoin d'attention... De temps en temps. Quand elle en avait envie. Mais quand l'envie venait, quelle princesse elle était ! Il fallait lui donner les bavettes, et l'objet-qui-fait-du-bruit, et les gratouilles, et lui raconter des histoires, et puis arrêter, et puis chanter, et puis...

Ce jour-là, Aldaron l'avait laissée seule, un bref instant, le temps d'aller faire des trucs inintéressants de bipède. Ils accordaient ainsi le besoin de sécurité de Nahui avec son manque d'intérêt pour les affaires qui préoccupaient souvent Lié et Lié-de-Lié. Si encore elle avait pu librement explorer... Il était trop tôt. Même ses caprices n'étaient pas assez puissants pour qu'elle fasse fi de l'importance du risque. La crainte de se faire enlever, et frapper encore et encore, dépassait la curiosité et l'orgueil. Elle ne pipait mot à ce sujet, se contentait d'appuyer l'idée qu'elle était bien mieux à jouer sur le bateau qu'à écouter leurs plates histoires. Lié s'habituerait-il un jour aux nouveaux tracas qui auraient dû être les siens ? Ces tracas de dragonnier, comme... S'occuper d'elle, et... S'occuper d'elle...
Bon. Il avait le droit d'oublier, de temps en temps. Magnanime qu'elle était, Nahui le lui accordait. Surtout si cela signifiait qu'elle pouvait en profiter pour s'autoriser qui lui était normalement interdit. Comme aller dans cet endroit bizarre, avec des odeurs subtilement différentes de celles qui couvraient le bateau, que la dragonne avait fini par ne plus sentir. Prudemment, se guidant du bout de la langue, Nahui avait arpenté cet endroit où s'entassaient moult caisses, couvertes d'algues et de mousse. Son esprit essayait de s'éloigner de celui de Lié, faire mine d'être tranquille, quand, dans les faits, elle jubilait. Ce fut là, dans un coin, que l'immaculée fille du ciel et du feu les trouva.

Les pièces d'or. Ces bouts de métal qui intéressaient tant les bipèdes. Ces fragments de pierre vides de magie. Cet intérêt vide pour un être qui avait la meilleure protection qui soit ! Mais puisque Lié n'était pas là, elle n'avait pas besoin de donner des leçons sur leur statut. Personne ne la jugeait. Nahui tâta un peu mieux ces bouts de métaux qui faisaient tant parler d'eux.
Après un quart d'heure, elle dut reconnaître que, bon, soit, peut-être avaient-ils un intérêt, même draconique. Ils étaient hautement mâchouillables, faisaient du bruit quand on jouait avec, glissaient sur le sol de sorte que l'on pouvait s'amuser à les chasser. Nahui aurait sans souci pu jouer avec des heures durant si une présence ne l'avait rejointe. Immédiatement, elle se tapit derrière une caisse vermoulue. Plus de bruit... Ou presque ? N'avait-elle pas entendu quelque chose ? Dans l'expectative, tendue et figée, la dragonnette essayait même de ne pas rendre son souffle perceptible. Il fallut que sa queue cogna contre le bois pour qu'elle réalisât qu'elle avait le réflexe de la remuer quand elle s'impatientait. Elle fit taire ce réflexe. L'Autre avait bougé, non ? Oui, l'Autre bougeait. N'y tenant plus, Nahui tendit le plus discrètement possible son esprit vers cette présence.

Il lui sembla que son cœur manquait un bond. Elle l'aurait reconnue entre mille. Cet esprit semblable au sien, et pourtant si différent. Elle avait changé, un peu, mais son essence était là, toujours la même. Tant d'histoires s'étaient dessinées dans l'imagination de Nahui, pour combler son absence. Ses inquiétudes avaient tracé une tragédie semblable à la sienne. Son devoir d'équilibre mental l'avaient poussée à croire qu'elle avait échappé à son sort. Son désespoir l'avait poussée à imaginer pire encore.
Mais elle était là, devant elle, le sang et la magie pulsant en elle, hors de sa coquille. Elle aussi avait bravé les dangers, pour se tenir debout, fière et forte, comme l'étaient les Leurs. Semblable était née, dans la même joie qu'elle sans doute, et Nahui pouvait enfin approcher cette congénère, partager avec elle ce qu'elle aurait aimé qu'on lui partage jadis.
Un élan d'affection, pur, franc, vint envelopper l'esprit de Semblable, s'accompagnant d'un murmure de soulagement, et du rappel lointain d'une épreuve passée. Elle lui transmit l'idée d'un cycle jadis interrompu, qui pouvait reprendre et, avec ce cycle, l'idée du jeu venait s'inscrire. Voulait-elle jouer ? Nahui voulait jouer. Elle voulait lui montrer son affection, aussi. Timidement, elle s'approcha, petit à petit, pour voir ce qui lui était permis.

descriptionDragons en goguette [Nahui + Nephi] EmptyRe: Dragons en goguette [Nahui + Nephi]

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Il cherchait son frère. Désespérément. Son Frère-Coquille disparu. Si lointainement.

Pourtant tout avait bien commencé. Il s’amusait alors avec un petit poisson doré, pendant que sa mère et sa sœur semblaient occuper à il-ne-savait-quoi-mais-qui-l’intéressait-bien-moins-que-ce-poisson, son père vaquait au loin pour une affaire d’importance, tandis que son frère semblait nager non loin comme cherchant la meilleure bêtise de sa vie à faire et répondait par grognements indifférents à toutes les questions que Nephilith pouvait poser tout haut. Jusqu’à ce qu’il ne réponde plus du tout. Sur l’instant, Nephilith n’y avait guère prêté attention, trop accaparé par ce poisson qui osait avoir la même couleur que lui, comme s’il la lui avait volée. Ou comme s’il détenait un ultime secret quant à la question de la couleur de l’or. Mais quand à la cinquième question, le silence s’était obstiné à lui répondre, Nephilith avait daigné relever le nez de ce poisson insolent qui refusait de répondre à ses questions et avait cherché son Frère-Coquille du regard pour voir ce qu’il pouvait bien faire.

Mais point de Frère-Coquille. Disparu le Frère-Coquille. Nephilith s’était alors empressé d’aller voir là où il l’avait aperçu pour la dernière fois. Il avait fouillé l’endroit rapidement de ses saphirs inquiets, mais n'avait rien vu. Il était alors remonté à la surface, espérant pouvoir apercevoir quoi que ce soit, un signe, un indice. Et avait dû plisser les yeux pour apercevoir enfin au loin, très loin, là où l’océan voulait rejoindre le ciel, une silhouette sombre, qu’il aurait reconnue entre mille, monter sur… une sorte d’immense planche de bois flottante. Comme celle qu’il avait déjà aperçue parfois, mais rarement, lors de leurs petites sorties hors de leur grotte. Des… Nateaux ? Baveaux ? Non, bateaux. Oui, voilà des bateaux. Son Frère-Coquille venait de monter sur un bateau !

Le premier instinct de Nephilith avait été d’aller prévenir sa mère pour qu’elle l’aide à récupérer Monsieur-j’aime-plonger-dans-les-ennuis-parce-que-sinon-c’est-pas-marrant, mais il s’était ensuite ravisé. Ses parents allaient voir rouge, plus rouge encore que ne l’était son père en temps normal. Ssaadjith allait se faire disputer comme jamais il ne l’avait été et son orgueil allait mal digérer cet énième affront. Non, mieux valait qu’il aille le chercher lui-même. Il avait vu le nateau. Bateau. Il devrait parvenir à le rattraper ? Ou du moins à le retrouver. Nynsith lui avait dit que les na… bateaux s’arrêtaient souvent près des côtes pour se reposer. Il lui fallait juste trouver où se reposait celui-ci.

Et c’est ainsi qu’il était parti à la recherche de son Frèce-Coquille. Désespérément. Disparu. Si lointainement. Ces mots résonnaient en lui tel le refrain d’une lente musique alors qu’il nageait aussi vite qu’il le pouvait, et surtout à l’allure qu’il pouvait maintenir sans totalement se fatiguer. Il profita un moment d’un banc de poissons pour se laisser porter par le courant qu’ils provoquaient... avant que sa présence ne les effraie finalement et que le courant devienne tornade tant ils paniquaient. Il en fut tant agacé et il avait si faim qu’il en happa quelques-uns. Tant pis pour eux, ils n’avaient qu’à être moins stupides et à l’aider dans sa quête ultime. Plus tard sur le trajet, il rencontra un autre banc, qu’il approcha plus doucement et à qui il envoya une question désespérée par la pensée. Avaient-ils vu un nateau ? Euh… bateau ? Il reçut en réponse un immense vide d’incompréhension. Il répéta sa question en décrivant le bateau comme une grande branche de bois flottante. Mais là encore le banc se tourna vers lui d’un même mouvement, le fixant de ses, leurs ?, yeux ronds vides d’intelligence, avant de finalement filer à vive allure en sens inverse. Peut-être était-ce leur manière de lui indiquer la direction ? Nephilith les suivit donc un instant, et décida de ne pas les manger, vu qu’ils l’avaient, peut-être, aidé. Bien qu’au bout d’un moment, en les voyant forcer l’allure comme pour le fuir, il eut un doute. Ils avaient peur, réalisa-t-il. Il sentait le prédateur et leur faisait peur.

Il s’écarta d’eux alors d’un coup de queue dédaigneux, délaissant ces créatures, certes amusantes sur l’instant mais désespérément niaises, et repartit vers la direction où il avait vu disparaître le sombre bateau. Ah ça y était ! Il avait enfin retenu ce mot bipède !

Il rencontra soudain de grands poissons qui sautillaient par-dessus les vagues. Il envoya une onde de pensée et observa que déjà leur réaction était bien plus intéressante. De la peur se mêlait à de la curiosité et plusieurs questions non formulées se bousculaient. Ces créatures semblaient aussi penser en groupe et avoir un fort esprit d'ensemble. Il leur posa alors la question, leur envoyant des images mentales de ce qu’il avait vu. Il n’eut d’abord aucune réaction. Jusqu’à ce que l’un d’eux s’approche, à petits coups de nageoires prudents vers lui, pour tourner autour de lui, avant de finalement se positionner devant son museau et de hocher la tête. La créature s’élança alors hors de l’eau et sauta dans une vague, puis revint vers lui. La direction ? Il suivit alors le groupe qui sautilla sans cesse autour de lui, et se prit même au jeu à sautiller avec eux. Finalement ils arrivèrent non loin d’une bordure de terre. Le groupe ralentit, s’arrêta et continua à jouer en sautillant.

Mais Nephilith avait son attention focalisée sur toute autre chose soudain. Il voyait un bateau. Ou plutôt plusieurs. Qui effectivement s’étaient arrêtés tous les uns contre les autres, comme voulant se réchauffer. Se reposant, certainement, comme Nynsith le lui avait décrit. Peut-être le bateau qu’il cherchait était là ? Il s’avança alors, prenant garde toutefois de rester sous l’eau, et observa ce qui se trouvait autour. Il devait avouer ne pas trouver l’endroit très accueillant. Et plutôt puant. On sentait le poisson, mais se mêlaient à cette délicieuse odeur d’autres, bien plus infectes, d’immondices animales et de vases bouseuses. Ces étranges branches de bois qui sortaient de l’eau, et qui soutenaient plusieurs autres sur lesquelles de nombreux bipèdes marchaient, ne lui inspiraient rien de bon non plus. Il n’aimerait pas s’installer dans un tel endroit et se demandait si son père n’avait pas raison quant à la stupidité bipédique pour aimer cette fange. Mais tant mieux, il n’était pas question qu’il s’y installe. Juste qu’il cherche son frère, et ensuite ils partiraient.

Nephilith se tourna vers les bateaux qui reposaient. Par lequel commencer ? Ils se ressemblaient tous. Ou presque. Et il avait vu la planche flottante de si loin… Peut-être par celui avec toutes les algues et tous les coquillages ? Après tout, peut-être son Frère-Coquille avait-il pris ce bateau pour un rocher géant ? Ou… non, il n’aurait pas été si bête. Il aurait vite compris que ce n’était pas un rocher. Mais peu importait. Il lui fallait bien commencer à fouiller quelque part. Et discrètement si possible. Il serait quand même idiot de se faire voir par les bipèdes qui voudraient alors le garder pour-il-ne-savait-quoi-mais-il-ne-voulait-pas-se-l’imaginer, et de déclencher alors un cataclysme verithique quand son père le, les ?, retrouverait.

Bon discret et doré ne faisaient guère bon ménage, réalisa-t-il quand il se hissa laborieusement sur la planche du dessus du bateau. Nephilith se dépêcha de se cacher derrière de grosses blanches toutes rondes et tâta par la pensée les esprits alentour. Des esprits qui lui semblèrent… étrangement vides. Ou… pas totalement vides. Mais… comme… Formant un ensemble ? Comme si l’esprit était le bateau et pas toutes ces silhouettes bipèdes qu’il voyait autour vaquer à leur tâche… Un bateau pouvait penser ? Ou avaient-ils tous fusionné et pensaient pour le bateau ? Ou alors…

Aussitôt Nephilith se morigéna, et se rappela sa mission ultime. Retrouver son Frère-Coquille. Ce n’était pas le moment de se laisser aller à toutes ses voix, toutes ses questions. Il avait un but, un seul, et devait se concentrer dessus. Aussitôt pensé, aussitôt il sortit de sa cachette et explora le bateau pour tenter de trouver une silhouette noire légèrement empourprée, silhouette bien inoubliable. Il crut alors voir une ombre noire se glisser soudain dans une ouverture, là bas, de l’autre côté du bateau. La silhouette avait été trop rapide pour savoir s’il s’agissait de son Ssaadjith désespérément disparu… Il se faufila donc dans la direction, serpentant de grosses branches rondes en grosses branches rondes, et se glissa à son tour dans le trou où l’ombre avait disparu.

Cette fois il se faufila derrière de grosses branches rectangulaires – ces bipèdes avaient de drôles d’idées de former des branches sous toutes ces formes, vraiment – et observa attentivement les environs. Et huma l’air qui sentait le poisson… et surtout le dragon ! Le dragon ! Mais…

Mais non, ça ne humait pas son frère désespérément disparu. S’il fut un instant déçu et s’apprêtait à retourner fouiller les autres bateaux, Nephilith se ravisa soudain. Il s’agissait d’autres dragons. Les premiers qu’il rencontrait en dehors de sa famille. Et des dragons qui pourraient peut-être l’aider ? Ou qui avaient peut-être vu son frère ? Il se retourna alors vers les autres dragons et s’avança… sans prêter attention au tas de boules d’or qui jonchaient le sol. Ses pattes glissèrent sur l’une d’elles. Il aurait pu aisément rattraper son équilibre s’il n’avait pas ouvert une aile pour essayer de rétablir son tangage… aile qui se cogna sans discrétion contre une paroi et s’empêtra dans une griffe. Il tomba lourdement au sol et roula à terre. Pour atterrir sur une masse dure… contre les deux dragons. Confus, un peu honteux, Nephilith releva d’abord timidement ses saphirs vers ses deux congénères et les fixa intensément un long moment.

Un long moment. Un très long moment. Son regard figé sur les yeux du plus petit d’entre eux qui semblaient comme des orbes…

"Vides… Tu as les yeux vides", fit-il sans préambule, à peine conscient d’envoyer sa pensée à tout va.

Puis se tournant vers l’autre.

"Tu me rappelles mon Frère-Coquille. Tu es presque aussi sombre que lui. Mais ne lui dis pas, il se vexerait".

descriptionDragons en goguette [Nahui + Nephi] EmptyRe: Dragons en goguette [Nahui + Nephi]

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Lorsque quelque chose toucha son esprit, la crête de la jeune bleu se déploya de surprise et d’une émotion féroce et brûlante, pétillante, qui était le plus proche, chez elle, de la satisfaction. Le contact était discret, frais, mais indubitablement draconique. Cette réalisation vint aisément à bout de toute méfiance et ce fut avec confiance qu’elle s’ouvrit en grand à la caresse de l’esprit étranger venu la visiter, l’invitant à se défaire de ses propres craintes et de sa prudence. Puis, lentement, tandis qu’elle déployait elle-même son esprit pour venir enlacer celui qui se manifestait à elle, Kaiikathal comprit enfin, intuitivement, l’essence de cette présence. Une essence pour laquelle elle avait craint, avant même son éclosion, et qui n’avait jamais cessé d’occuper ses pensées profondes. Soeur-Espoir était là, dans la pénombre, tout près d’elle, comme un étrange simulacre de leur outrageuse captivité aux griffes des taches-sombres-chimères. Cette fois, cependant, ni l’une ni l’autre n’était prisonnière. Toutes deux étaient bel et bien libres, éveillées à ce monde qui leur appartenait. Et enfin, à l’aube de leurs épopées, elles se retrouvaient ! L’esprit crépitant et trompettant, Kaiikathal s’approcha pour venir poser le bout de son museau pointu contre celui de Soeur-Espoir et y donna un coup de langue, complimentant par le geste ce que sa psychée véhémente rugissait en rendant à la blanche cette étreinte tant souhaitée. Son affection, toute de rudesse éperdue, de soulagement colérique, vint s’unir à la sienne pour pulser là comme un coeur battant. Jouer avec elle ? Dans le silence grinçant de la cale, la crête dorée émit un roucoulement d’enthousiasme. Elle lissa ses écailles pour chasser toute forme d’agressivité et aller s’approcher davantage pour frotter contre sa semblable lorsqu’un impromptu tintamarre lui fit dresser le cou, et qu’une masse vienne s’échouer contre elle.

Immédiatement, et par pur instinct, la bleu se plaça devant Nahui, protectrice, et dressa toutes ses écailles, queue relevée en signe de menace défensive, le bout barbelé de longs pics d’os effilés ondoyant légèrement comme une silencieuse promesse de souffrance à un quelconque agresseur. Crocs découverts, yeux plissés fixés sur l’intru qu’elle avait repoussé sans douceur. Un peu plus grande que sa Soeur-Espoir, elle se servait de sa taille pour paraître aussi intimidante que possible et surtout dissimuler Nahui. Un flottement gêné imbiba la scène, mais lorsque le choc et la frayeur s’étiolèrent naturellement, Kaiikathal se redressa. Un dragon ? Ses naseaux palpitèrent tandis qu’elle humait son odeur, pour le circonvenir, puis elle abaissa la queue. Un dragon sauvage. Que faisait-il ici ? Le ciel de son esprit, toujours enlacé à celui de Nahui, partageait ses considérations en échos à sa semblable. C’était le second dragon sauvage qu’elle voyait, et le second jeune, sans aucune raison sur ces terres de bipèdes défaites de toute nuée ailée. Les sauvages n’avaient pas nichés ici, alors qu’est-ce que c’était que cette masse d’écailles brillantes ? A cela et en dépit de la voix qu’il transmettait, Kaiikathal se focalisa sur ses écailles, de la couleur de l’or de son lié. Est-ce qu’il avait volé de l’or pour le mettre sur ses écailles ? S’il était ainsi, elle le défierait en duel pour récupérer son trésor ! Toujours méfiante, même si désormais moins menaçante, la bleu grogna et expédia sans douceur aucune une pensée vers l’esprit de ce qu’elle identifiait maintenant comme un jeune mâle. Cette pensée, bien que dépourvue de mots, était très claire par sa teneur : elle ne comprenait pas pourquoi il se sentait obligé de parler comme un bipède avec d’autres dragons. Est-ce qu’il était libre domestiqué et qu’il n’avait plus de fierté dans ses écailles ? Une autre pensée suivit, cette fois adressée à Nahui. Peut-être que leurs tortionnaires avaient aussi attrapé ce mâle ?

Oui, en vérité, peut-être était-ce cela. La pensée se diffusa au principal intéressé. Avait-il subi les taches-sombres-vides-chimères ? Qu’il n’ait guère de crainte alors et se défasse de ses manières de bipède. Toutes deu comprenaient sa douleur et il se vengé comme elles lorsque le moment de la grande chasse viendrait. Un instant, Kaiikathal se scinda d’eux, pour joindre les pensées de son bout de bipède à elle, l’avertissant de la présence de ces deux dragons. C’était son territoir, il avait droit de savoir après tout. Et c’était intéressant non ? Elle revint à ses parents d’écailles et cette fois, elle interrogea le mâle sur la raison de sa présence, venant flanquer Nahui en bourdonnant un son rassurant pour elle. Ce n’était qu’un mâle, et maigrichon, s’il attaquait, elles vaincraient ensemble. Sinon, il pouvait rester. En aparté, elle suggéra que s’il avait quelques prédispositions, elles pourraient sans doute le garder pour elles.

descriptionDragons en goguette [Nahui + Nephi] EmptyRe: Dragons en goguette [Nahui + Nephi]

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Nahui avait laissé tombé toute idée de vigilance pour offrir pleinement son esprit à la Marche-Tempête. Elle était la seule occupante de ses pensées, et l'objet d'intérêt de ses perceptions. Puisque l'insigne privilège de la proximité lui avait été accordé, le bout de sa langue avait également découvert le museau de sa consoeur, avant que son propre bout de nez n'aille tracer les premières lignes qui définissaient celle-qui-avait-vaincu-les-abominations. Elle découvrit sa crête, qui la fascina, avec laquelle elle joua un peu du bout du bec. Mais tandis que toutes deux s'apprêtaient à élaborer un jeu, une façon tout à fait adaptée de profiter de leurs communes présences et faire davantage connaissance, un événement impromptu vint les bousculer, au sens propre du terme.

Et cette pauvre Nahui qui n'avait pu ni voir ni entendre venir la catastrophe, toute vouée à sa congénère qu'elle était, ne connut que le heurt violent contre son épais cuir. Les quelques pas en arrière qui auraient dû lui redonner son équilibre se muèrent en une volte-face preste, liée d'un cri semblable à un feulement, s'écartant du chemin de la chose qui avait eu le malheur de ne pas la considérer. Dès qu'elle perçut la vie qui pulsait de cette chose, elle hérissa les écailles à son tour, repliée sur elle-même comme un ressort prêt à bondir. Quelque chose dans sa bouche, un muscle qu'elle n'avait encore jamais utilisé, avait tenté de faire son office, sans produire de résultat.

À la surprise mêlée de peur suivit un silence confus. La présence en face d'elles avait des attributs particuliers, qui leur ressemblait jusque dans sa magie. Nahui confirma son hypothèse en quelques inspirations. Dragon. Dragon ! Encore un congénère dans ce monde qui lui semblait envahi de bipèdes. Quelqu'un qui allait pouvoir facilement la comprendre, et jouer avec elle ! Non ? L'esprit de Nahui se tourna vers celle qui s'était glissée entre eux, l'interrogeant que leur commune immobilité. Pourquoi ne faisait-on pas connaissance ? Qu'avait-il de si particulier ce copain ? Elle essaya davantage de focaliser ses sens sur lui, d'approcher en douce son esprit.

Ce qu'elle perçut valait plus que mille mots auprès d'une mémoire qui faisait à nouveau surface. C'était un mâle, et un mâle sans-Lié. Ooooh, fort bien, c'était le premier qu'elle rencontrait, dans les deux cas. Les informations apportèrent plus d'interrogations et de curiosité que de réponses à satiété. Elle voulait savoir en quoi il était aussi spécial, combien il pouvait être différent, si lui aussi avait vaincu les Horreurs, et...

Vides, ses yeux ? Elle cilla, pour tester leur présence. Non, ils étaient toujours là. Peut-être ne pouvait-il le percevoir. Elle lui répondit par une négation un peu intriguée et surprise. Un non-Lié qui parlait comme les bipèdes... C'était surprenant. La première fois que Nahui "entendait" ainsi la voix d'un dragon, forgée par les sons. Peut-être était-ce une des spécificités de celui-là. Ou des mâles. Allez savoir.

Puisque c'était un dragon, il ne pouvait être un ennemi. Il était plutôt une heureuse retrouvaille. Rassurée, Nahui prit une allure moins menaçante, se blottissant à moitié contre Crête pour profiter au mieux des vibrations de son doux bourdonnement. Quel moment merveilleux ils vivaient, à ne plus être seuls ! Mais bien vite, Nahui commença à s'ennuyer. Le mâle parlait trop, et ne disait pas tant de choses intéressantes que ça à son sujet, finalement. Ne pouvait-il pas juste arriver à la partie où il dévorait l'esprit d'un bipède pour apprendre son langage ? Ou à celle où ses parents, les Libres, contaient leur voyage depuis ce continent que l'enfant des neiges n'avait jamais vu ? Nan, il n'avait pas l'air de vouloir en venir là, et la dracène se lassait de ne pouvoir connaître davantage. À cette fin, et sans prévenir qui que ce soit, elle se jeta sur le mâle, jouant à lui mordiller tout ce qui passait à la portée de ses quenottes. Oh ! Il avait des cristaux sur lui ! Fabuleux ! À quel point étaient-ils épais ? Et gros, et solides ? Il avait l'air plutôt fin, pour un mâle, c'était bien vrai. Elle devait être plus lourde que lui ! Et, tandis qu'elle le découvrait à grands coups de quenottes, elle justifia son acte d'une pensée à la cantonade où se lisait distinctement le jeu : il était venu sur SON territoire, alors il devait l'affronter, c'était ainsi !

descriptionDragons en goguette [Nahui + Nephi] EmptyRe: Dragons en goguette [Nahui + Nephi]

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Pourquoi s’exprimait-il avec des mots bipèdes ? Nephilith sentit un amusement intrigué et un aiguillon moqueur monter en lui.

"Parce qu’en parlant de taches-sombres-vides-chimères tu n’emploies pas de mots bipèdes dans tes pensées peut-être ?" envoya-t-il avec force.

Certes, il exprimait lui-même ses pensées plus clairement, et savait contenir le flot d’images, de couleur, de sons, de sensations pour ne pas brouiller la pensée qu’il voulait envoyer, contrairement à cette autre d’un bleu sombre nuit qui ne semblait savoir contenir ses émotions et les envoyait pulser sans aucune retenue.

"Mes parents m’ont appris à m’exprimer clairement, à contenir ma pensée brouillonne, qui pourrait, sans cela, devenir incompréhensible pour bien d’autres, notamment les créatures inférieures."

La traitait-il d’inférieure ? Pas forcément. Pas tant qu’elle ne continuait pas sur ce chemin fallacieux. Et se pensant, il envoyant une onde provocatrice féroce.

"Mais si tu veux réellement que mes pensées te parviennent sans filtre alors..."

Et sans crier gare il envoya le maelstrom de voix qui parlaient en lui, sans plus de retenue, sans plus d’égards pour les autres esprits alentour. Et ce fut alors cacophonie tout en symphonie, où se mêlaient tous les sons, toutes les couleurs, toutes les formes, toutes les impressions, toutes les pensées, tout le fleuve torrentiel qui, à chaque instant, en lui voguait.

Les bipèdes Cette dracène Océan majestueux ont l’ingéniosité a une couleur glace grandiose, comparé à de créer des choses, comme je n’en ai encore ce petit espace à l’odeur pour pallier à leur faiblesse jamais vue. Magnifique scintillement. de mort et de décomposition, Les mots et le corps comme la neige au soleil d’eaux qui stagnent pour exprimer Miroitement des sens. Vide des yeux au lieu de frapper férocement ce que leur esprit mais pas des sens. Elle a su contre les rocs de la terre. ne parvient à envoyer. me trouver et sans Eaux qui semblent Ces planches manquer son but. épuisées en un vieux flottantes, Mordillement qui chatouille à peine combat appelées bateaux, mes épaisses écailles, jeu plus que bagarre, et n’avaient plus la force qui leur permettent de voguer du moins pour l’heure, tels les jeux que mon frère de lutter contre sur les flots pour pallier à leur absence de nageoire. Un jour viendra où ils et moi nous accordons entre deux apprentissages vers les cieux de leur conquête. la terre pour construirons de quoi nous Des crocs qui semblent beaucoup voler les cieux aussi, si nous n’y prenons pas garde. aimer mes cristaux. conquérir leur territoire.

Puis, songeant que c’était bien laborieux pour elles de comprendre toutes ces pensées imbriquées, vu que cela l'était tout autant pour lui, il tenta de calmer son flot, et d’apaiser la musique tumultueuse de toutes ces voix, pour n’en laisser s’exprimer qu’une seule. Une seule. Voilà en quoi les mots bipèdes aidaient, malgré tout ce qu’on pourrait leur reprocher : se focaliser sur les mots, se focaliser sur une pensée, sur une voix. Et les mots avaient une belle musique.

Tout à sa petite bagarre, sans forcément chercher à prendre le dessus sur Glace de nuit qui semblait vraiment prendre un malin plaisir avec ses cristaux, il focalisa sa pensée sur les deux dracènes… et ce qu’elles avaient révélées en si peu de temps. Ecailles au ciel limpide ou à la nuit sombre. Toutes deux si différentes et pourtant elles se connaissent bien. Soeurs elles aussi ? C’était rare les dragons jumeaux, tout le monde s’en étonnait, il en aurait entendu parler si des jumelles dracènes avaient vu le jour aussi. Et pourtant elles semblaient avoir le même âge. Pas sœurs donc. Quel lien les unissait ? D’ailleurs il sentait quelque chose autre les unir avec un autre être. Un bipède ? Une serait-elle liée ? Ou les deux ? Si elles avaient été dracènes sauvages, après tout, il y avait de fortes chances qu’il en aurait entendu parler de ses parents… Mieux valait toutefois ne pas le dire à Père de l’Ire ou ce serait tempête orageuse pire encore que le cataclysme des chimères qu’elles semblaient tant redouter. Elles parlaient de tortionnaires…

À cette pensée, une onde de peine vint se mêler au tout pour valser avec le reste des couleurs qu’il laissait, plus discrètement que ses comparses, filtrer dans son imbroglio.

Puis, jugeant que la dracène avait suffisamment mordillé tous les cristaux à sa portée, il décida de tenter de renverser la situation. Tenter était le bon mot, tant la petite lueur pâle avait une force féroce pour sa petite taille. Et elle était plutôt lourde ! Après avoir tenté un roulé-boulé pour inverser leur position, il s’aperçut qu’elle le tenait bien trop fermement contre ce bois flottant pour qu’il puisse y parvenir. Il lui fallait ruser. Son œil achoppa les morceaux de la couleur de ses écailles qu’elle semblait presque couver avant qu’il n’arrive. Il tenta d’en attraper un… Trop loin. Qu’à cela ne tienne. Après tout, il avait de longs appendices, autant qu’ils servent enfin à autre chose qu’à l’entraver dans ses mouvements. Et aussitôt, il envoya sa queue voler sur un morceau-d’or. Il se mit à voler, comme si des ailes lui poussaient soudain, et Nephilith lui redonna une petite frappe pour rediriger sa trajectoire. Et fut content de l’entendre sonner contre la tête de Lueur de neige.

Il profita de ce possible petit moment de diversion et s’aida ensuite d’un autre coup de queue contre une des caisses et d’un coup de pattes arrière pour tourner sur le côté… et les renverser tous deux. Pour se retrouver au-dessus de la petite dracène. Gagné, souffla-t-il en pensée, en approchant son museau pour le frotter contre son épaule en un geste amical pour lui faire comprendre, que malgré le jeu et sa violence, il ne lui voulait pas de mal.

Et non les taches-sombres-vides-chimères ne m’ont pas attrapé et ne m’ont rien infligé. Mais j’espère qu’un jour nous pourrons leur rendre ce qu’elles vous ont fait, si vous avez eu à les subir. Que tous les dragons s’allient pour que plus aucun ne souffre entre leurs griffes ou entre les griffes de quelconque être.

Puis d’une griffe, il détacha un de ses cristaux et le déposa à côté de Lueur Neige. Enfin, ne souhaitant pas faire de jaloux et trouvant que Nuit sombre avait quelques traits similaires à son Frère-Coquille, il fit de même pour elle, le lui approchant du bout de la queue.

descriptionDragons en goguette [Nahui + Nephi] EmptyRe: Dragons en goguette [Nahui + Nephi]

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Comment cela elle parlait bipède ? Mais pas du tout ! Avec sincérité, elle convoya son incompréhension face à cette réplique et ce que le doré pensait, ne voyant pas vraiment ce dont il était question, puisque tout son discours n’était que pensées pures, et ensemble de sons et couleurs. Une nouvelle vague d’incompréhension vint rapidement : parents ? Qu’est-ce que c’était, ce concept bizarre dans l’esprit du mâle ? Est-ce qu’il invoquait-là ses géniteurs ? Et ses géniteurs, apparemment, voulait qu’il parle bipède ? Elle sentait bien, là dans son esprit, que cela l’aiguillait qu’elle pensa ainsi mais elle ne mentait pas pour autant et essaya de lui transmettre, non pas une réponse, mais sa propre vision et sensation de ce qu’il lui communiquait, pour qu’il comprenne ce qui clochait. Et quand il essaya de lui transmettre ses pensées ‘naturelles’ il semblait que le même problème se posa alors : elle entendait des paroles. Quoi qu’il soit à l’origine de cet étrange embrouillamini, elle ne trouvait pas cela très drôle et imaginait sans mal que le doré ne trouva pas cela drôle non plus. Il y avait cependant autre chose en dessous de ce hourvari que ni elle ni lui ne semblait comprendre et elle essaya de lui transmettre de nouveau ce qu’elle pensée, devant sa mise à ‘nu’ : il était bien plus ‘beau’ comme ça. Et c’était avec taquinerie qu’elle empruntait la voix de son lié et le mot bipède pour le dire, pour dédramatiser ce qui semblait tant hérisser le mâle.

Oui. Contrairement à ce qu’il pensait, cette richesse en lui n’était pas quelque chose qu’il fallait museler ou penser négativement, du moins avait-elle l’impression, par ses pensées, qu’il y pensait négativement. C’était l’équivalent des voix de la grande nuée, qu’elle entendait en permanence. Cela ne la déconcertait pas autant en tout cas que cet étrange accroc qui semblait les faire parler autrement qu’ils le faisaient vraiment. Si elle ne comprenait pas tout, elle était persuadé qu’en s’y unissant comme on s’unissait à la grande nuée, on pouvait parvenir à passer la première vague. Et cela le rendait intéressant. En vérité, elle n’avait même pas besoin de tout comprendre en un coup. Elle porta son esprit contre le sien et laissa l’eau de ses pensées tomber sur ses écailles mentales. Quand on restait dans l’eau assez longtemps, on finissait par en sentir le courant et quand on était dans un orage, on apprenait à sentir le vent pour s’élever ou s’abaisser plutôt que de lutter inutilement. C’était des instincts qui venaient avec le temps. Et c’était dommage de perdre cette musique, non ? Sa soudaine peine, au doré, venait pourtant plus de leur histoire à elle et elle essaya de le réconforter : elles étaient là toutes deux non ? En bonne santé et prêtes à chasser. Nahui lui montrait d’ailleurs ouvertement combien elle allait bien. Oui, un jour, ils rendraient ce qu’ils avaient infligés. Surtout maintenant qu’elles étaient libres de leurs coquilles.

Au devant du don et de ses pensées, l’esprit de la marche-tempête pétilla ! Hey ! Elle avait d’autres qualités que de ressembler à… L’image était assez dissemblable, en réalité. Le frère du doré était tout noir. Et où était-il d’ailleurs ? Ici également ? Elle lança la sensation d’interrogation. Puis une seconde auprès de Nahui. Avait-elle sentit un autre dragon sur ce nid flottant qui sentait fort ? Mais non, elle ne l’aurait pas laissé autrement. De sa queue barbelée, elle récupéra le morceau de doré et le renifla avec cette même curiosité. S’ils avaient une odeur similaire, peut-être pouvaient-ils le retrouver ? Se tournant vers sa soeur-espoir, elle s’en remit à elle en espérant qu’elle connaisse bien ce bout de nid flottant et puisse les guider. Sinon, il y avait aussi l’extérieur et le nid humain qui vacillait. Avec trois dragons, il n’y avait aucune chance qu’ils manquent leur proie ! Et puis dans le pire cas elle prendrait les bipèdes de son bipède pour aider. Et qu’en disaient les deux autres ?

descriptionDragons en goguette [Nahui + Nephi] EmptyRe: Dragons en goguette [Nahui + Nephi]

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Ç'avait été une expérience bien étrange pour Nahui que de recevoir ainsi toutes les pensées du dragon-aux-cristaux. À recevoir sans ambages ses multiples pensées, la fille des neiges découvrait une nouvelle sensation, étrange. Son corps contre celui du mâle ne l'aidait guère. Elle peinait désormais à retrouver ses propres limites. Où s'arrêtait son esprit, où commençait l'altérité ? Son propre esprit lui parut imploser d'excitation et d'émerveillement, et projeter en tout sens ses émotions désormais incontrôlées. Elle adorait cette expérience ! C'était comme si, avec cet inconnu, ils se mêlaient en une seule entité. Si elle l'avait imité, peut-être auraient-ils été proches comme jamais, dans un esprit de groupe prompt à l'unité. Aurait-ce été envisageable sur un plus grand nombre de dragons ? Auraient-ils pu continuer à vivre et agir sans être perturbés par l'ensemble de ce qu'ils recevaient ?

Le flot cessa, laissant la petite désorientée. Son glorieux combat pour son territoire s'en trouvât affecté. Ses pattes frappèrent les airs, et ses crocs se cramponnèrent à un cristal comme s'il avait s'agit là de son unique support au-dessus du vide. Elle se remettait encore, redécouvrait ses limites, lorsque la peine du jeune mâle lui parvint. Cela ne l'aida guère, elle en fut plus perdue encore, ajoutant à ses multiples questionnements celui de l'origine de cette peine soudaine.
Il n'était pas impossible que son esprit ait fait l'impasse sur quelque chose. Ce quelque chose ne valait sans doute pas la peine ; quand elle effleura la réponse, elle s'en détourna aussitôt.

De toute façon, elle avait bien plus intéressant à faire ! Les frétillements faiblards du mâle-aux-cristaux se faisaient plus vindicatifs. Il n'allait pas l'avoir ainsi ! Heureuse de pouvoir enfin jouer, Nahui appuya de tout son poids sur lui, et le mordilla de plus belle. Ses crocs cherchaient des parties plus tendres pincer, elle chercha jusqu'à la gorge de son compagnon de jeu. Oh, elle ne le mordit pas bien fort, juste assez pour qu'il le sentisse, et qu'il veuille plus encore se défaire de sa terrible prédatrice. Alors, comment allait-il s'y prendre ? Allait-il la supplier ? Oh elle adorait qu'on la supplie !

Un soudain petit coup vint contre sa tête, et Nahui paniqua. Elle n'avait pas senti d'autre être vivant, le bruit avait été métallique. Un instinct venu de sombres souvenirs la poussa à vouloir se rouler en boule, et renforcer ses défenses. Tenir bon, jusqu'à ce que Lié arrive. Elle était forte, elle pouvait l'endurer, encore. Cela ne durerait pas une éternité, comme la dernière fois... N'est-ce pas ?
Le jeune mâle profita de cet instant pour prendre le dessus. La pâle dracène lui en fut reconnaissante. Cela voulait dire qu'elle n'avait pas à avoir peur, que tout allait bien, ils pouvaient jouer. Son museau vint donner un petit coup contre l'épaule de son adversaire. Elle lui transmit sa reconnaissance, ainsi que la promesse que sa victoire était à charge de revanche. Elle avait retenu la leçon.

Nahui se remettait debout sur ses pattes quant le jeune mâle fit part de son désir de les venger. Une idée aussi effrayante que nécessaire. À ses congénères, l'immaculée dracène fit alors part de sa hâte d'être assez grande et forte pour que tous la craignissent. Leur loi régnerait alors, et nul œuf n'aurait plus à craindre de ne jamais sentir le soleil sur ses écailles.

Elle sentit alors l'étrange geste de leur nouvel ami, et fut surprise que cela ne le blessât pas outre mesure. Elle s'enroula autour du cristal ainsi offert, le mordit sous toutes ses coutures, le manipula, jusqu'à se faire une idée précise de sa forme. Inquiète, elle vérifia auprès de son généreux donateur : était-il sûr ? N'allait-il pas regretter ? Repoussaient-ils vraiment ?
Puisqu'il était si sûr de lui, Nahui se tourna vers sa consœur, avec une question d'une toute autre importance : à son avis, où valait-il mieux qu'elle incruste ce cristal ? Sur son crâne ? Entre ses ailes ? Sur son poitrail, peut-être, cela aurait du charme...

Retrouver son Frère-Coquille ? L'esprit de Nahui se mit en branle, sentant qu'il y avait là quelque élément qu'elle pouvait apporter. Ce Frère-Coquille était un dragon, donc un camarade de jeu. Elle voulait le trouver, et se mesurer à lui, et jouer avec lui, et narguer ceux qui l'avaient malmenée jadis : elle était vivante, les dragons étaient vivants, et ils profitaient du monde ! Oui, il fallait le retrouver. C'était une excellente raison pour garder des congénères à ses côtés, et avoir une vague impression de ce qu'elle aurait dû ressentir si les Siens avaient été en un nombre suffisant.

Fière, elle présenta à ses camarades son plan : Lié et son Bois-Flottant voyageaient beaucoup. À vagabonder à travers tout l'archipel, ils finiraient fatalement par retrouver le Frère-Coquille ! Si dragon-aux-cristaux avait quelques indices à donner, Nahui pourrait mettre son Lié dans la confidence. Il aimait les dragons, elle était certaine qu'il les aiderait sans hésiter! Tous deux pourraient les accompagner dans leur périple, et ainsi ils pourraient jouer pendant tout le trajet, et découvrir ce que chacun avait vécu !
Ses pensées pétillaient d'enthousiasme. Elle avait redressé la tête, et son attention se portait tour à tour sur les deux heureuses présences qui l'accompagnaient. Ces perspectives étaient belles, elle espérait de tout cœur les voir converger vers cet avenir qu'elle imaginait.

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