Août 1763 - Chaîne des Nin-Daaruth
Des spectres rognaient les coins de sa conscience comme autant d’ombres difformes, scions d’une mise bas percluse de frustrations et de déceptions, de méfiance et de calcules. Son ascension vers la neigeuse empyrée n’avait porté aucun fruit, ne lui avait valu nulle réponse ou satisfaction. Songeur d’apparence, il se drapait de méticulosité afin de dissimuler l’ire qui grondait comme une bête hideuse, dans les sombres replis de son esprit agité. Une part de son être doutait de sa propre décision, du refus apporté à la créature rouge, questionnant encore ses implications et son potentiel. Une autre part de son être, plus impériale, balayait toute remise en cause. Le manque d’égards et de compréhension de cette abomination en écailles ne lui donnait aucune confiance en un tel pari. Mais s’il était certain de ne vouloir rien avoir à faire avec la créature, il y avait un autre représentant de la race draconique qui lui avait reçu sa confiance, et mérité son respect, non point qu’il l’ait exigé en dominateur méprisant, mais bien par son intelligence et son approche du monde. Un dragon auquel demander de l’aide était plus sûr autant que plus agréable. Et après tout, pourquoi Kaalys ne pourrait-il pas l’aider au même titre que Verith ? Aucune raison ne lui venait à l’esprit, ou bien son ire tentait-elle de dissimuler l’existence de ces raisons. Peu importait en fin de compte, il était déterminé à ne pas rentrer auprès de son clan avant de d’avoir pu lever le voile sur ce qui le troublait.
Fort de sa détermination, le haut mage avait décidé d’user du moyen le plus simple à sa disposition afin d’entrer en contact avec le dragon d’ébène. Il usa donc du réseau de boyaux au coeur des monts que Purnendu lui avait décrit afin de monter jusqu’au nid de Kaalys. Cependant, ne désirant nullement le surprendre ou jouer de malchance, Achroma se servit des échos voyageurs, une curiosité naturelle des montagnes, afin de transmettre un message auprès de son allié. Par un effet de renvoi de son le long des murs de pierre, sa voix pu monter jusqu’aux hauteurs habitées par le dragon de jais. Une salutation et une demande, uniquement. L’être était peut-être occupé, élever un jeune dragon n’était pas de tout repos, il en était certain, sans compter d’autres affaires possibles. Il fit savoir sa présence, sur le plateau en contrebas, et lui demanda s’il désirait le rencontrer. Puis il se retira des galeries afin de gagner la surface battue par les vents du grand plateau de la Promesse des mémoires. Là, il usa d’une grande roche nue afin de se protéger d’une part des bourrasques hurlantes qui fouettaient sans merci le lieu, plissant les yeux pour espérer apercevoir dans la tourmente une silhouette sombre et puissante. La frappe glaciale de la bise lui fut alors salutaire pour tiédir la force de son courroux. Il ne désirait pas qu’il fut porté au grand jour, non qu’il en ait honte, mais bien par pudeur dans ses ressentis.
Trop souvent, ces derniers temps, il semblait que ses interlocuteurs se méprennent sur l’exemple de son affect. Il attendit, en tâchant de se montrer aussi patient qu’il était nécessaire, et ne pu alors que se fendre d’un triste sourire lorsqu’enfin, le dragon parut au milieu de la tourmente. Avec prudence, le vampire se détacha de la roche protectrice afin d’accueillir la créature ailée, la saluant avec un plaisir retenu mais non moins sincère.
“Je te salue Eclat de Nacre”
Bien que l'appellation ne fut plus réellement de mise au vu de la teinte nocturne des écailles brillantes le haut mage répugnait à le nommer ‘terni’ tant il trouvait un tel sobriquet ingrat et méprisant. Il avait l’impression, certes subjective, que l’on ne faisait que regretter ainsi ce qu’il avait perdu, sans louer ce qu’il était ou ce qu’il avait gagné. Un travers fort commun chez les bipèdes, certes, mais dans lequel il ne désirait pas tomber.
“Et je te remercie d’accepter de me revoir”
Caressant la haute silhouette, il nota l’absence du petit être rose que ses éclaireurs avaient repéré auprès du grand dragon à plusieurs reprises. Guère étonnant cependant, il n’aurait pas voulu voir un nouveau-né dans cette tempête. Lui-même peinait à rester sur ses deux jambes maintenant qu’il n’avait plus aucune accroche. Il eut un silence, alors qu’il s’imprégnait de cette silhouette élégante de la plus sauvage des façons.
“Peut-on se mettre à l’abri ? Si cela ne te dérange pas trop, car je pense que je vais finir par être arraché au sol et précipité depuis les hauteurs en tournoyant. Ce vent est vraiment trop fort pour moi”
Alors qu’une bourrasque plus ombrageuse encore venait le faire vaciller, comme pour corroborer ses dires, Achroma se réfugia contre le corps écailleux, prenant accroche à l’une de ses pattes pour s’éviter la mort. Il avait abandonné toute idée de conserver sa capuche relevée sur son visage, c’était peine perdue. Dans cette course folle et virulente, il n’était guère qu’un encombrement passager mais il n’avait pas l’intention de mourir en ce jour.
“Félicitation, pour ton enfant”
Devoir élever la voix à ce point, pour être entendu de Kaalys, lui déplaisait, mais il n’avait guère le choix alors qu’il combattait le vent pour qu’ils puissent tous deux trouver un coin protégé et calme pour échanger sans tout cet encombrement. Sa chevelure ne devait être guère plus qu’un amas ressemblant à un nid d’oiseau, après tout cela, et il était certain d’être déjà alourdi d’une bonne dizaine de kilo de neige avec ce qui s’infiltrait sous ses vêtements.
Fort de sa détermination, le haut mage avait décidé d’user du moyen le plus simple à sa disposition afin d’entrer en contact avec le dragon d’ébène. Il usa donc du réseau de boyaux au coeur des monts que Purnendu lui avait décrit afin de monter jusqu’au nid de Kaalys. Cependant, ne désirant nullement le surprendre ou jouer de malchance, Achroma se servit des échos voyageurs, une curiosité naturelle des montagnes, afin de transmettre un message auprès de son allié. Par un effet de renvoi de son le long des murs de pierre, sa voix pu monter jusqu’aux hauteurs habitées par le dragon de jais. Une salutation et une demande, uniquement. L’être était peut-être occupé, élever un jeune dragon n’était pas de tout repos, il en était certain, sans compter d’autres affaires possibles. Il fit savoir sa présence, sur le plateau en contrebas, et lui demanda s’il désirait le rencontrer. Puis il se retira des galeries afin de gagner la surface battue par les vents du grand plateau de la Promesse des mémoires. Là, il usa d’une grande roche nue afin de se protéger d’une part des bourrasques hurlantes qui fouettaient sans merci le lieu, plissant les yeux pour espérer apercevoir dans la tourmente une silhouette sombre et puissante. La frappe glaciale de la bise lui fut alors salutaire pour tiédir la force de son courroux. Il ne désirait pas qu’il fut porté au grand jour, non qu’il en ait honte, mais bien par pudeur dans ses ressentis.
Trop souvent, ces derniers temps, il semblait que ses interlocuteurs se méprennent sur l’exemple de son affect. Il attendit, en tâchant de se montrer aussi patient qu’il était nécessaire, et ne pu alors que se fendre d’un triste sourire lorsqu’enfin, le dragon parut au milieu de la tourmente. Avec prudence, le vampire se détacha de la roche protectrice afin d’accueillir la créature ailée, la saluant avec un plaisir retenu mais non moins sincère.
“Je te salue Eclat de Nacre”
Bien que l'appellation ne fut plus réellement de mise au vu de la teinte nocturne des écailles brillantes le haut mage répugnait à le nommer ‘terni’ tant il trouvait un tel sobriquet ingrat et méprisant. Il avait l’impression, certes subjective, que l’on ne faisait que regretter ainsi ce qu’il avait perdu, sans louer ce qu’il était ou ce qu’il avait gagné. Un travers fort commun chez les bipèdes, certes, mais dans lequel il ne désirait pas tomber.
“Et je te remercie d’accepter de me revoir”
Caressant la haute silhouette, il nota l’absence du petit être rose que ses éclaireurs avaient repéré auprès du grand dragon à plusieurs reprises. Guère étonnant cependant, il n’aurait pas voulu voir un nouveau-né dans cette tempête. Lui-même peinait à rester sur ses deux jambes maintenant qu’il n’avait plus aucune accroche. Il eut un silence, alors qu’il s’imprégnait de cette silhouette élégante de la plus sauvage des façons.
“Peut-on se mettre à l’abri ? Si cela ne te dérange pas trop, car je pense que je vais finir par être arraché au sol et précipité depuis les hauteurs en tournoyant. Ce vent est vraiment trop fort pour moi”
Alors qu’une bourrasque plus ombrageuse encore venait le faire vaciller, comme pour corroborer ses dires, Achroma se réfugia contre le corps écailleux, prenant accroche à l’une de ses pattes pour s’éviter la mort. Il avait abandonné toute idée de conserver sa capuche relevée sur son visage, c’était peine perdue. Dans cette course folle et virulente, il n’était guère qu’un encombrement passager mais il n’avait pas l’intention de mourir en ce jour.
“Félicitation, pour ton enfant”
Devoir élever la voix à ce point, pour être entendu de Kaalys, lui déplaisait, mais il n’avait guère le choix alors qu’il combattait le vent pour qu’ils puissent tous deux trouver un coin protégé et calme pour échanger sans tout cet encombrement. Sa chevelure ne devait être guère plus qu’un amas ressemblant à un nid d’oiseau, après tout cela, et il était certain d’être déjà alourdi d’une bonne dizaine de kilo de neige avec ce qui s’infiltrait sous ses vêtements.