Connexion
Le deal à ne pas rater :
Boutique Nike : -25% dès 50€ sur TOUT le site Nike avec le code ...
Voir le deal

descriptionNe faites pas confiance au graärh quand il y a du poisson au menu [Béléthar x Jangali] EmptyNe faites pas confiance au graärh quand il y a du poisson au menu [Béléthar x Jangali]

more_horiz
6 Juillet 1763
Milieu du Lac d'émeraude

La Grenouille semblait avoir béni cette journée. Le ciel était au beau fixe, le ciel azuré  parsemé de nuages cotonneux se reflétait sur la surface calme du lac d’Emeraude. Un léger vent venait à peine troubler la surface aqueuse. Au milieu de ce qu’il semblait être un immense miroir liquide, une ombre insolite se détachait. Ses contours flous semblait s’agiter dans la brise, comme une chape de noirceur. La silhouette d’une paire d’oreilles pointées vers le haut et une queue permettaient cependant de ne pas se tromper sur la nature de l’individu. Ce graärh au milieu des flots n’était ni plus ni moins que le Gourmet. Presque trois mois s’étaient écoulés depuis la légendaire bataille contre les Chimère et la réputation du chasseur s’était répandue comme une traînée de poudre, presque aussi rapidement que le doux fumet d’un capiteux repas. Jangali avait été étonné de constater qu’on le reconnaissait dès lors qu’il se présentait. En toute humilité, il ne s’accordait pas autant de crédit qu’on lui accordait cependant, ayant toujours le regret de ne pas avoir vraiment vaincu le roi Chimère. Mais si l’autochtone clamait toujours qu’il avait surtout agit de concert avec les autres races, la hantise des sans-poils vis-à-vis des Chimères était telle que ce genre de détails importaient peu. Il était à présent un héros de guerre et finalement, ce n’était peut-être pas plus mal.
Depuis l’éveil de Rog, Jangali s’était mis en tête que son rôle, sa mission que les Esprit attendaient de lui, était d’être un “ambassadeur” des graärh, redorer l’image de son peuple et d’être le fer de lance contre les menaces qui pesaient contre lui. Chacunes de ses décisions, des plus insensées aux plus plus folles, avaient été prises en adéquation de son esprit altruiste. Si pendant longtemps, le graärh avait mené une vie tranquille dans sa savane, la peur de voir son peuple et son île annihilés, avait éveillé une conscience guerrière insoupçonnée chez lui. Ô bien sûr il demeurait quand même un esprit très libre, vivant selon les préceptes de la Vache comme nul autre pareil, mais à présent, il agissait  moins… sur un coup de tête. Les enjeux étaient bien trop grands, bien plus grand que lui et même s’il peinait à faire pencher la balance, il ne baissait pas les bras pour autant. La Promesse à son poignet lui servait non seulement à lui rappeler sa volonté, mais aussi ce pour quoi il se battait.
Conscient de ses propres faiblesses, il avait continué à essayer de s’améliorer. Bien sûr, il n’avait jamais vraiment arrêté. Tout sa vie il avait continué à faire de l’exercice quotidien pour travailler sa respiration, pousser ses limites, que ce soit au combat (bien que trouver des compagnons d’armes s’était avéré assez peu fructueux ces derniers temps) ou bien à la chasse. Il se souvenait encore des heures à pourchasser ce que les sans-poils de Khokattaan appellaient des cerfs-dragon. Le chasseur avait trouvé cette proie digne du prédateur qu’il était. Bien que souvent, le maudit animal lui avait bien souvent échappé, il était parvenu petit à petit à dominer même les plus habiles et évasifs des cervidés. Il fallait dire que le Jangali avait beaucoups de ressources insoupçonnées, dont une qu’il avait longtemps délaissée : la magie graärh. Inspiré par ses Esprits, il avait récemment porté de nouveau le regard vers son héritage magique, et même s’il n’était pas un grand chaman, il avait décidé d’accorder plus d’attention à cet art. L’ouverture du Baôli ayant permis un renouveau des capacités graärh, il avait assimilé relativement bien les nouveaux rituels et avait même développé ses propres compétences, tant pour la chasse que pour les combats à venir.

Et parce que les épreuves qui l’attendaient demandait un esprit fort, il avait entreprit un entraînement drastique : combattre sa peur irraisonnée de l’eau. Si la Gerridae avait été une alliée sûre pendant tout ce temps, il lui fallait renforcer aussi son mental. C’était un proverbe bien connu chez le peuple félin : un esprit fort dans un corps fort. Et pour lui, se laisser dominer par cette peur était ridicule, surtout s’il était amené à voyager… Le Sslengar pouvait bien le transporter à peu près n’importe où, mais s’il perdait des poils de trouille à chaque trajet, il se retrouverait bientôt aussi nu qu’un sphinx…
Voilà donc pourquoi en ce jour, Jangali était au milieu de ce qui ressemblait pour lui, une mer intérieure, plus qu’un lac. S’il était assis tranquillement sur la surface de l’eau, à tenir sa canne à pêche improvisée, tout son être était en réalité tendu. Sa queue, plongée comme un gouvernail ramolli, se laissait porter par le léger courant, à la recherche de la moindre vibrations, synonyme de danger. Fidèle à lui-même, il alliait entraînement et chasse, pêche dans ce cas précis. Bien souvent, ses pairs se moquaient de lui en argumentant que la Vache n’était pas un Esprits guerrier, et pourtant, il leur montrait toujours qu’ils ne voyaient pas assez loin et qu’au contraire, l’esprit bovin était le meilleur ami du guerrier en poussant à chasser soi-même sa pitance. La nourriture était l’élément primordiale de tout être vivant et poussait même certains à soulever des montagnes pour un morceau de viande juteuse !

Une légère pression sur sa ligne fit frémir ses vibrisses. Puis une seconde. Bondissant sur ses pattes, il demeurait à l’affût. Il avait choisi de vaincre sa peur sur un lac, arguant qu’il n’y avait pas de monstres marins capable de l’engloutir en une bouchée, mais il ne restait jamais trop prudent. Guettant les moindres remous, il s’efforçait de remonter sa prise, tout en se tenant prêt à détaler au moindre signe de bestioles bien trop grosse que lui, avec des mâchoires pour le déchiqueter, des branchies pour respirer et le guetter depuis les profondeurs…

-Mais qu’est-ce que … ?

Étrangement, la créature qui se tenait à l’autre bout du fil ne semblait pas si affolée et ne luttait pas vraiment pour se dépêtrer de son emprise. C’était comme si… comme si elle s’amusait ?

-Mais tu vas te laisser te faire manger oui ?!

Tirant encore une fois de toute ses forces, il finit par remonter sa prise, dans une gerbe éclaboussante d’eau. Surpris de ce soudain relâchement de la corde, il s'étala de tout son long, tandis qu’une forme humanoïde retombait dans l’eau dans un “splash” retentissant. Les oreilles droites comme deux tournesols, les pupilles dilatés comme deux perles noires, le Gourmet regardait avec incrédulité l’être qui lui rendait son regard. Par les pattes de la Gerridae, venait-il vraiment de pêcher … un humain ?!

descriptionNe faites pas confiance au graärh quand il y a du poisson au menu [Béléthar x Jangali] EmptyRe: Ne faites pas confiance au graärh quand il y a du poisson au menu [Béléthar x Jangali]

more_horiz
Être un esprit-lié du Pingouin signifiait que parfois on aimait partir à l’aventure, migrer vers des horizons variés pour découvrir des choses, pour mieux revenir chez soi se reposer par la suite.

C’est exactement cette envie de partir à l’aventure qui avait prise Belethar ce matin. Il ne l’expliquait pas : parfois, il se réveillait, partait toute la journée et revenait le soir chez soi. Il avait besoin de ces sorties de temps en temps, cela l’aidait à garder la tête froide entre la pression familiale, son activité au domaine et tout le reste.

Souvent, il profitait de ces sorties pour faire le point avec soi-même sur de nombreuses choses, regarder la nature et potentiellement apprendre des choses.

Car il était bien beau de vouloir rédiger des essais sur la paix et un ordre mondial plus sain, mais encore fallait-il comprendre comment marchait ce monde, et a fortiori, apprendre à vivre avec lui et le connaître un peu plus chaque jour. L’arrivée sur Tiamaranta avait été soudaine, si bien que les hommes ne connaissaient pas encore bien ces terres, et particulièrement à Calastin, on avait trouvé de nombreuses choses indiquant que cette terre renfermait de nombreux secrets …

Alors qu’espérait Belethar en se rendant au lac d’émeraude ce jour-ci ? Peut être en apprendre plus sur cette terre de Tiamaranta, simplement se détendre, rencontrer de nouvelles personnes, voir la nature de ses propres yeux ? Probablement un peu de tout cela à la fois.

Il avait fait vite pour se préparer : il avait sauté dans ses habits, laisser une missive écrite à l’intention de ses deux cousins Tomhar et Alexandhar qui codirigeaient la famille avec lui « En balade, de retour ce soir. ». Il ne se souciait pas de leurs réactions, il les connaissait depuis très longtemps, il leur avait fait le coup plusieurs fois, et le Pater Familias savait que ne pas avoir sa présence sur leurs dos tout le temps était aussi bénéfique pour les deux Inséparables, qui pouvaient mieux gérer leurs affaires comme ils le sentaient.

Puis ni une, ni deux, il avait sauté dans l’eau et n’avait fait qu’un avec l’esprit du Pingouin pour se mouvoir à toute vitesse.

Nul doute qu’il adorait nager ainsi : glisser dans l’eau à toute vitesse lui donnait une sensation de plaisir et de liberté qu’il ne retrouvait presque nulle part ailleurs. Mais hélas, la vitesse était telle que souvent, ça ne durait jamais bien longtemps …

Belethar n’avait jamais vraiment une conscience parfaite du temps quand il se déplaçait ainsi, néanmoins il estima après coup qu’il devait y avoir passer une ou deux heures, le temps de rejoindre sa destination.

Contrairement à ce que nombre de ses pairs pensaient, les élus du Pingouin étaient véloces, et surtout dans l’eau. Les courants n’avaient aucuns secrets pour eux, si bien qu’ils pouvaient s’y faufiler sans mal, ce qui créait un hydrodynamisme défiant toutes concurrences.

Cependant, cet hydrodynamisme là fut gâché sur la fin de son voyage. Sans qu’il n’explique pourquoi, un morceau de chemise fut pris dans une espèce de bout métallique qui pendait via un fil. Après tout, c’était de petites erreurs d’inattention, surtout quand il apprenait à maitriser ce pouvoir, cela arrivait souvent à Belethar d’avoir assommé un ou deux poissons en se déplaçant.

Ce qu’il regrettait, évidemment, mais le pauvre être n’y pouvait rien.

Toujours est-il que le bout métallique se faisait ici coriace, et semblait déterminé à vouloir ralentir sa progression. Belethar essaya de l’enlever, mais, pas de chance : le fil et de plus près, ce qui ressemblait à un hameçon, était fermement ancré à sa chemise …

Attendez, l’Enwr venait-il de se faire pêcher comme un vulgaire poisson ? Il eut un petit air blasé, avant de tirer sur l’hameçon. Mais qui diantre aurait pu être assez vif pour attraper un Pingouin se déplaçant dans l’eau ?

Sûrement l’affaire de la chance. Il tira ferment le fil, néanmoins le répondant se fit plus fort encore. En vérité c’était une bataille peine perdue. Depuis sa maladie, même si cela s’était heureusement arrangé avec le temps, Belethar était toujours un peu faible physiquement, et de ce fait ne pouvait pas donner du répondant à quelqu’un qui usait sur ses capacités physiques pendant longtemps.

L’élève baptistrel prit un autre air blasé, avant de renoncer … Puisque c’était peine perdue, autant se faire porter par les eaux (et le pêcheur) qui le ramenaient à la surface.

Il sortit de l’eau avec ce même air dépité, dans un grand bruit qui aspergea proprement les alentours du Lac. Le Pater Familias se frotta les yeux un instant, et regarda autour de lui : il était au centre du lac, en effet. Au moins, il était arrivé à bon port, c’était déjà cela …

Il tourna sa tête dans un sens, puis dans l’autre, avant de finalement trouver celui qui l’avait remonté à la surface : une grande bête noire poilue. Vraisemblablement un graärh donc, qui, à en juger par sa dégaine, devait simplement se présenter ici pour pêcher de quoi s’alimenter pour la journée.

Belethar eut un petit soupir : il devait l’avoir rendu triste, non seulement il pêchait quelque chose de non comestible, mais en plus il avait probablement fait fuir ses poissons …

Mais bon, puisqu’ils y étaient, et que le destin avait voulu qu’ils se rencontrent, le Pater Familias le salua de la tête brièvement, avant de lui dire :

« Salutations, ami poilu ! Est-ce que vous me comprenez … ? »

Manifestement, le graärh semblait attentif à ce que l’Enwr lui disait. Belethar ne parlant pas un traitre mot de la langue de ces autochtones de Tiamaranta, voilà quelque chose qui l’arrangeait que celui qu’il avait rencontré le comprenait.

« La pêche est bonne ? Navré de vous avoir interrompu dans votre activité … Il semble que le Pingouin ait décidé que nous nous rencontrions ! Je suis Belethar Espérancieux, élu du Pingouin, donc, et apprenti baptistrel, entre autres. Et vous, comment vous vous appelez ? qu’est-ce qu’y vous amène au Lac d’Emeraude ? »

Belethar barbota dans l’eau un peu de temps, attendant une réponse de sa nouvelle rencontre. Il était inutile de la bombarder d’informations trop rapidement, et puis ses diverses places importantes dans la noblesse humain ne devait pas vraiment intéresser ce poilu.

Il eut un petit soupir avant de lever ses yeux au ciel. Elle était bien bonne celle-là tout de même, si on lui avait dit un jour qu’il se serait fait pêcher comme un vulgaire poisson, il ne l’aurait pas cru …

descriptionNe faites pas confiance au graärh quand il y a du poisson au menu [Béléthar x Jangali] EmptyRe: Ne faites pas confiance au graärh quand il y a du poisson au menu [Béléthar x Jangali]

more_horiz
Jangali éclata de rire. S'il s'était attendu à tomber sur un Baptistrel ! Il fallait dire qu'il avait tendance à penser à tort que les bardes préféraient rester au Domaine. Pourtant, au cours de son bref séjour, il avait appris qu'au contraire, ils étaient plutôt ammené à voyager à travers l'Archipel. Il pensa d'ailleurs à Valmys en par exemple. Le jeune immaculé avait la bougeotte, tout comme lui, en plus de son goût prononcé pour les champignons. Le dénommé Bélethar semblait tout aussi intéressant que son ami. Les Esprits avaient parfois de drôle de façon de favoriser les rencontres !

-Et bien pour tout avouer, Béléthar, je pense que ma pêche aurait été meilleure avec un autre type de pingouin au bout de ma ligne. Un sourire très amusé découvrait ses crocs affutés. Mais c'est pas très grave, c'est toujours un plaisir de rencontrer quelqu'un de ton ordre. Je suis Jangali Pakaana, mais tu dois plus me connaître sous le nom du Gourmet ou du Porteur de la Lame Régicide.

Il lui laissa le temps d'assimiler l'information. Il ne cherchait pas vraiment à l'impressionner mais plutôt à s'épargner de longues explications. S'il avait longtemps cherché à entrer dans les légendes, ils s'était vite rendu compte que toujours raconter ses exploits avait comme un côté… redondant ? Quel était leur expression déjà ? Ah oui, "la rançon de la gloire"...

-Je suppose que comme toi, je profite simplement du moment présent avant la prochaine étape. Entre deux menaces, il est important de faire des pauses et de se laisser porter par la vie qu'on cherche à défendre, tu ne crois pas ?

Oh bien sûr, c'était purement rhétorique, il savait très bien que les Baptistrels ne devaient pas faire acte de violence. Il parlait plus généralement, englobant tous les êtres intelligents.

-Et puis, les poissons aussi, même si visiblement je suis beaucoup moins doué pour la pêche que la chasse haha. Je pensais ajouter de nouvelles recettes marines pour mon livre et … -il se retint de dire "en profiter pour combattre ma phobie". Ça ne faisait pas très héroïque comme peur…- … pour… pour me reconnecter avec la Gerridae.

Bon, ce n'était pas forcément un mensonge. Depuis l'ouverture du Baôli, il avait l'impression que certains pouvoirs de son Esprit s'étaient altéré, notamment ceux renforcés par son tatouage. Il ne savait pas trop quoi exactement mais il ressentait une certaine gêne, insidieuse et constante.
Il s'arrêta un instant, toisant l'humain depuis la surface aqueuse.

-Tu as faim ? Nager demande beaucoup d'énergie non ?

Comme toujours, parler nourriture le faisait irradier de bonheur. Lentement, il commença à glisser vers la rive. Si Béléthar voulait parler, il préférait le faire sur le plancher de Vache.

-Mais dis-moi au fait, tu aurais des nouvelles de Valmys ou d'Ilyanth ? Je n'ai pas eu l'occasion de les revoir depuis… houlà longtemps ! Je sais qu'ils ont participé à l'ouverture du Baôli mais… rien de plus…

descriptionNe faites pas confiance au graärh quand il y a du poisson au menu [Béléthar x Jangali] EmptyRe: Ne faites pas confiance au graärh quand il y a du poisson au menu [Béléthar x Jangali]

more_horiz
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
<<