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“Une offre que vous ne pourrez refuser”

Voilà un certain temps que Belethar relisait l’échange de missives qu’il avait eu avec la nouvelle bourgmestre de Caladon.

Eleonnora Ostiz. Evidemment, son nom ne lui disait rien qui allait dans le sens d’une personnalité qui devait être tout à fait magnanime et juste avec sa population. Et pour cause, la noblesse et les gens riches d’une façon générale avait toujours constitué  un petit monde sur Ambarhuna comme sur Tiamaranta.

Quand on était un minimum impliqué dans la vie de sa communauté, on se rendait vite compte que certains noms tournaient et revenaient : les Ostiz étaient de ceux-ci. Son père était bien connu, pour de mauvaises raisons principalement, car il était un inspecteur des impôts.

Alors dans le principe, les Espérancieux n’avait aucun mal avec ce genre d’individus : après tout, eux mêmes faisaient leurs travails, et comme ils collectaient en quelque sorte une partie de leurs salaires quand les membres de la famille travaillaient pour des cités, et autres états régaliens, ils n’avaient jamais trop lésiné à payer leur dû.

Mais là c’était … Différent. Des rumeurs de malversation, corruption et autres affaires d’utilisations de fonds publics à des fins personnels avaient entourés la famille, et principalement le père de Eleonnora, depuis toujours, ce qui il est vrai, n’était pas un contexte très engageant pour faire des affaires avec quelqu’un.

Mais Belethar, en grand idéaliste qu’il était, avait envie d’y croire. Voilà plusieurs fois qu’il relisait ces maudites lettres que la jeune femme lui avait envoyé, et il n’y voyait présentement rien de particulièrement choquant.

Evidemment, on l’avait prévenu sur la personnalité de cette personne, Tomhar, Alexandhar et Ilhan les premiers … Mais, mais, mais plusieurs choses. D’abord c’était la nouvelle Bourgmestre de Caladon, et chacun des Espérancieux savait à quelle point cette position était importante car elle impliquait de diriger la ville qui centralisait toutes les affaires de Calastin, et même au-delà. Se fâcher avec l’administration de la ville, et c’était se garantir de voir les autorisations de rentrer dans la ville partir en fumée, ou tout du moins d’avoir des bâtons dans les roues jusqu’à n’en plus finir.

Le caladonien moyen était adepte de ce genre de petits coups bas, Belethar le savait suffisamment pour y avoir vécu pendant jusqu’à encore tout récemment.

Au delà de ces raisons d’influence cependant, le Pater Familias avait d’autres raisons de penser que, peut-être, cette jeune femme n’était pas si terrible qu’on le disait.

D’abord, si elle avait atterri à cette place à ce jour, c’est qu’elle devait forcément bien s’entendre avec Aldaron, un autre personnage sulfureux avec qui l’Enwr s’était lié d'amitié pendant ses jeunes années … Leurs routes s’étaient séparées, mais Belethar ne niait pas que l’elfe avait eu un rôle majeur dans la construction de sa vie, car s’il n’était pas apparu à ce moment précis où il était un peu perdu, il n’aurait sûrement pas embrassé ses fonctions de Pater Familias avec la même assurance qu’il le faisait aujourd’hui.  

Bien évidemment, cela n’avait pas échappé à Belethar que l’elfe était devenu Bourgmestre de Caladon, et donc que cette dite Eleonnora devait vraisemblablement entretenir de bons rapports avec lui pour lui succéder dans son mandat.

Secondement, il n’avait évidemment pas manqué les histoires faisant la réputation de cette jeune femme, et parmi elles ce sacrifice qui lui avait coûté (littéralement) un bras, lors de la guerre contre les chimères. De cela, Belethar savait que peu de personnes, et surtout peu de caladoniens, auraient osé jusqu’à là pour défendre leur patrie.

Belethar, sur son cheval, touchait enfin au but : La Revenante, qu’il connaissait bien s’étendait sur une grande partie de la côte sud de Calastin. Une cité encore en construction à bien des endroits, mais dont on voyait déjà les maisons et autre palais poussés comme des champignons au milieu d’une forêt. Maisons et palais qu’il avait aidé à construire.

L’Enwr soupira. Qu’on le veuille ou non, l’histoire des Espérancieux faisait aussi grandement partie de cette ville au climat social si particulier. Prendre la décision de déménager avait été très dure, mais Belethar ne se sentait pas de rester plus longtemps dans une ville si en proie à la petite politique et aux complots. Pas avec sa position de Cawr en devenir. Ils avaient du tout recommencer en Ipsë Rosea : se refaire des amis, des relations, reconstruire un palais …  

Il relisait encore une fois les derniers mots que la Bourgmestre lui avait envoyé  :

“Une offre que vous ne pourrez refuser”

Ces derniers mots l’obsédaient car la plupart du temps quand il recevait ce genre de  missives, c’est qu’il devait s’attendre à un projet fantaisiste, où à une idée fumante. Mais le client était Roi, et comme il l’avait déjà souligné plusieurs fois à sa famille : on ne boudait pas la Bourgmestre de Caladon.

Il soupira, reprenant l’encolure de son cheval et en faisant en sorte qu’il ralentit : le trafic dans les alentours n’avait pas changé : les rues et routes étaient toujours bondés de marchands espérant faire fortune à la Revenante …


***

Belethar s’autorisa une petite balade dans les rues de Caladon avant de se rendre dans le quartier intérieur où se trouvait le Palais de la Bourgmestre, comme toujours quand il se rendait dans les villes de l’Alliance, il constatait l’évolution des chantiers, et en l'occurrence là, il serra la main à quelques connaissances caladoniennes qui avaient fait le choix de rester dans la Revenante.

Des maîtres d’oeuvres, comme certains ouvriers qui avaient travaillé pour la famille depuis un certain temps, Belethar n’oublia personne qui l’alpaguait pour discuter quelques minutes. Ne jamais négliger le contact social, c’était la clé pour assurer une bonne entente entre les peuples. Se disait-il toujours dans sa tête.

Evidemment, il eut droit à quelques têtes qui le dévisageait : sans doute que certaines personnes, voir certains concurrents dans le commerce, n’attendait pas à revoir venir l’Espérancieux sur ses anciennes terres.

Mais les affaires étaient les affaires.

Après cette petite balade, il atteignit enfin le Palais de la Bourgmestre. Evidemment, celui-ci était lourdement protégé par des gardes patrouillant ça et là. Il alpagua deux d’entre eux qui passèrent devant lui, les salua poliment, avant de dire :

“Messieurs bonjour, j’espère que le travail n’est pas trop dur ces jours-ci. Sauriez-vous me dire si la Bourgmestre est ici ? J’ai été convoqué pour un entretien avec elle, concernant un projet d’architecture”

Alliant gestes et paroles, il tendit la lettre de convocation écrite de la main de la Bourgmestre.

Belethar attendant une réponse, ironisa un peu sur son sort : tant d’appréhension avant un rendez-vous alors que de très nombreuses personnes dans cette ville se damneraient certainement pour avoir une entrevue avec cette personne … Un comique situationnel, qui lui arracha son premier sourire de la journée.

Tout allait bien se passer.

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« Vous en avez mit du temps. Vous avez fait attendre la Bourgmestre. » Dit sèchement l’homme vêtu d’un costume noir et strict à l’entrée du bureau. Il avait pourtant trente minutes d’avance…mais peu importe l’heure il était connu que la dirigeante n’aimait attendre. Ceci dit cette directive demeurait injuste, tout le monde l’avouait étal concernée en était bien consciente. Après tout elle était toujours une des première dignitaires à franchir les portes du palais au petit jour. Contrairement à ce que l’on pouvait penser l’éminente jeune femme ne prenait que peu de plaisir à voir la pression perler sur le visage de ses invités; C’était plutôt par praticité, histoire que personne ne faillisse à son devoir envers elle. Elle ne voulait pas inutilement perdre son énergie à corriger des idiots.

Eleonnora observait le paysage, admirant le magnifique spectacle qu’offrait l’immense fenêtre qui donnait sur les grandes places grouillantes de monde. Bien que le palais fut écarté des quartiers communs, les bureaux se trouvaient à une telle hauteur qu’ils surplombaient l’horizon. On en voyait presque la mer et ses bateaux aussi petits que des jouets pour enfants. La vue qu’offrait le bureau du Bourgmestre était en effet à couper le souffle. Il aurait été donc dommage de la laisser murée et sombre. C’était en effet la jeune femme, après son institution qui avait prit la liberté de changer l’agencement de cette pièce. On pourrait condamner son goût trop prononcé pour les fioritures et les dorures mais la sobriété de l’ancien vacataire de ce bureau était une attaque à la puissance que Caladon était censée représenter. La première impression jurait à chaque fois. Chaque éminent personnage qui posait les pieds sur son territoire devait sentir le poids de la puissance comme un étau autour de lui.
Pourtant aujourd’hui son humeur n’était pas aux impressions. Dos à l’entrée elle était appuyée sur le massif écritoire de chêne sculpté. Comme envoyant tout valdinguer à l’autre bout du plateau, un grand parchemin était déroulé devant elle. Sans lancer un regard au nouvel arrivant, elle l’interpela.
« Voici mes plans, rejoignez moi pour y jeter un oeil. »
C’était une immense carte de Caladon. On aurait à peine exagéré  en disant qu’elle était à taille réelle. On voyait, bien visibles, d’imposants cercles écarlates, une demi douzaines environ. Ce n’était peut-être pas à quoi il s’attendait mais autant dire qu’elle n’avait pas été très claire dans ses précédentes missives. Mais là était sa manière d’attiser le désir.
« C’est une cité magnifique dit-elle. Mais sa construction hâtive freine son dynamisme…Nous possédons pourtant un tel potentiel! » Ses paroles aux lèvres, elle s’était tournée vers lui. S’il devait les prendre pour lui, c’est que la Bourgmestre plaçait de grands espoirs en leur collaboration.  Elle examina l’homme qui dans la sobriété reflétait un sérieux que la demoiselle appréciait déjà. Pourtant lorsqu’elle affirmait être restée floue lors de leurs échanges, il était vrai qu’elle n’avait jamais réellement souhaité discutailler avec cet homme en particulier mais surtout avec le Pater Familias comme ils le disaient si bien. À lui tout seul cet homme représentait des valeurs qui répondaient aux besoins de la dirigeante du conseil. Une famille qui avait su s’élever au dessus de son rang de noble pour faire valoir en premier plans leurs solides compétences: C’était de ce genre de personnage dont avait besoin Caladon. Aussi, c’était par choix politique qu’elle s’était arrêté sur lui. De nombreux autres architectes lui étaient venu à l’esprit mais elle avait pensé qu’afficher une collaboration avec une famille dont la réputation n’était plus à faire et un baptistrel de surcroit ne serait pas anodin. Même si en son fort intérieur les baptistrels n’étaient pas son fort, elle n’avait pas le choix, elle devait supporter leurs discours mous du genoux sur la paix et le partage. Changer le monde, changer le monde , ils étaient bien sympas mais le monde il bouge et vite. Ils allaient finir sur le carreau, moi je vous le dit! Enfin, autant était il qu’un de ces troubadour, qui étrangement était son frère, lui avait conseillé d’adoucir son image. Mais finalement ce n’était pas à contrecoeur qu’elle avait convoqué le patriarche de la maison Espérancieux. Elle le salua d’un léger mouvement de tête.
« J’espère que vous n’avez pas eu trop de peine à vous y retrouver. Nous agrandissons toujours le palais de sorte à y faire rentrer nos effectifs mais voyez vous la croissance est plus rapide que les maçons…» Elle gloussa apparement ravie de cette tournure. Quelle insouciance de penser à la gloire de sa cité avant de penser à la main d'oeuvre. Mais il suffirait de proposer de l'or pour qu'elle pleuve, n'est-ce pas? « Mais peut-être manquons nous de mains d’oeuvre…car nous allons en avoir besoin. » Elle offrit une vue d’ensemble en écartant le bras sur la carte démesurée qui s’étalait devant elle. « Il est temps d’entreprendre de réels et audacieux programmes de travaux publics. C’est la marque d’un grand Bourgmestre, ne croyez vous pas, que de s’entourer d’homme et de les inspirer pour donner le meilleurs d’eux même? Je compte bien figurer parmi ces illustres personnages. Je commence à peine à m’entourer d’hommes clés… et vous pourriez en faire partie. » Elle le gratifia d’une sourire éclatant. Que proposer à un homme qui n’avait pas besoin d’argent? De la renommée.
À vrai dire cette entrevue n'était à ce premier stade qu'un test. Cette grande famille méritait-elle la valeur qu'on lui louait? La jeune femme ne croyait que ce qu'elle expérimentait. Son propre jugement prévalait sur celui des autres maintenant que les choix reposaient sur ses épaules. Si un marchand se plaignait des taxes, de l'agencement de la ville, de sa protection, de la sureté dans les rues, il ne blâmerait plus le conseil, il ferait porter le chapeau à la Bourgmestre.

Alors n'allait-elle pas seulement aménager les quartiers; L'esprit enflammé par la grandeur de son projet visant à transformer cette ville balnéaire en un immense cité marchande, elle n'était pas plus intéressée de parler d'une chose aussi insignifiante que les canaux d'écoulement inlassablement bouchés le longs des rues de la ville basse. Après l'arrivé des humains les villes ont du être aménagées rapidement, dans le besoin le plus nécessaire. Mais maintenant que leur situation était stable, que la suprématie de Caladon était revenue sur le marché de l'archipel, il était temps de passer au niveau supérieur. Caladon ne sera pas uniquement le marché du monde, il représentera aussi le rêve, la terre d'espérance où tout est possible. Ces hommes, ces femmes, seuls ou en famille pourront venir des campagnes d'Aldaria, des petites cités avoisinantes comme des forets elfiques ou des monts vampiriques. Partant de rien, un simple citoyen lambda pourrait arriver à faire fortune dans la contrée de tous les possibles avec un seul mot à la bouche: Le rêve Calodonnien.
« Mais avant que nous rentrions dans les détails, mon cher. Que pensez vous de Caladon? »

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« Vous en avez mis du temps. Vous avez fait attendre la Bourgmestre. »

Allons bon ! Il avait certes flâné dans les quartiers de la Revenante, mais Belethar avait pris ses dispositions pour être en avance ! Il détestait lui-même les retards, et faisait tout son possible pour les éviter. Il regarda les gardes d’un air surpris, prêt à dire quelque chose avant de se raviser.

Ce n’était que des gardes, il était propre aux gardes d’être grincheux et de grincer des dents à toutes heures de la journée … Un cliché, certes, mais ô combien de fois s’était il avéré véritable.

Belethar, qui décidemment s’était levé du bon pied ce matin, inspira, puis expira. Il préféra considérer que si la Bourgmestre l’avait attendu, c’était qu’elle s’impatientait de le voir, lui et ses compétences qui allaient bientôt faire de Caladon le nouveau joyau de Calastin, plutôt que des problèmes strictement tenus à des horaires.

Il répliqua donc aux gardes :

« Et bien puisqu’elle m’attend, dépêchez-vous de me conduire jusqu’à elle ! Ne la faisons pas patienter plus, le temps c’est de l’argent ! »

Une devise, là encore, ô combien cliché quand on était à Caladon, mais qui bizarrement marchait toujours avec autant d’efficacité. Revenir en ses lieux, pour Belethar, c’était un peu comme repensé à sa femme disparue : il connaissait ses habitudes, savait comment se comporter avec elle, quoi lui dire, la connaissait par cœur et …

Il grimaça. Non, repenser à sa femme, ce n’était pas une très bonne idée. Cela lui rappelait encore trop de souvenirs douloureux de la traversée, et son visage vide quand il ne l’avait pas vu descendre des bateaux venant accoster à Calastin …

Pour l’heure, il devait se focaliser sur sa rencontre, et les exigences futures de la Bourgmestre, après tout, s’il était du genre à râler quand ses invités avaient une demi-heure d’avance …

Pourquoi avait-il dit que tout allait bien se passer, déjà ?

Les gardes lui firent donc traverser le palais, que Belethar reconnu pour y avoir été à deux ou trois occasions en tant que noble influent de Caladon, néanmoins il s’aperçut assez rapidement que l’agencement global des choses dans les diverses pièces avait … Changé.

Disons que, de son œil de professionnel, il sentait que la détentrice des lieux avait veillé à la beauté de ses lieux, quitte à être en légère discordance avec le climat général de la ville, qui était plutôt à la construction qu’autre chose. Mais bon. C’était un comportement typique de Caladon : on y réprimait la noblesse, mais on ne manquait pas une occasion de se montrer.

Belethar ne pouvait pas en vouloir à la Bourgmestre d’avoir décidé de tout agencer comme cela, après tout il fallait bien qu’elle s’affirme à un moment donné, car Caladon était aussi une ville où le jeu des chaises musicales des dirigeants pouvait se tenir plusieurs fois par semaines dans les mauvaises conditions …

Le Baptistrel soupira, encore une fois. Il n’était pas très heureux d’être là, et cela se sentait.

Mais pour ces lettres écrites de l’unique main restante de la Bourgmestre, et pour cette « offre qu’il ne pouvait refuser », il était prêt à lui laisser une chance. Encore.

Justement, le trio arriva bientôt devant les portes du bureau de la Bourgmestre. Les gardes prirent la peine d’annoncer l’invité, avant d’ouvrir les portes et de les refermer aussitôt que Belethar avait fait deux pas, laissant les deux puissances seules à seules.

Et là encore, Belethar prit la peine de découvrir une toute nouvelle pièce, qui à vue de nez, sentait bon le frais et les travaux récents. La Bourgmestre avait prit la peine d’ouvrir son bureau avec de grandes fenêtres à la promesse d’une vue imprenable sur tous les recoins de la Revenante, que l’élève baptistrel avait appris à bien connaître au fur et à mesure de ses années de vie.

Cela lui rappela étrangement de bons souvenirs. Définitivement, cet aménagement était le bienvenu, et le mettait un peu plus en confiance, quoiqu’il savait à présent qu’ils travaillaient pour des choses importantes.

Ce que cette architecture voulait dire, c’est qu’ici on ne travaillait pas pour le paysan lambda, mais pour l’entièreté de Caladon, voir même plus. Belethar en avait bien conscience.

Il se fit tirer de ses réflexions par une voix jeune, sèche et déterminée, qui l’interpella sans même prendre la peine de le saluer ou de se présenter :

« Voici mes plans, rejoignez moi pour y jeter un oeil. »

L’élève baptistrel se tourna vers la voix, et y découvrit une belle jeune femme appuyée sur un écritoire, sur lequel était disposé une très grande carte, avec des éléments posés dessus. Belethar obéit sans discuter, et se rapprocha pour voir de plus près la chose.

Il se frotta sa petite barbe, prenant la peine de détailler toute la carte : comme il l’avait pressenti, c’était une carte de Caladon, décomposé en d’immenses cercles écarlates. Il eut un petit hochement de tête positif. Au moins, il était à présent sûr de ne pas travailler avec un manque de moyen profond.

Si la Bourgmestre s’était donnée la peine de faire faire une si grande carte, c’est que effectivement, son projet devait lui tenir à cœur. Belethar l’écouta, patiemment, attendant son tour pour partager ses sentiments.

« C’est une cité magnifique. Mais sa construction hâtive freine son dynamisme…Nous possédons pourtant un tel potentiel! »

Belethar arqua un premier sourcil. Un potentiel, cela était certain que Caladon en possédait un, depuis son premier jour sa famille l’avait ressenti, quand ils devaient se battre à leur façon contre le Tyran Blanc. Néanmoins, « une cité magnifique » … Belethar avait quelques doutes. Mais après tout, la Bourgmestre n’était pas ici pour rien. Elle se devait d’avoir un discours très patriote et embrigadant.

C’était cependant un soulagement de la voir consciente de problèmes de constructions hâtives : Belethar n’en savait encore trop rien, mais peut être allait-elle lui proposer un ambitieux plan de construction de logements ? Après tout, les rues commençaient à devenir insalubres avec le développement soudain de la population et d’ambitieux travaux pourraient potentiellement régler le problème …

Belethar fronça rapidement les sourcils, avant de se raviser dans sa réflexion. Doucement. Il discutait avec un Caladonien, pas un membre de son Ordre.

« J’espère que vous n’avez pas eu trop de peine à vous y retrouver. Nous agrandissons toujours le palais de sorte à y faire rentrer nos effectifs mais voyez vous la croissance est plus rapide que les maçons…»

Oh cela il l’avait bien vu, qu’ils agrandissaient le palais. L’apprenti baptistrel tiqua cependant à la remarque de la bourgmestre : « la croissance est plus rapide que les maçons » … Et cela la faisait sourire en plus ? Avait-elle seulement conscience que ces gens là se démenaient pour tout finir dans les temps, et puis si elle trouvait qu’ils n’allaient pas assez vite, autant leur donner plus de moyens et …

Voilà. C’était précisément pour ce genre de considérations internes qu’il avait fui Caladon. Il ne supportait plus les petites piques de ce genre, et le comportement de ces gens qui parce qu’ils avaient de l’argent, pensaient que tout leur était dû.

Enfin elle le salua. Après de longues minutes à s’être écouter parler. Belethar eut envie de pousser un long soupir, mais se retint. Penser à la famille, et ce que ce contrat pouvait représenter …

« Enchanté de faire votre connaissance, Madame la Bourgmestre. »

Il s’inclina rapidement, comme le voulait l’usage quand on s’adressait à une personne importante, avant de revenir à leurs affaires. Car aussitôt la bourgmestre, lui montrant ses plans, revenait à son projet :

« Mais peut-être manquons nous de mains d’oeuvre…car nous allons en avoir besoin. Il est temps d’entreprendre de réels et audacieux programmes de travaux publics. C’est la marque d’un grand Bourgmestre, ne croyez vous pas, que de s’entourer d’homme et de les inspirer pour donner le meilleurs d’eux même? Je compte bien figurer parmi ces illustres personnages. Je commence à peine à m’entourer d’hommes clés… et vous pourriez en faire partie. »

A la suite de ces mots, que Belethar appuyait (tout du moins la partie sur les travaux publics), la bourgmestre gratifia l’architecte d’un grand sourire, que Belethar lui rendit poliment.

Oui, c’était certain que possiblement ils pouvaient faire de grandes choses ensemble … Mais à vrai dire, le Pater Familias n’avait pas grand-chose à faire des considérations politiques préformatées de la jeune femme. Il avait quitté Caladon, et avec cet adieu, il avait quitté un certain mode de vie à la recherche de gloire personnelle.

Ce qui l’intéressait en revanche, c’était de voir ce qui secouait les tripes de cette jeune femme, ce qui faisait qu’elle allait jusqu’à perdre un bras pour défendre sa ville et ce qui l’avait porté à ce statut de Bourgmestre.

L’honneur, la gloire, et la renommée, il s’en fichait. Il regarda sa bague, d’un air laconique. Il en avait déjà bien suffisamment, et c’était suffisamment un fardeau assez lourd à porter pour lui.

« Mais avant que nous rentrions dans les détails, mon cher. Que pensez vous de Caladon? »

En voilà une question ! Belethar eut un grand sourire incontrôlé, pensant à ce qu’il pouvait lui répondre :

« Madame la Bourgmestre, comment définissez vous une nation gouvernée par l’argent, dont les intrigues politiques font des dizaines de mort par jour, dont des vies innocentes, où tout ceux qui ne sont pas d’accord avec le pouvoir en place sont muselés et envoyés au cachot, et où de nombreuses personnes sont dans des logements malfamés, espérant la gloire et la fortune ?

Eh bien j’appelle ça Caladon, Madame, et pas n’importe quelle Caladon, la Caladon d’Eleonnora Ostiz ! »


Evidemment, dire cela et c’était le suicide politique, commerciale, et physique, instantané. Mais c’était ce qu’il pensait, tout du moins en partie. Afin de ne pas mentir à la jeune femme, ce qui commettrait l’irréparable au niveau de son serment, Belethar lui répondit plutôt :  

« Pour y avoir longtemps vécu, je partage avec vous cette idée d’une ville qui a un grand potentiel, et de nombreux enjeux à relever dans les prochaines semaines. Il en va du bonheur de chacun et du maintien de la paix, que chacun y trouve son compte. Vous ne pourrez rester éternellement dans une telle situation d’expansion incontrôlée. »

Bon, il n’avait pas hésité à divulguer son côté idéaliste, mais cela résumait bien le fil de ses pensées. Et puis, s’ils comptaient coopérer ensemble, les deux personnes allaient devoir apprendre à se connaître.

« Mais plutôt que de me promettre des gratifications pour des choses que je n’ai pas encore faite, Madame la Bourgmestre, venons en au fait. Qu’est-ce que vous pensez vous de Caladon ? Et quelle est cette « offre que vous ne pourrez refuser », qui a motivé mon retour dans une ville que j’avais quitté ? »

Belethar tapota du doigt sur l’écritoire. Il était temps que la bourgmestre délivre ses intentions, elle aussi.

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« Madame la Bourgmestre»? La demoiselle se reteint de pouffer. Ses illustres titres l’amusaient encore beaucoup lorsqu’ils étaient émit par d’aussi importants personnages. Pour autant elle fut satisfaite de voir cet homme courber l’échine. En voilà un qui savait bien se tenir. Cela faisait un bon point qui, espérons-le, saura contrebalancer la différences de leurs opinions. Rien qu’à la vue de ses sourcils toujours plus froncés après l’exposé de ses plans, Eleonnora savait à qui elle avait affaire. Elle avait espéré compter davantage sur le côté aristocrate de cet homme mais il semblait que le baptistrel en lui prenne l’avantage. Il apprendra à ses dépends que cela était mauvais pour les affaires…mais la jeune femme avait-elle vraiment le choix?
Elle ne se laissa pas perturber par l’air suspicieux de son invité. Cet état d’esprit peu Caladonnien sera surement un frein à ses ambitions mais peut-être saura t-il la remettre sur les rails. Cependant elle menait tout de même la conversation, du haut de la nouvelle stature qu’on lui avait prêté. Elle avait l’habitude qu’on l’écoute mais la tension que cela entretenait était d’autant plus palpable. Les langues se maitrisaient, les expressions se figeaient dans un contrôle permanent, essayant de ne faire aucun faux pas devant son illustre personne. Elle appréciait alors l’efficacité de ses conversation avec ses acolytes, les fortes têtes et les débats houleux étant une réelle perte de temps. Beaucoup avaient compri que aller contre la volonté de la Bourgmestre était contre-productif. Maintenant qu’elle assumait les responsabilités de l’exécutif, rares étaient les êtres qui pouvaient encore lui faire entendre raison. Ses choix étaient raisonnés, pesés et délibérés. Elle avait été élue pour s’en porter garante. C’est pour cela qu’elle mènera sa tâche à bien. Et dans la triste solitude des dirigeants la jeune femme écouterait les doux mots de ses conseillers, sachant que la vérité ne sortira jamais de leur bouche.
On la blâmait, on lui reprochait son ton sévère. On disait que ces mensonges dissimulées sous le voile de la diplomatie en soit la conséquence. Elle pensait, au contraire, que le mensonge et la feinte existaient bien avant sa montée au pouvoir. L’homme était ainsi fait.

Peut-être devrait-elle songer à s’entourer de Baptistrels. Ils pouvaient être terriblement incapables, mou du genou, toujours fourrés derrières leurs livres et leurs recherches, incapables de es défendre eux même et donc trop rêveurs pour le véritables monde mais…au moins ils avaient l’avantage d’être honnêtes. Aussi n’aurait-elle pas besoin de le demander deux fois pour que Sir Belethar lui dise expressément ce qu’il pensait. Enfin, à son ton contrôlé se dit-elle qu’il atténuait drastiquement ses véritables pensées. Ses paroles pleines de bons sentiments, dégoulinantes de paix et d’amour de son prochain lui remémorait les discours d’Ilhan ou bien d’Automne…comment pouvait-elle connaitre autant d’idéalistes? Ceux qui s’aveuglent dans un espoir de futur brillant d’égalité et de paix sociale sont loin de la vérité. Ils finiront aigris et le monde leur paraitra si laid à la vue des péchés dans lesquels il baigne.

Il se rattrapa pour offrir une impatience à laquelle elle ne s'attendait pas. Baptistel certes, mais aussi revendicateur. Elle aimait les tempéraments forts mais ils ne devaient pas empiéter sur son autorité.
« Excusez moi…remettez vous en question la clarté de mon exposé? Je vous propose, ni plus ni moins de re construire Caladon! N’est-ce pas là quelque de chose d’assez phénoménal pour vous? N’hésitez pas à me faire part de vos grandes ambitions si c’est le cas…j’apprécie ceux qui se projètent plus loin que ce que l’on attend d’eux. » Elle eu un sourire taquin. « Caladon est à Calastin ce que l’or est à sa mine. Brut, certes imparfaite, mais ne mérite que d’être davantage polie. Une extension incontrôlée? Mais nous ne faisons que commencer! »  Elle contourna le bureau d’un pas léger, s’arrêtant devant l’immense fenêtre. « Ce que nous pouvons admirer ici bas est le flux constant des marchandises de l’est jusqu’à l’ouest, de Sélénia jusqu’à Délimar, passant pas ipsae rosae puis, en fin de course, mouiller sur nos berges. Venez, rapprochez vous. »  Elle fit un vague geste du bras, invitant son interlocuteur à admirer les marchés grouillants. La foule était là, comme des fourmis qu’ils auraient pu écraser dans leurs mains; Tous affairés sans savoir que, d’en haut, on les observait et que, surement, l’on décidait de leur destinée. « Ici impossible de distinguer elfe de vampire, humain d’immaculé; Bien à cause de cette distance mais surtout de cette foule! Et puis à quoi bon essayer de les distinguer? Parce que Caladon n’est pas seulement un temps de passage. C’est aussi une terre d’accueil. Mélangés sans distinctions nous mettons la liberté entre les mains de nos habitants, de nos associés, des voyageurs de passage…Ils viennent tous d’horizons différents et se réunissent tous sous le même étendard. Car ici nous sommes tous des naufragés.
Il ne s’agit évidemment pas de s’apitoyer mais de comprendre. Trois voyageurs sur cinq n’ont  pas passé la traversé et ce n’est, tout compte fait, qu’une terrible statistique; Le temps de transformer l’émigrant en immigrant, celui qui était parti en celui qui était arrivé, nous avons renoncé à ce passé. Regardez les, ils ont laissé derrière eux leurs histoires, ils ont tout abandonné pour tenter de venir vivre ici, pas seulement à Caladon, mais aussi sur ce nouveau continent. Nous sommes tous partis de presque rien, des miettes de ce que nous possédions auparavant pour en arriver, aujourd’hui, ici. »


Elle soupira. Elle n’aurait pu se donner en exemple, il ne l’aurait pas vraiment bien prit. Certes avait-elle de nouveau croisé la route d’Aldaron ce qui l’avait menée jusqu’à cette pièce. Cependant elle avait été au débarquement une fille sans autre compétence que son éducation et sa langue bien pendue. Sans père, sans famille ni réel soutiens, elle avait été jetée dans le monde. Son invité avait été bien chanceux d’avoir gardé sa fortune, et prêt de lui ses contacts. A part les cours royales peu de grandes familles étaient restées intactes après ce long voyage…Mais elle se doutait que lui aussi avait eu son lot de pertes.

« Depuis ses origines, cette cité se bâtit grâce aux millions d’immigrés qui viennent décrocher ici un morceau de rêve et d'espoir. Aujourd’hui encore, du quartier des affaires en passant par le parc Hellighton  ou ou les quais, cette cité portuaire continue d’afficher un visage cosmopolite et métissé hors du commun. Une ville où partout, flotte un parfum de  "capitale…du monde". » Son visage irradiait. Eleonnora Ostiz était une belle femme, et en cet instant, transcendée par sa propre mégalomanie, une véritable souveraine. Elle s'éclaircit la gorge. Il fallait que l'esprit lui revienne avant que la folie ne l'emporte. Pour le moins il était désormais impossible de douter de son amour profond pour cette cité.

«Mais la vraie question que nous aurions dû poser est: qu’est ce que vous blâmez à notre glorieuse ville? Ne répondez pas, je sais ce que vous pensez. Je ne suis pas ignorante au point de fermer les yeux sur ce que l’on dit de l’administration.» Elle leva les yeux au ciel. Comme si gouverner une cité était facile! Donner de l'argent au pauvres était idiot, cela aurait vite fait de vider les caisse et qui construisait les routes et payait les gardes? Donner l'avantage aux plus riches? Mais qui donnait de l'emploi ici? Qui prêtait des gages et qui amenait les navires rempli de marchandises de ports en ports? Ceux qui n'avaient le courage de s'emparer de leur existence aillent à Délimar.

«La liberté que nous offrons, chacun peut s’en saisir. Je ne suis pas responsable de l’égoïsme humain, de l’avarice, et tout les autres maux du monde. Ici pas de dictature de la vérité unique, nous reconnaissons les intérêts de chacun. Notre seul devoir est de les guider, de préserver l’ordre au sein de ce magnifique mélange sans interférer dans les affaires de qui que ce soit. Voilà le Caladon que j'apprécie, celui où chacun puisse tout recommencer de nouveau, puisse s’élever, à la force de son travail, que peu importe les embuches, que ses efforts soient reconnus. C'est ainsi que l'argent se gagne. Et, c'est bien connu, à Caladon, tant que l'on gagne sa vie tout est permis. Si je puis vous donner un exemple parlant, nous respectons autant l’aristocratie que la bourgeoisie car certains de ses grands marchands sont partis d’un rien. Il partageaient un logis de 3 pièces pour une famille entière, ils habitent maintenant une masure fortunée de la haute ville. 
Et à l'éclairage de nos valeurs, du dynamisme de notre jeunesse, nous devons refléter cet espoir, n'est ce pas? »
Une ville à sa hauteur, à son image. Elle laisserait sa trace indélébile àn jamais sur ce continent.

«Peut-être avez vous d'autres recommandations à faire sur la façon dont je, enfin le conseil de Caladon gère sa cité? Je suis toute ouïe.»  Elle lui offrit un sourire poli. Devait-il réellement se confronter au dragon? Eleonnora se sentait d'humeur magnanime. Après tout c'est elle qui l'avait conviée, elle n'allait pas l'enfermer à la moindre réplique. Ou du moins n'allait elle pas être violente. Ce serait déjà un grand pas. Oh elle jurerait que ces séances de relaxation lui faisaient le plus grand bien mais il restait encore un certain travail en ce qui concernait le contrôle de ses émotions.

Dernière édition par Eleonnora Ostiz le Sam 15 Fév 2020 - 19:38, édité 1 fois

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« Excusez moi…remettez vous en question la clarté de mon exposé? Je vous propose, ni plus ni moins de re construire Caladon! N’est-ce pas là quelque de chose d’assez phénoménal pour vous? N’hésitez pas à me faire part de vos grandes ambitions si c’est le cas…j’apprécie ceux qui se projètent plus loin que ce que l’on attend d’eux. »

Belethar ecouta l’exposé de la jeune dame, les yeux dans le vague entre le grand plan de la ville et la vue qu’il y avait depuis le palais sur toute la ville. Construire Caladon ? Bien sûr qu’il le pouvait. Rien n’était impossible pour un Espérancieux, et encore moins quand on parlait d’architecture.

Mais, et c’était le point qui allait sans doute fâcher sa cliente, cela n’allait pas être gratuit. Très loin de là. Bien que Belethar était un baptistrel, il ne faisait pas oeuvre de charité tout le temps, et encore moins pour une grande puissance qui sollicitait les services de sa famille. “Construire Caladon” aussi ambitieux que ce projet soit, allait coûter cher.

D’un autre côté, ce n’était pas comme si les Caladoniens manquaient d’argent … Mais Belethar savait en les ayant fréquenté que cette réputation qu’un habitant de cette ville était toujours très près de ses sous n’était pas forcément infondée.

Magnanime, Belethar écouta cependant l’exposé de la jeune bourgmestre jusqu’à son terme. Oui, certes son discours vis-à-vis de Caladon se tenait, et avait mine d’être un minimum véritable et bien senti. Mais le Pater Familias trouvait la tendance à trop se dédouaner de la bourgmestre trop facile.

Diriger une cité était une affaire rude, cela Belethar voulait bien la croire, il n’y avait qu’à voir comment Belethar n’arrivait pas à se démêler avec ses fonctions de dirigeant de la famille Espérancieux avec ses obligations au Domaine.

Néanmoins si on était sur ce terrain là, pour lui un dirigeant ne devait pas seulement se contenter d’assurer et maintenir les fonctions régaliennes d’un état, à savoir la protection face à la guerre et la justice. Il devait également faire plus pour ces citoyens, aider les plus démunis, s’assurer que chacun puisse accéder à un minimum d’éducation et d’autres choses de ce genre …

Mais bon. Ils étaient en Caladon. Belethar eut un petit regard quand la bourgmestre lui demanda ce qu’il avait à redire sur sa façon de gérer la cité. En vérité, il en avait, des choses à dire. C’était même l’objet de ses études, du grand oeuvre de sa vie qui nécessitait probablement plus d’une vie pour le compléter : comment bâtir des pratiques, et une idéologie allant vers le Progrès, la vérité, la moralité et la solidarité ?

Mais bon. Belethar émit un petit soupir, avant de répondre :

“Des recommandations j’en aurai très certainement beaucoup, Madame la Bourgmestre. Mais ne croyez-vous pas que nous allons un peu trop vite en besogne ?”

Le Pater Familias tapota du doigt sur la carte de Caladon, comme pour rappeler indirectement la raison de sa venue. Belethar n’était pas dûpe et sentait le terrain glissant sur lequel il s’était engagé, et tenait un minimum à recentrer le débat.

“Vous voulez que je construise Caladon ? C’est un projet que la Famille Espérancieux avec joie. Nous avons collaboré de nombreuses fois avec la cité, et bien que nous ayons déménagé nous gardons toujours une sympathie pour la ville. Assembler les meilleurs pierres pour faire des bâtiments d’exception qui feront ressortir toute la pureté de votre discours et de la ville, c’est quelque chose que nous savons faire. Très bien faire même.”

Cela, c’était d’abord une chose. Belethar plongea son regard dans celui de la Bourgmestre. Elle savait défendre sa viande, et cela se sentait. Sans même trop la connaître, le Pater-Familias pouvait même assurer qu’elle avait les épaules d’une grande dirigeante. Et puisqu’elle tendait la perche, c'eût été de mentir que de ne pas profiter de l’occasion. Le dirigeant de la famille Espérancieux renchérit donc :

“Vous désirez que je vous conseille ? C’est autre chose, je peux le faire aussi dans la limite de ce qui m’est accordé avec mon serment vis-à-vis du Domaine. Je perçois la lueur dorée dans votre discours, vous aimez profondément Caladon et cela se sent. Votre ascension est témoin de votre grande réussite, et je sens que vous avez envie de faire pousser dans la ville les graines du progrès … Votre grand projet de construction et votre discours en soi témoin.”

Belethar prit une petite pause, ponctuant son discours par quelques tapotements sur la table, avant de tourner une nouvelle fois son regard vers cette vue magnifique.

“Disons que je pourrais bien vous aider à efficacement planter les graines, et vous assurer une culture qui serait riche en fruits et retours positifs. En avançant ensemble dans la construction de Caladon et en écoutant vos projets vis-à-vis de celle-ci, je pourrais déjà vous montrer ce que j’entends par là, sans oublier vos impératifs de bourgmestre.”

Belethar reporta son attention vers Eleonnora, un nouveau petit sourire aux lèvres :

“Mais j’aimerai autant vous prévenir, Madame. Nous avons tous les deux nos idéaux, et deux visions du monde. Si vous voulez poursuivre dans cette voie, cela nécessitera peut être d’accorder nos violons, autant pour vous que pour moi. Je suis prêt à faire cet effort.”

Et vous ? Voulut lâcher Belethar, mais il se retint. Eleonnora devait sans doute avoir compris.

Peut être que le Pater Familias allait trop vite en besogne en se dévoilant ainsi, mais après tout leur relation avec la Dame de Caladon n’était pas si mal partie … Autant voir ce qu’il pouvait vraiment en retirer, au-delà d’un simple rôle de maître de chantier ?

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Le Pater Familias devait se douter qu’il n’était pas le seul à posséder les moyens et les compétences de réaliser un tel projet. Et on ne pourrait pas penser que les grands architectes et maitres d’œuvres de l’archipel soient hors de portée de l’administration Calaodonienne. Il devait alors se demander, en toute logique, pourquoi avait-il été choisi ? Arbitrairement ? En ce qui concernait l’argent la Bourgmestre était connue pour son pragmatisme sans faille. Elle sourit à sa légère inquiétude en reconnaissant être partie bien loin dans sa présentation de Caladon. Elle ne se lassait pourtant jamais de parler de cette cité. Elle retourna à la carte que pointait l’architecte. « Aller trop vite ? Mais ce n’est pas nous qui allons vite, c’est ce monde, et nous devons en suivre le mouvement ou nous retrouverons en marge. Ou bien, avez-vous peur de voir grand Sir Belethar ? » Alors qu’elle relevait les yeux vers lui, sa bouche s’étira en un sourire narquois. « Ce n’est pas l’impression que donnent vos nombreux travaux. » Premièrement, s’il avait été choisi, c’était pour l’ambition qu’elle appréciait chez ce genre d’homme. Avec une image de la perfection toujours plus haute, et retirant une réelle sensation de plaisir du travail exigé par un effort soutenu. Elle connaissait ce sentiment et savait que seuls les meilleurs artisans la possédaient. La jeune femme s’était bien évidemment renseignée sur son compte, au-delà de ses opinions et de ses alliances, le plus important était de savoir si c’était un travailleur à la hauteur de sa réputation. Elle était donc ravie de le voir se vendre sur ses capacités. Toutefois, elle ne comprenait pas pourquoi la flamme ne venait pas habiter son regard ? A chaque fois qu’une affaire alléchante, un travail de challenge se présentait elle sentait la chaleur de l’excitation l’animer.

Elle soupira, ce Pater Familias était bien plus pragmatique qu’elle. Pour un Baptistrel il semblait lui manquer le gout de l’aventure. Peut-être avait-il peur de faire mauvaise impression ? Ou bien se focalisait-il déjà trop sur les problèmes qu’un tel projet pouvait rencontrer. « Je n’ai fait que proposer ce projet d’aménagement…Les détails techniques semblent déjà tant vous inquiéter et j’y vois là la marque de votre professionnalisme, ce qui est tout à fait remarque, mais nous ne savons pas encore si vous serez choisi pour la réalisation de cette œuvre. Voyez-vous, j’étais presque persuadée que vous pourriez apporter votre plus-value à ce travail, mais sans appeler cela un test, je tenais à m’entretenir avec vous pour valider mes certitudes. » Ce n’est pas qu’elle voulait lui mettre la pression…mais si un peu quand même. Son choix était déjà fait mais elle était curieuse de voir ce qui sortait de cet homme. Et voir ce qui justifierait son choix.

« Vous vous doutez fort bien que nous ne prenons pas les mêmes directions en ce qui concerne un projet d’ménagement public. J’aime, certes, être efficace, mais je ne suis inconsciente. Je sais que mon point de vue sera biaisé par mon opinion et mon discours à la « lueur dorée » comme vous le dites si bien. Aussi, je ne pouvais pas prendre un architecte qui ai la même vision que moi et que la plupart de mes congénères. » Elle sentait que le sujet commençait à se corser. Elle fit donc une légère pose, se dirigeant vers le buffet de bois sculpté. Elle aperçut son visage dans le reflet de la vitre. Elle ne s’était pas sentit aussi tendue qu’elle n’en avait l’air. Peut-être était-ce le pouvoir qui durcissait ses traits. La demoiselle versa liquide ambré dans le verre de cristal avant de reposer la bouteille. « Je ne vous ai même pas proposé quelque chose. Un rafraichissement vous ferait-il plaisir ? » Boire un alcool à cette heure paraissait étrange et peut-être en abusait-elle mais elle sentait souvent le besoin d’alléger le poids qui pesait sur ses épaules.
« Bien évidemment, ne le prenez pas mal, je vous ai aussi choisi pour vos compétences, et pas uniquement vos convictions…bien que je ne connaisse pas beaucoup d’architectes aussi peu porté sur l’évolution économique de sa carrière. »

La Bourgmestre revint vers lui pour s’appuyer sur le massif bureau lustré. « Je me suis portée garante de suivre les convictions pour lesquelles j’ai été élue. Je porterais, à la fin, la responsabilité de toute conséquence liée à ce projet. Il faut que vous ayez conscience que, quoi qu’il arrive, j’aurai le dernier mot. Mais…si vous vous sentez prêt à offrir vos conseils avec honnêteté, je saurai me montrer ouverte d’esprit. » La gorgée qu’elle prit lui chauffa la gorge instantanément, marquant une légère expression sur le visage de la dirigeante comme si ces paroles avaient eu le don de lui arracher la langue. Elle ne disait pas que cette décision lui permettrait aussi de redorer son blason. La main de fer serait bientôt une constructrice magnanime.

« Le projet consiste concrètement dans la conception et l’aménagement de quartiers prêt du port. Cette zone est insalubre depuis un certain temps et loge pourtant la plupart des travailleurs caladonniens. De plus un grand nombre de ces travailleurs modestes, ne sont pas revenu de la bataille des Chimères ce qui a rendu beaucoup de foyers insalubres et abandonnés, souvent habité par des voyageurs de passage. A vrai dire, cette requête à été d’abord formulée au conseil par une guilde marchande dont les tenanciers s’insurgeait de la qualité de vie de certains de leurs salariés dont l’œuvre n’était plus aussi efficace. Il demeure vrai que Caladon est une ville en constant mouvement alors, il serait souhaitable que certains quartiers soient créés de sorte à prendre en compte l’arrivée et le départ des travailleurs. Les tâches des travailleurs portuaires ne sont pas tout le temps fixes autant que leurs équipes. De petits appartements, de petits loyers, de quoi permettre aux arrivant de partir sur un pied abordable et de quoi remplir les effectifs de nos associés. Associés, oui, parce qu’ils s’engagent à payer une partie du chantier s’ils gardent les droits immobiliers de certains quartiers. Nous n’aurons pas à dépenser plus que nécessaire si cela vous inquiétait…D’ailleurs, ne vous souciez pas du cout de quoi que ce soit ici, vous êtes à Caladon. Profitez-en. » Si on lui avait donné un crédit illimité pour s’acheter ce qu’elle désirait, Eleonnora n’aurait pas hésité un instant. « Puis nous pourrions rajoutez une aile ou deux à la bibliothèque, et où est l’école de magie…ah ! ça aussi il faudrait lui donner une taille caladonnienne. Oh et des bains publics ! Non mais parce que l’on sait ce que sont devenu ceux des quartiers populaires…Enfin, je m’égare. Si vous avez une chose à retenir, nous voulons surtout faire de Caladon une ville accessible à tous. »

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« Aller trop vite ? Mais ce n’est pas nous qui allons vite, c’est ce monde, et nous devons en suivre le mouvement ou nous retrouverons en marge. Ou bien, avez-vous peur de voir grand Sir Belethar ? Ce n’est pas l’impression que donnent vos nombreux travaux. »

Belethar arqua un sourcil. Il s’était vraisemblablement mal fait comprendre. Ou alors il avait mal compris ce qu’elle avait dit, ou alors il avait manqué un détail crucial de la discussion. Bon, ça n’était pas de quoi casser trois pattes à un canard mais cela chiffonnait le Pater Familias de n’avoir pas choisi les bons mots.

Mais qu’à cela ne tienne. De temps en temps, il fallait savoir s’avouer vaincu. Il prit la petite pique à bras le corps pour l’instant et fit profil bas. Il allait pouvoir se rattraper sur ses branches après …

Tout du moins il l’espérait. Même si l’Enwr était un homme désormais habitué de ce genre de discussions, il ne fallait pas qu’il relâche son attention. Il tapota mécaniquement de ses doigts sur la grande table, guettant une fenêtre pour reprendre le fil de la conversation …

« Je n’ai fait que proposer ce projet d’aménagement…Les détails techniques semblent déjà tant vous inquiéter et j’y vois là la marque de votre professionnalisme, ce qui est tout à fait remarquable, mais nous ne savons pas encore si vous serez choisi pour la réalisation de cette œuvre. Voyez-vous, j’étais presque persuadée que vous pourriez apporter votre plus-value à ce travail, mais sans appeler cela un test, je tenais à m’entretenir avec vous pour valider mes certitudes. »

Belethar inspira lentement. Il prit note pour soi-même de ne plus jamais parler de détails techniques aussi vite dans une affaire. Il était pourtant persuadé que quelqu’un de Caladon apprécierait construire les choses étapes par étapes, proprement et connaissant tout les détails pour un tel marché … Mais bon. La bourgmestre n’était peut-être pas comme ces congénères. Ce qui est un peu normal, sinon elle ne serait pas élue à son poste, bougre d’imbécile se garda Belethar pour lui même.

Le Pater Familias inspira doucement et passa une main sur sa tête, écoutant encore un peu la Bourgmestre lui faire ses retours. Elle n’avait pas tort. Peut-être y avait-il été de manière trop directe.

Il s’agissait désormais de sérieusement se remettre dans le fil de la conversation, afin que cette incompréhension -et cette erreur de Belethar, il fallait bien l’avouer- n’empoisonne le puits bien rempli que représentait un contrat avec Caladon. Le Pater Familias observa la jeune femme se servir un verre et puis il porta son attention sur ce qu’elle lui disait :

« Je ne vous ai même pas proposé quelque chose. Un rafraîchissement vous ferait-il plaisir ? »

Miracle ! Une lueur d’espoir dans cette conversation ! Belethar inspira légèrement puis fit :

“Volontiers ! Ne vous embêtez pas Madame, je prendrais la même chose que vous.”

Voilà. Faire des phrases courtes et intelligibles. Ne pas se laisser stressé par si peu de choses. La Bourgmestre lui fit ensuite :

« Bien évidemment, ne le prenez pas mal, je vous ai aussi choisi pour vos compétences, et pas uniquement vos convictions…bien que je ne connaisse pas beaucoup d’architectes aussi peu porté sur l’évolution économique de sa carrière. »

Belethar retint un rire. C’est sûr qu’à Caladon, croiser quelqu’un de peu porté sur l’argent devait être comme s’il neigeait sur Néthéril. Il ne put s’empêcher d’ajouter :

“Vous savez, j’ai beau m’emporter un peu sur des détails techniques, ce qui importe avant tout à notre famille, c’est de bâtir un projet à votre image, et à l’image de Caladon. L’argent, et la réputation, nous estimons que cela vient avec l’expérience.”

… Expérience et talent qui faisait qu’elle avait expressément fait mandé Belethar aujourd’hui. Le Pater Familias n’était pas vraiment porté sur le monde des affaires, mais ce qu’il avait retenu c’était que le bouche à oreille était un outil très puissant. Bien plus que certaines guildes commerciales. Alors bien sûr ça n’était pas un outil vraiment viable si l’on démarrait tout juste un commerce … Mais pour une famille aussi vieille que la sienne …

Sur ces quelques mots, Belethar laissa la jeune Bourgmestre reprendre le fil de sa discussion alors qu’elle l’avait de nouveau rejoint sur le bureau :

« Je me suis portée garante de suivre les convictions pour lesquelles j’ai été élue. Je porterais, à la fin, la responsabilité de toute conséquence liée à ce projet. Il faut que vous ayez conscience que, quoi qu’il arrive, j’aurai le dernier mot. Mais…si vous vous sentez prêt à offrir vos conseils avec honnêteté, je saurai me montrer ouverte d’esprit. »

Belethar hocha la tête, avant de répondre :

“Fort bien. Vous savez, une chose qui reste importante selon moi, c’est que quand on fait ce métier, et surtout à une échelle comme celle-ci, c’est que l’on fait bien plus que construire quatre murs dans lesquels il faut ranger une population. On construit une certaine vision du monde, nous sommes l’écho d’une vision des dirigeants sur une nation.”

Belethar marqua une pause. Il tenait à ce que ces points soient clairs entre eux, avant de reprendre :

“Je ne dénaturerais en rien l’essence de vos propos, Madame la Bourgmestre. Et j’aurai même plaisir à discuter avec vous de ce grand projet que vous m'expliquiez quelques instants auparavant. Cela servira d’inspirations pour la suite.”

Une fois ceci dit, ce qui, il l’espérait, apaiserait un peu les discussions, Belethar écouta patiemment la Bourgmestre détaillée de son projet. En soi, ça n’était rien d’infaisable. Le projet était de taille bien sûr, mais elle l’aurait dit mieux que lui : “à l’image de Caladon”.

Une fois que la bourgmestre eut fini son exposé, Belethar pu exprimer son avis :

“Tel que vous me l'exprimer, l’essentiel de ce premier projet me semble tout à fait faisable, pour inaugurer notre potentielle future collaboration. Si tel est votre choix, je serai ravi de passer à l’action aussi tôt que possible.”

A la vue des précédentes remarques, Belethar choisit de ne pas trop aller loin dans la technicité des choses. Il renchérit cependant sur un point qu’avait rapidement évoqué la Bourgmestre :

“Faire de Caladon une ville “accessible à tous”, me dites vous ? Voilà un véritable sujet de fond qui m’intéresse. Non pas que les défis architecturaux soient notre spécialité, mais j’aimerai en savoir un peu plus sur votre vision personnelle des choses sur cette question d’accessibilité.”

Belethar passa une main sur la grande maquette représentant Caladon, et précisa un peu sa pensée -espérant dans le même temps ne pas perdre la Bourgmestre- :

“Vous m'affirmiez que Caladon encourage chacun à vivre un rêve de réussite, de manière très méritocratique, tant qu’il se donne les moyens de réussir… Mais alors comment afficher un idéal de réussite en gardant un côté “accessible à tous” …”

Au fur et à mesure qu’il parlait, Belethar réfléchissait et eut une idée :

“Peut être en construisant quelques hôtels privés au coeur des quartiers, uniquement accessibles aux plus fortunés de la Ville … De manière à ne pas dénaturé cette idée d’accessibilité … Sans entrer dans ce domaine technique là, qu’est-ce que vous entendez vraiment, derrière cette idée d’accessibilité, Madame ?”

Belethar eut un petit regard vers Eleonnora. Il ne cherchait pas à la destabiliser, simplement à ce qu’elle pousse sa réflexion … Il y avait là quelque chose de potentiellement intéressant qui pourrait peut être aider à trouver un fil conducteur à Belethar.

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Eleonnora attrapa son verre sans quitter l'architecte des yeux. Après ces quelques temps d'adaptation il avait désormais l'air de comprendre comment ses exigences marchaient. Puis à l'écouter ils avaient surement plus de valeurs en communs qu'il ne pourrait le penser. Certes la Bourgmestre était-elle autoritaire et accrochées à certaines traditions, certes mettait-elle davantage en avant le développement économique de sa cité mais ce projet n'était-il pas lui même une preuve de bonne foi? Elle qui avait forgé une image de dirigeante ambitieuse et fière pouvait désormais se tourner vers certaines causes sans que l'on puisse faire passer cela pour de la faiblesse. Puis comme elle l'avait annoncé elle avait donné sa parole de construire un Caladon fidèle à sa vision. Et malgré ce que l'on disait des politicien l'ambition de la jeune femme passait aussi par l'accomplissement de ses pensées qui n'étaient autre que la grandeur de sa cité. Caladon était peut-être une des seules choses dont elle pouvait être fière et elle comptait l'élever toujours plus et aussi longtemps qu'elle vivra. Car désormais Caladon, c'était elle. Donc fallait-il trouver une personne qui puisse construire son image sans aucun défaut. Il avait toutefois l'air de comprendre que cette entreprise relevait d'autre chose que l'argent, la gloire et les pierres de la cité.

De plus sa façon d'emblée amorcer le projet ne put que satisfaire son interlocutrice. Elle aimait savoir que cet homme s'engageait tout de suite sans discuter (c'était peut-être une caractéristique de Caladonniens qu'elle avait du mal à supporter car, impatiente de nature, elle n'aimait pas tourner autour du pot. Et c'est aussi pour cette Taison qu'elle aurait pu se vexer à la question du Pater familias. S'il avait lui ses interview ou ses les retranscriptions de ses discours peut-être n'aurait-elle pas à se répéter. Mais elle avouait que la plupart restaient vague par stratégie politique...Peu de politicien, surtout à sa position, se permettraient de vexer une partie de la population en affichant clairement des idéaux tranchés. L'État de grâce finira par retomber et on trouvera bien de nombreuses choses à lui reprocher. Il était compréhensible que l'architecte souhaite son avis personnel sur la question et non pas une réponse enjolivée, floue et interprétable de bien des manières. Alors, sans sourciller, la jeune femme reposa son verre.

« La méritocratie a pour corollaire les principes de liberté individuelle et de responsabilité individuelle. Caladon considère qu’une société est composée d’un ensemble d’individus libres et égaux, ayant les mêmes chances de réussir et d’échouer. Rien de plus simple. Pour nous rapprocher de cet objectif les titres de noblesse, par exemple, n'ont plus de valeur exacte. Seul leur pouvoir d'achat, leur façon de contribuer à notre société considèreront leur rang. »

Bien évidemment, ce système arrangeait autant les sphères du pouvoir qu'elle n'aidait les plus démunis... la richesse et le pouvoir comme des éléments résultant du mérite, il devenait facile de trouver des justifications à tout ce qui paraîtrait injuste aux personnes n’ayant ni pouvoir ni richesse. En quelque sorte l’intérêt de cette idéologie n’était donc pas seulement que les personnes riches et ayant du pouvoir croient en son bienfondé, mais aussi que les personnes pauvres et en situation de soumission face à un pouvoir soient persuadées de cette la légitimité de cette situation et donc ne se révoltent pas pour changer leur condition. En un mot, l’idéologie du mérite était profondément contre-révolutionnaire. Mais n'était-ce pas aussi rendre service à l'ensemble que de sauvegarder une balance? Un système n'était ni bon ni mauvais, tout se concentrait dans les objectifs qu'il permettait aux dirigeant. Elle n'allait pas jusqu'à sacrifier sa population pour la gloire de Caladon, puisque tant que la machine tournait elle leur promettait travail et espoir. La cité, en plein essor économique hébergeait une vaste population elle ne permettrait pas qu'une aussi grande puissance laisse trainer des gens dans la rue.L'idée de loger les vaillants travailleurs des guildes portuaires semblait alléchante mais il ne fallait pas que ces quartiers finissent par avoir mauvaise réputation pour la population qu'ils sont censés héberger...La proposition de Belethar semblait logique dans ce sens mais c'était un pari trop risqué.
« À vrai dire, je ne connais pas beaucoup de fortunés qui voudraient se mélanger aux ouvriers...Lorsque l'on gagne une place au sein de la ville haute, on ne la perd sous aucun prix. » Elle enroula une mèche de ses cheveux autour de son doigt fin. Elle jaugea son interlocuteur avant d'ouvrir la bouche à nouveau: « Vous devez le savoir mieux que personne mais il y a toujours un écart entre les idéologies et la réalité. Notre rôle est évidemment de les réduire. Je n'irai pas dire que je souhaiterais là une population totalement mixte, je ne suis pas sure qu'un tel cocktail fonctionne dans un sens comme dans l'autre. Toutefois il est question de donner à ses appartements un véritable lieu de vie où tout un chacun pourrait fonder une famille, ou se reposer réellement après les duretés des travaux de la journée. »
Cette politique de "bonheur" menée d'abord par les entreprise arrange bien le pouvoir. Elle avait vu ses derniers temps des initiatives de gestion des équipes alternatives se développer sous l'oeil d'ambitieux bourgeois. Elles étaient vantées comme une manière d’aligner les intérêts individuels avec les intérêts collectifs en réconciliant la performance économique et la performance sociale. De fait, elles sont censées augmenter le bonheur des salariés et donc la performance de l’entreprise. Que de beaux mots. Les intérêts de l'entreprises avant tout, et le contrôle désormais total sur les individus. Et maintenant leurs logements étaient gérés par les entreprises qui viendraient donc s'installer au coeur de leur intimité. C'en était ingénieux et effrayant à la fois. Mais la balance était présente: la réussite économique des entreprises et le bonheur des citoyens...que pouvait-elle demander de plus?
L'esclavagisme n'était toléré qu'à moitié, faisant partie de l'alliance Eleonnora n'avait jamais proposé de plan très clair à ce sujet. Toutefois elle pensait bien que les activistes du marché noir avaient fait en sorte d'écarter ce problème des cités libres.
« Je vous parlai ici d'aménagements publics en plus de nos propositions de loyers formulées par les différentes guildes marchandes...Peut-être pourrions nous délocaliser certaines institutions comme la bibliothèque...au lieu d'organiser la construction d'une nouvelle aile. Et ainsi garder le contrôle sur l'espace public, en quelque sorte. Il me semble aussi que certaines sintitutions religieuses veuillent ouvrir des lieux de cultes...» Elle se tourna vers le Pater Familias avec un grand sourire aux lèvres.« ...Mais rien d'officiel alors je vous prierai garder ceci pour vous, bien évidemment.»

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« La méritocratie a pour corollaire les principes de liberté individuelle et de responsabilité individuelle. Caladon considère qu’une société est composée d’un ensemble d’individus libres et égaux, ayant les mêmes chances de réussir et d’échouer. Rien de plus simple. Pour nous rapprocher de cet objectif les titres de noblesse, par exemple, n'ont plus de valeur exacte. Seul leur pouvoir d'achat, leur façon de contribuer à notre société considèreront leur rang. »

Belethar croisa les bras en entendant cette réponse. Il arqua un sourcil, puis l’autre. C’était osé d’arguer un tel discours en étant dirigeante d’une ville autorisant sciemment l’esclavage, où par essence, des individus étaient devenus propriétés d’autres individus, sacrifiant ainsi sur l’autel de la servitude toute chance de réussite. Ou alors, c’était une méconnaissance assez grave de son propre environnement.

En tous les cas, cela ne plaisait pas vraiment au Pater familias, qui s’empressa de le faire remarquer à la jeune femme :

“Si je comprends totalement le discours d’intention vis-à-vis du système méritocratique, madame la Bourgmestre … - Il hésita un instant, le temps de trouver le bon mot - N’oubliez pas qui sont les personnes qui composent Caladon. Vous avez bon nombre de personnes ambitieuses, certes … Mais d’autres sont là parce qu’ils y sont contraints et forcés, où alors parce que le ballottement des flots les a amené ici.”

Belethar tourna sa tête, dans un sens puis l’autre, et écouta poliment la suite du discours de la jeune femme dirigeante. Nul doute que celle-ci évoquait des réels problèmes, mais le Pater Familias trouva qu’elle manquait peut être un peu d’ambition. Conseil de Caladon ou pas, elle bénéficiait d’un mandat que chacun lui avait donné, aussi devait-elle peut-être trouvé son terrain de jeu, sa particularité à elle.

Avant qu’ils ne débattent des projets concrets, Belethar tint à la pousser en ce sens, gentiment mais sûrement :

“J’entends vos remarques Madame, et j’ai une question à vous poser, si vous me le permettez bien sûr. Qu’est-ce qui fait que vous avez été élue Bourgmestre ? Votre implication pour la province, votre argent, vos influences relationnelles … Peut être tout cela à la fois ?”

L’Architecte se frotta la barbe. Il était conscient que cette réflexion était peut être un peu un préjugé sur les sphères politiques caladoniennes, mais il savait d’expérience que tout ceci était de nombreuses fois bien vraies. Le népotisme, les pots-de-vins, et autres procédés politiques douteux étaient monnaies courantes dans cette ville. Il continua sa réflexion par la suite :

“Je ne pense cependant pas en vous écoutant que vous êtes pareil à vos semblables siégeant au Conseil.”

Déjà parce qu’elle était aux dernières nouvelles, une protégée d’Aldaron. Belethar le savait déjà très influent à l’époque quand ils n’avaient pas quitté Ambarhuna, et il était encore présent sur Tiamaranta. Il avait longtemps eu l’image “d’Ange Gardien” pour le Pater Familias. Celui-ci savait mieux que personne pour avoir suivi les enseignements de l’ancien Bourgmestre quelques temps qu’il ne choisissait pas ses protégés au hasard.

Mais au-delà de ce choix, Belethar sentait que Eleonnora semblait être une de ces personnes avec une aura et des vraies convictions. Elle était unique, aussi devait-elle peut-être plus en jouer.

“Pour quoi souhaitez-vous que les caladoniennes et caladoniens se souviennent de vous ?”

Il lui fit un petit sourire avant de reprendre :

“Là ne sont que des questions, Madame, mais je ne vous apprendrais pas que notre monde a connu des instants plus … monocordes, au sein de notre Histoire. Ce que je sous-entends, c’est qu’en tant que dirigeante de Caladon, vous avez la possibilité de l’écrire, cette Histoire.”

Belethar s’arrêta à ce moment là. Les mots étaient peut-être forts, mais le Pater Familias devait s’assurer qu’Eleonnora la suive bien. Il se pencha ensuite sur la grande maquette de la ville, et suivit la bourgmestre dans sa vision du projet. Il reprit par la suite :

“Mon sentiment, c’est que vos idées sont bonnes, mais que vous ne devriez pas vous contenter du peu, et du conventionnel.”

Il bougea ainsi certains éléments de la maquette avant de faire une proposition bien à lui. Caladon jouissait d’une topographie alléchante, aussi devait-elle susciter l’envie pour chacune des personnes venant à Calastin.

Il plaça ça et là quelques éléments en forme de villas, qu’il posa un peu à l’écart du centre-ville, en hauteur, avec une vue imprenable sur la mer. Caladon était une ville côtière, il eût été dommage de ne jamais se servir de cela autrement que pour le port. Belethar se frotta sa petite barbe, avant d’expliquer son choix :

“Là, vous trouverez vos habitations pour les plus riches.”

Suffisamment en hauteur pour signifier que quiconque s’investit à Caladon pouvait être sujet à une grande ascension sociale, et à la fois suffisamment en périphérie pour donner un peu d’espace, et ne pas oppresser les plus pauvres qui grouillaient dans le centre ville de Caladon, mais aussi dans le quartier extérieur de la ville.

Belethar se frotta les mains, et s’intéressa ensuite au Marché de Caladon. Il dégagea quelques éléments de l’espace public, imaginant ainsi de grandes routes passées à travers les portes donnant accès au fameux quartier intérieur de la ville. Il était la pièce maîtresse de la ville, et devait donner une image ouverte à celle-ci, pour que Caladon soit comme la bourgmestre l’avait si justement dis, accessible à tous.

Il organisa ainsi rapidement un dégagement des allées, et veilla à bien poser autour de ce quartier intérieur quelques grandes maisons, destinées aux différentes Corporations et Guildes Marchandes, que Eleonnora souhaitait mettre en valeur. Il s’arrêta un instant de bouger avant d’adresser un clin d’oeil à la Bourgmestre :

“Tous les chemins mènent à Caladon, Madame.”

Il sourit. Pour quiconque voulait faire du commerce, Caladon était un incontournable, personne ne lui arrivait à la cheville. Pour cela elle suscitait beaucoup d’envieux. Belethar lui rendait ainsi son désir d’accessibilité, et le magnifiait en faisant de grandes voies pavées menant directement au marché de Caladon.

Bien sûr il n’oublia pas la périphérie, et s’assura d’avoir des ruelles menant aux différentes résidences et autres quartiers annexes de la ville … Mais Belethar était intimement persuadé que tout se jouait au centre de la ville. Il inclua notamment dans ces quartiers annexes quelques espaces pour les différents desideratas de la Bourgmestre, notamment sur la construction des lieux de cultes, ou cette bibliothèque.

Après qu’il eut fini, Belethar s’étira un peu, et sollicita l’avis de la Bourgmestre :

“Vous m’avez convoqué pour une offre que je ne pourrais refuser. Là n’est qu’une proposition que je vous fais, mais vous devez vous assurer de capter l’attention de vos conseillers de la même façon que vous avez capté la mienne. Pour qu’ils ne vous refusent rien. Parce que vous seule avez le dernier mot sur ce qui se passe dans cette ville.”

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Élue Bourgmestre ce qu’elle devait défendre par dessus tout était l’absence de vérité unique. Un bon prétexte pour ne pas s’intéresser aux lois de la bonne morale.
L’esclavage était un des clivages qui attisait les passions désormais. À cette réflexion elle pensa que l’architecte s’entendrait bien avec Dame Falkire qui déchainait ses forces pour cette cause particulière. Eleonnora ne s’étant pas vue prendre une position tranchée sur le sujet aurait presque roulé des yeux aux paroles de son interlocuteur. Si l’on attendait d’elle qu’elle penche du côté des marchands d’esclaves tout cela s’avérait bien plus complexe. Si l’exploitation de vies était un commerce fiable qui faisait toujours ses preuves, il ne semblait bientôt plus d’actualité. Et il fallait se rendre à l’évidence, la jeune femme était censé incarner Caladon tourné vers l’avenir. Pourtant il faudrait trouver une solution économique pour reboucher la bulle économique, l’abcès comme certains diraient, indemniser les fidèles clients et leurs retours sur investissement qui seront réduit à néant…Si il était question de n’exclure personne, il fallait être minutieux.

Eleonnora percevait l’indifférence marquée de son interlocuteur face aux valeurs qu’elle exposait avec un certain enthousiasme. Comment ne pas être enflammé lorsque l’on mettait sous son jour le plus nu et exaltant les idées qui nous avaient menées là où nous étions? Il lui arrivait, face à un gérant de compagnie de se prendre dans un discours passionné, de tout extase, comme un phénomène élémentaire. Sans s’en rendre compte ils étaient soudain à dix pouces de l’oratrice. Sans le savoir ils s’avançaient vers la Bourgmestre, hypnotiquement attirés par une puissance plus forte que la curiosité. Pour sûr, elle devait beaucoup à son animal totem, qui, sans qu’elle s’en aperçoive prenait le contrôle de ses gestes. Ses spectateurs étaient alors emportés par le flot du discours, son jaillissement sans même en savoir quelle en était l’origine. Elle se plaisait à haranguer les foules avec éloquences, du haut de ses discours pleins d’espoirs propre aux politiciens; Lors de ses élections où la fureur de ces coeurs passionnés se déchaînait la manière des lions. Ils cherchent à se surpasser les uns, les autres en sauvagerie et en exaltation. Et au yeux du public, de la presse, tout est permis à leur description, tout est autorisé si ça ne faisait que pimenter les débats corruption, forfait, crime; Le tumulte effréné de tout ses instincts humains célèbre cette brulante orgie. Alors peut-être que cet homme trouvait la politique barbare et dépourvu d’âme mais en proposant ses avis fondés sur ses « notions » cartésiennes de bien et de mal il ne faisait qu’alimenter ces arènes, ces foires aux bêtes affamées.

Elle soupira face aux préjugés que sir Belethar s’obstinait à annoncer. « Quelle question… » Elle aurait pu s’irriter davantage mais elle se trouvait en bonne voix avec lui et ne voulait pas faire valdinguer d’un coup de main ces précieuses minutes de négociations. Puis comment s’énerver sur un homme qui la poussait avec conviction à flatter sa posture Bourgmestre? On avait souvent tendance à la réfréner dans ses excès et voilà que cet étrange personnage venait la pousser à revenir sur le devant de la scène. Elle appréciait cette audace. Elle s’adossa nonchalamment au bureau avant de lui offrir un léger sourire. « Il fallait bien que quelqu’un endosse le rôle et les responsabilités de mon prédécesseur disparu...Et, finalement, pourquoi pas moi? » Étant la fille adoptive du Bourgmestre précédant, tout était déjà joué d'avance. Mais elle n’allait pas s’étaler sur les travers du pouvoir non plus. Ce n’était pas parcequ’il avait attiré sa sympathie qu’il aurait le droit aux potins exclusifs de la Bourgmestre. « Voyez vous, c’est un peu comme lorsqu’on engage un architecte; Il se soucie à notre place des spécificités techniques…nous nous ressemblons beaucoup plus que vous ne le pensez. Nous allons répondre à une certaine demande, à des attentes, mais pour que cette oeuvre finisse par nous appartenir, du moins partiellement, il faut y laisser une touche d’audace. Car ,ce qui compte, ce n’est souvent que le résultat. » Imaginez un instant que l’économie de Caladon repose sur un réseau parallèle de contrebande que le gouvernement ne maîtrisait aucunement…Ce serait de la folie, n’est ce pas? Mais le peuple n’en saurait rien et les moutons seraient bien gardées.

À cette pensée elle ne pouvait que sourire devant la valeur que semblait attacher le Pater Familias au rôle de Bourgmestre. L’égérie dorée de Caladon. « Je ne souhaite que faire honneur à ma cité en me montrant aussi glorieuse qu’elle. » Car, avait-elle encore d’autre raison? À par cette soif, cette volonté de puissance irrationnelle qui mue les hommes. Un père mort, un autre disparu à la merci d’un autre peuple, un conseil gardant ses secrets loin de ses oreilles…Et dans sa tour de solitude, il ne lui restait que Caladon, qui était, on pouvait le dire maintenant, l’oeuvre de sa vie. Un beau bloc de marbre laissé à l’abandon par son ancien propriétaire et qui ne demandait qu’à être d’avantage poli. Elle espérait avoir trouvé la personne qui puisse l’accompagner justement dans cette entreprise si chère à son coeur.
La demoiselle regardait les mains dextres de l’architecte s’attarder sur la maquette. Elle ne pouvait contredire sa parole d’expert mais se savait déjà à l’affut, rien que pour le mettre à l’épreuve.

Elle entortilla une mèche brune autour de ses longs doigts. « Il est vrai que je n’avait pas pensé à des demeures à hauteur du port, le mouvement incessant et la croissance de ce dernier réfrénant les ardeurs de certains mais…ainsi » Elle posa un doigt sur la minuscule habitation exploitant un bord sauvage de la baie. « De cette manière nous pourront peut-être même justifier un renforcement des patrouilles d du port et de ses baies et ainsi prévenir la contrebande bien plus efficacement. » Elle hocha la tête d’un air satisfait. Les hauts quartiers pourraient très bien prendre l’assaut des terres côtoyant l’océan. Et il était vrai que limiter les quartiers des plus riches au centre ville devenait très problématique vue l’ascension des nouveaux riches qui s’arrachaient l’immobilier à prix d’or. Elle regarda alors s’enchaîner les mouvements de Sir Belethar une étincelle dans l’oeil. Il usait d’une magie toute particulière dont il était le seul maitre et qui émerveillait bien des yeux. La Bourgmestre prise au jeu, ne pouvait que se laisser emporter dans ses manipulations digne de la réputation qu'on lui louait.


« J'ai pratiquement l'impression que les rôles viennent de s'échanger. Je ne m'attendais pas à de la retenue de la part du Pater Familias mais ce que vous me proposez là m'impressionPas besoin de me dire que vous avez accepté, je lit dans votre regard que vous êtes déjà intéressé. Caladon ne vous décevra pas, je vous en donne ma parole. » Elle lui agrippa la main sans autre forme de procès, comme si elle n'était pas prête de le lâcher.

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