“Une offre que vous ne pourrez refuser”
Voilà un certain temps que Belethar relisait l’échange de missives qu’il avait eu avec la nouvelle bourgmestre de Caladon.
Eleonnora Ostiz. Evidemment, son nom ne lui disait rien qui allait dans le sens d’une personnalité qui devait être tout à fait magnanime et juste avec sa population. Et pour cause, la noblesse et les gens riches d’une façon générale avait toujours constitué un petit monde sur Ambarhuna comme sur Tiamaranta.
Quand on était un minimum impliqué dans la vie de sa communauté, on se rendait vite compte que certains noms tournaient et revenaient : les Ostiz étaient de ceux-ci. Son père était bien connu, pour de mauvaises raisons principalement, car il était un inspecteur des impôts.
Alors dans le principe, les Espérancieux n’avait aucun mal avec ce genre d’individus : après tout, eux mêmes faisaient leurs travails, et comme ils collectaient en quelque sorte une partie de leurs salaires quand les membres de la famille travaillaient pour des cités, et autres états régaliens, ils n’avaient jamais trop lésiné à payer leur dû.
Mais là c’était … Différent. Des rumeurs de malversation, corruption et autres affaires d’utilisations de fonds publics à des fins personnels avaient entourés la famille, et principalement le père de Eleonnora, depuis toujours, ce qui il est vrai, n’était pas un contexte très engageant pour faire des affaires avec quelqu’un.
Mais Belethar, en grand idéaliste qu’il était, avait envie d’y croire. Voilà plusieurs fois qu’il relisait ces maudites lettres que la jeune femme lui avait envoyé, et il n’y voyait présentement rien de particulièrement choquant.
Evidemment, on l’avait prévenu sur la personnalité de cette personne, Tomhar, Alexandhar et Ilhan les premiers … Mais, mais, mais plusieurs choses. D’abord c’était la nouvelle Bourgmestre de Caladon, et chacun des Espérancieux savait à quelle point cette position était importante car elle impliquait de diriger la ville qui centralisait toutes les affaires de Calastin, et même au-delà. Se fâcher avec l’administration de la ville, et c’était se garantir de voir les autorisations de rentrer dans la ville partir en fumée, ou tout du moins d’avoir des bâtons dans les roues jusqu’à n’en plus finir.
Le caladonien moyen était adepte de ce genre de petits coups bas, Belethar le savait suffisamment pour y avoir vécu pendant jusqu’à encore tout récemment.
Au delà de ces raisons d’influence cependant, le Pater Familias avait d’autres raisons de penser que, peut-être, cette jeune femme n’était pas si terrible qu’on le disait.
D’abord, si elle avait atterri à cette place à ce jour, c’est qu’elle devait forcément bien s’entendre avec Aldaron, un autre personnage sulfureux avec qui l’Enwr s’était lié d'amitié pendant ses jeunes années … Leurs routes s’étaient séparées, mais Belethar ne niait pas que l’elfe avait eu un rôle majeur dans la construction de sa vie, car s’il n’était pas apparu à ce moment précis où il était un peu perdu, il n’aurait sûrement pas embrassé ses fonctions de Pater Familias avec la même assurance qu’il le faisait aujourd’hui.
Bien évidemment, cela n’avait pas échappé à Belethar que l’elfe était devenu Bourgmestre de Caladon, et donc que cette dite Eleonnora devait vraisemblablement entretenir de bons rapports avec lui pour lui succéder dans son mandat.
Secondement, il n’avait évidemment pas manqué les histoires faisant la réputation de cette jeune femme, et parmi elles ce sacrifice qui lui avait coûté (littéralement) un bras, lors de la guerre contre les chimères. De cela, Belethar savait que peu de personnes, et surtout peu de caladoniens, auraient osé jusqu’à là pour défendre leur patrie.
Belethar, sur son cheval, touchait enfin au but : La Revenante, qu’il connaissait bien s’étendait sur une grande partie de la côte sud de Calastin. Une cité encore en construction à bien des endroits, mais dont on voyait déjà les maisons et autre palais poussés comme des champignons au milieu d’une forêt. Maisons et palais qu’il avait aidé à construire.
L’Enwr soupira. Qu’on le veuille ou non, l’histoire des Espérancieux faisait aussi grandement partie de cette ville au climat social si particulier. Prendre la décision de déménager avait été très dure, mais Belethar ne se sentait pas de rester plus longtemps dans une ville si en proie à la petite politique et aux complots. Pas avec sa position de Cawr en devenir. Ils avaient du tout recommencer en Ipsë Rosea : se refaire des amis, des relations, reconstruire un palais …
Il relisait encore une fois les derniers mots que la Bourgmestre lui avait envoyé :
“Une offre que vous ne pourrez refuser”
Ces derniers mots l’obsédaient car la plupart du temps quand il recevait ce genre de missives, c’est qu’il devait s’attendre à un projet fantaisiste, où à une idée fumante. Mais le client était Roi, et comme il l’avait déjà souligné plusieurs fois à sa famille : on ne boudait pas la Bourgmestre de Caladon.
Il soupira, reprenant l’encolure de son cheval et en faisant en sorte qu’il ralentit : le trafic dans les alentours n’avait pas changé : les rues et routes étaient toujours bondés de marchands espérant faire fortune à la Revenante …
Belethar s’autorisa une petite balade dans les rues de Caladon avant de se rendre dans le quartier intérieur où se trouvait le Palais de la Bourgmestre, comme toujours quand il se rendait dans les villes de l’Alliance, il constatait l’évolution des chantiers, et en l'occurrence là, il serra la main à quelques connaissances caladoniennes qui avaient fait le choix de rester dans la Revenante.
Des maîtres d’oeuvres, comme certains ouvriers qui avaient travaillé pour la famille depuis un certain temps, Belethar n’oublia personne qui l’alpaguait pour discuter quelques minutes. Ne jamais négliger le contact social, c’était la clé pour assurer une bonne entente entre les peuples. Se disait-il toujours dans sa tête.
Evidemment, il eut droit à quelques têtes qui le dévisageait : sans doute que certaines personnes, voir certains concurrents dans le commerce, n’attendait pas à revoir venir l’Espérancieux sur ses anciennes terres.
Mais les affaires étaient les affaires.
Après cette petite balade, il atteignit enfin le Palais de la Bourgmestre. Evidemment, celui-ci était lourdement protégé par des gardes patrouillant ça et là. Il alpagua deux d’entre eux qui passèrent devant lui, les salua poliment, avant de dire :
“Messieurs bonjour, j’espère que le travail n’est pas trop dur ces jours-ci. Sauriez-vous me dire si la Bourgmestre est ici ? J’ai été convoqué pour un entretien avec elle, concernant un projet d’architecture”
Alliant gestes et paroles, il tendit la lettre de convocation écrite de la main de la Bourgmestre.
Belethar attendant une réponse, ironisa un peu sur son sort : tant d’appréhension avant un rendez-vous alors que de très nombreuses personnes dans cette ville se damneraient certainement pour avoir une entrevue avec cette personne … Un comique situationnel, qui lui arracha son premier sourire de la journée.
Tout allait bien se passer.
Voilà un certain temps que Belethar relisait l’échange de missives qu’il avait eu avec la nouvelle bourgmestre de Caladon.
Eleonnora Ostiz. Evidemment, son nom ne lui disait rien qui allait dans le sens d’une personnalité qui devait être tout à fait magnanime et juste avec sa population. Et pour cause, la noblesse et les gens riches d’une façon générale avait toujours constitué un petit monde sur Ambarhuna comme sur Tiamaranta.
Quand on était un minimum impliqué dans la vie de sa communauté, on se rendait vite compte que certains noms tournaient et revenaient : les Ostiz étaient de ceux-ci. Son père était bien connu, pour de mauvaises raisons principalement, car il était un inspecteur des impôts.
Alors dans le principe, les Espérancieux n’avait aucun mal avec ce genre d’individus : après tout, eux mêmes faisaient leurs travails, et comme ils collectaient en quelque sorte une partie de leurs salaires quand les membres de la famille travaillaient pour des cités, et autres états régaliens, ils n’avaient jamais trop lésiné à payer leur dû.
Mais là c’était … Différent. Des rumeurs de malversation, corruption et autres affaires d’utilisations de fonds publics à des fins personnels avaient entourés la famille, et principalement le père de Eleonnora, depuis toujours, ce qui il est vrai, n’était pas un contexte très engageant pour faire des affaires avec quelqu’un.
Mais Belethar, en grand idéaliste qu’il était, avait envie d’y croire. Voilà plusieurs fois qu’il relisait ces maudites lettres que la jeune femme lui avait envoyé, et il n’y voyait présentement rien de particulièrement choquant.
Evidemment, on l’avait prévenu sur la personnalité de cette personne, Tomhar, Alexandhar et Ilhan les premiers … Mais, mais, mais plusieurs choses. D’abord c’était la nouvelle Bourgmestre de Caladon, et chacun des Espérancieux savait à quelle point cette position était importante car elle impliquait de diriger la ville qui centralisait toutes les affaires de Calastin, et même au-delà. Se fâcher avec l’administration de la ville, et c’était se garantir de voir les autorisations de rentrer dans la ville partir en fumée, ou tout du moins d’avoir des bâtons dans les roues jusqu’à n’en plus finir.
Le caladonien moyen était adepte de ce genre de petits coups bas, Belethar le savait suffisamment pour y avoir vécu pendant jusqu’à encore tout récemment.
Au delà de ces raisons d’influence cependant, le Pater Familias avait d’autres raisons de penser que, peut-être, cette jeune femme n’était pas si terrible qu’on le disait.
D’abord, si elle avait atterri à cette place à ce jour, c’est qu’elle devait forcément bien s’entendre avec Aldaron, un autre personnage sulfureux avec qui l’Enwr s’était lié d'amitié pendant ses jeunes années … Leurs routes s’étaient séparées, mais Belethar ne niait pas que l’elfe avait eu un rôle majeur dans la construction de sa vie, car s’il n’était pas apparu à ce moment précis où il était un peu perdu, il n’aurait sûrement pas embrassé ses fonctions de Pater Familias avec la même assurance qu’il le faisait aujourd’hui.
Bien évidemment, cela n’avait pas échappé à Belethar que l’elfe était devenu Bourgmestre de Caladon, et donc que cette dite Eleonnora devait vraisemblablement entretenir de bons rapports avec lui pour lui succéder dans son mandat.
Secondement, il n’avait évidemment pas manqué les histoires faisant la réputation de cette jeune femme, et parmi elles ce sacrifice qui lui avait coûté (littéralement) un bras, lors de la guerre contre les chimères. De cela, Belethar savait que peu de personnes, et surtout peu de caladoniens, auraient osé jusqu’à là pour défendre leur patrie.
Belethar, sur son cheval, touchait enfin au but : La Revenante, qu’il connaissait bien s’étendait sur une grande partie de la côte sud de Calastin. Une cité encore en construction à bien des endroits, mais dont on voyait déjà les maisons et autre palais poussés comme des champignons au milieu d’une forêt. Maisons et palais qu’il avait aidé à construire.
L’Enwr soupira. Qu’on le veuille ou non, l’histoire des Espérancieux faisait aussi grandement partie de cette ville au climat social si particulier. Prendre la décision de déménager avait été très dure, mais Belethar ne se sentait pas de rester plus longtemps dans une ville si en proie à la petite politique et aux complots. Pas avec sa position de Cawr en devenir. Ils avaient du tout recommencer en Ipsë Rosea : se refaire des amis, des relations, reconstruire un palais …
Il relisait encore une fois les derniers mots que la Bourgmestre lui avait envoyé :
“Une offre que vous ne pourrez refuser”
Ces derniers mots l’obsédaient car la plupart du temps quand il recevait ce genre de missives, c’est qu’il devait s’attendre à un projet fantaisiste, où à une idée fumante. Mais le client était Roi, et comme il l’avait déjà souligné plusieurs fois à sa famille : on ne boudait pas la Bourgmestre de Caladon.
Il soupira, reprenant l’encolure de son cheval et en faisant en sorte qu’il ralentit : le trafic dans les alentours n’avait pas changé : les rues et routes étaient toujours bondés de marchands espérant faire fortune à la Revenante …
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Belethar s’autorisa une petite balade dans les rues de Caladon avant de se rendre dans le quartier intérieur où se trouvait le Palais de la Bourgmestre, comme toujours quand il se rendait dans les villes de l’Alliance, il constatait l’évolution des chantiers, et en l'occurrence là, il serra la main à quelques connaissances caladoniennes qui avaient fait le choix de rester dans la Revenante.
Des maîtres d’oeuvres, comme certains ouvriers qui avaient travaillé pour la famille depuis un certain temps, Belethar n’oublia personne qui l’alpaguait pour discuter quelques minutes. Ne jamais négliger le contact social, c’était la clé pour assurer une bonne entente entre les peuples. Se disait-il toujours dans sa tête.
Evidemment, il eut droit à quelques têtes qui le dévisageait : sans doute que certaines personnes, voir certains concurrents dans le commerce, n’attendait pas à revoir venir l’Espérancieux sur ses anciennes terres.
Mais les affaires étaient les affaires.
Après cette petite balade, il atteignit enfin le Palais de la Bourgmestre. Evidemment, celui-ci était lourdement protégé par des gardes patrouillant ça et là. Il alpagua deux d’entre eux qui passèrent devant lui, les salua poliment, avant de dire :
“Messieurs bonjour, j’espère que le travail n’est pas trop dur ces jours-ci. Sauriez-vous me dire si la Bourgmestre est ici ? J’ai été convoqué pour un entretien avec elle, concernant un projet d’architecture”
Alliant gestes et paroles, il tendit la lettre de convocation écrite de la main de la Bourgmestre.
Belethar attendant une réponse, ironisa un peu sur son sort : tant d’appréhension avant un rendez-vous alors que de très nombreuses personnes dans cette ville se damneraient certainement pour avoir une entrevue avec cette personne … Un comique situationnel, qui lui arracha son premier sourire de la journée.
Tout allait bien se passer.