20 Octobre 1763
Bananeraie de la Légion
-Allez Balaaditya, encore un peu ! Tu y es presque !
Un sourire attendri, Jangali observait avec attention les progrès de son graärhon en matière d’escalade. Les bananiers étaient relativements simples à grimper avec leurs griffes, aussi, il a avait profité de l’occasion pour envoyer son petit monstre aller chercher des grappes de bananes bien juteuses. Situé aux abords de limon d’une oasis, les arbustes y étaient abondants et s'étalaient tout autour de l’étang que formait la source de vie, au grand bonheur des Kisaan de la Légion. Les plus proches de la rive, étaient les plus prospères et avaient tendances à s'appesantir de tous leurs fruits, penchant vers la surface en une courbe grotesque mais néanmoins utile pour aller les cueillir. Cette dangereuse inclinaison pouvait être fatale en cas de chute, entraînement irrémédiablement un plongeon dans l’étendue de liquide qu’on appelait “eau”. Entre se baigner et les bananes, voilà à quoi se confrontait Baaladitya aujourd’hui, sous la supervision de son père Gerridae. Les pattes glissant avec aisance sur la surface, il assurait le petit tigré. Un délicieux repas sucré attendaient les deux chasseurs-cueilleurs au terme de cette partie de graärh perché. Sans surprise, le jeune soleil était tombé fou amoureux de la cuisine de son père et n’hésitait pas une seconde à l’aider à chercher les ingrédients pour l’art de la Vache.
C’est alors qu’il tendait la patte pour se saisir des bananes, après moults tirage de langue de concentration, que choisit le volatile pour se poser. Si Jangali avait remarqué les cercles que formait l’ombre de l’oiseau, il ne s’était pas inquiété outre mesure. Sa connaissance des bêtes de la savane lui avait assuré qu’il ne s’agissait pas d’un danger pour Balaaditya. Mieux, maintenant que l’oiseau s’était posé, et qu’il dardait ses grands yeux sur le graärhon soudain intéressé par cette proie plus attrayante, le chasseur avait pu reconnaître l’identité de leur nouveau compagnon. Le plumage caractéristique d’une chouette, et en particulier cette chouette ne pouvait être que la Tribyoon Leksa. Mais cela, l’apprenti chasseur ne le savait pas. Et n’écoutant que l’instinct profond et ancestrale des graärh, il s'aplatit, dilatant ses pupilles en deux orbes noires et … tomba de l’arbre en feulant de surprise quand la chouette esquiva élégamment l’attaque. Diaboliquement hilare, Jangali n’eût aucun mal à empêcher l’infortuné de tomber la tête la première dans la flotte. Poussant des ronronnements de frustration, il finit par regarder la chouette avec un air mécontent mais terriblement adorable.
-Et bien bonjour Marche-Flamme ! Je suis content de voir que tu es toujours prompt à apprendre à tes cadets les joies de la défaite !
A présent habitué à son statut de Nayaak, il pouvait à présent s’adresser avec familiarité aux autres graärh sans gêne. De toute façon, cela changeait peu de choses. Tout le monde le connaissait et savait qu’il était un original et sympathique, tant qu’on ne critiquait pas sa cuisine.
-Quel bon vent gonfle tes ailes aujourd’hui, à part effrayer ma progéniture ?
Tout en écoutant la jeune Tribyoon, il entreprit de se diriger vers la terre ferme, pour y déposer Baaladitya près de leur campement, où le feu était déjà en train de flamber.