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6 Octobre 1763

-Et ça c'est un saule. Il ne donne pas de fruits mais son écorce peut être utilisée pour soigner les maux de têtes. Il faut néanmoins ajouter du sucre ou du miel, ça a tendances à faire mal au ventre.

La petite tête orange se fendit d'un adorable "Oooooh ! avant de retourner explorer le jardin baptistral. Jangali sourit en regardant son graärhon plein de vie gambader entre les nombreuses espèces que cultivaient les maîtres chanteurs, avant de regarder maussadement sa Promesse. Les oreilles couchées, la queue inerte sur le sol comme une chaussette de sans-poil, son esprit était occupé et il arborait un air sérieux qu'on ne lui connaissait pas.

Cet air si préoccupé, avait commencé à Paadshail et avait empiré à mesure qu'il s'était rapproché du Domaine. Il s'était réveillé auprès de Purnendu, le coeur battant à tout va, mu par un sentiment inexplicable et angoissant. "Quelque chose" l'avait appelé, de la même manière qu'il avait été appelé à rencontrer le Sslengar. Il se souvenait encore de ce rêve, où il voyait son île, floue, lointaine, brillante sous les constellations des Esprits. Une voix, familière mais si distante, avait crié son nom. Une seule et unique fois, faisant trembler son âme.
Le Gourmet n'était pas facilement impressionnable, à part sa peur déraisonnée des profondeurs, mais cette fois là, la sueur qui perlait le long de son dos le perturba. Depuis ce jour, il restait préoccupé et avait décidé d'écourter son séjour à Paadshail, en emmenant Balaaditya avec lui. Il ne savait pas pourquoi, mais il sentait qu'il devait se rendre au plus tôt sur Néthéril. Il était persuadé que c'était une intuition des Esprits. Avait-ce un lien avec Rog ? Non, ça ne faisait aucun sens, le Prune avait rejoint l'autre Couronne, et retourner sur Néthéril si tôt n'avait aucun avantage. Non, il pressentait que cela quelque chose à voir avec lui personnellement. Les signes de la bataille contre le Fléau Séculaire auraient des signes bien plus annonciateurs et évidents, comme ce fut le cas avec les Chimères…

Heureusement, bien que soucieux de découvrir les tenant et aboutissants de ce ressenti, le père et l'enfant avaient pu chacun s'apprivoiser. La passation de la garde était toujours un exercice particulier, quand les graärhons quittait les mamelles de leur mère pour apprendre de leur père. Or, dans leur cas, cette différenciation sexuelle n'avait pas eut lieu et Balaaditya avait d'abord été réfractaire, avant de se laisser aller à une curiosité que Jangali avait eut plaisir à retrouver chez son fils, non sans lui rappeler Kvanh. Ainsi, durant toute la traversée, le Gourmet avait narré son histoire, ses déboires et ses aspirations, captivant le jeune soleil au point d'en faire son fan numéro un. Habituellement, c'était Jangali motivait son entourage avec son optimisme simplet et sa bonne humeur contagieuse, mais il ne s'était pas attendu à découvrir cette facette, amplifiée, chez sa descendance.

Et heureusement que Baaladitya avait ce "don", car Jangali avait manqué de tomber du dos du Sslengar quand, une fois posé sabots sur sa terre natale, un Geai lui avait appris la mésaventure de son Frère-Lié. Depuis un moment déjà, il était au courant de la condition de l'Althaïen, qui n'était pas au meilleur de sa forme. Aussi, ni une ni deux, il avait pressé l'enfant du Kirin de l'emmener au Domaine et était arrivé peu de temps avant son ami. Et comme il s'y était attendu, il avait dû faire face à l'angoissante attente, le temps qu'Ilhan reprenne des forces et ne se repose.
Le Gourmet et son turbulent enfant avaient alors chercher à aider les Baptistels de quelque moyens possible. C'était également là une bonne occasion d'introduire la langue Commune à Baaladitya.

-Jangali ? Messire Avente est réveillé, il est en état de vous recevoir, l'interpella posément un serviteur, le tirant de ses pensés tumultueuses.

Se redressant, et ses oreilles dans un même mouvement, il bondit sur ses pieds et héla le petit monstre en train de jouer à chasser un scarabée, au grand dam de l'Enwr jardinant non loin de là. Ensemble, il montèrent jusqu'à la chambre de l'infortuné.
À peine eut-il passé l'encadrement qu'il remarqua son état effroyable. En quelque enjambés, il couvrit la distance qui les séparait avant de prendre Ilhan dans ses bras et de ronronner comme si des siècles les séparaient depuis que Jangali l'avait quitté. Il savait Ilhan peu prompt à ces démonstrations d'affection, mais sur le moment, il n'y fit pas attention. Manquant de l'étouffer,  il se recula un peu et s'assit sur le bord du lit, tout en se délestant de ses affaires sur le sol. Balaaditya regardait la scène avec un mélange entre curiosité, perplexité et envie. Le chasseur lui avait beaucoup parlé du petit humain qu'ils allaient voir. Le graärhon avait compris que l'humain comptait beaucoups et faisait parti du clan de son géniteur.

-Oh Ilhan, je suis tellement désolé de ne pas pu avoir été là plus tôt. Entre mes recherches de la Couronne restante, et mon devoir sacré, je n'ai pas pu être là pour t'aider…

Il s'en voulait énormément. Il n'avait cessé de ressasser cette idée. Il avait beau se dire qu'il ne pouvait pas être partout à la fois, la culpabilité d'avoir eu peut-être la mort de son frère-lié sur la conscience lui pesait.

-Mais je suis là maintenant, et je vais t'aider à aller mieux tu verras. Les Baptistrels ont refusé que je te prépare des plats pour te remettre sur pieds, comme quoi tu avais besoin de repos et pas de kilos, mais j'ai quand même prévu le coup !

Se disant, il plongea la main dans son sac et en ressortit un paquet. Il le déposa sur les genoux du Dauphin et le laissa en humer les douces fragrances sucrés pendant qu'il invitait Balaaditya à grimper sur le lit. N'était pas encore né celui qui empêcherait le Gourmet de nourrir sa tribu !

-Ilhan, je te présente Balaaditya. Il ne parle pas encore le Commun mais je suis sûr que tu comprendras ce qu'il veut te dire. Et puis ça ne devrait pas prendre beaucoup de temps, Purnendu semble avoir transmis son intelligence aux petits.

Les enfants avaient les émotions les plus pures après tout. Chasser, manger, dormir, câliner.

-Bon alors racontes-moi tout. Comment as-tu fais pour te mettre dans un pétrin pareil ?! Et pas question que tu te retiennes. Je suis ton Bhae Bandhee, ne l'oublis pas.

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Dire qu’il était éprouvé était une belle litote. Il était arrivé le matin-même et peinait à se lever. Le voyage avait été plus qu’éprouvant et il avait dû puiser dans le peu de force qu’il avait pour continuer malgré tout. C’était par sa volonté plus que par sa réelle endurance qu’il avait réussi à tenir jusque-là et à ne pas s’écrouler comme une larve. Il était déjà de nature faible physiquement, mais la maladie aggravait cet état de fait. Il avait été alors plus que surpris de n’avoir pas été déconsidéré par les Graärh pour cette faiblesse évidente. Peut-être parce qu’ils avaient eu conscience que la maladie le rongeait et que pour autant il luttait pour ne pas s’effondrer ? Peut-êtrre, l’espérait-il secrètement dans un coin de son esprit, que cette forte volonté compensait un peu, dans leurs esprits farouches où la loi du plus fort prédominait, sa faiblesse pathétique. Et puis il était un conseiller sans poils. Cela devait aussi peser dans la balance. En bien comme en mal.

Toujours était-il, qu’il se sentait vidé de toute force. Arrivé au Domaine, on l’avait rapidement installé dans un petit cocon bien chaud et bien confortable et on l’avait enjoint à se reposer sans autre forme de procès. Interdiction formelle de sortir sans être accompagné. Et pour une des rares fois de sa vie, il avait sagement écouté ce conseil et s’était laissé draper dans les bras du sommeil, emporté dans des songes étranges et déroutants, décousus et incongrus. Alors que le soleil était à son zénith, on l’avait doucement réveillé pour lui faire boire quelques décoctions et lu faire avaler une bouillie concoctée exprès pour lui. Il s’était laissé faire, peinant à se maintenir assis sans aide.

Puis on lui avait annoncé que quelqu’un voulait le voir. Son Bhae Bandhee était au Domaine, il avait appris ses mésaventures et réclamait à le voir. Les baptistrels avaient refusé dans un premier temps, demandant d’attendre qu’il soit réveillé. Si Ilhan fut touché de tant d’attention, il n’en montra rien, laissant seulement filtrer un léger sourire mélancolique. Quand il voyait la vie ici, il ne pouvait s’empêcher de se demander, et ce, pas pour la première fois, pourquoi il n’était pas resté au Domaine auprès de Maitre Kehlvelan. Certes, il avait eu vaguement conscience antan qu’il n’aurait jamais pu atteindre le statut de Cawr, et son ambition alors outrageuse ne pouvait se contenter de rester Ewr toute sa vie. Ca, et son dépitement quant à certaines réactions et attitudes des habitants du Domaine. Il avait toujours eu cette volonté de prendre place dans les jeux du monde, et il avait rapidement compris qu’au Domaine, il n’y parviendrait pas. Pas réellement. La vision parfois trop étriquée, tout de noir ou de blanc, de certains Ewrs ou même Cawrs, éprouvait trop sa patience pour qu’il parvienne à rester en ces terres de paix. Même si son amour de la connaissance et de la tranquillité lui en avaient un jour soufflé l’idée.

Mais en cet instant, cette question lui revenait avec force. S’il avait su museler son ambition, s’il avait su forger sa patience pour ne plus s’outrager de cet écart de pensée, s’il avait su forger une certaine humilité et s’il était resté aux côtés de Maitre Kehlvelan, tout ceci ne se serait sans doute pas passé, n’est-il pas ? Mais les "si" ne remodelait pas le monde pour autant. Ainsi étaient les choses, et il lui était inutile maintenant de nourrir rancoeur et regret quant au passé. Cela ne l’aiderait en rien à avancer… Même si dans son cas, l’avancée serait de bien courte durée.

Il chassa donc ces funestes pensées et revint à l’annonce qu’on lui avait faite. Son Bhae Bandhee voulait le voir. D’un signe de tête, il accepta donc de le recevoir. Peut-être serait-ce la dernière fois qu’ils se verraient tous deux. On l’installa alors à demi-assis dans son lit, un tapis de coussins soutenant son dos et le drap fin recouvrant son corps jusqu’à mi-torse, alors qu’il n’était vêtu que d’une simple tunique blanche et d’un pantalon souple et évasé de même couleur.

Il n’eut guère longtemps à attendre pour voir la tête du Graärh dépasser les tentures de l’entrée. Aussitôt il fut assailli par une franche accolade et des touffes de poils rèches. Il manqua étouffer et ne put que tapoter doucement le dos de son ami pour lui faire comprendre qu’il allait suffoquer à ce rythme-là. Sans compter la douleur que cela ravivait quelque peu.

Quand Jangali lui présenta le petit Graärhon, alors monté sur son lit, Ilhan sourit légèrement et offrit un hochement de tête au jeune Graärh. Il ne pouvait ronronner pour le saluer, et espérait que le petit comprendrait leur différence et ne s’en offusquerait pas, qu’il parviendrait à lire ses signaux corporels malgré leur différence.

Pas aidé ? Ilhan se tourna vers son ami à ses mots et sourit doucement. S’il savait que sa vache et son lièvre l’avaient aidé à survivre dans les marais… Mais Ilhan ne put en dire mot sur l’instant, tant le Graärh était parti sur sa lancée. Il le laissa donc continuer, sans l’interrompre. Il observa le petit paquet que Jangali lui déposa et son sourire s’agrandit encore. Nul doute que le Graärh y avait mis beaucoup de volonté et tous ces dons inestimés de fin gourmet. Mais… Ilhan savait d’ores et déjà qu’il ne pourrait en avaler ne serait-ce qu’une bouchée. Il en serait incapable, bien que les douces effluves savoureuses lui en donnait l’envie, son foie ne pourrait le tolérer…

Son sourire se ternit toutefois bien vite quand son Bhae Bandhee lui demanda de tout lui raconter. Il n’avait aucune envie de parler de tout cela. Il n’avait qu’un souhait en cet instant : tout oublier, tout ensevelir dans les limbes de son esprit. Ne plus penser à ces moments funestes, mais se focaliser sur les instants joyeux de sa vie, sur ces petites lumières qui avaient su chasser les ténèbres ayant cherché à l’engloutir, antan. Mais comment expliquer cela au Graärh sans l’offusquer ?

Ainsi, quand vint le moment de prendre la parole, Ilhan ne répondit pas de suite à toutes ces questions. Il se tourna vers le jeune Graärh et lui accorda toute son attention.

C’est un honneur de te rencontrer, Balaaditya, fit-il en langage Graärh.

Il manquait tous les signaux corporels, les mouvements d’oreilles, les ronronnements… Tous ces mouvements qui complétaient leur vocabulaire en une langue riche et complète. Mais le père disait le jeune Graärh intelligent, sans doute comprendrait-il qu’il n’avait pas les attributs pour ce langage du corps.

Il reprit ensuite en langage commun.

J’aurais aimé pouvoir partager avec toi bien des moments. Mais mes jours sont peut-être comptés.

Il se tourna alors vers Jangali, et doucement lui retendit son paquet.

C’est un honneur Bhae Bandhee que tu m’aies préparé cela. Mais je suis navré, je serai incapable de le manger. Si les baptistrels t’ont dit cela, ce n’est pas seulement pour des consignes médicales, c’est parce que je peine à avaler, et surtout garder, quoique ce soit.

Il posa le petit paquet sur une table non loin, et attrapa une patte du Graärh, prenant soin de ne pas se blesser sur les lames acérées de ses griffes.

Je vais peut-être mourir. Je pense que tu l’avais compris. Mon heure est peut-être venue. Demain, un homme tentera une intervention, une chirurgie, pour tenter de sauver mon foie qui est touché. Mais rien n’est gagné. Nous devons, tu dois, te préparer, à ce que je ne sois bientôt plus.

Il s’humecta les lèvres, peu enclin à continuer, mais finalement se décida. Il pouvait bien concéder cela à son ami Graärh. Même si cela lui coûtait personnellement.

Quant à comment j’ai fait pour me mettre dans ce pétrin… Tout a commencé lors de mon séjour diplomatique à Sélénia. Notre navire délimarien était en partance de Sélénia pour rentrer à Delimar, quand je me suis fait… ravir par un pirate.

Il raconta alors dans les grandes lignes ce qui lui était arrivé. Nayan, son accueil courtois, même si son premier repas, empreint de cannibalisme, lui avait laissé des relents aigres… son séjour sur le bateau du fourbe mais galant pirate, qui avait pourvu à tous ses besoins, tout en raffinerie et subtilité. Son entrevue avec le roi des pirates, dont il tut certains aspects, en coulant un regard vers le Graärhon. Certes ce dernier ne comprenait sans doute pas la langue commune, mais dans le doute… Un enfant ne devrait jamais entendre de telles choses. Ilhan raconta ensuite que des pirates l’avaient relâché sur une plage de Néthéril, sans entrer non plus dans les détails à ce sujet, puis conta son séjour dans les marais : comment il avait usé de la Vache et du Lièvre pour trouver chemin et de quoi compléter les rations qu’on lui avait été données, comment il avait usé d’un simple bâton pour l’aider. Et ce disant, il indiqua d’un geste ledit bâton non loin de lui, qu’il avait demandé de faire sculpter à l’effigie des Huit.

Son récit fut à la fois long, s’il escomptait la fatigue que cela lui coûta, et court, comparé au séjour et aux épreuves vécues. Mais, bien rapidement son flot de parole se tarit, et un simple sourire sans joie orna son visage quand il sonda le Graärh de ses orbes sombres.

Et toi, qu’as-tu à me conter ?

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Oui... Jangali savait. Il l'avait su au moment même où il était entré dans la chambre. Mais même s'il avait senti les effluves maladives de son ami, il avait espéré qu'Ilhan le démentirait et lui annoncerait que son sort était tout autre. Il accueillit donc la vérité avec douleur, ses oreilles se couchant, presque à rentrer dans son crâne.
Il récupéra les douceurs avec gravité... Pour le Gourmet, cela voulait dire beaucoup. L'appétit avait toujours été un indicateur de santé après tout.

Malgré tout, Jangali ne se laissa pas démonter pour autant. Ce n'était pas dans sa nature de se morfondre et il répondit au contact de son frère-sans-fourrure avec chaleur. Il était là, maintenant, pour lui. Il était aussi important que Balaaditya aprenne que tous les sans-poils n'étaient pas mauvais. Il avait d'ailleurs pu assisté aux efforts du Dauphin pour parler dans leur langue si particulière et ne pus s'empêcher de saluer l'effort.

Puis enfin... Il écouta. Il écouta et c'est un maelstrom d'émotions qui le submergea. La stupeur (pendant laquelle Balaaditya en profita pour voler les douceurs à son père), l'angoisse, puis enfin la colère. S'il s'était douté qu'Ilhan avait traversé de dures épreuves, il n'en n'avait jamais imaginé la gravité. Par les cornes de Vache, comment pareilles misères pouvaient échoir à un être aussi gentil que lui ? La réponse était pourtant évidente : les pirates. Tout était de leur faute. Un instant, Jangali regrettait de s'être déjà engagé dans la quête que les Esprits lui avaient confié, car il n'avait qu'une envie : rejoindre les rangs de la Légion pour la grande bataille à venir. Il était à deux griffes de tout balancer pour tourner sa lame vers les Ashuddh quand il capta le regard de Balaaditya... Non, il savait qu'il avait promis de soutenir Aaleeshaan Tryghild dans ses projets, et il comptait toujours respecter cette promesse... mais pas tant que la menace des Couronnes planerait sur eux, sur l'Archipel, sur les graärhons de la prochaine génération. Inconsciemment, il toucha du bout de la griffe la Promesse qui enserrait son poignet, suivant les contours du Dauphin... Il n'aurait pas été sage de céder à la tentation quand il avait d'autre priorités. Tout de même… le chasseur se sentait quelque peu coupable. C'était comme si…. comme si toute sa chance s'était quelque peu répercuté en malchance du côté de son Bhae Bandhee… C'était idiot comme pensée, mais le raccourci était bien trop facile, surtout pour son esprit prompt aux raisonnements faciles. D'un autre côté, Ilhan avait consenti à lui raconter ses mésaventures, presque sans filtres, en toute honnêteté, comme un graärh. Le Gourmet lui devait bien cela. Peut-être qu'au final, entendre de bonne nouvelles lui mettrait du baume au cœur ? Inspirant et expirant, chassant ses doutes, il offrit un sourire rassurant à l'humain.

-Et bien.... je suppose que je vais devoir commencer par le commencement moi aussi.

Jangali n'était pas un grand orateur comme pouvait l'être Ilhan ou Purnendu, mais il avait cette passion, cette chaleur propre aux enfants de Néthéril. Ce qu'il manquait en prose et en verbe, il compensait en poses et en verve. Quand il contait son combat dans les cieux, ce n'était pas que des mots qui transmettait, mais aussi des sensations, des émotions. Quand il racontait sa quête et son errance sur Khokattaan, Ilhan pouvait sentir sa frustration de ne pas avoir eu plus d'infos sur les Couronnes. Bien entendu, le chasseur ne s'était jamais attendu à avoir des résultats immédiats, et avait relativisé en se disant que tant que des catastrophes ne leur étaient pas encore tombé dessus, cela voulait dire qu'ils avaient encore le temps de se préparer. Même s'il savait l'avenir couvert de nuages sombres, les Esprits ne les laisseraient jamais tomber et qu'une lueur d'espoir brillait toujours dans les ténèbres. Il raconta alors comment il était allé chercher sa lumière à lui, cette petite boule de soleil qui s'était niché au creux des bras du Dauphin. Et puis enfin il acheva par son rêve, son impression qui l'avait poussé jusqu'ici.
Et puis… Parler, exprimer ses souvenirs lui avait fait réaliser certaines choses. Il se tut un instant, fixant intensément l'Althaïen.

-Tu sais… pour moi, et je suis sûr pour mes frères et sœurs, tu es et seras toujours un Nayaak. Ton corps est peut-être arrivé à ses limites, mais ton esprit lui n'a jamais flanché. Tu as fait honneur à ta cité, à ton peuple et tu peux compter sur moi pour le rappeler à tous.

Des deux Légions, c'était sans aucun doutes à Vat'Aan'Ruda où sa bravoure intellectuelle serait la mieux reconnu. Jangali comptait sur sa notoriété et ses exploits pour faire vivre la mémoire de son ami, au cas où il venait effectivement à partir.

-Le corps n'est rien sans l'esprit, et si nous célébrons les champions du corps, alors les champions de l'esprits le méritent tout autant. C'est aussi simple que cela.

Le chasseur émit un ronronnement amusé en posant sa patte sur son épaule. Le conseiller ne s'attendait sûrement pas à autant d'éloges, mais venant du graärh, ce ne pouvait qu'être sincère.

-Tu sais, je suis sûr que tout ira bien demain. Que cette …. "opération" soit un succès ou non, les Esprits sauront récompenser tes efforts. Ils ont un plan pour chacun d'entre nous mon frère, n'en doute jamais. Gardes la foi et qui sait, tu auras peut-être droit à un "miracle" ?

Il éclata d'un grand rire avant de lui donner une tape vigoureuse sur l'épaule, oubliant un instant son état déplorable.

-Oh pardon ! Haha, désolé Ilhan… Hey, tu ne me crois pas ? Moi j'y crois. J'ai vu une île flotter dans le ciel, j'ai vu un dragon presque aussi grand qu'une montagne, j'ai vu un mal antique se réveiller d'une prison éternelle. Qui sait ce qui peut arriver maintenant ? Tout est possible !

Le chasseur espérait de tout cœur avoir réussi à remonter le moral de l'althaïen, à défaut de pouvoir l'aider réellement. Même Balaaditya le regardait avec intensité, renforçant les dires de son père même s'il n'en avait pas compris les tenants et aboutissants.

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Du coin de l’oeil, il aperçut le petit graärhon attraper les friandises et les avaler une à une. Cela manqua le distraire dans son récit. Au final, tous les enfants, quelle que soit leur race, se ressemblaient un peu. Ils avaient cette même spontanéité naturelle en tout cas. Et si cette constatation ne suffit pas à arracher un sourire au dauphin, toujours à son récit éprouvant, elle parvint toutefois à apaiser un peu les affres de son coeur et de son âme fatigués.

Quand il en eut fini, il ressentit comme pulsant dans l’air tout le tumulte d’émotions qui tourbillonna entre eux. Visiblement ses "aventures" semblaient avoir profondément affecté son ami Graärh. Étonnant comment si rapidement deux êtres si différents s’étaient liés d’une étrange amitié. Car oui, il lui semblait possible de parler d’amitié. Sans doute pour certains ce mot entre leurs races ne serait qu’hérésie, mais il sentait un attachement les lier. Et ce au-delà de la promesse des honorés qui brillait à chacun de leur poignet. Il aperçut le geste du Graärh quand ce dernier vint caresser le bijou, et se demanda un instant s’il partageait les mêmes pensées que lui. Son regard sombre se porte alors sur ledit bijou, quand il songea…

Oui, il était peut-être temps. Là où il irait, il n’en aurait nul besoin. Ce bijou était trop précieux pour qu’il le garde et l’emporte peut-être sur les sentiers de la mort. Jangali pourrait faire tant avec en le partageant avec quelqu’un d’autre… Oui, il était peut-être temps. Même si, au fond de lui, la simple idée de ce qu’il s’apprêtait à faire, lui étreignait le coeur.

Il écouta donc le récit de son Bhae Bandhee avec une réelle attention, un récit aux mots simples mais vibrant de vie, tant le Graärh y mettait du coeur. Ilhan avait l’impression d’être là, aux côtés du Graärh sur cette cité flottante, là, sur Khokattaan à errer avec lui… Et soudain une petite boule de poils vint se nicher dans ses bras, sans rien demander, tout en douceur. Le dauphin sourit et accueillit ce geste comme il était. Un doux réconfort. Et referma doucement ses bras sur le petit être qui était à deux doigts de ronronner et de s’endormir. À cette vue, il perdit quelque peu le fil du récit de son  Bhae Bandhee et s’en voulut quelque peu. Mais une traitre émotion venait de le saisir alors qu’il couvait des yeux le petit graärhon dans ses bras. Il vit soudain son propre fils, son propre enfant. Un visage qui lui souriait, une main se tendant vers lui, un doux babillage, puis soudain un souffle se coupant, un visage perdant de ses couleurs… et un corps sans vie dans ses bras. L’émotion fut telle qu’il manqua se laisser submerger. Il lutta pour chasser cette vision, resserra doucement, sans brusquerie, ses bras autour du petit corps, et fit appel à toute sa volonté pour revenir au temps présent. Il peina à relever ses yeux sur Jangali et entendit tout juste la fin de son récit quand il lui comptait un rêve le poussant à venir ici au plus vite.

À ces derniers mots, Ilhan sourit doucement. Un sourire triste, nostalgique. Au mot Nayaak, Ilhan tiqua. Il n’avait rien d’un Nayaak, du moins de ce qu’il en avait compris des mœurs Graärh. Certes, il avait compris que les voies de l’honneur pouvaient tout de même être autres que celles guerrières, même dans cette race, mais tout de même. Il était un être de corps faible, un être qui, s’il était né chez les Graärh, n’aurait jamais survécu… Alors être considéré comme un Nayaak… Certes, cette idée était gratifiante, et flattait son ego… mais elle ne lui semblait pas juste.

Il allait répondre quand il reçut une grande tape sur l’épaule. Il bascula d’un coup sur le côté et manqua de peu de tomber, grognant de douleur. Il n’en tint aucune rigueur à son ami, mais lui jeta un œil noir se voulant sur le coup meurtrier, mais qui se radoucit bien vite au vu de la bonne humeur de son  Bhae Bandhee et un doux sourire fleurit sur ses lèvres, alors qu’il se redressait lentement et avec difficulté. Le petit graärhon, dérangé par ce mouvement, se délova de ses bras et vint simplement s’asseoir à ses côtés... du côté où il avait basculé, comme pour lui donner une assise supplémentaire, un soutien muet, un pilier certes petit mais ferme et déterminé. Il attrapa doucement la patte du petit et la serra avec affection en un geste de remerciement tout en silence.

Puis ses yeux sombres revinrent sur son ami.

Je n’ai rien d’un Nayaak, mais je te remercie de cette éloge qui me touche plus qu’elle ne le devrait. Oui le corps n’est rien sans l’esprit, et mon esprit est peut-être fort, esprit inébranlable comme m’appellent certains, il n’en reste pas moins qu’il disparaitra lui aussi quand mon corps s’éteindra. Quant à la foi… Oui tout est possible. Les Huit et les Esprits-Liés choisiront s’ils souhaitent que je vive ou que je meurs. Tel sera leur choix. Et il ne me revient pas de le contester. L’heure est venue d’accepter son destin, quel qu’il soit, sans chercher à le renier.

Il inspira doucement.

Mais ne te fais pas non plus de doux espoirs. Et si je venais effectivement à mourir, ne pleure pas ma mort. Sache que moi-même je l’accueillerai les bras ouverts. J’espère y retrouver mon épouse et…

Son regard sombre empreint de tristesse se posa sur le petit Graärhon, qu’il grattouilla derrière une oreille avec une tendre affection.

mon enfant. Peut-être ne sont-ils plus là, peut-être ne m’ont-ils pas attendu. Mais je garde encore ce secret espoir. Et si mort veut de moi, alors je l’accepterai sans me débattre. La seule chose qui me ferait décider de rester serait de pouvoir continuer à soutenir ma Reine dans la lourde tâche qui l’étreint chaque jour et qui l’attend encore à l’avenir.

Il lâcha doucement, presque à regret, le petit graärhon, puis sa main se posa sur la promesse des honorés.

Il est d’ailleurs peut-être temps…

Avec lenteur, il releva les yeux sur son Bhae Bandhee.

J’espère ne pas te blesser ou t’outrager par ce que je vais dire. Mais je pense que l’heure est venue que tu récupères ton précieux présent. Il est bien trop important pour que je l’emporte avec moi dans la mort, si tel est mon destin. Cela n’est nullement un désengagement de ma part concernant ma promesse. J’espère que tu me connais assez maintenant pour savoir que je n’avais nul besoin de cela…

Il leva son poignet.

Pour honorer une promesse. J’étais déjà engagé dans cette voie de toute façon. Et elle est en marche. J’ai bon espoir d’avoir assez oeuvré en sa faveur, avec l’aide de ma Reine, pour que bientôt cette promesse se voit pleinement réalisée, même après ma mort. L’esclavage sera aboli, ma Reine et sa délégation sont ici, sur cette île, au sein de ta légion, pour un possible rapprochement entre nos deux peuples, et pour que chacun apprenne plus de l’autre et se comprenne. Des mesures sont également prévues pour les Graärh de Calastin, qu’ils souhaitent partir rejoindre leur légion ou rester là-bas.

Ilhan inspira lourdement, sentant une lente fatigue l’envelopper.

Bhae Bandhee, j’espère que tu comprends et j’espère ne pas te blesser. Mais l’heure est peut-être venue que tu reprennes ce présent et que tu puisses l’offrir à quelqu’un qui aura plus de chance de survivre que moi. Pour moi, nous délier de ces bijoux ne nous délieront pas de nos promesses. Ni de notre attachement. En mon coeur, tu seras toujours mon Bhae Bandhee.

Il posa doucement une main sur la patte de Jangali et la serra doucement. Le regardant droit dans les yeux pour lui transmettre toute sa sincérité et toute son affection.

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