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    Le silence habitait son bureau. L'Ast savourait le calme qui l'entourait provisoirement, avant la tempête. Cette affaire  était un véritable sac de nœud qu'il lui fallait démêler promptement et ce, avant que tout ne s'envenime. Ses mires verdoyantes contemplaient la cité libre de Caladon par la fenêtre. La vue était saisissante, d'ici, avec la mer en contre-bas, bordant l'horizon. Les constructions avaient bien avancé et il n'y avait presque plus rien qui ne soit complètement achevé. Lorsque la ville n'aurait plus besoin de cet argent pour bâtir, il pourrait être utilisé à de plus intéressantes activités. Les bruits de pas se firent entendre, annonçant le retour de son enfant, bien escorté. On les laissa alors qu'Aldaron tâchait d'éteindre l'orage qui grondait en lui après les propos qu'avait tenus le Conseiller Délimarien, un peu plus tôt.

    Le vampire le darda de son regard, jeté par dessus son épaule et lui tendit une main. « Approche, mon fils. » Nul piège, néanmoins. Rares étaient les moments  où il pouvait l'appeler ainsi, mais entre ces murs, leur secret serait bien gardé. Il le laissa alors approcher et lorsqu'il fut assez près, le dragonnier posa sa main tendue sur l'épaule de l'althaiën, alors que son regard revenait sur le paysage, comme une ancre. Il n'était pas obligé de s'énerver. Il pouvait peut-être simplement lui expliquer pourquoi ses propos l'avaient fait grincer des dents. « Regarde, la ville. » l'invita-t-il avant d'ajouter : « Je n'ai ni titre ni couronne, mais tout ceci est à moi. » Il lâcha doucement son épaule, venant nouer ses deux mains dans son giron. « Mon rôle, je le joue hors de la lumière. Tout comme je joue mon rôle de père hors de ta lumière. »

    Lui, le conseiller Délimarien, si brillant. « Je savais que tu voulais rester auprès de ta Reine. C'était ton vœu le plus cher, avant que je te fasse rejoindre la nuit. C'était un vœu qui t'éloignerait de moi mais j'ai fait ce que tout parent aurait fait à ma place. Je t'ai laissé partir à Délimar, aller au bout de tes rêves. J'ai renoncé à t'avoir à mes côtés. Je ne peux pleinement te chérir, tout comme je ne peux m'assurer de ta pleine loyauté à mon égard. Je n'ai pas même pu te baptiser. Ilhan Avente, tu étais. Ilhan Avente, tu es resté. » A son plus grand regret, à sa plus grande douleur. « Ma famille, c'est tout ce que j'ai de plus précieux. J'arracherais les yeux de tes ennemis pour que jamais ils ne te dévisagent. Comprends-tu ? Je me damnerai, je ne suis pas objectif. »

    Il porta son regard sur le visage ambré qui était à ses côtés. « Nous marchons si peu sur le même chemin, toi et moi. Il m'arrive de le regretter. Une part de moi voudrait cruellement révéler ce que les brises-sorts dissidents ont fait à Caladon et attiser la colère d'Eleonnora, pour que nous nous affrontions. Pour que tu aies à choisir, entre Tryghild et moi. » Était-ce vain ? « Et que tu me reviennes. » Mais lui reviendrait-il vraiment ? Il redoutait le contraire et le bris de son cœur à l'instant où il choisirait sa Reine. Ne l'avait-il pas déjà choisie ? « Mais je ne le ferai pas. Parce que je t'aime et parce que j'ai peur de ton choix. » Il détourna le regard sur la cité, après l'aveu, poursuivant : « J'ai peur de ton choix quand j'entends ce que tu me réclames pour résoudre cette affaire. Tu me demandes de mentir aux miens mais de te laisser dire la vérité aux tiens. Tu me demandes de porter le fardeau de la tromperie et du boniment. Tu me demandes de marcher seul, une nouvelle fois, pendant que tu marcheras aux côtés de ton Intendante. »

    Il ravala la bile que tout cela lui inspirait et qu'il étouffait. Ses propos n'étaient qu'euphémisme pour décrire l'ingratitude dont il se sentait sali. Est-ce que son fils l'aimait ? Ou ne faisait-il que profiter de lui ? « Pourquoi ne marcherais-tu pas, avec moi, dans les affres du mensonge ? Pourquoi ne me laisses-tu pas marcher dans la blancheur éclatante de la vérité, à tes côtés ? » La déchirure, dans son cœur, était palpable, dans ses mots et dans sa voix. Il aimait ses enfants avec une extrême passion. Ils lui étaient si importants. « Je comprendrais que tu préfères obtenir à la fois mon silence et ta tranquillité d'esprit, comme tu l'as proposé, chez Paoele. » Oui, c'était plus simple, pour Ilhan, assurément. « Je le ferai, si c'est ce que tu désires. » Parce qu'il était son père et qu'il voulait le préserver. « Je jugerai, condamnerai et appliquerai le châtiment à l'encontre de Vaea en silence, et tu pourras dire à ton Intendante ce qui s'est passé ici, à Caladon. »

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Ilhan contempla un instant son reflet dans le miroir, ajustant ses habits, content d’être de nouveau décemment vêtu. Il lissa un faux pli, quand il croisa son propre regard dans la glace. Il miroitait d’or pétillant. Un traitre signe des émotions vives qui l’agitaient, avait-il compris il y a peu. Il était plus que partagé et décrire ce sentiment indicible de sans cesse marcher sur un fil étroit tel le plus fou des funambules était bien difficile. Mais ce sentiment le prenait aux tripes et ne l’avait pas lâché depuis le début de cette histoire. Depuis son arrivée à Caladon pour tout dire, et il avait pris en force, encore et encore, au fil des événements. Il sentait poindre un dénouement, et il n’était pas bien sûr d’en apprécier les tenants et aboutissants. Sans doute parce qu’il ne maitrisait ni les tenants, ni les aboutissants, persiffla une voix intérieure.

Il s’efforça d’expirer lentement, puis d’inspirer profondément, répétant ce petit manège plusieurs fois, jusqu’à lisser son visage en masque de marbre, et jusqu’à ce que ces yeux redeviennent deux puits sans fond et sans lumière. Il devait se reprendre, il devait faire taire ses bas instincts, tels ceux qui l’avaient fait assommer le saltimbanque. Cela ne ressemblait pas à son ancien lui. Et si cela était assez délimarien, ce n’était en rien digne d’un diplomate. Il devait faire preuve de plus de maitrise, mieux se contrôler avant que…

Un coup toqua à la porte, le sortant de ses pensées. Avant que la scène ne reprenne, finit sa petite voix intérieure. Dans un soupir, l’althaïen alla ouvrir et suivit l’escorte jusqu’au bureau d’Aldaron. Il se permit un petit temps d’arrêt et une longue et profonde inspiration, avant d’entrer. Le "mon fils" l’arrêta toutefois dans son élan, le faisant piler net de surprise et de confusion. D’un coup d’oeil par-dessus son épaule, il aperçut porte close. De même, constata-t-il, en faisant un rapide tour de la salle du regard, personne d’autre de présent. Nul bruit lui évoquant une quelconque présence. Il aperçut alors la main tendue, et ne put résister à cet attrait, cette invitation. Il n’hésita guère à rejoindre son "père" et à se poster à ses côtés. Sans un mot, sans un bruit, si ce n’est le froissement de ses vêtements à ses mouvements. Il observa la ville par la fenêtre et se laissa porter par les ondes apaisantes de l’eau ondoyante au loin. Ce ressac, cet éternel mouvement, ce leitmotiv envoûtant, l’avait toujours attiré, du peu qu’il s’en souvienne. Et en cet instant, il lui apportait encore un doux, même si précaire, réconfort.

Quand il sentit la main se poser sur son épaule, il fut tenté de la toucher, de l’effleurer, de l’enserrer contre lui, et pire même d’étreindre son " père ". Mais une étrange pudeur, ou une insidieuse peur, le retint. Et au lieu de cela, il ne bougea pas d’un iota, son regard sombre toujours rivé au loin. Mais il écouta avec attention les mots qu’Aldaron lui offrait. Et fut quelque peu apaisé de n’entendre nulle colère sourdre de nouveau dans ses paroles. Son coeur s’étreignit à la peine qu’il ressentait, une peine qui semblait partagée, et il lutta pour garder contenance.  

S’il comprenait ? Oui. En grande partie du moins. Il s’était longtemps questionné du pourquoi du comment. De savoir pourquoi Aldaron avait choisi de le sauver, lui, de l’arracher aux portes de la mort pour lui offrir une autre vie, tout en le laissant la continuer aux côtés de tueurs de vampires. De Delimar, de sa Reine certes, mais… Oui, mille questionnements l’avaient rongé. Et le rongeaient encore. Pas qu’il le reprochait à son père, mais il ne comprenait pas, ne savait pourquoi. Mais on lui avait souvent dit ces temps-ci qu’il posait un peu trop de pourquoi. Peut-être devait-il les faire taire et les laisser de côté ? Il s’en sentait incapable pour autant… Oui, il comprenait donc. Mais avait aussi tant de questions à poser…

Quand il sentit le regard de son père se poser sur lui, il hésita un instant, observant d’abord leur reflet à tous deux dans le verre, avant de se décider à rendre ce regard à Aldaron. Un regard qui recommença à pétiller doucement, puis de plus en plus fort, au fil des mots. Et même quand son père se détourna, son regard resta ancré sur lui, comme voulant le transpercer au plus profond de son âme.

Et quand le flot se tarit, il fut sur l’instant incapable de répondre. Son regard s’accrocha encore quelques instants à ce visage qu’il aimait tant, avant de tout doucement se détourner à son tour et de revenir à la contemplation de la ville en contrebas.

Je comprends, répondit-il enfin dans un doux murmure où il laissa chanter ses accents althaïens.

Il ne faisait que répondre à la première question, pour être honnête. Mais cela valait aussi pour tout le reste. Oui, il le voyait maintenant, sa demande avait été sans doute bien égoïste. Sa proposition avait été la solution de facilité, sous tous les aspects. Et encore, il n’avait pas avoué tout ce qu’il avait secrètement espéré en son coeur de lâche… Devait-il faire cette confession-là aussi à Aldaron ? Quitte à attiser de nouveau sa colère ? Oui, sans doute. Il lui devait, au moins à lui, cette vérité, n’est-il pas ? Et fort de cette résolution, il laissa son visage se crisper un court moment dans un rictus peiné, avant d’en chasser toute trace dans un ultime effort, relevant le menton et le regard pour reprendre un semblant de contenance et ravaler les sanglots qui lui montaient.

Il s’humecta légèrement les lèvres, avant de reprendre, d’un ton faussement calme et posé, bien loin de l’émoi qui l’étouffait et que les pétillements miroitants de ses orbes sombres trahissaient.

Il est vrai que nous n’empruntons pas les mêmes chemins. Pour tout dire…

Il réprima les tremblements de sa voix avant de reprendre.

Je me suis longtemps demandé pourquoi vous aviez fait ce choix, osé et risqué, de me sauver. Sur l’instant je ne comprenais pas et la sourde colère qui pulsait en moi, sans que je ne sache ni son origine ni sa cause, me faisait vous reprocher cette étrange renaissance des plus… marquantes…

Il déglutit rien qu’au souvenir de ce qui s’était passé. Pas encore prêt toutefois à le raconter pleinement. Un jour peut-être. Oui, un jour, quand il aurait retrouvé toutes ses facultés ? Et que ce souvenir sera moins prégnant.

Mais plus tard compréhension se fit. Quand j’ai… lu et vu certains de mes souvenirs que mon ancien moi m’a laissés. Car je n’ai toujours pas retrouvé tous mes souvenirs, je peux bien vous l’avouer maintenant. Je nous ai vus, tous deux… Ni tout à fait amis, sans pour autant être ennemis… des alliés… rivaux ? Nous aurions pu l’être ce me semble… amis, je veux dire.

Il en devenait confus et son discours décousu.

Mais au fil de ces récits, de ces "souvenirs" contés, j’ai compris que vous vous étiez sans doute attaché, tout comme je m’étais attaché à vous sans me l’avouer, et que vous aviez voulu me sauver. Y avait-il autre chose ? Une autre raison encore qui vous a poussé à ce geste fou de me transformer ? Je n’en sais rien. Maintes questions s’agitent en moi. Et il n’y a pas eu un instant où je n’ai pas pensé à vous.

Il eut enfin le courage de se tourner vers Aldaron et tout doucement leva son regard vers lui, même si de façon bien hésitante.

Vous avez peur de mon choix, si je devais choisir entre vous et ma Reine. Et je ne peux vous rassurer, je ne pourrais rassurer aucun de vous deux. Même si je pourrais presque être flatté que vous songiez à une guerre pour m’avoir à vos côtés…

Il offrit un pâle sourire à ces mots. Qui s’effaça tout aussi vite.

J’ai bien plus peur moi-même de devoir choisir. Je ne sais, si je veux être honnête, si je pourrais choisir. Ce ne serait pas seulement choisir entre ma raison, une conviction, un rêve, et mon coeur, un père, une famille… ce serait choisir entre deux parties de moi, entre deux morceaux de mon coeur. Car quand je vous vois, oui, je ressens un réel attachement, une envie profonde, viscérale, de vous connaître, de marcher à vos côtés, d’être votre fils dévoué… De ce même attachement que je ressens pour ma Reine. Un attachement certes différent, mais tout aussi fort. Un cauchemar me hante récemment. Celui de vous voir, vous et ma Reine, vous battre. Et dans ce cauchemar, je me vois me jeter entre vous, quitte à me faire pourfendre de vos épées...

Il baissa les yeux et déglutit face à ces confessions qu’il n’avait jamais osé se dire pleinement à lui-même jusque-là.

En fait…

Une soudaine révélation éclairait son esprit embrumé.

En fait, si je faisais un choix, je crois que je choisirai… celui d'entre vous qui ne me demanderait pas, ne me forcerait pas, à choisir.

Doucement, il releva les yeux sur Aldaron et osa un sourire timide. Il avait au moins une preuve que, même s’il y avait songé, son père avait renoncé à lui imposer un choix. Ce qui était beaucoup pour lui.

Mais vous avez raison. Ce que je vous ai demandé dans cette affaire… ma proposition était teintée d’égoïsme. J’entrevoyais une issue secrète, une solution de facilité… Et si je veux être totalement honnête avec vous, même si je sais que cette confession attisera sans doute votre colère…

Il déglutit légèrement rien qu’à l’idée, et ravala les larmes traitresses qui menaçaient d’embuer son regard.

J’avais même espéré une issue où le secret serait choisi, où vous auriez renoncé, au nom de ce secret, à tout procès, et où j’aurai rapatrié les coupables en toute discrétion à Delimar où ils auraient été jugés. Nous aurions trouvé un compromis avec leur meneur pour qu’il soit le seul à payer de ses crimes, et que les autres soient sauvés, et pour qu’ils prônent des méthodes éducatives, comme vous le suggériez, et non plus punitives.

Il baissa alors les yeux et se mordit légèrement la langue, avant de continuer. Une larme, une seule, coula, alors que la honte l’affligeait.

Voilà l’esprit que je suis, voilà l’être que vous avez sauvé, Aldaron. Ou devrais-je dire Cendrelune. Un être fourbe, égoïste et lâche.

Il se détourna promptement vers la fenêtre.

Sans doute regrettez-vous votre geste de m'avoir tiré du royaume de la mort. Je ne pourrais vous en vouloir, si vous rejetiez le fils indigne que je suis.

Il inspira profondément, et parvint à chasser de nouveau toute émotion. Même si des filaments avaient émergé et ondulaient dans son dos en une lente et mélancolique danse.

Mais vous avez raison. Je ne peux vous demander de porter seul ce fardeau, quel qu’il soit. Je me dois de porter aussi ma part. Nous marcherons donc ensemble dans les ombres du mensonge, ou dans la lumière de la vérité.

Il s’arrêta un court instant, puis ajouta, en un murmure.

Ou nous marcherons tous deux dans un entre-deux...

Et il laissa flotter ces mots, alors que son esprit échafaudait déjà une solution où son père ne serait pas seul, mais où ils pourraient tout de même protéger l’alliance.

Je ne sais si je pourrais mentir à ma Reine. Et sans doute vous serait-il douloureux de mentir à votre Bourgmestre aussi. Mais… Tout n’est jamais blanc ou noir. Le mensonge pour le peuple ne serait pas un mal en soi, non pas pour protéger Delimar, ajouta-t-il rapidement, mais pour protéger le peuple du choc qu’une telle révélation serait, et de la peur que cela provoquerait. Et pour protéger également le message que les Brise-Sorts voulaient porter, qui, ma foi, n’est pas si inconsidéré en soi, dans ses fondamentaux. Si le peuple savait leurs exactions, le message derrière serait pris totalement à contre-pied…

Il s’arrêta, et ferma les yeux, tentant de calmer le flot de son esprit. Et rouvrit lentement les yeux.

Le mensonge pour le peuple donc, même si cela nous coûte. La vérité pour nos dirigeants. Si le secret est gardé aux yeux du peuple, je doute que la Bourgmestre de Caladon déclare une guerre au sein de l’Alliance. Les relations diplomatiques entre nos deux cités s’envenimeront sans doute, au vu de ses prédispositions à notre égard. Mais je ferai tout pour qu’avec le temps, nous renouions des relations plus apaisées.

Il osa un regard hésitant vers Aldaron.

Cela pourrait être… une solution acceptable ?

Puis, plus bas encore…

Quel nom m’auriez-vous donné ?

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    « Anarórë. »

    Ce fut sa réponse, de langue elfique, comme en mémoire de ce qu'il fut. Il ne reniait pas l'antique origine qui était la sienne. Anarórë signifiait Lever de Soleil. Il avait offert à cet homme la nuit éternelle, premier fils mordu dans les rêves pour rejoindre la vie du peuple nocturne. Mais le regard sombre de l'althaïen avait cherché, au-delà du drapé bleu marine, nimbé d'étoiles froides et lointaines, les premiers rayons de l'aube pour couronner son existence. Non pas qu'il eut le choix, Aldaron le savait bien. Mais son fils n'était plus la nuit, il était ce lever de soleil qui l'avait éloigné de son clan et de sa famille. Il l'avait laissé briller pour cela. Si la réponse au sujet du problème actuel, qui avait tant fait peur à Caladon, peinait à venir, celle-ci, ce nom, était venu très rapidement, si bien qu'il était impossible pour Aldaron de l'avoir improvisé. C'était un nom qu'il lui avait donné des mois plus tôt, dans ce même secret où l'Ast vivait en permanence.

    Il ne lui aurait pas donné un nom maintenant. Il l'avait déjà baptisé silencieusement, le regardant évoluer, au loin, sans pouvoir le guider, sans pouvoir le rassurer. « Tu t'appelles Anarórë. » souffla-t-il, le regard posé sur lui. Le reste de son corps s'orienta vers son fils, quitta la royauté du détachement. Il s'approcha et leva ses deux mains près de lui, sans oser pour autant le toucher. Ses doigts froids et fins, reliques émaciées de Morneflamme, vinrent sécher la larme avec beaucoup de retenue, avant que ses mains ne viennent se poser sur ses épaules. « Je t'ai sauvé parce que je tenais à toi... Et parce que tu étais dans un endroit où les Délimariens ne viendraient pas te trancher la tête avant que je vienne te chercher. Mais tu n'es pas resté au Domaine Baptistral. Quand je l'ai appris, j'ai su aussi que tu n'étais plus un vampire. » Il serra doucement ses épaules : « Tu dis que si tu faisais un choix, tu choisirais celui d'entre nous qui ne te demanderait pas, ne te forcerait pas, à choisir. Mais pourtant, c'est auprès d'elle que tu es resté, même après ce à quoi elle t'avait contraint pour survivre. »

    Et qui l'avait éloigné d'Aldaron, inévitablement. Éloigné du clan Elusis auquel il était destiné à appartenir. Il avait choisi de ne rien dire, ne rien montrer, de son passage dans la nuit. Humain il fut, et humain, il était resté. Tout comme il était resté Ilhan Avente. Tout ceci n'était que mensonge. Le seul qui ne lui avait pas demandé de choisir, c'était lui. Pas elle. Jusqu'où l'éloignerait-elle de lui ? Aldaron avait envie de faire confiance à cette femme en qui son ancien lui croyait. Mais lui, le vampire, il ne savait pas s'il pouvait marcher auprès de celle qui tranchait la tête de ses semblables. Encore plus à entendre Ilhan affirmer sa loyauté et son authenticité, pour elle. Et aujourd'hui, quel était l'entre-deux qu'il lui proposait ? Ni plus ni moins que de l'inconscience. Fourbe, égoïste et lâche. Oui, sûrement l'était-il. Mais Aldaron se savait tout aussi imparfait et il aurait été malhonnête de sa part de s'indigner, même s'il en était blessé.

    Ainsi ne pouvait-il donc pas lui confier un secret, à lui, son fils. Il en était assuré à présent. Il ne pourrait rien lui dire, rien lui confier qui ne soit répété à sa précieuse Reine. Comme il était beau parleur avec ses concessions vides, qui s'accrochaient pourtant mordicus à sa loyauté, sacrifiant sans peine celle qu'il aurait du avoir pour son père. Tryghild passait avant lui. Elle passerait toujours avant lui. Et s'il en était déçu, il en était surtout meurtri. En silence. Toujours. C'était là où leur relation était condamnée. « Ce n'est pas grave. » souffla-t-il venant finalement l'étreindre doucement entre ses bras. Oui, cela n'était pas grave, parce que lui, il l'aimait. Lui, il lui resterait loyal. Les enfants, ce n'était là que  pour n'en faire qu'à leur tête, bêtise après bêtise. Son rôle de père était de rester fidèle, malgré toutes les fois où on lui aurait craché au visage ou tourné le dos.

    Ilhan n'avait pas compris. Ce n'était pas de cacher la vérité à Eleonnora qui lui posait un problème. C'était de savoir que quoi qu'il puisse lui confier, quoiqu'il puisse lui demander, cela reviendrait toujours aux oreilles de Tryghild. Certainement qu'Aldaron n'avait pas été assez clair, ne voulant lui imposer directement. Il aurait voulu que cela vienne d'Ilhan. Mais comme à sa première demande, son fils ne faisait qu'esquiver cette possibilité, sans jamais entrevoir l'idée de cacher quoique ce soit à Tryghild, rien que parce qu'Aldaron, son père, le lui aurait demandé. Il faisait un bon larbin mais un très mauvais fils. Qu'à cela ne tienne, s'il en était ainsi, il devrait faire avec, mais la pointe de douleur, son cœur, était bien assez aiguë pour qu'il n'ait envie de s'attaquer à un troisième essai. Il le relâcha et s'éloigna pour aller s'asseoir dans le fauteuil de velours à la pourpre des rois, qui se trouvait derrière son bureau. D'un geste de la main, régalien, il invita Ilhan à s'asseoir également, face à lui. La froideur du mobilier en bois les séparait, à présent. Il avait essayé de parler à son fils, mais il n'avait eu droit qu'au chevalier servant de Tryghild. Tant pis, il poursuivrait cet entretien de façon professionnelle. Cela lui ferait moins mal, à lui.

    « Eleonnora est une jeune femme ambitieuse. Mettez lui entre les mains un moyens de discréditer Délimar et soyez assuré qu'elle s'en servira. De guerre, il n'y aura pas, tant que je dirai non à cela. » Et que le Conseil suivrait, indubitablement. « Mais de demi-secret, il ne peut y en avoir non plus. Elle peut se montrer sage tout comme égoïste. En cela mes enfants se ressemblent beaucoup. » C'était claqué d'un coup, froidement, mais Ilhan ne l'avait-il pas avoué lui-même ? « Ce n'est pas du peuple de Caladon dont je crains la réaction. Voyons, Ilhan, vous avez passé deux jours en ma compagnie. J'ai beaucoup offert aux Caladonniens. Je leur ai apporté la richesse, la prospérité, je leur ai apporté la paix, tant lors de notre insurrection contre Sélénia que lorsque la problématique de Cordon fut posée. Et aujourd'hui, je leur apporte à nouveau la sécurité. J'ai beau avoir transmis les lauriers à Osborn, pour cette affaire, les gens d'ici ne sont pas stupides. Ils savent à qui il doivent tout cela. Je n'ai qu'un discours à faire, un avis à donner, pour qu'ils me suivent. »

    Il s'adossa dans le fond de son fauteuil avant de poursuivre : « Je me suis plusieurs fois demandé ce qu'il adviendrait si je faisais un coup d'état, ici. Si je me proclamais Aldaron, Premier du nom, Roi de Caladon. Il y aurait des gens pour et des gens contre, mais en tout et pour tout, une fois que le chaos toucherait à son terme... Je crois que j'aurais une couronne. La même que celle qui repose, invisible, sur ma tête, aujourd'hui. » Tiens, tiens. Et s'il allait répéter tout cela à sa si chère intendante, hein ? Cela serait fort amusant, il n'en doutait pas. Sa paranoïa anti-vampire pousserait-elle l'Intendante à soutenir Eleonnora avec un peu plus de ferveur ? Ou même à la mettre en garde contre Aldaron ? Qu'elle fasse. Il ne voulait pas d'une couronne. Il aimait ses enfants. Il aimait Eleonnora et il voulait la voir réussir. « Une chance que je n'ai pas de prétention à cela. »

    Il posait doucement ses mains sur la table. « Je ne dirai rien à Eleonnora de cette affaire de Brise-Sorts. » La seule chose qu'ils avaient besoin de savoir, c’était qu'il était là pour veiller sur eux. Il haussa doucement les épaules. « Et vous direz à votre Intendante ce que je lui évite. Car je puis vous assurer que si j'appliquais la solution que vous me proposez, l'honneur de votre cité aurait mis des années à s'en remettre. Vos soldats sont votre fierté. Sigvald a même dénigré les mercenaires employés par Caladon en les insultants de 'Chien sans Patrie'. C'est ironique quand on y pense. Je crois qu'il était persuadé que tous vos soldats étaient tous de parfaits patriotes. »

    On toqua à la porte et Aldaron autorisa à ce qu'on entre. La silhouette de Vaea se dessinait, seul. « Venez vous asseoir, Vaea. » fit-il en présentant l'autre chaise au lyssien. « Je suis navré que votre apparition chez Paoele n'ait eu les effets escomptés. Avente et moi discutions de la façon dont Caladon et Délimar allaient bien pouvoir s'entendre. » Il tendit une main vers lui : « Pouvez-vous me remettre les documents confidentiels qui ont été dérobés à Délimar, je vous prie ? » S'il osait ? Oui, complètement. C'était un test. Il avait demandé à Vaea de lui faire confiance et désirait savoir jusqu'où il irait. Et par conséquent, jusqu'où Aldaron pourrait lui faire confiance en retour. Il n'avait aucune intention de lire ces documents, mais il s'amuserait beaucoup de la tête qu'Ilhan tirerait si Vaea lui donnait à lui, vampire et Caladonnien, de tels documents. Et s'il refuserait de lui donner ? Aldaron rebondirait aisément en affirmant qu'il s'agissait là d'une marque de grande sagesse.

descriptionLes griffes du secret [Ilhan, Aldaron & MJ] EmptyRe: Les griffes du secret [Ilhan, Aldaron & MJ]

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Ah la confiance, ce magnifique trésor qui valait plus que tout l’or du monde et pouvait renverser des empires entiers, que les peuples demandaient vertement sans jamais le donner réellement. La confiance, au sein du petit groupe composé de sa propre personne, du capitaine Osborne et de sa camarade d’armes, ne régnait pas. Les agents Caladoniens le surveillait, mais cela ne le perturbait pas plus que cela. Il savait ce qu’il avait l’intention de faire, s’ils préféraient se défier de lui c’était leur droit, ils verraient bien qu’il n’avait pas l’intention de se jouer d’eux. En vérité, il était chagriné que sa tentative pour résoudre le dilemme des négociateurs n’aboutisse, finalement, qu’à plus de tensions encore. Sa franchise, lorsqu’il avait affirmé ne pas vouloir d’une guerre interne à l’Alliance, était parfaite. Et c’était pour cela qu’il n’avait pas l’intention de se jouer de ces deux soldats. Il n’avait pas envie d’en rajouter s’il pouvait l’éviter. Ils marchèrent sans un mot, jusqu’à la cachette d’où les brises-sorts carmins opéraient et là, travaillèrent à nettoyer les lieux. Efficaces et disciplinés, ses frères et soeurs d’armes eurent tôt fait de vider les lieux pour laisser la place à la garde devant gérer les Nywims. Il était en paix pour l’avenir des siens, quel qu’il soit, ce qui l’inquiétait, c’était l’Alliance et le monde avec elle. Il laissa la soldatesque se charger de ce qu’elle se devait de faire et se rendit, pour sa part, au sein de la demeure Elusis.

Sur place, on l’informa qu’entre-temps, le conseiller caladonien et le diplomate délimarien étaient arrivés. Il leur offrit un peu de temps en plus en s’assurant qu’Ezel était encore en vie et qu’on s’occupait de lui et de sa bosse. Ensuite seulement se présenta-t-il auprès des deux politiciens. Il entendit un lambeau de discussion et sourit avant de toquer à la porte, entrant quand il en reçu l’autorisation. S’arrêtant dans l’encadrement, il salua les deux hommes avant de s’approcher, portant au flanc une sacoche contenant des documents extrêmement précieux. “J’en suis le premier désolé Messir” Il ne chercha pas à rajouter quoi que ce soit. ‘Honnêtement’, ‘Vraiment’ et consorts lui semblaient toujours étranges et inutiles si tant est que l’on soit réellement honnête et vrai. Mais sans doute était-il le plus brutal de la pièce. La demande le surpris. Les documents dérobés à Délimar ? Pourquoi en avait-il besoin. Il observa tour à tour les deux interlocuteurs lui faisant face. Il pouvait refuser et protéger les documents jusqu’à les transmettre à qui de droit mais il savait aussi que l’Intendante avait des avis arrêtés sur de très nombreux sujets. Avec délicatesse, il dénoua le lacet, retira le cadenas, et sortit avec précaution les liasses de schémas d'ingénierie Almaréenne. “L’Intendante a eut le coeur brisé quand elle vous a perdu, Messir. Elle vous a toujours fait confiance

Il lui tendit les liasses. “Je pense qu’elle vous ferait confiance pour cela également” Il ne le disait pas seulement comme un avertissement pour le vampire, pour lui faire comprendre pourquoi il acceptait si facilement mais également pour Ilhan Avente. Qu’il ne pense pas qu’il ne soit pas fidèle à la sécurité de sa ville. Mais était-elle encore sa ville si on voulait l’y exécuter ? “Que puis-je faire pour vous aider à avancer ? Je suis à votre disposition. Que ce soit mes connaissances ou ma vie, elles sont vôtres” Il y eut un instant de silence avant qu’il ne baisse légèrement les yeux, et la voix. “Je ne désirais pas mettre de l’huile sur le feu en vous accompagnant, Messir… Je savais polariser leur haine, mais Délimar, c'est autre chose. Et si j'ai agis de la façon dont je l'ai fais c'était en sachant que je n'aurais pas obtenu l'aval du haut conseil"

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Anarórë. Étrange. Ce nom en langue elfique, il le comprit sans peine. Depuis sa renaissance, il avait lu quelques textes en cette langue chantante, mais elle lui était revenue très rapidement, telle une seconde nature. Lever de Soleil. Un nom à la beauté traitresse, tout en tristesse magnifique et douce mélancolie. Un nom qui représentait ses choix, du moins ceux de son ancien lui. Un nom qui représentait tout ce qu’il n’avait pas été et ce qu’il avait choisi d’embrasser. L’aube d’un nouveau soleil en cette existence nouvelle, plutôt qu’une nuit éternelle. La renaissance dans une nouvelle race méconnue, pour laquelle tout était à apprendre, tout était à construire. Pour laquelle tout était possible aussi. Oui, ce nom, même s’il portait en lui une certaine douleur, était aussi empli de certaines promesses. Ilhan hocha alors simplement la tête, signe qu’il acceptait ce nom, le faisait sien, tout comme Ilhan Avente l’avait été.

Il manqua tiquer toutefois quand Aldaron parla de ce à quoi l’aurait contraint Tryghild. Il eut envie de répondre qu’on ne l’avait contraint à rien, fondamentalement. De ce qu’il avait lu, vu, et de ce qu’on lui avait raconté de lui, son ancien lui avait choisi, en toute connaissance de cause. Il se souvenait avoir lu un échange entre Aldaron et l’Ilhan humain, un échange dans lequel ce dernier disait ne vouloir échapper à la mort que s’il pouvait continuer d’oeuvrer auprès de sa Reine… ce qu’il ne pourrait faire en tant que vampire. Oui, c’était son ancien lui qui avait choisi. Choisi de revenir auprès de Tryghild, malgré sa transformation en cours. Choisi de revenir vers Delimar malgré les risques d’une mort imminente et le peu de chance de… survivre, d’immaculer. Mourir ou immaculer… Cela avait été le seul leitmotiv qui avait alors guidé ses pas. C’était d’ailleurs l'un de ses seuls souvenirs réels de sa transformation, avec la douleur, la peur et la faim. Un leitmotiv tant ancré en lui, qu’il avait marqué son coeur, son âme, plus férocement encore qu’un fer rouge. Et cette marque, personne ne la lui avait infligée, il se l’était scellée lui-même. Personne ne l’avait contraint à un choix. Tryghild n’avait fait qu’oeuvrer ensuite dans ce choix… Jamais encore elle ne lui avait demandé de choisir entre elle et Aldaron. Certes, elle n’en avait pas eu l’occasion… Si elle se présentait, le ferait-elle ? Il n’aurait su dire. Mais pour l’heure, elle ne lui avait imposé aucun choix non plus.

Le choix, il devrait sans doute le faire, constata-t-il, l'âme en peine. Un jour, oui. Il ne pourrait rester ainsi entre deux feux. Il le sentait...

Ilhan fut toutefois incapable d’exprimer tout cela. Parler de ce moment lui était encore trop difficile, trop éprouvant. Rien que de se rappeler de ces instants fatidiques, si lourds de tension et d’émotions, il en avait les mains qui tremblaient et dut cacher cette traitre faiblesse en les joignant devant lui. Un jour, peut-être, parviendrait-il à dire tout cela à son père. Tout cela, et plus encore, comme l’attachement qu’il sentait naitre en lui et qui le torturait à chaque instant. Plus encore dans cette situation tendue aux enjeux majeurs. Devoir faire fi de ses propres sentiments, de ses propres élans, était particulièrement éprouvant, pour autant il devait faire honneur à la confiance qu’on lui avait accordée en l’envoyant ici.

Quand son père vint finalement l’enlacer, Ilhan y répondit tout en silence et timidité. Ses filaments vinrent délicatement les enserrer tous deux, sans pour autant les étouffer. Des filaments qui aussitôt s’écartèrent quand Aldaron mit fin à l’étreinte. Trop courte, trop douloureuse même, aux yeux de l’althaïen, qui observa son père s’installer à son siège derrière son bureau. Distance donc, retour à leur rôle respectif, et aux décisions politiques. S'il fut désarçonné par ce changement soudain, il tenta de n'en rien montrer. Mais ses filaments s’agitèrent un instant dans son dos, tandis qu’un étau enserrait sa poitrine, manquant l’étouffer.

Il dut se forcer à inspirer profondément, pour parvenir à respirer un tant soit peu. Et fit appel à un ancien mantra qu’il avait lu. Inspirer, expirer, se focaliser sur l’instant présent. Sur une sensation. Il força alors son ouïe pour chercher un bruit qui l'avait toujours apaisé. Pour percevoir le bruit de l’eau plus loin, au-dehors… Oui, voilà, se focaliser sur cette musique-là. Juste sur cela. Et peu à peu, ses filaments se rétractèrent, et ses orbes sombres perdirent tout éclat. Ne rien ressentir, ne rien penser, se focaliser sur l’eau, l’instant présent. N’être plus qu’un miroir lisse, que rien ne pourrait atteindre, qui ne ferait que refléter ce que le monde attendait de lui. Ne rien éprouver, ne rien montrer… S’accrochant à ce mantra, ce fut un Ilhan inexpressif, au visage imperturbable et aux orbes sombres tels deux puits sans fond, qui vint à son tour s’asseoir.

Oui, tout cela, il le savait : si la bourgmestre était mise au courant de quoi que ce soit, Delimar en pâtirait. Il l’avait dit lui-même précédemment, et avait ajouté que Delimar assumerait, comme elle l’avait toujours fait, quitte à devoir mettre des années, voire des décennies, pour laver son honneur souillé. Oui, tout cela il le savait, il en avait parfaitement conscience. Cela faisait écho à ce qu'il avait déjà dit un peu plus tôt. Quant à ce qu’Aldaron reprenne les rênes de Caladon… Eh bien, soit, qu’il procède ?! Pour sa part, il devait avouer préférer cette optique-là. Il ne saurait parler pour sa "Reine", mais il était prêt à parier qu’elle préférait nettement parlementer avec un Aldaron Elusis, tout vampire qu’il était, plutôt qu’avec une Eleonnora Ostiz, certes humaine mais qui avait montré plus d’une fois une certaine folie tant le pouvoir lui montait à la tête. Il était à deux doigts de répondre cet encouragement, mais se mordit la langue à la place. Cela aurait été une erreur diplomatique grave de cracher sur la bourgmestre actuelle et d’approuver une quelconque destitution. Qu’Aldaron se permette de telles paroles, frisant d’ailleurs la trahison en évoquant ne serait-ce que l’idée d’un coup d’État, était une chose, mais que lui diplomate délimarien approuve en était une autre. Il garda donc son approbation en son coeur, en silence.

Et fut tout d’un coup déconcerté, pour la deuxième fois en cet entretien, par ce qui suivit. Aldaron ne dirait rien à la bourgmestre ? N’avaient-ils pourtant pas dit qu’ils marcheraient sur le même chemin ? Fichtre ! Il se retrouvait soudain au pied du mur, entre deux paroles données, qu’il devait, voulait, tenir, mais qui semblaient soudain en totale contradiction. La parole donnée, même si informelle, à Tryghild, de ne pas trahir sa confiance quand elle l’avait envoyé ici… et la parole donnée à son père qu’ils marcheraient tous deux sur le même chemin. Le chemin du silence en l’occurrence, puisque son père avait choisi celui-ci. Et pas d’un demi-silence. S’il voulait tenir cette parole donnée à Aldaron, il se devrait de garder aussi ce silence envers sa Reine… Serait-ce trahir la confiance de Tryghild ? Il avait dit ne pas pouvoir lui mentir. Et cela était vrai. Il ne le voulait en rien. Mais… garder silence était-ce mentir ? Oui, très certainement… Du moins s’il ne lui disait pas garder silence… Mais…

Et s’il suivait ce chemin du secret, mais disait à Tryghild qu’il devait garder le secret, même pour elle, et les raisons qui l’y poussaient... Est-ce qu’elle considérerait cela comme une trahison ? Peut-être… Il n’en était pas bien sûr, pour tout avouer. Mais il entrevoyait là le seul sentier qui lui permettrait de se tenir aux deux paroles données : garder silence mais ne pas mentir. À cette pensée, qui creusa un gouffre dans son coeur, Ilhan poussa un lourd soupir.

Je dirais à mon Intendante ce qu'il semble nécessaire de lui dire, répondit-il alors d’une voix atone. N’avons-nous pas dit marcher sur le même sentier ? Je suivrai la voie du secret. Du secret total. Je tairai ce qui doit être tu, et lui dirai devoir garder silence, ainsi que les raisons premières de ce silence.

À savoir le bien de l’Alliance.

Il ne put en dire davantage toutefois, que quelqu’un toqua à la porte et entra. Ilhan observa alors la suite d’un air impassible. Il préférait n’émettre aucun commentaire sur ce qui se jouait devant lui. Oui, Tryghild semblait avoir fait confiance en Aldaron, en l’Aldaron d’antan du moins. Il n’aurait su dire pour celui en face de lui, pour… Cendrelunes. Mais il préféra taire toute pensée. Cela lui semblait bien trop tôt pour juger de quoi que ce soit. De toute façon, pour lui, ces documents étaient bien trop corrompus. Ils étaient passés entre bien trop de mains, pour que l’information qu’ils contenaient ne puisse être considérée comme divulguée. Même s’il aurait préféré pouvoir les récupérer, il souhaitait surtout, avant toute chose, savoir ce qu’ils contenaient pour prévenir que ces informations étaient potentiellement perdues et connues d’autres. Mais, à la limite, même s’il ne parvenait à voir ces documents, il suffisait que les almaréens chargés de ces documents sachent qu’un précieux parchemin avait été volé pour qu’ils retrouvent l’information concernée. Et au pire, il pourrait toujours trouver un moyen d'avoir cette information. Donc, en l’instant, ce n’était pas le plus important.

Quant au fait que le Brise-Sort ait choisi de donner les documents au Ccnseiller de Caladon, là encore, il n’avait pas tous les éléments pour pouvoir jauger de ce geste. Trahison ? Peut-être pas. Il ne connaissait que peu de choses sur l’homme et sur ses motivations. Et quand ce dernier demanda, même si à Aldaron, ce qu’il pouvait faire pour aider à avancer, une constatation frappa de plein fouet l’althaïen : il ne savait pas ce que l’homme voulait, lui. Et finalement, surtout dans la voie du secret où il devrait alors prendre des décisions pour Delimar sans l’aval conscient de sa Reine, il lui fallait savoir, comprendre, cela.

L’homme s’était adressé à Aldaron et en temps normal Ilhan aurait attendu les réponses de ce dernier. Il aurait simplement observé sans intervenir à son tour. Mais il ne sut pourquoi, la question qui soudain le taraudait franchit ses lèvres.

Comment aimeriez-vous aider à faire avancer les choses ?

Sentant que sa question pourrait ne pas être claire, surtout après ce qu’il avait dit à l’homme et les sentences qu’il avait fait peser sur le Brise-Sort, il tenta d’étoffer son propos.

Imaginons qu’aucune menace ne pèse sur vous, ou votre vie…

Après tout, si le secret était gardé, il y avait de fortes chances que Caladon ne fasse aucun procès. Resterait Delimar… Ce qui serait un autre épineux problème. Mais une idée germait déjà en lui pour, potentiellement, en fonction de ce que Vaea répondrait, lui éviter la mort. Au moins.

Quand bien même nous devrons éclaircir votre situation par rapport à Delimar, car votre défection n’est pas passée inaperçue. Et ce bien avant les incidents à Caladon.

Car oui, il subodorait que les autres Brise-Sorts envoyés en mission hors de Delimar étaient chargés de retrouver le groupe de Vaea… Même si tout cela n’était pour l’instant que suppositions.

Si vous aviez pleinement le choix, toutes possibilités ouvertes, que souhaiteriez-vous, vous-même ? Comment voudriez-vous aider ? Comment verriez-vous la voie à emprunter à l’avenir ?

Et il voulait vraiment savoir. Il en avait besoin. Ces réponses guideraient sans doute les décisions cruciales qu'il allait devoir prendre ensuite.

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Il était un soldat, entraîné aux situations tendues et à la pression, il savait donc se retenir et rester stoïque, et pour autant, il n’était pas particulièrement appréciateur de la question qu’on lui posait. Le diplomate semblait vouloir poursuivre, aussi attendit-il jusqu’à la fin, n’ayant pas l’intention de se battre pour le droit de parler, et surtout pas avec lui. Aussi, quand l’Althaïen eut terminé, il haussa légèrement les épaules pour ponctuer le coeur de son avis sur la question.

Je me fiche complètement qu’on me menace. J’ai affirmé à Messir Elusis que j’étais prêt à mourir pour mes actions si c’était nécessaire. Je n’ai pas changé d’avis entre-temps. C’est lui qui pense que j’ai un intérêt à rester en vie pour le monde

Sa voix restait composée, il ne bronchait pas, répondant simplement avec une totale sincérité, même si son opinion n’était pas particulièrement populaire.

Je ne suis pas un politicien donc je ne vais pas vous dire comment faire votre devoir. Chacun a sa place et quoi que je sois sincère sur mes sentiments à l’égard de la situation au sein de l’Alliance, je ne peux hélas pas vous donner une solution toute prête

S’adossant complètement, il étira ses longues jambes et roula des épaules avant de poursuivre, s’offrant un moyen de se décrisper. Lorsqu’il se sentit mieux, il reprit, en essayant d’être le plus complet possible.

De mon point de vue, toute votre morale est inutile et il suffirait de dire la vérité et d’imposer les mesures nécessaires face à ce qui est, encore une fois, un crime contre la Vie elle-même, et que Caladon en soit contente ou pas m’indiffère parfaitement. Les criminels ne sont jamais heureux de répondre de leurs actes, il me semble. Comme je sais que personne n’est de mon avis, je vous laisse faire mais j’accepterais ce que vous avez l’intention de faire de moi. Je ne compte ni m’échapper, ni vous combattre. Faites ce que vous pensez nécessaire, tout ce que je désire c’est qu’on entende l’urgence et le besoin que le monde a d’arrêter d’user tant de la magie et qu’on respecte davantage le monde dans lequel on vit, c’est tout

De nouveau, il haussa des épaules. Il aurait voulu être plus aidant mais… il n’était pas spécialiste.

S’il faut me tuer, faites. Si vous voulez taire notre implication, je n’irais pas la crier sur tous les toits. Si vous voulez éduquer vos populations, je suis prêt à vous aider. Si vous voulez une tête de turc je peux l’être et que mes frères et soeurs survivent… vous connaissez vos concitoyens mieux que moi, vos dirigeants aussi

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    Il la sentait, la puissance de l'affection qu'Ilhan lui portait, alors qu'il essayait de s'apaiser. Il le sentait, l'élan de sympathie que son fils éprouvait à l'idée de le savoir régner sur Caladon. Il sentait ses silences, bien que diffus dans leur profondeur, il percevait les émotions en surface, venant vibrer et faire écho sur son âme de dragonnier. Il sentait cela comme une onde se propageant à la surface de l'eau. Quand la petite vague venait, on en ignorait la source, pleine et entière, mais on en vivait le mouvement sibyllin, l'écho perdu et lointain. Il sentait aussi la situation inconfortable dans laquelle il le mettait. Sa nature vampire, prédatrice, avouait sans mal apprécier de le mettre au pied du mur, mais sa nature paternelle, protectrice, en goûtait la bile amère. Il ne désirait point de cela pour lui, le tirer entre deux mondes qu'il n'était pas certain de voir tenir ensemble depuis qu'il savait les plans de son époux. N'était-ce pas ce que l'humain qu'il avait connu désirait ? Servir se Reine ? Cela signifiait déjà de ne porter les insignes de sa lignée vampirique. Combien de frontières s'installeraient entre eux deux ?

    Et pourtant, Ilhan s'évertuait encore à chercher des compromis. L'Ast admirait sa ténacité autant qu'il était triste de la savoir si fervente dans un monde où ils finiraient probablement par être des ennemis. L'Antique le savait mais ne pouvait qu'être touché par cette volonté qui s'exprimait à demis-mots, celle de vouloir recoller les morceaux. D'être ce pont entre la nuit et le jour. En cela, il était véritablement Anarórë. L'arc de ses lèvres avait sensiblement frémi en un sourire fugace, puis son regard s'était porté sur le lyssien lorsque celui-ci les avait rejoint. Il prit entre ses doigts de cendres, émaciés par Morneflamme, les délicats parchemins des secrets Délimar. La remarque de Vaea le fit sourire en coin : tiens donc, il avait été démasqué dans son petit jeu mesquin. Qu'on lui pardonne, sa nature vampirique avait besoin de satisfactions prédatrices et il devait avouer que se voir confier des documents si confidentiels lui insufflait une sensation de puissance. Mais les propos si terre-à-terre du Brise-Sort eurent tôt fait de refroidir son contentement vicié. Ah la la... Si on ne pouvait même plus s'amuser...

    Le vampire posa délicatement les parchemins sur le bureau, devant lui, sans les consulter, sans les dénouer. Ils étaient seulement là, en sa possession. Il jaugeait de la suite de cet entretien quand le lyssien proposa son aide. Il écouta l'échange, sans un mot, jusqu'à ce que le silence revienne. Il entrouvrit la bouche, mais retint sa parole sur l'instant, pesant encore ses options quelques secondes. « Conseiller Avente, Caladon ne saurait que trop vous remercier pour l'aide que vous avez apporté à la résolution de cette affaire. A maintes reprises, vous n'avez pas hésité à partager les informations que vous aviez obtenues par les moyens qui sont les vôtres, ceci dans un esprit de collaboration qu'il me faut saluer pour tout l'espoir que porte ce geste. Je vous suis gré de garder pour vous-même le contenu de ce que nous avons découvert et les secrets que cela comporte. » Il darda son fils de son regard verdoyant où l'éclat doré venait luire aux rayons matinaux du soleil.

    « A défaut de porter cet homme.. » Il désigna Vaea d'un signe délicat de la main : « Au devant d'une cour de justice, je vais prendre à ma charge exclusive d'appliquer les lois de Caladon, dans le silence que ce bureau gardera une fois que vous aurez pris congés. Néanmoins, je suis prêt à entendre les préconisations et conseils de Délimar, avant cela, si vous avez à en formuler. » Il prit délicatement les parchemins qu'il tendit vers Ilhan et posa sur le bureau, devant l'althaïen. « Ces documents ont été dérobés par Laïos Bonaventure qui désirait les revendre au plus offrant. Comme il était encore en possession de ceux-ci, il aurait été contre-productif, pour lui, de divulguer leur précieux contenu au risque de faire baisser drastiquement le prix de sa marchandise. Aussi je pense que le seul lecteur de ses documents ayant trépassé, Délimar ne saurait craindre que ses secrets soient éparpillés aux quatre vents et cela à plus forte raison que je ne les consulterai pas moi-même. » Dusse-t-il le regretter un jour, s'ils venaient à devenir ennemis.

    « Je pense pouvoir compter sur vous pour que ses documents rejoignent la place qu'ils n'auraient pas du quitter. Prenez cela en gage de ma bonne volonté. » Il posa son regard sur Vaea, quelques secondes, avant de revenir sur Ilhan. « Si vous avez des préconisations, au sujet du jugement de cet homme, je suis prêt à vous écouter. Dans la cas contraire, vous pouvez disposer Conseiller Avente. » S'il le congédiait ? S'il l'excluait du jugement ? Oui, c'était ce qu'il faisait. Car là était la place de Caladon. Et sa place de dirigeant du Marché Noir. Il risquait de froisser son fils... Mais avait-il vraiment le choix ? Il mettait son fils à l'abri de ses secrets. Si Ilhan voulait rester, il lui ferait bien savoir.

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Aux premières réponses que lui offrit le lyssien, Ilhan se retint de tout commentaire. Ce n’était pas là la question qu’il lui posait, de savoir si oui ou non il voulait mourir. Il lui avait simplement demandé ce que lui, Vaea, voulait réaliser pour aider et oeuvrer selon ses convictions s’il avait les mains totalement libres. Il ne lui demandait pas s’il voulait vivre ou mourir… Il ne lui demandait pas non plus une solution toute prête. Des solutions, il en avait en tête. Il lui demandait juste sa vision des choses, à lui, puisqu’il avait été l’initiateur de toute cette affaire dans le fond.

Il rejoignait Aldaron en tout cas sur un point : selon lui, en ces temps troublés, perdre des talents quels qu’ils soient, serait regrettable et affligeant. Des menaces plus ou moins imminentes pesaient sur eux et sur l’archipel, de ce qu’il en avait lu. Il trouvait dommage et idiot de perdre des gens aux compétences pouvant être utiles face à ces menaces. Pour autant, il y avait des lois, et accepter qu’elles ne soient pas respectées pourraient entrainer anarchie à tout va. À eux alors, politiciens, comme le disait si bien Vaea, de trouver comment concilier ces deux points de vue, si conciliation se pouvait.

La véritable réponse à sa question ne vint alors qu’ensuite. En partie du moins. Vaea se plierait à leurs décisions et acceptait des mesures éducatives plutôt que punitives pour faire entendre son message. Voilà déjà des points éclaircis. Restait à savoir quelle était la position du lyssien vis-à-vis de Delimar… s’il s’en était totalement détaché et voulait oeuvrer de son côté, ou s’il souhaitait toujours rester en lien avec la cité de l’honneur. Si tant est que faire se pouvait. Mais visiblement, cette réponse ne lui serait pas accordée. Ilhan se contenta alors de hocher la tête d’un air grave, montrant qu’il avait écouté et qu’il prenait en compte ce qui avait été dit.

Quand la voix d’Aldaron résonna de nouveau dans l’air, l’althaïen se contenta du même hochement de tête. Visiblement on le congédiait. Pour rendre la justice caladonienne en privé. Ilhan retint un soupir, à l’idée que c’était là, selon lui, un congédiement bien sommaire et bien précipité. Ils avaient encore quelques questions à régler. Il se garda toutefois de se prononcer tout de suite, et se contenta de prendre les parchemins qu’on lui tendait. D’un signe de tête et d’un léger sourire, il remercia le conseiller. Et son père. Bien qu’il n’était pas bien enclin à totalement partager son avis sur la confidentialité possible de ces documents. Étrangement une petite voix insidieuse en lui ne cessait de lui souffler danger partout, en tout et pour tout. Même en la compromission possible de ces documents. Et les paroles de son père ne parvenaient pas à faire taire cette petite voix pour autant. Mais oui, il les remettrait à qui de droit, en toute sécurité. Ils aviseraient ensuite. Sans doute pourrait-il lancer quelques araignées à l’écoute de fuites potentielles quant au contenu de ces documents… Pour se rassurer.

Ils reviendront à leur possesseur, acquiesça-t-il d’une voix aux accents profonds. Quant à des préconisations…

Il darda un lourd regard sur Aldaron sans ciller, la petite voix intérieure lui soufflant de ne rien ressentir continuant son petit leitmotiv, et permettant à son visage de rester inexpressif. Neutre. Vide.

Il ne revient pas à Delimar d’émettre quelques conseils que ce soit sur la justice qui doit être rendue à Caladon. J’espère toutefois que vous accepterez de nous mettre au courant de votre décision finale.

Pour tout avouer, il en avait besoin, car la suite en dépendrait. Il tourna un regard vers Vaea et décida de révéler, pour sa part, les décisions qu’il avait prises concernant Vaea et son groupe de Brise-Sorts, décisions qui, bien entendu, ne prendraient effet qu’après le jugement caladonien. Si tant est qu’il y ait un après.

Concernant Delimar, nos décisions ne vous seront pas secrètes. Bien entendu, elles dépendront des condamnations que Caladon dictera à Vaea et ses hommes. Mais si lui et le reste de son groupe s’en sortaient libres et vivants, je leur demanderais de me suivre à Delimar pour clarifier leur situation. Car elle ne pourra rester ainsi, au risque qu’ils se retrouvent pourchassés par des troupes à leur recherche sur tout l’archipel. Ce qui ferait désordre et ruinerait tous les efforts que nous entreprenons présentement.

Dont celui de garder le secret sur cette maudite affaire.

Il se tourna vers Vaea cette fois, le regardant droit dans les yeux. Même si pour cela il devait, comme toujours avec des délimariens, ou presque, relever la tête.

Je doute pouvoir vous éviter un jugement. Mais ceci…

Et il désigna les documents.

vous évitera un jugement pour haute trahison. Vous et les vôtres ne serez jugés que pour défection de poste et insubordination.

Il ne mentionnait pas la désertion. Elle aussi pourrait potentiellement passer à la trappe.

Et vous pourrez justifier vos actes pour avoir voulu traquer justement des criminels, notamment les voleurs de ces documents. Je me porterai moi-même témoin en faveur de ce fait s’il le faut.

Il offrait là sur un plateau d’argent une porte de sortie à ces Brise-Sorts dissidents.

Ensuite, selon la condamnation que le tribunal de Delimar jugera judicieuse… Si vous n’êtes pas révoqués de vos fonctions…

Ou banni. C’était un risque possible.

Il vous faudra exprimer clairement ce que vous souhaitez faire concernant Delimar. Il vous faudra décider, vous et vos hommes, si vous souhaitez continuer à oeuvrer en son sein et garder vos fonctions.

Et obéir donc. Ce qui signifiait alors demander l’aval de l’Intendante et du Conseil pour suivre la mission dont ils se sentaient en charge. Ce qui n'était peut-être pas impossible à obtenir selon lui. Tant qu'il n'y avait pas de meurtres en jeu.

Et en ce cas je vous encouragerai vivement à présenter vos projets éducatifs quant à l’usage de la magie devant le Conseil. Je l’appuierai également s’il prône effectivement l’éducation plutôt que la violence. Si toutefois vous ne croyez plus en Delimar et ne souhaitez plus la servir, il vous faudra porter votre démission et vous serez alors libres de vos obligations envers votre Intendante et votre cité actuelle.

Il se retourna cette fois vers Aldaron.

Puisque vous souhaitez rendre justice pour Caladon de suite, et en privé, je vais donc vous laisser. Mais il reste encore quelques sujets en suspens concernant cette affaire qu’il faudra évoquer également. Comme la version que nous donnerons au peuple.

Ou une non version... Un arrêt pur et simple des crimes ? Tel un coup du sort ? Ou un prodige réalisé par la seule présence du protecteur de Caladon comme beaucoup le penseront sûrement ?

Et celle que vous comptez donner à votre Bourgmestre, compte tenu du fait qu’elle est déjà au moins au courant de l’implication de Nywins.

Petit fait un peu plus gênant selon lui. Il détestait l'idée que ses frères de race soient, eux, ouvertement impliqués, même si qu'aux yeux des dirigeants des cités.

Ces données me seront nécessaires pour que nous concordions nos versions et qu’il n’y ait pas différents échos de notre part.

Même s'il s'évertuerait à ne pas mentir quant à lui à sa Reine. Mais au moins il pourrait lui dire ce qui serait dit à la Bourgmestre de Caladon, pour qu'elle soit au courant et éviter tout impair politique.

Se disant, il se leva, salua les deux hommes d’une légère inclinaison et d’un signe de tête respectueux, puis se dirigea vers la porte.

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Cela faisait deux fois, en peu de temps, que le diplomate se méprenait sur son compte. Considérant ce ratio, le Lyssien décida de ne pas lui faire remarquer qu’il ne cherchait pas à s’éviter une condamnation et qu’il n’avait aucune idée du pourquoi on lui parlait de cela. Il ne cherchait pas à s’éviter un jugement. Pourquoi perdre son temps là-dessus ? Il n’était pas politicien, il l’avait dit, sans doute était-ce la source de son incapacité à comprendre. Cela n’augurait pourtant rien de bon pour la suite, et effectivement, il ne pouvait pas s’avouer ne pas commencer à être sérieusement irrité. Même pour le plus stoïque des soldats, il y avait des limites bien humaines. Les yeux se plissèrent sensiblement et une légère tension vint naître dans ses épaules musclées. Quand l’Althaïen en eut fini, il prit la parole, suffisamment vite pour ne pas être coupé par Elusis, que cela soit pour l’empêcher de parler ou pour répondre à sa propre part de sollicitation. “Continuer d’oeuvrer pour Délimar ? Ce que je compte faire concernant Délimar ? Je pense que vous vous méprenez. Cette question n’existe pas. J’ai déserté, Messir Avente. Ce n’est certainement pas pour revenir, cela me semblait évident

Cette fois, le ton s’avérait sensiblement plus tendu. “Et je vais vous rappeler que ce ne sont pas mesprojets éducatifs, ce sont les vôtres, à vous et à Messir Elusis. Vous êtes ceux qui ont fait cette proposition afin d’offrir une alternative satisfaisant tous les partis. Vous êtes ceux qui voulaient prouver que vous vous intéressez aux problèmes que je soulève et qui ne voulez pas que je continue à tuer. Ces projets éducatifs, Vous y croyez, pas moi. Je vous laisse une chance, de me montrer que cette alternative est viable, croyez bien que je suis pour le moins déçu que vous vous en échappiez si rapidement après en avoir parlé” Son expression se fit irritée, ouvertement. “Présentement j’ai l’impression que l’on m’a lancé un os à ronger pour me calmer, sans réel investissement ou attention derrière. M’appuyer devant le conseil ? Je peux parler au conseil, si j’en ai envie. En cet instant, je ne suis devant vous que parce que j’étais prêt à vous faire confiance pour mettre en place ces alternatives. Je peux tout aussi bien m’en aller…

Voilà qui était bon à rappeler et cela faisait aussi du bien car depuis le début, il était le seul à réellement écouter les autres sans les juger outrageusement. Calmé d’avoir pu s’exprimer, il décida néanmoins de poursuivre. “Je ne suis pas plus professeur ou intendant que je suis politicien. Ce ne sont pas mes compétences. Et outre ça, je ne pense pas qu’il soit réellement possible d’éduquer la population. Je suis prêt à me faire surprendre évidemment, mais je pars pessimiste” Il expira profondément “Je ne doute pas être condamné par Délimar, et cela me va parfaitement. J’ai déserté, c’est une haute trahison et je le sais. Si je suis encore en vie après la condamnation de Caladon, ce que je ne pense pas être le cas, alors je vous suivrais, je serais condamné, et certainement tué, à Delimar. Si je suis néanmoins encore en vie après ça, nos chemins ne se croiseront plus. Delimar a trahi notre monde au même titre que les autres à nos yeux. Nous ne pouvons pas poursuivre avec eux” Il s’arrêta là-dessus, laissa les deux hommes échanger sur leurs deux ‘versions’ et leurs corrélations sans rien en dire. Cela ne le regardait pas vraiment. Comme il avait dit, il était à eux, si les conditions étaient respectées.

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    Il semblait que la conversation se soit relancée d’elle-même. Il sentait la tension émaner du lyssien lorsqu’Ilhan eut repris la parole, mais à peine eut-il le temps d’ouvrir la bouche pour interrompre ce qu’il pressentait dans son empathie de dragonier, que Vaea avait d’ores et déjà répliqué. Sa langue claqua derrière ses incisives non par agacement mais pour signaler qu’il n’apprécierait que tout ceci s’envenime et que les personnes présentes réfléchissent à deux fois avant de prendre la parole et de monter crescendo dans cette spirale de tension. Il n’y avait pas à dire, ces deux hommes ne pourraient s’entendre pleinement, laissant transparaître quelque chose de plus profond qui allait probablement au-delà de cette discussion. Il savait son fils dans une situation délicate, au sujet de la relation entre Délimar et Caladon, qu’il se devait d’apaiser. Vaea, quant à lui, connaissait peut-être que trop bien l’amour de l’althaïen pour l’usage de la magie, lui gardant une rancune qui peinait à s’éteindre au fil de leurs échanges laborieux. « Anarórë. » fit-il tant pour interpeller son fils que pour le perturber, lui faire perdre le contenu de ce qu’il aurait pu répliquer, à son tour, au Brise-Sort. Il le coupait, dès lors, dévoilant son nom vampirique autant que sa nature, devant Vaea, sans craindre outre mesure la fuite.

    Puisqu’il avait fait un choix, dès maintenant. « Tu peux rester, si tu le souhaites, mon fils. » Les décisions étaient des choses lourdes de conséquences et il veillait à toujours les peser. Mesurer leur impact, et ce que les griffes du secret pouvaient ou non garder en leur sein. Pour ce qui était de Vaea, le sujet était très épineux. A mesure qu’il avait entendu Ilhan, il avait compris que garder Vaea sous la protection du Marché Noir serait mettre le Marché Noir en danger, puisque des forces Délimariennes poursuivraient la recherche de cet homme et de ses comparses. En dépit de ses propres affects, il ne pouvait pas prendre ce risque. Sa décision était alors prise, même si elle était drastique. D’un geste de la main, il indiqua à Ilhan le siège qu’il avait quitté un peu plus tôt en prenant congés, comme Aldaron lui avait demandé. « Votre incompréhension mutuelle est de ma faute. J’ai discuté avec Vaea sans fournir l’intégrité de ce que nous avions échangé. Certaines réponses à tes questions, Anarórë, se trouvent dans les convictions qu’il a exprimées plus en détail auprès de moi. Nous avons partagé nos points de vue, tant au sujet de ce qu’il porte comme volonté que des moyens dont il use. Il s’avère qu’il n’a trouvé aucune réponse efficace dans les politiques actuelles. Je crois qu’il ne saurait en trouver par les voies officielles qui lui seraient parfaitement satisfaisantes pour trouver son équilibre. C’est moi qui ai parlé de projet éducatif, pas lui. Et ce, principalement pour l’image devant témoins. » Ezel, mais aussi Paoele. S’il avait donc écarté Ilhan du jugement, c’était parce que le compromis se serait trouvé dans des voies bien moins officielles. Dans l’ombre du Marché Noir, par exemple.

    Il posa un regard sur Vaea, un bref instant pour jauger de la justesse de son propos avant de poursuivre à l’intention d’Ilhan : « La main que tu souhaites tendre ne saurait répondre tant à la réalité qu’à ses aspirations. Je te remercie d’avoir fait ces efforts, mon fils. Je ne doute pas que tu aies à cœur de tenter une conciliation. Je crois ne rien t’apprendre en te disant que parfois… Il ne peut y en avoir. En particulier dans le cas présent, car ce n’est pas une demie-mesure qu’il recherche. Il a conscience de l’illégalité de ses actes mais il les a menés à bien tout de même. Les lois sont des artefacts forgés par les Hommes, à la fois protecteurs et destructeurs, imparfaits et incohérents. Le chaos est une échelle qu’il faut parfois avoir le courage de gravir pour sortir de la spirale tout aussi dangereuse de l’ordre parfait… Ces deux extrêmes sont aussi perfides et bénéfiques l’un que l’autre. Ce qui les distingue, c’est… Et bien c’est qu’une personne qui respecte l’ordre établi avec une ferveur aveugle ne sera jamais inquiétée par la justice et pourra se pavaner en armure blanche, même si ses actes ou au contraire, son absence d’actes, sont une aberration. Quand une plante est malade, on tranche sans hésitation les branches viciées pour donner à la plante une chance de survivre, non ? » Aldaron avait toujours été un protagoniste ambiguë, balancé dans un équilibre entre l’ordre et les chaos, jouant des deux pour parvenir à maintenir ce monde en place. Beaucoup se répugnaient à plonger dans le chaos, cela était si mal vu. Raison pour laquelle il agissait dans l’ombre pour ces choses-là.

    Son regard revint sur le lyssien, tranquille malgré la sentence qu’il prononçait : « Vaea Ari, vous êtes coupable de meurtres commis sciemment et volontairement au sein de la Cité Libre de Caladon. Je prends acte de vos motivations, entends l’urgence de vos convictions qui, malgré leur justesse et leur sincérité, ont été mises en œuvre par des moyens qui contreviennent à nos lois. Vous avez reconnu être l’instigateur des troubles qui sévirent à Caladon et qui prendront fin, ce jour. Vos alliés connaîtront ma clémence et paieront le poids de leurs actes dans une servitude à l’égard de la Cité. Je veillerai à ce qu’ils remboursent leur dette à Caladon en offrant aux mages l’éducation dont le monde à besoin pour sa pérennité. » Comme il l’avait promis. « Les dirigeants pensent et agissent avec la modération qui donne le plus bel éclat à leur image et leur popularité. Je n’en suis pas exempt. » Lui était obligé d’utiliser le Marché Noir à ces fins. C’était presque pathétique d’avoir à agir dans le secret et le silence pour tenir tout en place. « Autrefois nous avions des rois incontestés, aujourd’hui nous avons des gens qui veulent plaire à tout le monde. Ces dirigeants imparfaits font les lois et par ces lois tout aussi imparfaites, Vaea Ari, je vous condamne à mort. » C’était la conclusion à laquelle, il avait abouti. Il ne pourrait pas laisser vivre Vaea, il ne pourrait pas le protéger. Il était plus juste de punir ses actes. Et pour l’exemple, bien que le seul témoin de cet exemple soit Ilhan et cela était bien suffisant.

    « Je fais le serment personnel que votre dépouille sera portée par ma Liée et moi-même auprès de Verith de l’Ire afin de remettre entre ses griffes la dignité de vos croyances et les rites de votre passage dans le royaume de Mort. Puissiez-vous offrir demain une réincarnation à la hauteur de votre foi et de votre volonté à servir l’essence même du monde. » Cela pouvait paraître hypocrite, mais il le pensait très sincèrement. Il ne pouvait pas laisser cet homme aller s’expliquer à Delimar, comme le demandait Ilhan. Il pouvait lui être demandé de se taire… Mais mentir ? C’était encore autre chose. En condamnant, il était certain que tout ceci serait circonscrit. Pour le reste, il se disait que les Kohan avaient laissé en ce monde l’emprunte d’un pouvoir décadent qui avait fini par être contesté. A présent ceux qui dirigeaient voulaient convenir à leur peuple en formant des compromis, pour contenter tout le monde et pour s’échapper de l’impopularité. Les hommes avec une véritable poigne et une autorité remarquable manquaient tant. Il lui tardait que son époux prenne la couronne noire. Tout ceci n’avait que trop duré. D’un signe de la main, il invita Vaea à se lever. Son habitude à donner des ordres transparaissait alors qu’il se levait lui-même et contournait son bureau. Il défaisait la ceinture de ses armes qu’il posait sur un meuble et sortait l’épée de son fourreau avec un sang-froid effrayant.

    Il se tourna vers le lyssien, plongeant son regard dans le sien, sans faillir : « A genoux, je vous prie. » Il lui avait dit penser qu’il serait utile pour ce monde, pour affronter les menaces de cet archipel et il le pensait sincèrement. Le devoir, néanmoins, surplombait tout cela et Vaea l’avait accepté. Il était désolé, autant que déçu de cette issue. La mort seule pouvait apporter la libération de certaines entraves. L’homme se mit à genoux et la lame incroyablement blanche trancha d’un coup net et froid la tête. Le mouvement fut brutal, la force vampirique lui conférant de l’aisance dans l’acte. Le corps tomba sur le côté, et la tête roula quelques peu, alors que le tapis de luxe se gorgeait de sang. L’odeur du liquide carmin fit vriller ses sens prédateurs. Ses crocs saillants apparurent entre ses lèvres de cendres animalement retroussées. Il mit quelques secondes à se calmer et ranger ses canines. Il resta néanmoins un instant perdu dans sa contemplation morbide, signe que tout ne tournait plus très rond dans la tête du vampire. Il s’accroupit et essuya la lame sur les vêtements du défunt avant de se relever et d’aller la ranger dans son fourreau. Il releva son regard vers son fils : « Je crois que cela règle toutes les questions en suspens. La version qui sera donnée au peuple, à Eleonnora et Tryghild sera la même : nous avons retrouvé des Nywins en cage et nous pensons qu’ils ont servi d’armes à des terroristes. Aucun responsable retrouvé, mais un retour à la normale. Quant aux Brise-Sorts, nous sommes au regret d’annoncer à Délimar que Vaea Ari a trouvé la mort. Ses trois alliés ont déserté. Je crois que cela ne nécessite aucun jugement formel de la part de Délimar, ne soyons pas aussi bureaucrate. »

    Il haussa les épaule et délaissant le cadavre derrière lui, il revint prendre place à son bureau, mais il s’assit cette fois du même côté qu’Ilhan, dans le siège où se tenait un peu plus tôt Vaea. « La citoyenneté délimarienne est un droit, mais elle s’accompagne de devoirs. Si ces derniers ne sont pas respectés, alors il n’y a pas de place pour eux là-bas. Mais ils en auront une, ici, à Caladon. Je vais ouvrir une fondation, un centre dans lequel pourront se rendre les orphelins de Caladon. Il leur sera offert un toit et de quoi se nourrir. Il leur sera appris un métier, probablement artisanal pour leur donner toutes leurs chances, lorsqu’ils seront adultes, de faire leur place à Caladon. Les brises-sorts sont venus me trouver, avec leur envie de changer l’usage inconsidéré de la magie. Je leur ai proposé de rejoindre cette fondation pour éduquer la prochaine génération à des usages plus mesurés. Et peut-être même plus. Je leur donnerai la nationalité Caldadonienne. Puissent-ils alors réussir. Vaea était beaucoup trop désillusionné pour que je lui puisse lui offrir une même opportunité. Il a donc été retrouvé mort. Voilà ce que saura le peuple, Ilhan. Je n’en dirai pas d’avantage à Eleonnora. Je sais parfaitement qu’elle pensera que je lui cache des choses, mais je n’ai pas peur d’elle. Tout le monde, ici, sait que je cherche à agir au mieux. Ces meurtres vont prendre fin. Il n’y a que cela qui compte, les gens n’ont pas besoin de savoir pourquoi ou comment. Ils savent que c’est moi et ils savent que c’est fini. » Il coula un regard vers la dépouille de Vaea. « Je suis venu, j’ai vu et j’ai vaincu. Ce que j’ai vu et ce que j’ai terrassé n’a pas d’importance. J’ai appris à me pas répondre aux ‘pourquoi ?’ »

    Ses mires verdoyantes, tranquilles, se posèrent sur son fils, lui octroyant un sourire plein de douceur : « Je vais avoir à faire, à présent. La citoyenneté Caladonnienne s’assortit également de quelques devoirs et j’ai les miens. Ma journée de Conseiller promet d’être chargée mais… Si tu n’es pas encore reparti d’ici là, je serai heureux que tu viennes dîner à la maison ce soir. Nous pourrions parler de tout autre chose que ces affaires diplomatiques. »

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