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descriptionLa lumière veut plaire, mais l'ombre fait ce qu'il y a à faire EmptyLa lumière veut plaire, mais l'ombre fait ce qu'il y a à faire

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    Son fils avait quitté le bureau, après leur discussion. Aldaron le retrouverait ce soir mais il avait à faire... Avant cela. Se levant de son confortable fauteuil, ses mires tombaient sur le cadavre décapité qui ensanglantait son magnifique tapis. Les broderies délicates devenaient carmines. Voilà qui serait difficile à rattraper. Mais ce n'était pas le tapis qui l’intéressait. C'était l'homme qui gisait là et dont il s'approchait. Il s'agenouilla et ramassa la tête défaite du corps qu'il mit face à lui... Pour lui parler : « Certains disent que vous avez perdu la tête, avec vos idées. Je crois qu'ils n'imaginaient pas cela au sens propre. » Il eut un rire, amusé et joueur puis sembla faire la tête : « Oh allez, vous pourriez au moins rire à ma blague, elle était bonne. » Mais sans réponse – ce qui était normale puisqu'il parlait à un cadavre – le vampire afficha une moue boudeuse puis roula des yeux : « Ne faites pas cette tête, voyons. Je vous avais dit que j'avais besoin de vous. Ce n'est pas dans cet état que vous me serez utile. Enfin... Pas dans cet état définitif, votre mort aura au moins servi à vous faire oublier. Mais votre vie... » Il replaça délicatement la tête sur le corps, bien que ça ne le ramènerait pas à la vie. « Votre vie servira plus encore. » On toqua à la porte de son bureau, puis la silhouette de son Inséparable se dessina. Le sourire de l'Ast s'était élargi instantanément et ses yeux brillaient d'une lumière radieuse. « Piou-piou, j'ai été obligé de lui défaire la tête. J'avoue, c'était très... Très excitant. » Le pouvoir. Le contrôle sur le souffle d'une vie. « En fait, je le préférais vivant, il était de bonne conversation. Il est aussi buté que son divin Verith mais... Il grogne moins et il va pouvoir nous être utile. Tu veux bien me le ramener ? » Avec des yeux doux, cela passerait forcément. Achroma était un mage d'une envergure telle qu'il pouvait reprendre cette vie avant que son âme ne se réincarne. Et c'était parfait.

    ***

    Ce fut en fin d'après-midi, après avoir discuté avec Eleonnora et avant de retrouver Ilhan qu'Aldaron était revenu au chevet du convalescent. Il avait veillé à placer Achroma en transe pour qu'il récupère du prodige qu'il avait accompli et Vaea avait, lui, était placé à l'abri, à l'extérieur de Caladon, dans le lit douillet d'une maison de campagne. Il avait fait venir ses compagnons Brise-Sorts pour qu'ils soient présents au réveil du Lyssien. Il savait comme les membres de cette ethnie étaient soudés entre eux. Se retrouver ferait un bon début pour cette renaissance. La maisonnée n'était ni grande ni luxurieuse, justement pour ne pas attirer l'attention. Beaucoup ignoraient même que cette demeure appartenait à Aldaron, mais c'était le cas de beaucoup de bâtisses. Le vampire gagnait à paraître insignifiant et doux comme un agneau.

    La chambre avait un lit d'une place en bois et un chevet où se tenait une large bougie dans une assiette. Éteinte pour le moment, car la luminosité du jour suffisait encore, passant à travers les carreaux vitrés de la fenêtre. Après le réveil de Vaea, ses compagnons s'étaient retrouvés à la table de la cuisine pour discuter, laissant leur meneur se reposer et se remettre de ses émotions en paix. La porte de la chambrée était néanmoins restée entrouverte, en cas de nécessité. C'est par celle-ci qu'Aldaron porta un regard et constata que le lyssien avait quitté les draps bleutés. Il était debout, en train de se vêtir. L'Ast toqua sur la porte, pour signaler sa présence et entra dans la pièce. « J'avais des brûlures également. Elles sont parties avec la vampirisation, comme les souvenirs. » Il porta sa main à son cou, la refermant sur le pendentif de son collier, cette pierre qui contenait son chant-nom. Il en avait retrouvé une bonne partie, de façon progressive. Il veillait à ne pas tout dévorer et il tâchait d'éviter les souvenirs concernant Morneflamme. Il avait le choix.

    Somme toutes, ils avaient, tout deux, trouvé un moyen d'avancer, de se détacher de l'ombre de la prison. Cela valait mieux, tous n'avaient pas survécu. Le volcan avait eu raison de bien des âmes, même après qu'elles furent libérées. Lui-même avait laissé une part de son être là-bas, à tout jamais. Du moins le pensait-il. Et il y avait eu Achroma. Vaea avait eu Verith. « Pas trop secoué ? » s'enquit-il en changeant de sujet pour revenir au présent. Il lui avait fait traverser la mort et son époux l'avait fait renaître. Cela avait de quoi troubler plus d'un esprit, aussi fort soit-il. « La lumière veut plaire, mais l'ombre fait ce qu'il y a à faire. » Voilà qui devrait tout expliquer et si cela n'était pas assez quel, il affirma sans crainte : « Bienvenue au Marché Noir. J'ai quelque chose à vous proposer. »

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Il nouait lentement les sangles de sa chemise de cuir bouillie, sans hâte. Les sensations lui permettait de s’ancrer plus facilement dans la réalité, après ce qu’il avait vécu. Sa localisation exacte lui était inconnue, il ne reconnaissait rien, mais avait perçu la présence de ses compagnons d’armes et cela seul suffisait à le rasséréner. Sous le ronronnement d’une conversation sans hâte, il reprenait ses marques dans le monde des vivants. La voix du vampire lui fit relever le regard de son torse et il l’observa quelques secondes, sans rien dire. L’impression persistante d’être loin atténua certainement l’impact de l’évocation. Morneflamme était une marque au fer rouge dans son esprit comme sur son corps. Jaugeant son hôte en silence, il en vint à hocher la tête et répondre d’une voix égale, tranquille. C’était, cependant, une courtoisie et une décision volontaire, que de rester calme. Intérieurement, les plaies causées par la prison étaient encore vives, comme autant de griffes d’ombre glacée attendant de s'enfoncer dans son échine et ses tripes.

Vous êtes donc chanceux

Même s’il n’aimait guère les vampires, il ne pouvait nier que lorsqu’on avait vécu l’horreur sur terre, oublier était … un luxe. Il n’y avait pas d’autres mots dans son esprit. Achevant de nouer les lanières de sa protection, il ajusta le col renforcé et replaça légèrement un de ses brassards avant d’étirer son corps, pour tester la souplesse de l’ensemble. Il se tourna de nouveau vers l’Ast, cependant, et son regard se troubla et se fit vitreux pendant un instant.

Si

Les mots lui manquaient. Il ouvrit la bouche, hésita. Comment pouvait-il réellement convoyer ce qu’il avait vécu et ce qu’il ressentait à présent ? Comment expliquer quelque chose dont les souvenirs étaient brumeaux car vécus par son âme et non son être conscient ? Il y avait des traces mais elles ne faisaient pas réellement sens. Il y avait des sensations, qui n’avaient pas toujours d’explications, d’origine ou de logique.

Si c’est… une expérience indescriptible. En tout cas pour moi. Je ne suis pas doué avec les mots

Il haussa des épaules, en signe d’impuissance. en tout état de cause, Elusis n’attendait sans doute pas un exposé de son expérience de mort et de résurrection. On se fichait bien de ses troubles personnels, la question n’était pas vraiment là mais sur la suite. Il hocha la tête à la demande. Jusqu’ici, il avait décidé de suivre son jugement au sujet de cet être et de lui faire confiance, dans une certaine mesure, même si pas totalement. Aldaron Elusis avait été égal à lui-même tout du long, et il semblait tenir ses promesses une fois encore.

Je n’ai jamais voulu la lumière, je la laisse à ceux qui s’y plaisent. Autrefois, c’était parce que je connaissais ma place. J’étais un simple garde. Après la prison… mon apparence troublait et répugnait. Maintenant je sais simplement que la lumière ne m’apportera pas ce que je désire

Alors peut-être que l’ombre le pourrait. Il avait connu la puissance du Marché Noir à l’époque de la Théocratie, alors si il existait encore, comme l’affirmait le vampire… oui, il avait sans nul doute là une opportunité de réaliser ses buts, ou en tout cas de laisser une chance à la proposition de son vis à vis. L’influence et la richesse de l'organisation étaient immenses après tout. Avec un tel appui, l’impossible deviendrait peut-être possible, si la génération suivante voyait enfin le jour sous de bons auspices.

J’ai vu l’image de ce qu’était Esfelia… avant la désertification. Verith me l’a montré. A cet instant, j’ai su à quel point nous avions blessé notre propre terre. A quel point nous avions été stupides et arrogants. Quand j’ai vu la beauté de l’archipel, je me suis imaginé ces mêmes paysages comme Esfelia… c’était atroce

Il resta quelques instants silencieux, puis acheva en s’asseyant de nouveau.

Vous seul avez consenti à réellement écouter. Alors moi aussi, je vous écoute

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    Chanceux ? Soit, il l'acceptait. Il avait cette chance de revivre avec une certaine innocence, celle qu'il avait perdue dans la prison. L'horreur était un traumatisme dont peu de monde avait réussi à se relever, mais il était certain, en son for intérieur, qu'il s'agissait de la plus grande leçon de vie qu'il puisse être donner d'expérimenter. Il était malaisé de s'accrocher, et l'homme face à lui l'avait fait, bien qu'il le sentait encore vaciller, étouffer, par instant. L'elfe qu'il fut n'en avait pas été plus guéri. L'ombre pour refuge, il s'était caché pour occulter ses plaies mais aussi ce qu'il avait fait. Fuir le regard des autres, la pitié dans leurs yeux, alors qu'il ne méritait que damnation pour ses actes. Il connaissait tout cela, mais c'était loin à présent. Ce qui aidait à avancer, c'était ce but ultime, cette finalité et le sens donné à l'existence. Son regard se fit paternel, intuitivement, face à l'égarement de Vaea. L’expression attendrie dans ses mires verdoyantes était noble, sans excès. La flamme d'une humanité brillait encore dans les éclats dorés de ses iris, pleine d'une empathie à l'égal de son statut de dragonnier et d'Ast. En cela, il se savait différent de son peuple. Il ressentait les vies qui l'entourait comme l'air qu'il aurait pu respirer. Cela saturait l'environnement, vibrait sur sa peau comme une onde se propageant, faisant écho dans le réceptacle de sa psyché.

    Il le vit s'asseoir, prêt à l'écouter. Il avait beaucoup de choses à lui dire... Et s'il l'effrayait ? Ce qu'il avait en tête était litigieux mais de la part d'un homme qui était prêt à tuer pour punir, peut-être que ce serait possible ? Il jaugeait ses options et les adaptait en fonction de ce qu'il ressentait, faisant de ses instincts une base solide pour l'action. « Il est normal que vous n'ayez pas de mots, Vaea, pour décrire ce que vous avez traversé. Revivre, après être mort, cela n'est pas logique. Cela n'a pas de sens, pour notre esprit. » Ses lèvres se fendirent d'un pâle sourire, guidé par la bienveillance. Des choses anormales, qui dépassaient l'entendement, Vaea en avait vu de pires, en particulier à Morneflamme. « Vous pourrez prendre le temps de vous remettre de cela. Vous êtes ici chez moi. Vous êtes ici chez vous. Je vous laisse cette demeure comme refuge, pour vous et vos compagnons. Leur présence saura, je l'espère, vous donner la force de vous remettre de ce que je vous ai infligé. » Car il en prenait la responsabilité. C'était lui qui avait pris cette décision, bien que son décapité se soit montré conciliant. Il approcha de la fenêtre de la chambre et tira délicatement le rideau avant d'ouvrir la fenêtre. Une fine pluie d'automne tombait avec une régularité. Il sentait l'odeur de la terre à laquelle se mêlait l'iode et les embruns. Le son du roulement des vagues s'éclatant contre la falaise, plus bas, venait bercer le rythme du temps d'une musicalité apaisante.

    Il se tourna vers son hôte, un sourire plus doux sur son visage régalien : « Je me suis dit que cela aussi, cela vous ferait du bien... » L'on voyait la mer, par la fenêtre, malgré le temps grisâtre. La demeure était sur la côte, au sommet de la falaise. « Je me suis souvent servi de cette maison comme demeure de convalescence quand... La ville devenait trop étouffante. » Maintenant, il avait d'autres moyens de s'évader. Il avait Ivanyr et la Vagabonde, il bougeait énormément et ne restait que très rarement entre quatre murs. Il y avait cette autre maison, dans les bois, que Valmys et Ivanyr avait bâti pour lui. Un lieu de retraite était toujours emprunt d'un apaisement salvateur. Il en avait eu besoin, à force de brûler à la lumière. « C'est Achroma qui vous a ramené à la vie, à ma demande. Je pense que c'est cet homme qui pourra être la clé de votre quête. Lui aussi, il est revenu à la vie... Savez-vous comment ? » Non, bien sûr. Pour beaucoup de monde cela était un mystère et il doutait que la ''conversation'' qu'Ivanyr avait pu avoir avec Verith ait su éclairer le dragon de l'Ire. « Achroma Seithvelj a libéré Skade de l'emprise du Tyran Blanc. Il a sacrifié sa vie et celle de sa dracène à cette fin. Et lorsque Skade perdit son lié, elle ramena Achroma d'entre les morts. Cela a été... Assez surprenant pour moi, quand je l'ai vu à nouveau après avoir brûlé son corps sur un bûcher, des années plus tôt. »

    Sa main se refermait à nouveau sur la pierre vibratoire portée à son cou. Lentement, il approchait de son hôte pour prendre une chaise et s'asseoir à son tour, observant ses traits déformés par la brûlure sans pour autant le dévisager. En vérité, son regard était d'avantage vitreux, loin. Lorsqu'il revint sur l'instant présent, ses mires se plantaient dans les siennes avec une franchise qu'on lui connaissait bien. « Peu à peu, l'homme amnésique qui se construisait et l'Achroma qu'il fut se sont rassemblés. C'est Kaalys, son Lié, qui a levé le verrou sur sa mémoire pour qu'il en reprenne lentement possession. Il a une force, en lui, immense. Lorsque le peuple vampirique a éclaté, il a forgé son clan. Chaque jour, il prend un peu plus de place en ce monde, par lui-même et avec mon aide. Faust a failli. Les Kohans ont failli. L'Alliance est une lueur qui étouffe depuis que je ne suis plus à la tête de Caladon pour maintenir avec Tryghild sa cohésion. Viendra l'heure où je prendrai Caladon. Viendra l'heure où Achroma prendra Nevrast. Viendra l'heure où nous prendrons Selenia et Calastin. » Il marqua un instant en suspens, quelques secondes, jaugeant de son expression face à cette révélation, avant d'achever : « Et viendra l'heure où il faudra faire des lois pour notre Empire. Achroma aime la magie. Si elle venait à disparaître à nouveau, il en serait profondément meurtri. Je pense qu'il peut vous entendre, comme je vous ai entendu et qu'il ne sera pas un dirigeant qui cherchera à plaire. Il fera ce qui doit être fait, il prendra les mesures nécessaires pour faire face à la destruction de notre monde et de notre magie. »

    Il pencha doucement la tête sur le côté. Il savait qu'il prenait un risque en lui révélant tout cela mais une part de lui avait envie de croire que cette opportunité ne serait pas ignorée. « Il réservera la magie à des élites ou des méritants... Et n'aura aucune peine à punir ceux qui mettront en péril ce qui lui est cher. Voilà ce qui sera possible, si vous êtes avec nous. » Il s'arrêta sur ce premier point, il en avait déjà dit beaucoup.

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Il avait raison, cela n’avait pas de sens et en soit, il n’aurait pas dû vivre. Il avait bénéficié d’un acte interdit dont il devrait rembourser l’impact. Dont il devrait expié la faute. Mais cela ne lui faisait pas peur. Crispant doucement le poing, il fut surpris de ne pas sentir le lien du serment carmin à son poignet. La mort l’avait retiré, très certainement. Il devrait le nouer de nouveau. “Je …” Il hésita un bref instant avant de poursuivre “J’ai l’impression d’être en faute. D’avoir été contre mes propres principes, par cette résurrection. D’avoir entaché mon propre sacrifice” Parler au vampire lui semblait aisé. Dès le premier instant, il y avait eut une forme d’assurance, en sa présence, qu’il n’avait pas sentit avec les autres. Il ne se sentait pas agressé par lui, ni humilié, ni incompris, passé les premiers obstacles naturels et en cet instant il partageait avec lui deux expériences traumatiques uniques. Il doutait que son interlocuteur prenne mal ce qu’il était entrain de lui avouer. Il secoua la tête. “Ce n’est pas de l’ingratitude, c’est … du questionnement. Je pense.” Son regard se porta sur la fenêtre, il observa le paysage. La mer. Comme c’était étrange, de se dire que l’on avait foulé l’autre côté mais que l’on était revenu. Il ne savait pas quoi penser, sur quoi se reposer. Il allait falloir qu’il prenne du temps pour cela. Le dragonnier étudiait-il ses pensées ? Ses mots, en l’instant, semblaient tant concorder. La surprise s’afficha sur ses traits, sincère, sans faux semblants. Une demeure était un bien luxueux à dispenser à un simple soldat tel que lui. L’observant un instant les yeux arrondis de surprise, il se détendit lentement, son visage retrouvant de son sérieux et de cet aspect songeur qu’il conservait depuis son éveil.

Merci” Que pouvait-il dire d’autre ? Soupirant, il secoua légèrement la tête “Je m’étais donné à vous” Il ne lui tenait aucune rancune de ce qui s’était décidé. Le flot de lumière entra davantage dans la pièce, suivit par l’air iodé. Vaea inspira à plein poumons. Il pleuvait, le bruit doux, constant et caressant venait dénouer la lourdeur de son corps, lui donnant une impression de fraîcheur, de langueur tranquille et de paix. De repos. Plus loin encore, quand on tendait l’oreille, il y avait le grondement de l’eau. “Oui” Oui cela lui faisait du bien. il en eut les larmes aux yeux en quelques instants. La faiblesse du retour à la vie, certainement, mais tout cela emplissait son coeur de … de bien. Il avait envie d’aller nager ou de marcher entre les rochers de la falaise. De laisser la pluie tremper ses cheveux et ses vêtements. “Auriez-vous… Auriez-vous un hamac ? Ou de quoi en fabriquer un ?” Il avait vécu la majorité de sa vie sur l’eau. Retrouver un sommeil bercé par un mouvement de balancier lui ferait certainement encore plus de bien. Quand était-ce, la dernière fois qu’il avait prit un peu de temps pour lui ? Retrouvé sa femme… son enfant… Il ne s’en souvenait plus. Mais si lui ne faisait rien, qui allait y faire quelque chose ? Il ne pouvait pas se reposer, nonobstant combien il en avait besoin. Tout au plus quelques jours, cette fois, pour s’assurer qu’il n’ait pas perdu ses capacités. Se reposer, c’était s’illusionner sur la situation. “Non, oubliez ça” Il ne pouvait pas se permettre de lézarder. Il avait déjà bénéficier de bien assez de luxe et de largesses.

Revenu à la vie… Non, je ne sais pas. Je pensais cela impossible” Il écouta, sans rien dire. Pensif. On lui révélait là des plans dont quelqu'un comme lui… auxquels quelqu’un comme lui n’aurait pas dû avoir accès. On lui parlait de la conquêt de Calastin, d’invasions. C’était de la haute politique et la haute politique, il n’y connaissait rien. Ce n’était pas à lui de juger si tout ça était une bonne nouvelle ou non dans l’ensemble, ou de la pertinence de ces actions. La seule chose qu’il pouvait en dire, et en juger, c’était de la main tendue qu’on lui offrait. Cela faisait tourner la tête, que d’imaginer un plan à si grande échelle. Pouvait-il croire en ce dirigeant-là ? On lui promettait quelqu’un qui allait réellement agir. Délimar aussi avait semblée pleine de promesse à l’époque. Mais est-ce qu’il pouvait vraiment cracher sur tout ça ? Est-ce qu’il pouvait réellement s’avouer vaincu avant d’essayer ? “On peut essayer” Cela ne lui coûtait qu’une potentielle déception personnelle et des efforts gâchés si ça ne marchait pas. Mais n’importe quelle solution était trouble et floue, sur le chemin qu’il parcourait et c’était ce qui l’avait poussé avec ses compagnons d’armes, à en arriver à tuer. S’il avait condamné ceux qui ne tentaient rien, il serait hypocrite de se plaindre s’il refusait toutes les solutions proposées. “Vous pensez réellement qu’il s’y tiendra ? Vous savez … pour être passé par là, ce n’est pas si simple, de se discipliner

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    L'Ast comprenait le point de vue de son invité. Le ramené à la vie avait réclamé une immense quantité de magie qui mettait actuellement Achroma au repos. Cela était contre-nature, à proprement parler. Cette renaissance saignait à blanc ses convictions, il ne savait néanmoins assez pieu pour faire éclore à merveille la rédemption dûment payée. Il acquiesça de la tête, avec respect pour ses valeurs. Il ne pouvait défaire ce qu'il avait fait, les choix étaient siens et il lui faudrait faire avec. Tout ce qui pouvait être apporté n'était que piété solennelle pour faire s'épanouir ce sentiment d'équilibre. Cela prendrait du temps, mais Aldaron comptait bien faire en sorte qu'il en ait. Cet homme avait un talent, un don qu'on ne croisait pas à tous les coins de rues.

    La pluie tombante apportait les senteurs de la terre imprégnée de la fraîcheur de la verdure que le soleil avait fait croître tout l'été. Même vampire, il trouvait cet endroit ressourçant, rempli d'odeurs et de sons qui apaisaient l'âme et fait fleurir en leur cœur, le bourgeon de la félicité. Le silence et l’approbation dans le mouvement de sa tête suffiraient à semer les graines du respect qu'il vouait à ses valeurs. Un fin sourire paternel arqua doucement ses lèvres à l'émotion qui émanait du soldat. Il n'avait pas été dans un meilleur état lorsqu'il s'était réveillé, après la mort. Il comprenait combien le flot des émotions pouvait prendre à la gorge, sans qu'on puisse parfaitement les connaître. Un hamac ? Oui, il devait avouer que retrouver les choses simples pouvait se montrer salvateur. Il exposa son projet et là où tout un chacun aurait posé un millier de questions sur le comment du pourquoi, cet homme-ci était pragmatique. Oui, essayer, qu'y perdait-il ? Excepté être déçu. Ce plan ou un autre. L'avantage de celui-ci était qu'il n'était pas seul et que la Triade ne lâchait pas on objectif facile. Cela à plus forte raison qu'il en avait les moyens.

    Il se leva et passa la tête dans l'entre-ouverture de la porte, il demanda à l'un des siens de lui apporter un hamac. Sa dernière question lui arracha doucement un sourire : « Pour être honnête, je ne sais pas s'il parviendra à se discipliner lui même. Mais il tient suffisamment à la magie pour discipliner les autres. » Il serait assez intransigeant. La menace de la disparition de la magie l'alarmerait suffisamment. L'Ast reprit place assise et défit la lanière de cuir qui nouait l'extrémité de sa tresse. Il observa le serment de son mariage, pensif : « Pour lui-même... Et bien, peut-être que son devoir d'exemplarité saura lui rappeler la marche à suivre s'il ne veut pas passer son temps à mater des rébellions. Peut-être aussi saurez-vous l'inspirer, comme vous l'avez fait pour moi, afin d'accepter, petit à petit... » Il défit du cuir le point de sève résineuse et le fragment de cristal de magie. Il posa ces minuscules réceptacles d'enchantement sur la table près de laquelle il se trouvait avant de venir renouer le cuir à l'extrémité de sa tresse. « Effort après effort, qu'il soit possible de faire sa part. »

    Il défit de son tabard et de sa cape un glyphe pris dans les broderies délicates pour les poser également sur la table. « Prendre le temps de réfléchir à ce qu'on use trop régulièrement, sans que ce soit utile. Vraiment utile. » Il retira le perlier de son cou. Celui-ci pulsait d'une aura de magie singulière puisque chaque perle avait sa propre puissance. « J'insiste pour que vous vous reposiez Vaea. Il est fini le temps où vous échinez à courir après le temps pour glaner des informations et agir, agir, agir. C'est ainsi que vous vous êtes mis en danger. C'est ainsi que je vous ai trouvé, vous et les vôtres. Vous faites maintenant partie d'une organisation plus solide sur laquelle vous pourrez vous reposer, tant pour ménager vos efforts que pour vous préserver. Vous êtes important pour cette mission. Vous avez la détermination que d'autres n'ont pas. Je ne pourrais pas vous remplacer. »

    Pas exactement, du moins. Il ne doutait pas que chaque être n'était que poussière dans l'univers. Il poussa un soupir, alors qu'il commençait à gratter certaines perles pour en retirer certains glyphes : « Prenez quelques jours, le temps que je retrouve les Nywins disparu à Caladon et que vous vous fassiez oublier. Vous continuerez d'agir Vaea, mais plus ponctuellement et pour un résultat plus grand. Parce que vous aurez la tête froide, que vos actions seront préparées, encadrées et ce, afin de vous attaquer non pas aux branches de l'arbre de la gangrène... Mais à son tronc et peut-être même directement à ses racines.Vous comprenez ? Pour cela, vous devez être parfaitement concentré et préparé. » En cela, après ce qui c'était passé pour Firindal, ce qu'avait évoqué Vaea plutôt l’intéressait au plus haut point : « Qui a ordonné la mort de Sarash et de son dragonnier ? Qui les a tué ? Qui a tué Firindal ? Je veux voir ces gens morts autant que vous. » Il frappa du point sur la table, sur les glyphes retiré et les brisa, délivrant dans la trame, la magie emprisonnée.

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Au moins, il n’essayait pas de l’amadouer avec de fausses promesses. Les choses étaient claires, honnêtes, sans faux-semblants. Du mal à se discipliner ? Oui, lui aussi au-début il avait eut du mal à se discipliner. Ce n’était pas dans la nature des bipèdes que d’être attentifs au monde et à son état, de se dire qu’en se retirant un minuscule confort, on faisait des merveilles pour le bien de tous. S’il fallait être honnête, ce n’était pas le genre des hommes de s’ôter le moindre confort, encore plus au profit de quelqu’un d’autre qu’eux. Il savait que cela pouvait être très difficile oui, cela, il acceptait, il avait même été le premier à en parler non ? Mais même si c’était dur, c’était un mal nécessaire. Il le fallait, il fallait l’accepter, il fallait être prêt à le faire et il fallait rester diligent tout du long. Cela finissait par devenir simple à la longue et au final ? On était d’autant plus fier de soit. On y gagnait, il en était convaincu. Expirant profondément, il détourna son regard une fois de plus, le dirigeant vers l’extérieur, réfléchissant. Pouvait-il compter sur les bons sentiments d’un vampire ? Question stupide, c’était déjà ce qu’il faisait avec celui qui lui faisait face. Il comptait sur ses bons sentiments en se basant sur ses actions passées, il pouvait bien faire la même chose à l’égard de l’Incendiaire. Ces individus n’avaient rien de pusillanimes, ni de timorés, rien d’indécis. Peut-être pouvaient-ils se comprendre, effectivement. “Cela se pourrait, effectivement

Du mouvement, du côté de l’Ast. Que faisait-il exactement ? Curieux, le Lyssien le mira, hochant la tête à son propos. Oui, en réfléchissant un peu on se rendait compte que certaines choses n’étaient pas utiles. Allumer un feu par magie ? Pourquoi ne pas simplement apprendre comment user du bois sec pour cela ? Changer sa teinte de cheveux ? Il existait des pigments naturels le permettant, ou alors il fallait apprendre à s’aimer tel qu’on était. Lui était hideux mais il s’acceptait, pourquoi d’autres ne pourraient pas faire autant avec de meilleurs circonstances ? Pourquoi ne pas apprendre à tisser un vêtement plutôt que d’user de la magie pour cela ? C’était des choses qui pouvaient se faire après tout et chaque petite chose était autant de soulagement pour leur monde. Et soudain, il fit la corrélation entre leur discussion et les gestes de son hôte, et son regard s’éclaira quelque peu. Il mettait en pratique ce qu’il disait alors ? Fort bien, cela lui allait parfaitement. Il s’approcha de lui, sans pour autant entrer dans son espace personnel, voulant seulement étudier davantage ce dont il se défaisait ainsi. C’était un geste qu’il appréciait, car c’était un signe de bonne volonté. Il fallait être prêt à appliquer à soi-même ce que l’on demandait aux autres, en effet, c’était la seule manière de faire, la seule manière d’être sincère et de réellement montrer l’exemple et d’asseoir leur souhait.

Oui, il y a trop de petits conforts inutiles, grâce à la magie” Sans même compter sur le fait que ces innombrables glyphes et sorts usaient de l’énergie vitale des porteurs. Parfois, il avait l’impression de voir des êtres se plaindrent de la faiblesse de leur corps tout en portant des dizaines de glyphes passifs qui pompaient en permanence leur force vitale. Dans ces moments-là, il avait envie de hurler de frustration. La réflexion le fit se perdre dans sa propre amertume pendant quelques instants, visage fermé, regard à la fois troublé et absent. “Pardon ?” La surprise fut comme une douche glacée, il cligna plusieurs fois des yeux et ne cacha pas combien il était désarçonné par l’attention qu’on lui portait et la prévention du vampire à son égard. Il n’y était pas habitué. “... Merci” C’était franc. Il ne s’attendait pas à ce qu’on s’occupe ainsi de lui mais il acceptait la gentillesse lorsqu’on lui en offrait, elle était bien trop rare en ce monde à son avis. Surtout ainsi, pour un inconnu. “Je ne vous ferai pas défaut” Il n’en avait pas l’intention, non seulement parce qu’il voulait sauver leur monde mais aussi parce qu’il portait la confiance et les attentes d’autres personnes, qu’il devait faire honneur à l’aide qu’on lui offrait ainsi. Il devait absolument faire en sorte de ne pas gâcher tout cela. Et surtout pas après qu’on ait usé de temps d’énergie vitale pour le ramener. Chaque jour de sa vie allait devoir être dépensé avec une extrême précision à présent.

Mes… mes compagnons pourront peut-être vous aider, si vous en avez besoin” Ne serait-ce que pour confirmer quels Nywim était encore libre dans la nature. Il n’avait pas tout cela en tête exactement mais ils avaient des dossiers écrits pour chacun, il ne serait sans doute pas très dur de vérifier. Il pouvait bien essayer de se détendre jusque là. De recentrer son attention, effectivement, pour être plus efficace par la suite lorsqu’il faudrait agir de nouveau. Il observa son arc, calé contre le mur opposé au lit. Il ne le maniait pas beaucoup, ces temps-ci. Il usait bien davantage du don de Verith. Cela lui permettrait d’ajuster son tir. “Firindal…” Tuer un dragon, même un dragon lié, c’était un crime contre le monde. C’était une hérésie. C’était… C’était un crime qui n’avait aucune commune mesure. Il n’y avait pas pire. Tuer un dragon c’était tuer le monde. Et finalement, pas que le monde. Les rêves de nombreuses personnes également. “Je n’ai pas encore le nom du commanditaire, malheureusement. Lorsque j’ai commencé à suivre la piste elle était déjà froide et ancienne. J’ai réussi à savoir que les tueurs qui s’en sont pris à Sarash et son lié étaient des membres du Souffle mais ils sont tous morts, l’organisation entière a été passée au feu par les almaréens après la prise de Gloria. J’ai essayé d’obtenir de la cour des miracles accès à leur sanctuaire, qui était à l’époque le coeur de l’organisation du Souffle, il ne restait plus rien. Mais je ne voulais pas abandonner…

Il s’assit, étendant ses jambes, et reprit. “Même les tueurs ont une logistique. C’est comme ça que Laïos m’est apparu comme une piste potentielle. Le Cirque était un décor parfait pour cacher le mouvement d’une troupe suffisante pour tuer une dracène adulte et son dragonnier. Ou même pour dissimuler un contrat aussi sordide” Maintenant qu’il y repensait, il ressentait plus profondément encore l’angoisse que représentait le manque d’information. A l’aube du retour des dragons, quelqu’un n’y avait pas vu un espoir, quelqu’un y avait vu une menace, il ne savait laquelle, et avait décidé de tuer ces créatures. “Tout ce que je sais, c’est qu’il s’agit d’un humain et quelqu’un ayant énormément d’or. Pour se payer les meilleurs tueurs du continent, et pas juste un mais toute une troupe, pour convaincre ces individus de la nécessité de tuer un dragon, il fallait beaucoup d’or. Je pense que c’est un noble humain, ou qu’il était noble à l’époque en tout cas. J'espérais que Laïos soit encore à son service. Le Cirque se produit beaucoup à Sélénia. Mais non. Et je ne pense pas qu’il me mentais. Mais ça ne m’avance pas davantage. Toutefois, j’émet un doute au sujet de Firindal. Je ne suis pas certain qu’il s’agisse de la même personne. Je peux me tromper mais… disons…” S’interrompant, il observa les glyphes brisés puis l’Antique. Lorsqu’il reprit, ce fut en plongeant son regard dans le sien, conscient du pouvoir des dragonniers de pouvoir lire les mensonges dans les yeux de leurs interlocuteurs.

Certains Brises-Sorts Glacé nous proviennent d’une lignée qui, autrefois, au temps des guerres antiques, volait des oeufs de dragons et de jeunes dragons, afin de les étudier, pour trouver toutes leurs faiblesses. J’ai des soupçons, rien de plus. Je n’ai pas trouvé la moindre preuve concrète. Avec votre aide, peut-être que cela changera, qu’il s’agisse d’une réelle piste ou pour les disculper. Si vous acceptez que je continue mon enquête, je vous préviendrais si j’obtiens la moindre information ou un indice plus probant” Son regard, soucieux, se détourna enfin. “Sarash et son dragonnier étaient alliés avec les vampires, du peu que j’en sais. Même si on arrive à trouver de qui il s’agissait, Messir, on ne pourra sans doute pas prouver qu’il a agit dans un but purement malveillant. Il pourrait très bien clamer avoir fait tout cela pour protéger le peuple humain contre un traître à sa race. Si tribunal il y a, il sera privé, si nous voulons une chance de le condamner pour ses actes. Est-ce que cela vous siéra ? Je me plie à votre décision…” Il avait décidé d’accepter son aide, mais cela venait également avec son hégémonie. Aldaron Elusis était son patron désormais après tout. D’ailleurs… Se relevant, il durcit les traits, comme sa résolution. “Dois-je vous prêter serment ?” Posant un genoux à terre, souplement, et sans courber le dos, il posa un poing sur son coeur. “J’y suis prêt. En échange de votre aide et de votre voeu pour notre monde, je suis prêt à remettre pleinement mes capacités à votre service, jusqu’à ce que la mort me délie à nouveau

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    Il acceptait sa demande de repos et l'Ast en était soulagé. Il n'aurait pas voulu devoir insister plus encore. Vaea avait l'air surpris, et reconnaissant. Il faisait un bon soldat. Il ferait un très bon soldat au sein du Marché Noir. Muet, le vampire écouta toutes les informations qui avaient pu être accumulées, voyant là quelques pistes d'investigation se dégager. Il avait vécu avec la noblesse humaine, il savait ceux qui possédaient véritablement de l'argent et ceux qui tâchaient de préserver les apparences. Les personnes extrêmement riches ne courraient pas les rues contrairement à la pauvreté. Les inégalités s'étaient renforcées, mais déjà à l'époque, il y en avait. Les anti-vampires étaient nombreux. Beaucoup avaient vu les dragons comme des armes de siège particulièrement efficaces. Alors les savoir dans le camp ennemi ? Il n'était, en fait, pas à exclure que ce soit la Couronne elle-même qui ait financé une telle machination, pour protéger le royaume des Hommes. Ils avaient toujours de bonnes raisons. Elles étaient faciles à trouver en somme. La caste des Dragonniers avait été reformée en ce but. Pour que les factions ne braquent pas les créatures ailées les unes contre les autres. Pour les écarter de ces conflits, de ces ambitions, et de ces craintes. Aujourd'hui encore, il n'était pas à exclure que Firindal ait été tué pour limiter le nombre de dragons qui soutiendraient Sélénia. Alkhytis, Cynoe liés au Kohan. Kaalys depuis son lien avec Achroma qui soutenait les affaires de Victoria. Et Orfraie... Pourrait-elle vraiment abandonner Luna ? L'alliance était-elle alors mêlée à cela ? Victoria avait-elle congédié sa demie-soeur pour rendre la couronne moins menaçante en faisant partir avec elle un dragon ? Au fond, Nolan lui-même avait menacé Sigvald d'attaquer avec des dragons s'il le fallait, à Cordont. Est-ce que cela avait été mal encaissé ?

    Sa nature vampirique ne l'aidait pas à reprendre contact avec l'Intendante mais Ilhan faisait un excellent point de relais. Aurait-il des informations sur les Brises-Sorts ? Au fond, certains étaient partis en mission, d'après Ilhan. Il faudrait qu'il interroge son fils plus en détail à ce sujet. Combien étaient-ils ? Était-ce ceux qui étaient partis à Caladon ? Il était à ses réflexion quand il vit Vaea poser un genou à terre. Un serment. Cela fit revenir Aldaron à l'instant présent. « Je jure d'agir pour préserver le monde de sa perte. Je jure de vous fournir l'aide nécessaire à ce dessin. » affirma-t-il avec un calme olympien qui ne dénotait d'aucun mensonge. Il comprenait l'urgence que la déviance du monde avait créé. Il comprenait l'horreur que les crimes commis contre les dragons engendraient. Il jurait, conscient de ce que cela impliquait. « Je m'y engage. Et si vous acceptez d'être mon homme alors je vous reçois et vous protège. » Il tendit ses mains vers lui pour réceptionner celles du lyssien, jointes. Il les recouvrait des siennes, glaciales, et les serrait avec l'autorité d'un seigneur sur son vassal. Il contrôlait ses mains, il en serait le maître. Il en serait aussi le protecteur car il désirait que ces mains fassent leur ouvrage aussi longtemps que possible. Il l'invita à se lever pour lui offrir l'osculum, promesse de loyauté mutuelle. Il posa une main sur son épaule, ferme. On toqua à la porte et l'Ast eut un sourire amusé : « Je crois que votre hamac est arrivé. » Ils avaient fait vite. Ils faisaient toujours vite. Il tendit une main vers l'entrée et on lui donna le matériel. Il passa les cordes aux poutres de la chaumière pour le fixer, tandis qu'il ajoutait : « L'aide de vos amis ne sera pas de refus pour les nywins. Quand aux meurtres de dragons, je pense avoir quelques pistes à suivre. La première serait d'avoir un entretien avec le capitaine des assassins de la Confrérie. »

    La cours des miracles était devenue la Confrérie. S'il y avait une seule personne à pouvoir obtenir des informations au sujet du Souffle, c'était probablement Teotl. Dans quelle mesure ? Il n'en avait aucune idée. Mais cela ne mangerait pas de pain d'essayer. « J'ai mes entrées, cela ne devrait pas être compliqué... Ma seconde piste, est Avente. Si des Brise-Sorts glacés participent à des missions meurtrières, il devrait pouvoir obtenir ces informations. Par voie officielle ou non. » Savait-il qu'Ilhan était un maître espion ? S'il l'ignorait, il n'alla pas plus en avance sur le sujet, ne voulant pas mettre son fils en difficulté quand bien même Vaea lui avait juré fidélité. « Ma liée... Nahui. Elle est aveugle parce qu'on a essayé de briser sa coquille. Je pense que cette piste n'a pas à être ignorée. Elle m'a dit qu'elle était sur le navire des chimères, avec une autre dragon dans son œuf.... Et elle m'a dit que celui qui lui avait fait cela n'était pas une chimère. Le roi d'Almara était sur ce navire. Ilhan m'a assuré, hier, qu'il n'avait plus ses pouvoirs de Serviteur... Mais cela pourrait être bon de creuser par là aussi. Je vais... Essayer de parler à Kaiikathal. L'autre dragonne. Peut-être aura-t-elle d'autres informations... Et Orfraie. Il me faudra parler à Orfraie. » Ce qu'elle avait vu, vécu. Ce serait autant d'indices prépondérants.

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Il n’était peut-être pas un nordique mais que l’individu auquel il se liait lui rende à égale mesure l’attachement du serment ne pouvait que lui être agréable. Positif. Et l’aide qu’il lui promettait était celle qui avait renversée le Tyran, aidé Korentin Kohan à se maintenir en vie et à combattre pour sa justice, il s’agissait d’un pouvoir à ne pas sous estimer. Au vu de la tâche immense dont ils s’investissaient alors, ce pouvoir ne serait pas de trop. Et pour autant, allaient-ils réussir ? Sans doute pas de son vivant à lui, qui n’était qu’un simple humain déjà au milieu de sa vie. Il mourrait sans avoir tenu sa promesse à Verith, mais il mourrait en ayant cheminé pour donner un avenir meilleur à leur monde et c’était tout ce qui comptait. “Je l’accepte, Messir” fit-il avec gravité, la voix retenue. Si véritablement Aldaron Elusis oeuvrait pour la prospérité du monde alors il n’aurait aucune hésitation à s’offrir en retour. Lyssien, il connaissait plus encore que d’autres ce que c’était, que d’appartenir à un groupe soudé, protecteur et qui s’entre-aidait. Il laissa le vampire prendre ses mains dans les siennes, observant les longues phalanges fuselées se refermer sur les siennes, pleines de cales. Coi, il remettait une part de sa liberté entre ces mains glacées à la force magique. Il expira profondément, et cilla lorsque leurs lèvres se touchèrent. Geste dénué de tout aspect personnel, il n’en restait pas moins troublant de recevoir pareil contact de la part d’un être doté d’une telle présence, d’une telle attraction et il fallait bien le dire, d’un tel impact physique. Déglutissant, le brise-sort eut besoin de toute sa force mentale pour ne pas rougir malgré lui. Fort heureusement, l’interruption du hamac fut la bienvenue.

Vaea s’écarta légèrement du vampire et observa le matériel nécessaire au hamac avec un léger sourire et un remerciement pour ceux qui venaient de l’apporter. “La Confrérie ? Pourquoi ?” Du peu qu’il en savait, et il était pourtant bien informé, Eärendil était lui aussi un dragonnier, mais il aurait quelque chose à voir avec tout cela ? Sans doute le vampire avait-il une bonne raison à cela, et dans tous les cas, il obtiendrait les informations au travers de son nouveau maître. Il tiqua davantage quand il fut question d’Ilhan Avente, ne cachant pas la grimace qui marqua son visage. Ce n’était pas une affaire de préférence personnelle mais plutôt de délicatesse de la chose. “Attention avec Avente. En toute sincérité, il n’est pas au fait des décisions militaires. Pour exemple, ma mission de trouver un autre lieu pour implanter une cellule de brises-sorts ne lui était pas connue. Je ne suis pas certain, en tout cas, de ce qu’il sait des autres cellules” Et il n’avait pas forcément envie de voir l’althaïen fouiner dans tout et n’importe quoi alors qu’il espérait pouvoir user de ses contactes pour, justement, obtenir des informations et des coups de mains. Il avait confiance le maître du marché noir, mais il serait d’autant plus efficace en ayant toutes les cartes en mains. Réfléchissant, il essaya de retrouver ce que lui-même savait des autres missions en cours. Il y avait eut un mouvement de troupes, récemment mais il ne pouvait pas certifier à quoi cela était lié, lui-même étant occupé à ramasser des Nywim et à enquêter sur ses cibles potentielles.

Pourtant, il sortit immédiatement de ses pensées lorsqu’il entendit le sort terrible que la dracène blanche avait subi, le regard froid et le visage fermé. Quiconque essayait de briser la coquille d’un dragon était un criminel qui méritait la mort, car il s’agissait d’un crime contre le monde. “Qui ?” Pire qu’une calotte glaciaire, le ton de sa voix aurait tranché net les esprits les plus faibles. Et là, il devait avouer qu’il tombait des nues. Le discours de l’Oracle, il l’avait écouté comme beaucoup d’autres, mais agréer à l’idée que le lien n’était pas positif et torturer un dragon… ce n’était pas la même chose. Il crispa les poings, serra les dents. “Désirez-vous que j’essaye de faire jouer ce qui me reste de contacts au sein de Délimar ? Nous pourrions interroger directement l’almaréen” Est-ce qu’il était entrain de suggérer le rapt du beau-père de l’intendante ? Oui. Il en était rendu aux meurtres, rien ne lui faisait réellement froid aux yeux, et surtout pas si on parlait de dragons. “Il faut que Verith soit prévenu également. Messir, c’est extrêmement grave. C’est comme s’il avait planté une dague dans le coeur même de notre monde” Jamais le dragon de l’ire ne laisserait ce crime impuni. Jamais de la vie il n’accepterait de laisser cela passer, dragon lié ou non. Secouant la tête, il essaya de se reprendre, et de se focaliser sur l’instant présent. “Je vais continuer de creuser la piste du Cirque au sein de Sélénia. Sauf si vous avez un autre souhait” Et il irait prévenir Verith. Il était, après tout, son protecteur, bien qu’il se jure auprès de l’Elusis. Désormais, il allait porter deux rubans.

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    L'Ast dodelina de la tête, pensif lorsque l'Inquisiteur lui demanda pourquoi il s'adresserait la Confrérie. « Ce qui fut la Cour des Miracles est devenu la Confrérie. Si le Souffle a disparu, je connais encore des assassins. Un en particulier, dangereux. Mais il est possible d'avoir une conversation civilisée avec lui... Ce qui n'est, pour le moins, pas spécialement courant chez ses pairs. » Et chez son père. Les gredins avaient un vocabulaire fleuri et des manières grossières, mais Teotl était, paradoxalement, bien éduqué. Probablement parce qu'il n'avait pas été éduqué par Nathaniel, tout comme Sorel. « Je me dis qu'à défaut d'être le Souffle à proprement parlé, peut-être ont-il été alliés... ou concurrents. L'on se renseigne beaucoup sur ses concurrents. Cela vaut le coup de creuser par ici. »

    Il eut un sourire en coin, goguenard, à la grimace que tira Vaea à l'évocation d'Ilhan. « Il n'est peut-être pas avisé aujourd'hui de ce qu'il en est, mais je suis assez certain qu'il cherchera et qu'il finira par trouver des réponses. Il suffit juste de l'intriguer suffisamment pour qu'il place ses multiples oreilles à travers tout l'archipel. Cela sera peut-être aussi un échec mais, je crois que la voie de la réussite passe par cela. L'on apprend toujours quelque chose d'utile, même dans une défaite, ne croyez-vous pas ? »

    Il évoqua le triste sort de Nahui et cela ne manqua d'indigner le défenseur du monde. Il n'en avait pas douté et la froideur de son ton eut tôt fait d'agréer en ce sens. « Je ne suis pas certain qu'il s'agisse de lui. J'apprécierai que vos contacts m'apportent néanmoins des informations, et ce, sans déclencher d'incident politique. Je ne compte pas me mettre en guerre contre Délimar. Plus d'un glacernois serait prêt à sauter sur la moindre excuse pour chasser du vampire. Je n'ai pas envie de donner de la matière à cela pour le moment. Nous aviserons si les doutes se confirment. » Il voulait agir avec prudence, bien que ses sens prédateurs auraient, eux aussi, beaucoup voulu fondre sur sa proie sans réfléchir. Il ne devait pas... Pour Ivanyr.

    « Vous pouvez prévenir Verith. Je dirais même que vous devez prévenir Verith et ce, avant qu'il décide de me tomber dessus parce que je vous ai décapité, si vous voulez bien. Il serait fort dommage que notre collaboration s'achève sur un pareil malentendu, n'est-ce pas ? » Il était railleur... mais au fond de lui, il lui serait réellement gré de prévenir Verith de sa survie avant qu'Aldaron se fasse tuer. Il avait beau ne pas craindre le feu, la patte de cet immense dragon saurait bien vite faire de ses os une charpie. « Vous pouvez poursuivre la piste du Cirque, bien entendu. Je serai ravi d'avoir de vos nouvelles mais... Je vais vous laisser vous reposer avant cela. Je vais avoir à faire avec ma fille. » Ah... Eleonnora. A quoi allait ressembler cet enfant ?

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