Que vous faisiez voile vers l’est de Tiamat, que vous faisiez voile vers l’ouest de Nyn-Tiamat, ou que vous faisiez voile vers le sud du récif des crocs du givre, sachez que vous ne pourrez pas passer à côté. Votre route le croisera assurément. A l’intersection de ces trois points se dresse un large édifice de glace, flottant sur la mer, se faisant légèrement balloter par les vagues.

Cet édifice est artistique, bâti à l’aide de la magie des esprits-liés, ayant l’apparence d’un chrysanthème. Il est maintenu immobilisé par un grand nombre d’ancres qui furent récupérées sur les navires détruits durant l’ultime bataille ayant opposé Ambarhùniens & Tiamarantiens contre les Chimères. Trois pétales de cette gigantesque fleur gelée s’étendent en direction de l’eau, formant des pontons précaires permettant d’y accoster à l’aide de barques. Depuis ses points d’accès, il vous est possible de pénétrer en direction du cœur de l’édifice. Barder de pétales de glaces destinées à protéger son cœur des vents, ce lieu est à ciel ouvert, mais une barrière magique se dresse en tant que plafond afin de protéger l’intérieur des intempéries tout en permettant une vue sur le ciel et aux rayons du soleil et de la lune d’y percer. Au cœur de l’édifice se trouvent des armes, plantées dans la glace, lame vers le sol. Des rubans sont attachés à leur manche et flottent lorsqu’une brise parvient à l’infiltrer au sein de l’édifice. Les nombreux pétales de glaces forment d’étroits couloirs et on remarque que sont gravés à même ceux-ci d’innombrables noms, tous d’une écriture différente, mais semblant avoir été fait avec le même outil.

Après avoir fait le tour de cet ilot artificiel, vous revenez au centre pour découvrir un piédestal de glace, à l’écart du reste, sur lequel repose une dague de noble facture. En ce lieu règne une ambiance lourde et grave bercée par les bruits de la mer. L’île de l’aube, tel fut le nom donné à ce lieu destiné à recueillir la mémoire de la bataille ayant opposé les forces de ce monde à celle des Chimères, ce lieu destiné à recueillir la mémoire de ceux tombés au combat pour défendre ce monde. Tout à chacun est invité à s’y rendre en paix, afin de se saisir de la dague cérémonielle et y graver à même la glace le nom d’un proche tombé durant ce combat … qu’il fut membre de la coalition ou sous l’emprise de l’ennemi.

Située dans les montagnes, à l’ouest d’Ipsë Rosea, la faille conduisant au val de Glen’Elendra est malaisée à découvrire et certains disent qu’elle n’est qu’une légende, ou que seuls les plus grands rêveurs parviennent à se laisser guider jusqu’à elle. D’apparence, il s’agit d’une simple brèche dans le flanc rocheux d’une falaise par laquelle serpente un petit chemin montagnard, guère plus large qu’un cheval. Dépourvue de tout attribut permettant de la reconnaître à coup sûr, ceux qui suivent leur certitude parviennent néanmoins jusqu’à elle en prenant garde à ne pas tomber et se glisse dans l’étroit passage n’admettant aucune armure lourde pour découvrir de l’autre côté le val.

Vierge de toute pollution bipède, Glen’Elendra est un hâvre de verdure ressemblant à un monde miniature. Une plaine herbeuse compose le centre du val, parcourue par un ruisseau, une profonde forêt enclavée borde le pourtour rocailleux, faite de chênes, de sapins, de cyprès, de cerisiers et de noisetiers. Tout au fond du val, entre des hêtres argentés, se trouve un haut cercle de pierres moussues et usées. Le centre de cet anneau semble ondoyant, comme si l’air se mouvait, empreint d’une subtile irisation verdoyante. La luminosité, en ce lieu, est un subtile et profond jeu d’ombres et de lumière en demi-teintes tandis que le reste du val est éclaboussé d’une lueur chaude et éclatante.

Il n’y a, cependant, aucun animal en ces lieux, ni terrestres ni célestes, ni même aqueux; et le silence profond frappe et désoriente les premiers instants. L’air est saturé de magie, à tel point qu’au coeur de l’été la trame forme des mirages dorés chatoyants. Le val est un lieu unique où la trame de la réalité physique est plus fine, plus ténue, de sorte qu’il se trouve à la fois sur Tiamaranta et dans le monde des rêves. Un voyageur parvenant en ces lieux pourra entrer physiquement dans le monde du rêve en se rendant au point le plus fin du val : le cercle de pierres moussues. Néanmoins, c’est un périlleux voyage et ceux qui n’ont pas déjà un lien avec le rêve seront moins certains d’en revenir.

Juchée sur le dos d’une tortue gigantesque, To’Okui est l’image même du règne des déesses, une île aux richesses naturelles opulentes. Une jungle verdoyante, touffue et parfumée aux espèces variées, dont les fruits aux couleurs vives ressemblent à des trésors précieux, constitue le paysage principal de l’île, au-delà de plages au sable littéralement blanc. C’est dans ce décor digne d’un rêve que la guilde des enchanteurs a établit ses quartiers, après avoir décidé de quitter des terres soumises aux conflits et aux disputes de territoires. Déclarée terre neutre, l’île est presque entièrement sauvage, en dehors du petit village installé par la guilde qui essaye de se montrer aussi peu intrusive que possible dans l’écosystème qui les accueillent.

On accède à ce village via la rive ouest de l’île, un ponton de bois de palétuvier ayant été installé afin de permettre aux visiteurs de descendre de navire en sécurité. Il suffit ensuite de suivre le chemin de planches qui conduit au centre même de l’île et auprès de la guilde. Le village est entièrement de bois, renforcé, bien entendu, par de très nombreux glyphes. Il a la taille d’un petit village de Calastin, et est organisé en rond autours d’une place centrale ornée de pierres blanches et de cristaux bioluminescents natifs de l’île. Les cabanes au sol sont toutes des ateliers marchands : enchantements, forge-arcane, marchands divers, ainsi qu’une petite auberge.

Au-dessus, dissimulées dans les arbres loin des regards des visiteurs, se trouvent les habitations des insulaires, comme des fruits étranges enlaçant les grands troncs des arbres tropicaux et reliées entre elles par des ponts suspendus. Les plus hautes des cabanes permettent de voir la tête de la grande tortue lorsqu’elle se lève vers le ciel. Chaque cabane est unique par ses décorations, sculptures de bois, ornements de totems et de glyphes ainsi que par la teinte de son bois et même le type de bois utilisé. Pour l’oeil le plus exercé à la magie, il sera peut-être même possible de noter que la disposition de chaque habitation suspendue et de chaque pont n’a rien d’une coïncidence. Le village tout entier forme un glyphe de protection géant.