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descriptionL'éducation Dalis [Toryné & Aldaron] EmptyL'éducation Dalis [Toryné & Aldaron]

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    15 décembre 1763

    Se battre, c'était tout ce qu'ils leur avaient appris à faire et bientôt... Ils assumeraient le rejet dont avaient été victimes les vampires. Leur haine farouche, CendreLune ne la supportait plus. Il la voyait, dans leur regard, il la sentait par son âme de dragonnier. Leur mépris était aussi abjecte que leurs ronds de jambe si faux. Tout, en leurs mots mielleux, était fallacieux, si mensonger qu'un Cawr s'en serait roulé de douleur, à terre. Il mourrait d'envie d'arracher, de leur précieux visages, tous ces sourires hypocrites. Il mourrait d'envie d'étriper leurs poitrines pour en arracher la satisfaction malsaine qui pulsait dans leur cœur, lorsqu'ils les voyaient ramper aux pieds de la Couronne pour leur survie. L'Antique n'aimait pas la Cour de Sélénia. Les petits jeux des nobles et leurs coups de poignards dans le dos lui donnaient la nausée. Leurs cancans ridicules l'agaçaient et leur opulente richesse, contrastant si drastiquement avec la famine qui s'installait dans les campagnes, pesait sur sa conscience comme des milliers de promesses assassines. Les Kohans avaient laissé gangrener leur entourage. Fort heureusement, tout n'était pas bon à jeter. Dans ce jardin, de belles plantes parvenaient, parfois, à pousser, souvent à l'écart de la jungle étouffante de ces mauvaises herbes. Ailleurs, de bonnes âmes mouraient avant même d'éclore. Il était révolté.

    Et c'était avec cette révolte au cœur qu'il avait trouvé Ivanyr quelques semaines plutôt, lui réclamant justice pour le peuple de la nuit qu'on traînait dans la boue. Il y aurait une justice. Il y aurait un paiement pour toutes ces calomnies, pour tous ces regards de travers, pour tout ces petits sourire abjectes ! Il y aurait une nuit, une terrible nuit où les vampires raseraient tout sur leur passage, où ils reprendraient leur véritable place tout en haut de la chaîne alimentaire. Il y aurait un vengeance sanglante et des cris déchirants dans l'obscurité. Il y aurait la peur, dans leurs regards. Une juste terreur qui leur ferait regretter leurs pêchers. Il y aurait les cors de la victoire, sonnant le glas de ce petit jeu de dupes. Et la satisfaction, enfin, d'avoir rééquilibrer les choses. Il aimait les humains. Il haïssait les nobles. Tout ceux qui étaient nés avec une cuillère en argent dans la bouche et qui profitaient sans avoir lourdement travaillé pour parvenir à ce statut. Ils ne méritaient rien. Ils n'étaient rien. Et ils ne seraient plus rien. Ivanyr le lui avait promis... Il serait patient... Mais il était révolté.

    Et c'était avec cette révolte au cœur qu'il avait trouvé le terrain d’entraînement de ses pairs. Qu'importait la pluie de décembre qui tombait sur la neige encore fragile et rendait la terre semblable à la boue des cochons à l'étable. Il avait dans son âme cette rage colérique, virulente et violente. Il avait cette ire, les vagues d'un courroux dévastateur. Il n'était pas aussi doué à l'épée qu'à l'arc, mais il était un Antique bien moins raide que les autres cadavres debout. L'épée en main, la lame blanche, il affrontait son pseudo adversaire. Il lui en faisait baver, autant qu'il en bavait lui. L'ast tombait à terre, finissait dans la boue et se relevait. Ses cheveux blonds prenaient la couleur de la terre et l'eau ruisselaient sur sa peau comme pour vainement le laver. Les armes s'entrechoquaient dans un fracas métallique, sa hargne grondait avec véhémence. Les cheveux blonds avaient la couleur ternie de la terre mais son visage, tous crocs dehors, réclamait le combat. Ses yeux étaient ceux d'un prédateur farouche et sa poigne était d'une franchise percutante. Il chargeait réussissait, échouait, tombait à terre et se relevait encore. Il chutait, perdait son épée, mais avec ses poings, il frappait encore. L'instinct bestial de la survie, l'écho de Morneflamme vibrant dans son cœur, souvenir impérissable.

    Il était révolté. Et il ne pouvait pas hurler, ici, à Sélénia. Il n'avait trouvé que les bras d'Achroma ou le tranchant de l'épée pour l'apaiser. Enfin, il désarmait son adversaire et le clouait au sol. Victorieux, il n'était un vantard et tendait immédiatement sa main pour aider l'autre à se relever. Il avait bien assez de prestance pour être admiré, même couvert de boue. Ses mires se posaient sur une autre figure qui approchait, à l'abri sous le préau. L'on s'inclinait devant le parangon et même si Toryné n'était pas son clan, il s'inclina avec respect. « Prendrez-vous une épée, Mère ? » Il savait qu'il lui demandait plus qu'un combat. La pluie, la boue... Cela n'allait pas toujours au teint ni à une belle robe... Mais il était dans l'orgueil des vampires de ne pas refuser un combat, au risque de passer pour un lâche. La guerre et le sang, les vampires n'avaient que cela. La loi du plus fort faisait long règne. « Promis, je ferai semblant de perdre... » railla-t-il en faisant mine de murmurer pour sa seule Mère. Un sourire, joueur, venait sur ses lèvres, à l'insolence puérile et provocante qui méritait une bonne raclée.

descriptionL'éducation Dalis [Toryné & Aldaron] EmptyRe: L'éducation Dalis [Toryné & Aldaron]

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Toryné n’avait pas pensé trouver son fils sur le terrain d’entraînement. Elle était venue appliquer le programme d’entraînement de son fils aîné Ulrich, qui depuis un certain temps maintenant était son « maître d’arme » attitré. Officiellement, Ulrich était surtout l’un de ses gardes du corps, mais également le vampire que la mère de la nuit envoyait par moments pour la représenter. Cependant, Ulrich était un bon professeur, avant l’effondrement du royaume vampirique, il avait entraîné de nombreux nouveau-nés au maniement des armes, Toryné n’était pas un nouveau-né, mais un tel bretteur était une bénédiction pour elle. Par conséquent l’androgyne était une élève assidue, Ulrich était occupé à régler des affaires claniques, ce qui expliquait la présence de la matriarche sur ce terrain d’entraînement boueux. Elle était vêtue contrairement à son habitude d’un pantalon simple et d’une chemise, elle n’allait pas après tout salir ses robes et ses beaux apparats.

Elle prit un moment à regarder son fils antique, il n’était pas un mauvais épéiste, mais il excellait bien plus à l’arc qu’à l’épée. Ce qui cependant était à constater était la violence que portait Cendre Lune à chacun de ses coups. Quelque chose pesait sur l’esprit de son enfant, elle en était sure, par besoin d’un instinct maternel pour s’en rendre compte.

Une discussion s’imposait donc, mais d’abord, il fallait extérioriser se trop plein d’énergie négative. Au fond d’elle, même si elle ne l’avouerait peut-être jamais, elle ne voulait pas commettre les mêmes erreurs que Sintharia. La mère de la nuit avait déjà assisté à ce spectacle, son enfant déversant sa colère dans la violence du terrain d’entraînement. Cependant, jeune mère qu’elle avait été, elle s’était bercé d’une grande naïveté, pensant que sa fille viendrait d’elle livrer son cœur si elle en avait besoin. Aujourd’hui, sa première-née était aussi sa première renégate, son orgueil ne lui pardonnerait sûrement jamais, il ne fallait pas que cela se reproduise.

Toujours accompagné de sa lame noire addictive, Ténèbre Larmoyante, il n’allait cependant pas l’utiliser aujourd’hui. Malgré la petite provocation de son fils, son épée enchantée était une arme disproportionnée pour punir l’insolence dont faisait preuve Cendre Lune. Il allait le laisser gagner ? Il fallait croire que la provocation était génétique.

-Qu’on m’apporte une épée !
cria-t-elle. Le temps qu’on lui apporte une arme, elle profita de cette courte attente pour s’étirer les muscles et surtout préparer son esprit. Il n’avait guère le temps de rentrer en transe, comme à son habitude avant un entraînement, mais ce combat avait un autre but que l’entraînement après tout.

Épée en main, elle se mit en position de combat, un sourire provocateur sur les lèvres. « N’oublie pas de me laisser gagner surtout » rappela-t-elle ironiquement à son fils avant de la charger. La cacophonie des lames commença, sous le regard des enfants de la nuit qui était très curieux de voir deux grandes figures du triumvirat s’affronter, même dans un duel amical. Toryné était semblable à une danseuse avec une épée en main, ses gestes étaient gracieux tout en restant violent et rapide. L’éclair roux comme certain aimait l’appeler depuis la bataille contre les chimères, en hommage à son assaut aérien contre la commandante chimère et à sa chevelure rousse qui était apparue pendant la bataille. Il n’y aurait pas d’assaut aérien aujourd’hui, les ailes de Toryné n’était pas invoqué, cependant Cendre Lune avait tout de même affaire à une véritable tempête de coup.

Le combat dura sûrement une bonne dizaine de minute, mais une erreur de jeu de pieds trahit l’antique, ainsi, il ne put suffisamment reculer lors de la fente de sa mère ce qui entraîna une légère perte d’équilibre. L’androgyne n’avait plus qu’à frapper de toutes ses forces pour que Cendre Lune tombe au sol, dans la continuité de l’adrénaline emmagasiné, Toryné se jeta sur lui afin de l’immobiliser au sol, lame sous le cou pendant que sa main libre venait saisir la poigné de l’antique tenant l’épée.

Si Achroma avait été là, l’inséparable l’aurait peut-être tué par réflexe de peur qu’on blesse son aimé, ou du moins, c’est l’excuse qu’il aurait donnée.

-Et bien, tout s’est passé comme prévue, j’imagine, n’est-ce pas ?
Après tout, Cendre Lune l’avait laissé gagner, non ?

Toryné se leva et tendit une main à son fils afin de l’aider à se relever. Leur spectateur gardait un silence solennel devant cette confrontation, certes elle aimait être regardé, cependant… « Du nerf enfants de la nuit ! Ce n’est pas en se tournant les pouces que le triumvirat pourra faire face à toutes menaces, je veux entendre la symphonie de l’acier et du fer ! » Toryné voulait son moment d’intimité pour une fois.

-Je sais que tu ne bois pas très chère, mais j’apprécie une bonne coupe de sang après un peu d’entraînement, le clan Dalis s’essaye à un tout nouveau… crue disons et j’aimerais beaucoup le partager avec toi pour avoir ton avis, si tu le veux bien.
Les « savants » Dalis comme elle aimait les appelés s’asseyaient à de nouvelles expériences sur le domaine de l’alimentation, dans le but de s’émanciper le plus possible du commerce écarlate et une chose était sûr, les résultats étaient encourageant. Nous pourrions également en profiter pour discuter, avec nos obligations respectives, il est assez de rare de pouvoir avoir des moments pour nous.

Les devoirs de parangon et de mère étaient difficiles à conjuguer surtout qu’à l’instar d’Ulrich, Cendre Lune n’était pas du Clan Dalis. Cependant, rien n’arrêterait la mère de la nuit, elle incarnerait tous ses rôles, tel était son caprice.

descriptionL'éducation Dalis [Toryné & Aldaron] EmptyRe: L'éducation Dalis [Toryné & Aldaron]

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    Le sourire joueur d'Aldaron s'étira sur ses lèvres de cendres lorsque sa mère répondit par l'acceptation à la provocation qu'il lui infligeait. Probablement était-ce là ce dont il avait besoin, se battre avec elle, se battre contre elle. Non pas qu'il désira lui faire mal, mais elle était au cœur de ses préoccupations depuis que le nouveau-né connaissait les plans d'Achroma à son sujet. Probablement était-ce alors la peur de perdre sa mère qui le taraudait sournoisement. Il ne voulait pas que son époux et Toryné s'affrontent. Le simple fait de l'imaginer le faisait frapper plus fort à l'épée, chatouillant ses nerfs d'une douleur perfide qu'il ne parvenait à s'ôter. Le rappel sur l'issue du combat eut le don de l'apaiser. Cendre Lune était un nouveau-né qui se fiait énormément à ses instincts et la présence de certaines personnes dans son entourage parvenait à diminuer la colère qu'il avait en lui. Il se disait que tout n'était pas mauvais en ce monde et sa mère faisait partie de ces bonnes choses que sa renaissance lui avait offert. L'elfe qu'il fut n'avait pas eu de mère, et son père ne l'avait jamais regardé autrement que comme une déception tant Aldaron avait été un enfant très différent.

    Avoir Toryné était une seconde chance dont il savourait chaque instant, même lorsque leurs épées s'entrechoquèrent lourdement, assaut après assaut. Leur race vampirique rendait leur combat particulièrement violent, rapide et brutal aux yeux d'un humain. Le spectacle était fracassant. Ils étaient supérieurs. Ils étaient plus forts, plus gracieux. Ils étaient plus éblouissants, plus fermes, plus vindicatif. Ils les surpassaient. L’enchaînement des pas et des frappes criait d'une ardeur et d'une perfection que les humains ne pouvaient atteindre. Ils étaient le peuple de la nuit, peuple du sang, maîtres du combat. Aux yeux des humains, cet affrontement aurait été à couper le souffle. Il n'y avait toutefois que des vampires habitués à une telle agressivité. Elle n'avait dès lors rien de surprenant. C'était d'avantage les noms des deux personnes qui s'affrontaient qui attiraient les regards des vampires. L'Ast ne voyait pas le temps passer, se nourrissant de la vindicte du combat comme aspiration, il avait l'air en transe, dansant avec sa mère sur la musique de la bataille, porté par les mouvements de recul et d'agression. Était-ce la fatigue alors ? Ses muscles soulignant que la ferveur qu'il mettait dans son combat ne saurait durer. Un mauvais jeu de pied, si vite exploité.

    Il se retrouva au sol, acculé, épée sous la gorge et main interceptée. Tout s'était passé comme prévu ? « Évidemment. » Il avait en vérité pris une bonne raclée mais Toryné jouait le jeu à merveille. Elle faisait un piètre fanfaron en lui octroyant de la sorte le bénéfice de l'avoir fait exprès. Son orgueil la remerciait d'une telle grâce et Aldaron accepta la main tendue pour se relever. Les troupes furent promptement dissipées et Aldaron fut invité. Son cœur d'enfant aurait bondit de joie sur place du temps qui lui était octroyé, mais l'adulte qu'il était jugula l'émotion qui le saisissait. Il suivit sa mère et ses aides l'accompagnèrent. L'Ast était bien sale pour se poser dans un canapé à parler. Il retira ses bottes et on l'aida à ôter son armure et ses habits devenus boueux. Il enfila un autre pantalon, propre et se pencha au dessus d'une large bassine d'eau prévue à cet effet. Il se débarbouilla les mains et le visage. Les domestiques versèrent une cruche d'eau sur sa tête pour lui nettoyer les cheveux, du moins le principal. On lui tendit de quoi se sécher, la Triade épongeait les filaments blonds comme les blés qui composaient sa chevelure, puis son visage et ses mains.

    Il tressa ses cheveux et enfila une tunique cintrée et blanche avant de pouvoir pleinement rejoindre sa mère dans un salon confortable. Il remonta ses pieds nus sur l'assise, les dissimulant sous ses fesses, dans une posture de Seiza, le dos droit. Il accepta le verre de sang qu'on lui servit. Il n'était guère friand de cette boisson. L'odeur lui rappelait quelques mauvais souvenir qu'il aurait préféré ne pas récupérer. « Pouvez-vous nous laisser ? » demanda-t-l aux domestiques. Il avait beaucoup de choses à dire à sa mère et certaines d'entre elles étaient particulièrement privées. Il trempa les lèvres dans le verre, le temps que tout le monde disparaisse, buvant une très minime gorgée du liquide carmin. Lorsque la porte se referma enfin, il posa la coupe sur la table basse et se pinça les lèvres. Il prit dans sa main le pendentif du collier qu'il avait autour du cou, la pierre vibratoire qui contenait son propre chant-nom. « J'ai retrouvé ceci... Il s'agit d'un cadeau qu'Ivanyr m'avait fait lors de notre mariage. L'elfe que j'étais l'avait confié à Ilhan Avente, qui l'a gardé en sûreté et me l'a rendu. La pierre contient mon chant-nom. Tout mon chant-nom, chaque instant de ma vie, de la mort, et je peux l'entendre. Progressivement, je l'assimile. »

    Il serra la pierre dans sa main, perplexe : « Aldaron ne vous aimait pas et pourtant, j'ai vu ce qu'il vous a forcé à faire. » Il baissa les yeux, un sourire crispé passa sur ses lèvres avant de s'éteindre : « Que je vous demande comme mère adoptive était un bon compromis, n'est-il pas ? » Achroma aurait tué Toryné sur le champ, sans la moindre sommation. « Je n'ai pas envie de vous perdre, vous êtes chère à mon cœur. Encore plus maintenant que je sais.... » Qu'elle était vraiment sa mère. Il ne formulait ces mots, craignant qu'on les entende. Mais eux deux savaient de quoi il était question. « Et pourtant, vos ambitions et celles de mon époux pourraient vous conduire à vous affronter, un jour. Je crois que je vous avais choisi pour cela, en plus de l'affection que vous portez à vos enfants. Pour que cela n'ait pas lieu mais en vérité, je crois que mon affection pour vous ne retiendra pas définitivement Achroma si vous vous mettez en travers de sa route, vous comprenez ? Et cela me fait peur. » Comprendrait-elle ce qu'il sous-entendait ? Achroma avait toujours vu le Triumvirat comme provisoire. Il n'était là que pour créer un semblant se stabilité, comme une transition nécessaire. Il n'avait jamais caché ce point de vue d'ailleurs : Toryné ne pouvait pas l'ignorer.

descriptionL'éducation Dalis [Toryné & Aldaron] EmptyRe: L'éducation Dalis [Toryné & Aldaron]

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En temps normal, Toryné aurait continué son entraînement pendant plusieurs heures durant avant de s’arrêter, mais elle pouvait bien s’offrir une exception pour son fils, non ? Il était bien plus compliqué de voir Cendre Lune de par son statut d’Elusis et d’époux d’Achroma, elle n’allait sûrement pas rater l’occasion qui se présentait, surtout qu’elle sentait sa progéniture perturbée.

Toryné se retira un bref moment afin de retirer ses vêtements entachés par la boue, en déplaisent au monarque, la vampire se contenta de la sobriété d’une courte robe noir très loin de sa démesure habituelle, elle ne prit même pas le temps d’enfiler des talons ou même des chaussures. C’était une beauté plus naturelle qu’arborait la parangon, une féminité mise en valeur de la manière la plus simple possible. Cette sobriété n’était pas un spectacle qui s’offrait à n’importe qui bien entendu nombreux de ses serviteurs avaient déjà pu observer l’androgyne, mais c’était véritablement sa famille qui avait ce privilège. Cela reflétait en quelque sorte son état d’esprit, plus libre, plus authentique, du moins autant que Toryné pouvait l’être.

La mère de la nuit s’installa, coude posé sur le dossier du fauteuil, assise sur le flanc d’une de ses hanches. Elle attendit patiemment l’arrivée de son dernier-né et d’une servante ramenant sa fameuse concoction. Une fois que cette dernière leur servit un verre chacun, Cendre-Lune l’invita à les laisser, tant mieux, le cygne territorial n’avait aucune envie de partager son moment privilégié avec une roturière. Il porta le verre à ses narines, remuant le verre afin que les effluves de sang viennent caresser ses sens. Ce n’était pas juste du sang, en y prêtant suffisamment attention, on pouvait sentir certaines épices et… hum… seul un Raudr pourrait sentir cette particularité juste au goût.

En tout cas, Cendre Lune ne sembla sentir cette particularité, il n’avait cependant pris qu’une petite gorgé, son fils n’aimait pas spécialement le sang, ce qui était particulier pour un vampire, ou du moins cela l’était. Les Ast était si… particulier, pouvait-on encore simplement encore les appeler véritablement vampire ? Qu’est-ce qui définissait un vampire ? Des créatures libérées de la contrainte de la mort, de l’infamie de la sénescence et de l’indignité du cycle de la réincarnation ? Ou simplement de se nourrir du sang des vivants ? Et qu’en était-il de lui, lui qui désormais semblait pouvoir boire tous les sangs, mais surtout en plus de cela de se nourrir des émotions des autres ? Il n’était pas insensé de penser que Cendre Lune et lui était devenu bien plus que de simples vampires.

-j’ai retrouvé ceci, commença-t-il. Toryné regarda la pierre, sans d’abord comprendre de quoi il pouvait bien s’agir, mais son fils continua et son regard se fit plus intense. Son chant-nom… alors… il savait. Et la suite lui confirma cela, elle garda le silence, écoutant attentivement chaque parole de son enfant avec la plus grande des attentions, était-ce tout cela qui troublait son fils, cette découverte ainsi que les ambitions de son époux et de sa mère qui sûrement un jour ne pourrait plus cohabiter sans que l’un s’écrase. Et malheureusement, les cygnes étaient inflammables. Cette révélation lui expliqua également pourquoi son fils était si réticent à boire la boisson qu’on lui avait servi.

-C’est une drôle de situation dans laquelle Aldaron nous a mis n’est-ce pas ? Elle sourit et reprit une gorgée de sang. Aldaron ne m’aimait pas et il m’a choisi comme mère… Qui aurait pu le prévoir ? D’autant plus sur un bateau de Delimarien, ce jour-là, j’ai presque cru qu’il voulait me tuer, mais j’ai très vite compris ses véritables intentions. Formée, une alliance solide entre Achroma et elle, tous deux ne s’aimaient, c’était difficilement niable. Pour être honnête, je n’aurais jamais choisi Aldaron comme enfant, en dehors du fait qu’Achroma m’aurait tué, Aldaron m’avait pris ma fille… La douleur était toujours là, il l’avait perdu, sa fille, son trésor, sa première-née, son cygne noir… Pourtant. Pourtant, il l’en coûtait de dire cela. Pourtant, je dois admettre qu’il m’a aidé d’une certaine manière, je ne sais pas choisir mes enfants, te souviens-tu de cette phrase ?  Il avait tristement raison… La vérité était toujours des plus douloureuses, même lorsqu’on l’acceptait. Cependant, l’avoué était un pas de plus vers le deuil de sa fille perdue.

La mère de la nuit passa sa main dans sa chevelure, faisant lentement tourbillonner sa chevelure. " J’aurais été prince ou princesse aujourd’hui si Achroma n’avait pas été là. Personne n’aurait pu s’opposer à moi, le conseil était déjà dans ma poche, l’armée m’aurait certainement suivi, j’avais même le contrôle d’Aerthia. Et j’aurais hérité d’une dette pharamineuse… La preuve certainement que je n’étais pas un très bon conseiller, ou que je n’ai pas voulu l’être en tout cas. " Cela restait cependant une erreur honteuse de sa part, lui conseiller le plus proche de Keziah n’avait pas vu cette énorme dette se créer.

-Aujourd’hui nous sommes alliées dans un triumvirat, nous donnons l’illusion que nous sommes plus faibles car divisé en trois clans, mais nous savons bien que cela ne durera pas. Il n’y a rien de plus de naturel que de vouloir plus, toujours plus. Moi aussi je veux plus, Achroma en veut plus, Shah aussi en veut plus également. Ta peur est effectivement légitime mon enfant, je serais sûrement la première à qui on viendra arracher la tête, mon arme principale est la parole et la beauté, des atouts certes utiles, mais en duel il y a de meilleure arme, tel que l’acier ou les flammes au hasard. J’ai beau m’entraîner à l’épée… Je ne peux pas combler l’écart de puissance entre eux et moi.


Il avait accepté le triumvirat à l’origine pour gagner du temps et esquiver une dette qui l’aurait ralenti dans ses ambitions, il avait lui-même bien entendu eu l’objectif de prendre le pouvoir pour lui tout seul en se débarrassant de ses rivaux, mais il l’aurait fait de manière sournoise, car c’était que résidait la force du clan Dalis, des espions et assassins agissant sous l’ombre de la nuit et des courtisans et politiciens se drapant dans la lumière de la lune. Cependant, désormais, un nouvel élément venait se rajouter à tout cela, Cendre Lune, son fils. Et la mère de la nuit ne pouvait qu’aimer ses enfants, d’un amour inconditionnel et souvent contre nature. Si Achroma mourrait, alors son enfant mourrait également et cela il ne le voulait pas, car de toutes ses fiertés, ne pas être comme sa mère à sacrifier ses enfants comme des objets étaient bien trop forte… le triumvirat était une impasse pour elle, il voulait plus sans pouvoir prendre plus… et il ne voulait pas s’agenouiller devant l’un des autres parangons.

-J’apprécie ton inquiétude pour moi, je comprends mieux ce qui te troublait tout à l’heure. J’ai bien peur cependant de ne pas pouvoir t’apaiser complétement dans l’immédiat, je ferais en sorte que cet affrontement que tu crains ne se produit pas, je suis censé être le parangon de la diplomatie après tout et une véritable mère n’abandonne pas ses enfants.
Il ne pouvait pas en dire plus, il ne pouvait se permettre de révéler ses possibles projets à son fils, malheureusement, il était certes de la famille Dalis, mais pas du Clan, il restait avant tout un Elusis et l’inséparable d’Achroma.

Sur ses paroles, Toryné bu d’une traite le reste de son verre et ne manqua pas de s’en servir un autre. Tyr certes, mais il restait tout de même un minimum gourmand. " D’ailleurs, ce n’est pas du sang humain, c’est du sang de vache ". Rajouta-t-il innocemment. " Pour le moment, peu de personne on fait la différence ". L’une des connaissances que le clan Dalis commençait à acquérir au contact des hommes, l’art culinaire, au premier abord cela semblait anecdotique, mais en vérité le Clan avait des projets de plus grande envergure derrière cela. " Mais ne te force pas à boire pour autant ".[/b][/color]

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    L’ast se pinça la lèvre. Bien sûr que chacun des parangons en voulait plus que leur tiers dévolu. Là était bien tout son soucis et ses craintes. Sur ce chemin, il savait qu’Ivanyr avançait à grands pas. Ses alliances se faisaient de plus en plus nombreuses, sa puissance de plus en plus marquée. Bientôt, il irait tuer Irina pour dominer la majorité des vampires sous sont égide. Qu’en était-il du parangon à la hache ? Qu’en était-il du parangon à la robe ? Il n’en savait rien et aux mots de Toryné, Aldaron réalisait combien Ivanyr avançait sans regarder en arrière et sans voir le poignard qui, peut-être, se levait dans son dos, prêt à s’abattre. Le frisson d’une peur viscérale lui parcourut l’échine, vivace. Il ne désirait cela. Pas plus qu’il ne désirait perdre sa mère et il avait l’impression que dans ces ambitions insolvables, il finirait par perdre l’un ou l’autre. Ou les deux. Qui sait ? Il serra les dents, se crispa et posa le verre de sang, un boule dans la gorge.

    Il posa son regard verdoyant sur la coupe de sang, pensif à ce que lui évoquait la mère de la nuit : « Si nous pouvions nous nourrir avec du sang d’animaux, nous ne serions pas les parias de cet archipel. » Les monstres nocturnes tueurs d’humains qu’il valait mieux tuer que laisser en vie. « Nous pourrions faire des élevages comme les humains et… Exister sans avoir à dépendre d’eux pour survivre. » Il secoua la tête de gauche à droite. « Mais ça n’est pas le cas. Peut-être que personne n’a su faire la différence entre ce cru et du sang d’humain mais, la Faim, elle, ne sera pas rassasiée et ne saura tromper personne. » Sa mère avait l’air d’aimer particulièrement le sang. Plus que les autres vampires, presque comme un plaisir et un divertissement, là où Aldaron avait été pris en charge par le cercle des Anciens et avait été éduqué de façon stricte, disciplinaire, afin de ne pas être l’esclave d’un manque ou d’un désir impulsif.

    « C’est pour cette raison que je suis de plus en plus persuadé que nous ne pourrons jamais vivre avec les hommes. Nous seront toujours contre eux. Ou eux contre nous. Probablement un peu des deux. » Cela le rendait assez triste, autant que cela le décevait, lui qui, elfe, avait tant vécu avec ce peuple si éphémère et si vivant. « Keziah a voulu vivre comme eux, indépendant. Il a échoué. Irina a voulu vivre avec eux et elle a creuser le fossé de la dette. Vous faites un Cygne flamboyant, Mère. Douée pour l’apparat, je crains que vous ne soyez également de ces charognards qui attendent que le prédateur soit vulnérable, faible pour dévorer sa carcasse. J’aurais voulu une éloge plus flatteuse à vous offrir, mais c’est tout ce que m’inspire ma peur. » avoua-t-il, sans arrogance aucune. L’enfant baissait les yeux, tout aussi craintif du jugement qu’on ferat des mots qu’il énonçait. Le vexerait-il ?

    « Ivanyr veut vous offrir Ipsë Rosea. Le charme de l’architecture elfique sera-t-il à votre goût ? » La concession avait son charme, suffirait-elle ? « Vous pourrez y régner. Vous serez le maître de ces hères, et sur les terres allant jusqu’au lac d’Emeraude. Un joyau à la couleur des yeux de votre fils, où se reflètent, à sa surface, les éclats du soleil de sa mère. » Depuis sa renaissance vampirique, le regard verdoyant de l’elfe s’était garni d’éclats ambrés héréditaires. La parole était basse, posée et sans élévation de la voix. L’intonation était parfois tremblante. La peur, s’il en était. « Je suis navré de ce que vous a dit Aldaron. Je crois qu’il a vu en vous une mère d’exception et probablement aussi, l’opportunité qu’un lien comme le nôtre offrirait à son époux. C’était mesquin. Mais dans sa stratégie, je crois qu’il a oublié qu’il serait là, entre vous deux, à prier les Esprits chaque jour que vous ne vous entre-tuiez pas. »

    Son regard revint sur l’androgyne, si simplement vêtu contrairement à son habitude. « Vous ne m’avez pas choisi comme fils… Mais je le suis. Ploierez-vous le genou devant mon époux, Mère ? » Il serra les dents, peiné, avant d’ajouter : « Ou dois-je continuer de prier les Esprits que vous en veniez à des ambitions plus sages ? » Elle l’avait dit elle-même : elle ne pourrait pas le vaincre, alors quoi ? Il avait l’impression que cela ne signifiait pas que Toryné allait ployer le genou. Alors, il lui demandait plus explicitement, pour obtenir une réponse tout aussi nette. « Je vais vous supplier comme je l’ai supplié de vous épargner : ne lui faites pas de mal… Je ne veux pas avoir à choisir entre vous. » Sa mâchoire se crispait alors que les gouttes carmines montait à ses yeux sans couler, pleurs taris par la malédiction vampirique.

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Son fils parlait incroyablement bien, son charisme était sans surprise indéniable. L'ego de la mère de la nuit aurait aimé s'attribuer cette force par un quelconque héritage de son venin, mais il n'était pas dupe. À travers la nuit, Cendre Lune avait tout simplement gardé cet incroyable don qu'avait Aldaron, cette force qui avait fait de lui bourgmestre de Caladon et bien plus encore par le passé. Toryné avait à de nombreuse fois côtoyer des êtres à la prestance imposante, mais son fils était à un tout autre niveau. L'instinct de la mère avait envie d'accepter tout ce qu'il entendait, mais le parangon, l'avide rodé, lui ne se laisserait pas faire.

Sa progéniture lui avait donné beaucoup d'information, le cygne ne l'avait pas interrompue, il avait tout écouté avec une attention bien particulière, comme à son habitude. La mère devait désormais partager sa place avec le politicien et ce dernier était bien moins enclin à la concession. Tout d'abord, Cendre Lune semblait ignorer la nouvelle condition que certains vampires avaient connue suite à l'explosion du baoli. Il fallait dire que cette transformation avait l'avantage d'être assez discrète, physiquement il y avait eu des changements physiques, mais bien trop léger, mais surtout ces nouveaux vampires continuaient de boire du sang. Du sang, mais que du sang humain. Cela faisait maintenant deux semaines que Toryné et plusieurs membres de son clan ne consommait que du sang de bovidé, un autre groupe consommait du sang de volaille et un dernier du sang d'équidé. Les résultats étaient probants pour les vampires désormais nommés Tyr et le clan Dalis en avait beaucoup. Comme l'avait souligné son fils, cela pouvait permettre aux vampires de survivre sans dépendre des Humains, surtout sur le plan économique concernant le commerce écarlate, là était son objectif.

Le clan Dalis enverrait un rapport aux autres clans, en temps et en heure, afin de leur faire part de leur observation, cette information pouvait être partagé, elle ne mettait pas en péril la sécurité du clan.

C'était cependant la suite qui intéressait davantage Toryné. Cendre Lune faisait parti de ceux qui ne voyaient pas de cohabitation possible avec les Hommes. Il enchaîna avec Keziah et Irina, conversation qu'il avait déjà eue avec Achroma... Ses sourcils se froncèrent, son regard se perdit dans le fluide rouge de son verre, il écoutait toujours, mais il réfléchissait en même temps à ses affirmations. Il n'était pas d'accord, aucun Dalis digne de ce nom ne pouvait être d'accord. Surement, car les militaires ne se trouvaient pas dans son clan, la rancœur ne les gangrenait pas. Peut-être était-ce aussi une question de fierté, Toryné prenait du plaisir à tromper son monde et à se pavaner auprès d'un publique, peu importe sa race. Cela faisait-il de lui un charognard comme semblait le penser son propre fils ? Peut-être bien, mais était-ce un problème ? Sa méthode de prédation était différente, pourquoi fallait-il immédiatement la rejeter ? Parcequ'elle n'était celle traditionnel ? Le traditionalisme n'avait pas sa place dans son ambition.

Puis son fils enchaîna avec une offre... étrange. Ipsë Rosea ? Achroma voulait lui offrir ce territoire ? Il y avait déjà beaucoup de problèmes. Comment les Elusis allaient-ils s'y prendre ? Il s'agissait d'un territoire de l'alliance ! Comptait-il directement attaquer les Cités Libres après l'invasion de Sélénia ? C'était présomptueux ! Envahir le royaume des Kohan prendrait beaucoup d'énergie au triumvirat, rien n'indiquait encore un succès écrasant, faire tomber la capitale n'impliquait pas l'intégralité du territoire. Il fallait prévoir une résistance des Humains, des poches de résistance, voir même des territoires qui nécessiterait beaucoup de moyen pour imposer l'hégémonie de la nuit ! Si Achroma voulait vraiment lui offrir la ville elfique, quand cela se ferait-il ? Il ne pouvait imaginer les Elusis suffisamment fou pour déclarer une double guerre sur Calastin. De plus... même si Ipsë tombait rapidement sous la coupe vampirique et qu'elle devenait la nouvelle demeure des Dalis, ce territoire se trouvait à la frontière entre l'alliance et le nouveau royaume vampirique... Les Dalis seraient en première ligne pour subir une possible attaque punitive... Quel cadeau !

Du moins c'était ce qu'il lui venait à l'esprit dans un premier temps. Il avait besoin de plus de détail sur ce soi-disant cadeau de l'aîné. De plus, Cendre Lune venait d'insinuer que sa chère mère dégageait une impression de charognarde, mais cela ne l'aiderait en rien à soigner cette image si on leur "offrait" des terres. Un vampire ne devait-il pas conquérir pour obtenir ? Achroma n'avait donc à ce point aucune estime pour lui. Ipsë Rosea ressemblait presque à un os qu'on lui concédait pour calmer ses ambitions... Était-il paranoïaque sur ce point ?

La suite n'allait pas dans ce sens... Il avait supplié à Achroma de ...? Cette fois-ci son regard vint se porter droit dans celui de son fils. Il venait de reconnaître qu'Achroma avait plus qu'envisagé de le tuer. La question, s'était-elle posé pour Shah ? Ou seulement la "volaille" devait être supprimée ? Cela aux yeux du Dalis confirmait cette idée d'os à ronger, Achroma estimait ne pas avoir besoin de lui, sa survie et sa place dans le royaume des vampires ne venaient que du caprice de son fils... Son ego en prenait un sacré coup, Cendre Lune ne réalisait pas l'insulte qu'Ipsë Rosea prenait dans l'esprit du monarque.

-Ne prie pas les esprits, tu n'es pas un Graarh
, commença-t-il de manière quelque peu sec. Ta proposition suscite mon intérêt, fils. Il prit une petite gorgé de sang, qu'il garda en bouche pendant quelques secondes, avant de l'avaler volontairement bruyamment, comme pour se rendre moins sec. Je te demanderais bien des détails sur comment vous allez m'offrir Ipsë Rosea, mais il semblerait que je n'aie pas vraiment le choix, n'est-ce pas ? Nulle besoin de me supplier, j'imagine. C'était ça ou mourir selon les paroles de son enfant. Oui, j'aime l'architecture Elfique, je n'ai pas encore eu le loisir de visiter la ville, ni le lac... À l'image des éclats du soleil de sa mère... Après tout ce qui avait été dit, le compliment ne pouvait pas l'atteindre. Mais je ne peux qu'imaginer d'ores déjà la beauté des deux. Qu'allez-vous offrir à l'autre clan ? Du moins si tu es habilité à me transmettre cette information, bien entendu. Son ego ne supporterait pas qu'on offre plus à l'antique.

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    Il était évident que ça mère en disait moins qu’elle en pensait. Il sentait l’amertume émaner d’elle comme l’on suinte d’un pus particulièrement abject. Par empathie, le dragonnier serra les dents. Il se doutait bien que la proposition ne serait pas pleinement à son goût. Toryné avait convoité la couronne noire et en aurait été le propriétaire si Achroma ne s’était pas présenté aux portes d’Aerthia au mauvais moment. Mais Toryné devait bien savoir que sa vie n’avait été épargnée par le millénaire que par simple courtoisie et désir de profiter de son aura pour rassembler les foules sans avoir à mater une rébellion. Achroma aurait écrasé ses opposants et il aurait régné en Prince. En lieu et place de cela, il avait préféré une approche plus pacifiste, sans jamais avoir caché au Cygne que ce dernier n’était qu’accessoire dans son règne. La proposition actuelle de ployer le genou n’était que la suite logique de propos déjà affirmés par le passé. Comme toute mise en face de la réalité, cela pouvait faire assez mal. Aldaron comprenait et ne pouvait qu’espérer que sa mère panse ses plaies au bord du lac d’Emeraude. Pourrait-il éteindre le feu de ses ambitions ? Ou se révélerait-il comme un ennemi à tout jamais ? Ou du moins jusqu’à ce que les nerfs de son époux craquent et s’abattent sur le flamboyant ?

    L’Ast arqua un sourcil à sa dernière question, saisissant l’opportunité de caresser l’ego de sa mère dans le sens des plumes : « Shah n’est pas mon aimée mère. » Un sourire doux s’étira alors qu’il secoua la tête de gauche à droite : « Ne comprenez-vous pas ? Il n’y a que vous pour m’être irremplaçable. Aldaron vous a rendue irremplaçable. Cela met des freins à vos ambitions et peut-être ne voyez-vous que cela, mais… Ce n’est pas que cela ? » Il pensait lui avoir fait comprendre, jusque-là, même si à demi-mots. Il ne craignait guère ce que ses aveux puissent déclencher chez le troisième parangon. Aussi guerrier qu’il puisse être… Il ne saurait faire le poids face à deux dragons et les Elusis. « Soit Shah ploie, soit il meurt. Ce n’est pas plus compliqué que cela. Tout comme vous, il connaissait les ambitions d’Achroma. Il sait que le Triumvirat n’est qu’une transition pacifique vers le retour d’un seul et unique Prince Noir. Je ne doute pas que cela vous déplaise… » Mais cela avait été prévisible et aussi limpide que de l’eau de roche.

    Il secoua la tête de gauche à droite, retrouvant un tant soit peu de sérieux. Il croyait en son époux et le soutiendrait. « L’archonte d’Ipsë Rosea a une allégeance des plus discutables. S’il fait partie de l’Alliance des Cités Libres, il est resté très royaliste. Plusieurs correspondances qu’il adresse à la Reine Victoria ne sauraient que trop faire comprendre au sud qu’Ipsë Rosea n’est pas vraiment avec eux. Pourquoi se battrait-ils alors pour un peuple qui a choisi de suivre la Couronne Kohan ? Ils les laisseront se débrouiller… Et ce à plus forte raison qu’Ipsë Rosea est peuplé par de nombreux elfes que les Glacernois tiennent particulièrement en horreur depuis… Eh bien, depuis que Korentin Kohan a offert Glacern aux elfes. Pourquoi Délimar irait sacrifier des hommes dans une bataille sanglante pour des elfes ? » Question rhétorique. Les rancœurs étaient souvent bien trop profondes et ils en jouaient. « Quant à Caladon, la cité ne peut lever une armée sans l’accord consensuel du Conseil. Et le Conseil, c’est moi. » Et il n’irait tout de même pas lever une armée contre sa mère. « Sans engagement ni cohésion entre Caladon et Délimar, les éventuelles représailles des cités alentours ne seront que de croquants apéritifs à vous mettre sous la dent… Voire des hères à qui offrir la Nuit Eternelle pour agrandir votre peuple. Et si cela déborde… Je crois que Nahui vous aime assez pour grandir immensément grâce au leg de sa mère et bruler vos ennemis vifs. Ployer devant mon époux n’a pas que des désavantages, mère. Nous ne laisserons rien vous empêcher de siroter tranquillement un verre de sang au bord du lac d’Emeraude. »

    Était-ce assez caressé dans le sens de son beau plumage, ainsi ? Serait-ce suspicieux s’il en rajoutait une couche ? Non, Toryné aimerait trop cela pour le lui reprocher. « Je vous ferai visiter Ipsë Rosea, si vous le voulez. D’ailleurs, comptez-vous garder ce nom de ville imprononçable ? Que pensez-vous de ‘’Blanc-Cygne’’ ? Ou des ‘’terres de Torynésie’’ ? » Il eut un sourire en coin, taquin, cherchant encore d’autres idées : « La ‘’Somptueuse Dalisie’’ ? Eleonnora a fait ériger une immense statue en or d’elle-même mais ma dracène l’a transformé en fruit géant. Ainsi, si vous souhaitez réaliser une œuvre semblable de vous-même, vous pourrez vous targuer d’en avoir l’unique ? Ou… Faire mieux ? Vous saviez que les terres du nord de Calastin pullulaient de mines de diamant ? » Lui ? Essayer d'acheter sa mère ? En vérité, il avait simplement envie de la rendre moins grognon.

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La suite fut plus... agréable ? Le troisième parangon n'aurait pas un quelconque traitement de faveur vis-à-vis de lui, c'était une maigre consolation, mais pouvait-il vraiment espérer plus. Il avait toujours su que le moment de courber l'échine viendrait, il n'avait cependant pas pensé que cela viendrait aussi vite. Ce point était par ailleurs sujet à inquiétude, si Cendre-Lune lui en parlait maintenant, c'est que les Elusis n'allaient pas tarder à se mettre véritablement à l'action, pour la mère de la nuit il était bien trop tôt pour envisager une quelconque invasion. Parmi les rares points ou l'aîné et le cygne s'était mis d'accord, c'était que les vampires devaient apprendre pour ainsi ne plus jamais dépendre de qui que ce soit.

-Irremplaçable ? Ça me touche mon enfant, il n'y a de plus belle chose qu'un fils puisse dire à sa mère. Et il était sincère, Sintharia n'était plus et Ulrich n'était pas le plus affectueux de ses enfants. Quant à Phariante, sa petite humaine, elle était encore au domaine baptistral et il n'avait que ses correspondances pour lui rappeler sa douce compagnie. Alors oui, les paroles de son plus jeune fils étaient agréables, malgré le contexte qui ne l'était pas. C'était la toute la tragédie, Cendre-Lune était son seul enfant qui n'était pas un Dalis, c'était la première fois qu'il avait un enfant marié avec également des enfants. L'héritage d'Aldaron faisait qu'il n'avait pas élevé l'Ast, ce qui n'enlevait rien à son amour maternel, c'était juste différent, voir même étrange.

-Cependant, pour rester dans le sujet, je ne peux que vous conseiller de vous méfier de Shah, il est sûrement l'un des meilleurs guerriers de notre peuple, en duel, il ferait un adversaire que redoutable. La loi du duel était toujours d'actualité au sein du triumvirat, les vampires arriveraient-ils à se détacher de cette tradition ancestrale ? Certain pensait que cela imposait un certain élitisme pour les dirigeants vampires et Toryné l'avait également pensé à une époque. Hélas la vérité était qu'à tout moment le gouvernement du peuple de la nuit pouvait devenir instable à tout moment et l'histoire avait déjà prouvé que la puissance seul n'était pas suffisante pour être un bon dirigeant. Cependant c'est un également un nostalgique du premier prince noir, cela jouera sûrement en la faveur d'Achroma. Le Dalis en revanche était tout sauf nostalgique.

La mère de la nuit s'étira les bras, renversement quelques gouttes de sang de son verre, sans pour autant que cela n'attire particulièrement son attention pour que le vampire repositionne son verre. De sa main libre, il vint tapoter légèrement ses lèvres. "Oui, les Delimariens ne sont pas très amicaux envers les elfes, merci à ce cher Korentin, bien que les Glacernois n'avaient pas qu'à jouer les bons toutous, mais j'imagine qu'il est plus facile de prendre son indépendance quand un gosse est sur le trône." Et avec le soutien Almaréens derrière également, et c'est lui qu'on traitait de vautour ? "Cependant qui déteste plus nos amis sauvages ? Les elfes passifs ou les vampires belligérants et agressifs qui viendraient tout juste d'envahir le nord de Calastin ? Je doute fortement que l'Océanique ne réagisse pas et si Sélénia devient véritablement vampire, il ne sera plus question des allégeances douteuses de monsieur l'archonte". Il voulait surtout en savoir plus, Cendre-Lune semblait très confiant, mais lui on venait juste de lui dire de courber l'échine tout en lui "offrant" des terres qui appartenaient à un autre, mais allait-on lui en dire davantage ? "Et puisque tu en parles, comment va la seule dracène que je porte dans mon cœur ? Quelle taille fait-elle maintenant ?". En tout cas l'image d'un dragon brûlant ses ennemis étaient assez satisfaisante, dommage que ce dragon soit un lézard à la solde des Elusis... et en cela il ne pouvait que se le reprocher.

-Alors Torynesie pour les terres, Dalisie pour ma ville et Blanc-Cygne pour ma gigantesque demeure, pourquoi n'en prendre qu'un quand on peut les prendre tous ? Tu en as de belle idée.
C'était dans la nature du Cygne que d'aimer se faire flatter l'ego. Surtout par son fils, peut-être pouvait-il finalement s'y contraindre ? Ranger son ego pour accepter l'offre qu'on lui faisait. N'importe qui s'arracherait un bras pour une telle offre. Le parangon se leva, laissant ses ailes sortir de son dos. Il ne fit aucune grimace malgré la douleur, il s'était habitué avec le temps à cette étrange sensation. Il s'assit à côté de son fils, l'enveloppant légèrement d'une de ses ailes. "Cependant je ne suis pas la bourgmestre de Caladon, c'est bien beau une statue en or ou en diamant, mais qu'est-ce cela prouve ? Que j'ai une bourse bien rempli ? Je préfère qu'un tel symbole de mon pouvoir me soit offert, que mes sujets l'érigent en mon honneur. Cela serait une véritable preuve de grandeur. Tout comme les meilleurs enfants sont ceux qui t'ont voulu".

En même temps qu'il disait cela son esprit ne put s'empêcher de se dire si cela serait seulement possible pour lui. Un petit vassal d'Achroma, un vautour, un parvenu, pouvait-il seulement s'attendre à une quelconque gloire ? Non... Il serait juste...

*une volaille en cage*


Peut-être... Juste peut-être pouvait-il... trouver mieux ? Ou avoir ce ne serait qu'un peu plus ? Il aimait Cendre-Lune, mais juste s'assurer de toutes les options qui s'offraient à lui n'était pas une mauvaise chose.

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    Elle était flattée. N’était-ce pas ce qu’il avait désiré ? L’apaiser, la calmer, pour que la conciliation soit moins amère. Il n’aimait pas annoncer ce genre de chose à sa mère, mais il avait mieux valu que ce soit Aldaron plutôt qu’Achroma qui s’en charge. La situation aurait pu virer au meurtre. Ainsi prenait-il la peine de caresser Toryné dans le sens des plumes, bien qu’il ne sache pas vraiment comment le prenait sa mère, en son fort intérieur. Il doutait qu’elle soit ravie. Acceptait-elle la situation ? L’Ast haussa les épaule lorsqu’il fut question de Shâh : « Plus il sera redoutable et plus la victoire d’Achroma sera glorieuse. » Il ne doutait pas de cette victoire. Achroma était un puissant mage, dragonnier de surcroît, que pourrait faire Shâh ? Ou qui que ce soit d’autre ? Tant que son adversaire n’était pas son égal sur le plan magique, ou ne parvenait pas à le neutraliser, Achroma sortirait vainqueur, duel après duel, dusse-t-il affronter tout ses opposants un à un.

    Fort heureusement, Shâh était un effectivement un nostalgique du Prince Noir Saeros. Il y avait fort à parier qu’il se plairait davantage dans les plans du clan Elusis qu’à cohabiter avec les humains qu’il méprisait tant. « S’il faut conquérir l’Alliance pour avoir la Paix, nous le ferons. Ipsë Rosea ne sera pas plus défendue qu’elle nous sera reprise. Je ne suis pas là pour vous faire un cadeau empoisonné. La Torynesie sera à vous et elle le restera. » Tant qu’il courbait l’échine, il serait protégé, comme tous les vassaux du monde peuvent ainsi en attendre de leur souverain. Pourquoi en doutait-elle ? Il ne craignait pas Délimar : il avait, encore chez eux, quelques amitiés bien placées et le cas échéant… Un immense dragon cracheur de feu. « Vous seriez étonnée de la taille que peu faire Nahui, ma chère mère. Peut-être devriez-vous la voir de vos propres yeux : je suis certain qu’elle se satisferait de votre visite. »

    Il ne comptait pas lui dire que la blanche pouvait mesurer tantôt 10cm, tantôt 100m. Il voulait que le parangon découvre cela de lui-même en contemplant de prodige de ses yeux plus que par les mots d’Aldaron : cela n’aurait que plus d’impact encore. Il était fier de sa dracène et lui transmettait toute la satisfaction qu’il avait d’être son Lié. Qui oserait se battre contre une dragonne de 100m au garrot ? Nahui ferait pleuvoir le feu et la mort sur leurs ennemis. Bien qu’il y ait un petit détail de chasseur de dragon à régler, il restait assez confiant sur le fait que Firindal était un bien petit dragon comparé à ce que pouvait être Nahui. L’abattre serait une autre paire de manche et il aurait tué se chasseur de dragons bien avant cela.

    Du moins était-ce ce que son esprit plein d’assurance pensait, certain de ses chances. Certain de son invincibilité, à lui, à Nahui et à Achroma. « Dans ce cas, vous n’avez plus qu’à endoctriner vos fidèles pour qu’ils érigent des monuments à votre gloire et chante vos louanges. Vous faites cela déjà très bien, ce n’est donc plus qu’une question de temps. Quant aux enfants… » Venait-il de lui dire qu’il était de ses meilleurs enfants ? « Je crois qu’ils vous choisissent lorsqu’ils voient en vous une véritable mère, sans mensonge et sans trahison. » Il eut un sourire amusé : « Je ferai une statue en votre honneur. » conclut-il, bien qu’il continua longuement à bavarder avec sa mère et étrangement, la conversation fut faite de vêtements de de chaussures. Foi de saumon, les meilleures chaussures se trouvaient aux Souliers de Laurence.

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