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descriptionReine de la cité magique, tu es à moi [PV Victoria] EmptyReine de la cité magique, tu es à moi [PV Victoria]

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30 octobre 1763



Depuis son départ de leur grotte, à la recherche de son Frère-Coquille, il avait beaucoup voyagé, pour un petit dragon. Beaucoup vogué. D’abord à la cité de sa bipède de Feu, puis dans les folles herbes du nord de l'île des bipèdes Hommes, où il avait rencontré Neige Ecailles et son lié, aux oreilles et dents pointues.

De tout ce voyage il avait beaucoup vu, beaucoup observé. Et beaucoup appris. Il avait pu admirer la cité de bipède de feu, Ipsë Rosea de son nom chantant, et ses hautes pierres. Même si cette visite était teintée d’une note plus obscure alors qu’il avait failli se faire attaquer, lui, dragon libre, fils de l’ire… Mais heureusement rien ne lui était arrivé et les bipèdes idiots avaient bien vite décampé, grâce à bipède de feu notamment. Il avait également beaucoup appris sur la nature, sur la terre de cette île magnifique et dangereuse tout à la fois. Il avait beaucoup observé les bipèdes et leurs étranges façons de faire, d’échanger, de parler, d’interagir entre eux. Il lui avait semblé que derrière chaque acte d’un bipède, une intention personnelle était cachée, une attente, un vœu… mais peut-être se trompait-il et n’avait-il rien compris. L’esprit de ces créatures, certes intéressantes et amusantes, était finalement bien plus complexe qu’il ne l’aurait pensé. Même les voix ne savaient pas toujours tout lui expliquer.

Mais son expérience la plus marquante, la plus frappante, qui avait instillé en son esprit mille questions, était sans doute sa rencontre avec Neige Ecailles et l’échange qui avait suivi avec son lié. La question du lien… Mieux, l’expérience du lien ! Et dire que ce n’était qu’une infime particule de ce que devaient ressentir deux liés ! Cela ne lui donnait pas forcément envie de se lier, que son père soit rassuré, mais cela le questionnait. Il n’avait rien vu de profondément néfaste dans ce qu’on lui avait montré. Il avait vu au contraire une relation forte, unique, magnifique. Un partage entier, sans concession. Et il avait ressenti des sensations de sécurité, de réconfort, dans ce qui les liait. Pourquoi alors tant de haine envers le lien ?

Il aurait pu demander à son père, et lui poser toutes ses questions sur le lien, mais il craignait que ce dernier ne soit pas vraiment objectif. Certes, Neige Ecailles et son lié ne l’étaient sûrement pas non plus, d’autant plus quand on savait que Neige Ecailles était née ainsi, n’avait pas eu le choix que de se lier, de trouver son élu, pour pouvoir éclore. Dans le lien, c’était là un des points qui l’irritaient : qu’un dragon soit obligé d’attendre l’arrivée d’un bipède particulier pour pouvoir se libérer lui-même de son œuf ! Un dragon devrait avoir le choix ! Et au final le bipède aussi ! On blâmait les liés, mais la plupart au final n’avaient rien demandé… Le lien devrait être un choix, et non une obligation imposée. L’autre point qui l’inquiétait était ce qu’il avait entendu : le lien renforçait les chimères et pourrait leur permettre de revenir. Comment, pourquoi, en quoi ? Tant de questions dont il voulait trouver les réponses. S’ils parvenaient à y répondre, peut-être le lien ne serait-il plus vu de façon si néfaste ? Et si chaque dragon avait le choix, si chaque dragon était libre d’éclore sans se lier, peut-être le lien serait-il mieux accepté ?

Ou y avait-il d’autres raisons encore de haïr le lien ? Face à cette question, il avait entendu des bipèdes parler de personnes très portées contre le lien plus au Nord encore. Dans une cité nommée Sélénia. Une cité de magie également. Deux raisons qui poussèrent le jeune dragon à monter plus haut dans les terres en direction du soleil levant. Ils voulaient rencontrer ces personnes.

Plus il se rapprochait, plus il entendait des murmures quant à une reine, jeune et belle, à la tête de ce peuple et de cette ville. Une reine qui semblait elle aussi contre le lien. C’était décidé ! Ce serait elle qu’il voulait voir ! Il était hors de question qu’il perde son temps avec n’importe lequel des incultes bipèdes, il lui fallait les meilleurs de ce monde. Et ceux-là, alors, seraient dans sa collection !

Entrer dans la ville ne fut pas le plus difficile en soi. Il avait réussi à se cacher dans une cabane roulante. Une charrette comme les appelaient les bipèdes. Recouverte d’une grande voile de tissu ballotant un peu au vent. Il entra ainsi sans se faire remarquer. Quand il descendit toutefois, il entendit les murmures à son passage. Il se dépêcha de s’engouffrer dans des ruelles, mais les murmures le suivaient. Il parvint toutefois à se faufiler assez pour les semer. Et aperçut de grandes pierres s’ériger de façon magnifique au plus haut de la cité, dominant le tout de son point culminant. Ce devait être là qu’était la princesse. S’il était elle, en tout cas, c’est là qu’il siégerait. En hauteur, pour pouvoir observer tout ce beau monde du haut de son nid. Il tenta donc de se frayer un chemin vers les hautes pierres. Murmures et chuchotis reprirent quand des bipèdes l’aperçurent. L'un d'eux tenta de s’approcher, mais un Vibrécaille parvint à le dissuader. Il gravit alors un long chemin de pierres abruptes, des "marches" lui soufflèrent les voix. Il était presque au but. Assurément, il allait rencontrer cette reine ! La hâte et l’impatience le faisaient frétiller des écailles. Toutefois, quand il parvint tout en haut, il aperçut un grand battant de bois qui menaçait de lui barrer le passage, une porte de ce qu’il rappelait, magnifique de dorures et d'arabesques. Et deux bipèdes munis de grands bâtons à la pointe de fer lui barrèrent le chemin.

Il leur intima mentalement de le conduire à leur reine, mais les bipèdes refusèrent. Il insista, y mit toute sa volonté et fut frustré de ne pas être assez puissant pour leur intimer l’ordre draconique, tout simplement. Leur échange toutefois suscita un mouvement de curiosité. D’autres bipèdes arrivèrent, et un brouhaha s’éleva. Bientôt les lourds battants s’ouvrirent. Peut-être pourrait-il tenter de s’y engouffrer ?

Et sans attendre, il s’élança, passa sous les bâtons croisés, parvint à se glisser dans l’entrebâillement des portes… mais à peine avait-il fait quelques mètres en courant à toute vitesse à l’intérieur du bâtiment de pierre, qu’une patte glissa et s’empêtra dans son aile. Et c’est un dragon tout d’or et de saphir qui s’étala de tout son long dans l’antre du palais...

descriptionReine de la cité magique, tu es à moi [PV Victoria] EmptyRe: Reine de la cité magique, tu es à moi [PV Victoria]

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Selenia était une ville de magie aux architectures élégantes fortement imprégnées par cet élément omniprésent dans le quotidien, que ce soit dans les rues ou dans les foyers. Le soleil éclaboussait des toits aux tuiles d’un noir rutilant, étroits et pointus qui surplombaient des façades à colombages ou encore de nombreuses portes cochères elles-même rehaussées de sculptures élégantes. Les routes pavées, les lanternes de fer forgé et de verre soufflé : partout des glyphes d’esthétiques rehaussaient le raffinement et la richesse dont voulait se parer la majorité de la glorieuse cité via des lumières chaudes ou des reflets moirés. Plus l’on avançait vers le centre de la ville et donc du Palais, plus l’on voyait les poutres se dégrader de couleurs pimpantes, les fenêtres s’engorger de fleurs tandis que la chaux rustique à la paille devenait pierres et plâtres lisses en teintes pastelles.

Puis l’on voyait le Palais… ou plutôt le château si l’on respectait ces hautes tours pointues piquées de créneaux et de meurtrières comme autant de dentelles dans les façades blanches aux toits de tuiles bleues. De sublimes sculptures aux gueules béantes servaient de gouttières aux pluies torrentielles de saison, mais aussi de perchoir aux oiseaux et autres petites créatures magiques. Les chemins de garde se déroulaient comme des rubans sur les murs extérieurs et leurs guérites pointaient comme des têtes d’épingles de ci et de là. Une foule en constante agitation bordait les pieds des hautes murailles, composée de marchands à la criée, mais aussi de visiteurs qui attendaient leur tour aux audiences publiques dans les échoppes de boissons qui fleurissaient dès qu’un rayon de soleil pointait le bout de ses lueurs entre les lourds et capricieux nuages d’automne.

L’approche du dragon d’or et de saphirs, autant par sa taille que par ses singularités physiques encore jamais vues chez un représentant de sa race, causèrent beaucoup d’émoi dans cette foule pourtant habituée aux nobles créatures. Entre un ancien Empereur et une princesse liés, sans parler des nombreuses visites de la flamboyante Ataliel et de son propre dragon ; il était surprenant qu’une majorité de la ville n’ait pas été davantage pensée pour les sauriens ailés. Il y eut des murmures et des regards admiratifs, puis craintifs quand ils comprirent qu’il s’agissait d’un dragon sauvage vu qu’il ne semblait pas être accompagné. Pouvait-il devenir agressif ? Les gardes, quant à eux, baissèrent un regard intrigué, bien que respectueux, sur la créature et ne surent quoi dire lorsqu’il leur somma de lever les lances pour lui accorder un passage.

Ils refusèrent, de bien entendu. Malgré son statut particulier, le dragon ne demandait rien de moins qu’une entrevue avec la Reine Kohan en personne ! Fort heureusement habitués aux dialogues mentaux de ce genre, leur esprit ne fut pas brisé par la prise de contact brusque de Nephilith, mais elle les laissa néanmoins sérieusement ébranlés, voire déphasés. Ce fut pour cette raison qu’ils laissèrent leur attention s’égarer quand s’accumula rapidement une foule de curieux. Trop occupés à réclamer l’ordre à tout les badauds ; le dragon parvint à se faufiler entre les lances, puis à l’intérieur des murs immaculés. Il pu gagner la cour royale, plongée dans l’ombre fraîche des murailles avec quelques plaques de givres persistantes. De là, gagner les grandes marches et passer les portes principales à proprement parler ne fut qu’un jeu de dragonneau.

Nephilith se retrouva dans un immense hall avec le sol fait de marbre dont les colonnades immenses  soutenaient autant de somptueux escaliers doubles disposés en arc de cercle, qu’une voûte entièrement peinte et retraçant l’arrivée des coloniaux sur Tiamaranta. Un tapis pourpre atténua le bruit de sa cavalcade, mais le moelleux de la fibre accrochait ses griffes et ses écailles, résultant fatalement à causer un  trébuchement, puis sur le sol de pierre lisse ? A trébucher dans son aile et s’étaler de tout son long. Une poignée de serviteurs ainsi que d’autres gardes assistèrent au spectacle, mais aucun ne se risqua à en rire. Qui oserait se moquer d’une créature faisant plus d’un mètre au garrot et qui semblait être le croisement entre un serpent constricteur et un crocodile ?! Après un flottement, une soubrette prit son courage à deux mains et s’approcha pour se pencher vers lui.

« - Ser dragon ? »

Elle attendit, un peu appréhensive. Deux gardes approchèrent au cas où, mais conservèrent leurs armes au fourreau et restèrent à quelques pas en retrait. La femme d’un certain âge, brune aux yeux noisettes et dôté d’une beauté humble, avait longtemps côtoyé Alkhytis et n’éprouva donc qu’un frisson au contact mental que la conversation à venir risquait d’engager. Elle lui demanda d’abord s’il ne s’était pas froissé l’aile, puis ce qu’il désirait et quand elle apprit qu’il venait voir la Reine Kohan, une drôle d’expression traversa son visage. Elle pondéra un instant l’incongru de la situation avant de se redresser et de croiser les mains dans son giron en une pose respectueuse et patiente.

« - Je vois… Et est-ce que notre Reine est au courant de votre venue ? Non ? Ho… Accepteriez-vous de me suivre dans ce cas ? Le salon réservé aux invités de marque se trouve un petit peu plus loin dans le couloir Est. De là, vous pourrez y attendre Sa Majesté le temps que nous la prévenions et qu’elle trouve le temps de se libérer. Qu’en dites-vous ? »

Un jeune dragon sauvage voulait voir leur monarque. La nouvelle fit le tour du Palais avant même qu’ils n’arrivent au salon à proprement dit. Il n’existait pas trente six milles dragons sauvages et quelques soient ses parents ? Son héritage était lourd, excessivement lourd. Ils avaient donc tout à gagner en se positionnant dans ses bonnes grâces. La soubrette escorta donc le dragon d’or jusqu’à une vaste pièce composée d’un mobilier riche dont les assises de velours promettaient tout le confort possible. Une table basse avait un centre de table en soie et un vase aux quelques branches et fleurs de saison pour une composition sobre bien que raffinée et vive dans ses couleurs. Un lustre aux nombreuses bougies s’illumina à leur entrée, la lueur des flammes renvoyée un millier de fois par des miroirs judicieusement placés sur les commodes et autre mobilier du salon.

« - Désirez-vous manger ou boire quelque chose ? »

La femme prit commande, remercia le dragon pour sa patience et disparue rapidement. Nephilith se retrouva seul plusieurs heures durant et eut tout le loisir de découvrir son nouvel environnement. Une vasque contenait un pot pourris pour diffuser une odeur douce et musquée. La cheminée crépitait d’un feu de bois aux saveurs résineuses. De lourdes tentures couvraient les fenêtres pour couper les courants d’air, les broderies colorées rappelant des fonds marins. Plusieurs objets de décoration rappelaient d’ailleurs l’océan, comme la majorité du Palais en réalité, telle une hymne à la longue traversée que tous les peuples avaient éprouvé pour parvenir jusqu’à ce nouveau havre. Il y avait un vrai corail pourpre sous une cloche vitrée, des coquillages au nacre délicatement ciselé dans l’art elfique. Plusieurs tableaux et autres vitrines couvraient les murs.

La seule interruption que connu le jeune dragon fut lorsqu’on lui servit ce qu’il avait demandé : une entrée de poissons en croûte de sel avec des rondelles de citrons et d’oranges, puis un plat principal constitué d’une sublime épaule de chevreuil aux herbes cuite en broche avec plusieurs légumes braisés sur cendres. Le dessert était fais de châtaignes confites dans du miel avec des épices de Néthéril ainsi qu’une infusion de citronnelle pour désaltérer et rafraîchir le palais. Le tout était bien sûr présenté dans des gamelles pour que le dragon puisse manger sans risquer de s’en mettre partout. Ou de salir l’exquis mobilier qui l’entourait. Ce fut à la fin de ce succulent repas que des serviteurs entrèrent pour nettoyer la table et s’assurer que leur invité soit satisfait avant de le laisser à nouveau à la découverte du salon.

Une autre poignée d’heures s’écoula avant que les doubles portes ne s’ouvrent sur quatre soldats des Lames Écarlates. Parfaitement synchronisés, ils s’alignèrent de part et d’autre de l’entrée et se mirent au garde à vous pour saluer l’entrer de Victoria Kohan. La jeune Reine portait une robe aux couleurs automnales qui mettait en valeur son teint de pêche et ses cheveux tressés d’un blond pâle, comme une longue et ondoyante coulée de miel. De tissu en velours pourpre et brodé de feuilles d’or, son col et ses manches évasées se bordaient d’hermine immaculée. Une ceinture serrait une taille fine, piquée de perles et une fibule d’or sculptée de lierre la lui maintenait sur le giron. Un fin châle couvrait son dos et le creux de ses coudes alors que la traîne de sa robe bruissait élégamment dans son sillage. La couronne ceignait son jeune front, les émeraudes éblouissant tranchant sur les autres couleurs, auréole semblable au gui qui ornerait bientôt les arches et les portes.

« - Bonjour, Messire Dragon. Je suis la Reine Victoria Kohan. C’est un plaisir de vous rencontrer. »

Elle ne s’inclina pas et ne s’étendit pas davantage en politesse. Toutefois, rien dans le ton de sa voix ne manquait de respect tandis que ses grands yeux céruléens observaient la noble et sentience créature. Tout comme elle ne s’épanchait pas en courbettes que le dragon ne comprendrait pas, elle n’attendit pas non plus de révérences de sa part et se contenta de lui faire un sourire courtois -et sincère- alors qu’elle prenait place sur le sofa en face de lui, ne laissant qu’une table basse pour les séparer. Les soldats allèrent quant à eux se positionner aux quatre coins du salon.

« - Mes gens m’ont dis que vous désiriez me rencontrer. Puis-je enfin connaître le sujet de votre requête ? »

Elle pencha légèrement la tête de côté, laissant glisser sa tresse ornée de perles et de ruban pourpres assortis à sa robe. Sa fine silhouette n’occupait guère de place sur le sofa et ses mains gantées se posèrent sur ses cuisses en une posture altière et patiente. Si elle éprouvait toujours autant de réluctance à la communication mentale qu’employaient les dragons, elle prit sur elle pour n’en rien montrer au risque d’insulter son invité.

descriptionReine de la cité magique, tu es à moi [PV Victoria] EmptyRe: Reine de la cité magique, tu es à moi [PV Victoria]

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Ser dragon. Voilà bien un drôle de nom. Il l’avait déjà entendu toutefois, parmi les bipèdes. "Ser". Cela semblait être un nom honorifique parmi eux. Était-ce là sa manière de l’honorer lui aussi ? Attisé de curiosité, Nephilith releva la tête, et l’offuscation qu’il aurait pu ressentir à ce qu’une bipède ose s’adresser à lui ainsi, sans même attendre qu’il lui en donne l’autorisation, ne lui traversa que brièvement l’esprit pour s’envoler aussitôt au loin. Il l’observa avec attention. Une bipède qui semblait vouloir se mettre à son service… Bien. Très bien. Il répondit aussitôt à ses questions et réitéra sa requête de voir la Reine dont on lui avait parlé et qui vivait en ces lieux.

Cette fois, il ne fut nullement question de le chasser ou de le retenir. On lui demandait d’attendre. Une fois encore l’idée de s’offusquer d’une telle demande, ainsi adressée à lui, noble dragon, qui avait fait tout ce chemin pour honorer cette reine de sa visite, s’insuffla un instant en son esprit. Mais… Il aimait bien cette petite bipède. Elle mettait les formes et lui montrait un fort respect. Elle semblait vouloir prendre soin de lui, tout le temps de cette attente. Et la curiosité de voir plus de choses encore de cet endroit, qui brillait de mille feux et qui pétillait de magie, l’emporta également. Il sentait dans les pensées des bipèdes qu’ils rencontraient en chemin une certaine curiosité et mille questions s’agiter, mais surtout un respect teinté d’une légère appréhension. Nephilith suivit donc calmement la petite bipède, tout en sondant de ses saphirs tout être qu’il croisait ou toute curiosité qui achoppait son regard. Il y avait tant et tant à voir ici !

Et quand on le fit pénétrer dans la pièce, il manqua exulter de joie, sa queue battant frénétiquement sous l'excitation. Elle brillait de mille feux ! Elle se paraît des mêmes couleurs que lui, comme si elle n’attendait plus que sa fine silhouette dorée pour compléter sa magnificence ! Et elle lui rappelait sa grotte, l’océan, l’appel des eaux profondes qu’il aimait tant !

Le temps qu’il patiente que son repas arrive, il fit le tour de la "pièce", "salon", avait-elle dit. Il s’amusa à tout palper, tout tester, depuis le moelleux de ces "tissus" qui recouvraient certains bois portés sur quatre bâtons, jusqu'au toucher soyeux qui trainait au milieu du bois à quatre pattes plus grand que les autres. Il l’accrocha d’ailleurs d’une griffe et doucement voulut l’approcher de lui, tout en essayant de s’en défaire. Sous le mouvement, le petit objet qui était au centre du bois à quatre pattes tomba dans un bruit mat, et son contenu se répandit. Eau et fleurs s’éparpillèrent alors… Quelle drôle d’idées de mettre des fleurs dans un objet fermé sans terre… les bipèdes ne savaient-ils pas qu’il fallait laisser les fleurs avec leurs racines pour qu’elles s’épanouissent ? Nephilith, curieux et quelque peu déstabilisé, attrapa une des fleurs et l’observa longuement. Elle sentait… la mort. Belle encore, mais morte, car arrachée à sa terre, et à cette constatation, il sentit son coeur s’étreindre de peine.

Il attrapa alors les fleurs, qu’il déposa au centre de la pièce, sur le tissu moelleux au sol qu’il avait décidé de choisir comme nid improvisé pour cette visite. Il aperçut alors un autre objet creux à forte odeur… forte odeur de mort, plus prononcée encore que celle des fleurs dans l’eau. Il retourna alors l’objet, et l’aurait bien jeté au loin, si son regard n’avait pas achoppé un autre éclat. Celui d’un éclair vif. Une de ses écailles irradiait sur une surface lisse et miroitante. Non, pas une de ses écailles… C’était un être tout entier, lui ressemblant en tout point, qui brillait alors dans cette surface… Étrange et déroutant. Quel était donc cet objet ? Magie ? Non, il ne semblait pas pétiller de cette énergie. Nephilith pencha légèrement la tête et eut alors la surprise de voir son double faire de même. Sous l’émoi, il recula d’un pas. Puis s’approcha. L’être sur la surface faisait tout comme lui. Même geste, même expression, même regard… mais à l’envers !

Il en appela alors aux voix et les questionna, encore et encore. Elles avaient la réponse, il en était sûr. Magie ne pulsait peut-être pas dans cet objet, mais il l’adorait déjà ! Miroir ! Miroir, clamèrent enfin les voix d’un son unique. Miroir. Reflet de l’image de soi. Son "image" ! C’était miraculeux. Et il se trouva beau. Que ces bipèdes étaient ingénieux ! Ils avaient su reproduire ce qu’on était capable de voir à la surface d’une calme étendue d’eau, mais au lieu de devoir attendre l’accalmie de l’élément capricieux, ils avaient su créer un objet éternellement calme, capable de vous révéler dans toute votre splendeur en tout temps !

C’était décidé, il voulait cet objet. Il était sûr que Ssaadjith l’adorerait. Peut-être un peu trop d’ailleurs, il faudrait trouver aussi un moyen pour que son Frère-Coquille n’y meure pas devant à force de s’y admirer. Mais ce serait là un beau cadeau à lui ramener. Il tenta de le déplacer, mais le "miroir" lui semblait trop lourd. Tant pis, il l’exigerait en dû pour honorer sa visite.

Déterminé sur ce point, il poursuivit sa visite, admira longuement les scènes que les bipèdes avaient dessinées sur les murs… Puis il aperçut un coquillage, de la même couleur que les magnifiques reflets de son Frère-Coquille. Un coquillage sous un étrange objet transparent. D’une griffe, il cliqua sur l’objet, puis s’amusa à la passer dessus… et vit l’objet transparent se fissurer... doucement, lentement, pour finalement se fendre en deux. Nephilith roucoula de joie et attrapa aussitôt le coquillage. Il le ramena aussitôt sur son nid improvisé, à côté des fleurs, et enfin son repas arriva. Dès la première bouchée, ses papilles frétillèrent de joie et d’étonnement mêlés. Il n’avait jamais goûté cela. Il reconnaissait des goûts, mais c’était comme si les poissons, légumes et autres, étaient mélangés pour composer toute une symphonie de saveurs qui vous enivrait les sens. Bipèdes ingénieux… Ils ne se contentaient pas de manger leur poisson cru ou cuit ! Ils avaient apparemment appris à l’allier à d’autres proies, d’autres choses, pour en tirer tous les plaisirs des sens !

Ce palais lui plaisait. Il brillait, irradiait de magie, et, mis à part quelques éléments de mort qui détonaient dans tous ces attraits charmants, il chavirait les sens. Nephilith se reprit à sonder les images qui décrivaient il ne savait quelle scène de la vie bipédique, tout en jouant d’une griffe distraite avec son nouvel objet, ce beau coquillage rouge, quand enfin la bipède tant attendue entra.

Et Nephilith ne fut pas déçu. Cette bipède était belle. Très belle. Elle scintillait elle aussi, à son image à lui, et vibrait dans son regard clair une intelligence vive comme le doré les aimait tant. Un regard de la même couleur que le sien. Saphirs perçants et vifs. C’était décidé, elle ferait elle aussi partie de ses bipèdes de collection. Le doré mit un long temps à l’observer, la détailler des pieds à la tête. Ses saphirs s’arrêtèrent un instant sur les perles qu’elle portait au milieu de ses tissus, mais il avait déjà une perle. La plus belle de toute d’ailleurs, la perle de son Frère-Coquille. Ses saphirs continuèrent donc de dériver, dériver encore, tout le long de cette petite silhouette, bien plus petite que la plupart qu’il avait pu rencontrer. Elle semblait entre l’enfant bipède et le bipède mâture… et soudain il l’aperçut. Là, cet éclat, majestueux, magnifique, ceignant la tête de la bipède. Il le voulait, cet objet-là ! Il brillait de l’éclat des yeux de son Frère-Coquille d’ailleurs. Et il n’avait encore jamais vu pareil objet si beau et irradiant de tant de beauté.

De nouveau ce mot si proche… SerMessire… Pourquoi lui donnait-on ces noms de bipède ? Sans doute une façon de l’honorer ? Nephilith se contenta de la sonder longuement de ses saphirs perçants sans répondre tout d’abord. Il la vit s’installer. Attrapant alors son coquillage, il s’approcha d’elle à son tour, et se redressa de toute sa taille pour s’asseoir dignement devant elle.

Le doré ne prit pas garde aux quatre bipèdes tout de rouge et de pics qui s’étaient installés tout autour d’eux. De leur esprit ne vibrait nulle mauvaise intention, il le sentait. Ils ne semblaient pas vouloir l’attaquer dans son dos. Mais l’heure des présentations était sans doute venue. Que les choses soient claires si quelque chose tournait mal. Un nom, un seul, suffisait généralement à calmer toute ardeur meurtrière à son encontre, avait-il rapidement compris.

"Je suis Nephilith, nommé aussi Gemme-Ecaille, Armalócë ou Doux cristal, fils de Verith, Feu de l'Ire et de Keetech, Dracène de Quartz et de l’Orage. Je suis venu sur l’ile du croissant pour rencontrer tout bipède d’intérêt. Je dois faire mon propre apprentissage et ma propre compréhension de ce monde. Les voix me guident et les enseignements de mes ancêtres aussi, mais je crains qu’ils soient parfois aveuglés par leurs propres visions du monde. Je me dois de faire la mienne propre, belle bipède aux saphirs envoûtants. Je veux rencontrer et apprendre de tout bipède que les vôtres jugent important. Même si vous n’êtes pas aussi dignes et puissants que notre race, je soulève quelques éléments intéressants au sein de votre… nuée ?"

Il fit tournoyer son coquillage rouge dans sa patte, avant de rapidement le ramener tout contre lui, lové sous une de ses pattes postérieures.

"Saphirs envoûtants, dis-moi tout ce que tu sais, et je t’honorerai dignement de mon intérêt."

Puis ses deux fentes claires se reportèrent sur l’objet qui ornait la belle crinière de Saphirs envoûtants.

"Et je veux aussi tes émeraudes scintillantes qui raviront mon Frère-Coquille. Je veux aussi cette surface miroitante derrière moi, qui semble m’offrir mon double imitant. Mon père n’aime guère les bipèdes, mais je me demande s’il ne se fourvoie pas en vous dénigrant ainsi. Vous êtes des êtres étonnants d’inventivité et de créativité. Même si votre esprit semble parfois bien lent, si vous n'avez pas compris que, pour que les fleurs s’épanouissent, il leur faut garder racines en terre."

Et se disant, il désigna les fleurs qu’il s’était attitrées et qu’il avait déposées soigneusement sur son tout nouveau nid moelleux.

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