22 novembre 1763
Le ciel était d'un bleu immaculé. Un jour d'été implacable. L'ombre était une denrée rare sous laquelle se précipitaient les pas pressés des enfants, ainsi que ceux, lents, des adultes. Silhouettes colorées, richement vêtues d'étoffes fines, allaient et venaient dans des rues chaotiquement diverses. Le brouhaha, les odeurs d'épices et d'herbes aromatiques, et l'architecture, rappelèrent immédiatement à Valmys la Romantique au sein de laquelle il avait pu, jadis, aimer déambuler. Il en avait dessinées, des figures marquées par le soleil, et des places visuellement parfaites. Il avait présenté le son de son psaltérion à ces amateurs d'arts, et avait recueilli leurs sourires jusqu'à ce qu'ils illuminent le sien. Les notes lui paraissaient encore hanter les murs de pierre ocre qui l'entouraient.
Plisser les yeux était nécessaire pour ne pas être ébloui par le soleil et ses reflets. Un doux roucoulement de fontaine se faisait entendre, et la ville savait s'arranger pour faire circuler un vent aussi frais que bienfaiteur en elle.
Ses sandales glissaient sans bruit sur le sol poussiéreux. Ses oreilles et sa queue d'hermine faisaient désormais instinctivement partie de lui. Il s'y était vite fait, appréciant leur présence, dès que ses habits s'étaient adaptés. Contrairement à ce à quoi il s'était attendu, il n'avait pas plus chaud avec un peu de fourrure. Il paraissait même qu'elle avait un certain aspect isolant. Dommage néanmoins que ses oreilles fussent bien trop petites pour lui servir d'ombre. Tant pis, il allait se diriger vers cette place parfaite qu'il connaissait.
Le monde des rêves aidant, il lui fallut à peine quelques respirations et pas pour arriver au bon endroit. Ici, le monde se faisait de plus en plus précis. L'arbre qui occupait la place centrale paraissait plus coloré que le reste du monde. Autour de lui, des statues tenaient lieu de gardiennes muettes et immobiles. Les fontaines étaient une musique qui colorait les carrés d'herbes. Au milieu de tout cela, au pied de l'arbre, installé sur d'épais coussins, il y avait le Roi, l'Hôte du rêve. Reconnaissable entre mille. Il était la personne la plus précise, l'épicentre à partir duquel le rêve naissait. Contrairement à Dawan, il ne pouvait lire chants-noms et sentiments depuis les rêves. Il avait tout juste à disposition ceux qui composaient son environnement. Une nostalgie mêlée de douce appréciation baignait les lieux. Il était dans le sanctuaire d'Ilhan. Rien qui ne soit une intrusion : peinant encore à errer entre les rêves, Valmys avait tout juste cru comprendre que, pour s'y glisser, il fallait au minimum que sa présence soit acceptée par l'hôte. Ilhan l'avait sans doute senti venir, et décidé que cette aura-là méritait de venir en ses rêves.
Honoré, Valmys arrangea sa tenue. Désormais, il était vêtue d'une tenue ample, aux couleurs d'une nébuleuse, qui paraissait magiquement toujours onduler pour cacher de son cou à ses chevilles et poignets. Un plateau d'argent se logea entre ses mains. Sur ce plateau apparurent des friandises qu'il savait chères à Sa Majesté : des petites boules sucrées. Il se hâta de cacher ses oreilles sous un turban, et sa queue sous ses habits. Enfin, il sortit des ombres, en silence, attendant un regard du maître des lieux en guise d'autorisation pour s'approcher. Quand il le reçut, il vint, s'arrêta à une distance respectueuse, et mit le genou à terre, tendant le plateau. Sa voix se fit de poésie, honorant le rêve qui le portait, solennelle, honorant son hôte, et douce, honorant la nuit.
"- Ilhan Avente, je vous salue, et vous remercie de votre hospitalité. Je suis Voyage-Rêve, je suis Chante-Magma. Je suis Héritier des étoiles et fils de la terre. Je suis celui-qui-change-avec-les-saisons, je suis celui-que-regardent-les-esprits. Je suis le fils-de-celui-qui-chante-l'or. Je suis sans-peuple. Un ami commun m'a murmuré votre nom. Il m'a parlé de l'amour en vous qui attendait le terreau pour s'étendre, et de vos blessures qui cherchaient leur médecin. Si vous me l'autorisez, je veux être celui-qui-libère, celui-qui-soigne."
Le plateau se mit à léviter légèrement au-dessus de ses mains, comme pour inciter Ilhan à utiliser également la magie des rêves pour se servir.
"- Votre rêve est magnifique. Je vis Althaïa jadis. Je suis heureux de trouver en vous quelqu'un qui l'admirât et l'appréciât autant que moi. Puissions-nous un jour bâtir à nouveau une terre d'arts et de sciences."
Le ciel était d'un bleu immaculé. Un jour d'été implacable. L'ombre était une denrée rare sous laquelle se précipitaient les pas pressés des enfants, ainsi que ceux, lents, des adultes. Silhouettes colorées, richement vêtues d'étoffes fines, allaient et venaient dans des rues chaotiquement diverses. Le brouhaha, les odeurs d'épices et d'herbes aromatiques, et l'architecture, rappelèrent immédiatement à Valmys la Romantique au sein de laquelle il avait pu, jadis, aimer déambuler. Il en avait dessinées, des figures marquées par le soleil, et des places visuellement parfaites. Il avait présenté le son de son psaltérion à ces amateurs d'arts, et avait recueilli leurs sourires jusqu'à ce qu'ils illuminent le sien. Les notes lui paraissaient encore hanter les murs de pierre ocre qui l'entouraient.
Plisser les yeux était nécessaire pour ne pas être ébloui par le soleil et ses reflets. Un doux roucoulement de fontaine se faisait entendre, et la ville savait s'arranger pour faire circuler un vent aussi frais que bienfaiteur en elle.
Ses sandales glissaient sans bruit sur le sol poussiéreux. Ses oreilles et sa queue d'hermine faisaient désormais instinctivement partie de lui. Il s'y était vite fait, appréciant leur présence, dès que ses habits s'étaient adaptés. Contrairement à ce à quoi il s'était attendu, il n'avait pas plus chaud avec un peu de fourrure. Il paraissait même qu'elle avait un certain aspect isolant. Dommage néanmoins que ses oreilles fussent bien trop petites pour lui servir d'ombre. Tant pis, il allait se diriger vers cette place parfaite qu'il connaissait.
Le monde des rêves aidant, il lui fallut à peine quelques respirations et pas pour arriver au bon endroit. Ici, le monde se faisait de plus en plus précis. L'arbre qui occupait la place centrale paraissait plus coloré que le reste du monde. Autour de lui, des statues tenaient lieu de gardiennes muettes et immobiles. Les fontaines étaient une musique qui colorait les carrés d'herbes. Au milieu de tout cela, au pied de l'arbre, installé sur d'épais coussins, il y avait le Roi, l'Hôte du rêve. Reconnaissable entre mille. Il était la personne la plus précise, l'épicentre à partir duquel le rêve naissait. Contrairement à Dawan, il ne pouvait lire chants-noms et sentiments depuis les rêves. Il avait tout juste à disposition ceux qui composaient son environnement. Une nostalgie mêlée de douce appréciation baignait les lieux. Il était dans le sanctuaire d'Ilhan. Rien qui ne soit une intrusion : peinant encore à errer entre les rêves, Valmys avait tout juste cru comprendre que, pour s'y glisser, il fallait au minimum que sa présence soit acceptée par l'hôte. Ilhan l'avait sans doute senti venir, et décidé que cette aura-là méritait de venir en ses rêves.
Honoré, Valmys arrangea sa tenue. Désormais, il était vêtue d'une tenue ample, aux couleurs d'une nébuleuse, qui paraissait magiquement toujours onduler pour cacher de son cou à ses chevilles et poignets. Un plateau d'argent se logea entre ses mains. Sur ce plateau apparurent des friandises qu'il savait chères à Sa Majesté : des petites boules sucrées. Il se hâta de cacher ses oreilles sous un turban, et sa queue sous ses habits. Enfin, il sortit des ombres, en silence, attendant un regard du maître des lieux en guise d'autorisation pour s'approcher. Quand il le reçut, il vint, s'arrêta à une distance respectueuse, et mit le genou à terre, tendant le plateau. Sa voix se fit de poésie, honorant le rêve qui le portait, solennelle, honorant son hôte, et douce, honorant la nuit.
"- Ilhan Avente, je vous salue, et vous remercie de votre hospitalité. Je suis Voyage-Rêve, je suis Chante-Magma. Je suis Héritier des étoiles et fils de la terre. Je suis celui-qui-change-avec-les-saisons, je suis celui-que-regardent-les-esprits. Je suis le fils-de-celui-qui-chante-l'or. Je suis sans-peuple. Un ami commun m'a murmuré votre nom. Il m'a parlé de l'amour en vous qui attendait le terreau pour s'étendre, et de vos blessures qui cherchaient leur médecin. Si vous me l'autorisez, je veux être celui-qui-libère, celui-qui-soigne."
Le plateau se mit à léviter légèrement au-dessus de ses mains, comme pour inciter Ilhan à utiliser également la magie des rêves pour se servir.
"- Votre rêve est magnifique. Je vis Althaïa jadis. Je suis heureux de trouver en vous quelqu'un qui l'admirât et l'appréciât autant que moi. Puissions-nous un jour bâtir à nouveau une terre d'arts et de sciences."