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L'épuration - Réunion de Crise



Le 20 janvier 1764, Ipsë Rosea ferme brusquement ses portes. Personne n'entre et personne ne sort. Et surtout : personne ne semble savoir ce qui s'y passe. L'archonte Balthazar Emerlock a convoqué en urgence les dirigeants de Calastin dans un petite bourgade à côté d'Ipsë Rosea tandis que la rumeur raporte que les mages de la cité seraient en proie à un trouble... Mortel. L'ampleur de la crise sera révélée au cours d'un sommet et les dirigeants devront prendre une importante décision.
Si cette réunion est placée sous de bons hospices instaurés par la reconduction des accords de Cordont, une aura de tension plane de façon incompréhensible. Des regards suspicieux s'échangent, des chuchotis apportent des nouvelles troublantes : il se pourrait qu'un imprévu ait lieu lors de ce sommet... Mais quoi ?


Intrigue : L'épuration - Réunion de Crise - 1er février 1764

Les joueurs disposent d'un délai de 3 jours pour poster à compter de la réception des directives. Nous vous encouragerons même à poster plus vite encore si vous le pouvez (l’intrigue n’en sera que plus développée).  Les RP d’intrigue sont prioritaires sur tous les autres rp normaux.



L'ordre pourrait changer à tout moment.

[INTRGUE] L'épuration - Réunion de Crise Carte



Spoiler :

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Eleonnora senti les roues pénétrer lentement dans le sol moite. Elle entendrait presque les véhicules soulever une gerbe d’eau jaune dans leur sillon. Sans jeter un oeil derrière les rideaux de l'habitacle la jeune femme savait d'emblée que ce lieu n'avait rien de bienséant. Elle dû, non sans une légère moue, s'efforcer de descendre du convoi. Elle avait, en moment précis, l'impression de s'aventurer à nouveau dans les bas-fonds de Gloria. Levant une main délicate à son visage, elle scruta les environs. Ce village exhalait une odeur sans nom dans la langue, et qu’il faudrait appeler l’odeur de pension. Il sentait le renfermé, le moisi, le rance. Il donnait froid, il était humide au nez, il pénétrait les vêtements. Il avait le goût d’une salle où l’on a dîné; Il puait le service, l’office, l’hospice. Même le ciel semblait recouvrir la bourgade d'un couvercle morne. L'atmosphère semblait tout à fait s'adapter à la situation: poisseuse et inquiétante. Elle n'était pas allée affronter les chimères la joie au ventre, et à cet instant, elle partageait les mêmes appréhensions. Les rares villageois qui s'attardaient aux alentours du convoi disparaissaient avant d'attirer l'attention. Personne ne semblait vouloir venir les accueillir; Les atours dorés des Caladonniens ne faisaient pas effet partout semblait-il... Seul un groupe d'enfants au guenilles tachées de boue s'attardait devant cet étrange spectacle. Leurs petits yeux scrutaient l'agitation dans un silence soucieux. Mais au premier regard des soldats caladonniens ils avaient déjà déballés dans un bruit de flaque. Ce sentiment d'être épié demeurait cependant tellement présent que les membres de la délégation ne manquaient pas de scruter leur entourage du coin de l'oeil de temps à autre.

Toutefois Eleonnora ne sentait surveillée que par une seule chose. Les pierres enclavées les unes au dessus des autres formaient la masse dominante des remparts d'Ipsë Rosea. Les murs s'élevaient, surplombant les habitants du village de pêcheurs et de ses nouveaux arrivants dans un silence de mort. Lorsque la gouvernante avait su que son hébergement serait la modeste chambre d'un de ces rustres elle n'avait pas hésité à lever un sourcil indigné. Mais, à vrai dire, rien ne lui donnait davantage envie de frapper à la porte de cette ville austère. Et sous le regard impitoyable des murs de pierre, la demoiselle eu du mal à trouver le sommeil.

Elle pensait malgré elle à toutes ces rumeurs qu'elle trouvait ridicule avant son arrivée. Son esprit qui se voulait pragmatique à la veille d'une réunion aussi importante était mit à rude épreuve. Elle s'était tournée et retournée sous ses draps en pensant à toutes ces événements,nts qui pourraient entrainer sa chère cité dans une merveilleuse spirale. La gorge sèche, elle s'était rappelée les meurtres récents qui avaient sévit à Caladon quelques mois plus tôt. La Bourgmestre avait même récompensé un hommes pour ses "actes de bravoure"; Et ce malgré le fait que les véritables coupables couraient toujours. Pourtant, dans les pupilles du vampire qui avait épaulé l'affaire, dansait une tout autre vérité. Elle le connaissait assez pour douter des rapports de ses propres archives. Mais c'était une coïncidence...n'est-ce pas? C'est une question qu'elle aurait aimé poser à ses partenaires Délimarien. Elle n'a jamais su véritablement sonder la dirigeante de ces géants pour savoir si, elle aussi, était préoccupée par la situation. L' air sévère de l'Intendante semblait lui être inséparable. Peut-être fronçait-elle les sourcils en permanence. Ou bien peut-être que la nouvelle bourgmestre lui posait problème. Alors que les voitures s'étaient croisées elle avait poliment salué son homonyme Délimarien mais il n'était pas d'accord de faire campement en plein milieux de la foret pour bavarder. Puis, de toute manière, la jeune femme se voyait mal se confier en amie à une autre dirigeante pour lui avouer qu'un meurtrier impuni courait les rues de sa cité. Surement le savait-elle déjà mais Eleonnora n'allait remuer le couteau dans la plaie en avouant sa faiblesse.

La seule personne qui aurait véritablement pu savoir les dessous de l'affaire ne finissait malheureusement pas le voyage en leur divine compagnie. Un mot simplement glissé à son égard n'aurait pu suffire à lui expliquer comment il avait en main un savoir dont Caladon se méfiait. Que l'ancien Bourgmestre se charge de cette histoire était une chose encore recevable (malgré ces derniers antécédents) mais un conseiller Délimarien? Et si tout cela n'était pas une coïncidence? En proie au doute, la jeune femme se retournait sur son matelas inconfortable. Elle en venait à culpabiliser de ne pas s'être mêlée de cette affaire elle même. Le plus embêtant était que, peu importe qui avait menti, ou caché quoique ce soit, c'est que Caladon serait au final reconnu coupable. Et Caladon, c'était elle. Si des preuves d'une affaire en lien avec sa cité avaient été dissimulées elle ne pouvait pas reposer l'entière responsabilité de ces méfait sur le dos de quelques citoyens...Après si l'affaire avait été épaulée par des citoyens autres que Caladonniens les cartes pouvaient être redistribués. N'empêche qu'en engageant aucune poursuite de l'enquête, elle avait délibérément accepté cette version des faits. Mais voilà que ses pensées divergeaient sur des affaires qui n'avaient ,en apparence, rien à voir avec celle qui l'avait emmenée ici. Surement que la superstition venait subtilement s'installer dans son esprit. En espérant que cela lui laisse assez de répit pour dormir.

C'est cernée et fardée que la Bourgmestre s'était faite escorter jusqu'au lieu de rendez-vous. Elle retenait ses jupes tant bien que mal, essayant de ne pas gâter ses étoffes couteuses. Elles pouvait s'en racheter d'autres mais que valait la première impression d'une dirigeante aux vêtement souillés par la gadoue? L'atmosphère qui l'avait angoissée à son arrivée reprenait de plus belle, dès les premières lueurs du matin. Sous couvert de la brume matinale on voyait à peine les villageois prudents raser les murs au passage des soldats. C'était comme déambuler dans une ville fantôme ou seuls les bruits d'eau semblaient redonner de la matérialité à ce monde.

Intimant à sa suite de rester au dehors comme convenu la demoiselle n'avait pas attendu avant de s'introduire dans le lieu qui était censé recevoir les invités de marque. Elle ne manqua pas de soupirer d'agacement à la vue de ce grenier aux étagères poussiéreuses. Après c'était presque étonnant de trouver un tel endroit de connaissance dans un si petit patelin. La village restait vaguement un lieu relié à l'histoire du noble Cyrène. Dire qu'il avait passé sa dépendance de son honorable statut...ce que les gens étaient prêt à faire pour leurs valeurs et leurs idéaux. Elle n'était pas la première et dès son arrivé; Le maire, qui semblait lui présent depuis un certain temps gratifia la Bourgmestre de son respect. La Bourgmestre le salua poliment avant de se tourner vers sa comparse, un sourire radieux au lèvres, en totale dysharmonie avec ses yeux cernés.
"Je ne vous cache pas ma joie de vous revoir en cette belle journée Dame Svenn. Vous ai-je manqué depuis hier?" Sans oublier une révérence respectueuse qu'elle pense de toute manière pas recevoir en retour. Elle ne lèvera pas les yeux au ciel cette fois-ci, elle se retiendra. Car Eleonnora eut à peine le temps de pivoter qu'entrait la quatrième protagoniste de cette pièce. La jeune femme ne l'avouerait pour rien au monde mais cette demoiselle était une des raisons de son insomnie. Toutefois elle avait tant pensé à la situation qu'elle en avait presque oublié un détail. Malgré le charisme apparent de sa nouvelle compagne elle ne put s'empêcher de noter la finesse de ses traits, l'étroitesses de ses mains, ce regard de biche au bleu profond...Tout respirait la jeunesse chez elle. Eleonnora s'était toujours dit qu'une gamine ne pourrait présentement pas poser de réel problème mais la voir prendre part à la même réunion que les dirigeantes de l'Alliance était quelques peu déroutant. Elle leva le menton, scrutant obligeamment la nouvelle arrivée. Mais sans grincer des dents elle esquissa une révérence en sa direction.
"Avez vous fait bon voyage? J'espère bien que l'on vous a déjà accueillie comme il se le doit mais je vous souhaite la bienvenue sur les terres de l'Alliances de cités libres." Elle aurait volontiers appuyé sur ce dernier mot mais peut-être cela aurait-il été trop agressif pour une simple salutation. Qu'est ce qu'elle faisait là? Elle la scruta un instant, attendant sa réponse sans grincer des dents. En quoi les Séléniens devaient mettre leurs nez dans les affaires des autres? Les cités libres n'étaient pas assez fortes pour s'occuper de leur territoire? Cela agaçait passivement Eleonnora mais ça en disait long sur la complexité du problème. Elle devrait attendre qu'on déroule l'affaire avant de monter sur ses grands chevaux. On lui avait subtilement glissé qu'il serait bien, pour une fois, d'essayer de faire des concessions. C'était un repproche qui revenait souvent depuis qu'elle occupait sa place au siège du conseil...La diplomatie n'était peut-être pas toujours son fort avec ses subalternes mais elle savait retenir ses pensées bien au fond de sa petite tête. Après tout elle n'avait encore jamais fait la réelle connaissance de cette gamine Sélénienne. Elle comptait déjà deux défauts dans cette dernière phrase.

Sans se départir de son port régalien, elle se dirigea vers la table ou elle prit place sur un des siège sans réellement demander quoique ce soit. Puis, les dirigeantes étaient toutes présentes et ce mystérieux personnage se permettait d'être en retard; C'était assez inquiétant quand au sérieux de cet homme. Était-ce un illuminé pour convoquer tout Calastin et arriver en retard le jour de la réunion? Le maire semblait qui semblait angoissé tapotait discrètement du pied. Eleonnora n'eut pas de mal à comprendre que la pression qui reignait dans cette pièce, et même tout ce village, n'était pas que dans sa tête. Le maire se précipita comme un petit homme essoufflé vers l'entrée ou une esclave graarh portait le thé avec une certaine maladresse. Sans oublier de renverser quelques goutes de côté, ce qui lui valu un regard noir de la part du maire, l'esclave servit le liquide fumant dans des tasses dépareillées. Eleonnora ne pipa mot devant le désordre apparent de cette réunion. C'était à mille lieux de ce qu'elle aurait imaginé pour une rencontre entre trois influentes dirigeantes de Calastin.



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Dernière édition par Eleonnora Ostiz le Mar 14 Avr 2020 - 19:53, édité 1 fois

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Lorsqu’ils étaient arrivés sur l’Archipel, ils avaient juré mieux faire, profiter au mieux de leur seconde chance, et depuis, pas une seule année ne s’était écoulée sans qu’ils ne soient confrontés à des troubles divers et variés. La guerre d’indépendance, les chimères, les couronnes de cendre, les ekynnopyres, les pirates, le lien … et maintenant, que se passait-il donc ? Grâce à Ilhan, elle escomptait obtenir la vérité avant de l’apprendre par Emerloch, ne souhaitant pas être dépendante de lui. Avant son départ, elle avait discuté avec le conseil, avec Naal, avec Sigvald même et elle avait déjà des résolutions à coeur mais cela ne lui plaisait en rien. Par la même occasion, elle avait ajouté un secret de plus à son escarcelle qu’elle avait bien du mal à porter. Naal avait quelque chose en tête, elle ne savait pas quoi exactement mais la participation des Brises-Sorts lui soufflait quelques pistes qu’elle n’appréciait pas du tout. Alors que devait-elle faire ? Enfermer son beau-père sans preuves totales et tangibles, et sur quel motif ? Mobiliser ses hommes pour les forcer à rester ? Quel camp devait-elle choisir et quelle justice privilégier ? C’était dans ces moments-là qu’elle entrevoyait combien les notions avec lesquelles elle avait grandit étaient biaisées, naïves et délicates. Et c’était aussi dans ces moments qu’elle doutait d’elle-même et de sa capacité à guider les siens correctement. C’était le coeur lourd qu’elle avait chevauché aux côtés de sa troupe, composée pour moitiée de gardes-loups de la maison Svenn mais pour moitié d’un mélange hétéroclite comprenant Ilhan, des spécialistes almaréens et lyssiens, ainsi que des marchands et délégués de guildes et fédérations. Quoi qu’il se passe, elle voulait avoir des avis tiers spécialisés pour l’aider à se décider. Elle ne croyait plus à la valeur omnipotente d’un dirigeant, uniquement à sa capacité à bien s’entourer et à savoir faire le tri dans les conseils, savoir juger d’une situation. Elle ne pouvait rien faire seule, ce n’était pas son but. Et avec ses doutes personnels, elle se sentait d’autant mieux à avoir des individus sur lesquels s’appuyer.

La troupe Délimarienne allait bon train, l’Intendante avait demandé de ne prendre que le repos minimum requis pour être efficace. Plus vite ils arrivaient, plus vite ils sauraient ce qui se passait. Emerloch avait eut l’air terrifié entre les lignes tremblantes de sa missive, même elle avait pu le sentir, il serait dommage qu’il décède avant qu’elle n’arrive pour essayer d’aider tout de même. Et puis, hâter le pas soulagerait quelque peu ses nerfs. Elle avait besoin de garder la tête froide et tous ses moyens, surtout dans un moment pareil. Elle ne pouvait pas se permettre de craquer malgré la pression. Elle craignait ce que Naal avait l’intention de faire de son côté. Elle craignait ce que cela pouvait entraîner. Elle craignait ce qui allait être dévoilé lors de cette réunion près d’Ipsë Rosea. C’était une guerre d’une autre sorte qu’elle s’apprêtait à livrer mais était-elle prête pour ça ? Ils avaient croisé la route de la délégation Caladonienne, en chemin et elle avait accepté de faire route avec eux, ne serait-ce que pour leur offrir une réelle protection. Elle n’avait pas ralenti l’allure pour autant. La présence des Caladoniens la troublait même si elle n’avait pas envie de le montrer. Pourtant avec tous les troubles qui l’étreignait, elle n’avait que l’embarras du choix pour enterrer cela derrière d’autres maux. Peut-être était-ce également Vargkrona à son front qui la gênait ? L’idée que ses homologues prennent mal cette couronne à son front ? Elle ne savait pas trop. Ils étaient arrivés ensemble à Cyrène, un village lugubre, pesant par l’air comme par le bruit. Elle inspira pourtant à plein poumons, pour s’en imprégner, et jugula le frémissement qui lui chuta de l’échine. Cet endroit était… tout ce qu’elle ne voulait pas pour sa patrie. Et en même temps, elle n’avait pas envie de les juger, Beorn essayait de faire ce qu’il pensait être juste, lui aussi.

Aux regards et à l’attitude générale, elle devina aisément qu’ils n’étaient pas les bienvenus et ce n’était guère étonnant. Et ce fut en partie pour cette raison, et pour les lits trop petits, qu’elle décida de faire dormir le gros de sa troupe en plein air, sous des tentes improvisées. Elle ne voulait pas laisser les almaréens trop proches des habitants, les lyssiens prendraient l’intérieur, les glacernois protégeraient leurs compatriotes, même sous couvert de simplement dormir dehors. En ces lieux, il y avait beaucoup de tensions sous-jacentes, qu’elle pensait presque sentir, comme elle avait entre-aperçu les golems de fer, farouche, dans la forêt avant leur arrivée. Dans d’autres circonstances, elle aurait aimé s’arrêter pour espérer les observer davantage et même s’approcher, bien qu’ils semblent préférer s’enfuir à leur approche. En l’état cependant ? Elle n’avait hélas pas le temps. Ils devaient passer la nuit sur place, mais elle ne voulait pas abuser des maigres moyens des Cyrèniens, surtout au vu du statut déjà difficile des siens. Ils avaient chassé leur dîner, avaient partagé avec ceux des locaux et des délégations qui le désirait. La chair rôtie en marge du village avait temporairement dissiper l’odeur rance et renfermée, le feu aux couleurs chaudes avait un instant adoucit son coeur. Mais la tension était vite revenue, prédatrice comme un lion des montagnes à l'affût d’une proie facile. Le sommeil ne la trouva pas aisément. L’attente d’un bataille était une chose à laquelle elle était habituée, mais cela ? Cette situation était différente et elle ne voulait pas la voir empirer. Elle avait trop de choses en tête, et elle n’en avait pas l’habitude. Ilhan avait essayé de l’aider, en usant de ses araignées mais le lendemain, lorsqu’elle avait eut accès au fruit de leur labeur juste avant d’entrer dans la bibliothèque, elle en était restée tétanisée.

Immobile sur le seuil, la tête lui tournant, elle avait laissé son regard s’égarer dans le vide, le coeur tambourinant. La bouche emplie d’une bile amère, Tryghild s’était forcée en avant, entrant enfin, plus pâle encore que d’habitude. Elle posa les yeux sur Beorn, le saluant sobrement mais avec respect. Elle décida de ne pas se formaliser de sa froideur, même si elle ne partageait pas la même vision que lui, elle pouvait essayer de comprendre. Déjà pas bien bavarde, la nordique décida de ne pas faire la causette, n’en ayant tout simplement pas le coeur et les questions plus pratiques devraient attendre que tout le monde soit présent. Fort heureusement, peu après, la Bourgmestre de Caladon se présenta à son tour. Eleonnora ne le saurait jamais, mais pour une fois, elle était très heureuse de la voir, et elle venait de la sauver d’un moment très gênant de tête à tête avec l’héritier d’Alek Syrène. Mais bien entendu, Tryghild n’allait pas le lui dire. Elle se tourna cependant vers elle après son salut à Beorn et allait lui serrer la main lorsque la jeune Caladonienne décida de lui faire la révérence. Perturbée et sortie de ses pensées, elle cligna des yeux, ne sachant pas trop ce qu’elle était censée faire dans un moment pareil. Et qu’est-ce que la petite faisait en robe comme ça dans un endroit pareil ?! Bon sang mais ce n’était pas un accoutrement pour une telle occasion ça ! Et comment est-ce qu’elle devait réagir quand on faisait une révérence comme ça ? Désemparée, elle observa avec un fond de panique Beorn puis Victoria qui arrivait, comme si l’un des deux avait pu répondre à son questionnement et la tirer d’affaire. Malheureusement elle était seule devant son épreuve. Après un court instant, elle se décida à la saluer d’un signe de tête et de lui répondre, d’un ton prudent mais un pu gauche.

Bonjour, non pas vraiment. Enfin, hm, comment dire… une journée, c’est très peu de temps. Mais je suis contente de vous voir

C’était sincère. Elle venait de la sauver d’un moment très gênant, alors elle était contente de la voir. Mais il ne restait pas moins que la situation était délicate sans cela. En voyant Victoria, Tryghild se mordit l’intérieur de la joue pour éviter de vider son sac en un seul coup et en confiant tout ce qu’elle avait sur le coeur. Elle ne savait pas comment faire, elle doutait terriblement. Son instinct lui disait de tout confier, là tout de suite mais et si elle se trompait ? Si elle mettait quelqu’un, ou plusieurs personnes, en danger inutilement ? Si elle mettait en danger toute l’alliance, diplomatiquement, inutilement ? Et qu’est-ce qui était juste ? Sa tranquillité d’esprit valait-elle une guerre ? Elle ne savait plus du tout non. Alors elle se tut, elle décida d’attendre. Il y avait déjà tant de choses, déjà tant de soucis, elle ne pouvait pas en rajouter sans savoir ce qu’elle faisait et sans pouvoir assumer et porter ses propres paroles, avoir une idée claire de ce qu’elle défendait par cela. Se retenir était terrifiant, douloureux. Son torse était comprimé comme si quelqu'un pesait dessus pour la priver de son souffle, chaque inspiration lui faisait mal, son coeur tambourinait et sa gorge était plaquée de bile. Mais en vérité, alors qu’elle perdait un instant le sens du lieu, elle s’avoua avoir au moins une certitude : elle pouvait bien ne pas dormir si cela signifiait que la paix était conservée et l’alliance saine et sauve. Peut-être était-ce là la satisfaction d’Ilhan à commettre des actes répréhensibles pour une bonne cause. Son père avait essayé d’être toujours le plus honorable, le plus droit, le plus honnête et il était mort… il avait souffert et il avait été trahi et en fin de compte ? Son peuple avait presque tout perdu. Elle voulait que son peuple prospère…

Alors elle ne dirait rien, au moins pour le moment. Inspirant, elle eut un frêle sourire tremblant et s’approcha de la jeune reine pour lui serrer la main, espérant intérieurement qu’elle n’avait pas l’air trop fausse. Il fallait absolument qu’elle se reprenne ! Comme à la veille d’une bataille, il fallait qu’elle se concentre. La graarh qui apparut avec un plateau à thé lui détourna l’attention suffisamment pour l’aider, d’une ironique et triste manière. Une esclave ? Si proche d’Ipsë Rosa qui condamnait l’esclavage ? Voilà qui était très hypocrite… et irritant, outrageant même. Il allait falloir en discuter, mais plus tard, pour le moment, et maintenant que les autres dirigeantes étaient là, elle avait de nombreuses questions sur la situation, sur les roséens qui semblaient se dissimuler, sur cette fameuse peste, sur Emerloch, sur… bien des choses. Devait-elle d’ailleurs attendre Emerloch ? Elle en doutait. il avait appelé à l’aide mais il semblait incapable de faire davantage à part leur donner des informations. Et le temps qu’il arrive, il y aurait déjà de quoi discuter. Elle n’avait pas envie d’attendre. Ips¨Rosea avait décidé de se tourner vers les elfes, qu’avaient-fait les elfes pour aider ? Maintenant, la ville appelait les autres à l’aide alors oui, ils allaient aider, mais à leur rythme à eux !

Je suis heureuse de vous voir Victoria. Je suis heureuse de vous voir toutes les deux. Ne perdons pas de temps. De quelles informations disposez-vous à l’heure présente ? Qu’avez-vous appris ?

Directives :


Pouvoir légendaire de Vargkrona :

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Les doigts gantés de Victoria effleurèrent pour la énième fois les courbes et boucles si élégamment couchées sur la lettre, ne s’arrêtant qu’au relief du sceau d’Emerloch. Malgré la richesse du papier, de trop nombreuses manipulations commençaient à en corner les bords, jaunissant et cassant les fibres épaisses. Son contenu, écris avec ce qui ressemblaient à quelques tremblements dans la main de son auteur, n’arrêtait pas d’alarmer chaque fois davantage la reine de Sélénia. Ses yeux couraient alors inlassablement d’un bord à l’autre des lignes d’encre et si elle connaissait à ce jour chaque détails, chaque points et virgules, il lui était pourtant impossible de s’en détacher plus de quelques heures. La menace qui affleurait sous les mots de Balthazar jetait sur ses fines épaules une froide appréhension. Une crainte qui ne faisait que croître à mesure qu’ils approchaient de la frontière. Ses nuits s’entrecoupaient de cauchemars, ses journées se résumaient à une longue et morne attente au confort de sa calèche. Hors, le paysage de Selenia bien qu’à sa sortie timide d’un hiver, n’avait fais qu’amenuiser son peuple et ses terres, ce qui n’aidait certainement pas à calmer la jeune femme. Quitter la capitale en cette période charnière ne lui inspirait aucun plaisir, surtout en de si sombres auspices. D’ailleurs, les rideaux étaient tirés et la pénombre complète dans l’habitacle comme à l’image de ses humeurs.

« - Fermer les portes… l’horreur… propagation. Malédiction ? Je ne comprends pas. Comment en sont-ils arrivés là ? Qu’aurait provoqué la Loge entre ces murs à présent clos ? »

Les mots échappèrent à sa volonté et résonnèrent contre les boiseries et les dorures. Seule dans la calèche, elle pouvait librement laisser le masque tomber. Sans filtres, elle pencha la tête de côté et poussa un long soupir. Avec ses délicats sourcils froncés en un masque d’inquiète réflexion, ses yeux ne lâchaient pas la convocation et elle sentait le nœud au creux de son estomac se resserrer alors qu’elle lisait encore les passages hâtifs, paniqués même, du vieil Archonte. Si Balthazar avait toujours eut une nette tendance à l’exagération, s’il aimait sortir tout un orchestre philharmonique dès qu’il désirait obtenir une faveur de sa part, elle ne pouvait ignorer cette fois l’urgence ni même la peur qui transpiraient de son appel à l’aide. Un autre soupir quitta ses lèvres à présent tordues d’un rictus aigre et elle replia la missive pour la glisser ensuite à l’intérieur de son plastron, le geste agacé trahissant l’agitation de son esprit. Une part d’elle souhaitait que tout cela ne soit que les délires d’un homme à la fin de sa vie, pris de panique tandis qu’il contemplait sa vie et ses actes, pris alors d’effroi et de regrets. A combien s’élevaient le nombre de ses trahisons ? De ses changements de convictions ? De cœurs ?! Mais une autre part d’elle, bien plus pragmatique, savait que ce ne serait pas aussi simple. Il semblerait que ce ne le soit jamais en ce monde.

« - Arrêtez le convois ! »

La voix claire et fine de la reine cingla tout le long de la ligne de marche. Elle avait soudainement l’impression d’étouffer et venait de sortir la tête pour héler le cocher, mais aussi la dizaine de Lames Écarlates et leur Commandant, ainsi qu’une escorte de soldats pris dans l’armée régulière. Les chevaux piaffèrent et les sabots piétinèrent, puis les roues crissèrent dans le gravier de la route principale. Victoria n’attendit même pas qu’un de ses soldats vienne lui ouvrir la porte qu’elle sautait déjà au bas de la calèche. Ses bottes s’enfoncèrent dans une boue humide, le bas de sa cape-armure s’imprégna de l’humidité, mais elle n’en avait cure alors qu’elle approchait de son Commandant d’un pas vif et impatient. L’homme était un vétéran, chef d’une longue lignée qui servait et protégeait les Kohan d’aussi loin que remontaient les mémoires. Elle lui vouait une confiance aveugle et pouvait, à ses côtés, ne pas craindre de jugement si elle sortait quelque peu du carcan attendu par la Cour. Elle demanda donc à obtenir son cheval et sauta en selle dès que Roseline lui fut présentée. Serrant les flancs de l’animal, elle vint raccourcir les rennes et remonta les mains sur l’encolure.

« - J’ai un mauvais pressentiment. Nous devons nous hâter… Nous ne pouvons pas nous permettre d’arriver en retard.
- Bien votre Altesse. Veuillez rester au centre de la formation. Soldats !!! En avant ! »

Il suffit à Victoria de relâcher la tension de ses cuisses pour que la jument bondisse vers l’avant et ne s’élance sur la grande route. Les cavaliers suivirent aussitôt, le Commandant gagna ses côtés et d’autres se positionnèrent en avant pour l’escorter de tous côtés. Le vent frais de la Calastin fouetta bien vite le visage de la jeune reine et chassa progressivement cette langueur, cette frustration. Cheveux d’un blond de miel et cape virevoltèrent dans son dos lorsqu’elle se hissa un instant sur les étriers pour mieux sentir cette liberté illusoire, temporaire, que la chevauchée lui offrait. Elle n’avait qu’une hâte et c’était de retrouver Tryghild, de se sentir enfin à l’abri du moindre danger, de la moindre menace. Son cœur se languissait de cette femme sans qu’elle ne saisisse pleinement la profondeur exact de ses sentiments. Ainsi, pendant l’espace de quelques heures, Victoria oublia les funestes paroles de l’Archonte et profita de son voyage, perdue dans ses pensées. Mais la réalité rattrapa sans peine le convois lancé au petit galop sur les routes champêtres de l’Alliance. Malgré un paysage à couper le souffle avec le lac d’Émeraude et les collines boisées au Sud, elle se présenta sous la silhouette imposante des murs d’Ipsë Rosea et coupa court à toute sérénité dans le cœur de la reine et de son escorte. Ralentissant petit à petit l’allure, les chevaux finirent par s’immobiliser dans l’ombre de la ville silencieuse et restèrent à une distance prudente.

Pas un bruit, pas un cri.

Même les oiseaux ne semblaient pas vouloir les gracier d’une trille ou deux. La gorge sèche, le bout des doigts glacés, Victoria levait les yeux sur les toits aux tuiles étincelantes avec une appréhension grandissante. Arrivaient-ils trop tard ? Qu’allaient-ils pouvoir discuter si toute la ville était déjà tombée sous cette… malédiction ? Il était horrifique que de confronter des portes closes, de ne voir aucun vigie sur les chemins de gardes et les tours. Le silence était plus bruyant qu’elle ne l’aurait cru ; il pressait à ses tempes, il s’infiltrait dans son esprit pour ronger son sang froid. Une malédiction ? Le retour des chimères peut-être ?! Ou bien des Perles de Néant comme jadis ? La Loge avait causé quelque chose à force de jouer avec des forces qui les dépassaient… ou bien avaient-il rapporté quelque chose de Keet-Tiamat ? Un autre artefact graärh qui causerait leur perte, lié aux Couronnes de Cendres ?! Ses mains se mirent à trembler et Roseline secoua nerveusement l’encolure en ressentant le malaise de sa cavalière. Le geste eut le mérite de tirer Victoria de sa transe glacé et alors qu’elle tournait les brides pour inciter le convois à reprendre la route, ce fut à ce moment qu’elle remarqua un mouvement. Elle ne fut d’ailleurs pas la seule alors que sa garde positionnait aussitôt les chevaux entre elle et la cité, levant pavois et lances pour tenir une position défensive.

Mais aucun ennemi ne se présenta.
Seul le corps brisé d’une femme.

L’infortunée avait tenté de fuir les hauts murs, escaladant vers une liberté utopique pour ne confronter qu’une chute mortelle. Le bruit fut horrible et rappela à la jeune reine celui des branches sèches que l’on brisait et celui d’un fruit trop mûr, humide et spongieux qui s’écrase. Son estomac manqua de se retourner et elle prit une courte et sifflante inspiration pour se contenir. Le sang quitta son visage, la laissant blême et choquée. Une femme se mourrait sous ses yeux, le corps rompu pris de soubresauts. Elle la voyait s’étouffer dans son sang, elle la voyait… paniquer, griffer le sol boueux alors qu’elle s’accrochait littéralement aux derniers lambeaux de sa vie. Et Victoria restait là, montée sur sa jument althaïenne, visage figé d’un masque sans émotions. Ses yeux voilés de larmes contenues fixait l’agonisante sans que le moindre frémissement ne la secoue. Les râles et les sanglots de la femme, déjà aveuglée par le voile d’une agonie et d’une mort proche, était la seule litanie d’Ipsë Rosea et de ses bois silencieux. Figée dans une posture altière, Victoria ne bougeait toujours pas alors que les secondes s’égrenaient douloureusement. Seul un mouvement près d’elle l’arracha à sa contemplation macabre et elle vit un des soldats poser pieds à terre dans l’intention d’apporter son assistance à la pauvre citoyenne.

« - N’avancez pas. »

La reine de Sélénia eut beaucoup de mal à reconnaître sa propre voix. Son cœur battait à présent la chamade, comme s’il rattrapait tout le temps perdu à se compresser de terreur et du choc. Tel un tambour de guerre il se fracassait désormais avec force jusque dans la gorge gracile de la dirigeante, portant avec lui des afflux d’émotions vives et contradictoires. Tantôt compassion, tantôt chagrin. Sa gorge se nouait sur les mots qu’elle voulait prononcer à la suite de son ordre, refusant à les sortir. Ô combien elle voulait l’aider ! Les larmes mouillèrent alors ses yeux, des larmes coulèrent sur ses joues pâle, mais la tension dans sa mâchoire se resserra, durcissant davantage encore ses traits, muselant l’ordre contradictoire de lui venir en aide. Son cœur battait si fort, tantôt de terreur sourde, tantôt d’horreur viscérale à la vue de ce corps brisé, mais surtout des décisions qu’elle se devait de prendre. Les mots d’Emerloch lui revinrent, portés par le vent dans les arbres. Au bruissement des feuilles, elle cru entendre le souffle du vieillard et ses avertissements. Malédiction… Portes closes… L’horreur qui se passe en cette cité… Malédiction… Que les sept nous délivre de cette malédiction. Un frisson lui coula dans le dos et elle lança un regard désemparé sur le Commandant des Lames Écarlates. L’homme affichait une expression et un regard impénétrables. Sans un mot, il prit l’arc à la selle de son cheval, le banda d’une flèche et d’un seul tir mit fin à la souffrance de l’inconnue.

Le silence retomba. Absolu.

Victoria crispa davantage encore les mains sur les rennes de Rosaline qui secoua de nouveau l’encolure d’inconfort et de nervosité. Elle voulait tourner les talons et galoper loin de cette scène. Loin des cauchemars que ce spectacle éveillait en elle. Anciens et enfouis profondément, elle les sentait gratter. Son estomac se souleva une seconde fois.

« - Nous... »

Sa voix manqua de se briser. La reine se tut quelques secondes et reprit après être convaincue de ne plus trahir la profondeur de son choc auprès de ses soldats :

« - Nous ne savons pas comment la malédiction se propage. Nous ne devons prendre aucun risque. Nous ne pouvons pas nous permettre de mettre Calastin tout entier en danger pour sauver la vie... d’une seule personne. »

Les mots pesèrent sur ses épaules, ils voilèrent son cœur. Quelque chose venait de se briser en elle, une part d’innocence qu’elle ne retrouverait jamais. Un pas de plus sous le fardeau des dirigeants et de son long apprentissage. Des choix difficiles, parfois cruels et injustes l’avaient toujours attendu, mais jamais elle n’aurait cru les confronter si vite. Si crûment. Mais elle ne pouvait pas céder, pas maintenant. Peut-être lorsqu’elle se confiera à Tryghild aurait-elle le droit de pleurer toutes les larmes de son corps ? Peut-être. Essuyant pour l’heure le spectre de ses larmes, elle leva une dernière fois les yeux vers Ipsë Rosea et vint à maudire Balthazar et la Loge, les elfes et leurs secrets. Elle refusa pour ces mêmes raisons à ce que le corps soit brûlé. Et s’il ne s’agissait pas d’une malédiction, mais d’une maladie ? Et si c’était encore quelque chose d’autre ? Comme un parasite ? Elle concéda toutefois à ce qu’un spirite du lièvre n’enterre à bonne distance le corps de l’infortunée et ce, suffisamment profondément pour qu’aucun charognard ne vienne la dévorer. Elle se fit aussi la promesse de revenir lui accorder des funérailles décentes lorsqu’ils sauront quel mal sévissait derrière les murs de la ville silencieuse. Et enfin… Enfin le convois sélénien tourna les rennes et s’éloigna pour gagner Cyrène, à seulement une poignée d’heures de route.

Oh combien fut douce l’ironie lorsqu’ils entrèrent dans la petite ville de pêcheurs et réalisèrent que le paysage dépeint dans les rues boueuses ne changeait presque pas de celui qu’ils venaient de quitter. Le silence n’était pas aussi oppressant, mais l’ambiance n’en était pas pour autant plus respirable. Le peuple semblait aux aguets, si ce n’est carrément aux aboies lorsque Victoria et ses soldats croisèrent quelques rescapés d’Ipsë Rosea qui étaient prêt à mettre leur vie en danger pour éviter la garde locale… et à cela, la jeune reine cru revoir la jeune inconnue enjamber les murs pour se précipiter à sa propre mort. Toujours blême, elle tira sur sa tête les larges pans de sa cape-armure et frissonna tandis qu’ils approchaient des bâtiments alloués à sa délégation. Au passage, ils croisèrent les caladonniens et surtout les délimariens qui semblaient préférer camper à l’extérieur de Cyrène. Un instant, un fol instant même, Victoria fut tentée de sauter au bas de sa monture et de rester cachée parmi les hautes et solides silhouettes du nord et de ne plus en bouger. L’approche de son Commandant la tira de cette tentation et elle leva la tête sur le vétéran dont les yeux pâles la criblèrent d’un avertissement silencieux. La reine fronça les sourcils et lui rendit un regard polaire alors qu’elle pressait le pas de Rosaline pour reprendre la tête du convois et descendre la première une fois à destination.

Reçue avec tous les hommages dus à son rang et avec ce qu’un si petit village avait à offrir, Victoria joua le jeu et remercia ses hôtes. Elle leur offrit une épaule entière de jambon séché ainsi que deux tonneaux de légumes macérés dans du vinaigre de vin. Elle offrit aussi à Beorn Cyrène plusieurs peaux de qualité ainsi qu’une caisse de vin blanc. Une fois les salutations faites au maire et à ses plus proches alliés, la jeune reine se retira dans ses appartements pour s’offrir un bain brûlant et une nuit de sommeil. Ou plutôt une nuit hantée par les yeux injectés de sang de l’inconnue d’Ipsë Rosea, bercée par ses râles et gargouillements d’agonie. Ce fut donc une jeune femme aux traits tirés que ses aides de chambres furent chargées d’habiller et de rendre présentable. Grâce à la bénédiction du Paon, très peu de maquillage fut nécessaire pour cacher les cernes de Victoria et elle pu se concentrer sur sa tenue. Vu la situation de crise, elle décida d’enfiler son armure roséenne couplée à sa cape-armure. La tenue avait été modifiée et se composait à présent d’un pantalon d’équitation, de jambières lacées jusqu’au milieu des cuisses sveltes et aux talons plats. Le chemisier fermé d’un veston aux manches longues était ensuite serré sur les bras et les poignets par plusieurs boutons de nacre pour ne pas gêner. Le tissu chatoyant avait été brosser pour être moins voyant et s’il ne perdait rien à sa beauté saisissante, il arborait dorénavant des reflets plus sombres, riches et profonds.

Ce fut dans cette tenue élégante, bien que jugée garçonne par les mœurs de la Cour Sélénienne que Victoria se présenta à la bibliothèque. Lorsqu’elle entra dans la pièce étroite aux murs couverts de livres, ses yeux accrochèrent aussitôt la massive silhouette de Tryghild, puis tombèrent sur celle d’Eleonnora Ostiz qui faisait… et bien, qui offrait une révérence impeccable à l’Intendante de l’Océanique. La scène, vu de l’extérieur, arracha l’ombre d’un sourire à la jeune reine qui fit mine de chasser une poussière invisible de son épaule le temps de retrouver contenance. Elle fit bien, car déjà les mires de la Bourgmestre tombaient sur elle et Victoria lui rendit un regard franc au bleu profond et limpide. Sa lourde et riche chevelure était contenue en une tresse cavalière stricte, ce qui dégageait autant son visage encore pris dans l’adolescence, qu’elle ne libérait son front et la couronne qui l’en ceignait de toute obstruction. La couronne royale de Lyssa offrait aux regards sa structure pyramidale ornée d’un bouquet de fleurs naissantes composée de pierres précieuses au bleu profond, plus profond que l’océan adoré par les lyssiens. Venir à Cyrène avec un tel gage de royauté était un paris osé, peut-être allait elle même pécher d’arrogance aux yeux de certains, mais Victoria souhaitait avant tout rappeler que sous les couches et les couches de vieilles rancœurs ; ils étaient et restaient un seul et même peuple. Un rappel crucial en ces temps sombres, de doutes et de méfiances.

« - Bourmestre Ostiz, je vous suis reconnaissante pour l’inquiétude dont vous me graciez. »

Son sourire se fit éblouissant, détendant et illuminant son jeune visage. Sa voix, parfaitement modulée, était une caresse claire et limpide aux oreilles.

« - Ser Cyrène est un hôte remarquable. Je n’aurais pu espérer mieux en terme d’hospitalité. »

Elle détourna le regard de la femme et le planta dans celui de l’homme qui les recevait. C’était à lui qu’elle devait ces mots après tout. Le village n’était pas sous la protection de Délimar et sûrement pas sous celle de Caladon et de ses mercenaires.

« - Vous avez encore une fois mes remerciements. Votre accueil réchauffe mon cœur en ces temps obscures. »

Enfin, ayant gardé le meilleur pour la fin, Victoria leva la tête vers l’Intendante qui avait tôt fait de la rejoindre en quelques pas. La main qui lui fut tendue trouva aussitôt en réponse la sienne et la jeune reine offrit donc une salutation ferme et volontaire dans la pression de ses doigts, comme le voulait la coutume délimarienne. Son sourire, toutefois, sembla se faner alors qu’entrait une esclave graärh. Silencieuse alors que le service du thé se poursuivait avec autant de maladresse que d’inconfort, Victoria se mordit l’intérieur d’une joue pour ne pas trahir l’inconfort que ce spectacle lui causait. Elle ravala bien sûr tout commentaire sur la chose et décida finalement d’agir comme si elle n’avait rien vu d’anormal. Elle n’était pas très familière des coutumes dans cette région et elle n’allait certainement pas causer un incident en imposant ses propres principes à ceux qui ne les lui demandaient pas. Heureusement Tryghild reprit la parole, permettant à la jeune reine de rebondir et de parler à sa suite :

« - La joie est partagée, Tryghild. Toutefois j’aurais préféré que nos retrouvailles se passent en de meilleures occasions. »

Elle approcha de la table et s’installa à la première chaise qui se présentait à elle. L’austérité des lieux, ainsi que le manque d’organisation lui rebroussait le poil, mais elle se fit une fois de plus violence pour ne pas prendre les choses en mains et passer pour une monomaniaque compulsive. Et alors si le service à thé était dépareillé ? Si la tasse avait sa hanse tournée à gauche plutôt qu’à droite ? Si le bord d’un biscuit touchait la table et pas la nappe de son panier ? Pianotant un peu des doigts, elle se concentra plutôt sur Eleonnora et Tryghild, mais aussi Beorn s’il se décidait à les rejoindre plutôt que de bouder dans son coin à cause de la présence d’une délimarienne. Cette dernière semblait d'ailleurs plus éprouvée qu'elle ne l'aurait cru par les événements qui se déroulaient. Elle qui avait mené les armées face aux Chimères sur une armada à la férocité déjà gravée dans les mémoires... pourquoi semblait-elle si pâle ? Si fébrile ? A côté d'elle, Eleonnora semblait n'être là que de passage, presque indifférente. Non. Point de jugement hâtifs. Peut-être était-ce simplement elle-même qui était encore troublée, perturbée par l'incident de la veille. Oui, ce devait être cela. Victoria s'ébroua et prit la parole :

« - Si vous permettez, je vais commencer. Il y a quelques jours de cela, j’ai reçu une lettre aux intonations urgentes de notre cher Archonte. Son contenu fut mortifiant et me convainquit de répondre à cette convocation bien qu’Ipsë Rosea ne soit plus sur mes terres. »

Elle sortit la lettre et la disposa au centre de la table de sorte à ce que les deux femmes puissent en lire le contenu. Bien sûr, si des passages trop intimes ou compromettant pour le Royaume et/ou Emerloch y étaient faits mention, Victoria aurait pris soin de les couvrir pour qu’ils ne soient plus lisibles. Elle s’en excusera d’ailleurs si cela lui serait reporté par les autres personnes présentes. Fines épaules crispées, elle attendit quelques minutes pour qu’elles puissent lire et digérer le contenu de la lettre.

« - Je ne saurais vous cacher l’horreur de ce qui se passe en cette cité, si nous fermons nos portes, c’est pour vous protéger de sa propagation. Je prie pour que les sept… nous délivrent de cette malédiction. »

Victoria finit par réciter ces quelques lignes d’une voix encore blanche. Embarrassée de parler de vive voix de son "droit divin" et de cette croyance sur la réincarnation des Sept au travers sa lignée royale, soucieuse de ne pas jeter de l'huile sur le feu qui couvait encore entre les différents partis présents, elle avait volontairement censuré ce passage dans ses paroles bien qu'il soit encore lisible sur la lettre. Mains croisées sur le bord de la table, elle jeta un coup d’œil aux alentours, comme pour s’assurer que ses mots ne quitteraient pas la bibliothèque, puis poursuivit d’une voix un peu plus basse :

« - Nous sommes venus du Nord et fûmes contraint de passer devant la ville. Le silence qui règne là-bas n’est pas naturel, soyez-en assurés. La ville n’est définitivement pas fermée pour empêcher quiconque d’entrer. Il n’y a pas de gardes sur les créneaux, il n’y a… rien. Les portes sont définitivement fermées pour empêcher quelque chose, quelqu’un… ou que sais-je de sortir. »


* * * * * *
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    Quatre chaises, quatre personnes. Beorn Cyrène prend place à côté de Victoria, face aux deux dirigeantes de l'Alliance. Il fallait croire qu'il avait fort apprécié les compliments de la Reine Kohan. Il n’interrompit nullement la jeune Victoria dans l'exposé de la lettre, laissant à Eleonnora et Tryghild le temps de lire le contenu de celle-ci. L'homme n'était guère loquace.

    Quatre chaises, quatre personnes. Que faisait Balthazar Emerloch ? Beorn posa sur la table une pierre de communication. « L'Archonte Emerloch vous prie d'accepter ses excuses. Il ne pourra être présent ici en ce lieu, auprès de vous. Il serait touché par le mal qui sévit à Ipsë Rosea, c'est pourquoi... » Il pointa du doigt la pierre : « Nous allons précéder ainsi. » Il activa la pierre et le visage d'une vieillard fatigué apparu, flottant dans les airs, un peu au dessus de la table.

    « Ah ! Vous voici, mesdames ! » fit-il d'un ton qui se voulait accueillant mais que la douleur rendait grinçant. « Je suis heureux de vous voir. » Si son propos était destiné à toutes les trois, son regard encore vif, malgré son état, avait dardé furtivement l'Impératrice. « Je ne désirais guère m'étendre en secrets, je craignais toutefois créer un mouvement de panique si cela avait été annoncé ouvertement. Je vous remercie d'avoir répondu à mon appel dans un délai aussi bref. Ce que j'ai à vous dire est des plus importants. Je ne vais pas faire dans la dentelle, mais vous avez l'habitude avec moi. » En effet, Balthazar n'était pas le genre de personnage à exceller dans l'étiquette.

    « J'ignore ce qui nous arrive. Nous sommes malades comme des chiens ou maudits... Je ne saurais le dire. Ils l'appellent la Peste de Corail en raison du... Corail qui pousse sur nos peaux et se propage. Cela solidifie notre chair et nous devenons comme de pierre, non sans passer par la fièvre et la folie. Cela est particulièrement douloureux. Nous avons tenté de l'endiguer en isolant les individus touchés. Cela semblait fonctionner... Et puis nous avons accueilli les elfes. Ils ont fui Keet-Tiamat et nous les avons recueilli. Nous leur avons offert l'asile mais je crois... Que ce sont eux qui portaient la maladie. Notre premier malade à Ipsë Rosea était aussi un elfe. Il s'appelle Lomion Estarus. Peut-être le connaissez-vous. Mais il ne venait pas de Keet-Tiamat, lui. Comme tous les autres elfes. Cela n'a pas touché que les elfes ensuite. Les vampires, les humains, personne ne semble être épargné. Mais les premiers étaient des elfes. »

    Il fit une grimace de douleur et toussa : « Nous avons tenté d'enlever cela de nos peaux... Cela fonctionne, du moins pour les cas les moins avancés. Le corail est devenu la peau, les muscles... les organes. Cela ne se propage pas qu'à la surface. Nous arrivons à le retirer à ceux qui commencent à avoir des marques. Certains.... Certains ont même choisi de s'amputer, souvent eux-même pour circonvenir le problème... Ce... C'est... » La voix du vieillard tremblait. Il était accablé, comme s'il revoyait devant ces yeux ces scènes d'amputation désespérées que des novices s'infligeaient à eux même. Préférant encore cela que de continuer de souffrir.

    « Lomion Estarus a guéri. L'immaculation l'a totalement soigné. Je lui ai demandé de se rendre au Domaine Baptistral pour qu'il soit examiné et que nous ayons des réponses à nos questions... Mais je n'ai pas encore eu son retour. Il est revenu des sous-terrains de Calastin. Peut-être est-ce la dessous qu'il est tombé malade... Mais cela n'explique pas pour les elfes de Keet-Tiamat, sauf si le portail qu'ils ont trouvé menait, je ne sais fichtrement pas comment, à Keet-Tiamat, justement... Les pirates en auraient un, mais je n'ai pas de contact auprès d'eux pour leur demander comment fonctionne le leur. L'autre piste que nous avons serait une malédiction qui touchait les elfes pour qu'ils disparaissent, seuls ceux qui immaculeraient seraient sauvés. »

    Il eut du mal à respirer : « Vous comprenez que je n'ai pas voulu le crier haut et fort, n'est-il pas ? Nous avons des roséens qui tentent de fuir, ils ont peur. Ils croient qu'ils ne sont pas malades... Mais ils le sont. Cela ne se voit pas la première semaine. La marque n’apparaît qu'ensuite. Elle se propage par contact, au début, puis s'accentue. Respirer le même air fini par vous rendre malade. » Il pinça ses lèvres, contrit : « Je suis désolé de ces mauvaises nouvelles... Cela dépasse maintenant mes compétences et je fais appel à l'Alliance ainsi qu'à tout Calastin pour trouver une solution... »

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Le sourcil arqué de la Bourgmestre se passait de commentaire. Ipsë Rosea ne faisait plus partie de ses terres?Faire allusion à l'étendue passée du royaume était-il réellement nécessaire ici? Ce n'était du moins pas les paroles d'une personne souhaitant redistribuer les cartes. Si Eleonnora cherchait l'affrontement, elle aurait pu la prendre au mot. Pourtant jusqu'ici elle n'avait rien trouvé à redire sur son homonyme Sélénienne...enfin homonyme, c'était peu dire apparement. Certes avait-elle curieusement observé le rapprochement inattendu entre son alliée et la reine. Son fort intérieur brulerait certainement de jalousie si Tryghild ne lui paraissait pas aussi antipathique. La demoiselle pouvait toutefois avouer que ses salutations l'avait surprise. Jamais n'avait-elle entendu de si joli mots sortir d'une mâchoire aussi serrée. Elle en aurait presque été attendrie. Ce serait en outre par fierté qu'elle se battrait pour que l'intendante soit davantage de son côté. Ne serait-elle pas ridicule si son alliée principale se tournait vers leur ennemi historique? Mais elle ne les blâmait pas pour autant, la politique intérieure de Caladon accaparait la plupart de son temps. Elle n'avait pas pensé nécessaire de relier les liens avec ces autres puissances alors que, dans sa cité, se tramait déjà de sombres affaires.
La demoiselle avait toutefois constaté, avec un plaisir dissimulé, qu'elle n'était pas la seule à avoir passé une terrible nuit. Et cela semblait la mettre dans un état de trouble certain. La guerrière émérite, Bouclier de l'humanité tremblait face à l'abysse de ses pensées. La dirigeante Caladonienne essaya de ne pas prendre davantage compte de l'angoisse de son ainée. Sans omettre un regard en direction de la dirigeante Sélénienne la Bourgmestre tendit alors son bras vers la lettre. Elle fit glisser le papier à sa hauteur. Parcourant les lignes d'un battement de cil elle fini par écouter cette invocation du divin dans l'espoir qu'il les délivre du mal. "Et que les sept nous délivrent de cette malédiction". Mais au pied de la forteresse ensorcelée on aurait cherché en vain une telle aide, elle ne semblait pas à l'ordre du jour. Relevant les yeux vers la quatrième chaise Eleonnora prenait lentement la mesure des événements. L'absence de l'auteur de la missive laissa flotter un silence sous le haut plafond de la bibliothèque. Beorn Cyrène ne tarda pas à s'excuser de cet imprévu, avant que le tant attendu Archonte Emerloch apparaisse.

"Nous sommes aussi soulagées de vous voir." Répondit la dirigeante laissant alors flotter un regard en direction de ses comparses. En dépit son impatience, la jeune femme aurait préféré s'attendre à un simple retard de sa part. La voix enrouée de l'Archonte retentit entre les murs de l'ancienne grange. Et malgré la distance qui séparait le conseil du personnage on ressentait sur son visage pâle la lente agonie de son monde. Les détails de ce signe, inscrit à même la chair des habitants, assurant leur salut long et douloureux n'arrachait plus de grimaces à l'assemblée. Les yeux rivés sur le malade la Bourgmestre était elle aussi face à ce long ruisseau de corps noirs, tordus, souffrants, gesticulants. Cette agitation forcenée avait prit vie dans son esprit comme une forme de hantise où dansaient les spectres qui hantaient ses nuits. Elle n'était surement pas la seule ici a avoir vu les monstres, les carcasses suant les poisons et leurs airs défraichis, les visages de marbres figés dans une dernière expression de frayeur. La guerre ne semblait rien envier à cet étrange maléfice qui s'était abattu sur la cité.

Les quatres personnes ici présentes n'étaient que des mandataires. Et ils se tenaient là, impassibles, comme des machines à calculer aux portes de l'Enfer. Mais si cet obscur destin les avait aussi livrés à ce mystérieux mal, passifs, remplis de crainte? Le visage, auparavant décontracté de la dirigeante prenait lentement une teinte livide. Et si...ils étaient déjà touchés? Elle se pria de ne poser aucun regard méfiant autour de la table. Peut-être que certains habitants avaient échappé à la vigilance des gardes? Elle se mit à relater silencieusement tout les événements de la veille, sa nourriture, ses draps, et même l'air qu'elle avait partagé...qu'est-ce qui aurait pu la protéger d'une contamination? Rien! Un sourire amère se dessina sur le visage de la demoiselle. "Vous voulez dire que vous avez réuni les dirigeantes de Calastin au pied d'une cité empoisonnée, menacée par le débordement?" Elle s'arrêta pour inspirer comme si, soudainement, l'air lui manquait. "Et si des habitants avaient trompé votre vigilance? Je comprend que des populations entières soient en danger face à un tel mal mais...mettre en péril, de votre plein gré, les vies de vos dirigeantes...Le principe de la pierre de communication est que l'on puisse discuter avec un interlocuteur à...distance." Elle serra la mâchoire en lutte à un dilemme interne. Elle n'allait quand même pas perdre son sang froid dès les premières minutes. Ça lui ressemblerait toutefois. Mais elle était Bourgmestre et face à la situation elle se voyait très mal fracasser la pierre de communication et quitter la salle en trombe. Elle ne se serait toutefois pas sentie coupable de blesser les sentiments d'un malade. Qu'il la garde sa maladie! "...Nous amener ici...c'est quelque peu inconscient, ne trouvez vous pas?" Si il était question de communiquer avec elle de cette manière interposée...pourquoi les avoir autant exposées au danger? De plus il semblait que cette maladie soit totalement mystérieuse. Ils savaient à peine comment la soigner! Et si les "soignés" étaient encore porteurs sains? Aucune mesure de sécurité n'avait donc été réellement prise...Si enfermer des malades dans une forteresse suffisait pas à endiguer une épidémie, cela se saurait. Eleonnora aimait prendre des risques de temps à autre, mais qu'on la piège ainsi n'avait absolument rien d'amusant. Que devait-elle faire désormais? Revenir prévenir son conseil au plus vite? S'enfermer 10 jours durant en espérant ne pas perdre un autre membre? Et tout ces soldat et délégués de différents gouvernements, là dehors? Oh oui, pensait-elle à sa pomme avant tout...mais à quoi bon essayer de sauver des morts vivants et des estropiés lorsqu'il menaçaient les vie de nombreux autres humains, elfes et vampires? "Mesdames, j'espère que vous n'avez assisté à aucun événement douteux ces dernières heures..." Elle épia les réactions de ses comparses avec suspicion."Mais de toute manière savoir si l'une de nous perdra un bras est le moindre de nos soucis en ce moment, n'est ce pas? Puisque maintenant nous discutons de l'avenir de l'humanité." Le rire jaune et guindé de la demoiselle s'éleva au dessus des têtes. Il était évidemment difficile de séparer la panique des gestes qui lui correspondent mais Eleonnora continuait à parler comme si les mots calmerait les battements de son coeur.

"Oui, parce que si cette maladie fait des ravages chez toutes les espèces je ne vois pas en quoi les elfes seraient ciblés. Enfin, nous avons tous des querelles ancestrales qui donneraient raison à un génocide mais pourquoi y entrainer le monde entier? Et pourquoi maintenant? Je ne sais pas ce que vous en dites mais à mon avis cette histoire de malédiction finirait par simplement devenir prétexte à discriminer une population qui, elle non plus, n'aurait rien demandé. Ce serait ridicule de les malmener dans ce sens...et ce serait surement se fourvoyer sur la direction à prendre." Justement la sélection naturelle ferait que seuls les elfes immaculés survivent...au détriment du reste de l'archipel n'ayant apparement pas de réel moyen de s'immuniser contre ce mal étrange. Ce ne serait pas un mal contre les elfes mais plus contre le reste des espèces en ce sens."Si les elfes sont prit pour cible, comme vous le disiez c'est surement uniquement à cause de leur localisation. Comme vous le précisiez Keet-Tiamat semblait être lié à ce mal. Malheureusement l'archipel, nos nouvelles terre que nous colonisions toujours plus chaque jour demeure encore un vaste mystère...J'ai eu vent des étranges découvertes qui se sont passées dans les sous sols de Calastin...Ce Lomion, cet elfe ferait donc partie de cette expédition? Peut-Êêtre en savez vous d'avantage mesdames?" Elle darda un regard interrogateur sur les dames présentes à ses côtés avant de reprendre sur un préoccupation qui était plus urgente; " Mais je suppose qu'avant toute enquête la question est, qu'allons nous faire de vous? En faisant appel à ce conseil, extraordinaire si je puis dire, vous deviez vous attendre à ce que votre destin, celui de votre cité, de votre peuple, soit désormais entre nos mains." Jamais un dirigeant de cité libre, et certainement pas Ipsë Rosea, ne se serait livré au main de Selenia, entre autre. La situation semblait désespérée pour eux. " s.Nous ne pourrions nous permettre de vous envoyer de l'aide physique évidemment mais il nous reste possible de vous réapprovisionner en nourriture et traitements...C'est le moins que nous puissions faire." Elle supposait qu'il n'était pas encore question de raser la cité et ses habitants...mais elle n'hésiterait pas à le faire si cette ville devenait une camp de morts vivants sans espoir. À ce moment elle pourrait se soulager en pensant mettre un terme au souffrance de ces pauvres gens. La Caladonienne soupira. Pourquoi ne pas avoir convoqué un ambassadeur du domaine? Peut-être aurait-il pu nous conseiller davantage sur les risque que nos populations pourraient courir en cas d'épidémie...Elle s'était résignée à ne pas céder à la panique. Après tout, malade ou pas, qu'est ce que ça changeait? Elles auraient de toute façon ce problème sur les (le) bras. Puis si l'on voyait le positif là dedans, une maladie ça n'avait pas de visage. Un ennemi commun c'est tout ce que les hommes pouvaient demander pour éviter de se faire la guerre. Les tourments qui l'avaient arrachée au sommeil la nuit passée semblaient avoir déjà disparu.

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Elles avaient donc toutes reçue une lettre, alarmante, de la main de l'Archonte. L'idée d'inviter Victoria à cette réunion pouvait paraître étrange, effectivement, puisque la ville de la magie n'était plus Sélénienne, mais c'était un faux problème à ses yeux. La maladie n'allait pas s'arrêter gentillement à la frontière si on la laissait se répandre, alors Sélénia serait concernée de toute façon sans compter qu'avec la présence de la Loge, des ressortissants Séléniens étaient forcément présents dans les murs même d'Ipsë Rosea. Tryghild comprenait la démarche. En vérité, elle n'accorda qu'un rapide coup d'oeil au contenu de la missive. Ce qui l'intéressait, c'était ce que les autres dirigeantes avaient en tête. Elle s'installa enfin, observa un instant Beorn d'un air sombre, bien qu'elle ne fit pas de commentaire. Même si cela la chagrinait, elle pouvait essayer de se mettre à sa place. Elle aurait juste aimé qu'il fit de même dans l'autre sens et essaye de comprendre que les délimariens ne vivaient pas dans les fautes et le passé. En tout cas, ils essayaient d'avancer. Parfois, pourtant, le passé revenait, inlassablement. Comme pour les elfes. Ou bien était-ce ce qu'ils étaient ? Un passé agonisant qui s'accrochait aux chevilles de l'avenir ?

Les elfes. Emerloch disait que la maladie venait des elfes. Ses tempes palpitaient, ses oreilles bourdonnaient. Eleonnora prit la parole. Sa voix était distante et elle ne comprenait pas tout ce qu'elle disait, alors que la colère montait en elle comme une flèche tirée vers le ciel. Sans doute aurait-elle pu être plus ouverte envers ce peuple mais à chaque fois qu'elle commençait à l'envisager, il arrivait à la braquer plus encore et cette fois-ci ne fit pas exception à la règle. Tryghild sentit son propre corps devenir trop petit pour elle, son cour tambourinant, menaçant de quitter sa poitrine, ses tempes serrées par un étau. Puis elle sentit un engourdissement et une douleur légère dans la main droite, se faisant la réflexion, complètement détachée et flottante, comme si elle observait la scène de l'extérieur, qu'elle s'était attendue à ce que des échardes plantées profondément dans le tranchant d'une main fassent bien plus mal que cela. Peut-être bêtement. Puis, elle fut de nouveau bouillante, le soulagement ne durant qu'un bref instant. Son coup de poing sur la table avait creusé le bois, éclatant la surface lisse et vernie. Pour autant, elle ne quittait pas du regard l'Archonte, la colère animant ses yeux bleus.

« Les elfes ? »

Visage fermé sur une expression de pure fureur, sa voix était déformée et rauque, mais elle ne laissa pas le temps à Emerloch de répondre, ou à quiconque de tenter de la calmer. D'un bras, elle balaya la table, l'envoyant contre la porte qui manqua de se dégonder, et la pierre de communication, prise entre deux feux, s'en alla cliquetante au sol.

« Les elfes sont venus se réfugier dans les jambes de la rébellion après que leur forêt eut été détruite parce qu'ils étaient trop orgueilleux et fermés pour demander de l'aide ou prévenir les autres ! Ils ont prit nos ressources, nos vivres, de la place et du temps, et en donnant quoi ? Sans se battre, des gueux sans le sous, sans patrie, pourchassés comme des animaux. Qu'ont-ils apportés à la rébellion ? Rien ! Les elfes ont reçus des terres des deux empereurs, des terres qui appartenaient déjà à des humains, des terres qui étaient une maison pour ces gens, des gens qui ont été exilés, chassés, pour qu'on réinstalle ces vermines parasites qui n'avaient rien donné à personne ! Si cette perle n'avait pas détruit la forêt, par leur propre faute, ils ne seraient jamais venus pour 'aider' soi-disant la rébellion. Et on leur a donné des terres pour leur égocentrisme ! Sur l'Archipel, ont-ils essayés de se mêler aux autres ? Non ! Ils sont partis dans un coin, en s'isolant et nous ignorant, et encore une fois, ils reviennent la queue entre les jambes, pour apporter le mal avec eux ? Encore ? »

Et cela ne choquait personne ? L'Archonte avait accepté ces réfugiés sans se poser la moindre question ? Sans méfiance aucune ? Depuis quand les elfes apportaient quoi que ce soit de bon ? Emportée dans l'élan de sa colère, elle n'avait plus aucune barrière, comme à chaque fois. Et pour cette fois ? Elle s'en fichait.

« Les elfes sont des sauterelles. Et rien d'autre ! »

Qu'est-ce qu'ils voulaient ? Détruire leurs vies encore une fois ? Les chasser encore une fois ? Oh que non, hors de question. Cela n'arriverait pas. Se redressant de toute sa hauteur, elle serrait et desserrait les poings, enfonçant les échardes encore plus loin dans sa main droite, mais sans vraiment y prêter attention. Elle tremblait de rage.

« La solution, pour moi, est claire. Si vos mages n'ont rien trouvé et que le baptistrel qui a été mandé ne trouve rien non plus, il faudra brûler la ville ainsi que la totalité des malades se trouvant dans ses murs »

C'était une solution extrême mais c'était pour la survie du plus grand nombre et puis, si la majorité des malades étaient des elfes, elle aurait moins de scrupules. Elle n'avait absolument aucune honte à proposer de mettre promptement un terme aux souffrances et à la menace qui pesait sur Calastin.

« Nous ne pouvons pas nous permettre de mettre tous nos peuples en danger. Si aucun remède ne peut être trouvé rapidement, il ne faudra pas hésiter. Des roséens se cachent ici, à Cyrène, nous avons pu le voir, ce n'est d'ors et déjà pas sain. Nous allons les réquisitionner pour des tests médicaux. Nous verrons bien ce qu'il en est »

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Balthazar Emerloch était touché par le mal qui sévissait à Ipse Rosea. La “peste de Corail” comme elle était appelée dans une poésie trompeuse, car ce n’était qu’une nomination à la crue vérité. Une malédiction apportée par les elfes ? Était-elle tirée des tréfonds de Calastin ou bien de Keet-Tiamat ? Quelle importance au final !? Une autre de ses figures paternelles allait mourir. Un nouvel ennemi menaçait les peuples de l’Archipel. Le deuil allait de nouveau frapper... La nouvelle mit plusieurs secondes à vraiment imprégner la jeune dirigeante dont le sang se glaça à mesure qu’elle comprenait toute l’ampleur de cette annonce. Devenue blême sous un masque d’impassibilité difficilement conservé, elle avait les oreilles qui bourdonnaient et les mots de l’Archonte lui semblaient de plus en plus lointains. Son coeur se mit à battre la chamade, tambour de peur et d’angoisse qui sourdirent jusque dans sa gorge pour la lui nouer. Cette dernière s'asséchât et Victoria sentit le bout de ses doigts s’engourdir d’un froid pernicieux, puis enfin son souffle s’altérer. La tasse de thé qu’elle tenait d’une main se mit légèrement à trembler alors que la coupelle tenue de l’autre eut son bord si serré que les phalanges délicates en vinrent à blanchir.

Son esprit se vida progressivement, la pièce se mit légèrement à tanguer. Les mêmes mots tournaient encore et encore dans sa tête, se fracassèrent en un maelstrom qui menaçait d’exploser en une crise de panique incontrôlée. Amputations et folie. Malédiction. Elfes. Lomion Estarus, seul survivant grâce à l’immaculation. Ses yeux légèrement écarquillés fixaient le visage épuisé de Balthazar, mais son attention n’était plus focalisé sur le vieil homme. Le détail de la maladie continuait de couler hors des lèvres parcheminées du mage et ses mots empoisonnaient les pensées de la jeune reine qui, hors de sa volonté, avait devant ses prunelles des scènes dépeintes par une imagination bien trop fertile. Combien il était aisé de deviner cette douleur folle à se sentir calcifié de l’intérieur et d’agoniser des jours durant. Combien il était aisé de sombrer dans la folie et le désespoir ! Quant à elle, elle re-voyait aussi la femme tomber des murailles d’Ipsë Rosea. Elle entendait  ses os se briser en boucle, ses râles filtrer… Puis Victoria sursauta violemment lorsque le poing de l’Intendante s’abattit avec force sur le bois d’une table qui s’en fissura, outrée d’un tel traitement.

Ainsi tirée hors de son état de choc, la reine cligna plusieurs fois de  longs cils qui se révélèrent légèrement humides de larmes contenues et leva la tête sur la glacernoise en une muette stupeur. Il s’agissait là de sa toute première fois ; jamais encore n’avait-elle vu la guerrière déverser sa rage ! Autant dire que le spectacle en était d’autant plus terrifiant que Tryghild semblait profondément touchée par les événements. Il fallut quelques instants à l’adolescente pour comprendre pourquoi et aussitôt son visage se peignit d’une profonde et amère compassion. Ah, oui… La longue histoire entre les elfes et les glacernois ! Quelle pitié que l’Histoire semble se répéter d’elle-même, à la façon d’une boîte à musique grippée. Lorsque la table vola de l’autre côté de la pièce pour s’écraser contre la porte, Victoria se retrouva figée sur place, tenant toujours sa coupelle et sa tasse de thé à hauteur de poitrine, chevilles croisées entre les pieds de sa chaise. Et bien ! Le mobilier n’était certainement pas responsable de la situation, mais maintenant au moins comprenait-elle pourquoi les meubles à Délimar étaient aussi lourds, voire pour certains carrément rivetés au sol. Délaissant la table et son argenterie éparpillée pour le moment, elle continua d’observer l’Intendante et plus particulièrement son poing dont les bourgeons pourpres fleurissaient là où les échardes s'enfonçaient toujours plus.

“- Tryghild. Par les Sept, calmez-vous. Si ce n’est pour l’Archonte, au moins pour l’affection que vous me portez. Ne laissez pas la colère prendre le meilleur de vous.

L’appel était doux, mais suffisamment fort pour être entendue par la concernée. Le glyphe enchassé à son collier s’activa et donna à sa voix une profondeur ainsi qu’un magnétisme subtilement enchantés de sorte à rendre la demande plus ferme encore dans son gant de velours. Personne n’avait besoin d’un sanglier fou furieux et certainement pas de décisions extrêmes, uniquement guidées par la colères. Pas qu’elle désapprouvait une telle prise de position, mais elle préférait l’entendre au terme d’un conciliabule calme et réfléchi. Tout en s’adressant à la guerrière, Victoria déposa la tasse sur sa coupelle et laissa les deux flotter dans l’air après avoir usé de sa main libre pour user de gestes clés, délicats et gracieux dans leur exécution. Tirant sur les fibres de la trame comme on le ferait d’une harpe, elle puisa au sein du flux de déplacement pour s’aider à réorganiser la bibliothèque. Les yeux céruléens de la jeune mage brillèrent fugacement, comme consumés de l’intérieur tout le temps que dura l’exercice. La table fut repositionnée entre les partis présent, les livres tombés sous le choc bruissèrent en regagnant leurs étagères, puis enfin ce fut au tour de la pierre de communication de revenir à sa place première.

“- Quant à vous Archonte Emerloch, je ne peux qu’appuyer les propos de mes deux compagnes d’infortunes et profiter de l’occasion pour soulever un autre détail.

Ses mires cessèrent de briller lorsqu’elle récupéra sa tasse de thé pour la déposer. Contournant la table qui penchait légèrement, elle ne cessa d’observer l’image tremblotante du vieil homme avec un sang-froid retrouvé et une sévérité qui marquait les traits d’un visage encore très -trop- jeune pour confronter ce genre de situation. Victoria approcha de l’Intendante et avec beaucoup de douceur vint prendre son poing serré entre ses mains. Une aura bleutée auréola ses doigts alors qu’elle usait d’un sort de guérison pour ôter les échardes et refermer les écorchures. Ses sourcils se froncèrent quand elle eut terminé et elle fit alors pleinement face à Balthazar, frêle silhouette en comparaison de celle de Tryghild. Elle se tenait volontaire aux côtés de la femme et partageait une grande partie de son indignation et de sa colère maintenant que le choc lui était passé. Lorsqu’elle reprit la parole, le ton de sa voix avait perdu plusieurs degrés, devenant glaciale :

“- Pourquoi avez-vous attendu ? L’incident sous les terres de Calastin remonte à début Novembre, soit depuis trois mois. Les elfes sont dans vos murs depuis plus d’un mois… Alors pourquoi. Pourquoi avez-vous attendu si longtemps avant de nous alerter ? De la part des elfes l'on peut s'y attendre, car c'est dans leur nature... Mais vous ? Était-ce la honte ? Ou bien la crainte de confronter ma déception ? Car c'est bien ce que j'éprouve en ce moment, Balthazar Emerloch. Mais certainement pas pour les raisons que vous pensiez échapper en nous cachant une telle catastrophe. Je suis déçue de votre manque de discernement, de votre faiblesse et par dessus tout…

La colère brûla dans ses yeux pâles.

“- Je suis déçue que votre solution soit de vous réfugier dans nos jambes en tout dernier recours. Je pensais que nous méritions plus de confiance ! Après tout ce que nous avons traversé depuis notre arrivée ici… les Chimères, les pirates, Cordont, le trouble de la Trame ? Je vous ai confié des érudits sur la magie, confiante en votre capacité de les tenir saufs de tout danger. Je veux la réunification des pouvoirs en place pour une paix durable et un essors économique qui saura bénéficier à tous les peuples. Et pour quoi au final ?

Elle serra les poings et prit une profonde inspiration. S’éloignant de Tryghild, elle retourna s’asseoir et bu une gorgée de thé. Un thé qui avait tiédi, mais qui aida néanmoins à chasser le fiel de sa bouche. Ce n’était pas l’heure de se déverser en reproches. Les yeux un instant baissés sur la tasse, elle reprit d’un ton plus neutre bien que toujours sévère :

“- Quoiqu’il en soit. La Bourgmestre Ostiz a raison ; cette maladie touche tout le monde et si les vampires ou les elfes ont encore une chance d’en réchapper avec l’immaculation, en sont-ils pour autant immunisés après coup ou n’est-ce qu’un répit qu’ils obtiennent avant d’être à nouveau visés ? Pire encore ; sont-ils dès lors des porteurs sains ? Nous autres humains n’avons pas le luxe d’un tel échappatoir. Nous serons certainement les premiers à succomber et vu notre grand nombre, nous sommes aussi les plus susceptibles de répandre cette maladie comme une traînée de pyrolite. Je la rejoins aussi sur le fait que les elfes ne sont pas exactement l’origine de ce mal, mais bien des victimes… toutefois, je ne peux aller plus loin dans mon assentiment et rejoindrais Tryghild dans le fait que nous devrons brûler Ipsë Rosea jusqu’au sol s’il s’agit là de notre seule solution si toutes autres options pour prévenir d’une pandémie nous feraient défauts. Non pas par ressentiment envers une race particulière, mais bien parce qu’aussi difficile ce choix se révèlera-t-il et aussi lourdes qu’en seront les conséquences ? Nous avons la responsabilité en tant que dirigeantes des peuples de l’Archipel de penser au plus grand bien. Nous devons voir le tableau complet et pas seulement une parcelle.

Sa mâchoire se crispa au souvenir de cette femme qui avait été la première victime de son idéologie. Elle ne doutait pas que la Triade de clans vampiriques la rejoindrait sur cette décision. Sans faillir elle se savait pouvoir parler au nom d’Achroma et des autres. Son coeur se remit toutefois à battre la chamade et une bile amère lui remonta dans la gorge. Cette situation menaçait de l’engloutir à tout instant dans ses flots violents et cruels. Victoria se redressa dans son assise et fit le tour de la table, s’arrêtant plusieurs secondes sur chacun d’entre eux.

“- Concernant les vivres, le Comte Tearri de Courbelune a déjà apporté de quoi subvenir aux besoins de Cyrène. La couronne lui en est d’ailleurs excessivement reconnaissante.

Elle eut l’ombre d’un sourire pour Beorn.

“- Nous ne pouvons malheureusement rien risquer à propos d’Ipsë Rosea. Je suis contre l’idée d’approcher de la cité pour autre chose que délivrer un potentiel remède. Nous ne pouvons laisser ses portes s’ouvrir sous aucun autre prétexte.Nous ne savons pas si les animaux sont porteurs de cette maladie comme le sont les rats avec la peste.

Victoria fronça les sourcils et assena avec réluctance, bien qu’elle se révéla déterminée et inflexible dans le timbre de sa voix clair :

“- Je suis prête à assumer la famine d’une ville déjà diminuée, plutôt que de risquer une brèche dans le confinement et mettre en danger le reste de l’Archipel.

Sa voix trembla toutefois lorsqu’elle murmura :

“- Mais Tryghild a raison, tout comme la Bourgmestre Ostiz. Des Roséens se cachent dans les rues de Cyrène. Sont-ils déjà contaminés ? Le sommes-nous bien que nous ne pensons pas avoir croisé directement qui que ce soit de malade ?

Elle releva un regard douloureux d’ironie et de déception sur l’Archonte.

“- Est-ce pour cela que nous sommes là ? Souhaitiez-vous nous forcer la main et être certain d’obtenir nôtre appuis si nous étions mise face au danger de l’épidémie ? Sommes-nous maintenant les otages de votre orgueil ? Oh Emerlach…

Sa gorge se noua et elle se mordit l’intérieur d’une joue pour ne pas simplement hurler, pour ne pas pleurer aussi. Au duel de ces deux sentiments, un troisième naquit : la rancune. Profonde et dont les racines s'enfonça loin dans son coeur trahi. Son visage se fit masque de colère froide et elle se leva pour dominer la pierre de communication. La Trame trembla et l'air s'agita autour de sa fine silhouette, soulevant ses cheveux. Ses yeux brûlèrent à nouveau de magie contenue.

“- Ce n’est pas les Déesses que vous allez devoir prier pour vous épargner notre courroux… Elles ne pourront vous en protéger. Ni elles, ni Néant, ni aucune force en ce monde. Si nous survivons à cette affaire, c’est devant nous que vous allez devoir vous prosterner et supplier pour un peu de clémence.

Victoria leva ensuite les yeux sur Tryghild, puisant en sa silhouette puissante un peu de confiance et de réconfort. Au temps pour ses conseils auprès de l'Intendante ! On dirait bien qu'elle était elle-même facilement victime de ses émois... Elle préféra alors changer de sujet et tenta revenir sur le plus urgent.

“- Ce baptistrel dont vous faites mention… Qui est-il ? Je n’ai pu apporter personne de mon Royaume pour aider dans l’enquête de cette maladie.

Elle regarda ensuite Eleonnora.

“- Qui avons-nous sur le terrain, je vous pris ?"

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    La violence puis le silence. Beorn regarda son mobilier voler en clignant des yeux, à la fois outré et assez ravi que Tryghild, puis Victoria soient assez fermes pour décider de brûler tout Ipsë Rosea, s'il le fallait. Lorsque tout fut remis en place, le vieil Archonte regarda les trois femmes les unes après les autres, accablé par les reproches qui lui étaient faits. « Je vous prie de me pardonner. Je ne cherchais à causer le moindre tord à qui que ce soit, mais bel et bien d'éviter une panique générale et une catastrophe. »  Que serait-il passé s'il en avait informé par lettre les dirigeantes ? Elles en auraient parlé entre elles, certes, mais elles en auraient également parlé à leurs conseillers. Combien d'entre eux auraient paniqué, en auraient parlé à d'autres et ainsi de suite jusqu'à ce que Ipsë Rosea soit cernée de fourches et torches en colère ? Et là, on lui aurait reproché de ne pas avoir organisé un huis clos, évidement.

    « Croyez bien que je n'avais pas le luxe de bien faire. Quelques étaient mes réactions, elles n'auraient été à votre goût. Je veux bien être votre coupable, si vous le désirez. En temps de crise, il est si bon de soulager sa conscience en pointant du doigt un bouc-émissaire. Je comprends votre surprise, vraiment. Autant que je suis accablé qu'aucune d'entre vous ne garde la tête froide. » Elles avaient préféré cracher leur venin, leur haine, leur mépris et leur colère. Elles avaient préféré l'assener de maux plutôt que de l'empathie. A dire vrai, c'était lui qui était déçu. Il ponctua son propos d'un soupir de fatigue alors qu'il secouait la tête de gauche à droite. « Votre Altesse, il court en tout temps des milliers de maladies. Des pestes, des lèpres, des varioles, des syphilis, et j'en passe. Lorsque nous avons eu ses démangeaisons, il existait des centaines de maladies qui pouvaient les justifier. La plus part de la plèbe ne se lave pas tous les jours dans un bain parfumé aux pétales de roses. Des démangeaisons, nous en avons très régulièrement. Alors, oui, votre Altesse, il y a trois mois, je n'ai pas jugé utile de vous importuner d'une lettre alarmante parce qu'une poignée de roséens se grattouillaient. »

    L'ironie était aussi amère que la blessure dont il souffrait. Son affection pour la Couronne semblait plus palpable, car c'était d'avantage les mots de la reine qui lui faisaient mal, là où ceux de Tryghild et Eleonnora lui coulaient dessus sans difficultés. L'on disait qu'il n'y avait que ce qu'on aimait qui pouvaient nous faire du mal. C'était réussi et il aurait préféré ne pas subir cela à l'orée de la mort. « Lorsque nous avons remarqué les plaques de corail, nous avons isolé les malades, comme on le fait en tout temps de lèpre ou de peste. Et nous avons essayé de les soigner. Jusqu'à l'arrivée des elfes, il n'y avait pas de quoi hurler comme un loup à la pleine lune. Les elfes qui sont arrivés avaient l'air sains. S'ils ont eu des malades plus avancés, ils sont très certainement resté à Keet-Tiamat. Seuls ceux qui étaient libres de leurs mouvements ont pu venir, je suppose. Leur symptômes se sont déclarés au cours des dernières semaines. J'ai pris la décision de clore les portes d'Ipsë Rosea et de vous appeler à l'aide, il y a 10 jours déjà. Soit une semaine après que nous nous soyons rendu compte que les elfes portaient cette maladie que nous avions découvert et isolé deux mois plus tôt. » Il serra les mâchoires, de douleur.

    « Quant à Cyrène, nos gardes patrouillent pour retrouver les fuyards. J'en ai déjà discuté avec Beorn... Si les habitants de Cyrène continuent de cacher des malades, ils se condamneront aussi. Il y en a deux qui ont quitté Ipsë Rosea, en plus de moi-même. Je pensais ne pas être touché jusqu'à hier soir. Je suis au temple, confiné. Mes domestiques se savent tout aussi condamnés que moi : nous avons accepté notre sort. Il serait bien trop dangereux de sortir de ce lieu, maintenant, au risque de contaminer Cyrène. Je vous prie de croire que j'ignorais que la situation serait telle, il y a dix jours encore, lorsque je vous ai écrit. »

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Elle qui avait eu peur de voir ses émotions la submerger et prendre le dessus en présence de ses collègues...Elle ne semblait pas être la pire au sein de cette assemblée. Sa panique passagère était presque passée pour de la sagesse face à l'éclat de l'Intendante qui avait secoué la pièce entière. Vissée sur son siège, regardant le mobilier s'envoler à l'autre bout de la pièce, la jeune femme resta muette. Seul son regard suivait alors les gesticulation de sa voisine. Dans son silence elle jubilais de voir la guerrière puis la reine, la suivant dans l'élan de cette amitié toujours aussi inattendue, prévoir le massacre de la population entière de Ipsë Rosae. Eleonnora n'avait jamais prononcé son envie de tuer quoique ce soit et que d'autres prennent la responsabilité des morts et des deuils ne mangeait pas de pain. Elle le disait sans cesse mais personne ne l'écoutait! Les Délimariens avaient du mal en ce qui concernait les négociations, les manières, la diplomatie...Quand on a un marteau dans la tête, on voit tous les problèmes sous forme d’un clou.

Peut-être finira t-elle aussi par opter pour cette solution sanglante mais tant que toutes les options ne s'étaient pas présentées, elle ne pouvait lancer aussi légèrement la condamnation d'une cité entière. Qu'est ce que l'on penserait d'elle? Les populations ne les verraient jamais comme des héroïnes car il n'y avait aucun monstre à abattre cette fois ci. S'il était question d'assumer un tel choix, elle voulait être certaine que cela soit nécessaire.

Cependant la jeune femme n'avait toujours pas pitié de cet homme, la silhouette maintenant projetée sur le parquet. Il n'avait pas prit les mesures nécessaire pour la protection de son peuple puis surtout des dirigeantes qu'il avait présentement convoqué. Il voulait éviter la panique générale? Elle se manifestait déjà sous ses yeux. De toute évidence l'échec n'était pas pardonnable pour un dirigeant. Les conséquences étaient bien trop importantes. L'Intendante, les yeux lançant des éclairs, précurseurs des terribles éclats du tonnerre, qui n'étaient pas plus passagers, n'échappaient pas à la vue de leur hôte.

Mais il avait raison, aucun coupable, aucun bouc-émissaire ne pourrait empêcher les écailles de pousser le long de leur épiderme s'il était déjà trop tard...Tandis que la table était remise sur pieds par deux esclaves Eleonnora se leva pour ramasser la pierre non sans s'assurer du calme de Tryghild à ses côtés. Elle la sentait encore prête à faire valdinguer la moindre masse à portée de main. Imitant la petite blonde, la Bourgmestre s'assura que la pierre reste à leur hauteur en la faisant flotter dans les airs par simple magie mimétique. « Croyez-moi, nous sommes les plus accablées dans cette histoire mon cher. Mais nous aurons besoin de vous vivant si nous souhaitons vous torturer à notre guise.» Il semblait que l'Altesse royale ait justement résumé les pensées et angoisses qu'avaient soulevé de telles nouvelles. Elle se tourna vers le maire le regards plein de dédain. « Puis je suppose que vous avez été en contact avec notre ami avant cette réunion...S'il ne s'est rendu compte de son mal que très trad cela ne m'étonnerais pas. Dire qu'il était prêt à nous rencontrer en personne avant hier.» Elle ne prenait même plus la peine de s'adresser directement à cet idiot. Il était touché par le déshonneur et ne méritait aucunement l'attention de nobles dames au vu de sa maitrise de la situation. « À ce propos mesdames, j'aimerai rappeler que bruler une ville et ses habitants ne résoudra rien si nous sommes nous mêmes touchées...à moins que vous vous sentiez prêtes à vous jeter dans les flammes. Quoi qu'il en soit sacrifier ma vie n'est pas dans mes plans et si nous possédons d'autres options à portée de main, soyez certaines que je préférerais les examiner avant. Et si cette maladie est guérissable autrement que par l'amputation, il serait préjudiciable de ne pas en faire bénéficier les autres malades. De toute manière , même si cela pourrait réduire les risques d'épidémie nous n'avons pas connaissance de la source de ce mal. Il pourrai très bien ressurgir à tout instant à Délimar, à Sélénia, à Caladon...»

Elle jeta de nouveau un regard nerveux vers ses compagnes. Elle était prête à se protéger de toute attaque venant de sa droite. Non, elle n'avait pas peur...un peu peut-être. Après tout la glacernoise avait enfoncé les planches de la lourde porte avec tant de facilité. Et avec une table. Elle ne s'attendait pas à ce que le danger soit à ses côtés aujourd'hui. Elle qui était prête à éclater quelques minutes plus tôt avait complètement refroidie par la rage encore plus brulante de sa voisine. C'était à peine si elle redoutait plus les mains meurtries de l'Intendante que le mal qui germais à deux pas. Elle aurait du mal à dire ce qu'elle pensait de ses propos racistes. Généraliser une ethnie entière sur des actes passés, ou sur les agissements d'un groupe ne saurait que porter préjudice au libre échange entre les peuples. Plus on avait de valeurs plus il semblait difficile de les défendre semblait-il.

« Le baptistrel qui a voyagé en notre compagnie est le jeune Cawr Elusis. Son talent n'en est pas moindre et je pense que l'Intendante et moi même partageons en lui...une certaine confiance. C'est du moins une personne expérimentée dont nous pouvons attendre beaucoup.» Elle espérait que ce nom prenne une forme connue dans l'esprit de la dirigeante Sélénienne Il lui était étrange de conseiller les service de son frère qu'elle traitait constamment de joyeux troubadour mais elle l'avait déjà vu à l'œuvre et ne pouvait plus douter de ses dons. Elle néanmoins espérait qu'il prenne sa tâche au sérieux. Puis en son fort intérieur elle s'inquiétait de savoir comment, dehors, même à cyrène, il s'en sortait. Surement était-il déjà touché. Lui et combien d'autres hommes de sa délégations? Décidément la fuite n'était plus une option. Elle n'avait pour autant aucune envie de quitter cette pièce pour aller patauger dans la boue à la recherche d'un remède miracle. Elle était venue pour discuter autour d'une tasse de thé, mince! Elle se trouvait dorénavant coincée dans ce village à l'odeur abominable. Épuisée par tant de trouble en si peu de temps la jeune femme se massa la tempe de sa main valide. « Sur le terrain nous avons des hommes compétents, alchimistes, hommes d'esprits aux conseils avisés, mercenaires...Ils ne viennent pas tous de l'alliance et ne sont pas forcément arrivés en notre compagnie. J'étais lion penser que cela nécessiterait autant de précipitation mais il semble bien que nos destins soient celés et que tout soit une question de temps. Nous pourrons étriper des gens plus tard, je n'ai aucune envie de finir mes jours dans cet endroit infâme. Des gardes sont déjà postés à la ronde mais nous devons empêcher qui que ce soit de rentrer dans ce village avant que nous n'ayons trouvé une véritable solution. De toute manière que faisons nous ici si ce n'est que pour décider, au finale, si nous allons bruler une cité ou pas? Je comprend que nous ayons à être informée mais nous ne pouvons prendre de décision que face à l'étalage de tout les faits.» Elle soupira. Le doute était quelque chose qui ne s'immisçait que très rarement dans son esprit. Enfin, elle doutait de tout le monde, de son père, de ses conseillers et ses valets de chambres mais jamais d'elle même. Ici leur impuissance était flagrante.

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Se calmer ? La nordique décocha un regard enragé vers la souveraine, incrédule et outrée qu’elle lui demande de se calmer dans un moment tel que celui-ci. Elle ne pouvait pas se calmer, son coeur était entrain de battre comme un tambour, ses tempes palpitaient et elle restait fixée sur le danger que cette race stupide et hautaine leur causait encore une fois. Parce que ce n’était pas la première fois que les elfes mettaient tout le monde en danger à cause de leur égocentrisme. Alors non elle n’avait pas du tout envie de se calmer. Elle se calma pourtant, influencée par le glyphe de Victoria, mais cela ne lui enlevait pas son mépris pour toute cette situation, ni pour la magie et elle ne le cacha pas, en voyant la gamine faire son petit numéro. Oh bien sûr, c’était trop dur de laisser faire les autres pour remettre les choses en place avec deux mains bien physiques, ou de laisser sa tasse à thé sur un bord de bibliothèque, il fallait forcément faire tout cela par magie, parce que bien sûr c’était infaisable autrement ! Elle avait l’air d’un cadavre maintenant, si pâle et aux yeux cernés, est-ce que ça valait vraiment la peine ?

Désormais, elle n’écoutait qu’à moitié ce qui se disait. Intérieurement, elle essayait de rationaliser la suite des évènements. De mettre en place ce qui était nécessaire mais elle en revenait sans cesse à l’absurdité de cette situation. Est-ce que l’altruisme oublieux valait un suicide collectif ? Est-ce qu’ils étaient tellement assoiffés d’être bien vu qu’ils étaient prêts à faire tuer tout le monde ? Le minimum possible dans cette situation était de s’énerver justement et elle était férocement satisfaite de ne pas être la seule à mal prendre la chose, pas parce qu’elle n’aimait pas être la seule, elle l’était souvent, mais bien parce que ses deux compagnes n’étaient pas, au moins partiellement, des gourdes finies. Inspirant profondément, elle essaya de ne pas exploser de nouveau, mais son calme rendit les armes lorsque Victoria osa affirmer que les elfes étaient des victimes. Des victimes ? De qui se fichait-elle exactement ? Les elfes avaient réussi à survivre et prospérer sur le dos de toutes les autres races, ils entraînaient les autres avec eux dans les calamités sans jamais aucun gain et en plus ils devraient être des victimes ?

L’intervention d’Emerloch l’acheva.

Ecoutez, je m’en fiche, des détails. Personne n’a besoin de savoir si oui ou non vous avez fait au mieux ou pas. Donnez nous juste les informations dont on a besoin, et sinon gardez le silence.

Elle inspira profondément, jura et se retint d’envoyer un nouveau coup dans la table. Il essayait de s’expliquer mais elle n’arrivait pas à se calmer assez pour être objective avec lui. Pour l’instant, elle aurait volontier envoyer la table et la pierre dans le lac, ou hurlé un bon coup. Ou alors elle aurait bien tapé sur quelqu’un en duel. Elle ne pouvait guère résoudre la situation avec aucune de ces solutions mais au moins sa tension serait descendue d’un cran pour un moment.

Torturer ?

La question fut étranglée. Elle se tourna vers la Caladonienne en la regardant avec de grands yeux.

Mais vous vous croyez où exactement ? C’est tout ce à quoi vous pensez ? Vous voulez que je vous torture vous aussi pour avoir menacé mon diplomate la dernière fois peut-être ?

Cette fois, c’était Eleonnora qu’elle ne comprenait pas. Autant elle en voulait à Emerloch d’avoir accueilli les elfes et leur plaie, autant elles étaient là pour trouver une solution pas pour torturer quelqu’un. Et de façon générale, il n’était pas question de torturer qui que ce soit en fait. La torture n’avait jamais été une réponse convenable. Ni l’humiliation d’ailleurs. Un moment, elle manqua se tourner entièrement contre elle mais ce n’était pas pour cela qu’elle était venue. que ce soit son idée de torture ou tout simplement le fait qu’elle ne pense qu’à sa foutu personne, Eleonnora venait de lui rappeler pourquoi elle regrettait infiniment le temps d’Aldaron comme Bourgmestre. Elle porta une main tremblante à son visage, ferma un instant les yeux et enfonça ses doigts dans sa chevelure emmêlée. Respirer, c’était la clef, respirer longuement et profondément. Bien, il fallait absolument qu’elle s’enfonce dans l’aspect pragmatique et concret de la chose où ça allait mal finir.

Nous avons un baptistrel. Il peut dire qui est contaminé et qui est sain. Les sains non nécessaires devront partir. Les contaminés doivent rester et peuvent nous aider pour essayer une seconde étude. Il faut qu’on sache exactement ce que vous avez fait Emerloch, dans vos observations des malades. Ensuite on donne ces observations au Baptistrel et à mes médecins. J’ai plusieurs spécialistes almaréens avec moi

Elle eut un regard pour Beorn, s'adoucissant très légèrement, pleine d'espoir.

C’est l’occasion de vous montrer qu’ils peuvent aussi être positifs, et faire de belles choses

Elle réfléchissait à toute vitesse.

Il faut un temps minimum d’étude. Combien peut-on donner ? Deux semaines ? Il faut se donner une limite de temps au-delà de laquelle il faudra penser à une solution réellement drastique. Donc. Deux semaines pour les premières études. Un mois pour des essais peut-être ? Il faut avoir des résultats rapidement vu la propagation que cela semble avoir. Après un mois il faut un minimum d’avancée là-dessus. Après deux mois il faut une piste sérieuse et un remède en cours. Comme pour Cordont, on va nommer un groupe fixe pour cette étude, et on fera une rotation et une surveillance du groupe d’étude lui-même. Il faut que les spécialistes choisis définissent les meilleures mesures de sécurité selon eux. Ce sont eux qui ont les connaissances en main et ce sera à eux de nous confirmer

Cette fois, elle était plus calme. Expirant de nouveau, elle observa enfin la pièce hors du flou de sa rage. Bon, elle devait une table à Beorn.

Désolée pour la table

Quoi d’autre ? Elle regarda de nouveau Victoria. Ah oui, l’approvisionnement de la ville.

Il est impossible pour le moment d’effectuer un ravitaillement. Pas tant qu’on en sait pas davantage. Pour l’instant il faut considérer toute approche de la ville comme mortelle. Si l’étude évolue, on pourra y revenir. Nous savons maintenant que le premier elfe était un membre de l’équipe descendue dans les souterrains de l’île, peut-être la maladie était-elle dessous. Et ça, le baptistrel peut le confirmer. Allons lui demander de nous rejoindre

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    Le regard du vieil homme s'était posé sur sa protégée aux boucles blondes, voyant en elle, dans ses yeux, perler les éclats de la culpabilité. Il lui retourna une expression d'abandon paternel, lui soulignant là qu'il ne lui en tiendrait guère de rigueur. Celle qui était Reine n'avait pas été éduquée pour l'être. Il pouvait comprendre ses erreurs. Il acceptait moins celles des dirigeantes de l'Alliance. Il arqua un sourcil, au premier propos de l'Intendante qui affirmait que personne n'avait besoin de savoir s'il avait fait au mieux ou non... Mais justement, si ? N'était-ce pas que que Victoria lui avait implicitement demandé ? De s'expliquer ? Toutes les questions ne finissaient pas avec un point d'interrogation. Il savait néanmoins Tryghild très peu prompte à saisir ce genre de subtilité langagière politique, alors il passait l'éponge sur cela. Il la passait moins sur les ordres qu'elle lui donnait pour le condamner au silence. De quelle autorité se croyait-elle investie sur lui ? Depuis quand l'Intendante de Délimar pouvait donner des ordres à l'Archonte d'Ipsë Rosea ? La voix de sa cité était prépondérante au nom de l'Alliance, cela ne lui offrait pas, néanmoins, une couronne sertie de diamant.

    Et que dire de la Bourgmestre ? Il manqua de s'étouffer dans sa propre barbe lorsqu'elle prit la parole. Et pour dire quoi ? Le torturer ? Elle ? Être en danger ? Elle méprisait et accusait sans savoir, justement tout le contraire de ce dont il venait de les mettre en garde lorsqu'il avait repris Victoria sur ses conclusions hâtives à son égard ! Par les Sept Déesses, mais cette femme avait obtenue son titre de Bourgmestre dans une pochette surprise ?! Malédiction ! « Saperlotte ! » s'exclama-t-il, comme si cela pouvait chasser ce que ses pauvres oreilles à moitié sourdes avaient quand même entendu. Voilà que l'Intendante les informait que la Bourgmestre avait braqué avec une arme, de surcroît, un diplomate Délimarien ! Le pauvre vieux claqua le plat de ses deux mains contre ses joues, la bouche grande ouverte dans une expression effarée. Alors que Tryghild tâchait de retrouver son calme, le sexagénaire explosa : « Cornegidouille ! En voilà des manières ! Je ne me souviens pas que Crissolorio vous ait éduqué de la sorte jeune fille ! Il aurait honte de vous voir prononcer de tels mots, bon sang de bois ! » Il était outré !

    « Voilà donc tout ce qu'a à offrir l'Alliance avec toutes ces belles promesses et sa vindicte à l'égard de la Couronne, rogntudju ! » Le pauvre vieux tremblait de colère : « Haine et mépris ! » La haine raciale, contre les elfes, comme si les avoir accueilli était une faute impardonnable. Mépris de la cité émergente. « Concurrence et domination ! » Caladon et Délimar n'étaient-elles pas en train de se tirer dans les pattes pour l’hégémonie de leur cité ? Et Tryghild qui lui donnait des ordres comme s'il était le dirigeant d'une cité de seconde zone ! « Égoïsme et opportunisme ! » Cette fois, il avait clairement visé Eleonnora, ses yeux jetant des éclairs. S'il avait été sur place, il lui aurait probablement sauté à la gorge pour la mordre jusqu'à ce qu'il en perde son dentier. Quatre mains vinrent le saisir pour le tirer en arrière et l'intimer de se calmer. Le visage de balthazar disparu pour les dirigeantes, mais on l'entendait crier en fond tout un chapelet de jurons particulièrement fleuris, plus ou moins familiers, parmis lesquels figurait :

    « JE VOUS JURE QUE SI ON S'EN SORT VIVANTS DE CE BOURBIER, DIANTRE, JE VEILLERAI PERSONNELLEMENT A CE QU'IPSË ROSEA REVOIT SES ALLEGEANCES ! L'ALLIANCE N'EST QUE FOUTAISE ! CROTTE DE BIQUE ! FIENTE ! MORDIOUS ! SACRELOTE ! C'EST QUOI CE FOUTRE ANNEAU ?! Oh... Ilhan... Bonjour... »

    Ça l'avait instantanément calmé, la voix adoucie... Et visiblement, il semblait parler tout seul :

    « Ça serait un plaisir de vous voir, Ilhan, vous le savez bien. Mais je ne saurai le faire sans vous mettre en danger. Pour être tout à fait honnête avec vous, qu'on attente à la vie serait un sort préférable à ce qui m'attend avec cette maladie -ou avec cette folle de Bourgmestre, il faudra que je vous raconte-, ne vous inquiétez pas pour moi. »

    Quelques secondes plus tard, il s’esclaffait de colère :

    « MAIS VINDIOU ! VOUS N'ALLEZ PAS VOUS Y METTRE VOUS AUSSI ! »

    Le monde s'était-il ligué contre lui aujourd'hui pour qu'il fasse un infarctus ?!

    « J'AI DIT 'NON' ! POUR TOUTE L'AMITIE QUE J'AI POUR VOUS, JE REFUSE DE VOUS METTRE EN DANGER ! »

    Il y eut une discussion, plus calme, par la suite avant que Balthazar ne revienne dans le champ de vision de la pierre de communication. Sa peau était rouge. Ses cheveux blancs s'étaient dressés sur sa tête sous le joug de la colère et il lissait sa barbe en s'éclaircissant la voix d'un ersatz de toux.

    D'un geste sec, il posa l'anneau de côté et Tryghild avait profité de cet interlude pour se calmer... Et lui aussi. Il tâchait de respirer de façon profonde et régulière. « Pour être tout à fait honnête avec vous, il vaut mieux qu'ils meurent de faim, à Ipsë Rosea, plutôt que de connaître les entiers affres de cette maladie. Les nourrir n'est pas une priorité. Il se trouve que votre baptistrel est en train de venir près du temple avec... » Il se racla la gorge : « Votre conseiller Ilhan Avente, Lomion Estarus et un lyssien qui se dit en possession d'un artefact pouvant peut-être soigner ce que nous avons et dont vous m'avez parlé ce matin, Beorn. Il n'est pas question de les laisser entrer, mais nous allons tenter quelque chose toutefois. Je vous tiendrai informé de cela, évidement. »

    Il dodelina de la tête et replaça ses cheveux, tâchant de les discipliner. « Pour ce qui est de nos recherches, menée au cours des derniers mois, nous avons pu discerner plusieurs phases par lesquelles passe la maladie. A chaque phase, de nouveaux symptômes et de nouveaux modes de transmission de la maladie. Ainsi que quelques moyens d'en réchapper. Les différentes races ne sont pas toutes égales, face à la maladie. Les elfes... » Il posa son regard sur Tryghild avec précaution pour voir si elle allait de nouveau exploser à ce seul mot. Aussi poursuivit-il sans attendre : « Passent de phase en phase beaucoup plus rapidement que les autres races. Les immaculés et les graärh mettent le double de temps, par rapport aux elfes, à développer la maladie. Les humains, puis les vampires, se situent entre ces deux fourchettes. Nous ne savons pas si les dragons peuvent être touchés par la maladie. Le seul qui vivait ici régulièrement s'est fait assassiné en septembre par des fous furieux. » Firindal. Peut-être valait-il mieux. Il aurait été difficile d'enfermer un dragon dans les murs d'une cité.

    « Ce que je vais vous dire est à prendre avec des pincettes, ce sont des moyennes, une compilation, pas la sainte vérité exacte. La première phase dure une semaine à quinze jours, en fonction des races. Les médecins l'appellent : l'incubation. La personne est exposée à la maladie, mais n'a pas de symptômes. A priori, elle n'est, également, pas contagieuse... Sans quoi les personnes revenues des profondeurs de Cordont seraient aussi malades. Or, Valmys Elusis, qui était avec lui, n'a pas été touché et nous avons d'autres cas ainsi de personnes restées chez elles plusieurs jours sans contact et qui développent tout de même la maladie. C'est pourquoi les elfes qui sont venus chez nous avaient l'air sain mais portaient déjà la maladie. Tryghild, je comprends que vous soyez mécontente de leur venue. Le hasard faisant bien les choses, il est encore heureux que nous les ayons accueilli au sein de nos murs, pour mieux les enfermer. Si j'avais refusé qu'ils s'installent chez nous, ils seraient éparpillés ici et là sur l'archipel... Par ailleurs, si cela vient des profondeurs de Calastin, il est aussi douteux que malvenu de leur rejeter une faute qui est la nôtre. » Il doutait qu'elle l'entende ainsi, mais il aurait essayé.

    « La seconde phase dure une semaine à vingt jours, en fonction des races. On y observe les premiers symptômes : de petites plaques de corail sur la peau avec quelques démangeaisons. Le malade devient contagieux par contact d'une peau saine sur la peau malade. Rapport sexuel ou échange de salive... Bref tous les échanges de fluides possibles et imaginables. Je suis à ce stade. » Il avait une plaque. Au niveau du coccyx. « La troisième phase est celle de la propagation et dure entre 7 à 22 jours, selon les races. Les plaques s'étendent sur le corps progressivement. Les démangeaisons s'intensifient. Les plaques sont douloureuse. Quelques désordres mentaux mais nous ne savons pas trop s'il s'agit de désespoir ou de réelles conséquences de la maladie. » Il poussa un soupir et poursuivi : « Jusqu'à cette phase, les amputations du seul membre contaminé se montre efficace. Au delà, la maladie est trop avancée pour... Délimiter clairement une zone à trancher.  A partir de la quatrième phase, les plaques de corail recouvrent plus de la moitié du corps du malade. Les démangeaisons et la douleur s'intensifie. Les malades ont de la fièvre et quelques pertes de contrôles par folie.Cela dure entre 7 et 22 jours, en fonction des races toujours. L'imaculation a sauvé Lomion à ce stade. Au delà, cela ne semble rien changer. Le raclage des peaux contaminées permet aussi de ralentir voire de soigner. Mais cela est particulièrement dangereux. »

    Ça lui faisait froid dans le dos et il se secoua l'échine pour faire fuir les frisons qui le saisissaient. « Sous les plaques de corail, il a des poches qui se remplissent de la maladie, qu'il faut vider avec précaution de leur... Pus. » Il grimaça. « Cette opération est extrêmement dangereuse et douloureuse... Mais peut-être que vos almaréens pourraient la perfectionner... La rendre moins douloureuse et exposer moindrement le soignant... » Car il y avait eu, hélas, beaucoup de contagions de la sorte. « La cinquième phase... » Sa voix trembla à l’évocation de celle-ci : « Est celle de l'attaque. Le corps du malade est presque totalement recouvert de corail. La souffrance culmine à un niveau peu imaginable. Le malade perd le contrôle de lui-même et devient violent. Nous avons... Nous avons du tuer plusieurs personnes, à ce stade. Ils devenaient trop dangereux pour la population d'Ipsë Rosea et pour Calastin. » Il serra les dents, mal à l'aise : « Parmi eux, beaucoup d'elfes venus de Keet-Tiamat, touchés plus rapidement par la maladie. Nous avons tâché d'en enfermer d'autres, de les attacher. Cette phase dure de 14 à 30 jours avant d'entrer dans un état de... Stase. Nous avons que cinq malades dans cet état là. Les plaques de corail recouvre tout le corps et viennent sceller le corps avec le sol. Il diffuse une sorte de bruine porteuse de la maladie. Nous les avons enfermés hermétiquement, pour l'heure... Mais il pourrait y en avoir de plus en plus. Respirer le même air qu'eux, c'est se condamner. »

    Il marqua une pause, achevant là son exposé : « Pour ce qui est des remèdes : l'amputation, le raclage et l'immaculation, jusqu'au stade 3 et 4. Le feu magique ou physique brûle les plaque et ralentissent la propagation sans la soigner pleinement. J'ai écrit une lettre au Gardien du Domaine récemment pour lui demander de faire venir ses maîtres. Il s'avère en effet que les Cawr soient capables de savoir si une personne est malade ou non, même asymptomatique. Peut-être que leur pouvoirs singulier auront un effet plus puissants que nos sorts. L'idéal serait, dans un premier temps, qu'ils puissent faire le tri entre les malades et ceux qui sont sains. Afin d'évacuer d'Ipsë Rosea ces personnes et les épargner. Ils seront déracinés, sans rien. Ils auront abandonné leur maison et leur famille... J'appelle à votre soutien pour aider ces personnes là. Le Cawr Elusis va commencer avec mes domestiques, pour savoir lesquels nous pouvons laisser sortir sans mettre en danger qui que ce soit. Mais seul, il ne parviendra pas à faire le tri dans tout Ipsë Rosea. J'ignore si le Domaine répondra à mon appel : ils se préparent à affronter les Couronnes de Cendres. »

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La culpabilité.
Un sentiment qui lui était très peu familier et qu’elle découvrit haïr du plus profond de son être lorsqu’il commença à la submerger sous le flot des paroles de l’Archonte. Elle ne se sentait guère souvent coupable ou prise de remords, car la majorité de ses actions étaient guidées par un sens profond de légitimité qu’il naisse de sa condition royale ou de l’éducation qu’elle avait reçu. Princesse, Impératrice, puis enfin Reine ; comment pouvait-elle douter de ses actes puisqu’ils étaient toujours pensés et dirigés pour le bien de son peuple, de son territoire ? Elle prenait toujours le temps de réfléchir et de jauger ses mots avant de les prononcer. Mais là, dans l’étroitesse d’une bibliothèque qui sentait légèrement le renfermé ainsi que le fumage de poissons, ses paroles n’avaient été que l’expiation égoïste de sa peur, de sa colère et de sa vexation. Il n’y avait rien de noble ou de raisonné dans ce qu’elle venait de faire et elle s’en rendait maintenant compte. Pour un peu et ses joues en cuiraient d’embarras, mais son masque de bonne éducation ne se fissura point sur son émoi. Il resta lisse et sous contrôle. Seul ses grands yeux céruléens purent trahir cette odieuse culpabilité tandis qu’elle restait accroché au visage du vieil homme.

Depuis combien de temps se connaissaient-ils ? Oh depuis si… si longtemps. Peu après la chute du Tyran Blanc, Balthazar était devenu l’un de ses rares tuteurs privés et elle lui devait tout ce qu’elle savait de l’Histoire de la Magie ainsi que sa maîtrise. C’était lui aussi qui, dans ses bons jours la laissait filer aux écuries pour partir sur le dos de Rosaline au lieu de s’assommer de cours barbants lorsqu’il faisait un temps magnifique au dehors. Aurait-elle réagi avec autant de véhémence si les actes d’Ipsë Rosea avaient été menée par quelqu’un d’autre ? Non, elle en doutait. L’Archonte avait été l’un des nombreux hommes à remplacer un père absent. Malgré ses sauts d’humeur, il avait su apporter une certaine stabilité à l’enfant qu’elle avait été, troublée et prompte aux colères et aux caprices. Alors oui, elle avait eut peur de le perdre face à cette fichue maladie de Corail. Oui elle avait été vexée qu’une fois de plus il ne lui fasse pas confiance et ne se détourne d’elle. Oui elle avait été furieuse… mais ses mots, ses paroles n’avaient été que la façade de tout cela. Combien aurait-elle aimé pouvoir en discuter avec lui en privé, sans le regard des deux autres femmes. Sous la table, Victoria serra les mains contre le tissus de son pantalon et vint légèrement raidir les épaules.

La culpabilité.
Par les Sept et Néant… Elle détestait ce sentiment. Il mettait à nu combien elle était encore jeune et imparfaite. Sa gorge se serra et elle baissa les yeux avant de les voir se remplir de larmes. Pourquoi Balthazar devait-il lui pardonner aussi facilement ? Elle voyait dans son expression toute la tendresse d’un parent pour son enfant en faute, le pardon paternel, la certitude que l’erreur était comprise et ne se reproduirait plus… et face à cela, le coeur de la jeune Reine se serra au même titre que sa gorge. Ah qu’elle détestait ce sentiment ! La suite, toutefois, balaya rapidement cette gêne pour provoquer chez la jeune tête couronnée un véritable carrousel d’émotions aussi violent que contradictoire. Déjà, alors qu’elle portait la tasse de thé à ses lèvres dans l’idée de défaire le noeud qui obstruait sa gorge et piquait son nez, elle manqua tout simplement de s’étrangler quand elle avala de travers. Torturer Emerlach ?! Avait-elle vraiment entendu ce que la Bourgmestre venait de dire ? Victoria releva vivement la tête en direction de sa consoeur, la serviette plaquée à ses lèvres pour étouffer sa quinte de toux. Elle l’observa d’abord avec surprise, puis avec un froid mépris. Était-ce donc ça le nouveau visage de Caladon ? Combien elle regrettait de ne pas avoir Aldaron dans cette pièce à sa place…

Cette fois cependant elle serra les mâchoires et rongea son frein. Déjà parce qu’elle n’avait aucune légitimité à intervenir dans les affaires de l’Alliance, mais aussi parce qu’elle n’en avait pas besoin. La verve de Tryghild lui arracha l’ombre d’un sourire aigre et la jeune fille baissa de nouveau le nez dans sa tasse de thé pour y prendre une seconde -et bien prudente- gorgée. Qu’il était dommage que ce soit la glacernoise et militaire de carrière qui sache se montrer plus diplomate que la fille glorienne et politicienne d’éducation… Qui devait-elle regarder et apprendre de ses deux aînées ? La question n’aurait pas dû se poser et il était clair qu’elle n’avait plus besoin de le faire. L’enseignement d’Ilhan Avente faisait de véritables merveilles ! Elle se promit, à la fin de cette histoire, de lui envoyer une lettre pour lui raconter combien sa nouvelle élève avait su remporter cette manche haut la main. Posant la tasse dans sa coupelle et la coupelle sur le bord de la table, Victoria sursauta lorsque ce fut au tour de l’Archonte d’exploser de colère avec un léger cran de retard. D’abord stupéfaite, elle posa une main sur ses lèvres pour ravaler un rire incrédule face au chapelet d’insultes que vociféra le vieil homme. Et bien ! Elle aussi était choquée, voire même offusquée de savoir Eleonora du genre à braquer une arme sur un diplomate, mais en plus promettre la torture à un homme mourant. Qu’il se soit agit d’une formulation vulgarisée ou de ses réelles intentions ; le mal était déjà fait.

“- Allons… Pensez à votre coeur.

Son appel au calme tomba à plat et il fallut plusieurs des serviteurs de ce vieil Archonte pour réussir à le tirer hors du rayon d’effet de la pierre de communication et espérer le mettre au calme le temps qu’il retrouve ses esprits. Victoria tendit toutefois l’oreille quand le nom d’Ilhan surgit dans la conversation et eut l’effet d’une douche froide sur le mage. La mention d’un anneau la fit légèrement tiquer et elle couvrit instinctivement celui qui ornait l’un de ses doigts. Emerloch aurait-il lui aussi un anneau des murmures lié au réseau particulier de l’althaïen ? Une petite pointe de jalousie la vrilla avant qu’elle ne ravale une fois de plus ce sentiments et ne conserve un masque impénétrable et neutre. Ce n’était décidément pas le moment d’être possessive. Sortant de l’intérieur de sa veste une petite liasse de parchemins ainsi que sa plume du Paon à Papote, la jeune fille manqua encore une fois d’user de magie pour activer l’objet, mais se rappela du regard furieux de l’Intendante lorsqu’elle usa d’un sort pour remettre le mobilier en place et préféra plutôt saisir la plume entre ses doigts délicats pour se mettre elle-même à coucher les informations qui arrivaient enfin.

“- Et je tiens à préciser Madame, que brûler la ville n’est qu’une décision contrainte et forcée qui sera décidée en tout dernier recours. Je pensais que l’Intendante et moi-même avions été assez clair dans nos précédents échanges, mais sûrement étiez vous trop perdue dans vos pensées pour nous écouter correctement. N’ayez crainte, je comprends tout à fait combien la situation peut être difficile.. pour certaines d'entre nous.

Son sourire doux et compatissant ne parvenait toutefois pas à réchauffer le ton de sa voix ou encore le bleu polaire de ses yeux qui ne se détachaient pas de ses notes méticuleusement écrites. Eleonnora ne méritait pas pour l’instant d’autres marques d’attention de sa part. Tombée dans son estime, la Bourgmestre n’allait bientôt devenir qu’un bruit de fond vaguement irritable. Concentrée, Victoria garda le nom d’Elusis sur un bout de parchemin car, bien entendu, il lui sonnait plusieurs cloches. Il s’agissait déjà d’une des plus anciennes familles de Délimar, proche des Svenn en terme d’influence, mais surtout du Clan vampirique sous l’égide du Parangon Achroma Seithvelj. Ou anciennement connu sous ce nom en tout cas. Ayant récemment revu son héraldique des noblesses actuelles, Victoria n’eut aucun mal à raccrocher les carrioles entre elles. Le cawr devait être Valmys Neolen Elusis, fils adoptif d’Aldaron et l’un des héros ayant protégé le Bâoli, mais aussi accompagné le groupe d’exploration dans les profondeurs de Calastin… comme le destin était bien fait ! Un immense soulagement la gagna sur cette pensée rassurante et n’aurait-elle pas été assise qu’elle en serait tombée tant ses genoux tremblèrent.

La suite dans les propos d’Eleonora lui fit toutefois grincer des dents et elle reposa sèchement, bien que sans violence, la liasse et la plume avant de se redresser sur son siège. La moutarde lui monta légèrement au nez et elle ne pu cette fois rester silencieuse devant l’insolence et l’irrespect assourdissant dont faisait preuve la Bourgmestre à l’égard de leur hôte. Elle mira la femme avec une sévérité qui détonnait sur ses jeunes traits, mais dont l’accent impérieux gommait tout ridicule. Par les Déesses et Néant, ne savait-elle l’ouvrir que pour se ridiculiser ?! Sa voix claqua avec une sécheresse tout juste enrobée de respect :

“- Quant à cet endroit infâme, ma chère amie, il s’agit du dernier bastion entre la maladie et le reste de l’Archipel. Que vous n’aimiez pas le champêtre de ses paysages est un avis tout personnel et j’apprécierai qu’à ce titre vous le gardiez pour vous. Ser Cyrène n’avait aucune obligation de nous traiter si bien, moins encore l’Archonte vu sa situation… et pourtant, avec les pénuries qui sévissent sur toutes les terres de Calastin à la suite de la guerre, sans parler des autres affaires plus urgentes, nous sommes reçues avec respect et bénéficions de lits secs, de draps propres et de bonne nourriture.

Alors oui elles étaient loin de la richesse des beaux quartiers de Caladon ou encore du Palais de Sélénia, mais il fallait relativiser et remettre à l’échelle ce que l’on avait, bon sang ! Considérant tout ce qu’il se passait et les coffres de ce village ? Elles étaient toutes -enfin peut-être pas Tryghild- traitées comme des reines ! C’était donc à leur tour de se montrer gracieuses et compatissantes à l’égard de ceux qui se saignaient et se pliaient en quatre pour leur confort. Ce qui hérissait le plus Victoria était qu’une femme, présumément élue par le peuple et donc bien plus dépendante de ce dernier que ne l’était une lignée royale, soit si prompte à cracher sur son prochain… Balthazar avait raison : l’Alliance n’était-elle au final qu’un leurre ? Plissant légèrement des yeux, elle se détourna d’Eleonora pour couper court à toute réplique de sa part et préféra se concentrer sur Tryghild et l’Archonte dont les informations portaient bien plus de sens et se montraient réellement pertinentes. Le crissement de la plume de Paon reprit  sur les parchemins de la jeune reine. Après quelques instants à se relire, elle poussa un soupir et déclara d’une voix redevenue douce :

“- Nous avons, pour résumer, un Cawr envoyé par le Domaine et capable de dire qui est contaminé et qui est sain. Nous possédons des chirurgiens et spécialistes almaréens, des érudits caladoniens, des mages et sages séléniens… Nous connaissons les différentes phases de la maladie ainsi que les moyens de freiner sa propagation sur l’organisme des victimes. Nous avons aussi connaissance des symptômes sur l’esprit et plusieurs théories sur ses origines.

Son coeur se mit à battre plus fort lorsqu’elle aborda la suite. S’il s’agissait réellement de Tearru, Tearrii -ou seul Néant savait quelle autre identité il endossait aujourd’hui- alors ils avaient un élément totalement incontrôlable dans la balance et cela l’angoissait énormément.

“- Le lyssien dont vous faites mention doit être le Comte Tearrii de Courbelune, citoyen Sélénien et estimé membre de la Cour Royale. S’il est accompagné du Conseiller Avente et du Cawr Elusis, je ne doute pas qu’ils sauront trouver le fin mot de cette histoire d’artefact.

Elle coula un regard vers Beorn, rendue curieuse à présent de ce fameux objet dont le Maire semblait être dans la confidence. Elle n’osa toutefois pas forcer leur hôte aux aveux et retourna son attention sur les lignes qui noircissaient la liasse sur plusieurs parchemins. Elle releva la tête sur Balthazar et eut un sourire presque tendre, ou bien maternel si elle n’avait pas été si jeune :

“- Sachez que Sélénia est ouverte à tous les réfugiés si tel est leur désir. Nous avons plusieurs orphelinats et hôtels particuliers entièrement dédiés à ceux de Cordont après l’effondrement et possédons encore bien des places pour ceux d’Ipsë Rosea qui voudraient retrouver des membres de leur famille, perdus de vue au sein du Royaume. Je ne compte pas laisser des frontières séparer davantage encore nos peuples, surtout en cette période, Archonte Emerloch.

Elle évita soigneusement de regarder en direction d’Eleonora ou de Tryghild et revint un moment à ses notes avant de revenir au vif du sujet.

“- Nous pouvons supposer, aux vues des récentes informations compulsées par les savants d’Ipsë Rosea, que la maladie est intimement liée à la magie. Lorsque l’on observe sa rapidité de propagation quant aux différentes races tout du moins. De même, si son incubation est si courte, comment se fait-il que Cordont et son gouffre béant n’ait pas été touché plus tôt ? Je veux dire : voilà plus d’un an que l’effondrement a eu lieu et que plusieurs explorations ont été organisé. Certes les expéditions n’allèrent pas aussi profondément que la dernière, mais tout de même. Serait-ce en lien avec la perturbation récente de la Trame qui l’aurait mis en état de dormance, puis confrontée à la forte concentration magique des membres d’Ipsë Rosea qui composaient le groupe... elle se serait alors réveillée ?  Réfléchissons : Valmys Elusis, Orfraie Ataliel et Lomion Estarus parmi tant d’autres ? L’un contaminé et les autres non… La question se pose. Tous trois des mages, mais l’un serait immunisé par les notes baptistrals et l’autre par son statut de dragonnier ? Il ne reste que Sir Estarus qui n’a rien de particuliers en terme de magie...

Elle tapota le bout de la plume contre ses lèvres, songeuse. Elle tourna la tête vers Tryghild et s’adressa directement à elle :

“- S’il s’agit réellement de cela, pourrions-nous freiner davantage encore la propagation et le risque de pandémie en créant une sorte de… zone non-magique ? Pourriez-vous suggérer l’idée à vos spécialistes almaréens ? J’imagine cela comme un brûlis des champs pour éviter un risque d’incendie lors des saisons sèches. Si la maladie de Corail n’a rien pour proliférer chez son hôte, dans l’hypothèse où elle s’alimente et/ou s’éveil en contact avec la magie, alors peut-être tenons-nous quelque chose...

La jeune fille eut un sourire timide.

“- Enfin, ce n’est qu’une idée à laquelle je viens de penser sur l’instant. Je ne suis bien sûr pas versée dans le domaine de la médecine ou des sciences poussées d’Almara.

Victoria s’accrochait bec et ongles à son optimisme. Le détail des phases et des méthodes pour soulager les victimes étaient bien trop horribles pour qu’elle s’y attarde plus que de nécessaire. Rien qu’à imaginer la ponction des zones infectées ou encore les amputations suffisait à lui faire remonter une bile acide au creux de la gorge. Un peu blême sous son maquillage discret, elle termina sa tasse de thé, puis se mordilla l’ongle du pouce en fixant ses notes, un léger froncement de nez chiffonnant son expression songeuse.

“- Vous parliez de… spores ? Enfin, je veux dire cette bruine contagieuse… et cette maladie tout simplement, l’avez-vous vu se manifester chez des animaux ? Je suis navrée d’y revenir, mais cela me semble inquiétant.

Elle n’aimait pas la suite de ses pensées, mais se força néanmoins à les formuler à voix haute :

“- Vous ne parlez pas des animaux, ni du bétail. Serait-il possible qu’ils soient porteurs comme le sont les rats pour la peste ? Risquons-nous une brèche si la vermine quitte Ipsë Rosea par manque de nourriture et décide de s’éparpiller dans la campagne ? Est-ce que cette bruine peut s’accrocher aux plumes des oiseaux et rendre caduque nos efforts de bloquer les routes et les portes si c’est pour que les volatiles dispersent la maladie aux quatre coins de l’île ?

Son estomac se crispa et ses mains tremblèrent légèrement sur le bord de la table à laquelle elle s’appuyait. Elle prit une profonde et discrète inspiration afin de se calmer et arbora une expression plus calme, bien que toujours durcie par le sérieux et la gravité de leur situation. Elle espérait s’entendre réfuter ses craintes. De tout son cœur, elle l’espérait.

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    Une domestique vint étreindre Balthazar, par affection, ce dernier vint lui souffler un : « Je prie pour que vous soyez saine. Puissiez-vous refaire votre vie. » C'était tout le mal qu'il pouvait lui souhaiter. Qu'elle ne soit pas malade, que le Cawr Elusis l'affirme et qu'elle puisse être libre. Son attention, revint sur les trois femmes, avant de répondre à leurs quelques questions :

    « Nous n'avons pas eu d'animaux montrant des symptômes. Ni une quelconque propagation par eux à notre connaissance. Je crois que les régions alentours seraient d'ores et déjà contaminées si tel était le cas et nous n'avons pas eu de cas signalés à Cyrène par exemple. Si Ipsë Rosea est une ville humaine, elle est très fortement peuplé par des... » Il porta un regard prudent sur Tryghild avant de poursuivre : « elfes. Leur mode de vie autarcique est très marqué, ici. Seuls les mages vont et viennent plus qu'autre chose... Et ils viennent plus qu'ils ne vont. Ce que nous avions initialement comme malades était très circonscrit. Nous avons veillé à ce que rien ne sorte lorsque les elfes ont montré les premiers signes de ce mal. Je ne peux qu'espéré que nous l'ayons fait assez tôt. Quant à ceux qui libèrent une bruine, ils sont enfermés, isolés. Pour que la bruine ne s'échappe. Si toutefois, la maladie venait à s'échapper, en informant la population et en les invitant à se manifester au plus vite pour être... Raclés. Nous pourrions éviter que cela devienne gravissime. »

    Il poussa un soupir, épuisé par cette bombe à retardement qu'il avait entre les mains : « Le immaculés mettent plus de temps que les elfes à développer la maladie. Ils sont pourtant davantage liés à la magie que les elfes. Ce doit être d'avantage une question... De résistance ou d'immunité du corps à la maladie. Les vampires sont naturellement résistants à tous les poisons. Les humains sont régulièrement sujets à maladies et s'adaptent pour un résister. Les graärh sont des natifs de cette terre... Peut-être y sont-il alors protégés ? Les immaculés, je n'en ai aucune idée... Ils sont nés des eaux de l'archipel ? » Il haussa les épaules, sans trop savoir. Il n'était pas un grand scientifique. « Je vous remercie pour l'accueil des réfugiés, toutefois, votre Majesté. »

    Au silence revenu, Beorn ajouta : « Quant au lyssien dont il était fait mention, il s'agit bien du Comte Tearrii de Courbelune, votre Altesse. Il est en possession de... Fragments de l’essence des déesses. La pierre de Feu a un très puissant don de purification. Il pourrait soigner des maladies avec. Je prie pour qu'il y parvienne. »

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Le besoin de reconnaissance apparait bien comme le talon d'Achille de tout individu. Il démontre que, pour se sentir compris ou acceptés, la plupart des hommes préfèrent renoncer à leur liberté, à leur singularité. Le véritable solitaire ne cherche ni à plaire ni à être réconforté. Sa grande force est qu'il n'est point troublé par les agissements et les opinions du monde: quand on vit seul, on ne donne pas de prise, on ne se situe plus par rapport au général mais par rapport à l'absolu. À vivre seul, on apprend à choisir ses relations au lieu de les supporter, de s'en accommoder. Donc si la gorge se nouait, le coeur s'accélérer et les poings se serrer, l'individu en question n'avait pas renoncé à se soumettre au jugement d'autrui. Mais c'était bien là tout l'enjeu de la politique, d'être évalué sans arrêt par autrui. Si Eleonnora n'aimait pas ça, jamais n'aurait-elle choisit cette voie. Pourtant en cet instant elle aimerait leur fermer le clapet à tout ceux qui osaient l'insulter, la trainer dans la boue et la pendre sans aucuns remords. Pour quoi? Une menace? C'était accablant et elle se demanda quand l'intendante avait-elle menacé un homme pour la dernière fois? La jeune reine, derrière ses petit airs angéliques n'était surement pas en reste. Au moins avait-elle apprit à se faire apitoyer.

On lui reprochait de flirter avec les limites de la décence, d'assumer des choix irresponsables...et alors? Qu'est-ce qui l'en empêcherait? La gloire de Caladon? Elle avait inauguré des bâtiments, embrassé des nourrissons, tendu la mains à des vagabonds. Mais à quoi bon cette mascarade? Peut-être attendait-elle trop de reconnaissance du monde. Mais en lui faisant comprendre qu'elle n'était qu'une couche de brillant superficielle sur les piliers massifs de sa cité le monde avait bien fini par la mettre à genou. L'architecte en personne était venu lui expliquer l'insignifiance de sa place au sein de cette grande structure. Et voilà que son orgueil venait gâcher ce précieux moment qui faisait encore d'elle une Bourgmestre. Son sang battait à tout rompre dans ses tempes et tandis qu'elle luttait contre les larmes qui lui montaient aux yeux la jeune femme regardait chacun de ses interlocuteurs, un par un, détruire lentement ses paroles. Même le plus solide des soldats, même le plus indigné des pirates aurait du mal à réprimer ses émotions face à la pression qui s'abattait, crescendo, sur la représentante Caladonienne. La tentation de laisser ses émotions exploser était grande.

Résister à la facilité comme à la résignation, demeurer discret sinon secret, ce sont là de beaux titres de noblesse. Il faut un courage constant, une passion tenue, pour ne pas renier ses valeurs. Pourtant plus les insultes fusaient plus ses angoisses, son mépris, son dégout prenaient une ampleur démesurée. Elle les voyait retourner contre elle toute la colère qui les avait nourri depuis le début de cette réunion. Mais la roulette avait parlé et ce n'était plus l'Archonte, ni les elfes, c'était elle, la Bourgmestre de Caladon. Ses paroles étaient de trop et comme il était souvent dit: on fait la guerre quand on le veut, on la termine quand on le peut. Mais malgré son visage qui était passé de blême à rouge vif, elle tenait bon, tel le roseau balayé par la rafale pour se redresser lentement.

Eleonnora leva une main, soutint son geste en l'air et leva un sourcil. Après tant d'indignation déversé, elle regarda ses différents interlocuteurs tour à tour sans un mot. Ils en avaient fini? Elle espérait en son fort intérieur que les elfes reprennent vite leur rôle de bouc émissaire. Autant dire qu'elle avait bien fait de se méfier de la géante en colère à sa droite. Elle remarqua que face à son effusion elle avait même reculé son siège de plusieurs centimètres à l'autre bout de la table. «En quoi une menace envers un seul homme remue tant les esprits? » Sa voix étant monté d'un cran dans les aigus, elle prit sa meilleure respiration pour continuer. «Nous parlons ici de milliers de victimes...Un risque est tragique, des milliers…une simple statistique, n’est ce pas?
Oui, mes paroles sont celles d'une personne agacée, perdue, craintive et surtout prête à défendre les vies sous sa responsabilité. Mes mots ont peut-être dépassé ma pensée mais, comme vous pouvez le constater, nous réagissons vite excessivement lorsque notre sécurité est mise en jeu...»
Aucun dirigeant n'était bien placé pour parler d'égoïsme, d'opportunisme et tout ce qu'il avait crié lors de sa longue plaidoirie encontre les valeurs de Caladon...ou quelque chose comme ça...«Alors vous comprendrez que j’ai été élevée, comme chaque personne ici présente, pour ne pas montrer d’indulgence face à l’échec et et je n'ai pas besoin de jeter le mobilier à travers la pièce pour cela. » En conséquent elle supposait que ses paroles trop menaçantes avaient été un échec. C'était d'ailleurs plutôt bon signe que Tryghild ne lui ai pas lancé sa chaise à la figure en y repensant. Sur l'échelle de sa colère elle se situait un peu en dessous de l'Archonte, et pouvait s'en estimer satisfaite...pour l'instant. Elle regrettait déjà ses mots mais elle n'aurait pas pu évacuer sa peine sans pointer quelqu'un d'autre du doigt quand même... Mais cela étant dit, elle avait tout fait pour maitriser ses émotions et on pourrait presque, malgré les quelques reproches mal placés, voir s'y dessiner une justification? Elle détestait se justifier mais avait fait un effort qu'il leur était appréciable de noter. Mais venant de ces ingrats, cela l'étonnerait fortement.


Elle tenta de poser sa voix davantage. « Mais vous avez raison, nous devrions laisser nos états d'âme de côté tant que nous ne connaissons pas le fin mot de cette histoire.»
Le véritable soucis aurait été de baisser la tête face aux insultes. Perdu pour perdu ils sont et seront à jamais damnés par les choix que fait sous leur règne. Peu importe qu'elle le menace ou pas, au mieux cet homme finira avec une cité dépendante de ses alliés. Quand à elle, qu'elle soit critiquée ou pas, elle retournera à Caladon dans l'espoir que cette maladie ne décime pas son ethnie. Dans tout les cas cette histoire ne donnera pas naissance au moindre gagnant. Certains perdront plus que d'autres mais ici, comme souvent en politique, il était uniquement considéré de choisir entre le pire et le moindre mal. Et elle voudrait être sure de garder un coupable sous la main si l'affaire tournait au pire. Il pourra se mettre au crochet de qui il veut une fois que la menace sera mise hors d'état de nuire. Et en voilà une qui essayait déjà de s'en attirer les faveurs. Qu'elle se fasse de nouveaux amis encombrants! Après on ne se demandait plus comment Sélénia dilapidait ses ressources. Avait-elle décidé d'héberger toute la misère du monde? Et on parlait d'opportunisme... Elle comprenait le désir de cette petite blonde de montrer au monde son universelle bonté mains comment étaient prélevées les taxes de ses gens avec tant de dépenses non rentables à soulever?

La Bourgmestre se révéla un tantinet agacée par ces prises de décision illogiques. Elle avait fait profil bas jusque là, sentant que le moindre mot de sa part lui attirerait de nouveaux regards inconvenants mais les problèmes économiques ne pouvaient être en reste dans cette histoire. La rancoeur qui pouvait naitre chez les survivants d'une crise mal gérée était un dommage collatéral dont elle aimerait se passer...ou bien le laisser à Sélénia? Elle fit de son possible pour arborer un sourire avenant comme si jamais elle ne lui avait lancé ce regarde de mépris quelques minutes plus tôt. « Si vous avez besoin de fonds supplémentaires pour héberger de nouveaux réfugiés sur vos terres...nous pourrons réfléchir à un budget qui vous soutiendrai dans cette démarche.» Elle citait un "nous" qui était censé comprendre l'Alliance toutefois elle n'était même plus certaine que sa voisine daigne lui adresser la parole dorénavant. Mais Caladon pouvait très bien se charger de cette partie là de façon autonome. De toute manière le jeune reine pouvait tout à fait refuser son honorable proposition, elle ne lui devait plus grand chose...mais seuls les fous et les idiots refuseraient l'or de Caladon.

Si on parlait de mal magique ces derniers, ou certains d'entre eux seraient bien heureux de pouvoir pointer sa "puissance incontrôlée et destructrice" du doigt. Cela lui rappelait d'ailleurs les événements récents qui s'étaient produit à Caladon...mais aucun lien avec une quelconque activité humaine. Cependant un détail attira son attention lorsque son congénère insista sur la propagation possible par les différents animaux.  « Si l'on émettait l'hypothèse que ce mal était lié directement à la magie, les animaux ayant un très faible lien avec elle étaient surement peu enclins à développer ce mal? Enfin c'est pour l'instant ce que l'ensemble constater... Le convoi à pu appercevoir des mouvements surprenants, voir rarissimes dans la foret à son arrivée...Des golems, furtifs comme toujours mais qui ont été vu par plusieurs membres de notre convoi....Les aviez vous remarqués? » Elle s'était tournée, au prix d'un grand effort vers l'Intendante. Son regard posé sur elle lui valait des sueurs froides à l'idée quelques instants plus tôt elle l'arasait de tout les mots. « Ce sont des êtres mû par les pierres magiques en leur sein...pensez vous qu'ils auraient pu sentir une perturbation venant des alentours? » Les coïncidences n'étaient plus d'actualité dans ce genre de situation...

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Elle qui venait de réussir à se calmer, voilà qu’on la mettait de nouveau en colère ! Non mais si c’était comme cela qu’il voyait l’alliance, elle pouvait aussi repartir tout de suite et aller chercher ses balistes et ses trébuchets pour raser la ville et que personne n’en parle plus ! Cette vieille carne se comportait comme s’il était en droit de juger qui que ce soit ici, après tout ce qu’il venait de se dire et tout ce qu’il s’était passé. Et plus encore, juger l’Alliance ? Elle allait rugir de nouveau quand entendre parler de Ilhan la coupa net dans son élan. Ilhan ? Mais qu’est-ce qu’il faisait exactement ? Fronçant les sourcils, elle expira sèchement, longuement, vidant ses poumons au maximum de leurs possibilités, les épaules dures de tension… Pour exploser de nouveau. “Ne hurlez pas sur mon diplomate Emerloch!” Elle n’avait plus de table à envoyer voler mais le coeur y était. Et comment ça se mettre en danger ? Qu’est-ce son faiseur de caisses essayait encore de trafiquer ? Elle n’aimait pas du tout ce qu’elle entendait, pas seulement qu’on s’adresse ainsi à son conseiller mais surtout ce qu’il avait l’intention de faire. Est-ce qu’il avait l’intention d’aller le voir directement, alors qu’il était malade ? Ah mais non, ce n’était pas une bonne idée du tout ça. Pourquoi donc se mettre ainsi en danger quand c’était inutile et qu’ils pouvaient discuter de façon sécurisées ? Pour une fois qu’elle-même voulait bien admettre un usage positif de la magie, Ilhan se mettait en tête de jouer les délimariens parfaits ? Mais enfin, on se liguait contre elle pour la faire exploser aujourd’hui ? Elle devait absolument essayer de se calmer de nouveau, durablement. Sa main se referma sur le perlier de Thelem, noué à sa ceinture, et elle fit jouer les perles entre ses doigts. Que ferait-il à sa place ? Quelle attitude aurait-il adopté ?

Néanmoins, avant qu’elle ne puisse répondre à cette question, Eleonnora Ostiz s’exprima à nouveau, s’attirant un regard noir de sa part. Vraiment ? Ce n’était pas une blague. “J’espère que vous vous rendez compte que vous faire expliquer cela par une militaire est consternant… Vous menacez un homme de torture, pas juste de le frapper, ou de le défier en duel, vous êtes entrain de le menacer de lui faire du mal volontairement et de façon prolongée, et à quelle fin ? Votre amusement et votre satisfaction. Ce serait déjà intolérable entre deux citoyens, mais en plus de cela vous êtes la bourgmestre de Caladon. Entrain de menacer l’Archonte d’Ipsë Rosea. Des guerres ont été déclarées pour moins que ça. Avez-vous conscience de l’image que vous donnez ? Je casse peut-être le mobilier, mais au moins je ne m’en prend pas à une personne. Est-ce que je dois vous rappeler, encore, que vous avez fait serment auprès de l’épée, serment de protéger l’alliance et tous ceux qui la composent ? Un serment plus que magique, sur la vérité même ? Est-ce que cela représente si peu de choses, votre engagement ? Et qu’en plus vous soyez surprise de notre réaction ? On est quand même en droit de se poser de sacrées question après ça” Elle n’avait pas hurlé, mais elle n’en avait pas besoin. De son ton tendu et grave, rauque, jusqu’à son expression, tout disait qu’elle n’avait pas du tout apprécié cet échange. “Aucune protection face à la maladie ne nécessite que vous menaciez quelqu’un ainsi. L’Archonte est tout autant sous votre responsabilité que vous sous la sienne. Nous sommes une alliance. Et je vous remercierais de ne pas présumer de mon éducation. Ce n’est pas un échec qui me fait jeter des objets mais le sentiment d’injustice à voir mes compatriotes humains mourir pour une race qui ne leur a jamais rien donné

Se massant l’arrête du nez, elle déglutit plusieurs fois puis reprit la parole. “Notre monde est fait de dangers et de défis qui sont plus grands que chacun de nous. parfois, nous n’avons pas seuls les armes pour survivre. En nous demandant de l’aide, c’est ce qu’Emerloch a voulu changer. Ce n’est pas un échec de savoir reconnaître que l’on a besoin d’aide… et je vous rappelle que c’est tout le but de notre union” Il ne fallait pas encourager l'échec, mais il fallait savoir reconnaître quand il était nécessaire de lutter tous ensemble et elle ne voyait à aucun moment cette pandémie comme un échec mais comme un des nombreux mystères de l’Archipel. Que son interlocutrice soit effrayée elle pouvait le comprendre, agacée, ils l’étaient tous, mais tout de même ! Emerloch était un humain, comme elles et même si elle remettait ses choix en question, elle n’allait pas pour autant en venir à lui faire du mal pour se soulager. Là était justement ce qui différenciait les humains des elfes ou des vampires. Ils avaient décidés de se séparer de l’empire parce qu’ils estimaient que l’empire ne pouvaient plus, justement, protéger les leurs. Dans l’adversité et la peur il fallait pouvoir s’appuyer sur les autres, sur des alliés, mais elle, elle se permettait d’en menacer un. Parce qu’elle était jeune ou simplement parce qu’elle ne leur faisait pas confiance ? Un peu des deux sans aucun doute et c’était bien dommage. Mais peut-être n’avait-elle pas confiance parce qu’elle même n’avait pas envie de se donner totalement pour cette cause et s’attendait à ce que d’autres fassent de même ? Dans tous les cas c’était préoccupant, et elles y réagissaient. Fort heureusement, Balthazar revint, plus calme.

Un artefact pouvant servir à soigner la maladie ?” De quel artefact était-on entrain de parler et pourquoi n’avait-il pas été mentionné jusque là ? Cela aurait été pourtant intéressant de connaître cette hypothèse ! Main fermée sur le bijou, elle se retint de grogner encore une fois, tandis que le vieillard leur expliquait ce qu’il avait pu faire comme recherches. Au mot elfe, elle gronda vaguement mais ne fit pas plus de commentaires malgré un regard noir sur la pierre de communication. Très bien ça ! Qu’ils meurent donc et puis qu’ils soient tous débarrassés de ces fléaux. C’était peut-être horrible d’apparence mais les elfes vivaient sur le dos des humains depuis aussi longtemps que les vampires et leur esprit parasite n’était que plus vicieux encore et tout autant nocif pour son peuple à elle, qui se laissait facilement embobiné. Elle était tellement focalisée par son ire contre les elfes et l’acceptation d’Ipsë Rosea que le sujet Firindal lui passa au-dessus de la tête et sans doute n’était-ce finalement pas un mal. Toujours en plein exercice de respiration, la nordique gardait le regard fixé sur l’image magique de l’Archonte, lèvres pincées, les mains prises de légers tremblements. “Je suis mécontente de voir des humains mourir par la faute de créatures qui ne pensent qu’à elles” C’était dit d’un ton rogue et viscéral, et ses yeux, bien qu’agressifs, étaient aussi brillants et humides. “Et nous ne sommes pas en faute pour cette maladie, étant donné que ceux qui l’ont possiblement libérés étaient quasiment tous des elfes” Orfraie Ataliel était une elfe, Kalyna Vallael était une elfe, Valmys était un elfe, Lomion Estarus était un elfe… Il n’y avait que Thormyr pour ne pas être un elfe, mais il n’était pas non plus des leurs.

Elle croisa les bras, écoutant même si elle n’était pas de la meilleure humeur possible. Et progressivement, devant l’importance de la chose, elle se calma, réellement. Et pas parce qu’elle le voulait ou s’y forçait mais parce qu’elle avait besoin de ce calme pour agir. Exactement comme avant une bataille. Elle hochait la tête, rendue à l’explication du pus, sans plus rien montrer. “Je pense avoir une idée, pour les poches de pus. Il faudra que les médecins qui sont avec moi valident mais nous avons déjà des procédés pour aider à combattre la gangrène lorsqu’elle est encore à un stade que l’on peut guérir. Pour guérir ces cas de gangrène, il faut souvent vider des poches de pus et de matières nécrosées avant de pouvoir nettoyer et user de désinfectant. Je pense que l’on pourrait user du même processus, avec une isolation supplémentaire au vu de la dangerosité de la maladie” Certains experts avaient commencés à parler de tubes permettant d’aspirer un liquide pour le contenir et améliorer encore le procédé. C’était l’occasion de tester. “Est-ce qu’il y a des signes précurseurs à la perte de contrôle ? Des indices qui pourraient permettre de les identifier avant qu’ils ne deviennent violents, afin de les gérer sans mettre quiconque en danger ?” Pour ce qui était des remèdes, elle savait déjà qu’ils ne reculeraient devant rien pour amputer au maximum mais cela ne voulait pas dire avoir vaincu la source du germe. Or c’était là le véritable enjeux. Elle hocha la tête, parfaitement d’accord sur le fait d’évacuer les personnes saines car c’était là ce qu’elle avait proposé elle-même.

La proposition de Victoria attira enfin son regard et elle l’observa un instant avant d’observer de nouveau Eleonnora. “Vous pouvez aussi offrir tout simplement d’ouvrir vos portes à une part des réfugiés. C’est en tout cas l’offre que je ferais, même si je me doute que peu seront intéressés. Délimar est prête à accueillir ceux qui en auront besoin. Je jure que je ne laisserais personne sans un toit au-dessus de la tête…” Oui, même un elfe sans doute malgré ses imprécations, parce que contrairement à eux, elle, elle avait le sens de l’altruisme. Elle ne prenait aucun plaisir à la souffrance des autres, même ceux lui ayant fait du tort. Elle n’avait jamais été contre partager les terres humaines, sur le vieux continent, ce qu’elle n’avait pas supporté c’était qu’on la chasse des terres de son peuple à elle, qui en avait encore besoin et ne demandait rien. Expirant profondément, elle relâcha enfin le souvenir de Thelem. C’était sans doute la même chose qu’il aurait fait… Elle se perdit un instant dans ses pensées mais encore une fois, la jeune reine la fit revenir à la réalité. “Je pense savoir qui pourrait créer une… une zone de non magie, même si je ne sais pas si cela nous servirai. Cette personne peut également voir l’avenir, parfois, alors… elle pourrait nous aider” Si elle n’avait pas causé un grand malheur en attendant. Néanmoins, elle voulait avoir confiance en lui. Elle avait trop l’habitude de faire confiance. Elle espérait que ce qu’elle taisait, elle le taisait pour une très bonne raison. Toujours coite à ce sujet, Tryghild écouta les réponses de l’Archonte. “Les elfes sont la plus vieille race de bipède qui existe je crois. Parfois, il s’agit simplement de la nature qui a décidé d’éliminer quelque chose de trop vieux… et je le dis sans joie malgré tout. Peut-être qu’ils sont juste trop vieux. Ce sera aux spécialistes de le dire

Beorn prit à son tour la parole, de même que Eleonnora. Des fragments des déesses ? Elle hésita, et puis pourquoi pas ? Ce ne serait plus la première chose extraordinaire qu’ils verraient. Elle était simplement curieuse de savoir comment ce comte en était venu à les obtenir. Ni quels étaient leurs pouvoirs exacts. Dépourvue de ces informations, elle allait devoir demander à Ilhan de se renseigner. “Peut-être. Ce n’est pas à exclure en effet. Cependant si c’est le cas alors c’est sans doute que les golems ont… des ordres, liés à cela et que cette maladie a été connue par les graarh d’antan. Si c’est bien cela, leur demander un avis ou de l’aide ne serait pas une mauvaise idée” Elle serra de nouveau le perlier almaréen entre ses doigts et s’écarta légèrement. “Je pense en avoir fini ici pour le moment. Sauf avis contraire, je vais mettre en place les mesures que j’ai énoncé. Dame Kohan, Dame Ostiz, vous serez parmis les premières à être examinées, pour que l’on s’assure que vous êtes saines. Retournez chez vous, organisez vous. Je resterais pour superviser les choses ici” Si elle devait mourir en aidant les siens, alors elle le ferait de bon coeur. Elle savait que Sigvald et Naal prendraient soin de ses enfants. “Beorn… c’est chez vous, faites ce que vous désirez. Je ne forcerais personne à partir de chez lui” Elle s’inclina et quitta les lieux, récupérant ses armes au passage, nouant la sangle du fourreau à son dos, son arc avec et son carquois sur son flanc. Un instant, cependant, elle examina son carquois avec attention, en fronçant les sourcils. Puis elle s’éloigna.

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    Le vieil homme se frotta l'arrête du nez, tentant tant bien que mal de dissiper la migraine que lui imposait la conversation houleuse et surtout, les propos qui s'échangeaient. Il était bien inutile de réfuter les arguments de Tryghild au sujet des elfes, aussi s'abstint-il de tout commentaire. Cela les aurait menés dans une conversation stérile qui opposait une nation pluriethnique à une nation qui, malgré ses nombreuses qualités, était tout simplement raciste. Balthazar se contenta de répondre au questions qu'on lui posait.  « Ce sont plus que des fonds, qu'il nous faut, Madame la Bourgmestre, je le crains. Nous avons besoin d'actes plus que d'emprunts dont on sait les intérêts exorbitants que peut pratiquer Caladon et que nous ne pourrions rembourser, eu égard du désastre que nous rencontrons. Du moins, je suppose qu'il s'agit d'emprunts, le Conseil de Caladon n'est guère, hélas, connu pour ses dons caritatifs. Mais si toutefois, cela s'avérait être de véritables dons, je pense qu'il nous serait plus profitable d'acheter des vivres et de quoi bâtir des demeures sur les terres avoisinantes, ou d'en acheter. »

    Il serait bien embarrassé d'avoir ces sacs de pièces d'or dont il n'aurait usage : il fallait du concret plus qu'une monnaie abstraite. Avait-elle envoyé de l'or comme on donne une pièce à un enfants pour qu'il aille s'acheter quelques sucrerie et laisse l'adulte en paix ? Il préférait réfuter mentalement cette idée que de croire qu'il puisse s'agir de la façon de penser de la nouvelle Bourgmestre :  « On nous a rapporté l'agitation des golems dans les forêts. Certains habitants de Cyrène disent avoir vu des étrangers qui rôdent. Nos patrouilles n'ont rien trouvé qui puisse expliquer cela. Peut-être sont-ils effectivement agités par la maladie. Quant aux signes précurseurs de la perte de contrôle... Oui, il y en a quelques uns, comme des mouvements de main compulsifs, non désirés. La folie, aussi... A dire vrai, certains Roséens se sont donné la mort en voyant les premiers symptômes poindre, afin de ne pas devenir un danger pour les autres... Et aussi par désespoir, sûrement. »

    Balthazar commençait à trembler, probablement de froid ; et une domestique vint lui couvrir le dos d'une épaisse cape d'intérieur.  « Je vous remercie d'accueillir des réfugiés, je veillerai à ce que ceux qui sortiront indemnes de la ville puissent être avisés des options qui sont les leurs, pour leur avenir... Ou ce qui en reste. » Le ton était sombre et affligé : il y avait de grandes chances pour que la cité de la magie ne se relève pas de cela. Il semblait s’affaisser de fatigue. Alors que l'Intendante s'apprêtait à quitter le Sommet, un garde Sélénien entra en toute hâte et se mangea la géante de plein fouet : « C-C-Cynoë ! Alteeeeesse ! » La panique le faisait sursauter et vigoureusement trembler : « Alteeeeesse ! I-I-Ils ont tué Cynoë ! P-P-Par les déesses... »

    Balthazar se raidit, les yeux exorbités par la nouvelle : « Sacrelotte ! »

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Dé de récompense :
Eleonnora : 0.5XP

Dernière édition par Aldaron Elusis le Jeu 23 Juil 2020 - 16:15, édité 1 fois

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'Lot d'Intrigue' :
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