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Le 23 Novembre 1763 - Plus prêt de la liberté

La nuit fut courte. Bien trop courte. Le soleil commençait à pointer le bout de son museau. Éclairant la petite pièce où je vivais avec Rey. Je me lève en douceur, prenant le temps d’étirer mon corps remplis de courbature. Les jours se ressemblaient de plus en plus, laissant place à un quotidien monotone. Pourtant, je trouvais toujours la force de me lever, de m’habiller et de faire ce qu’on m’ordonnait de faire.

Je m’approche du matelas de la rousse. Assise, je l’observe avec attention. Laissant mes doigts griffus parcourir sa douce fourrure. Jamais je n’aurais pu croire qu’une Graärh aussi différente que moi, puisse autant compter. Mais il n’était plus l’heure de dormir, et je refusais de la laisser trop longtemps avec ces choses sans cœur. Avec douceur, je la réveille en poussant gentiment son épaule. Lorsque Rey ouvre ses prunelles, je venais de me lever pour lui laisser le temps de revenir à la réalité.

La voix de ces créatures se croyant supérieures à tout être vivant résonnait de nouveau à travers la maison. Les deux bambins s’excitent, se faisant mutuellement du mal. La femelle pâle s’énerve contre eux, puis les embrasse. Jamais je ne pourrais comprendre ce comportement si étrange. Cela faisait deux ans que je vivais parmi eux et pourtant, leur coutume semblait toujours aussi compliquée.

J’arrive dans la salle principale, sans dire un seul mot. Je les observe, dans un silence morbide. Reynagane finit par me rejoindre, sa douceur adoucis l’atmosphère qui devenait de plus en plus pesante. Elle me tire vers la sortie, la dame de maison lui ayant donné un bout de papier. Grognant légèrement, je finis par la suivre à l’extérieur de la maison. Marchant en direction du marché, je suivais de prêt la rousse. Rey était toujours minutieuse dans ses choix, contrairement à moi qui ronchonnais à chaque minute qui passait.

Voilà une heure que je marchais au ralenti, mon regard dévia un peu sur ce qu’il y avait autour de moi. Je me sentais enfermé, prise au piège au milieu de toute cette foule. Ma colère augmentait doucement, j’avais besoin d’air frais, de me défouler. Les grognements sortaient d’eu même de ma gueule. La foule ce n’était vraiment pas mon truc. Les bonnes manières et moi, ça faisait deux, heureusement, que Rey était là, pour calmer mes nerfs.

descriptionPlus prêt de la liberté [PV - Reynagan Shaä & Ilhan Avente] EmptyRe: Plus prêt de la liberté [PV - Reynagan Shaä & Ilhan Avente]

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Je me perdais dans cette étendue d'eau salée. Sombrant puis refaisant surface, sans jamais ressentir une brûlure au niveau des poumons. Je ne me noyais pas, je combattais simplement, sans cesse et sans relâche l'écume et les vagues gigantesques qui s'étendaient devant moi. Et puis, tout à coup, je survolais un pays brûlant et poussiéreux. Un monde que je croyais perdu pour toujours mais qui était encrée dans mon esprit. J'étais sereine, regardant la savane qui était maintenant à perte de vue sous mes pattes.  
Je quittais ainsi le sommeil, dans le calme et la sérénité. Laissant mon esprit se réveiller doucement, écoutant les sons et les bruits autour de moi. Je n'ouvrais pas tout de suite les yeux, je sentais Nyana toute proche de moi et je me laissais prendre dans ce calme et cette tranquillité qui n'était maintenant que des détails rares dans cette vie que je menais.  Quelques secondes de plus, je ne demandais que ça, mais le devoir nous appelés. J'ouvrais les yeux après le petit coup de Nyana sur mon épaule. Je baillais longuement tout en m'étirant et comme tout les matins, je regardais autour de moi comme pour m'assurais que tout ceci était bien réel. Je jetais un coup d’œil vers la Graärh qui avait fait beaucoup pour moi, et je me laissais aller en souriant légèrement. La poussière de la petite pièce volait doucement et les rayons du soleil qui traversait la fenêtre donnait l'impression que cette poussière brillaient de mille feu. Je lançais quelques mots aux Esprits-Liées pour les saluer mais les cris de la grande bâtisse me remirent sur le droit chemin. Je me levais, et m'habiller sans un mot. Je passais par les grandes cuisines où je saluais d'autres Graärh déjà en pleine activité et je grignotais un morceau abandonné sur une planche. Je ne mangeais que très peu maintenant mais cela me suffisais.

Dépoussiérant ma tenue, je notais dans un coin de ma tête qu'il faudrait bientôt laver la tunique. Mon esprit en était arrivé là. Le lavage des vêtements et le service pour une famille de grande noblesse... Je me frottais les yeux pour chasser les mauvaises pensées et je montais dans la grande pièce du haut. Plantes, couleurs, dorures et marbres, une pièce aussi riche en information de pouvait que donner des maux de tête, mais peu importait. Je commençais mon travail qui était pour commencer, un tour pour voir si tout était à sa place. J’aperçus ma belle Nyana travaillant avec son air bougons et je souriais de plus belle. Les jeunes mâles de la maison s'était mis à courir de pièce ne pièce, hurlant des mots incompréhensible. La femelle semblait complètement dépassée mais son petit regard remplit de bêtise expliquait plusieurs choses.

Je sursautais soudain quand la femelle toujours habillée de tenue extravagantes me fit signe. Avec les deux années qui étaient passées en tant qu'esclaves, j'avais appris, comme tout mes camarades, à comprendre la langue des humains. Bien sûrs, je comprenais souvent le principale. Cette espèce utilisait de nombreux mots pour parler d'une seule chose, c'était assez dérisoire.
Madame me fit un grand sourire, je pouvais au moins dire qu'elle n'était pas méchante. Stupide mais pas méchante et j'avais comme l'impression qu'elle m’appréciait un peu plus que les autres esclaves de la maison. Je ne doutais de la réponse à cette interrogation. Les autres Graärh étaient pour la plupart, peu souple avec les ordres. Je n'étais qu'une Graärh faible et sans honneur... La petite fragile, gentille, faible. Mais peu importait maintenant. Ces humains ne se rendaient même pas compte de la gravité de leurs actes. Ils étaient dans leur monde et vivaient avec dorures et étoiles dans les yeux. La femelle me donna une liste de course et m'autorisais à descendre au marché. Je saluer la maîtresse de maison calmement tandis que mon esprit explosait de joie. J'adorais aller au marché ! C'était le moment de voir des choses, de s'évader. Je préférais maintenant vivre l'instant présent. Profiter des petits moments de joies, car ils étaient bien rares. Je savais que si je pensais à mon passé, à ma vie d'avant, je sombrerai dans les profondeurs sans jamais refaire surface. J'y pensée parfois, sans faire exprès, mais je les chassais très vite de mon esprit. En plus de partir au marché, j'allais pouvoir passer du temps avec ma sœur de cœur comme j'aimais l'appeler. Notre maîtresse préférais que deux esclaves descendent au marché au lieu d'être seule. Caladon était une ville de richesse qui grouillait d'activités et de commerces. Une mauvaise rencontre pouvait très vite tombait au drame, et de ce que je connaissais du monde des humains, je préférais rester chez les Iuytred.
Je me dirigeais donc vers la sortie arrière en agrippant Nyana grognante au passage. Après ces deux années passaient ensemble il me semblait connaître la femelle mieux que quiconque. J'aimais son caractère grognon et rebelle. Elle était forte, ne se laissait pas faire, elle possédait tout l'honneur que j'avais perdu. C'était un pilier et ma plus grande peur était maintenant de la perdre.

L'air frais de ce début de matinée me fit hérisser le poil. Les ruelles de ces grands quartiers au gigantesque bâtisse était encore vide. Seule des esclaves et quelques passages d'oiseaux blancs étaient de sortie. Le ciel en ce jour était dénudé, aucun nuage ne venait cacher le beau soleil qui n'allait pas tarder à me réchauffer. J'étais contente de sortir en compagnie de Nyana. D'une part je me sentais en sécurité, et d'autre part, on pouvait se parler un peu plus librement. La discrétion et le silence était un art à apprendre lorsque l'on devenait esclave.
Cependant, ce matin là, nous restions toutes les deux silencieuses. Nous descendions les ruelles pavés et propres. J'observais les bâtisses comme à chaque fois que je sortais au marché. Les constructions des humains étaient tout de même assez incroyable.
Quelques minutes plus tard, des odeurs venaient jusqu'à mon sens. Le bruit se faisait plus fort et le nombre de personne augmentait avec ça. Le marché de Caladon était gigantesque. Je ne connaissais pas grand chose d'autres, il est vrai, mais je me demandais s'il était possible que plus gros existe ailleurs. On pénétrait ainsi dans la foule. Timide et peureuse, je baissais les yeux, pour ne pas avoir de problème. J'attrapais doucement la main de Nyana pour ne pas la perdre et je l'emmenais vers le sud du marché où se trouvait les produits frais. Une pression de ma main pour calmer la nervosité, je savais pertinemment que mon amie détestait ce monde là. On entendait alors des commerçants hurlant haut et fort « Frais ! Il est beau mon poisson ! », « Jamais vous n'avez vu pareil merveille ». Ils beuglaient tous à qui seraient le meilleur vendeur du jour. Le marché de ma tribu ne se déroulait pas comme cela. Le troc est les échanges étaient présents mais je n'avais pas souvenir d'un marché grouillant d'individu qui ne pense qu'à sa simple personne. Ce qui m'irritait un peu plus était le nombre de Graärh, esclaves, comme nous. À qui on leur a retirer tout ce qu'il possédait. Comment était-ce possible ?! Non, il fallait que je me calme.

J'avançais vers un marchand de poisson, toujours en tenant Nyana. J'achetais et remplissais avec minuties la liste de notre maîtresse. Une fois les paniers bien remplit, il était temps de repartir vers la cage dorée. Le soleil réchauffait maintenant mon pelage et j'appréciais la température douce. On avançais maintenant dans le marché, où les stands de frais cédaient place aux petits marchands de bijoux et autres babioles.

- Regarde Nyana, c'est magnifique !
Déclarai-je, émerveillée devant une structure au fine courbe, taillée dans le bois.

Je me retrouvais un peu dans mon univers. Je lançais un sourire à Nyana. La pauvre portait le panier le plus gros tandis que je gardais dans mes bras des sacs de légumes qui me faisait froncer le museau. Des bijoux magnifiques attirés mon regard mais je revenais vite à la réalité lorsque des regards mauvais de marchands se plongeaient dans les miens. Une esclave Rey. Tu n'es qu'une esclave. Je continuais la route, le regard viré sur mon sac de légume, honteuse. C'est alors que mon pied se prit soudain dans quelque chose. Une vague de peur et de paniqua déferla dans tout mon corps tandis que je perdais le contact du sol. Je fermais les yeux, serrant la mâchoire sans crier comme si, par le fait de ne pas faire de bruit, personne ne remarquerait ma chute à part Nyana. Malheureusement pour moi, ce n'était pas le sol que je sentis en premier mais bien le corps d'un individu porteur d'un parfum délicat. La panique redoubla d'intensité lorsque je percutais que j'écrasais un humain, qui d'un simple coup d’œil, respirait la grandeur et la noblesse. Je me relevais d'un bon, en murmurant dans leur langue des excuses. Les légumes traînaient dans la poussière, des regards étaient penchés vers nous. Que devais-je faire ? Un tremblement imperceptible s'empara de moi et mes oreilles s'étaient plaquées à l'arrière de mon crâne.

- Je vous demande pardon. Je n'ai pas fait attention. Je vous demande encore pardon. Tout est ma faute. Je n'ai pas regardé.

Mais qui étais-je pour parler ? Je reculais pour essayer de trouver le corps de Nyana tout en baissant la tête en signe de soumission. Je n'osais pas regarder l'homme en face. Je ne pouvais qu'attendre mon châtiment.

descriptionPlus prêt de la liberté [PV - Reynagan Shaä & Ilhan Avente] EmptyRe: Plus prêt de la liberté [PV - Reynagan Shaä & Ilhan Avente]

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Dernier jour en Caladon. Leur départ pour un retour en Delimar était prévu dans quelques heures à peine. Son séjour en la cité de l’or n’avait pas été de tout repos. Ni ses retrouvailles avec son père vampirique, qu’il aurait préféré pouvoir savourer en des circonstances plus apaisées. Il avait au moins eu la chance de pouvoir partager quelques moments avec lui, ce qui était toujours ça de pris. Il était peu sûr de parvenir à entretenir des relations sereines avec sa famille vampirique. Il n’était pas bien sûr que cela soit toléré un tant soit peu de sa propre cité. Il ne savait encore s’il évoquerait le sujet avec sa Reine… mais il sentait que le besoin s’en ferait sentir. Elle sentirait bien un jour son tiraillement, mieux vaudrait sans doute éviter tout faux semblant avec elle et lui en faire part dès qu’il le pourrait. Ou dès qu’il s’en sentirait le courage.

Il attendrait toutefois de lui avoir fait son compte-rendu sur cette affaire. De ce qu’il pourrait lui en dire du moins. Une chose après l’autre. Il devait aussi tenter de ne pas tout mélanger. Ses obligations envers la cité de l’honneur étaient la priorité, ses affaires personnelles viendraient après.

Bientôt le départ donc. Toutefois, il s’était permis un petit caprice, malgré les grommellements de ses gardes-loups attitrés. Il souhaitait profiter un peu de l’immense marché à Caladon. C’était là l’une des rares, pour ne pas dire la quasi la seule, occasion de dénicher des objets magiques particuliers de toute beauté, comme il peinerait à en trouver à Delimar. Il n’avait aucune idée précise sur ce qu’il désirait. Pour tout avouer, il avait déjà été gâté par son père Aldaron, qui lui avait offert un Calice de cristal se remplissant de ses friandises préférées. Un caprice d’enfant, lui avait-il dit, d’un sourire amusé. Loin de s’en offusquer, Ilhan en avait été touché. Il avait, enfin, un objet venant de son père. À défaut de pouvoir porter son blason, il chérirait ce calice.

Non, rien de précis en tête comme achat, donc. Il voulait juste voir, admirer… se changer les idées. Et allez savoir, s’il trouvait un petit quelque chose… pourquoi pas ? Il parcourait ainsi les étals, son regard sombre voletant d’objet en objet, ses mains s’attardant parfois sur l’un, parfois sur l’autre, offrant un sourire au marchand, un petit mot charmant… Il avait demandé aux deux gardes qui avaient tenu à le suivre de rester à bonne distance. Il ne voulait pas trop attirer l’attention.

Même si, constata-t-il, dépité, c’était peine perdue. Dès qu’il parcourait une allée, les regards se tournaient souvent vers lui, sans même qu’il ne fasse rien. Il tenta donc de se concentrer sur sa petite ballade et d’en savourer tous les charmes, telle une chasse au trésor. Soudain, il tomba sur un livre… d’un ancien philosophe sokrätoes. Immédiatement, Ilhan le consulta, ravi. C’était là un ouvrage qu’il n’avait pas, il en était sûr. Il avait dévoré tous les titres de ceux de sa bibliothèque, récemment rénovée, même s’il n’avait pas encore eu le temps de tous les lire, ou plutôt les relire. Non, celui-là ne faisait pas partie de sa collection. Il s’empressa alors de régler la modique somme et repartait déjà, tout en consultant sans attendre son livre, trop impatient de le lire.

Quand soudain, une lourde masse le percuta de plein fouet. Ou peut-être était-ce lui qui la percuta, il n’aurait su dire. Il n’avait rien vu venir, trop absorbé dans sa lecture. Et se retrouva alors à terre, avec… un Graärh dans les bras. Presque littéralement. Même si ce dernier s’empressa de se relever. Aussitôt Ilhan remarqua le regard paniqué, les oreilles en arrière, signe assez évident de gêne, de danger ou de crainte pour les Graärh, du peu qu’il avait vu dans son livre de vie. Le Graärh semblait perturbé.

Et il y avait de quoi… tous les regards étaient tournés vers eux et déjà les gardes d’Ilhan accouraient, prêts à en découdre avec l’intrus qui avait peut-être attaqué l’althaïen. D’un geste, il les apaisa et prestement se releva. Il leur indiqua qu’il n’y avait pas de mal, qu’il s’agissait d’un simple accident. Il entendit le Graärh s’excuser, mais l’urgence était déjà d’apaiser la situation, notamment ses gardes, de les faire s’éloigner quelque peu et de leur faire disperser la foule qui déjà s’attroupait. Ilhan épousseta d’un geste ses vêtements et se massa l’un des bras, puis ramassa son livre.

Il n’y a pas de mal, fit-il enfin à l’intention du Graärh en langue commune. Il n’y a pas de mal, répéta-t-il, plus lentement, cette fois en langue Graärh.

Certes ce dernier semblait bien maitriser la langue commune, mais par ce geste Ilhan espérait lui faire comprendre qu’il connaissait un peu leurs mœurs. Bien moins que son ancien lui, du temps qu’il était humain, mais il avait lu assez et bien retenu ce qui avait été consigné dans son livre de vie, pour pouvoir au moins baragouiner quelques mots. Et essayer de mettre l’autre plus à l’aise.

Il nota le regard fuyant, la tête baissée, signe de soumission évident. Des esclaves, sans aucun doute, nota-t-il. Ils semblaient être deux, constata-t-il également, quand il aperçut auprès du Graärh roux un autre au pelage plus pâle, duquel il s’était rapproché.

Ilhan chercha alors à croiser son regard en bougeant légèrement la tête pour l’obliger à le regarder. Ce qui n’était pas bien difficile, vu que les deux individus étaient plus grands que lui. Grommelant intérieurement d’être, encore, le plus petit.

Je m’appelle Ilhan Avente, Conseiller de Delimar, fit-il, reprenant la langue commune, dans laquelle il était tout de même plus à l’aise. Je vous assure qu’il n’y a aucun mal.

Bon peut-être une petite douleur au bras, mais rien de bien méchant. Et il bénissait en cet instant sa nature d’Immaculé. Sans nul doute en tant qu’humain, il aurait bien plus souffert d’un tel impact et d’un tel poids sur lui.

Puis voyant que tout ce qu’il dirait ne semblerait pas suffire à apaiser l’appréhension, sans doute justifiée, des deux Graärh, l’althaïen se baissa et ramassa quelques légumes encore à terre. Il entendit quelques murmures dans son dos, se retourna, et d’un signe demanda aux gardes de faire évacuer ces derniers badauds. Le spectacle était fini ! avait-il enfin de hurler.

Au lieu de cela, inspirant profondément pour se calmer, il se retourna vers le roux pelage et lui tendit les légumes.

Je crois que cela est à vous… Puis-je vous demander votre nom ?

Se disant, il continua à chercher son regard. Il avait appris qu’il était important dans la culture Graärh de regarder l’autre dans les yeux pour parler. Il ne pouvait ronronner pour apaiser les possibles peurs de l’autre et lui indiquer qu’il était libre de s’exprimer, mais il espérait que son sourire calme et serein les encourage à s’ouvrir un peu.

Et le vôtre ? demanda-t-il cette fois au pelage clair. Vous semblez être ensemble. Je suis dés…

Il s’apprêtait à s’excuser de poser toutes ces questions, quand il se rappela le souvenir qu’il avait vu avec un certain Purnendu. Le savant herboriste avait appris à son ancien lui que les Graärh n’aimaient pas qu’on s’excuse à tout va, surtout pour des choses dont on n’était pas réellement fautif. Il s’arrêta donc en plein élan et reprit, laissant ses accents althaïens chanter pour lui :

J’espère que mes questions ne sont pas… indiscrètes. Je ne veux pas vous importuner. Mais… je m’intéresse grandement à votre race.

Et ce sans curiosité malsaine. En témoignait le fait qu’il avait, du moins un peu, appris leur langue.

Et chez moi, nous avons coutume de dire que le soleil guide nos pas et que chaque rencontre est une de ses bénédictions que nous devons savourer.

Il ne s'en rappelait pas lui-même, de cela non plus. Mais on le lui avait réappris, cette fois par sa maisonnée qui venait presque tous de la belle cité d'Althaïa, dès lors disparue.

Se disant, il leur offrit une légère révérence à l’athaïenne, assez proche de la mode elfique, l’inclinaison moins prononcée, et une main posée sur le coeur. Puis sa main se détacha de son torse et s’envola, paume vers le ciel, en direction des deux Graärh. Signe qu’il leur envoyait cette bénédiction à partager. Et qu’il aimerait bien communiquer. Il souhaitait avant tout apaiser la peur du roux. En outre leur attitude l’intriguait. Curieux comme il l’était.

descriptionPlus prêt de la liberté [PV - Reynagan Shaä & Ilhan Avente] EmptyRe: Plus prêt de la liberté [PV - Reynagan Shaä & Ilhan Avente]

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Un faible sourire est apparu sur mes babines. L’expression de ma petite Rey me faisait plaisir. Durant une fraction de seconde, je venais d’oublier notre statut social. Malheureusement, cela ne dura pas assez longtemps pour laisser une larme de bonheur couler. Les regards. Tous ces regards, sur nous. Je…Je ne pouvais plus le supporter… Des grognements sortir de ma gueule, c’était plus fort que moi. Je ne voyais pas où était le mal, mais apparemment, il devait être présent… Il nous était impossible d’observer des objets sans que nous soyons jugées et chassées… Était-ce vraiment notre vie ?

Comme toujours, je restais silencieuse en portant une grande partie de nos achats. Suivant de prêt la femelle rousse heureuse de sortir de la maison. Son regard observateur l’attira vers un objet en bois. Je voulais la tirer pour qu’on continue à avancer, et finir au plus vite cette corvée. Mais encore une fois, les marchands se chargèrent de ce détail. Remettant la jeune femelle à sa place d’un simple regard mauvais. Grinçant des dents, je faisais tout pour me contenir et ne pas provoquer de drame. Seulement, un jour, je ne pourrais plus me contenir. Le malheur finira par s’abattre sur ces créatures pâles et ils ne comprendront même pas pourquoi.

Se dépêchant de partir, Rey disparu de mon champ de vision alors que je regardais ailleurs. Tournant la tête, je finis par la voir par terre, au-dessus d’une de ces créatures que je haïssais tant… La rousse se releva rapidement, se collant de plus en plus à moi. C’était comme si elle cherchait à ce que j’absorbe son corps pour qu’elle disparaisse complètement. Les regards tournés vers nous, il y avait de plus en plus de monde qui venait vers nous. Fronçant les sourcils, je voyais deux autres personnes venir vers nous. Tenant fermement le bras de mon amie, je me plaçais devant elle par habitude. Je ne montrais pas encore les crocs, mais cela pouvait venir assez rapidement s’ils continuaient à nous observer de la sorte. Reynagane s’excusait encore et encore, à chaque fois. Comme toujours l’entendre s’excuser de la sorte, avait le don de me mettre encore plus en colère…

- Il n’y a pas de mal. Il n’y a pas de mal.

Intriguée par sa seconde phrase. Je me détendis légèrement, les oreilles placées vers l’avant. Il portait une odeur différente des autres créatures de son espèce. Il ne semblait pas avoir de fouet, mais ses deux amis à l’arrière semblaient bien moins amicaux que lui. Cependant, je ne devais pas me laisser berner par son « il n’y a pas de mal. ». Pourtant, sa gestuelle me faisait comprendre qu’il ne fera pas de mal à ma petite Rey. Alors que je maintenais toujours le bras de la rousse, je lâchais légèrement prise pour lui faire comprendre que je commençais à me détendre.

- Je m’appelle Ilhan Avente, Conseiller de Delimar. Je vous assure qu’il n’y a aucun mal.

Il cessa alors de s’exprimer dans notre langue, et se présenta. Je pensais que ça se terminerais avec son « il n’y a pas de mal », puis il serait parti et nous aussi. Mais non, il cherchait à faire connaissance. Connaissance ? Était-ce possible ? Non, pas ici. Je regardais autour de moi au cas-où. Il y avait bien encore des personnes, mais personne n’était assez proche pour qu’il lui parle. Après quelques secondes, il fit un signe que je ne comprenais pas, mais ses deux camarades partirent pour faire circuler les voyeurs. Cette situation devenait de plus en plus étrange et je commençais déjà a en avoir marre. On ne pouvait pas être tranquille trente secondes. Pour compléter le tout, l’homme commença a ramasser quelques légumes qui étaient tomber. J’en pris quelques-uns et les passai à Rey pour qu’elle les range dans le sac. Dans notre malheur, il y avait du bon, on n’aura pas besoin de refaire nos courses. C’était assez inhabituelle de voir un humain aussi gentil ? Oui, c’était le bon terme, il était gentil, enfin, pour le moment.

- Je crois que cela est à vous… Puis-je vous demander votre nom ?

Le bizarre ne s’arrêta pas là. Sa voix était toujours aussi douce. Aucune colère apparente. Dans d’autres circonstances j’aurais pris ça pour une blague. Cependant, le sourire assez affreux de l’humain était amical. Je le pris comme une invitation à répondre et laissai Rey se présenter à son tour. Même s’il n’y avait pas grand-chose à dire à notre sujet. Après qu’elle se soit présentée, l’homme continuait à garder une tête avenante, avant de diriger ses prunelles vers moi.

- Et le vôtre ? Vous semblez être ensemble. Je suis dés…

Il n’avait pas fini sa phrase, pourquoi ? Je ne le savais pas encore, mais par ces premiers mots dans notre langue maternelle, je finis par croire qu’il connaissait nos coutumes. C’était…ça faisait du bien de voir une chose aussi impensable se produire. J’étais prise de court, je…j’étais un peu perdu devant cette rencontre qui devenait de plus en plus étonnante.

- Je me nomme Nyana…Valthana…

Ça faisait tellement longtemps que sur le coup, j’avais eu du mal à donner mon nom complet.

- J’espère que mes questions ne sont pas… indiscrètes. Je ne veux pas vous importuner. Mais… je m’intéresse grandement à votre race.

Voilà que j’avais la réponse à ma question silencieuse. Alors que je pensais qu’il allait en rester là, je le vis ouvrir la bouche pour annoncer autre chose. Aucun humain nous avait autant parlé sans nous hurler dessus. Vus comme c’était parti, j’avais la sensation que cette rencontre allait encore durer dans le temps. J’espérais seulement que cela ne dure pas trop non plus…

Et chez moi, nous avons coutume de dire que le soleil guide nos pas et que chaque rencontre est une de ses bénédictions que nous devons savourer.

Une bien belle phrase, mais je ne savais pas vraiment quoi répondre à cette dernière parole. Nous étions de simples esclaves, qu’attendait-il de nous ? Je pouvais comprendre que notre espèce l’intéressait, cependant, on n’avait rien à lui apporter, surtout maintenant. Je ne lui faisais pas complètement confiance, avec tout ce que nous avions vécus, je ne pouvais pas. Je me risquai de prendre la parole, surtout que son regard semblait me l’autoriser.

- Merci… Mais nous devons rentrer…

J’avais l’impression que ce merci m’avait écorchée la gueule, qu’on m’avait vidée de mon sang et torturée. Un léger frisson parcourut mon corps, je me surprenais moi-même. Qui aurait cru qu’un jour, je remercierais un humain ? Si l’on m’avait dit dans le passé que je ferais une telle action, je lui aurais arraché la trachée pour lui faire comprendre son erreur. Je pris mes paniers pour faire comprendre à l’humain qu’on était pressé, mais Rey sembla ne pas bouger. Son regard était fixé dans celui du noble. Elle aussi devait être intriguée par cette créature. J’approchais mon museau vers la femelle pour lui parler d’une voix faible.

- Ne lui fais pas confiance Rey…

Il était de mon devoir de la protéger, comme je l’avais toujours fait. Je veillerais toujours sur elle. Seulement, je devais admettre que son esprit plus ouvert était parfois une bonne chose. Ayant une confiance aveugle en elle, je décide de ne pas la brusquer quant à notre départ.

descriptionPlus prêt de la liberté [PV - Reynagan Shaä & Ilhan Avente] EmptyRe: Plus prêt de la liberté [PV - Reynagan Shaä & Ilhan Avente]

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Je tenais mes doigts entrelacés devant moi, sans risquer un regard en avant. J'entendais l'humain se relever. Je le sentais regarder les alentours et la foule qui s'était rapprochée pour avoir le plus de détail possible sur la situation. Dire que si on avait pris un autre chemin pour rentrer, tout ceci ne serait pas arrivé. Mon cœur battait à m'en faire mal, contre mon poitrail. Nyana apparut enfin dans mon champ de vision et comme d'habitude, la grande Graärh se plaçait contre moi le regard mauvais. C'est alors que l'homme déclara ces mots dans deux langues différentes.

- Il n’y a pas de mal. Il n’y a pas de mal.

La première était la langue des humains bien entendue. Ce fut lorsqu'il répéta ces mots en notre langue que j'osais un coup d'oeil vers lui. Vive comme l'éclair, je rebaissais les yeux. Le cœur toujours affolé. Il connaissait l'Hindi ? Comment avait t'il appris cette langue ? La seule solution que j'envisageais était au premier abord, un marchand d'esclaves. J'avalais ma salive, les oreilles toujours plaquaient contre mon crâne. Je devais être complètement ridicule. La peur de la situation me chauffait les joues. J'entendais Nyana gronder, prête à me protéger. Un silence s'ensuivit, je voyais la tête de l'humain bouger légèrement de droite à gauche, ce qui attira une seconde fois mon regard. Même si je m’efforçais de regarder le sol, ma grandeur m’obligeait à voir ce qui se passait autour de moi. Je n'avais pas encore était battu, et l'homme avait plus l'air de vouloir calmer la situation que de vouloir l'empirer. Deux autres hommes s'étaient emparer de la situation et essayer de remettre tout les fouineurs dans le droit chemins, je comprenais ainsi que j'allais peut-être, avec Nyana, m'en sortir.

De mes petits yeux timides, je regardais l'homme tandis que mon cœur se calmait petit à petit. Il se présenta même et répéta à nouveau dans sa langue que cela allait. J'hochais la tête et regardais maintenant mes griffes, nerveuse. C'était étrange, je venais de sombrer il y a quelques secondes, dans une panique folle. Cet homme, que je ne connaissais pas et qui se nommait Ilhan Avente  devait pourtant être très important. J'en étais sûr. Il ne dégageait pas le même caractère que ces nobles de Caladon. Mon cœur s'accéléra à nouveau lorsque je le vis ramasser quelques légumes et nous les tendres. Nyana en prit quelques uns et d'une main tremblante, je me saisissais de l'aubergine qui tenait dans sa main. Je le regardais enfin avec plus d'attention. Ce n'était pas une plaisanterie, il ne se jouait pas de nous. De moi. Si ? Non. Son regard n'aspirait pas à la cruauté. Il était bien plus hypnotique et intense. J'arrivais à voir une intelligence et un savoir envoûtant. Par derrière, je pouvais lire une ombre brûlant au fond de ses iris. Il ne me lâchait pas du regard. J'entendais Nyana gronder, mais cette fois-ci, je ne détachais pas mes yeux de ses prunelles. Une fraction de seconde plus tard, il me demandait mon nom. Je replaçais l'aubergine dans son panier, m'obligeant à regarder ailleurs. Avais-je le droit de répondre à cette question ? Pourquoi voulait-il savoir mon nom ? Décidément, cet humain n'était pas comme les autres. C'était maintenant à voir s'il était mieux ou pire, même si je commençais à croire que je pouvais baisser ma garde. C'était comme ça avec moi, je pouvais facilement être naïve.

- Je... Je déglutissais de l'air, ma gueule était si sèche. Les bruits du marché reprenaient peu à peu de leurs intensités. Du moins, aux alentours de cet étale. Je me nomme Reynagane.

Mes oreilles se redressèrent petit à petit alors qu'il regardait maintenant mon acolyte et lui posait la même question. L'homme débuta une nouvelle excuse avant de s'arrêter, le regard en pleine réflexion. Je devenais de plus en plus curieuse. Il n'avait, en rien, l'air d'un pirate. Je soupirais légèrement lorsqu'elle répondit également à la question. Si Nyana baissait légèrement sa garde et acceptait de répondre à cet humain c'est qu'il n'y avait pas de danger.
Je tournais mon regard vers Nyana. Je connaissais assez bien la Graärh pour voir qu'elle était très déstabilisée par cette rencontre peu commune.

J’espère que mes questions ne sont pas… indiscrètes. Je ne veux pas vous importuner. Mais… je m’intéresse grandement à votre race.

Je jetais quelques coups d’œils craintifs aux alentours. Mille questions venaient s'entrechoquer dans ma tête. La panique de la chute aussi vite envolée. Ma race. Je ne me considérais plus comme une Graärh, il valait mieux, je faisais tellement honte, Nyana pouvait être un bon exemple. Pas moi. Mais pourquoi cet humain s'intéressait t'il au Graärh si se n'était pas pour les vendre ? Il parla encore, d'une voix sage et apaisante que je me laissais enfin piquer par la curiosité. Je le regardais, l'observais de bas en haut. Je notais quelques détails comme sa taille moyenne pour un humain où encore une ossature fine mais puissante. Son sourire, son regard brillant d'intelligence, il était le premier humain à m'intriguer. C'était peut-être le premier humain qui me laissait cette occasion aussi. Je ne vis pas Nyana ramasser ses paniers. Ce n'est que lorsque ma sœur de cœur s'approcha de moi qu'elle me sortit de mes pensées.

Ne lui fais pas confiance Rey…

Je clignais des yeux comme si je sortais d'un rêve et je regardais la femelle. Je connaissais bien se regard. Elle était inquiète pour moi. On ne le connaissait pas après tout. Elle avait raison, il fallait rentrer si on ne voulait pas avoir de problème. Mais je ne bougeais pas. Je posais ma main sur son cœur et je lâchais un léger ronronnement. Cet Ilhan Avente était le premier humain à nous parler d'égal à égal. Nous ne pouvions pas partir comme cela. Je me tournais vers l'homme, le cœur battant mais plus à l'aise.

- Nous ne sommes que des esclaves, seigneur. Déclarai-je en baissant la tête encore et toujours avec un accent délicat. Je cherchais les mots dans ma tête avec vivacité. Vos questions ne sont pas indiscrètes, mais nous ne pouvons pas vous apprendre grand chose, je le crains.

Je jetais un coup d'oeil à Nyana. Je ne savais pas trop ce qui me prenait en réalité. J'avais juste envie de croire en la gentillesse. Elle était bien là, quelque part.

- Vous parlez bien l'Hindi, seigneur. Je me demande comment un homme tel que vous, peut s'intéresser à de simple Graärh comme nous.

Je ne savais pas très bien si ma phrase était correct, mais peu importait. J'osais une déclaration, j'osais braver un ordre de notre famille. J'étais peut-être actuellement en train de mettre en danger Nyana. J'étais sûrement en train de me mettre en danger. Mais je voyais tout à coup un nouveau chemin s'ouvrir devant nous et je m'empressais de le prendre sachant pertinemment que si nous rentrions maintenant, tout redeviendrai  comme avant.

descriptionPlus prêt de la liberté [PV - Reynagan Shaä & Ilhan Avente] EmptyRe: Plus prêt de la liberté [PV - Reynagan Shaä & Ilhan Avente]

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Reynagane… simplement Reynagane ? N’avait-il pas un autre nom indiquant son rang, sa caste, ou son métier ? Il avait cru comprendre que chez les Graärh le deuxième nom, s’il changeait au cours d’une vie, avait aussi son importance en indiquant ainsi l’attribut du moment du Graärh. Les esclaves abandonnaient-ils cette pratique alors, comme par honte de ce qu’ils étaient devenus, Ashuddh  parmi les Ashuddh ? Non, pourtant. La deuxième Graärh (car oui maintenant qu’il y regardait de près, il décelait qu’il s’agissait visiblement de femelles) venait de lui révéler son nom. Un nom complet. Nyana Valthana. Ilhan avait beau essayer de chercher, il ne se rappelait rien qui pourrait lui indiquer ce que signifiait Valthana. Il mourait d’envie de poser la question, mais la tut pour l’instant. Peut-être un jour, plus tard, si le moment s’y prêtait.

Mais il sentait une méfiance latente chez les deux Graärh en face de lui. Non pas qu’il puisse la leur reprocher. Lui, apparent humain, et eux Graärh esclaves… voilà qui ne faisait guère bon ménage, en temps normal. Elles devaient se demander où était le piège, quand viendrait le retour de bâton. Et mis à part leur prouver, avec patience, qu’il ne leur voulait aucun mal, en leur montrant également qu’il s’intéressait à elles en tant qu’individu, assez pour avoir appris également leurs mœurs et leur langue, il ne pouvait pas faire plus. Pour l’instant. Surtout pas les presser de questions en tout cas.

Quand la pale féline lui répondit qu’elles devaient rentrer, l’althaïen ressentit une pointe de déception, mais ne voulait pas les retenir non plus. Il ne voulait en aucun cas les obliger à quoi que ce soit. Il fut toutefois surpris de voir l’autre Graärh hésiter et s’attarder. Plus que de raison selon sa compagne. Elle avait beau avoir chuchoté, ses sens de sainnûr aiguisés lui avaient permis d’entendre parfaitement. Là encore, loin de lui en vouloir, il devait avouer trouver ce conseil fort avisé. Aurait-il été à leur place, qu’il aurait pensé de même.

Il n’allait cependant pas se plaindre que Reynagane accepte de rester quelque peu et ne coupe pas court à cet échange si prématurément.

- Nous ne sommes que des esclaves, seigneur. Vos questions ne sont pas indiscrètes, mais nous ne pouvons pas vous apprendre grand-chose, je le crains.

Ilhan offrit un doux sourire triste à ces mots. Oui, triste… Il lui avait semblé, du moins depuis sa renaissance, que même le plus insignifiant des êtres en apparence avait toujours de quoi vous apprendre. Peut-être était-ce parce qu’il avait tout à réapprendre, tout à découvrir de nouveau… Mais il avait eu l’impression, de ce qu’il avait lu, que son ancien lui avait pensé ainsi aussi.

Je m’intéresse à toute chose et tout être, j’aime apprendre et comprendre, répondit-il alors, reprenant la langue des Graärh. Et je pense que votre statut ne définit pas vos véritables richesses. Nous avons certainement beaucoup à apprendre les uns des autres.

Ilhan avisa alors Nyana qui semblait bien plus méfiante et surtout bien plus fébrile. Puis son regard sombre observa le marché. Si les badauds s’étaient enfin dispersés, cet endroit n’était guère le lieu le plus approprié pour parler en toute tranquillité. Sans compter que les Graärh devaient être attendues et que si elles tardaient trop, elles risquaient fort de se faire réprimander. Si Ilhan mourait d’envie de continuer cet échange là, maintenant, sans tarder, il ne voulait pas non plus faire courir le moindre risque aux deux esclaves.

Son regard se posa sur le panier de courses plein. Il ne pourrait pas même prétexter les accompagner pendant leurs achats… Il eut alors une autre idée, même s’il courait là le risque de ne plus les revoir et que cet échange s’arrête là.

Apparemment vous semblez pressées. Sans doute attendues, et vos courses finies. Je ne voudrais pas vous attirer d’ennuis. J’aurais toutefois grand plaisir à vous revoir… Je ne sais s’il vous est accordé quelques instants de liberté ? Si oui, pensez-vous que nous pourrions nous revoir au port ?

Là où l’activité était fournie, et surtout là où ils pourraient trouver un endroit où parler à l’abri des regards, tant il regorgeait de recoins et de sombres alcôves.

Pensez-vous pouvoir vous libérer quand le soleil sera à son zénith ? Il y a une grande frégate en construction, vous ne pouvez la manquer. Je vous y attendrai, si vous le désirez.

descriptionPlus prêt de la liberté [PV - Reynagan Shaä & Ilhan Avente] EmptyRe: Plus prêt de la liberté [PV - Reynagan Shaä & Ilhan Avente]

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Comme toujours, Rey s’exprimait d’une voix douce et rassurante. Tout le contraire de moi et de ma façon de m’exprimer. Elle semblait vraiment intriguée par cet homme, cette chose. Il ressemblait bien trop physiquement à ceux qui nous faisait du mal, pour que je puisse lui faire confiance. Mais Rey, non, elle m’écoutait que d’une simple oreille, sans en tenir compte. Un soupir sortit de ma gueule lorsqu’elle l’appela Seigneur. Pourquoi Seigneur ? Méritait-il ce traitement de faveur ? Apparemment oui, mais je ne comprenais vraiment pas pourquoi.

Elle suivit par sa maîtrise de notre langue, encore une fois, mon regard se mit à rouler. Honnêtement, cela m’était complètement égal. Ce n’était pas une chose qui me fascinait, même si je devais admettre, qu’il avait tout de même de grandes connaissances. Que se soit de notre langue, mais aussi de notre façon de faire. Je devais l’admettre, au début, cela m’avait interpellé. Mais il n’y avait pas besoin d’y accorder une grande importance. Il en savait bien assez et s’il voulait en savoir plus, il y avait d’autre Gräarh dans cette ville pour assouvir sa curiosité.

- Je m’intéresse à toute chose et tout être, j’aime apprendre et comprendre. Et je pense que votre statut ne définit pas vos véritables richesses. Nous avons certainement beaucoup à apprendre les uns des autres.

Un petit discours… Vraiment petit, mais un discours qui devrait toucher bien plus Rey que moi. La seule chose que je désirais, été de partir de cet endroit maudit. Ce n’était pas plus compliqué. Pourquoi on devrait lui parler de notre race ? Pour connaître nos points faibles et mieux nous capturer par la suite ? Il n’en était pas question. Comme je le disais, il y avait d’autre membre de notre espèce ici, il n’avait que l’embarras du choix. Je vis son regard passer sur nos courses, sur moi, comme s’il nous analysait. Les oreilles vers l’arrière, je commençais vraiment à perdre patiente avec cet être trop bavard et bien trop curieux à mon goût.

- Apparemment vous semblez pressées. Sans doute attendues, et vos courses finies. Je ne voudrais pas vous attirer d’ennuis. J’aurais toutefois grand plaisir à vous revoir… Je ne sais s’il vous est accordé quelques instants de liberté ? Si oui, pensez-vous que nous pourrions nous revoir au port ?

Il n’y avait pas besoin d’être un génie pour comprendre qu’on était pressé. J’avais presque envie de rire, mais me retiens. Je ne voulais pas que Rey se mette à grogner contre moi. Elle était plus intéressée par cet humain que par notre devoir. J’avais presque envie de vomir en ayant cette pensée. Pour la première fois, j’avais envie de rentrer. Je ne faisais vraiment pas confiance à cette chose pâle, vraiment pas, et il devait le sentir, le voir.

- Peut-être que oui, peut-être que non.

Le port ? Avais-je bien compris ? Pour moi, pour nous, le port était synonyme d’enfer, tout comme cette vie. Mais le port, était le point de départ, l’endroit où l’on nous déchargeait pour faire de nous ce que nous sommes aujourd’hui. Je maudissais cet endroit, si j’en avais la force, il finirait en cendre pour plus qu’aucun membre de notre espèce ne puisse subir une telle humiliation…

- Pensez-vous pouvoir vous libérer quand le soleil sera à son zénith ? Il y a une grande frégate en construction, vous ne pouvez la manquer. Je vous y attendrai, si vous le désirez.

Je pris les sacs de Rey et lui donna, pour porter les miens et la pousser légèrement. Ce n’était pas très poli, mais je ne voyais pas pourquoi je le serais avec un visage pâle… Tout être est différent, c’est ce qu’on apprend. Mais j’avais eu le temps d’apprendre qu’avec ces individus sans poil, ce terme n’était pas vrai. J’avais eu le temps de les observer et de voir à quel point, ils étaient cupides. Alors oui, je m’étais fermée, j’étais plus agressive. Tout ce changement était pour nous protéger et fuir lorsqu’une occasion se présentera. Rentrer chez nous et vivre enfin…

- Nous verrons…

Je pris le chemin de retour. Marchant assez rapidement pour rattraper un peu notre retard, et surtout pour être le plus loin possible de cet homme. Il semblait différent, oui, mais… Et si c’était une ruse ? Un mensonge ? Je ne pouvais pas me permettre de mettre Rey en danger, je ne pouvais pas… La perdre serait bien trop dure pour moi, au risque de franchir la ligne rouge. Celle qui sépare l’être civilisé à un monstre sans scrupule. Elle était mon pilier, sa vie était bien trop précieuse, même si pour cela, on devait finir nos jours ici, en tant que monstre et non en tant qu’être vivant.

Nous avons mis un peu moins d’une heure pour rentrer. Notre lenteur s’était fait remarquer, et la dame sans intérêt nous le fit remarquer assez rapidement. Rey c’était mise à sa tâche, et moi à la mienne. Ma musculature plus poussée que celle de mon amie, on me demanda d’aller couper du bois et de le rapporter pour faire chauffer l’intérieur de la demeure. Ces êtres, ces humains sans poil était très frileux, ils tombaient facilement malade.

Deux heures, avant que le soleil ne soit à son sommet, je me dirigeai vers Rey. Je voulais savoir ce qu’elle pensait de cet homme que nous avions rencontré. Son avis était essentiel pour moi. Elle savait juger les autres, à les cerner bien mieux que moi. Je percevais le monde d’un regard sombre, voyant le mal partout autour de nous. Ma petite perle possédait un jugement plus abouti, moins primaire en quelques sortes.

- Devons-nous le rejoindre ? Que penses-tu de lui ?

Elle serait celle qui prendra la décision. Je respecterais son choix et la suivrai. Il y avait trop de questions qui tournait dans mon esprit, mais nous n’avions pas assez de temps. On devait partir rapidement si elle voulait le rejoindre. Le plus urgent, était de trouver une excuse pour sortir de la maison. Heureusement, j’avais beaucoup d’idée pour ce genre de chose.

descriptionPlus prêt de la liberté [PV - Reynagan Shaä & Ilhan Avente] EmptyRe: Plus prêt de la liberté [PV - Reynagan Shaä & Ilhan Avente]

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Mon cœur cognait fort, si fort que tout le monde devait l'entendre. Une petite voix dans ma tête m'hurlait de fuir. Je venais de m'adresser à un humain curieux de notre race. La peur et l'angoisse resurgirent comme un fouet en plein milieu de mon museau. C'est yeux et son petit sourire m'avais fait baisser la garde, pourquoi n'étais pas comme Nyana ? Je l'entendais gronder à côté de moi. Oui j'étais allée trop loin. C'est alors que l'homme recommença à parler l'Hindi. Un accent pas mauvais et au vocabulaire recherché. Je redressais les oreilles qui ne cessaient de se lever et baisser à tour de rôle. J'étais partagée évidemment entre la peur de mes actes et la curiosité que dégageait cet humain, qui voulait en apprendre plus sur les Gräarhs.
Oui, dans une autre vie j'aurai put apprendre à cet homme des choses. Des remèdes, des croyances. Dans une autre vie où les humains n'auraient pas envahis et disloquer un peuple entier. Mais est-ce que aujourd'hui, une esclave pouvait avoir de la richesse ? J'avais un doute sur ces paroles.
Je voyais du coin de l’œil la queue de Nyana s'agiter légèrement, signe d'une impatience claire. Elle haïssait les humains.  Ceux qui nous avaient fait du mal. Ceux qui s'étaient permis tout. J'aurai dû les haïr de la même sorte. Ces brigands, ces pirates sans âmes, sans Esprits-Liés pour les guider vers le meilleur chemin. Je me devais pourtant, penser que quelque part, cet race hostile et égoïste caché des choses moins cruel. Espoir. Toujours l'espoir au lieu de la vengeance.
L'homme me sortit de mes pensées lorsqu'il proposa une nouvelle rencontre au niveau du port. Je plaquais mes oreilles pour la énième fois contre mon crâne en cessant de sourire. Mes pupilles s'étrécirent et la vague d'angoisse qui me berçait tout le jour m'attaqua. Pourquoi voulait-il nous revoir ? Si se n'était pour nous faire subir d'autres atrocités ? J'avais peur, peur parcequ'on fond, j'avais envie de dire oui. Je sentais qu'il était différent de ces autres nobles de la haute société. Pourquoi ? Je ne saurai le dire, mais si je me trompais, alors encore une fois, j'avais vu l'espoir là où il n'y en avait pas.
Mon amie éleva la voix légèrement sans lui donner une réponse claire. Elle me refila quelques sacs avec rapidité et agacement envers l'homme et je me remettais à regarder le sol. Au zénith. Je ne retenais que ces mots tandis que Nyana terminait cet échange. Elle s'éloigna rapidement en surveillant que je l'a suivais bien. J'avais la tête basse. J'avais envie de souffler un léger merci mais la peur qui était revenue m'en empêcha. Qu'allait t'il penser de nous ? Je suivais du regard le bout de la queue de mon amie et c'est ainsi que nous quittions le marché. J'avais eu du courage en m'adressant à l'humain, mais la fin de la conversation était devenue pathétique. Pour moi, du moins. C'était vraiment ça la Reynagane Shäa de maintenant ?
Je secouais ma tête et rattrapais Nyana pour essayer d'oublier toute cette histoire. C'était une brèche que j'avais cru possible, mais qui étais en réalité, impossible à emprunter.

Madame nous lança une pique acerbe à notre retour. Par notre retard et ma tunique poussiéreuse, j'eu du mal à encaisser son « Tu me déçois ». Après cette rencontre tôt le matin, je n'avais pas adresser la parole à Nyana tout comme elle, envers moi. Nous n'étions pas fâchés. C'était plutôt un sentiment qui nous tiraillait toute les deux, je pouvais le sentir. Zénith. Ce mot m'accompagna pendant toute la matinée de travaille. Je nettoyais la bibliothèque avec une autre esclave en me passant ce mot en boucle, dans ma tête. Ilhan Avente. Un humain qui donnait son nom a des inconnus était une pratique nouvelle, non ? La matinée fut longue et pleine de questionnement qui me faisait tourner la tête. L'heure approchée, l'heure où l'homme nous attendrait à la grande frégate en construction, comme il l'avait si bien expliquer.

Je descendais vers les cuisines quand Nyana arriva vers moi avec un regard que je connaissais bien. D'une voix basse et à l'abri des regards des autres Gräarhs elle me questionna. Je passais mon regard d'un œil à l'autre avec rapidité tout en jetant parfois quelques autres vers le centre des cuisines.  

- Devons-nous le rejoindre ? Que penses-tu de lui ?

- Nyana, commençais-je tout bas, presque avec honte. Je pense que tu sais le fond de ma pensée. J'ai envie de croire que dans ce port, dans moins de temps qu'il n'en faut, on pourrait changer le cours de notre vie.

Je plongeais mon regard dans le sien.

- Mais c'est bien trop risqué. Je suis effrayée à l'idée que se que je ressent au fond de moi ne soit qu'erreur et illusion.

Une esclave passa contre nous et son coup d'oeil me déplut. Je prenais les épaules de Nyana avec la force que j'avais pour la tirer dans un coin.

- Je sais ce que tu penses. Je crois que je me suis décidée. Je ne pense pas vivre plus terrible encore et si tu es là, tout ira bien. Maintenant, il n'y a plus qu'à trouver un moyen de sortir à nouveau d'ici alors que le soleil et haut...

Je dressais les petits oreilles et je cherchais avec conviction. Nous n’avions rien à perdre après tout... On avait peu de temps avant de rater le rendez-vous. Je me précipitais alors vers Maya, une bonne cuisinière qui me regarda avec surprise en émettant un grondement.

- Maya, Madame voudrait du saumon ce soir. Elle vient de changer d'avis, veux-tu que l'on se dépêche d'aller t'en chercher avant que les dernières fraîcheurs ne s'arrête.

La Gräarh plissa des yeux avant de soupirer.

- J'avais commencé a préparer un magnifique rôti, qu'est-ce que je vais en faire moi maintenant ?!

La Gräarh rouspeta une bonne minute et je jetais un regard empressais vers Nyana.

- Vous êtes sûrs que vous n'avez pas mieux à faire ? Vous étiez déjà au marché ce matin.

- Je te répète simplement ce que Madame souhaite.

- Bon, bah vas-y, enfin allez-y, mais dépêchez-vous, j'ai pas que ça à faire, du saumon maintenant ! Maya fait-ci, Maya  fait-ça. Toujours...

Je marchais avec rapidité en prenant le bras de Nyana au passage, m'éloignant des cuisines.

- Bon, on a quelques sous pour acheter un poisson au passage, Nyana, j'espère que je ne me trompe pas.

On quittais en silence pour la deuxième fois la maison des Luytred. Ce mensonge me brûler la gorge, la pauvre Maya qui avait presque finit de préparer un merveilleux repas pour le soir. Qu'elle honte Reynagane. Une honte !
Les oreilles en feu, Nyana et moi marchions vite. C'était peut-être trop tard après tout. Et j'espérais au fond de moi que non.

Arrivée à la zone portuaire, l'immensité de la chose et quelques souvenirs me firent hérissés le poil. Je mettais sagement ma capuche rouge sur ma tête et je me collais à mon amie. Un coup, j'avais espoir et un coup j'étais terrifiée. J'étais ridicule. Il n'y avait plus qu'à retrouver l'humain, s'il était là.


Dernière édition par Reynagane Shäa le Jeu 23 Avr 2020 - 19:56, édité 2 fois

descriptionPlus prêt de la liberté [PV - Reynagan Shaä & Ilhan Avente] EmptyRe: Plus prêt de la liberté [PV - Reynagan Shaä & Ilhan Avente]

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Ilhan sentit clairement une hostilité crépiter dans l’air, émanant de la Graärh au pâle pelage. Il entendait également parfaitement le tambour battant de l’autre, qui semblait plus timorée. Il s’était souvent demandé s’il devait considérer l’immaculation comme une bénédiction ou une malédiction. Mais plus le temps avançait, plus il en apprenait au sujet de son ancienne condition humaine, si faible et si fragile, et plus il en venait à apprécier les avantages de sa race. Quand bien même il cachait savamment sa nature actuelle et se faisait toujours passer pour un humain, comme ses proches le lui avaient fortement conseillé. Jamais auparavant il n’aurait pu percevoir tant de choses, de sons, de subtils détails…

Sans ces petits signes, très légers, à peine perceptibles, sans doute aurait-il pensé que tout était perdu et qu’il ne reverrait plus ces deux Graärh. Le "nous verrons" de la Graärh aurait pu le refroidir et lui faire comprendre un "non", là où le coeur et le regard de la rousse lui criaient en silence un "peut-être oui". Il s’accrocha donc à ce petit espoir, sans savoir pourquoi les revoir lui tenait tant à coeur soudain. Sans doute parce qu’il avait l’impression de sentir une profonde détresse en elles deux ? Ou parce que… parce que c’était là renouer en quelque sorte avec les actions de son ancien lui en faveur des Graärh ? Peut-être un peu des deux oui. Le Ilhan humain avait souvent agi ainsi : tendre une main, secourir quelqu’un et finalement se trouver ainsi des alliés, des soutiens. Sans forcément toujours calculer sur l’instant les bénéfices acquis pour autant. Sur le moment, il voyait juste de l’aide à apporter, une âme qu’il voulait sauver, ou un potentiel détecté. Il fallait croire que cette part de lui était restée malgré sa, ou plutôt ses, transformations.

Ilhan ne répondit rien toutefois, quand il les vit reprendre leur sac et partir. Il se contenta d’un léger hochement de tête, adressé à chacune d’elle, et d’un léger sourire se voulant encourageant quand la rousse passa près de lui. "Oui, venez, n’ayez crainte, je ne vous veux aucun mal", criaient ses orbes sombres qui pétillaient soudain de petits éclats dorés. Il serait au port, assurément. Il attendrait, le temps qu’il faudrait. Autant de temps que le lui permettrait l’heure de son propre départ à venir.

L’althaïen les regarda donc partir, et pria les Huit et les Esprits-Liés que les Graärh viennent quand même. Et alors qu’une touffe rousse disparaissait au détour d’une ruelle, son regard se reporta sur les étals autour de lui. L’activité du marché avait repris. Il était actuellement dans une section du marché dédiée surtout aux marchands d’étoffes et d’objets, qui tentaient d'attirer les badauds sur le départ. Dont lui. Il allait s’en détourner, quand son œil accrocha un éclat qui lui rappela quelque chose…

Il s’approcha alors de l’étal et aperçut un bijou, précieux objet, parmi bien d’autres. Un bijou qu’il avait déjà vu dans un de ses souvenirs du Livre de Vie. Une promesse des honorés… Un bijou précieux et inestimable chez les Graärh, qu’un des leurs, Jangali Pakaana, avait partagé avec lui pendant un temps. Un tel objet ici ? Sans doute un objet volé à un esclave… Cette pensée rembrunit aussi les pensées de l’althaïen qui manqua fusiller du regard le marchand. Il se retint toutefois et parvint à garder un visage de marbre, et un sourire faussement avenant, quand il releva les yeux sur lui.

Et une autre pensée lui vint aussitôt : il avait croisé les deux Graärh devant cet étal. L’une d’elles avait-elle aperçu l’objet, elle aussi ? Et sous l’émoi, ne l’avait pas vu et l’avait ainsi renversé ? Pour lui, sans qu’il ne sache pourquoi, c’était là en tout cas un signe des Dieux. Il désigna alors l’objet et tenta d’en marchander le prix. De savoir que ce forban allait se faire une fortune sur la peau d’un Graärh sans doute maintenant aux fers lui faisait assez mal comme ça. Mais il lui fallait cet objet ! Absolument ! Pour lui, il était prédestiné aux deux Graärh qui semblaient si unies.

Il parvint à l’avoir à un assez bon prix. Et rajouta même quelques pièces pour acheter sa discrétion. Chut, silence, secret, entre vous et nous et les Dieux. Peut-être y en avait-il même un de trop, pensa-t-il à part lui, retenant des envies meurtrières.

Pour se calmer, il décida de continuer à déambuler un peu avant que le marché ne ferme. Grand mal lui en prit, car, acheteur compulsif qu’il pouvait être, il aperçut rapidement deux autres objets qui lui semblaient de beaux cadeaux aux Graärh. Tel un gage de paix ou de bonne volonté de sa part de les aider, à sa manière. Certes, il s’imaginait bien qu’en tant qu’esclaves, elles devraient cacher ces possessions, mais il les espérait suffisamment intelligentes pour trouver un endroit sûr et sécurisé. Avec une petite pensée pour son comptable qui allait certainement lui faire une leçon mémorable à son retour, il céda à sa pulsion et acheta un Murmure des esprits, magnifiques boucles d'oreille en cuivre brossé, de tradition Graärh, auxquelles était accrochée une griffe animale, ainsi qu’un Pankahbeek, une curieuse arme d’origine Graärh aussi, munie d’une petite lame double biseautée, longue de quinze à vingt centimètres en forme de goutte d’une belle teinte métallique, et équipée d’une bague de cuir renforcée pour s’accrocher au bout de la queue. L’arme était équipée d’un petit réservoir à poison, ce qui lui rappela le petit aiguillon que lui-même possédait, bien caché.

Des achats peut-être inutiles, si les deux Graärh ne venaient pas finalement, songea-t-il alors qu’il quittait le marché. Mais non, au final, peu importait. Il trouverait toujours quelqu’un à qui les offrir au pire des cas. Et il se devait d’aller à ce rendez-vous, en gardant espoir, sans partir d’un esprit négatif. Il devait y croire. Les Huit et les Esprits-Liés avaient sans doute entendu sa prière et inspireraient les deux Graärh ! Obligé ! Oui, il devait y croire.

Et c’est ainsi qu’il se rendit au lieu de rendez-vous sur le port, emmitouflé d’abord de brumes magiques, pour mieux se fondre dans l’ombre d’un entrepôt, tout en ayant une bonne vue dégagée. Il avait faussé compagnie à ses garde-loups en douce, et n’avait pris en escorte que des araignées, qui savaient elles aussi se fondre dans la masse et les ombres et rester discrètes à bonne distance. Il préférait garder cette rencontre-là sous le sceau du secret, autant que faire se pouvait. Il ne savait pourquoi ni comment, mais son instinct, et surtout sa pythie, lui soufflaient que les deux Graärh préparaient quelque chose… Il ne voulait pas les dissuader, mais préférait qu’il n’y ait pas de liens directs avec Delimar. Il avait donc revêtu aussi son masque des mystères pour cacher son vrai visage, le temps qu'elles arrivent.

C’est ainsi qu’il attendit. Attendit. Attendit encore. Il commençait à désespérer, et l’astre diurne commençait déjà à descendre doucement sa course dans le ciel, quand enfin… il les aperçut.

Ce ne fut d’abord qu’une queue rousse. Puis une plus pâle. Et enfin les deux silhouettes se confirmèrent. Il sentit son coeur battre un peu plus fort sous la joie et le soulagement.

Par ici, souffla-t-il aussitôt, en langue Graärh, quand toutes deux furent à portée.

Rapidement, il ôta son masque, pour qu’elles puissent avoir confirmation qu’il s’agissait bien de lui.

Venez, par ici, s’il vous plait.

Se disant, il les invita à se faufiler dans l’ombre entre deux entrepôts. Une ombre calme, où il n’y avait quasi aucun passage, et surtout où quelques caisses les masquaient aux yeux des passants de la rue. Il se doutait qu’elles hésiteraient à le suivre en ce lieu.

J’ai quelques petites choses à vous donner… et je préfère que vous ne soyez pas vues en de telles possessions, souffla-t-il rapidement en un murmure, espérant leur faire comprendre ses réelles intentions.

"Au risque qu'elles leur soient directement reprises", ajouta-t-il en son for intérieur. Un non dit qui flotta toutefois clairement dans l'air.

Et rapidement, il s’enfonça dans les ombres, espérant qu’elles le suivraient. Qu’elles se diraient ne pas être venues jusqu’ici pour rien. Puis, sans un mot, il se retourna dans leur direction, s’abaissa et posa un genou à terre, devant un petit paquet enveloppé de tissu posé là. Avec un sourire taquin et amusé, il défit lentement le tissu et leur laissa observer les objets qu’il avait achetés le matin même. Il releva alors ses orbes sombres, priant pour qu’elles l’aient suivi et avides de voir leur réaction.

descriptionPlus prêt de la liberté [PV - Reynagan Shaä & Ilhan Avente] EmptyRe: Plus prêt de la liberté [PV - Reynagan Shaä & Ilhan Avente]

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Elle veut fuir. Rentrer chez elle. Croire en cette lumière que je ne perçois pas. C’était pour cette raison que je lui avais posé la question. Elle savait mettre sa rancœur de côté. D’imaginer un avenir. Je soupirais en l’entendant parler. Je n’étais pas sûr. J’avais du mal à voir le futur. Ne plus avoir confiance envers une race était compliqué. J’étais plus agressive, plus possessive avec Rey… Chaque jour devient compliqué.

Mais elle semble avoir le dernier mot. Avant que je ne dise quoi que ce soit, elle s’était adressée à Maya. Une femelle qui préparait la cuisine. Rey aussi avait eu l’idée d’aller chercher du poisson. A peine que cette Maya nous autorisâmes à sortir, que la rousse me tire dehors. Je pouvais presque la voir sourire. Comme si tout ceci n’était qu’un jeu.

A travers le brouillard, on avance. Les rues sont silencieuses, comme si la mort était passée. Comme si le brouillard avait tout engloutis sur son passage. J’avançais à côté de mon amie, chaque sens à l’affût de la moindre chose suspecte. Cela nous prit un certain temps avant d’arriver au point de rendez-vous.

Je fis signe à Rey de s’arrêter, puis la tirai sur le côté pour qu’on se cache. On était large et grande, on devait faire attention à ne pas être vue par quoiqu’onques. Je n’aimais pas ce silence… Une seule chose me venait en tête, rentrer à la maison. Ramener Rey en sécurité. Un faible rire sortit de ma gueule à cet instant devant cette pensée. Même dans cette maison, elle ne serait pas en sécurité. Peu importe où nous irons, on sera chassé, frappé, maltraitée. Rapidement, quelque chose, ou plutôt quelqu’un attire mon attention. Caché sous une épaisse capuche, je laisse un faible grondement sortir, n’étant pas sûr de qui cela pouvait être. Je n’avais pas complètement confiance en l’humain que l’on avait rencontré. Cela pouvait très bien être un second kidnapping pour nous vendre ailleurs. Si vicieux…

Par ici.

A travers l’épaisse brume, la voix faible de l’humain traverse le silence. Elle se réfugie au creux de nos oreilles. Je comprends que c’est bien l’homme que nous avions rencontré plutôt dans la journée. Il avait compris, grâce à Rey qu’on viendrait le retrouver. Je devais lui apprendre à rester un peu plus neutre dans ses expressions… Approchant de l’individu, jusqu’à être à une distance respectable. Je le vois prendre une nouvelle inspiration pour s’exprimer de nouveau. Après avoir relevé sa capuche qui cachait son visage.

Venez, par ici, s’il vous plait.

A peine arrivée devant lui. Le jeune homme nous demande de le suivre. On se faufile entre deux entrepôts, caché par de grosses marchandises. A cause de ma taille, je me baisse légèrement pour être à peu près à la même hauteur que l’humain.

J’ai quelques petites choses à vous donner… et je préfère que vous ne soyez pas vues en de telles possessions.

Inclinant légèrement la tête sur le côté, j’avais du mal à comprendre ce qu’il voulait dire. Il était de plus en plus étrange et mystérieux. Son petit jeu commençait à me taper sur le système nerveux, mais devant la douceur de Rey, j’arrivais à garder mon calme. D’un coup, il se faufila à travers le brouillard, devenant pratiquement invisible. Je n’avais pas eu le temps de le voir partir qu’il avait pratiquement disparu. Tentant de le suivre, je gardais mes questions pour moi. Je ne voulais pas risquer de le perdre son odeur. Ayant plus de mal à me fier à ma vision dans ces circonstances, j’avais pris cela comme une partit de chasse. Traquant notre homme comme s’il n’était qu’un vulgaire gibier.

descriptionPlus prêt de la liberté [PV - Reynagan Shaä & Ilhan Avente] EmptyRe: Plus prêt de la liberté [PV - Reynagan Shaä & Ilhan Avente]

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Je ne savais pas si c'était la saleté de la zone où bien tout les bruits que je pouvais percevoir qui attisaient tant ma peur, mais je regrettais certainement le choix que j'avais fait. Comme d'habitude, mes émotions étaient aussi instable qu'un bateau en pleine mer. Nyana m'agrippa soudain le bras pour m'emmener vers un endroit à l'abri des regards curieux. Il était facile de dissimuler une tête, un museau et des oreilles mais il était moins facile de cacher la taille et la queue poilu qui nous servait d'équilibre. Je n'osais pas regarder chaque individu, par simple curiosité. J'avais trop peur et pourtant, si j'étais restée sur Néthéril, jamais je n'aurai put imaginer que ce monde regorgé de différences et d'espèces. Dommage que certains se croyait tout permis, jusqu'au point de se servir d'une autre espèce à ses propres fins.

Je pouvais voir aux oreilles et à la respiration de Nyana qu'elle n'appréciait pas non plus ce plan foireux. Je penchais la tête sur le côté lorsqu'elle esquissa un sourire, voir même un rire léger mais je ne lui demandais pas qu'elle en était la cause.
C'est alors dans la brume que j'apercevais enfin un visage qui me semblait familier. Une seconde et j'avais l'échine qui me picoté par une joie vraiment étrange. Il avait tenu bon discours et était venu. Pourquoi j'étais si heureuse ? Je ne le savais pas trop. J'avais vraiment bon espoir et je faisais confiance à mes Esprits-Liés. Eux, me soufflaient une impression de bonne chance et je ne pouvais que suivre ce sentiment. Je pouvais tout aussi bien me tromper, auquel cas, je menais Nyana à de nouvelles horreurs.
Je secouais mes oreilles pour chasser ses mauvaises pensées et je posais ma patte sur l'épaule de ma sœur de cœur qui grondait. J'arrivais par de simple geste à l'apaiser, comme elle arrivait avec de simple mots, à me rassurer.

Plus de doute, lorsque l'humain murmura en Hindi « Par ici », je ne pouvais que portait mes griffes à ma capuche et sortir de l'ombre avec Nyana. Je ne pouvais m'empêcher de sourire faiblement en essayant de cacher le plus possible mon soulagement et cette angoisse constante. Ilhan Avente, toujours dans notre langue, nous demanda de le suivre dans un endroit plus calme. Je gardais dans la tête les bonnes ondes, et je ne pensais à rien de malheureux qui pourraient nous arriver dans ce coin, à l'abri des regards. Voyant nos yeux sûrement sceptiques et sans doute révélateur, il ajouta quelques mots qui attisèrent encore ma curiosité. Que voulait-il dire ? Les humains étaient toujours des êtres bizarres dans leur attitude.
Le suivant de prêt, je remarquais en effet un paquet étrange.

Pas d'autres humains cachés dans les ombres et les nuages brouillant la vue. Pas de bruit étrange. Il n'y avait que l'homme, Nyana et moi. Je soufflais doucement en regardant derrière moi. Je tenais fermement ma capuche sur ma tête comme si elle pouvait me protéger.
Soudain, l'homme se retourna enfin et posa un genou à terre. J'écarquillais les yeux et reculais d'un pas croyant d'abord à une idée farfelue puis, laissant voir le paquet, mes deux oreilles se pointèrent en avant. Je jetais un bref coup d’œil à Nyana, intriguée comme moi mais où l'on pouvait apercevoir un léger agacement. Puis revenant sur le visage de l'homme, celui-ci avait maintenant une mine amusée. Je plissais les yeux sans savoir s'il se moquait de nous où une autre chose du genre mais le voyant défaire lentement le paquet, je baissais le regard sur ce qui se trouvait devant nous.

J'ouvrais la gueule. Puis l'a refermais. Je ne comprenais pas ce qu'étais en train de faire l'humain. Il semblait heureux de nous présenter ses trouvailles. Je faisais un pas en avant pour sentir une décharge foudroyante dans mon cœur. Il y avait là de beaux objets provenant sans aucun doute de Néthéril. Des objets magnifiques à mes yeux. J'arrivais à lire leurs dures histoires et tout comme nous, leurs passé douloureux. J’écarquillais vivement les yeux. Bien sûr j'avais observé cette boucle d'oreille, et ma propre douleur devant mes anneaux que j'avais perdus refit surface. Mais ce qui m'interpella encore plus fut le bijou qui trônait presque au centre du tissu. J'arrivais à me souvenir de la forme et des détails de celui-ci. Magnifique, une pure merveille de création.
Je m'accroupissais par terre, comme si j'avais totalement oublié qu'est ce que je faisais ici pour observer avec détail les objets. J'effleurais du bout de la griffe le bijou puis je parcourais les présents. Une seconde, seulement une seconde, j'étais la jeune Reynagane Shäa qui pouvait à nouveau toucher les siens.  Oui ! Je me souvenais aussi de ce type d'armes ! Mon père en possédait une. Mon père... Je revenais très vite à la réalité comme happait par une flamme affamée. Ces objets...n'avaient rien à faire ici. Là n'étaient pas leurs places, tout comme moi et mon peuple. La boucle d'oreille, si belle soit-elle devait appartenir à un Gräarh qui lui aussi, avait tout perdu. Comment imaginer pensé une seconde à mes deux anneaux dorés perdus sur une étale. Arraché contre ma volonté et revendus pour le profit d'un sale bougre. Je ne souriais plus et je me rendais comptes que j'étais par terre. Je levais alors la tête vers Ilhan Avente.

- Pourquoi seigneur ? Vous... tout ceci... pour nous ? Pourquoi donner de tels choses à deux esclaves ? Je ne comprend pas. Nous n'avons rien fait, nous...

Je n'arrivais même pas à expliquer ce que je ressentais.

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Quel étrange duo, nota Ilhan en son esprit. La Graärh pâle, Nyana, s’il se rappelait bien son nom, semblait aussi farouche, que la Graärh rousse, Reynagane, semblait curieuse. Le Sainnûr sentait instinctivement qu’il devrait prendre garde à ses gestes avec Nyana. Pour elle, il pouvait n’être qu’un bourreau… ou une proie sur laquelle se venger. Mais le regard pétillant de curiosité, et d’espoir ?, de Reynagane enjoignit l’althaïen à aller jusqu’au bout de sa démarche. Peut-être que s’il gagnait la confiance de cette dernière, sa compagne ne commettrait rien contre lui.

Oui, ce rictus Graärh avait tout l’air d’un sourire. En tout cas les gestes plus doux, plus posés, de Reynagane étaient encourageants. Elle semblait vouloir croire en lui, tout comme il voulait croire en elle. S’ils arrivaient tous deux à s’apprivoiser, peut-être que Nyana s’adoucirait aussi un peu.

Ilhan se retint de sourire quand il les vit aux aguets, à observer les alentours, comme pour vérifier qu’ils étaient bien seuls. Il en aurait fait de même à leur place. Et sans être à leur place en fait, songea-t-il. Il avait, sans qu’il ne sache totalement comment, acquis cet étrange réflexe aussi, de toujours vérifier issues et présences quel que soit le lieu où il allait. Il n’irait certes pas le leur reprocher alors. Oui, dans cette ruelle ils étaient seuls. Même si ses gardes-araignées restaient lovés non loin, postés sur un toit, une balustrade, ou une caisse plus haut, à l’affût du moindre danger envers le Tisseur. Il ne se formalisa pas de leur attitude, et leur laissa tout le temps requis pour se sentir un tant soit peu apaisées, si ce n’est en réelle sécurité. Et attendit, là, à genou, devant son paquet et ses présents découverts. Il observa toutes les mimiques des Graärh, tout particulièrement de la rousse, la plus expressive des deux : les oreilles en avant, la gueule s’entrouvant et se refermant, en signes de claire surprise. Ilhan n’était pas peu fier de son petit effet. Son côté joueur, taquin, aimait bien surprendre les autres. En positif si possible…

Et quand enfin Reynagane s’accroupit vers les objets, Ilhan hocha la tête, en silence, en simple geste d’encouragement. Oui, elle pouvait toucher, semblait-il vouloir dire avec les yeux. Mais il vit soudain passer une ombre dans les orbes vert pâle de la Graärh et son coeur se fendit. Avait-il commis une erreur, un impair ? Après tout, même s’il avait beaucoup lu ce que son ancien lui avait laissé comme écrit au sujet de ce peuple originel de l’archipel, il avait vite compris qu’il lui restait encore beaucoup à apprendre. Qu’il n’avait fait qu’effleurer la culture, certes tribale d’apparence, mais riche en essence, de cette race.

- Pourquoi seigneur ?

Oui, bonne question. Pourquoi. Lui-même n’était pas bien sûr d’en avoir la réponse. Un instinct, une pulsion l’y avait poussé. Il avait perçu par sa Tela le projet, même si vague et flou, et aussi un peu fou, que rêvaient de réaliser les deux Graärh. Fuir, loin, rejoindre les leurs peut-être. Il avait alors juste voulu… leur donner un petit coup de pouce ?

- Pourquoi donner de telles choses à deux esclaves ?

Bonne question, une fois encore. Décidément Reynagane était vive d’esprit. Nyana aussi, mais elle recelait plutôt la vivacité d'une chasseresse prête à bondir au moindre danger. Et, alors que l’althaïen laissait errer son regard sombre de l’une à l’autre, il trouva qu’elles se complétaient à merveille. Confiance et méfiance, curiosité et prudence, altruisme et férocité prédatrice… Ce ne serait qu’en alliant leurs atouts complémentaires qu’elles parviendraient peut-être à réaliser leur rêve, songea-t-il.

Vous n’avez pas besoin de faire quoi que ce soit, répondit enfin Ilhan d’une voix douce, tentant de continuer en langue Graärh.

L'avantage de ce dialecte : au moins peu ici le connaissaient. Peu pourraient donc les comprendre, si quelqu'un advenait, malgré ses précautions, à les surprendre ou les entendre. Il ne bougea pas d’un pouce. Et regarda Reynagane, puis Nyana, droit dans les yeux. Il avait retenu une chose : avoir un regard franc avec les Graärh.

J’ai… eu comme le pressentiment que vous pourriez en avoir besoin. J’ai senti… que vous nourrissiez… peut-être… quelques projets.

Il leva doucement une main et montra son anneau Tela qu’il fit délicatement tourner.

Il me permet de percevoir certaines… choses.

Pensées, vœux, ambitions ou émotions qu'il pouvait littéralement manger. Mais il tut cette information.

Je vous rassure, peu d’êtres en sont capables. Les dragons, leurs dragonniers éventuellement pour les liés, les Baptistrels, et quelques rares autres personnes.

Comme les Ast, mais ils étaient peu nombreux encore.

Mais…

Devait-il les mettre en garde ? Les pousser à apprendre à protéger leurs esprits ? Ou à mettre en œuvre leur projet au plus vite avant que d’autres ne l’apprennent ?

Si vous ne parvenez pas à protéger votre vœu le plus cher, alors ne tardez pas trop à le réaliser, souffla-t-il en un murmure.

Oui, il avait osé. Lui, conseiller de Delimar, venait d’encourager deux Graärh esclaves… à fuir. Certes, il n’avait pas prononcé les mots fuite, évasion ou autres paroles qui l’auraient totalement trahi… mais tout de même.

J’ai alors simplement suivi une… pulsion. Une volonté à vous apporter, à ma manière, un peu d’espoir. Je vous ai déjà dit mon nom. Peut-être ne le savez-vous pas, mais j’ai oeuvré, sous l’instigation de mon Intendante, mon Aaleeshaan à moi, pour le projet d’abolition de l’esclavage des Graärh en notre cité de l’océanique. Je sais qu’ici aussi d’autres tentent d’oeuvrer dans le même but.

Oserait-il jusqu’à donner un nom vers qui les deux possibles futures fugitives pourraient ainsi se diriger ? Après tout, au point où il en était....

Une spirite de la Corneille, siégeant au sein même du Conseil de Caladon, bataille jour après jour pour le même projet ici. Dame Falkire. Autone Falkire. Peut-être serait-il intéressant que vous essayiez… de la contacter ?

Il sourit intérieurement en songeant à la réaction de la corneille si elle apprenait ce qu’il avait fait. Il venait tout simplement d’encourager deux Graärh à aller jusqu’au bout de leur envie de fuite, même s’il n’avait pas prononcé le mot en tant que tel, et il venait qui plus est de refiler le "bébé" à Autone. Assurément, c’était osé. Et possiblement un sacré coup fourré. Mais étrangement, il ne regrettait en rien ce qu’il venait de faire.

Et notre cité œuvre maintenant à l’intégration des Graärh dans notre société, s’ils le désirent.

Mais il était temps de changer de sujet. Ils ne pouvaient pas trop trainer non plus, malheureusement. Le temps était sans doute compté pour les deux esclaves, qui risquaient d’être attendues.

Il attrapa alors les boucles d’oreille et les tendit à Reynagane.

Vous sembliez y être attirée. Elles vous seront donc destinées.

Puisque les Graärh n’osaient prendre ses cadeaux, il les leur donnerait en main propre. Il s’empara ensuite de la Promesse des Honorés, ce bijou si précieux et si rare chez les Graärh.

Celui-ci pourra vous lier toutes deux. J’ai déjà vu un tel bijou et j’en connais toute son importance pour votre peuple. J’espère qu’il saura vous apporter toute l’aide dont vous aurez besoin.

Puis enfin prenant la dague avec délicatesse, il la leva vers Nyana, sans pour autant se redresser lui-même. Restant ainsi à genou devant elle, tel un homme lui faisant une offrande.

Peut-être cette dague vous plairait-elle ? Chasseresse ?

descriptionPlus prêt de la liberté [PV - Reynagan Shaä & Ilhan Avente] EmptyRe: Plus prêt de la liberté [PV - Reynagan Shaä & Ilhan Avente]

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Une fois à l’abri des regards, caché par diverses caisses. L’humain sortit les uns après les autres des objets. Il disait qu’il avait eu le pressentiment qu’on préparait une chose. Je l’observais d’un œil légèrement mauvais, je ne savais pas comment réagir devant cette révélation. Devait-on se méfier de lui finalement ? Il devenait de plus en plus mystérieux et ça commençait à m’énerver légèrement. Alors que j’allais rouler des yeux, mais lorsqu’il annonça qu’il cherchait à abolir l’esclavage dans sa ville, mon regard se tourna instinctivement vers le petit homme. Ce qu’il disait était de plus en plus intéressant et je remerciais Rey en silence pour m’avoir poussé à venir ce soir. Il nous parla d’une certaine dame Falkire, qui elle aussi cherchait à ce que notre peuple devienne libre. C’était une chance pour nous, cela me redonna espoir pour un avenir meilleur pour nous.

L’homme mystérieux finit par offrir des boucles d’oreille à Rey, elle était au bord des larmes, j’aimais-je ne l’avais pas vu aussi ému. Ce n’étaient pas toujours les jours qu’on recevait de t’elle présent. Juste après, il sortit un bracelet, un bijou que je reconnaîtrais sans aucune difficulté. Je faisais signe à Rey de le prendre, elle était bien plus croyante que moi et le méritait amplement.

Alors que je pensais que la distribution était terminée et qu’on pourrait reprendre le petit échange verbal. Le visage pâle sortit de nouveau un objet. Le regard rivé sur la dague qu’il me montrait. Cela me fit un choc, mais il fut bien plus ravageur lorsqu’il prononça le mot « Chasseresse ». Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas entendu une telle chose. Un vague souvenir me revenait en mémoire, un jour banal où j’étais sur le sable chaud de notre pays, un endroit paisible. Profitant du beau temps pour une journée de chasse.

Chassant ces souvenirs en secouant vivement la tête, je reportais mon regard sur la dague en forme de goutte. Jamais je n’avais vu une telle beauté. Je remarquais que mes mains tremblaient légèrement lorsque je voulais prendre la chose. C’était une soirée bien trop merveilleuse, que j’avais peur que ce ne soit qu’un simple rêve… Maintenant qu’elle était dans ma main, je sentais mon corps vibrer. Une arme provenant de notre peuple, j’avais l’impression de les sentir près de moi. C’était peut-être stupide, mais durant une fraction de seconde, j’avais eu la sensation d’être enfin chez moi.

Relevant la tête, j’inclinais légèrement la tête pour remercier l’humain qui venait de nous offrir de telles choses. Laissant un faible ronronnement de quelques secondes avant de prendre un air plus sérieux.

- Je vous remercie. Cela fait bien longtemps que nous n’avons pas croisé une personne aussi aimable. Je ne trouve pas de mot assez fort pour exprimer ma gratitude.

Je le regardais droit dans les yeux, sans baisser le regard. J’avais toujours pris les humains pour des montres, mais ce petit homme faisait bien exception à la règle. Devant son geste, je ne pouvais que lui offrir mon amitié et lui promettre de lui rendre la pareille un jour ou l’autre.

Je finis par m’incliner légèrement, le poing sur le cœur pour lui témoigner mon respect. Il avait réussi à gagner ma confiance.

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Mon coeur battait si fort. Je sentais des vilaines larmes apparaître dans le coin de mes yeux. Quel honte, pleurer, que dis-je, pleurnicher devant un presque inconnu ! Non, ce n'était pas convenable. L'humain sembla remuer des mots dans sa tête pour s'expliquer convenablement. Je restais sans bouger, essayant de contrôler quelques tremblements qui venaient à apparaître. Mes deux si chère anneaux étaient encrés dans mon champ de vision, à la merci de n'importe qui. Jamais je ne m'étais réellement rendu compte de la douleur que je pouvais ressentir par ces deux simples bijoux.
Ce que m'offrait Ilhan, sans trop d'explication, car oui c'était un cadeau qui me touchait en pleine poitrine. Un mélange de chagrin immense, de culpabilité et aussi de gratitude. Mes muscles se raidirent quand le dialecte prit une tournure surprenante. À nouveau et comme toujours, une vive peur s'empara de moi, du bout de ma queue jusqu'à la pointe de mes oreilles. Je levais mon regard vers les petits yeux doux et quoique malicieux, avec un rictus mitigé sur le museau. Des projets ? Comment ?... Tentait-il encore une ruse après tout ce qui venait de se passer ? J'ouvrais légèrement la gueule avant d'arrêter mon mouvement lorsque l'humain montra un bijoux. La curiosité reprit le dessus lorsqu'il entama une brève explication. Inconsciemment, mes poils sur ma nuque s'hérissèrent doucement devant cette sorcellerie qui m'était inconnu. Je connaissais la magie des plantes et de guérison, mais de-là à apprendre qu'il y avait bien d'autres pouvoirs et plus dévastateur n'était pas rassurant... Pas rassurant mais assez fascinant pour écarquiller les yeux. Une allusion aussi brève qu'un clignement d'oeil à propos des dragons complétèrent ma stupéfaction. Ces créatures divines étaient très importantes et devait être respecté par tous, jamais je n'avais eu l'occasion d'en voir un dans l'horizon.

Si vous ne parvenez pas à protéger votre vœu le plus cher, alors ne tardez pas trop à le réaliser.

Mon museau se tourna instinctivement vers Nyana. Puis, tout mes sens en éveil j'écoutais avec attention la suite des paroles d'Ilhan. Il y avait quelques choses dans sa voix qui se voulait rassurante mais aussi très envoûtante. Je plaçais avec un hoquet de surprise, mais pattes sur mon museau, choqué presque d'apprendre que quelques humains travaillaient pour arrêter l'immondisme qu'était l'esclavage. L'homme n'en avait pas fini, lorsqu'il fit allusion à cette Dame Falkire, je ne pu m'empêcher de me relever, le coeur battant en regardant son amie pour être sûr d'avoir bien entendu. Ce n'était pas possible, peut-être ?... Comment était-ce possible ? Oui dès que j'avais bousculer ce noble personnage, quelque chose m'avait pousser a avancer vers lui. Il y avait mes Esprits-Liés, mais pas seulement, toutes ses prières que j'ai fait depuis deux années, tout ce temps a espérer, a croire à une échappatoire, un renouveau sans jamais voir une lueur ! L'homme qui se tenait devant moi, en qui j'avais voulut faire confiance et qui nous offraient des présents, voilà l'homme qui nous donner notre chance. Et pas seulement, des personnes sur ces terres travaillaient sans relâche pour que tout les Graärhs redeviennent libre ? Mes prières avaient été entendu. Voilà pourquoi je n'avais jamais abandonner, pour entendre cela ! Si Dame Falkire œuvrait pour la libération des Graärhs, alors elle serait sans doute l'espoir que nous attendions.
Encore choqué par tant de nouvelles, j'observais Ilhan Avente me tendre les boucles d'oreilles. Clignant des yeux à plusieurs reprises, je ne pouvais plus refuser, ces boucles étaient des symboles que j'attendais depuis si longtemps. Je l'ai prit délicatement en baissant la tête en signe de respect. Mes pattes tremblaient légèrement. Il ne fallait pas les perdre, surtout pas. Pour le moment, je l'ai accroché à l'intérieur de ma capuche pour que personne ne puisse les voir. Il tendit ensuite ce si beau présent. Le bijou portait une histoire chez tout les Graärhs, je sentis à nouveau une larme coulée sur mes poils quand ma soeur de coeur me fit signe de le prendre.
Je regardais ensuite la scène comme hypnotisé. La dague pour Nyana était si belle, elle disait tellement de chose. Jamais je n'aurai pu croire cette scène possible entre mon amie et un humain, et voilà que cela arrivait.

- Merci seigneur Avente. Ce que vous nous avez apporté aujourd'hui ne pourra sans doute jamais être payer comme il se doit. Vous nous offrez de l'espoir et un chemin clair.

Je le regardais dans les yeux, la voix émue. Un bruit sourd venant du port me ramena alors à la réalité. Depuis combien de temps étaient-elles partis ? Il fallait trouver un poisson pour que rien de cette excursion soit suspect et le temps de rentrer, le soleil serait déjà en train de descendre. Un voile de tristesse passa alors dans mon regard.

- J'espère que... j'espère vous revoir seigneur ajoutais-je rapidement en baissant la tête. Mais nous devons partir.

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Fascinant ces changements d’expressions faciales chez les deux Graärh. Des expressions bien différentes entre les deux, d’ailleurs. Ils ne les comprenaient pas toutes, mais certaines lui étaient assez instinctives tout de même. Et alors qu’il songeait à cet étonnant panel de langage corporel, il se souvint avoir lu une conversation qu’il avait eue antan avec un autre Graärh à Cordont. Purnendu Chikitasak. Un Graärh qui lui avait appris beaucoup : quelques mots de Graärh, quelques coutumes et mœurs importantes chez eux, ainsi qu’un mode de combat rapproché typiquement Graärh qu’il tentait d’apprendre, même si avec grande peine et force difficultés entre sa constitution de base assez fragile et son anatomie humaine qui l’handicapait pour certains mouvements adaptés aux grands félins.

Toujours était-il qu’il pouvait aisément lire la méfiance chez l’une et l’émerveillement chez l’autre. Il fut toutefois soulagé et heureux au fond de lui quand la Graärh la plus méfiante sembla peu à peu baisser sa garde. Les mots magiques semblèrent être la mention de l’abolition de l’esclavage, long projet sur lequel il travaillait depuis plus d’un an. Il poussa un lourd soupir intérieur, sentant enfin une barrière tomber entre eux, et les battements de son coeur s’apaisèrent quelque peu. Un autre mot clé pour les bases du pont qu’il voulait construire entre eux fut chasseresse.

Ilhan remarqua les mains tremblantes de la Graärh et en fut presque ému pour elle. Lui offrir une telle dague, c’était comme lui permettre de regagner sa nature véritable, son honneur aussi. Un long chemin les attendait sûrement pour regagner celui-ci, si ce n’est aux yeux des leurs, au moins à leurs yeux à elles. Elles semblaient avoir été fort éprouvées dans leur propre confiance. En témoignaient leurs réactions tout en pudeur et hésitation. Ilhan ne put alors que sourire quand il vit enfin la chasseresse prendre la dague. cette arme semblait l’avoir appelée, semblait faite pour Nyana, tant soudain elle transcendait la Graärh d’une aura de puissance. Le Sainnûr avait clairement sous ses yeux un prédateur renaissant de ses cendres. Nulle peur toutefois en son coeur à cette vue. Plutôt une certaine joie.

Et sa joie fut pleine et entière quand Nyana lui accorda l’immense honneur de le remercier d’un signe de tête presque solennel et d’un court mais puissant ronronnement. Il avait lu que ce peuple remerciait peu, seulement lorsque nécessité faisait loi, de même qu’il n’aimait guère les excuses à foison. C’était là un hommage pour lui qu’il chérirait et s’empresserait de graver dans ses souvenirs. Pour seule réponse, Ilhan hocha à son tour la tête et son regard noir pétilla d’or, seul témoin de son propre émoi. Il sentait un lien se nouer entre eux. Se reverraient-ils ? Secrètement il l’espérait sans trop savoir pourquoi. Mais il espérait surtout que le vœu de ce duo étonnant se réalise, qu’elles recouvrent liberté et honneur et qu’elles puissent reconstruire leur vie. Si les fils du destin les faisaient ensuite se retrouver, il ne pourrait que s’en réjouir.

J’ai toujours pensé que les mots étaient puissants et pouvaient être une arme aussi affûtée qu’une lame. Mais parfois le silence en dit plus encore et vos yeux parlent pour vous.

Se disant, il lui offrit un doux sourire, et posa un poing sur le coeur tout en s’inclinant, imitant son salut Graärh. Puis fit de même vers Reynagane.

Nul besoin de remerciement. Je suis déjà comblé que vous ayez accepté mes présents. Et voir vos projets se réaliser serait le plus beau des présents.

Ilhan reporta alors son attention sur l’autre Graärh au caractère plus timide, plus expressif et plus émotif. Il sentait avec elle un lien plus direct, presque naturel, comme si un fil les liait, les avait liés depuis toujours. Non, plus encore. Comme si les Huit ou les Esprits-Liés avaient choisi de les unir. Leur rencontre, improbable en soi, était déjà un signe pour lui. Si cette Graärh l’avait percuté, ce n’était sans doute pas pour rien. Même s’il n’avait aucune idée d’où les mènerait tout cela. Il prenait lui-même un certain risque. On pourrait tenter de l’accuser de complicité, si on venait à savoir ce qu’il faisait là… et si le fou projet des deux félines s’exauçait. Mais… au final ? Peu lui importait. Tous connaissaient sa position quant à l’esclavage des Graärh. Il était depuis quelque temps assez réputé pour prôner cette abolition en Delimar. Que son geste présent soit connu ou non, cela n’aurait rien d’étonnant. Et cela n’impacterait pas vraiment non plus les relations diplomatiques. Après tout, ce n'était pas comme s’il les faisait s’évader lui-même n’est-ce pas ? Non, cela, cette tâche-là, il la laissait à quelqu’un d’autre, songea-t-il, tout en souriant intérieurement à la tête de Dame Falkire quand elle apprendrait sa "fourberie". Pour autant, il n’en ressentait aucun remords. Plutôt un amusement certain.

Bien vite toutefois il revint au temps présent. Il vit soudain Reynagane tourner la tête vers le port et le ciel. Oui, l’heure tournait, en effet. Sans doute mieux valait qu’elles rentrent si elles ne voulaient pas sonner l’alerte trop tôt et si leur absence ne voulait pas paraître suspecte.

J’espère avoir l’honneur de vous revoir aussi, répondit-il à son tour de ses doux accents chantants. Et si possible… libres de convoyer vers les sentiers qui vous attendent.

Il tendit à Reynagane l’étoffe qui avait servi à cacher les présents.

Cela pourrait vous servir, si vous devez les cacher en attendant que…

Il tut la suite, songeant que les deux Graärh comprenaient parfaitement le sous-entendu.

Sachez également qu’à Delimar une aide sera toujours apportée à ceux qui en ont besoin.

Son aide à lui du moins. Il l'avait déjà fait avec Jangali. Il le referait encore, surtout pour ces deux Graärh. Les invitait-il à le rejoindre là-bas ? Presque, oui. Si le coeur leur en disait, bien entendu. Il comprendrait qu’elles ne désirent pas forcément se rendre dans une cité ayant pu pratiquer l’esclavage des leurs, même si celui-ci était aboli.

Et si jamais des soucis vous guettent, les ombres pourraient vous être d’une grande aide.

Sous-entendu, il les ferait surveiller par une de ses araignées, et ferait en sorte que cette dernière puisse éventuellement leur apporter un coup de pouce si besoin était… Bien entendu, cette fois il était peu probable qu'elles comprennent pleinement, son identité de Tisseur leur était sans doute inconnue. Mais peut-être comprendraient-elles qu'il tenterait de garder un oeil, bienveillant, sur elles ?

Puis, se levant souplement, il posa de nouveau un poing sur le coeur et les salua toutes deux à la mode Graärh.

Que les Esprits-Liés vous guident et vous aident, souffla-t-il.

Et sans attendre, il s’éclipsa vers le fond de la soi-disant impasse, sa fine silhouette disparaissant rapidement dans les ombres qui immergeaient celle-ci.

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Je ne savais pas quoi dire à cet homme. C’était beaucoup trop pour nous. Je percevais enfin cette lueur que je cherchais désespérément. Il ne demandait rien en retour, absolument rien. Mais je savais d’avance que nos chemins se croiseront de nouveau. C’était écrit dans les cieux. Tout comme la nature qui nous offre de la nourriture, un jour où l’autre nous devons offrir notre corps à la terre. Ses présents, étaient un coup de pouce. Le jour où cet homme aura besoin de notre aide, nous répondrons présent.

Inclinant la tête avec respect, je le remerciais du regard devant son acte de générosité. Je ne comprenais pas vraiment ce qu’il voulait dire en parlant des ombres. Mais j’avais confiance en lui désormais. Laissant apparaître un faible sourire en sa direction. Puis, il disparut dans la brume sans laisser de traces. Il avait raison, il se faisait tard, et nos maîtres risquaient de se douter de quelque chose.

Je me tournais vers Rey en posant mon front contre le sien en ronronnant en symbiose avec elle. J’espérais qu’elle aussi elle pouvait la voir, cette étincelle d’espoir dans mon regard. La liberté nous tendait les bras. Il ne nous manquait qu’une seule chose, rencontrer cette fameuse femme. Ou peut-être pas, on devait réfléchir à tout ceci avant de foncer tête baissée. Ce n’est pas une chose à prendre à la légère.

- Rentrons maintenant Rey, il se fait tard.

Je la pris par la main et la tirai à travers les ruelles pour rentrer. Nous n’avions pas pris de saumons, car il était trop tard. Mais cela ne faisait rien, la cuisinière avait déjà commencé à préparer un truc. Le temps défila à toute vitesse, la pluie avait commencé à s’abattre dans la cité. Je pris une autre direction avant de rentrer à la maison, cachant nos objets dans mon petit repaire secret à l’abri des regards. C’est trempé que nous rentrons dans la grande maison en nous dirigeant doucement vers la cuisine. Je m’approche de Maya et lui annonce que nous n’avions pas réussi à obtenir de poisson pour les maîtres. Comme prévue, elle grogna de mécontentement. Haussant les épaules pour lui expliquer que je m’en fichais complètement ne semblait pas lui plaire non plus. Je retournais finalement à mes occupations.

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