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description[INTRIGUE] Révolte Hivernale  Empty[INTRIGUE] Révolte Hivernale

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Révolte hivernale



Cela va de mal en pire au sein du royaume Sélénien. Sur le volet économique, dans l’ombre, le marché noir saigne l'état, entraînant hausse des prix, hausse de criminalité et disette. Et cela ne s’arrange pas avec la défiance vis-à-vis de la couronne, l'accession d'une femme au trône et les rumeurs au sujet de la responsabilité du lien dans l'apparition des chimères, la lignée des Kohan pourtant longtemps aimée par son peuple se retrouve cible de toutes critiques. Quelle étincelle viendra mettre le feu aux poudres ? Les efforts de Victoria pour rassembler son peuple autour d'elle lui permettront-ils de sauver ce qui peu l'être ?


Intrigue - Révolte Hiver-Naal : 1er Février 1764

Les joueurs disposent d'un délai de 3 jours pour poster à compter de la réception des directives. Nous vous encouragerons même à poster plus vite encore si vous le pouvez (l’intrigue n’en sera que plus développée).  Les RP d’intrigue sont prioritaires sur tous les autres rp normaux.



description[INTRIGUE] Révolte Hivernale  EmptyRe: [INTRIGUE] Révolte Hivernale

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    La Corneille se souvenait.

    Les pieds nus de l'almaréen foulaient la terre où son fils était tombé. Il se tenait exactement où il s'était tenu. Il n'y avait ni statue ni monument, rien de plus que le vide auquel Néant appelait. Et la mémoire de ceux qui se souvenaient de la tragédie. L'almaréen retira les vêtements qu'il portait, l'habit noir de la longue nuit au Néant. Il laissait le tissu tomber a terre. Il ferma les yeux, le vent soufflant les soupirs venus de l'océan. Il faisait le vide en son cœur, mais la charge de l'émotion revenait dans un puissant assaut. L'homme nu s'agenouilla à terre boueuse et l'embrassa, collant son front dans la poussière. Il embrassait le sol qui s'était gorgé du sang de son fils, son sang, le sang royal élu par Néant. Les larmes collèrent la poudre rosée du marbre sur ses joues, la neige, la boue. Il sentait l'ire en lui, il avait pourtant promis d'y résister. Il avait connu le Néant dans sa forme la plus pure, pendant deux siècles où il fut incorporé en lui. Il connut le Néant brisé et rongé par la vengeance. Cela brûlait au sein de ses veines. Comme son propre sang. Il se redressa et cria à pleins poumons la douleur contenue. Monstre de dragon. Quelle victoire y avait-il à massacrer de la sorte des humains ? C'était déloyal... Tout ça pour quoi ? Sauver son blondinet, sa faille. Le dragon avait sauvé Nolan, une seule vie et pour cela il avait décimé des êtres qui réclamaient leur liberté. Monstre de dragon. Il voulait le dépecer.

    Se souviendrait-il, le dragon ? Se souviendrait-il de ce dont la Corneille se souvenait ?

    Avec un autre visage et l'aide de contacts avisés, l'almaréen entrait à Sélénia. Les mendiants gonflaient les rues comme jamais il n'en connut. Leurs visages étaient émaciés par les rudes conditions de vie. L'ancien monarque s'agenouillait auprès de l'un d'eux et lui ferma ses yeux vitreux. Il était mort. Le froid et la faim l'avait emporté. Il ramassa le pauvre bougre et le porta dans ses bras, silencieux. Dans son cœur résonnait des prières pour Néant. Il y avait dans la ville des soldats en armure. L'un d'eux semblait fort gradé. Il déposa la dépouille près d'eux, son faux visage ne portait ni joie, ni haine. Seulement le deuil de l'humanité qui s'éteignait en cette ville. Il était reparti sans un mot. La neige glacée recouvrait les corps de ces endormis. Elle raidissait leur chair déjà trépassée.

    Ses mires bleutées se posèrent sur un bâtiment, plus loin, celui d'une organisation dont l’existence même était une aberration. La Rose Ardente tomberait et sa vénération pour les dragons ploierait avec elle. Honte à eux. Le sang versé nettoierait les prochains jours et s'il mourrait, il offrait toutefois à ce monde la victoire. Les fanatiques de la flamme draconique ne porteraient jamais plus leur parole fallacieuse. Il avait infiltré la demeure de son dirigeant, cette nuit-là et il l'avait tué. Il avait veillé son dernier soupir lorsqu'il avait étreint sa gorge avec une force surhumaine. L'air lui manqua, étouffant dans sa gorge les prières odieuses qu'il dédiait jusqu'alors, aux dragons.

    Dans son observation macabre, il avait pris ses traits alors que les autres dormaient. Il couvrait le corps, étendu au sol. Il avait pris de ses habits et il avait prié le reste de la nuit. Pour Thelem, pouvait-il accepter cet argument ? Il pêchait par colère, comme les siens avaient purgé le sol Ambarhùna. Peut-être était-ce pour cela qu'il demandait pardon pour eux. Il demandait aussi pardon pour lui. Il sentait et comprenait leur colère. Dans ce monde, un dragon avait fait loi, et l'on continuait de vivre avec ces créatures honnies aveuglément. On les priait et les louait même, comble de la honte, au sein de cette Rose Ardente qui devait brûler dans son propre brasier. L'aube se fit timide et tardive en cet hiver. Cela ne lui laissa que d'autant plus de temps pour ses prières. Il devait déclencher une émeute, tant pour occuper les gardes que pour contraindre Nolan à fuir la capitale pour sauver sa vie.

    Vêtu d'une longue robe brune aux borderie blanches de la rose ardente, Naal arborait ce visage nouveau, aux traits aldariens très marqués dans leur caractère commun. Ses cheveux étaient roux, bouclés. Une capuche recouvrait sa tête, par piété. Ses tâches de rousseurs soulignaient ses yeux verts et ajoutait une douceur paternelle à son visage joufflu de quarantenaire. Un épais manteau brun camouflait sa taille légèrement plus petite que l'original et passait pour l’embonpoint que le prêtre hérétique avait. Une fourrure puante lui tenait chaud, au niveau des épaules et camouflait sa carrure de combattant. Ses mains étaient gantées pour affronter l'hiver, mais surtout pour cacher ses tatouages ethniques. Son armure était invisible et son bouclier avait pris la taille d'une broche qui tenait son manteau clos.

    Il avançait dans la neige tombée la nuit qui couvrait les défunts de l'hiver de son voile blanc. Dans ces bas fonds de Sélénia, il trouverait facilement la colère des habitants. L'une de ces silhouette tremblait dans le froid. Il laissa exploser sa colère : « Comment peut-il laisser faire cela ! Le devoir de la couronne est de nous protéger... Que font-ils ?! » Il pesta en prenant les mains meurtries du mendiant. Les passants s'arrêtaient pour comprendre ce qu'ils se passaient. Naal se relevait : « C'est assez ! Nolan et Korentin Kohan nous ont plongé vers le fond ! Ils ont ruiné Ambarhùna et ils ont recommencé en ces terres ! Notre reine essuie les pots cassés de ceux qui ont commis l'erreur d'effacer la liberté des dragons ! Ils se sont Liés, et leur esprit a été déformé pour les punir ! » Naal ne pensait pas tout à fat la même chose. Mais il était certain que le Lien punissait les bipèdes qui étaient ''élus''. Les dragons imposaient la marque du fer de leur esclavage. Il en résultait des conséquences tragiques.

    « Mais ils ont continué à nous diriger ! A guider notre peuple avec leur esprit détruit et ils ont répercuté sur nous leur malédiction ! Regardez nos damnés ! » Il écartait les bras, désignant les trépassés. « Notre Reine ne peut faire ce choix cruel à son cœur... mais nous devons le lui faire entendre et débarrasser notre peuple du Lien honni. Le Lien qui nous souille. Le Lien qui nous a envoyé les chimères ! Rendons aux dragons leur liberté, et cessons de reproduire les mêmes erreurs ! » La colère montait, grondait. Que la baleine lui soit témoin, il savait expliquer la logique sous-jacente à son raisonnement. Même s'il n'était pas le sien, il allait dans son sens dans la mesure où il prônait l'anti-Lien et la distanciation avec les dragons. Pouvait-il faire leur éducation ? La faim qui étrillait leur ventre et le deuil qu'ils portaient de la dernière bataille contre les chimères les feraient-il abonder en son sens ? « Réagissez ! Réagissez !! »

description[INTRIGUE] Révolte Hivernale  EmptyRe: [INTRIGUE] Révolte Hivernale

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Un bruit vint perturber la quiétude du bureau du Maître des Armées, jusqu’à lors empli d’une quiétude à laquelle Claudius commençait presque à s’habituer. A sa porte on toque quelque coups, deux petits et trois grands.

Dans la vie du Maître des Armées, tout est codé pour faire gagner du temps, un peu comme des habitudes bien calibrées. Les dérangements n’échappent pas à la règle, au cas où le membre des hautes instances séléniennes soient dans une réunion importante. Il n’y a d’habitude pas tant de règles que cela pour toquer à sa porte, si ce n’est celle-ci.

Quand quelqu’un vient en utilisant précisément ce rythme, c’est qu’il y a urgence.

Ainsi, le Maître des Armées inspira, avant de répondre d’une voix puissante :

“Entrez.”

Un homme se présente, procède au salut d’usage pour s’adresser à un noble de sa trempe, et explique les raisons de sa venue. Il est un des hommes travaillant pour le Maître de l’Information, qui vient l’informer d’un mouvement inhabituel au sein de la capitale.

Évidemment, le grand-homme pensa t-il, amèrement. Ces derniers jours étaient trop calmes. Claudius l’intime de lui donner plus de détails, et l’homme s’empresse d’expliquer qu’il s’agit du grand prêtre de la Rose Ardente, qui donne discours houleux dans le Quartier de la Roue, un des plus pauvres de la capitale.

Jusqu’à là, rien de très inhabituel. Bien que Claudius ait la tendance à penser que les religions et croyances des uns et des autres, cela devrait se trouver en son for intérieur et non pas exposé à tous sur la voie publique, ce genre de petites “festivités” ne sont pas interdites selon le corpus législatif de Selenia.

Ce qui a tendance a énervé un peu plus le Maître des Armées, c’est quand ce grand chanoine se base sur sa diatribe religieuse pour insulter le pouvoir en place, et blasphémé la famille impériale au passage.

Ce qui est, évidemment, le cas ici.

Claudius écouta sagement le messager, lui rapportant que ce monsieur aurait dénoncé Korentin et Nolan Kohan, que Selenia et l’Impératrice Victoria soient libérées de leurs influences, parce que la malédiction du lien est terrible … Le discours habituel, qui a tendance à être de plus en plus entendu ces derniers jours.

En soi, Claudius ne désapprouve pas ce discours. Mais il a toujours considéré avec mépris les personnes qui en sont les porteurs. Parce que ce sont généralement les mêmes personnes qui ont tourné le dos à Fabius Kohan quand celui-ci se devait d’être solidement soutenu, afin qu’il ait une pleine assise sur son pouvoir impérial, et qu’il puisse rétablir l’ordre en Selenia. Et depuis qu’il n’était plus là, tout partait à vau l’eau dans ce bel Empire que Claudius aimait tant.

Le Havremont regrettait son ami, qu’il avait toujours cru et soutenu en toutes situations, même quand de terribles révélations avaient été faites à son propos.

Toujours est-il qu’il avait juré de remplir sa mission, quoi qu’il en coûte.

Cela n’enchentait guère Claudius car cela lui rappelait des heures sombres de l’Histoire de l’Empire, mais il allait de toute évidence devoir prendre les armes et ameuter l’armée pour calmer la situation. Ça n’était pas aux plébéiens de faire la loi, et encore plus aux religieux dangereux, qui usaient de n’importe quel stratagème pour faire passer des discours parfois franchement douteux.

Il congédia le messager, avec des instructions : d’aller chercher son écuyer et homme de confiance, Lars Aurius, et d’avertir les généraux qu’une mobilisation de l’armée devait être faite, séance tenante.

Le moment était mal choisi pour une révolte : l’Impératrice Victoria était à Cyrène pour une réunion de crise concernant des événements à Ipsë Rosea, la Main du Roi au Duché de Falguerre, et le Maître de l’Information indisposé parce que souffrant. Claudius soupira.

Gérer la sécurité intérieure du pays, il l’avait déjà fait maintes fois, cela ne le gênait pas. Par contre, il était quasiment certain que les réactions politiques qui allaient s’ensuivre au Conseil sur la gestion de la crise s'annonçaient par avance, glorieuses.

Qu’à cela ne tienne. Il n’avait que faire des discours de ses avaleurs de couleuvres, qui avaient accepté de dire des âneries plus grosses qu’eux pour gagner un lopin de terre et de la reconnaissance. La vérité, c’est que Claudius estimait qu’il n’y avait qu’un seul juge à ses actes : la Gloire de l’Empire.
Or, celle-ci était déjà mise à mal en ces temps durs, une révolte populaire n’arrangeait en rien les choses. Il allait régler la question, manu militari. Claudius posa les deux mains sur son fauteuil, et se leva d’un coup de sa chaise. Il était grand temps que l’on rétablisse l’Ordre que l’Empire méritait.

Alors que Claudius arpentait les couloirs du Palais, filant directement dans la pièce où était rangé l’intégralité de son équipement, il croisa Lars Aurius. Un jeune homme de trente ans, qui officiait en tant qu’écuyer, assistant et proche conseiller du Maître de Guerre. Claudius l’avait pris sous son aile il y a quelques années de cela, et avait fait évoluer sa carrière avec lui.

La stratégie allait être simple : prendre un groupe de ses meilleurs soldats afin de contenir la foule, et s’occuper lui-même de l’homme qui s’était pris pour quelqu’un de plus malin que l’Imperium Selenien.

Il s’équipa donc, à l’aide de son fidèle Lars, et ne lésina pas sur les protections. Il prit son armure de guerre complète, ainsi que son meilleur fléau d’armes, priant toutefois pour qu’il n’ait pas à s’en servir de trop.

L’idée ici était de faire une grande manifestation de force, afin de dissuader les plus hésitants de faire quoi que ce soit de contrevenant à l’Ordre Public. Il ne s’agissait pas de tuer, mais de désamorcer rapidement les échauffourés, et si possible de faire un peu de pédagogie …

Mais pour être honnête, Claudius n’était pas persuadé que cela fonctionne. Il apercevait bien que le peuple était agacé, ce qu’il désirait étaient des actions concrètes … Chose qu’il comprenait, mais à laquelle lui-même ne pouvait pas forcément répondre, n’ayant véritablement la main que sur les armées de son pays.

Cela s’annonçait comme plus compliqué que prévu. Claudius ne voulait pas molester son peuple qu’il avait juré de protéger, et qu’il avait protégé par ailleurs, mais il savait pertinemment que les mutins devaient être punis. Afin de préserver l'Imperium.

Une fois équipé et prêt, Claudius sortit du Palais pour trouver des troupes massées en nombre à l’extérieur de celui-ci. Ça n’était pas la mobilisation générale comme il l’avait vu en temps de guerre, très loin de là, mais il y avait suffisamment de gardes et d’effectifs supplémentaires pour maintenir des positions, et calmer une révolte populaire.

Comme à son accoutumée lors de ce genre d’opérations, l’armée salua à l’unisson son Maître, qu’elle appréciait et traitait avec respect. Claudius rendit ce salut, et  eut un regard fier. Oui, il était heureux d’être à sa place, et de diriger de si valeureux hommes. Il passa un à un ses troupes, comme il avait souvent l’habitude de le faire et adressa à chacun une devise, simple et efficace :

“Ad Regno Vocatus, Frère”

“Appelé à régner”, voilà ce que voulait dire ces quelques mots de la vieille langue des Hommes. Elle avait servie de devise à l’armée impériale depuis des temps immémoriaux, car  chacun avait en tête le fait que quand la grande muette était mobilisée, c’était pour des raisons sérieuses, garder l’Empire et maintenir le règne de celui-ci.

Une fois chacun vu personnellement, Claudius s’adressa plus globalement à tous :

“Frères d’armes,

Si je vous ai tous mobilisés prestement, c’est parce que notre peuple est inquiet. Celui-ci est en proie au doute, et des forces contrevenantes au pouvoir en place n’hésitent pas à manipuler ce doute pour faire passer leurs messages, et aujourd’hui créer des émeutes et de l’instabilité.

Nous allons rappeler le peuple à l’Ordre Public.

Nous avons tous fait un serment de protection de l’Empire, je vous demande alors en ce jour d’être implacable dans cette intervention. Mes instructions sont simples : Je m’occuperai personnellement du principal suspect qui a provoqué cette émeute. Vous, visez les éventuels prêcheurs qui l’accompagnent. Que ceux-ci soient arrêtés.

Concernant notre peuple, je demanderai à chacun la plus grande vigilance. La moindre étincelle embrasera complètement ce quartier, mais nous ne pouvons pas nous permettre pour autant d’être laxistes. Je vous demande de faire appel à votre jugement de militaire, n’intervenez que si les manifestations d’agressivité se font pressantes à votre égard. Protégez, avortez les effets de bord autant que vous le pouvez, les interpellations personnelles envers ceux qui ne sont pas identifiés comme étant clairement des opposants à l’Empire devront être évitées autant que possible.

Gardez à l’esprit ce que nous incarnons. Nous ne sommes pas comme ces faquins de  mercenaires caladoniens ! Nous somme la garantie de l’unité de l’Empire, les Gardiens d’une Paix que Selenia peine à retrouver, et qu’il revient à nous de restaurer.

Ad Regno Vocatus !

Gloire à l’Impératrice, gloire à Selenia !”


Les soldats mobilisés reprirent tous à l’unisson la devise, saluant une nouvelle fois leur Maître, comme le voulait les traditions. Puis, tous se mirent en route, mené par un Claudius de Havremont qui avait la ferme intention d’en découdre.

La vérité, c’est que la guerre contre ses propres concitoyens n’était pas quelque chose qu’il souhaitait revivre. Il avait misé sur Victoria pour que le peuple trouve enfin une personnalité sous laquelle se rassembler. Claudius esquissa pour lui un petit sourire ironique.

Que restait-il de cela, quand la seule force régalienne allait au devant d’un peuple mécontent et poussé à bout ?

“Ad Regno Vocatus …”

Claudius serra son fléau d’armes.

Était-ce cela, la déchéance d’un Empire ?

Il se jura de tout faire pour l’empêcher.  


Directives :


Dernière édition par Claudius de Havremont le Mer 15 Avr 2020 - 13:57, édité 1 fois

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    La Corneille se souvenait.
    La Baleine leur apprenait.

    Les mots de Naal avaient touché au cœur des souffrances de ce peuple affamé et meurtri. Cela n'était pas suffisant néanmoins, il fallait une foule plus grande, moins contrôlable et intimidable par les autorités Séléniennes qui ne tarderaient pas à pointer le bout de leur nez. Il était temps d'accentuer la gronde qu'il faisait bourgeonner et il alla chercher ces forces quelques rues plus loin, prenant pour support les castes les plus défavorisées. Jadis, sur Almara, de telles inégalités n'existaient. C'était l'une des raisons pour lesquelles il avait fallu près de vingt ans à Aldakin pour soulever le peuple contre l'Oracle. Mais ici, le contraste était plus marqué, la solidarité ne semblait faire envie à ces nobles qui se goinfraient sans retenue quand les miséreux mouraient sous le manteau de la neige. Cela, il l'avait appris, à force de les côtoyer, ces Ambarhùniens. Probablement était-ce sa manière de leur montrer combien cette distanciation dans la gestion des richesses était source de rancunes, d'insécurité et d'instabilité.

    « Levez-vous, mes frères ! Levez-vous pour l'Impératrice ! Nous avons trop saigné pour laisser les maudits souiller notre peuple et la Couronne. Des guerres, des monstres venus d'un autre monde... Le Lien a créé la dissension et la jalousie au sein de la famille Kohan ! Le Lien nous a apporté le Tyran Blanc ! Le Lien nous a apporté les chimères ! Et nous avons encore un Lien sur nos terres... » Le Maître de la Guerre, en personne ? Voilà qui n'augurait rien de bon pour lui. C'était comme tirer à l'arbalète sur des mutins sans armure, c'était disproportionné... Mais prévisible. Une partie des forces armées étaient à Ipsë Rosea. Ainsi, Naal avait accéléré ses démarches, lorsqu'il avait appris la nouvelle. Moins de gardes et surtout... Victoria Kohan était loin d'ici, à la fois en sécurité et incapable de rétablir la volonté fallacieuse qu'il allait lui prêter. Cela avait été une opportunité en or, à ses yeux, le message de Néant qui venait saluer son entreprise d'une chance douce-heureuse.

    Si Nolan vivait au palais, il possédait aussi une demeure où son immense dragon pouvait se reposer. Car il y avait ici le Maître de la Guerre mais pas encore de Nolan Kohan. Et si le blondinet ne venait pas à lui, c'était lui qui se présenterait à son chevet. Cela lui permettait non seulement de ne pas attaquer le palais de Victoria, mais aussi, si Nolan était bel et bien au palais et non avec son lié... Il n'aurait pas le dragonnier dans les pattes et en danger. « Le dragon devrait être libre ! Il ne devrait pas manger à vos dépens, prendre sur les réserves de l'Empire la part d'un millier d'hommes. Il pourrait trouver ce dont il a besoin ailleurs, mais le Lien l'enchaîne à Sélenia et nous paralyse. C'est un cercle vicieux qu'il nous faut rompre sans attendre ! » Il voulait utiliser la foule, il se mêlait à elle. Il prenait les mains des malheureux et les regardait dans les yeux avec une affirmation authentique. Plus elle se ferait dense et plus il serait facile pour lui et son mètre soixante-dix de s'y cacher. Il prenait la direction de cette demeure, fanatisant les habitants sur son passage.

    « Mes frères, protégeons le sang noble de la lignée Kohan. Il n'est pas question de violence et de coups, mais nous devons nous montrer fermes et chasser le damné du Royaume. Notre Impératrice nous a montré sa force en éloignant sa bien aimée sœur, et pourtant maudite, Luna Kohan. Elle l'a fait pour nous protéger. Inspirons-nous de la sagesse de ses actes ! Libérons la de l'ombre qui l'enchaîne et étouffe sa merveilleuse lumière ! Gloire à l'Empire ! Longue vie à Victoria Kohan ! » L'on reprit, dans la foule ce credo : 'Gloire à l'Empire ! Gloire à Victoria Kohan !'. Naal se tourna vers Claudius et l'armée, les interpellant : « Venez, mes frères ! Pour la gloire de notre Impératrice ! Venez dire à Cynoe qu'il est libre ! » Il passait entre les paysans, baissant la tête, profitant d'être à couvert du monde pour prendre un autre visage. Celui d'un homme à la peau mate et aux yeux noirs, un simple bédouin du désert converti en prêtre de la flamme. Il abandonna la fourrure qu'il avait sur les épaules, l'offrant à un mendiant pour le couvrir contre le froid. Ainsi il ressemblait à un prêtre de la flamme lambda, il n'était plus le meneur, mais il entraînait la foule. Il était la foule. Et les écailles de Cynoe endormi sous la neige dans le jardin de la demeure se dessineraient bientôt.

    Naal sentait son sang bouillir en lui. La Corneille se souvenait. La Baleine leur apprenait. Ils marchaient vers leur destinée.


Spoiler :

description[INTRIGUE] Révolte Hivernale  EmptyRe: [INTRIGUE] Révolte Hivernale

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Au fur et à mesure qu’il avançait, Claudius contemplait le désastre inéluctable d’une politique de gestion de l’Empire plus que douteuse. Un vacarme à en faire pâlir de jalousie un grand Fenrisulf dans un magasin de porcelaine secouait les rues de la capitale, et on entendait ça et là des revendications diverses émergées partout, de plus en plus. Claudius retint sa respiration. Celles qui revenaient le plus était au sujet de Nolan Kohan, et de son dragon-lié, Cynoë.

La Rose Ardente avait alimenté cette manifestation, alors c’était bien normal de retrouver ce motif dans toutes les bouches : après tout, il suffisait d’un bon bouc émissaire, et une révolte pouvait partir en moins de temps qu’il ne le faut pour le dire, surtout en ces contextes de famine.

Claudius soupira. Il aimait profondément son pays, mais parfois il était las de ce peuple qui voulait tout et son contraire. Ils avaient tous conspué Fabius Kohan, qui avait pourtant une ligne de gouvernance simple et efficace … Ils avaient probablement tué son héritier, puis fait le choix de soutenir ce vénérable Korentin Kohan, et son fils sans doute tout aussi sage, et voilà où ils en étaient à présent.

Claudius ne pouvait au moins pas dire qu’ils l’avaient tous cherché. Et qui restait-il à présent pour payer les pots cassés de ce désastre ?

Lui, qui avait toujours donné son soutien à Fabius, pendant que tout le monde était parti voir ailleurs plutôt que de s’occuper de la fiente accumulée pendant des années. L’ironie du destin fit prendre un sourire amer au Maître des Armées.

Gardant ses quelques réflexions pour lui même, dont il reparlerai pour sûr à tous ses “amis” du Conseil restreint leur rappelant leur désertion et la gestion catastrophique de la crise, il reprit un air sérieux et ferma la visière de son casque.

L’heure n’était plus aux pensées, mais à l’action : lui et ses hommes avaient une révolte à mater. Il fit fi de l’opinion des uns et des autres sur le Lien, des hurlements de la foule, et de tout le reste, et essaya de se concentrer sur sa tâche.

Au milieu de la clameur populaire, le Maître des Armées avait progressivement fait en sorte que la foule principale soit attroupé en un seul et même endroit, faisant passer ses hommes sur les côtés du cortège, afin qu’ils puissent le cadrer sans pour autant molester la population. Cette technique marchait assez bien, cependant le temps jouait contre eux.

Si des mesures assez drastiques n’étaient pas prises rapidement, ils n’allaient pas s’en sortir. Il n’était plus qu’une question de minutes avant que la révolte embrase toute la ville.  Claudius pouvait faire autant de maintien de l’ordre qu’il le pouvait, si l’agitation ne cessait pas, tout allait dégénérer.

Le Maître des Armées prit une nouvelle grande et profonde inspiration, se rappelant les leçons de son père. Un Prince devait guider son peuple. Il était temps de rattraper le troupeau égaré.

Le garant de l’Ordre transmis rapidement des consignes à ses généraux, qui se chargèrent de passer le message aux soldats. Ils voulaient mettre à sac le Palais Impérial ? Pas de chance, ils étaient tombés aujourd’hui sur plus résiliant qu’eux.

Claudius laissait agir le cortège pour l’instant, et presque silencieusement comparé à l’agitation actuelle, les soldats furent en nombre suffisant pour bientôt encadrer de toute part le gros de la population qui s’était jointe à l’émeute.

Il devait forcément en rester quelques uns non concernés, car cadrer une population aussi dense en si peu de temps relevait de l’impossible, mais le Maître des Armées estimait en avoir déjà “capturé” une bonne partie.

La manifestation atteignit bientôt un espace un peu plus ouvert, ce qui donna l’occasion au Maître Havremont de passer à l’action. Donnant un signal à ses hommes, il leva son poing et le referma.

Alors subitement, il y eut un peu d’agitation dans la formation de soldats, suivie par une grande levée de boucliers des forces séléniennes. Elle n’était pas agressive envers la population, elle avait simplement pour le but de ralentir la progression du gros des hommes et des femmes indiginés.

Profitant ainsi d’un instant de silence et de surprise, Claudius hurla à ses hommes :

“Pour l’Empire, tenez vos positions ! Ad Regno Vocatus !”

Sentant la situation plus que tendue malgré ses efforts, Claudius puisa dans ses forces pour se servir de son Cerf qui sommeillait en lui. Il savait son totem déterminé, et capable de canaliser bien des situations anxieuses. Il créa ainsi une aura autour de lui, espérant maintenir un semblant d’ordre non seulement pour ses soldats, mais aussi dans la population qui devait faire face à une armée qui reprenait ses droits.

Une goutte de sueur perla sur le front de Claudius, et il fit valoir sa grande stature et sa voix puissante pour faire résonner quelques mots à la population :

“Citoyens, Citoyennes,

Je vous en conjure, ne vous trompez pas d’ennemis ! Tout ce que vous scander, les dissensions, Le Tyran Blanc, les Chimères, c’est tout autant d’épreuves que nous avons dû enduré tous ensemble. Nous ne sommes pas exempts de défauts, très loin de là, mais l’Empire faisait son maximum pour protéger les uns et les autres.

Mes hommes, vous, moi, nous nous sommes tous battus pour conserver ce territoire qui nous est cher ! Le Lien, mais surtout le force et le courage des hommes et des femmes, nous ont aidé à traverser ces épreuves, et à nous adapter !

Aujourd’hui, l’heure est à l’unité, et non à la colère ! Nous avons trop souffert de l’égoïsme de ces porcs de l’Alliance qui sont partis avec notre pain et notre argent. La crise est sans précédente, nous en avons bien conscience, et nous faisons notre maximum pour vous aider.

Nous vous réclamons ce même courage et cette même détermination en ces temps plus que durs, ces mêmes qualités qui vont ont servi pour traverser  la tempête dont nous venons tout juste de sortir ! Céder à la panique et à des doctrines dangereuses sont des choses tentantes, mais ce n’est pas la bonne solution ! Je vous en conjure, ne croyez pas à ses porte-morts qui ne font rien pour vous !

Notre Impératrice est éclairée …
et absente, se garda t-il pour lui même. Elle a compris vos attentes, et a engagé de nombreuses démarches pour vous soutenir. Ma famille a déjà lancé des grands plans pour essayer de combler votre faim et votre colère, et je suis sûr que les initiatives dans nos territoires se multiplient.

Tenez bon, citoyens, citoyennes, et nous ressortirons grandis de cette épreuve que nous traversons tous !

Pour l’Impératrice ! Pour l’Empire !”


Il soupira. Il n’était vraiment pas persuadé que cela fonctionne, mais il avait tout tenté pour contenir pacifiquement l’ire de la population. Désormais, Claudius fit signe à ses soldats de ne pas baisser leurs gardes, et de se préparer à toute éventualité d’agitation violente.

Etait-ce bien à lui de tenir ce genre de discours ?

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    La Corneille se souvenait.
    La Baleine leur apprenait.
    Le Pangolin protégerait.


    Les mires noires de son avatar scrutaient l'avancée de la foule et des forces de l'ordre. A n'en pas douter, le Maître des Armées ne comptait pas se joindre à son action et lui donnerait du fil à retordre. Ses lèvres se pincèrent lors qu’arrivés devant les grilles du palais personnel de Nolan, la garde se tenait en formation pour les cerner et les empêcher de passer.  Claudius s'exprima, appelant à l'unité pour affronter la crise et non à la division. « Il nous demande de crever gentiment dans notre coin, sans faire de bruit... » pesta-t-il entre ses dents, propos aussitôt repris par les pauvres hères alentours. « Il n'a pas compris que nous n'en voulons pas à notre Reine, elle fait ce qu'elle peut avec les cendres qu'on lui a léguées. Ça n'est pas pour autant que nous ne devons rien faire et laisser la population se faire décimer ! Plus nous attendons et plus la malédiction nous accablera...  » Il remuait la colère dans la foule, contredisant les propos du vétéran de la guerre.

    Si cela agitait la populace, indécise, cela ne la poussait pas à l'action. Il savait, tout Oracle qu'il était, qu'il n'y avait rien de plus puissant que la foi. Ces pauvres gens avaient besoin d'un miracle, d'un signe divin et Néant avait placé en lui et en son bouclier-miroir la force de ses cadettes. Dieu était grand, il ferait les miracles par sa puissance créatrice. Naîtraient l'émotion vivace de la grogne, la volonté venue de nulle part, si ce n'était de la foi. Lentement, il fit appel à la force du vent, soufflant et sifflant de plus en plus fort au dessus de leur tête avant de tomber sur les soldats en formation avec une force telle que leurs pieds grinçaient sur le sol en reculant, poussé par la tempête qui sévissait localement. « LES DÉESSES SONT AVEC NOUS ! » Ce fut les mots déclencheurs, l'attribution de la réalité aux actes divins. La foule se fit véhémente, il s'en extirpa rapidement en montant sur les remparts de la ville qui bordaient la propriété de Nolan.

    La foule, dans son mouvement, repoussait les soldats, passait au travers de leur barrage, scandant des « DEHORS ! DEHORS ! » au dragon Cynoe qui se retrouva acculé contre la muraille, ne désirant, vraisemblablement pas faire du mal aux bipèdes de Sélénia. Mais combien de temps tiendrait-il ? Lorsqu'il le vit alors se dresser, Naal ne put retenir l'élan protecteur qu'il éprouvait à l'égard du peuple Sélénien. Sa voix, déformée par la divinité du Néant, résonna soudain comme un cri poussé au dessus de ce que scandait la foule : « Enochos ! » Pour ceux qui avaient côtoyé les almaréens, l'accent les ramènerait à de bons souvenirs. Le dragon prit sont envol... En direction du palais royal. L'Oracle pesta dans sa langue natale : il voulait éloigner le dragon de la ville ! Pas qu'il aille en son cœur ! Maudit soit-il, fourbe soit-il ! La foule hurlait encore mais le roi almaréen s'était mis à découvert avec ce cri du Néant. Les nouvelles de la mort de Firindal causée par un homme criant en almaréen devaient être divulguées par Orfraie et connues des hautes sphères. Aussi ses intentions l'étaient tout autant. Il voulait tuer le dragon.

    Il n'eut néanmoins pas le temps de s'échapper car il se fit plaquer au sol par un soldat en armure lourde. A plat ventre, Naal pesta à nouveau, mécontent du traitement qu'on lui infligeait, mais surtout ronchon contre sa propre défaillance : il ne l'avait pas vu venir ce foutu garde ! On ne tarda pas à lui passer les fers  aux poignets et à appeler le maître des armées. « C'est lui, Commandant ! » On le redressa, à genoux, tirant sur les cheveux sombres de son avatar, tout en le gardant en joue d'épée. Naal ne manifesta aucune résistance. Il se savait endurant et gardait ses forces. Où était passé ce foutu dragon ? Naal porta son regard sur Claudius, le dardant de ses mires d'obsidienne alors que ses lèvres marmonnaient ses prières en almaréen, louant la grâce et la grandeur de Néant sans s'interrompre.

    C'est alors qu'il le vit à nouveau, le dragon. Il portait sur son dos Nolan Kohan et fuyait enfin sous les cris libérateurs de la foule. Il le suivit du regard, s'éloigner, partir vers le petit sous-bois... Exactement comme prévu. Dieu soit loué, sa toute puissance lui en avait montré la vision. Cynoe s'envolait vers des contrées connues, celles dont il avait l'habitude... Et il tomberait : « THANATOS ! » Hurla le fanatique, la voix déformée, amplifiée par les accents divins du Néant. Les ailes du dragon étaient rabattues contre son corps, le rendant incapable de voler. Il chutait inexorablement et s'écraserait un peu plus loin, là où il serait attendu et abattu : « Dieu est puissant... » souffla-t-il en langue commune, la gorge douloureuse des mots de pouvoir dont il avait usé. C'est alors qu'il frappa d'une dague les soldats les plus proches, avant de se relever et fuir. Il avait relâché la dague au sol et celle-ci avait repris la forme des fers qui avaient noué ses poignets dans son dos jusqu'alors. Comment ? La foi était son plus puissant glaive.

    « Fyli ! » clama-t-il pour disparaître et se téléporter auprès du dragon et de ses camarades de chasse... Mais il eut la désagréable surprise de constater que les réflexes de ce cher Claudius étaient encore bons à son âge. Celui-ci avait tenté de l'agripper et avait été emporté avec l'Oracle. Pestant à nouveau, Naal vint gracier le sélénien d'un ''revers de main patriarcal'' au visage : « Lâchez-moi ! Ce combat n'est pas le vôtre ! Retournez d'où vous venez ! » Sa voix était agacée, éraillée, douloureuse... mais il en avait cure, il devait aller combattre.


Spoiler :

description[INTRIGUE] Révolte Hivernale  EmptyRe: [INTRIGUE] Révolte Hivernale

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Claudius inspira, et expira, plus par dépit qu’autre chose.

Excédé, ses premières pensées allèrent au fait qu’il allait sérieusement devoir se préoccuper d’un programme d’éducation minimum pour toutes ces pauvres personnes qui avalaient la moindre histoire qu’on leur tendait.

Il sentait que la foule avait été sensible à son discours, mais c’était loin d’être suffisant pour le vieil homme qui juste après celui-ci, avait vu ses forces reculées par un quelconque procédé magique. Une remarque sur la prétendue présence des Déesses avec le peuple plus tard, et la révolte était repartie de plus belle.

Claudius soupira, alors que le tumulte reprenait. Toute sa vie, il avait juré fidélité, loyauté, foi publique, à l’Empire. Il avait toujours été droit dans ses convictions, et avait presque tout sacrifié de sa vie personnelle pour la seule et unique Gloire de l’Empire. Tout ça pour quoi ? Pour voir son peuple qu’il aimait tant se taper dessus, sur fondement de crises existentielles vieilles comme le monde, mais qui était en fait la cause de dissensions qu’il avait de nombreuses fois mises en exergue.

Il était fatigué de cet Empire qui n’avait ni queue ni tête. Et fatigué d’être la seule et unique à s’occuper de la fiente que toutes ces merveilleuses personnes qui composaient la haute autorité sélénienne avaient entassées sur l’autel du peuple sans jamais s’en préoccuper.

Chaque “Dehors !” que la foule prononçait était un crève-coeur pour Le Maître de Guerre, ne voyant que dans cette foule en colère le résultat d’un échec, mais également les tourments du passé. Il revoyait presque en vision toutes ces nuits passées avec Fabius et ses forces pour imaginer un plan de redressement de l’Empire, tout cela pour quoi ?

Pour qu’il soit tué violemment, pour que les vautours de l’Alliance prennent ce qu’il restait de cet Empire déchu et se terrent égoïstement entre eux, et pour que le peu qu’il restait des hautes instances Séléniennes fuient, en voyant la conséquence de leurs actes.

Un constat terrible, et pourtant criant de vérité, duquel Claudius ne fut tiré qu’en entendant le cri Almaréen en direction du dragon de Nolan Kohan, qui partit de la foule. Bien qu’il n’était pas destiné au Maître de Guerre, le cri eut comme l’effet d’un coup de massue en pleine tête sur le Havremont, qui l’appela à reprendre ses esprits, et ses responsabilités d’un seul coup.

Presque instinctivement, il ordonna à ses hommes de lui ramener ce “Décérébré beuglard de l’Alliance” et se remit lui même en ordre de marche, saisissant son fléau d’armes bien en main. Claudius n’était pas dupe : Rose Ardente ou pas, il savait d’où ce genre de personnes venaient.

Très précisément, l’Impératrice Victoria avait récemment “détendue” les relations avec Delimar, probablement parce qu’elle n’avait que ça à faire. Ceci avait eu pour effet de densifier les échanges entre deux populations, et au delà de toutes considérations politiques acerbes que Claudius garda pour lui, cela avait provoqué l’arrivée de ce que le Maître de la Guerre estimait comme des indésirables dans son Empire.

Cela, en plus des rumeurs d’un homme chasseur de dragons criant en Almaréen, étant notamment venues d’Orfraie Altaiel … Il n’en fallu pas plus pour Claudius pour deviner le sort prochain de ce brave Cynoë, qui fuyait vers le Palais Impérial.

Or, Le Havremont n’avait vraiment pas besoin d’un tueur de dragons sauvage en plus de tous les soucis qui lui restaient à régler.

Quelques instants plus tard, un de ses hommes lui rapporta l’almaréen en question. Claudius salua l’effort de son officier, s’assurant plus tard que celui-ci recevrait une belle promotion, puis se plongea dans le regard du petit almaréen qui lui faisait face.

C’était une ordure certes, mais une ordure qui avait du cran. Peu de personnes ne pouvait soutenir le regard inquisiteur de Claudius comme il le faisait. Il semblait murmurer un charabia dans sa langue natale que le Maître de la Guerre ne comprit guerre.

Pour le faire taire, le Havremont lui adressa une gifle magistrale, sans retenue, qui aurait fait décoller la tête à n’importe quelle personne de peu préparée. Mais manifestement l’homme était résistant, aussi ce n’eut pas plus d’effets que cela.

Claudius eut une mine presque triste, derrière son casque. Etait-ce la vieillesse qui lui faisait défaut ? Pourtant il ne s’était pas senti plus faible que cela aujourd’hui …

En vérité, la gifle eut un effet tout inverse. Encore quelques instants et le chasseur hurla encore en almaréen en direction du dragon. Claudius inspira, peinant à garder son calme, subissant lui aussi le cri de plein fouet. Cette force puissante qu’il invoquait eut pour effet de faire tomber inexorablement le dragon vers le sol, alors qu’il fuyait en dehors de la capitale. Puis il entendit l’Almaréen encore prononcer des prières pour son Dieu, en langue commune cette fois. Ne retenant plus son calme, il hurla à son tour :

“Mais vous allez pas la fermer, misérable beuglard ?”

Alors oui, ça n’était pas sa meilleure réplique. Mais Claudius était excédé, et aurait pris n’importe quelle victime pour passer sa frustration accumulée pendant de temps et qui venait tout juste d’exploser.

Encore une fois, le chasseur n’eut que faire de ses remarques, et planta une dague dans le corps de ses soldats proches. Le Maître de Guerre eut soudainement les yeux exorbités : ne lui avait-on pas passé les fers ?! Claudius fronça les sourcils et se rassura tout de même en constatant que cette dague, une fois tombée au sol, redevient les fers qu’on lui avait bien passé. Au moins il ne devenait pas fou.

Mais sa folie n’était pas à l’ordre du jour, aussi il s’assura rapidement que l’on s’occupe des hommes touchés, et tâcha de foncer rattraper le chasseur en fuite. Hors de question qu’il ne le laisse s’enfuir comme cela.

Après avoir bousculé quelques personnes, Claudius rattrapa enfin l’almaréen, et agrippa fermement l’Almaréen. Encore un mot en langue natale de son opposant, et il se sentit comme aspiré par un vortex magique.

Sa vision se fit noire un instant, puis une impulsion le tordit brièvement de douleur dans tous les sens avant de le projeter dans l’herbe, accompagné de ce cher chasseur, qu’il ne lâcha pas. Claudius n’était pas un expert en magie, mais il comprit après quelques secondes à s’assurer d’avoir remis tout son organisme en place, qu’il avait été téléporté. Il s’étonna d’ailleurs de n’avoir subi aucun mal lié à celle-ci, mais remercia son organisme d’avoir tenu le coup. Il allait en avoir besoin.

Claudius estima qu’ils se trouvaient tous deux désormais entre la capitale et Guet-Vif, un petit village peu éloigné de La Majestueuse et pourtant assez bucolique car non loin de la forêt central de l’Empire. Il savait que certaines personnes de son entourage aimaient aller se relaxer là bas.

Mais cette fois-ci, l’heure n’était pas à la détente, bien au contraire : il entendit d’abord un autre rugissement. Ça n’était pas de l’Almaréen cette fois, mais bien celui d’un dragon. Claudius observa une minute de silence pour ses tympans décédés aujourd’hui, entre les hurlements du chasseur et les protestations draconiques.

Mais comme ça n’était pas assez, à ces hurlements virent s’ajouter des bruits d’arbalètes et d’arcs en action, puis d’autres rugissements draconiques, accompagnés cette fois-ci des protestations du mioche qui était à son bord.

Claudius n’avait jamais aimé la stupide lignée de Korentin Kohan, mais il avait un devoir impérieux de protection de l’Empire. Aussi, il soupira, et alors qu’il s’apprêtait à administrer un deuxième coup à l’almaréen, celui-ci fut plus rapide et lui adressa une gifle, qui elle, résonna à travers son casque.

« Lâchez-moi ! Ce combat n'est pas le vôtre ! Retournez d'où vous venez ! »

Lui disait-il. Ce combat, n’être pas le sien ? Il n’en fallu pas plus pour un Claudius déjà chauffé à blanc pour déchaîner toute sa rage, et sa haine profonde de tout ce qui n’était pas soumis à l’Imperium.

Il ne pouvait peut être pas empêcher tous les chasseurs de tirer sur le dragon, mais il jura devant le défunt Fabius Kohan qu’il aurait la tête de ce qui devait être leur Chef, cette ordure qui avait troublé l’Ordre de son pays.

Cette claque eut donc pour effet de faire voir rouge au Sélénien. Un instant de plus et il sortit son fléau d’armes. Il essaya d’abord de frapper l’almaréen avec les pointes de celui-ci, estimant cela suffisant pour le mettre en difficulté. Or il n’en était rien, celui-ci ne broncha toujours pas.

Claudius maugréa une nouvelle fois, et repris le contrôle de son arme. Il allait cette fois-ci assené un coup avec toute sa force, et la maîtrise accumulé par près de 35 ans d’exercice dans l’Armée Impériale. Et si les piques ne suffisaient plus, il allait porter toute sa force sur le côté contondant de son arme, quitte à tuer sur le coup le chasseur, bien qu’il doutait que cela suffise.

Au moment de porter son coup, il hurla à plein poumons à son tour une devise Impériale, qui n’avait pas plus d’effets si ce n’est qu’être un exutoire pour le Maître de Guerre, qui n’en pouvait plus d’entendre des personnes hurler autour de lui :

“AD MORTEM INIMICUS”

Mort à nos ennemis.

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    Le Commandant ne l'acceptait pas. La folie des hommes portait le goût du sang et de la vengeance. Il ne le savait que trop bien puisqu'il en était lui-même la proie : Cynoe avait tué son fils, Thelem. Il l'avait fait parce qu'il s'était mêlé des guerres humaines et avait voulu protéger le blondinet dans lequel il était en train de planter les griffes de la déraison. Nolan avait ensuite accepté le Lien, comme un enfant candide devant une belle lumière. Illusion que tout cela. Le dragon avait déjà corrompu sa tante, Esmelda... Pourquoi eut-il fallu qu'il saute dans le gouffre que le dragon faisait croire être une ascension ? Il aurait pu être libre, sans les ailes de ce monstre. Alors oui, il connaissait ce regard qu'il voyait percer au travers du casque du Commandant. Il connaissait cette flamme dévorante, orgueilleuse, défaite de toute raison qui appelait le sang pour venger le sang. Il la connaissait car il la sentait aussi brûler en lui. Il ne cesserait pas la bataille que les siens menaient contre Cynoe. Il savait alors que le Maître des Armées n'abandonnerait pas non plus. Et pourtant ? Il le fallait. Ils étaient ici au beau milieu d'un combat entre ses hommes et un dragon. Claudius risquait autant de se confronter aux dagues de l'almaréen qu'à la gueule d'un dragon. Le voyait-il ? Croyait-il encore être du côté de Cynoe ? Ces monstres étaient égoïstes.

    Le dragon avait les ailes percées, massacrées. L'on tâchait de le clouer au sol par des chaînes et des grappins solidement plantés dans les écailles du saurien. La bête hurla et se mouvait autant qu'elle le pouvait pour se défaire, et Nolan l'aidait comme il le pouvait. Mais était-il de taille face à des Brises-Sorts ? Naal le refusait. Ses hommes commençaient à prendre le coup de main, après leur exploits face à Firindal. Le dragon d’améthyste était certes plus gros, mais il y avait ici des almaréens qui n'en étaient pas à leur coup d'essai. On tentait d'immobilier complètement la bête pour atteindre ses yeux. Naal ne savait que trop bien combien il serait difficile de réaliser cela. Il encaissa les coups du fléau sans verser de sang, trop occupé à surveiller le monstre à écailles proche d'eux. Mais la douleur était là et le dernier coup le secoua, lui faisait prendre l'équilibre... Et le sauvant. La mâchoire du dragon se referma juste devant Claudius, là où s'était tenu l'alamaréen un peu plus tôt. A terre, il pu voir le dragon le dragon relever la tête et préparer une seconde charge, plus puissante. Aveuglé par la douleur de ses ailes déchirées et la peur, Cynoë ne faisait pas la différence entre le sélenien et ses assaillant. Il allait les frapper sous les deux. Par une détente musculaire surhumaine, conférée par le bouclier du Néant, Naal bondit sur Claudius en une charge visage à le clouer au sol, quelques mètres plus loin, alors que Gierūljagon s'agrandissait pour les protéger des crocs draconiques, se plaçant entre eux et la bête.

    « Me tuer ne vous apportera aucune gloire si le cœur de votre Impératrice saigne du deuil de son frère. Vous vous engagez dans un combat secondaire que vous n'êtes pas certain de gagner. Ecoutez-moi ! » s'écria-t-il alors que l'autre essayait de se relever. L'almaréen l’agrippa à la gorge avec une force qu'on attribuait d'ordinaire aux elfes ou aux vampires. Mais Naal n'était ni l'un du l'autre. Il était humain. Il était élu par le bouclier de Néant. Il le darda du regard soir de son avatar, faux visage. « Prenez le gosse, et ramenez-le au Palais. Je ne désire pas plus que vous ou Victoria qu'il meure, je peux vous aider à le récupérer avant qu'il ne finisse mal. Vous le mettez en sûreté et vous vous assurez qu'il s'accrochera à la vie lorsque les griffes de son monstre lié l’entraîneront dans la mort. Cette bête qui se repaît de la Couronne et que vous laissez faire depuis des années va mourir, quoique vous fassiez. Choisissez votre combat. Sauvez ce qui peut l'être, Commandant. » Cracha-t-il avec vindicte alors que Gierūljagon encaissait un autre violent coup du dragon. La terre frappée alentour pulvérisait des amas poussiéreux. Les cris de douleur de Cynoe et des lames faisaient rage. Il savait qu'on n'abandonnait pas aussi facilement la vengeance. Alors il ajouta pour Claudius : « Je fais la promesse de vous retrouver et de vous offrir le duel à mort que votre aveuglement réclame. Je le jure devant Dieu. » De la bouche d'un almaréen, cette promesse était sacrée.

    Un nouveau coup dans le bouclier et Naal le retira. Jadis, il n'avait jamais eu peur de mourir. Si telle était la volonté de Néant, il aurait rejoint son Dieu et aurait été réincarné. Mais aujourd'hui ? Il n'y avait plus son Dieu mais il n'avait jamais appris à se battre autrement que suicidairement. Il bondit sur la gueule qui venait de se refermer, grimpant sur le dos de la bête. Il voulait choper le gosse et le balancer à Claudius. Les écailles du saurien ne parvenaient à entailler sa peau alors il s'accrochait aux tranchants sans crainte aucune.


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Le Havremont eut une soudaine baisse d’adrénaline, après que ses multiples coups aient porté leurs fruits sur l’Almaréen. Il était secoué par la bataille. Probablement que 30 ans en arrière, cela ne l’aurait pas gêné de plonger dans la mêlée à ce point, sans trop réfléchir, mais avec l’expérience et la vieillesse, étaient gentiment venu s’installer des barrières à sa fougue.

Or précisément, la situation présente où le Maître de Guerre se retrouvait nez à museau face à Cynoë était une de celle où Claudius se disait que peut être, il était allé trop loin.

Pour la suite, tout se fit très rapidement. Le Havremont constata que Cynoë, décidément très mal en point, rugissait à nouveau, et menaça d’à nouveau attaquer les deux hommes. Claudius n’eut le temps de rien faire que l’Almaréen avait déjà pris les devants et chargea droit sur le Maître de Guerre, se servant de son bouclier pour les protéger d’une attaque. Le chasseur de dragons invectiva le Havremont par la suite :

« Me tuer ne vous apportera aucune gloire si le cœur de votre Impératrice saigne du deuil de son frère. Vous vous engagez dans un combat secondaire que vous n'êtes pas certain de gagner. Ecoutez-moi ! »

Claudius écarquilla les yeux derrière son casque se faisant silencieux un instant. Il y avait deux options : soit l’almaréen était décidément devenu complètement fou au point de s’adresser au Havremont, son ennemi, de cette façon … Soit c’était clairement prévu, et en ce cas Claudius ne revenait pas du culot de cet homme.

Il venait d’embraser la Capitale de l’Empire, manipulait la foule, se prenait à un des plus grands symboles de la souveraineté impériale, menaçait probablement des villages alentours avec sa sottise de chasseur de dragons, amenait des troupes et des engins de siège sur un territoire qui n’était pas le sien, et nécessairement lui hurlait dans les oreilles depuis tout à l’heure …. Et il osait parler de “combat secondaire” ?

“Mon combat n’est pas plus secondaire que votre chasse au dragon est une idiotie formidable qui menace l'intégrité de centaines de citoyens et citoyennes de l’Empire, Almaréen. Probablement qu’elle plongera l’Empire dans un chaos innommable par la suite. Je ne combats pas pour la gloire de l’Impératrice pas plus que pour ma gloire personnelle. Je n’ai cure de ceci …”

Un autre rugissement vint rythmer leurs discussions, qui déstabilisa une nouvelle fois Claudius, pendant qu’il se relevait. C’était peu souvent qu’il disait des choses de la sorte, mais il aurait présentement donner tout l’or du monde pour retrouver le silence de son bureau …

Le Maître de Guerre repris par la suite :

“Je combats pour quelque chose de plus grand encore, l’Imperium et la prospérité de mon Empire. Et au nom de ces choses là, je ne puis vous laisser faire ce que vous faites. Est-ce votre dieu disparu comme ses soeurs qui exige encore des sacrifices pour revenir à la vie, ou est-ce simplement vous qui avez une volonté de nuire à notre territoire ?”

Claudius connaissait un peu les almaréens pour en avoir côtoyé quelques uns à l’époque où Fabius Kohan avait conclu une entente avec eux. Si ce n’est que désormais la plupart avait rejoint la cité libre de Delimar, et était donc de ce fait des traîtres, le Havremont n’avait rien de spécial contre eux. Si Claudius était dans un monde où lui même ne se devait pas d’être d’une totale loyauté envers son camp, il aurait même pu avoué que ces derniers étaient de fiers guerriers qui se battaient pour Néant de la même ferveur que lui se battait pour l’Empire, et cela était quelque chose qu’il respectait, voir qu’il admirait.

Mais l’heure n’était pas aux questions existentielles. Claudius ravala sa salive. Hélas, l’Almaréen disait vrai. Ils étaient désormais devant un fait accompli, Le Maître de Guerre savait reconnaître une condamnation à mort quand il en voyait une, et il était désormais impossible de sauver Cynoë.

Du moins, il aurait été dur de le sauver seul. Mais, livrées à elles-mêmes, Claudius se disait que ses troupes devaient avant tout s’assurer de la sécurité de la capitale avant de venir à sa rencontre. S’eut été probablement l’ordre qu’il leur aurait donné, alors il n’en voulait pas plus que cela à ses hommes.

Des ordres, Claudius en donnait mais ne devait certainement pas en recevoir de ses ennemis. L’almaréen lui intimait de partir en prenant Nolan Kohan avec lui, mais présentement Claudius n’en avait aucune envie.

Il avait déjà failli dans sa mission de protéger l’Empire plus d’une fois en empêchant Cynoë de se faire condamner à une mort certaine, et en peinant à contenir la révolte populaire, alors il n’allait certainement pas fuir une fois de plus. Le Havremont n’était pas comme tous ses petits amis du Conseil Impérial qui étaient passés maîtres dans l’art de pointer les problèmes sans pour autant rien faire pour les arranger par la suite, et qui fuyaient tête baissée dans les bras de forces étrangères ou dans leur chez soi bien douillet quand il s’agissait de vraiment les régler.

Après l'ascension de l’almaréen, Le Havremont réceptionna Nolan Kohan sans trop de problèmes. Claudius fit au chasseur par la suite :

“Je n’ai nul besoin de duel à mort, almaréen. Pas plus que je ne suis aveugle de quoi que ce soit. Vous ne le savez pas, mais ce que vous avez entrepris aujourd’hui changera probablement la face de cet Empire a tout jamais.”

Le Maître de Guerre pesait ses mots. Une révolte populaire aussi féroce, et un attentat aussi violent sur un Kohan n’allait jamais rester impuni.

“En ce qui me concerne, je pense qu’il est grand temps que quelqu’un prenne ses responsabilités. Il est purement et simplement hors de question que l’Empire fuit une nouvelle fois face à de tels événements.”

Le Maître de Guerre eut une grande inspiration, réfléchissant à deux fois à ce qu’il allait faire, puis après quelques secondes de réflexion il mit un grand coup de poing en pleine tête à Nolan Kohan.

Il n’en fallut pas plus à l’ancien Empereur pour pencher sa tête vers l’arrière et tomber dans l’inconscience. Le coup avait été net et sans bavure, et pourtant Claudius regarda sa main quelques instants après. Il avait fait ce qu’aucun soldat de l’Empire ne devait faire à tout jamais, à savoir lever la main sur un Kohan.

Ses actes à lui non plus, n’allaient pas rester impunis, le Maître de Guerre le savait. Il avait commis un affront ultime, susceptible de déshonneur pour lui et toute sa famille. Et pourtant, il eut cette phrase qu’il disait entre ses dents :

“Celle-là, elle est pour Fabius, et pour l’Empire.”

Prenant le corps du jeune homme sur ses épaules, Le Maître de Guerre se hâta de trouver un soldat venu avec Naal à proximité, qui semblait entre deux mouvements dans sa chasse. Claudius leva la visière de son casque, et lui fit assez directement :

“Toi. - Il désigna le gosse inconscient - Comme votre chef l’a si justement rappelé, ce conflit ne le concerne pas. Hâte-toi de le ramener à la Capitale. Si quelqu’un te barre la route, dis que tu es mandaté par le Maître de Guerre Claudius de Havremont en personne. Je répondrai en personne de mes actes.”

De toute façon ça n’est pas comme s’il y avait quelqu’un d’au moins aussi haut placé que moi pour l’entraver, pensa Claudius, avec un sourire doux amer.

Laissant le soldat avec cette mission, Claudius qui avait repris du poil de la bête rabaissa sa visière et se tourna vers le grand dragon et l’almaréen qui était pour l’heure sur le dragon, il cria ensuite pour capter son attention :

“Considérons que votre cas peut attendre, Almaréen ! Vous devrez répondre de vos actes, mais pour l’heure je ne puis laisser un bûcher sur patte raser les campagnes de Mon Empire ! Je m’en remets à vous Chasseur !”

Ainsi Le Havremont avait choisi de faire face à Cynoë, avec les autres personnes présentes ici. Mais un problème se dressa rapidement aux yeux de Claudius : jamais de sa vie, il n’avait affronté de dragon. Il était compétent pour diriger des hommes, mener une charge, et globalement mener une campagne guerrière avec tout ce qu’elle impliquait … Seulement affronter des créatures surnaturelles de ce type, c’était en dehors de son champ de compétences.

Il attendit donc les instructions de l’Almaréen en face de lui, pour pouvoir savoir comment il pouvait l’aider dans ce glorieux combat, se tenant prêt toutefois à réagir si l’urgence le nécessitait.

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    Damnation. Naal avait plusieurs fois entendu bien des blasphèmes sur Néant, mais il peinait encore à l'accepter. Son Dieu n'avait jamais exigé des sacrifices pour revenir à la vie, il avait été manipulé par le dragon blanc qui se servait de ses fidèles pour accomplir sa volonté. Les Ambarhùniens étaient-ils atteint d'une maladie qui les aveuglait dès qu'il était question de remettre en cause les actes d'un dragon ? Ou préféraient-ils garder les almaréens et leur Dieu en bouc-émissaires pour leur propre confort psychique ? Le travail serait encore long et l'Oracle ne prit même pas le temps de lui répondre que ni l'une ni l'autre de ses suppositions était vraie. Il ne venait ni pour un sacrifice à Néant, ni par volonté de nuire à un autre peuple. Non, il venait le sauver. Ne le voyait-il pas ? Probablement pas, en effet. Ils n'avaient as été éduqués pour cela, les Ambarhùniens. Ils aimaient bien trop les dragons pour comprendre.

    Gravir la montagne qu'était Cynoë n'était guère aisé mais l'almaréen avait l'habitude de dompter ces bêtes monstrueuses jusqu'à les conduire au trépas. A son sommet, il attrapa le dragonnier privé de sa magie, à sa proximité, et l'envoya au Havremont qui se trouvait plus bas. Réceptionné, le gamin ne cessait de brailler des vindictes terrorisées. Il avait de la peine pour lui. Il aurait voulu qu'il ne soit pas l'esclave de ce monstre à écailles. Comme orfraie, il voulait qu'il vive... Mais le pourrait-il ? A quatre pattes, il s'accrochait férocement au dragon qui se débattait toujours, fou de douleur. Son heure viendrait. Les propos de Claudius lui parvinrent entre deux grognements de la bête. Ce qu'il avait fait allait probablement changer la face de l'Empire à tout jamais ? Oh oui, il l'espérait. Mais Claudius ne devait pas le voir de la même manière que lui, c'était certain.

    Il ne s'était pas attendu à ce que le Sélénien assomme Nolan. Le fanatique, solidement accroché aux écailles, cligna des yeux, incrédule, devant la scène. Ça alors, même le protagoniste avait l'air surpris de ce que sa main venait de faire. « Prends mon cheval. » ordonna-t-il au Brise-Sort que le Maître de la Guerre venait d’alpaguer pour servir de transporteur. La monture sombre, de haut lignage almaréen, fut chevauchée, emportant avec elle le blondinet vers la capitale. Qu'avait le sélénien derrière la tête ? Pourquoi restait-il ici ? Il n'eut pas le temps de se poser plus longtemps de questions qu'on le graciait d'une réponse. Surpris, il l'était. Dans le bon sens du terme. Il était rare de trouver des personnes qui ne protégeaient pas les dragons bec et ongle, même lorsque ceux-ci devenaient clairement un danger pour la population. L'on se refusait à blâmer ces créatures si merveilleuses... Mais ce sélénien avait les pieds sur terre. Et cela lui plaisait.

    Immobiliser la tête donc. Ses compagnons peinait à le faire parce qu'ils s'attaquaient au dragon depuis la terre, laissant à cette monstruosité le colossal avantage de sa taille. Lui savait qu'il fallait chevaucher la créature pour l'atteindre. Il planta l'un des pieu dont les chasseurs étaient d’ôtés dans les écailles du saurien, s'infiltrant entre elles pour tenir sa prise solidement. Puis il envoya la chaîne qui y était attachée vers le sol, en direction du Sélénien : « Plantez cela dans le sol ! Il faut l'immobiliser ! » Car la tête était dangereuse. Plusieurs Brises-Sorts en faisaient déjà de même avec d'autres chaînes, agrippées aux écailles et ancrées dans le sol, souvent à l'aide de magie. Naal répéta l'opération plusieurs fois, œuvrant en duo avec son complice improvisé. Plus Claudius plantait les chaînes dans le sol et plus il était facile pour Naal de se mouvoir sur la tête du dragon d’améthyste. Il réceptionnait les chaînes que ses compagnons lui envoyaient, les plantait dans les écailles et les envoyait à l'efficace Maître de la Guerre. « THANATOS ! » infligea-t-il à nouveau au dragon (et aux pauvres oreilles du sélénien), non pas pour le faire tomber du ciel cette fois, mais pour briser son esprit, l'accabler du manteau de la mort qui le recouvrait. Il voulait le broyer pour qu'il abdique.

    Lorsque la tête fut suffisamment stable, l'almaréen s'y aventura promptement et leva la Lance Brisée d'Aldakin du Néant. Claudius devait probablement la reconnaître, puisque le Prêcheur avait été d'une triste célébrité auprès de Fabius. Elle était brisée et lui servait de dague dont l’extrémité s'illumina d'une énergie pure avant que le chasseur ne l'enfonce dans l’œil de la bête, la faisant hurler de douleur. Il réitéra son geste sur l'autre œil, et à chaque fois, Cynoë était secoué de spasme de douleur et d'agonie. Des Brises-Sorts venaient trancher les premières écailles du cou du monstre, dans le but de l'achever d'une peine capitale et lorsque la tête fut défaite du corps, le silence était retombé, lourd. Le dernier râle de Cynoë avait été déchirant et il avait été remplacé par le souffle saccadé des hommes qui reprenaient leur souffle après cette terrible bataille. Beaucoup décampaient, à pied, à cheval, par magie, emportant avec eux les corps des défunts et la tête du dragon. C'était les ordres qu'ils avaient eu : ne rien laisser derrière eux et disparaître rapidement. Ceux qui le faisaient par magie étaient les plus rapides, les autres entreraient dans le réseau d'araignées d'Ilhan Avente. Beaucoup étaient blessés, mais des soigneurs ainsi que Kehlvehan seraient là pour les remettre sur pieds.

    Plus loin, le cheval de Naal et son cavalier provisoire fuyaient la capitale avait avoir rendu son royal colis. Il disparaîtrait lui aussi. Rapidement, il ne resta plus qu'eux deux, essoufflés par l'effort énorme que leur avait demandé cette dangereuse chasse. Il ne comptait pas se dérober. L'almaréen se redressa et progressivement, il laissa son vrai visage réapparaître. Sa peau sombre était couverte de traînées de sang.  Pas le sien. Sa peau ne s'était pas déchirée. Il avait de nombreux hématomes mais il avait eu son bouclier, cette fois-ci, pour se protéger du dragon... Et il ne s'était pas laissé frapper par Nolan comme il l'avait fait avec Orfraie. Il avait compris que leur offrir la vengeance ne leur apportait aucun soulagement. Pas plus que cela ne les sauvait. Son crane rasé était parcouru d'arabesques noires, signes d'une allégeance profonde au Néant. Ses mires prirent la teinte d'un ciel d'été, très clair. Il rangeait ses armes.

    « Mon nom est Naal du Néant. » Roi d'Almara, Oracle de l'Unique. Mais tout ça, les livres d'Histoire le racontaient très souvent. « Vous croyez que ce que j'ai fait va changer la face de l'Empire à tout jamais... Cela ne sera rien à côté de ce que vont vous faire les vampires. Les dragons sont le fléau du passé pour Sélénia, maintenant. Ils ont vicié Korentin Kohan, Esmelda Kohan et Nolan Kohan. Je suis venu libérer l'Impératrice Victoria de leur sournoise influence. Oui... cela va changer la face de l'Empire, je l'espère bien. Ce que j'ai fait, je l'ai fait en renforçant le pouvoir de la Couronne. » En témoigne les propos qu'il avait tenu pour mobiliser la foule : il avait réuni le peuple autour de leur Reine, pour leur Reine, avec leur Reine. « Les vampires seront le fléau de demain, car ils apportent avec eux, à nouveau, les dragons. Néant a posé sur mon épaule la Corneille. Je l'ai vu. Alors je suis venu pour porter un message à ces importuns : là où leurs ambitions dominatrices iront, je serai sur leur chemin pour porter le joug de la mort à leurs dragons. Si ces créatures leurs donnent les ailes d'une toute-puissance, comme jadis Korentin Kohan le crut... Ou même Nolan Kohan pour menacer l'Alliance de la puissance de feu de sa bête en écailles, alors je les briserai. Vous et moi voulons la même chose : longue vie pour le peuple. Je l'ai fait. 1700 ans durant, je l'ai fait, en éloignant la perfidie des dragons loin de mon peuple, en le chassant de nos terres. 1700 ans de paix et de prospérité... Brisées par un dragon Blanc. »

    Il serra les dents avant de souffler : « Plus jamais. » Son regard se porta sur Sélénia, pensif avant de reprendre : « Ne tardez pas, Claudius de Havremont. Je suis votre prisonnier, si vous le désirez. Ou bien je m'en vais. Mais je doute qu'il soit fort opportun que vos troupes nous voient faire la causette, lorsqu'elles arriveront. » Il tendit ses mains vers lui, paumes vers le ciel, attendant les fers ou l'absolution.

description[INTRIGUE] Révolte Hivernale  EmptyRe: [INTRIGUE] Révolte Hivernale

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Aux yeux de Claudius, la suite du combat ressembla plus à une exécution brutale qu’autre chose. Face à tous ces hommes d’un grand talent et d’une rare efficacité, le cracheur ne fit pas long feu, cette fois-ci.

Le Maître de Guerre obtempéra aux ordres successifs du chasseur, et ensemble ils purent vaincre Cynoë en un temps records. Ses tympans furent encore une fois mis à mal  plus tard, mais le feu de l’action avait commencé à ranimer ses forces petit à petit.

Il était bien triste de penser d’ailleurs que le Havremont trouvait plus de satisfaction à enterrer ses principes plutôt qu’à véritablement protéger et exercer ses fonctions comme il se l’était toujours juré. Mais ce qui s’était passé aujourd’hui était très grave, et lui montrait encore une fois qu’au sein de cet échiquier, il était peut être le seul noble Sélénien à encore croire en son Empire, accompagné de ses rares hommes et femmes qui suivaient le Maître de Guerre les yeux fermés.

Alors oui, il avait commis l’affront ultime. Il avait fait un doigt d’honneur à l’histoire et au monde d’une façon générale en osant participer joyeusement au meurtre d’un dragon, créant ainsi une réaction magique autour de lui même et des hommes du chasseur assez étonnante : la nature s’agitait, Claudius avait même senti la terre brièvement s’agitait sous le poids de la chute de Cynoë.

Oh non, ce à quoi il avait participé n’avait rien d’anodin. Mais Claudius pour l’heure, s’en fichait. Ce qu’il avait fait, il l’assummait. Il n’avait cure des Dragons, et des débats qu’il y avait autour d’eux ses derniers temps. Pour le Havremont, ces êtres tout autant que la Magie n’était que des outils permettant à l’Homme de s’élever, et d’assurer sa suprématie au-dessus des autres.

Une suprématie qui devait se représenter par un Empire implacable et sans merci enver ses opposants. Beaucoup l’avaient critiqué pour cette vision des choses. Et pour beaucoup, l’ascension de Claudius au plus haut des strates de la Couronne n’avait pas vraiment de sens.

Mais ce que beaucoup ignoraient, c’est que peu importe la situation, Claudius n’abandonnait jamais les siens. Le Maître de Guerre avait la conscience d’être très dur, de ne parfois pas avoir la langue dans sa poche, et d’être parfois outrancier. Cependant, ce que le Havremont aimait plus que tout c’était son Empire, et les hommes et femmes qui le composaient.  Aujourd’hui, alors que tous avaient détournés la tête d’une situation qui ne pouvait plus durer, ou s’étaient soi-disant déclaré inconfortable à la gérer, il avait été le seul, accompagné de ses hommes, à répondre présent.

Le seul.

C’était pour cette raison très précise, qu’il avait décidé de frapper Nolan Kohan et de tuer purement et simplement Cynoë, condamnant le second alors que le premier n’allait certainement pas tarder à le rejoindre dans la tombe.

Le Havremont avait décidé en ce jour que s’en était assez. Assez de ces hommes et femmes politiques d’apparat, qui n’avaient que faire de leur histoire, de leur territoire, de leur sujet. Assez de ces autres peuples qui venaient apporter la gangrène à un Empire au plus mal, n’ayant cure des hommes et des femmes qui n’avaient rien demandé à cela et qui désiraient simplement survivre alors qu’ils avaient tout perdu sur l’ancien continent. Assez d’accorder sa confiance à une direction qui avait une nouvelle fois briller par son inefficacité.

Alors pour toutes ces raisons, Le Havremont laissa partir les hommes du Chasseur qui n’avait rien à voir avec cette histoire là, et écouta le brave combattant Almaréen se présenter.

Naal du Néant, un homme important pour ce qui jadis était le continent Almaréen. Claudius n’avait encore jamais eu l’occasion de le connaître en personne, mais il ne détestait pas cette peuplade. Ils avaient des orientations politiques qui aujourd’hui étaient différentes, mais qui souvent se rejoignaient sur bien des points, ce que l’Oracle ne manqua pas de lui rappeler, dans un discours qui eut pour mérite de convaincre le Havremont sur le sort qu’il allait lui réserver.

Il le laissa aller au bout de ses idées, puis le Maître de Guerre intervint ensuite, après l’avoir patiemment jaugé quelques instants. Il tâcha de rendre le respect qui lui devait, à lui et son discours qu’il venait de faire :

“Mes hommages, Oracle de l’Unique. Si nos peuples sont aujourd’hui appeler à des aspirations différentes, je partage en bien des points votre discours concernant les Vampires. Ma famille n’a jamais vu ces êtres d’un bon oeil. Je veille sur ce danger depuis leur arrivée à Selenia …”

Claudius eut un soupir, avant de terminer sa phrase :

“Et je suis bien content de trouver du soutien dans vos paroles, bien qu’il soit assez inattendu.”

Bon certes, il trouvait cela dommage que ce soutien ne vienne pas de son territoire, mais les événements avaient été éprouvants, et bien qu’il ne soit pas allié de l’Empire, Claudius savait reconnaître la valeure sincère d’un guerrier.

Ce Naal du Néant avait gagné sa confiance, pour cela, Claudius rendit son verdict, lui serrant la main avec force :

“Partez, Chasseur du Vide. Bien que la situation de notre Empire ait profondément changée, il n’est pour l’heure pas souhaitable que vous restiez ici, surtout après ce que vous avez fait. La prochaine fois, tâchez de faire votre besogne sans provoquer une émeute générale dans ma ville.”

Le Havremont posa cette dernière phrase avec force, voulant bien se faire comprendre par l’Oracle, que plus jamais il ne devrait attaquer son territoire de la sorte. Car s’il avait été clément à son égard aujourd’hui, il ne le garantissait pas de l’être demain.

Il lui adressa cependant un sourire, avant de lui dire cette dernière phrase :

“Mais soyez assurés que moi, et mes oreilles se souviendront de vous. Que votre Dieu vous garde.”

C’était peu de choses, mais Claudius savait ces mots ô combien important dans une bataille. Le Havremont se montrait encore une fois dur, mais reconnaissant quand quelqu’un le méritait. Une nuance que bien peu de personnes arrivaient à saisir.

Le Maître de Guerre tourna les talons,  et alors que l’Oracle partait, il rejoignit les siens. Ses cavaliers, ses hommes. Ceux qui n’avaient pas faibli dans l’adversité, qui l’avaient suivi même quand il fallait se montrer rude envers leurs frères et soeurs impériaux. Comme à son habitude après chaque bataille importante, le Maître de Guerre salua leurs efforts, chacun d’entre eux, et les remercia aussi.

Au milieu des soldats, il trouva Lars, qui avait préparé un cheval pour lui. Il ne tarda pas à l’enfourcher, et lui glissa au passage :

“Tu sais Lars, je crois que nous sommes aux portes de nos heures les plus sombres. Tout le monde va devoir faire un choix.”

Il n’épilogua pas plus la question, car le Havremont travaillait déjà dans son esprit ce qu’il allait bien pouvoir dire à son peuple, qui devait sans doute attendre des réponses après un tel mouvement de foule. Il demanda toutefois à son acolyte de lui faire un résumé de la situation, alors qu’ils marchaient ensemble vers la Capitale : comme prévu, Nolan avait correctement été déposé au Palais, et rapidement pris en charge.

Son état n’était pas au beau fixe, mais cela été à prévoir. Claudius n’était pas un mage expert, mais il avait un minimum de culture générale suffisant pour comprendre ce que le Lien pouvait causé quand on provoquait la mort d’un dragon.

Le Maître de Guerre n’eut pas une once de regret. Non pas qu’il détestait particulièrement l’empereur, ou les dragons, mais il estimait qu’il était grand temps pour les Hommes de se réveiller de leur torpeur, qu’il était grand temps de se serrer les coudes, et d’avancer ensemble. Peut-être que cet événement tragique allait provoquer le rebond qu’il espérait tant depuis qu’il était arrivé à Tiamaranta.

Au milieu de tout ceci, Claudius nota que le compagnon du Chasseur avait agi avec loyauté, ne faisant pas plus ce qui lui était demandé, se contentant de remplir sa mission sans trop d’accrocs. Naal du Néant et ses troupes semblait donc être un homme de parole, ce qui donna un peu de réjouissance au coeur de Claudius.

Concernant la révolte, celle-ci avait été arrêtée au plus vite : des mages de l’armée avaient fini par se mettre en branle et plongé les plus récalcitrants dans une profonde torpeur, aidé de quelques soldats vampires, passant sans doute par là pour s’attirer quelques lauriers sur leur tête. Mais le Maître de Guerre n’était pas dupe. Depuis le début il avait été seul, alors il n’adresserait aucun remerciements à ces chiens qui attendait simplement que Selenia brûle pour prendre le pouvoir.

Bon nombre de citoyens pauvres avaient été appréhendés, et avec eux l’ordre de la Rose Ardente. Il était question de savoir ce que l’on allait faire d’eux. Claudius baissa la tête un instant, cherchant à ce qu’il allait bien pouvoir faire.

Aujourd’hui, le Havremont n’avait pas envie de punir son peuple, car il ne le tenait pas pour responsable de ce qui avait été provoqué. Cette colère, elle était profonde, et sévissait depuis de trop nombreuses années maintenant. Claudius pensa que les divisions au sein de l’Empire, la perte de la totalité des possessions de chacun au sortir d’Ambarhunà, la grande pauvreté de Selenia qui peinait à retrouver sa grandeur d’autrefois et enfin les récents mouvements politiques, avaient fini de saigner à blanc un peuple las de tout ceci.

La famine, et une excitation pour un sujet d’actualité, parachevant ce climat social bouillant pour le faire exploser. A vrai dire, c’était triste à dire, mais la plupart des suspects auraient sans doute eu des meilleures conditions de vie en prison.

Alors non. Claudius pour une fois, allait se montrer clément, et réfléchir sérieusement à comment reprendre les choses en main, même si un plan commençait à se dessiner doucement dans sa tête. Tout n’allait pas pouvoir se faire aujourd’hui cependant.

Une chose était sûre cependant : le Havremont avait beau être un homme dans la force de l’âge, il n’avait pas fini de batailler. Il combatterait probablement jusqu’à son dernier souffle.

Quand Claudius fut de retour dans sa Capitale, il donna l’ordre sciemment, de réveiller puis libérer chacun des hommes et des femmes appréhendés, sans qu’aucune question ne leur soit posé. Il tâcha cependant de rassembler le maximum de soldats, citoyens, prêtres, sur une grande place de la Capitale.

S’il était fatigué, lessivé par une bataille qui avait usé ses nerfs et son corps,  Claudius usa de ses dernières forces pour s’adresser à tout le monde. Une voix officielle devait guider son peuple. Le Prince devait parler à ses Sujets. Du haut de son cheval, face à une foule tantôt fatiguée par le lever soudain ou par les efforts fournis, Claudius s’exprima d’une voix puissante et posée connus de chacun de ses hommes.

“Enfants de l’Empire,

Votre colère a été entendu. Le dragon a été tué, j’ai participé à la fin de son dernier vol.

Aujourd’hui était la première étape qui nous mènera vers la gloire de notre nation, un futur radieux tel le soleil qui brille sur notre belle capitale.

Cependant, ce futur radieux ne sera accessible que si nous continuons nos efforts, et que nous travaillons dans une volonté commune de faire grandir notre territoire. Et dans cette quête, chacun à la possibilité de le faire rayonner.

Fils et Filles de l’Empire, Hommes et Femmes qui n’avez jamais cessé de croire en nous ...  Tout comme vous l’avez fait avec force aujourd’hui, chassez nos ennemis, qu’ils soient ailés ou plus pâles, sombres et insidieux encore. L’Armée se tiendra derrière vous. Je défendrai votre voix, même si l’on doit me couper la tête pour cela, les défuntes déesses m’en soient témoins.

C’est grâce à nos efforts, du meunier faisant tourner son moulin au soldat payant de sa vie pour protéger les siens, en passant par le prêtre vous donnant la Foi et l’Espérance de continuer, que nous arriverons à nous sortir de ces heures sombres, j’en suis persuadé.

Pour Selenia ! Pour l’Empire !”


Les plus fidèles hommes de Claudius reprirent la devise finale, et il leur adressa un sourire de gratitude. Le Havremont resta encore un moment dans la place, passant en revue les troupes qu’ils n’auraient pas vu, ou agissant comme une figure rassurante envers un peuple perdu.  

Il resta ainsi, affairé pendant plusieurs minutes. Et ce n’était que quand la place fut vide, qu’il décida de partir, retournant à son bureau, une expression douce amère au visage.

Claudius de Havremont ne réalisait pas encore totalement, mais il avait probablement marqué d’un fer rouge l’histoire de son Empire.

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    L'inclinaison était pieuse lorsque l'Oracle salua en retour le défenseur de l'Empire, serrant sa main avec une force surhumaine bien qu'amoindrie par l'épuisement, fort heureusement. Il lui octroyait de partir et par ce geste Naal lui était redevable, d'une certaine manière. Il allait pouvoir rentrer à Délimar pour s'expliquer auprès de l'Intendante en l'informant de la déclaration de guerre qu'il venait de signer malgré lui. Tryghild avait mené bien des efforts en direction de Victoria. Il ne doutait qu'on vienne à lui reprocher d'avoir tout gâché. L'almaréen espérait lui faire comprendre de par son geste, il avait, au contraire d'une trahison, fait preuve de beaucoup de sincérité et de courage. D'aucun l'auraient laissée s'empêtrer avec la colère de son peuple et des vampires prêts à mordre. La Corneille et le Néant lui avait donné le droit de voir et il n'avait pas été un oiseau silencieux. Il appelait à réveil, à une prise de conscience de la chute inexorable où l'Empire s'effondrait et où le peuple des Hommes allait courber l'échine devant ces prédateurs nocturnes. Elle avait laissé entré les loups dans la bergerie, continuerait-elle à leur faire aveuglément confiance ?

    Elle était cernée de traîtres, la position n'était guère confortable et le dévot riait pour qu'elle se tourne vers Tryghild en recours sincère, malgré le geste de Naal aujourd'hui. « Les vampires ne sont plus un danger sur lesquels il faut garder un œil. Passez à l'action avant eux, cela sera votre seule chance. » souligna-t-il, gravement. Comprendrait-il l'urgence de la situation ? Par la grâce de la Corneille, de la Baleine et la main qu'ils se serraient mutuellement, il lui montra la discussion en langue glacernoise qu'il avait perçue entre Achroma et Aldaron. Puis une seconde scène où Naal avait demandé à un glacernois de confiance, de lui traduire ce qu'il avait entendu. Cela lui donnerait sûrement du grain à moudre et de quoi agir efficacement. Le pourrait-il ? L'oracle lui remettait ce fardeau. « Je vous suis redevable. Si vous me l'accordez, je veillerai sur vous. Chaque jour lorsque le soleil sera au zénith, la Corneille se posera sur votre épaule, Bras de l'Empire. Même si vous êtes seul, parlez et je vous entendrai. Appelez-moi et je vous viendrai en aide. Au nom de Néant, je le jure. »

    Il avait eu droit à son respect, Naal le lui rendait tout autant. Il savait aussi qu'il l'avait mis, par la chasse de Cynoë et ce qu'il lui avait confié, aux prises d'un immense danger. Il aurait été malvenu de sa part de ne pas lui promettre de lui prêter main forte s'il en ressentait le besoin. « Surveillez vos arrières... Valar Morghulis. » souffla-t-il, en réponse, avant de se détourner, effacer l'histoire du lieu en quelques prières dévouées et disparaître dans un cri à la voix du Tout-Puissant Unique.

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Félicitation pour cette intrigue, j'espère que vous vous êtes bien amusé! Maintenant les récompenses =D

Naal : Glyphe ou Bonus/Effet d'alliage unique
Claudius : Sort unique

Dernière édition par Verith le Lun 22 Juin 2020 - 22:45, édité 1 fois

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