Octobre
Belethar était à son bureau, et relisais plusieurs fois la lettre qu’il avait écrite. Son destinataire, ou plutôt sa destinatrice ? Orfraie Ataliel.
L’Espérancieux se tourna ses pouces, pensifs. Après avoir ignoré l’elfe pendant longtemps, il avait pris sa plume pour de nouveau lui adresser la parole, du moins fictivement pour l’instant.
L’objet de cette lettre ? Des questions, et bien trop peu de réponses. La Loge intéressait Belethar depuis qu’il en avait entendu parler, car il sentait dans cette formation destiné à l’étude de la magie que la famille Espérancieux avait l’occasion de renouer avec ses racines d’antan.
Celles qui avaient été presque oubliées depuis la disparition des dragons, et le génocide qu’avait connu la famille à cause des damnés Almaréens. Belethar mira Pupillam avec un regard empli de doute : voilà peu de temps que la bague s’était “réveillée” à lui, et lui avait fait voir en rêve des morceaux d’histoires oubliés de sa famille, son lien fort avec les dragons, la détermination de Valahar, et tout le reste.
Ces visions, elles avaient engendré dans sa vie bien plus de doutes que de certitudes. Lentement mais sûrement, elles avaient fait flanché l’esprit de l’Espérancieux, qui se pensait pourtant tout tracé dans la voix qu’il prenait.
Belethar songeait depuis longtemps à son avenir dans l’Ordre Baptistral, il en avait même parlé à son presque-frère lors de leurs dernières rencontres. Et depuis qu’il avait vu tout cela, il n’était plus sûr d’être aussi utile qu’il ne voudrait l’être. A la manière de ses ancêtres qui s’étaient battu pour sauver des dragons, et donc la magie, le Pater Familias ne se demandait pas si sa place était avec la Loge, parmi une formation de personnes chargés très clairement d’étudier ces phénomènes là.
Il pressa un peu la lettre, et eut un petit sourire nerveux, repensant à de nombreuses choses de sa vie antérieure.
Ce bout de papier, aussi fragile soit-il, allait potentiellement changer tout le cours de sa vie.
Début Novembre
C’était aujourd’hui. L’entrevue entre l’Espérancieux et Orfraie avait été convenu, et c’était aujourd’hui qu’il était censé la voir.
L’immaculée s’était montrée très énigmatique quant au sujet de la forme de celui-ci. Elle avait simplement préciser à Belethar de “rester chez lui”, sans évoquer le pourquoi du comment. Connaissant tout de même l’ex-elfe depuis un certain temps maintenant, le Pater Familias se doutait que si elle lui avait ordonné cela, c’est qu’elle avait une idée derrière la tête.
Alors Belethar avait appliqué les consignes de l’elfe, et s’était isolé dans une partie de sa domus, celle-ci contenant une cheminée avec un feu allumé. Le Pater Familias attendit là quelques instants, avant d’entendre d’abord quelques crépitements, puis de voir quelques étincelles sautillées.
Belethar arqua un sourcil, se demandant s’il n’aurait pas mieux faire de prendre avec lui un seau d’eau. Il n’eut cependant pas le loisir d’aller au bout de sa réflexion, car le feu s’intensifiait, avant de légèrement aveugler le Pater Familias.
Un clignement d’yeux plus tard, et Belethar vit devant lui Orfraie Ataliel. Ou tout du moins une partie : elle s’était incarnée dans la flamme de sa cheminée. L’Espérancieux voyait ainsi devant lui toute la tête de son amie, et une partie de son buste. Il fronça les sourcils, réprima un petit rire, avant de finalement lui dire :
“J’imagine que je ne te propose pas à boire ?”