22 novembre 1763 - Caladon
Le débarquement, contrairement à certains auxquels Sorel avait eut le déplaisir de participer, se déroula dans le calme et l’organisation. Le personnel marin, plus qu’habitué à gérer les voyageurs, s’arrangea pour qu’aucune glissade ne survienne sur le pont couvert des embruns marin.
Depuis qu’Aldaron s’était installé à Caladon, Sorel avait prit l’habitude d’emprunter un bateau, régulièrement, afin de rendre visite à son père. Échanger des messages, à l’aide de son esprit-lié ou par les moyens postiers réguliers, ne valait définitivement pas la présence rassurante d’Aldaron. Sans parler qu’il était certaines conversations qu’il était préférable de réserver à un échange oral plutôt que de laisser certains mots à la discrétion d’un moyen écrit. Laquelle discrétion pouvait parfois se révéler traîtresse. Sorel était prêt à prendre bien des risques et à tenter la chance, à l’occasion, mais la famille et ses proches était une chose avec laquelle il ne jouerait pas.
Sorel s’éloigna prestement du port afin de ne pas engorger les quais et occasionner le genre de bouchon susceptible d’agacer les badauds, mais plus important encore, les travailleurs. Il resserra les pans de sa cape autour de lui, tentant de garder et d’amasser un peu de chaleur en ce mois de novembre, et contempla la cohue qui l’entourait avec un sourire ravi. Les travailleurs se déplaçaient avec l’efficacité de l’habitude, empruntant les trajets les moins risqués mais surtout les plus directs afin de charger ou décharger les précieuses marchandises qui transitaient par Caladon. Les badauds, en revanche, se mouvaient avec placidité, peu pressés par le temps. Ceux qui n’avaient encore jamais mit les pieds à Caladon se retrouvaient à tourner la tête de droite et de gauche à la recherche de l’itinéraire qui les mènerait à bon - ha ! - port, certains, la mine moins émerveillée, savaient où aller et s’y dirigeait d’un pas assuré.
Avec un petit son joyeux, Sorel se détourna du port et des eaux sombres de la mer, pour se diriger d’un pas allègre vers l’une des portes principales.
Son sac sur l’épaule et son bâton favoris à la main, il rejoignit le flot tranquille des voyageurs en direction du marché de Caladon. Là-bas, il était à peu près sûr de trouver ce qu’il cherchait. La mine joyeuse mais l’esprit attentif à ne pas voir sa bourse allégée par un passant aux doigts agiles, Sorel se posta à quelques mètres de l’entrée du marché et scanna la foule. Il savait ce qu’il cherchait, à force de pratiquer cette technique bien moins chère que celle plus conventionnelle, il avait fini par développer une certaine habileté à repérer le candidat idéal.
Il en interpella plusieurs, les abordant avec le même éclat, le même sourire et la même énergie. La plupart secouèrent la tête, certains firent mine de réfléchir mais aucun n’était en mesure de répondre à sa demande. Un peu déconfit mais néanmoins certain de finir par trouver ce qu’il cherchait, Sorel continua à observer ses alentours et à détailler les passants avec la même attention. La solution à son énigme se présenta sous les traits d’un homme d’âge moyen. Il n’avait pas l’air d’être à la recherche de quelque chose en particulier, plutôt présent pour la balade. Ses vêtements, de facture commune, étaient bien entretenus mais portaient des signes d’usure à l’instar de ses chaussures qui, à force de battre le pavé, ne devaient plus fournir une grande protection contre les angles durs des pavés en question.
Sorel l’approcha avec un grand sourire, lui touchant gentiment le coude sans prolonger le contact plus que nécessaire.
« Bonjour ! Puis-je me permettre d’accaparer votre attention, messire ? »
L’inconnu, surpris, sursauta à peine. Les yeux légèrement écarquillés tombèrent sur Sorel, prenant en compte le visage couturé de cicatrices avant de s’arrêter sur l’expression ouverte et joyeuse.
« Tout dépend c’est pour quoi. »
« Fort bien ! Je m’appelle Sorel, » se présenta-t-il avec exubérance, « et, euh... » le sourire du jeune elfe se flétrit légèrement au profit d’une mine contrite, « Je viens rendre visite à quelqu’un sauf que je suis parti sans lui demander son adresse. Est-ce que vous sauriez par hasard où loge Ilhan Avente ? »
Pris au dépourvu, l’homme cilla quelques instants avant de froncer les sourcils, son regard se perdit quelques secondes, fixant le pavé avec l’air de la réflexion.
« Ilhan Avente... » L’homme frotta sa barbe courte, l’air pensif. « Ça me dit quelque chose… Ah ! Comme quoi, ça sert bien à quelque chose d’écouter les ragots, » lâcha l’inconnu, la mine soudain éclairée. « Il se peut effectivement que je sache où cette personne se trouve. »
Sorel sourit, mutin, sensible à la façon dont l’homme avait laissé ses derniers mots s’étirer, suspendus comme dans l’attente.
« Auriez-vous l’amabilité de m’y conduire, dans ce cas ? Je peux vous payer, une partie maintenant et une partie à l’arrivée, si cela vous convient ? »
« Marché conclu ! »
Peu désireux d’attirer l’attention sur ses effets, Sorel produit la monnaie depuis sa poche, offrant comme convenu une partie de la récompense à l’inconnu, lequel s'appelait Garin. Ils échangèrent sur le chemin, se déplaçant à travers le marché avec l’aisance d’habitués.
Cependant, alors qu’ils approchaient d’une des portes permettant de sortir du tumulte du marché de Caladon, quelque chose attira l’oeil du jeune elfe. Distrait, il ralentit légèrement, s’approchant d’un étal avec une mine curieuse. Juste quelques secondes ne devraient pas suffire à perdre de vue son guide. Certainement.
Probablement qu’en temps normal, avec sa grande taille et sa vue perçante, cela n’aurait pas représenté un grand challenge que de retrouver Garin mais un flot soudain de passants occupa presque tout l’espace de l’allée. Bousculé sur le côté et contraint de se réfugier entre deux étals, Sorel cligna des yeux, stupéfait.
Il ignorait s’il s’agissait de toute une famille, d’un rassemblement de plusieurs familles ou de quoique ce soit d’autre, le résultat restait le même : il avait perdu son guide. Et, pour changer, il pouvait remercier son extraordinaire capacité à se laisser distraire par de jolies couleurs et par des choses qui brillent.
Depuis qu’Aldaron s’était installé à Caladon, Sorel avait prit l’habitude d’emprunter un bateau, régulièrement, afin de rendre visite à son père. Échanger des messages, à l’aide de son esprit-lié ou par les moyens postiers réguliers, ne valait définitivement pas la présence rassurante d’Aldaron. Sans parler qu’il était certaines conversations qu’il était préférable de réserver à un échange oral plutôt que de laisser certains mots à la discrétion d’un moyen écrit. Laquelle discrétion pouvait parfois se révéler traîtresse. Sorel était prêt à prendre bien des risques et à tenter la chance, à l’occasion, mais la famille et ses proches était une chose avec laquelle il ne jouerait pas.
Sorel s’éloigna prestement du port afin de ne pas engorger les quais et occasionner le genre de bouchon susceptible d’agacer les badauds, mais plus important encore, les travailleurs. Il resserra les pans de sa cape autour de lui, tentant de garder et d’amasser un peu de chaleur en ce mois de novembre, et contempla la cohue qui l’entourait avec un sourire ravi. Les travailleurs se déplaçaient avec l’efficacité de l’habitude, empruntant les trajets les moins risqués mais surtout les plus directs afin de charger ou décharger les précieuses marchandises qui transitaient par Caladon. Les badauds, en revanche, se mouvaient avec placidité, peu pressés par le temps. Ceux qui n’avaient encore jamais mit les pieds à Caladon se retrouvaient à tourner la tête de droite et de gauche à la recherche de l’itinéraire qui les mènerait à bon - ha ! - port, certains, la mine moins émerveillée, savaient où aller et s’y dirigeait d’un pas assuré.
Avec un petit son joyeux, Sorel se détourna du port et des eaux sombres de la mer, pour se diriger d’un pas allègre vers l’une des portes principales.
Son sac sur l’épaule et son bâton favoris à la main, il rejoignit le flot tranquille des voyageurs en direction du marché de Caladon. Là-bas, il était à peu près sûr de trouver ce qu’il cherchait. La mine joyeuse mais l’esprit attentif à ne pas voir sa bourse allégée par un passant aux doigts agiles, Sorel se posta à quelques mètres de l’entrée du marché et scanna la foule. Il savait ce qu’il cherchait, à force de pratiquer cette technique bien moins chère que celle plus conventionnelle, il avait fini par développer une certaine habileté à repérer le candidat idéal.
Il en interpella plusieurs, les abordant avec le même éclat, le même sourire et la même énergie. La plupart secouèrent la tête, certains firent mine de réfléchir mais aucun n’était en mesure de répondre à sa demande. Un peu déconfit mais néanmoins certain de finir par trouver ce qu’il cherchait, Sorel continua à observer ses alentours et à détailler les passants avec la même attention. La solution à son énigme se présenta sous les traits d’un homme d’âge moyen. Il n’avait pas l’air d’être à la recherche de quelque chose en particulier, plutôt présent pour la balade. Ses vêtements, de facture commune, étaient bien entretenus mais portaient des signes d’usure à l’instar de ses chaussures qui, à force de battre le pavé, ne devaient plus fournir une grande protection contre les angles durs des pavés en question.
Sorel l’approcha avec un grand sourire, lui touchant gentiment le coude sans prolonger le contact plus que nécessaire.
« Bonjour ! Puis-je me permettre d’accaparer votre attention, messire ? »
L’inconnu, surpris, sursauta à peine. Les yeux légèrement écarquillés tombèrent sur Sorel, prenant en compte le visage couturé de cicatrices avant de s’arrêter sur l’expression ouverte et joyeuse.
« Tout dépend c’est pour quoi. »
« Fort bien ! Je m’appelle Sorel, » se présenta-t-il avec exubérance, « et, euh... » le sourire du jeune elfe se flétrit légèrement au profit d’une mine contrite, « Je viens rendre visite à quelqu’un sauf que je suis parti sans lui demander son adresse. Est-ce que vous sauriez par hasard où loge Ilhan Avente ? »
Pris au dépourvu, l’homme cilla quelques instants avant de froncer les sourcils, son regard se perdit quelques secondes, fixant le pavé avec l’air de la réflexion.
« Ilhan Avente... » L’homme frotta sa barbe courte, l’air pensif. « Ça me dit quelque chose… Ah ! Comme quoi, ça sert bien à quelque chose d’écouter les ragots, » lâcha l’inconnu, la mine soudain éclairée. « Il se peut effectivement que je sache où cette personne se trouve. »
Sorel sourit, mutin, sensible à la façon dont l’homme avait laissé ses derniers mots s’étirer, suspendus comme dans l’attente.
« Auriez-vous l’amabilité de m’y conduire, dans ce cas ? Je peux vous payer, une partie maintenant et une partie à l’arrivée, si cela vous convient ? »
« Marché conclu ! »
Peu désireux d’attirer l’attention sur ses effets, Sorel produit la monnaie depuis sa poche, offrant comme convenu une partie de la récompense à l’inconnu, lequel s'appelait Garin. Ils échangèrent sur le chemin, se déplaçant à travers le marché avec l’aisance d’habitués.
Cependant, alors qu’ils approchaient d’une des portes permettant de sortir du tumulte du marché de Caladon, quelque chose attira l’oeil du jeune elfe. Distrait, il ralentit légèrement, s’approchant d’un étal avec une mine curieuse. Juste quelques secondes ne devraient pas suffire à perdre de vue son guide. Certainement.
Probablement qu’en temps normal, avec sa grande taille et sa vue perçante, cela n’aurait pas représenté un grand challenge que de retrouver Garin mais un flot soudain de passants occupa presque tout l’espace de l’allée. Bousculé sur le côté et contraint de se réfugier entre deux étals, Sorel cligna des yeux, stupéfait.
Il ignorait s’il s’agissait de toute une famille, d’un rassemblement de plusieurs familles ou de quoique ce soit d’autre, le résultat restait le même : il avait perdu son guide. Et, pour changer, il pouvait remercier son extraordinaire capacité à se laisser distraire par de jolies couleurs et par des choses qui brillent.