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22 novembre 1763 - Caladon

Le débarquement, contrairement à certains auxquels Sorel avait eut le déplaisir de participer, se déroula dans le calme et l’organisation. Le personnel marin, plus qu’habitué à gérer les voyageurs, s’arrangea pour qu’aucune glissade ne survienne sur le pont couvert des embruns marin.
Depuis qu’Aldaron s’était installé à Caladon, Sorel avait prit l’habitude d’emprunter un bateau, régulièrement, afin de rendre visite à son père. Échanger des messages, à l’aide de son esprit-lié ou par les moyens postiers réguliers, ne valait définitivement pas la présence rassurante d’Aldaron. Sans parler qu’il était certaines conversations qu’il était préférable de réserver à un échange oral plutôt que de laisser certains mots à la discrétion d’un moyen écrit. Laquelle discrétion pouvait parfois se révéler traîtresse. Sorel était prêt à prendre bien des risques et à tenter la chance, à l’occasion, mais la famille et ses proches était une chose avec laquelle il ne jouerait pas.

Sorel s’éloigna prestement du port afin de ne pas engorger les quais et occasionner le genre de bouchon susceptible d’agacer les badauds, mais plus important encore, les travailleurs. Il resserra les pans de sa cape autour de lui, tentant de garder et d’amasser un peu de chaleur en ce mois de novembre, et contempla la cohue qui l’entourait avec un sourire ravi. Les travailleurs se déplaçaient avec l’efficacité de l’habitude, empruntant les trajets les moins risqués mais surtout les plus directs afin de charger ou décharger les précieuses marchandises qui transitaient par Caladon. Les badauds, en revanche, se mouvaient avec placidité, peu pressés par le temps. Ceux qui n’avaient encore jamais mit les pieds à Caladon se retrouvaient à tourner la tête de droite et de gauche à la recherche de l’itinéraire qui les mènerait à bon - ha ! - port, certains, la mine moins émerveillée, savaient où aller et s’y dirigeait d’un pas assuré.
Avec un petit son joyeux, Sorel se détourna du port et des eaux sombres de la mer, pour se diriger d’un pas allègre vers l’une des portes principales.

Son sac sur l’épaule et son bâton favoris à la main, il rejoignit le flot tranquille des voyageurs en direction du marché de Caladon. Là-bas, il était à peu près sûr de trouver ce qu’il cherchait. La mine joyeuse mais l’esprit attentif à ne pas voir sa bourse allégée par un passant aux doigts agiles, Sorel se posta à quelques mètres de l’entrée du marché et scanna la foule. Il savait ce qu’il cherchait, à force de pratiquer cette technique bien moins chère que celle plus conventionnelle, il avait fini par développer une certaine habileté à repérer le candidat idéal.
Il en interpella plusieurs, les abordant avec le même éclat, le même sourire et la même énergie. La plupart secouèrent la tête, certains firent mine de réfléchir mais aucun n’était en mesure de répondre à sa demande. Un peu déconfit mais néanmoins certain de finir par trouver ce qu’il cherchait, Sorel continua à observer ses alentours et à détailler les passants avec la même attention. La solution à son énigme se présenta sous les traits d’un homme d’âge moyen. Il n’avait pas l’air d’être à la recherche de quelque chose en particulier, plutôt présent pour la balade. Ses vêtements, de facture commune, étaient bien entretenus mais portaient des signes d’usure à l’instar de ses chaussures qui, à force de battre le pavé, ne devaient plus fournir une grande protection contre les angles durs des pavés en question.

Sorel l’approcha avec un grand sourire, lui touchant gentiment le coude sans prolonger le contact plus que nécessaire.

« Bonjour ! Puis-je me permettre d’accaparer votre attention, messire ? »

L’inconnu, surpris, sursauta à peine. Les yeux légèrement écarquillés tombèrent sur Sorel, prenant en compte le visage couturé de cicatrices avant de s’arrêter sur l’expression ouverte et joyeuse.

« Tout dépend c’est pour quoi. »

« Fort bien ! Je m’appelle Sorel, » se présenta-t-il avec exubérance, « et, euh... » le sourire du jeune elfe se flétrit légèrement au profit d’une mine contrite, « Je viens rendre visite à quelqu’un sauf que je suis parti sans lui demander son adresse. Est-ce que vous sauriez par hasard où loge Ilhan Avente ? »

Pris au dépourvu, l’homme cilla quelques instants avant de froncer les sourcils, son regard se perdit quelques secondes, fixant le pavé avec l’air de la réflexion.

« Ilhan Avente... » L’homme frotta sa barbe courte, l’air pensif. « Ça me dit quelque chose… Ah ! Comme quoi, ça sert bien à quelque chose d’écouter les ragots, » lâcha l’inconnu, la mine soudain éclairée. « Il se peut effectivement que je sache où cette personne se trouve. »

Sorel sourit, mutin, sensible à la façon dont l’homme avait laissé ses derniers mots s’étirer, suspendus comme dans l’attente.

« Auriez-vous l’amabilité de m’y conduire, dans ce cas ? Je peux vous payer, une partie maintenant et une partie à l’arrivée, si cela vous convient ? »

« Marché conclu ! »

Peu désireux d’attirer l’attention sur ses effets, Sorel produit la monnaie depuis sa poche, offrant comme convenu une partie de la récompense à l’inconnu, lequel s'appelait Garin. Ils échangèrent sur le chemin, se déplaçant à travers le marché avec l’aisance d’habitués.

Cependant, alors qu’ils approchaient d’une des portes permettant de sortir du tumulte du marché de Caladon, quelque chose attira l’oeil du jeune elfe. Distrait, il ralentit légèrement, s’approchant d’un étal avec une mine curieuse. Juste quelques secondes ne devraient pas suffire à perdre de vue son guide. Certainement.
Probablement qu’en temps normal, avec sa grande taille et sa vue perçante, cela n’aurait pas représenté un grand challenge que de retrouver Garin mais un flot soudain de passants occupa presque tout l’espace de l’allée. Bousculé sur le côté et contraint de se réfugier entre deux étals, Sorel cligna des yeux, stupéfait.

Il ignorait s’il s’agissait de toute une famille, d’un rassemblement de plusieurs familles ou de quoique ce soit d’autre, le résultat restait le même : il avait perdu son guide. Et, pour changer, il pouvait remercier son extraordinaire capacité à se laisser distraire par de jolies couleurs et par des choses qui brillent.

descriptionTout ce qui brille [PV Ilhan] EmptyRe: Tout ce qui brille [PV Ilhan]

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Son départ de Caladon était prévu pour le lendemain. Il espérait pouvoir revoir un peu Aldaron avant. Mais ce dernier était très pris, et pour cause, après les événements ayant sévi dans la ville. Lui-même avait eu beaucoup à faire. Notamment son compte-rendu par le carnet resonare à Tryghild, pour le plus urgent du moins et la version officielle de l’affaire, tout en lui disant ne pas pouvoir tout dire par écrit. Faire quelques courriers, profiter de son passage en Caladon pour prendre de l’argent à son coffre – était-ce lui ou le montant avait encore grimpé sans qu’il n’ait rien déposé lui-même ? –, régler quelques affaires avec ses araignées et organiser certaines choses pour la Toile…

Dire que ce dernier point était litigieux pour lui serait un doux euphémisme. Il savait être le Tisseur, mais il le savait non pas parce qu’il s’en souvenait, mais parce qu’il l’avait lu. Il avait lu, et vu dans son Livre de Vie, beaucoup de choses. Mais les souvenirs ne voulaient pas revenir pour autant. Comment était-il censé mener la Toile dans ses conditions ? Pour autant, ses araignées semblaient toujours le considérer comme le Tisseur et comme seul digne de les mener sur la voie qui les inspirait. Même celles qui savaient ce qu’il était devenu et l’amnésie qui le frappait. Cela était déconcertant pour lui. Cette confiance presque aveugle et ce dévouement fervent lui faisaient presque peur. Peur de ne pas être à la hauteur, peur de ne pas se révéler digne de leurs attentes. Tant et tant de peurs le rongeaient au fond de lui, quand bien même il tentait de n’en rien montrer au reste du monde…

Il avait senti alors un besoin pressant de se réfugier dans la pratique méditative pour calmer ses esprits. Après une séance revivifiant, il avait enchainé sur ses exercices de pratique physique, que son maitre en la matière lui avait conseillé de faire régulièrement, même durant son absence. Autant dire qu’il avait vite compris le dur labeur qui l’attendait pour arriver à une endurance physique décente. Pour tout avouer, il avait surtout réalisé que jamais il ne serait un maitre lui-même dans ces arts-là. Il lui fallait viser un but plus modeste : renforcer un tant soit peu son endurance et tenter de mieux maitriser les arts de combat Graärh que son ancien lui avait commencé à apprendre. Il ne serait jamais un grand guerrier, là n’était pas son but. Juste savoir se défendre et ne pas, plus ?, être un poids mort ou un maillon trop faible en cas de problèmes. Les derniers événements que son ancien lui relatait dans ses écrits étaient un exemple criant de ce qu’il ne voudrait plus vivre, et lui révélaient ce qu’il pouvait faire pour éviter d’être une telle proie à l’avenir. Il avait aussi remarqué que sa condition de Sainnûr semblait lui donner un avantage physique indéniable comparé aux humains du commun. Il fallait en tirer avantage. Ne pas entretenir ce nouveau corps qu’on lui avait offert serait un crime envers la nature et cette seconde chance qu’on lui accordait. Et l’équilibre entre corps et esprit requerrait que son corps se renforce un tant soit peu.

Ses exercices le laissèrent en sueur et essoufflé, tant et si bien qu’il prit un bon bain chaud. Il barbotait dedans, quand il entendit toquer à la porte du logement qu’on leur avait attitré. Vladimir, qui l’avait accompagné, alla ouvrir, tandis qu’il s’empressa de sortir de son bain et de se vêtir.

Bonjour M’ssire, fit un homme.

Ilhan passa rapidement une tête dans l’entrebâillement de la porte de sa chambre pour observer celui qui parlait à l’entrée. Âge moyen, vêtements communs, un peu usés… Ce visage ne lui disait rien. L’althaïen se cacha de nouveau tout en finissant de se vêtir devant son miroir, vérifiant que sa mise était parfaite, sans faux pli, et tendit l’oreille pour écouter ce qui se disait.

On m’a dit que j’pourrais trouver M’ssire Ilhan Avente ici.

Qu’est-ce que vous lui voulez ? répondit Vladimir, peu amène.

Ce m’sieur voulait vous…

Ilhan sortit enfin, et vit l’air confus de l’homme alors qu’il se retournait de nouveau vers eux, a priori penaud. Apparemment il s’attendait à avoir quelqu’un derrière lui, un quelqu’un qui n’était plus là. Ilhan haussa un sourcil, et offrit son sourire énigmatique, à mi-chemin entre bienveillante écoute et amusement poli.

J’devais mener quelqu'un jusqu'à vous, sauf que... ben j'l'ai perdu.

Ilhan cacha l’amusement qui montait en lui et se retint de rire à grand-peine. Pour un guide, en voilà un bien piètre. Il s’avança alors, et, indiqua à Vladimir que tout irait bien. Même si ce dernier resta tout de même en arrière, au cas où.

Quel était cet individu, monsieur ? fit poliment Ilhan, lui offrant un certain respect, quand bien même l’homme était de caste inférieure.

Cela sembla mettre l’homme en confiance et lui faire plaisir, car il lui offrit un grand sourire et répondit avec enthousiasme.

Il m’a dit s’nommer Sorel. Un nom bizarre derrière… Sorel Gallen… Gallen… manque que’que chose, mais ça sonnait comme ça. Un jeune bonhomme, oreilles pointues, grande silhouette, si vous voyez l'genre…

Sur l’instant, Ilhan ne voyait pas du tout. Si ce n’est qu’il devait s’agir d’un elfe. Un elfe venir le voir ici ? Sorel… ce nom lui disait vaguement quelque chose. Mais alors vaguement…

Sous la concentration, Ilhan fronça les sourcils. Ce qui sembla perturber l’homme devant lui.

Un souci m’ssire ?

Mis à part qu’il avait perdu celui qu’il devait guider ? fut-il tenté de répliquer. Au lieu de cela, il força son visage à s’adoucir et son sourire revint aussitôt.

Non aucun. Où l’avez-vous perdu ?

C’est que…

Bien évidemment, il ne savait pas. Ilhan poussa un soupir intérieurement.

Par où êtes-vous passé ?

Et l’homme s’empressa alors de lui dire où il l’avait rencontré et le chemin pris. Ilhan hocha la tête et le remercia. Il allait prendre congé, s’apprêtant à aller retrouver ce Sorel "quelque chose" – même s’il ne se rappelait pas vraiment de lui, si quelqu’un voulait le voir, il ne pouvait le laisser errer dans Caladon – quand l’homme resta planter là. Après un énième haussement de sourcil, Ilhan lui demanda s’il voulait autre chose. L’homme lui avoua que Sorel lui avait promis une somme pour le guider, dont l’autre partie lui serait versée à l’arrivée. Ilhan se retint de lui rétorquer que, puisqu’il avait perdu son payeur, il devrait se passer de la deuxième partie. Mais au vu de la mise de l’homme, il avait sans doute fort besoin de cette somme. Ilhan alla donc chercher sa bourse et versa la somme requise, sans perdre son sourire. Et la compléta d’une autre moitié. L’homme le remercia en courbettes et autres verbiages serviles, puis enfin partit.

Allons chercher ce Sorel, fit alors Ilhan, une fois qu’ils furent seuls. Viens avec moi, pas besoin de gardes délimariens.

Tant que le serval serait avec lui, Ilhan ne craignait rien. Ou presque. Et puis cela lui permettrait peut-être de régler quelques affaires arachnéennes éventuellement. Vladimir hocha aussitôt la tête, et prit ses effets. Ilhan profita de ce petit laps de temps pour contacter une araignée proche du marché de Caladon, pour qu’elle tente de localiser leur cible, tout en revêtant lui-même prestement sa cape, son baudrier et son bâton.

Tout le long du chemin, Ilhan n’eut de cesse de se répéter le nom, tentant de se remémorer où il l’avait vu, ou lu, quand soudain il se rappela. Oui, dans ses carnets ! Sorel Gallenröd ! Elfe, assez jeune, qu’il avait connu antan. Ils auraient plus ou moins oeuvré ensemble et avaient travaillé parfois main dans la main. Du peu qu’il savait, ils s’étaient appréciés, et avaient même semblé vouloir se recruter… sans succès. Son ancien lui semblait avoir beaucoup aimé travailler avec l’elfe, même s’il le soupçonnait de travailler pour une organisation secrète. Rien de formel, aucune preuve, mais les soupçons étaient là. Tout comme Sorel devait le soupçonner d’oeuvrer aussi pour une organisation de l’ombre. Le fait qu’ils se soient si longtemps tournés autour sans parvenir à convaincre l’autre de le rejoindre était un signe en soi…

Sorel Gallenröd… Dommage que ce nom ne lui ramène aucun souvenir propre toutefois. Dans un soupir las, agacé de voir sa mémoire en lambeaux alors qu’il semblait en avoir tant besoin, Ilhan arriva enfin près du marché. Aussitôt une araignée sortit de l’ombre, et lui indiqua une direction. Une silhouette. Haute et longiligne silhouette, portant un sac sur l’épaule et un bâton à la main.

Ilhan s’arrêta un instant et se permit de l’observer de loin, d’en détailler chaque trait. Chacune de ses cicatrices au visage aussi. Quand soudain son regard sombre croisa les perles vert d’eau de l’elfe. Ilhan sentit un sourire étirer son visage, sans même qu’il ne se force. Il aimait ce regard limpide et intense. Il n’aurait su dire pourquoi ni en quoi, mais il appréciait déjà cet elfe au fin fond de son coeur.

Il se dirigea alors vers lui, et son sourire se teinta d’une petite nuance taquine. Il offrit le salut elfique, dans toutes les règles de l’art, puis, le compléta du salut althaïen, portant sa main sur le coeur, avant de la faire voleter vers Sorel, paume vers le ciel, comme s’il le lui offrait.

Que le soleil illumine vos pas, fit-il alors de ses accents chantants.

Encore une salutation typiquement althaïenne, à mi-chemin entre le commun des Hommes et la grâce des elfes.

Il paraît que vous me cherchiez. Un homme a frappé à ma porte et se trouva fort déconvenu… de vous avoir perdu…

Son sourire amusé et un brin moqueur s’élargit encore, alors qu’il observait de ses orbes de jais, légèrement teintés de petits éclats d’or, l’elfe lui faisant face.

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Il y avait comme un choix difficile à faire qui se présentait, songea Sorel, alors que ses yeux vagabondait d’un étal à un autre. Quitte à être perdu, autant l’être pour une bonne raison, non ? Il se frotta les doigts contre le pouce, son regard passant d’une marchandise à une autre, d’un vêtement aux couleurs vibrantes à un autre dont les bijoux ornés de gemmes attiraient son regard comme une flamme un papillon. Il y avait, à proximité, un marchand qui devait vendre des mets sucrés insupportablement appétissants car le nez fin de l’elfe frémissait dès qu’une brise lui apportait les effluves tentateurs. Caressant du pouce le bois noueux de son bâton, Sorel trépignait sur place, indécis. Il était venu voir Ilhan, le pincer gentiment avant de le remercier pour le cadeau, peut-être le convaincre de partager un chocolat chaud, se balader, quelque chose, n’importe quoi. Pas perdre du temps à reluquer les marchandises étalés à la disposition du voyageur. Il était venu pour Ilhan. Mais il s’était perdu, après tout… quelques instants perdus à observer ce qui se vendait, à mémoriser les prix entre autres informations… c’était une partie de son travail, après tout. N’est-ce pas ?

Sorel jeta un oeil dans la direction qu’avait probablement prit son guide avant qu’il ne le perde, partagé entre sa curiosité dévorante et l’envie de voir Ilhan. Avec un reniflement un peu penaud, il prit la direction qu’avait prit son guide résolu à regarder les étals tout en essayant de s'extirper du marché. Sûrement Ilhan ne vivait pas au marché ni même dans ses alentours immédiats. Le problème n’était rien moins que de trouver la bonne voie une fois sorti du marché. Il pouvait éventuellement essayer d’interpeller un autre badaud en espérant avoir une fois de plus de la chance mais il en ressentait quelques réticences sans pour autant être en mesure de déterminer pourquoi.
Il approchait de la frontière quelque peu déprimante du marché lorsqu’un éclat bleu attira son regard. Il ne s’agissait pas d’un marchand d’armes à proprement parlé, plutôt un marchand de tout et de rien, un peu comme le bric-à-brac que l’on pouvait retrouver dans la boutique de Sorel. Il y avait de tout, quelques bijoux, quelques livres, quelque matériel pour l’écriture notamment mais il vit également quelques ustensiles pour de la sculpture. A l’arrière, un maillet et des pinces attendaient qu’un forgeron ait besoin d’eux et passe par là, par le plus grand des hasards. Ce qui avait attiré son regard, en revanche, n’était autre qu’une dague finement ouvragée dont le pommeau était orné d’une pierre bleue. Le fourreau, sculpté, était ouvragé et feuilleté d’argent. Une superbe pièce à n’en pas douter. Sorel sourit, son regard glissant sur les figures figées dans l’argent. Jolie mais inutile en ce qui le concernait. Il ne pouvait pas le faire mais il aurait bien tapoté sa fidèle lame, cachée qu’elle était dans les replis de sa botte droite. Discrète, aiguisée et absolument passe-partout, elle était idéale pour le rôle qu’il lui avait attribué.

Il se redressait, quittant l’étal sans regret, lorsque son regard croisa une paire de billes sombres. Instantanément, le visage de l’elfe s’éclaira d’un grand sourire et il fit un grand geste du bras à l’attention d’Ilhan. Ravi d’avoir été retrouvé par l’humain, Sorel se dirigea à grands pas dans sa direction, se retenant à grande peine de courir en bondissant. Exalté, il eut cependant à retenir son éclat de joie et d’excitation, la lueur taquine dans les yeux de son compagnon rendant la chose compliquée.
Le salut elfique dont le gratifia Ilhan le fit presque trépigner sur place mais il se retint, contenant son énergie débordante afin d’y répondre à l’identique. Il hésita un instant avant de reproduire la gestuelle althaïenne, se demandant s’il était possible que son geste puisse être mal pris ou mal interprété.

Les paroles d’Ilhan lui tirèrent une expression penaude et il se frotta le visage d’un air embarrassé :

« J’ai choisi le marché parce que c’était là où il y avait le plus de chances de trouver quelqu’un susceptible de savoir où te trouver… malheureusement c’est aussi ici que se trouvent les plus grandes distractions, » dit-il, réussissant l’exploit d’emprunter un air à la fois contrit et espiègle.

Son regard clair s’attarda sur son ami, s’imprégnant d’une figure familière, amicale, avec laquelle il avait travaillé main dans la main, dans un but commun, malgré le danger et les menaces. Il sourit alors, une expression douce et calme, en contradiction avec son exaltation précédente.

« Ca fait plaisir de te revoir. »

Cependant, incapable de se retenir plus longtemps, un peu comme le naturel chassé qui s’en revient au galop, Sorel s’élança et attira Ilhan dans une étreinte chaleureuse. Il le relâcha rapidement, le tenant à bout de bras, le visage éclairé d’une expression enthousiaste, avant de l’entraîner, enroulant son bras droit avec le gauche du délimarien.

« On a tellement de choses à se dire ! A commencer par, » commença-t-il, l’air joueur mais d’un ton réprimandeur « comment tu es tombé sur Tor’Shorot. »

Il agita doucement le bâton dans la direction d’Ilhan, son regard s’attardant à nouveau sur tout et rien, observant ce qui se trouvait sur les étals, les badauds, revenant toujours d’une manière ou d’une autre vers son camarade.
Son nez - et son estomac peut-être un peu dans les talons après la traversée marine - capta l’odeur alléchante des pâtisseries qui le tentaient depuis bien trop longtemps maintenant. Subtilement, Sorel orienta leur pas, suivant l’odeur alléchante comme un limier sur les traces encore chaudes d’une proie.

« Ca a été une vraie surprise de recevoir un tel cadeau, complètement inattendu. »

En quelques pas, ils arrivèrent au coin d’une nouvelle allée d’étals et, à dix pas à peine de leur position, se trouvait la marchandise tant convoitée. Pas étonnant que les effluves lui parvenaient aussi clairement, le marchand se trouvait presque littéralement derrière là où il s’était trouvé avant qu’Ilhan ne le rejoigne.

« Est-ce que ça te dérange si on fait une petite pause pâtissière ? » S’enquit-il poliment.

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Ilhan percevait clairement l’impatience et l’exaltation retenue de l’elfe quand il approcha. Ses grands pas réduisirent la distance entre eux en un rien de temps, et encore l’elfe s’était visiblement retenu de ne pas courir. Il devait avouer que cette attitude était plutôt flatteuse, et de bon augure pour la suite. Il avait lu que tous deux s’étaient appréciés, mais entre le lire et le voir il y avait un fossé. Visiblement l’elfe l’estimait suffisamment pour avoir eu hâte de le voir. Et que dire de l’émotion qui envahit Ilhan quand il vit Sorel lui rendre son salut, pas seulement elfique, mais aussi à la mode althaïenne. Peu de gens osaient le lui rendre ainsi. Certes, lui-même l’avait offert à peu de gens réellement jusque-là. Du moins son ancien lui, qui gardait ses coutumes althaïennes pour lui, au fin fond de son coeur, pour mieux se fondre dans la masse humaine. Mais…

Mais d’une part il n’était plus un humain, quand bien même il se faisait encore passer pour l’un d’eux. D’autre part, Althaïa n’était plus, sauf au coeur de la poignée d’althaïens encore en vie. Si eux ne la faisaient plus vivre, alors elle mourrait définitivement. Il avait donc décidé d’afficher clairement cette appartenance-là. Car, au fond de lui, c’était celle à laquelle il s’identifiait totalement. Il ne se sentait ni totalement humain ni totalement sainnûr, ni vraiment délimarien ni possiblement du clan vampirique, ni totalement de l’Alliance ni sélénien… Non, ce qui le définissait clairement, c’était son Althaïa, qui, même après sa renaissance, avait su faire battre son coeur, rien qu’à la lecture de toute sa richesse raffinée et cultivée.

Quand l’elfe lui rendit son salut, le sourire d’Ilhan s’agrandit encore alors, et son regard sombre pétilla de petits éclats d’or. Et il manqua rire aux éclats quand l’elfe lui confia avoir été distrait. Le marché ? Offrir les plus grandes distractions ? Il s’imaginait sans peine l’elfe perdu au milieu de "tout ce qui brille". Un des traits de caractère qu’il avait lu sur son carnet au sujet de ce Sorel : "aime tout ce qui brille". Il semblerait qu'il en ait une preuve formelle en cet instant. Il parvint toutefois à se retenir, même s’il dut pour cela se mordre l’intérieur des joues, laissant alors seul son sourire s’élargir de plus belle et se teinter d’une moue moqueuse. Un sourire taquin qui s’effaça aussitôt et se fit plus doux, quand l’autre lui avoua avoir plaisir à le voir. Il aurait aimé pouvoir répondre de même, mais… Il ne se souvenait toujours pas de lui ! Il ne se souvenait toujours de rien ! Il fut tenté de lui faire écho en lui offrant les mêmes mots, par esprit de politesse, mais quelque chose le retint. Une certaine pudeur peut-être, ou une volonté de ne pas vraiment mentir ? Toujours fut-il qu’il garda silence et se contenta de lui sourire. Mais son regard sombre brilla plus encore d’or, alors qu’un voile de tristesse en ternit l’éclat.

Il n’eut toutefois guère à lutter bien longtemps contre ce dilemme de répondre ou non, qu’il se retrouva bien vite avec un elfe dans les bras. Il fut si surpris qu’il ne sut comment répondre à ce geste sur l’instant. Peu de gens osaient de telles choses avec lui, le connaissant particulièrement pudique et surtout réfractaire à certains types de contact. Son ancien lui se serait sans doute raidi à se retrouver ainsi plaqué par cette force elfique, mais le jeune sainnûr n’eut même pas la pensée de simuler la réaction qu’il aurait dû avoir. Il se contenta de rester là, ainsi, l’elfe dans les bras… avant de tout doucement céder à son instinct et de répondre, même si à gestes lents et doux, presque timides, à l’étreinte. Il passa ses deux bras dans le dos de l’elfe, sans serrer. Songeant un peu tard que l’elfe avait peut-être pu sentir une force nouvelle en lui, que l’humain qu’il avait été n’avait, et n’aurait, jamais eue. Bien vite toutefois Sorel le tint à bout de bras et l’entraina ensuite à ses côtés, bras dessus bras dessous, l’empêchant par sa poigne ferme de s’en aller, s’il en avait eu ne serait-ce que l’idée. Bien loin de lui une telle pensée cependant... Il appréciait déjà cette compagnie, il devait bien l'avouer.

Certains badauds se retournèrent à leur passage… Il fallait dire qu’entre son charisme tout althaïen qui faisait tourner toutes les têtes et la beauté si caractéristique des elfes qui faisait chavirer les esprits, ils ne passaient guère inaperçus tous deux. Et le comportement si ouvert, presque exubérant d’enthousiasme, de Sorel n’aidait en rien à toute discrétion. Du coin de l’oeil, il aperçut une araignée, qui les observait et les surveillait, assurant leur sécurité l’air de rien. Ilhan aperçut clairement son air presque choqué sur son visage quand leur regard se croisa. Sans doute était-elle étonnée de cette promiscuité si marquée, que son ancien lui n’aurait pas accepté aussi volontiers, ou avec plus de réticence… L’althaïen pria alors les Huit en son for intérieur que Sorel ne remarque pas cette "différence".

Et là, LA question qui fâche… Tor’Shorot… Il avait lu avoir offert ce fameux bâton à l’elfe oui. Mais… où donc l’avait-il dégotté ? Il n’en avait fichtrement aucune idée. Il se racla la gorge alors, masquant sa gêne et la camouflant au mieux derrière un sourire espiègle et taquin.

Si je te révèle tous mes secrets, où serait le plaisir ? se contenta-t-il de biaiser, d’un faux air narquois.

Espérant que quelque chose d’autre capte l’attention de Sorel et le distrait de cette fâcheuse question. Ses prières furent certainement entendues et il bénit les Huit de leur aide, quand l’elfe lui proposa une "pause pâtisserie". C’était là des mots magiques pour Ilhan. Parlez sucrerie, et vous le verrez sourire de ravissement. Ou presque.

Si cela me dérange ? fit-il d’une voix trainante aux accents chantants. Moi, être dérangé par l’idée de manger des pâtisseries ?

Lui qui avait toujours une confiserie ou une autre dans sa poche pour qui le connaissait bien, lui qui toujours grignotait une sucrerie, même en travaillant… C’était à se demander comment il avait fait pour ne pas devenir obèse. Bon à la place il avait récolté une maladie du foie, certes, mais… Sa nature de Sainnûr l’immunisait peut-être à ce genre de maladie ? Sans doute ne craignait-il pas de récidive dans cette autre existence ?

Je crois que tu connais déjà la réponse…

Et aussitôt ce fut lui qui les entraina vers l’étal devant lequel Sorel s’était arrêté. Il commanda aussitôt deux pâtisseries, après avoir consulté Sorel du regard pour savoir si son choix de part de tarte poire chocolat lui convenait, puis compléta sa commande de petites confiseries en forme de boule au chocolat. Certes, elles ne seraient pas fourrées de liqueur de fruit, comme seule Dihya savait les faire, ni même elles ne comporteraient un petit mot d’encouragement comme celles du calice que son père lui avait offert, mais peu importait. Elles étaient tout autant alléchantes. Il s’empressa de payer le tout, ne laissant pas le temps à Sorel de lui couper l’herbe sous le pied, ou plutôt de sortir l'or de la bourse, et repartit avec son petit butin. Il guida l’elfe vers une petite fontaine, sur une place à la sortie du marché, un peu plus au calme et isolée du brouhaha de ce dernier. Ses sens sainnûr plus aiguisés étaient vite éprouvés en pareil milieu.

Dis-m'en des nouvelles, fit-il en tendant la part de tarte au jeune elfe. Et goûte ces délices aussi, ajouta-t-il en posant le sachet de confiserie entre eux.

Il croqua aussitôt dans sa propre tarte aux fruits rouges et ferma les yeux pour en savourer tous les arômes qui palpitèrent dans sa bouche et chantèrent une symphonie de plaisir. Certes, cela n’avait pas la même puissance que la saveur de la magie, mais… Il avait promis, depuis sa renaissance, de ne plus goûter ce mets-là, trop dangereux pour lui. Et il avait eu récemment un exemple probant de ce que s’adonner à cette tentation de manger la magie pouvait donner. Que les Huit l’en gardent !

Alors, dis-moi, qu’est-ce qui t’amène à Caladon ? Je doute que ton objectif fût d’écumer le marché, ne put-il s’empêcher d’ajouter, son sourire taquin refaisant surface. Qu’es-tu devenu tout ce temps ?

Faire parler Sorel de lui, plutôt que de le laisser lui poser des questions embêtantes. Oui, voilà un bon plan. En espérant que l’elfe ne soit pas dupe, toutefois...

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Voir la façon dont le visage d’Ilhan s’illuminait d’un sourire grandissant fit pétiller un sentiment de joie en Sorel, lui faisant remuer les orteils à l’intérieur de ses bottes. Il se balança d’avant en arrière, un sourire ravi étirant ses lèvres sans la moindre retenue. Un détail, cependant, attira l’attention de l’elfe et il inclina légèrement la tête sur le côté sans pour autant que son expression ne se modifie.
Les yeux d’un vert clair, intenses et pétillants, détaillèrent attentivement les traits de son compagnon, comme pour les graver dans sa mémoire ou se gorger du plaisir de retrouver un vieil ami. Un torrent soudain d’excitation et d’enthousiasme comme momentanément apaisé par une attention intense au tranchant apaisé par la douceur de ses traits. Cependant il est peu de chose que l’on peut retenir pour longtemps et le naturel tactile de Sorel n’en fait définitivement pas partie, aussi se précipita-t-il sur son compagnon pour l’étreindre.

D’abord oublieux de sa force supérieure, un manque de retenue qui lui fait souvent défaut, Sorel s’apprêta à se retirer avec empressement mais la silhouette d’Ilhan ne frémit pas ni ne tressaillit. Et, si quelques secondes furent nécessaires à cela, l’Althaïen lui rendit même son étreinte. Maladroitement, mais le geste était là et Sorel se sentit fondre sur place d’affection et de soulagement.
Il y avait également quelque chose d’étrange à se retrouver plus grand qu’Ilhan. L’homme avait une prestance et un charisme tels qu’il lui donnait l’impression d’être aussi grand voire plus que l’elfe. Par comparaison, Sorel se faisait toujours l’effet d’être plus petit que la plupart des gens qu’il rencontrait, de pouvoir passer inaperçu et d’être en mesure de se glisser dans un trou de souris si l’envie le prenait. Tout comme il lui arrivait d’oublier que sa crinière flamboyante pouvait le distinguer au milieu d’une foule. Ces oublis-là, cependant, n’avaient lieux que lorsqu’il pouvait se le permettre.

Peu désireux de rester planté là, au beau milieu d’une allée du marché, et surtout conscient qu’on risquerait bien de leur faire remarquer qu’ils gênaient le passage, Sorel entraîna rapidement Ilhan à sa suite. Suivant sans remord l’appétissante direction qu’il avait repérée un peu plus tôt.
Tout en se déplaçant, il interrogea Ilhan sur l’origine de Tor’Shorot mais la réponse qui lui fut fournie n’était en rien celle à laquelle il s’attendant. Sorel émit un son choqué, la bouche ouverte en un parfait “O” et les yeux écarquillés, comme frappé par la trahison la plus inattendue. Fait inhabituel et rare s’il en est, il sembla avoir perdu ses mots mais cela ne dura qu’une poignée de secondes.

« Mais c’est pas une réponse ça ! Tu peux pas me faire ça ! »

Pendu au bras de l’humain, l’elfe s’apprêta à plaider sa cause lorsqu’il remarqua qu’ils étaient arrivés à proximité de l’étal qu’il recherchait. Mettant momentanément de côté - avec quelques peines - sa curiosité dévorante, Sorel proposa de s’arrêter pour une petite pause gourmande. Son innocente question - conscient qu’il s’agissait là d’une tentation à laquelle Ilhan aurait toutes les difficultés du monde à résister - reçu la réponse attendue.

Celle-ci arracha un rire à l’elfe. « Peut-être, » admit-il en inclinant légèrement la tête, un sourire doux fendant son visage. « Tout change, dernièrement, » lâcha-t-il doucement mais sans rancoeur ni regret, simple constatation émise avec la douceur d’un fait accepté sans remord, « il est bon de réaliser que certaines choses, parfois les plus simples mais néanmoins les meilleures, ne changent pas. » Il laissa Ilhan l’entraîner vers l’étal, souriant à s’en faire mal aux joues, l’observant empiler et commander les douceurs comme Sorel collecterait jolies pierres et étoffes colorées. « A l’instar de ton goût pour le sucré. »

Il gloussa, couvrant ses lèvres arquées derrière la manche de son manteau de voyage, ses yeux brillants d’amusement et de plaisir honnête. Son allégresse manqua le faire éclater de rire au moment de payer puisqu’Ilhan le devança avec aisance, achevant sa commande tout en tendant la somme requise pour régler ses achats dans un seul souffle. Hilare, Sorel se laissa guider par l’althaïen vers une place plus calme et dont la population se limitait à quelques badauds. Le vacarme du marché s’entendait, un peu plus loin, mais de là où ils se trouvaient désormais seul le glouglou régulier de la fontaine et le bruit citadin venait troubler le calme.
Sorel se détendit tout en s’asseyant sur le rebord de la fontaine, laissant son paquetage reposer à ses pieds. Il s’installa en tailleur, Tor’shorot en travers de ses jambes, et réceptionna la part de tarte tendue par Ilhan.

« Merci ! »

Savourant aussi bien la bonne compagnie que le goût sucré et fruité de la tarte, appréciant le goût du chocolat justement dosé qui n’écrasait en rien celui de la poire. Il avait découvert que, bien que délicieux, le chocolat pouvait se révéler plus lourdaud qu’un rhinocéros laineux. Content de juste pouvoir s’installer à proximité d’Ilhan, dans le calme et la bonne compagnie, tout en profitant d’une bonne pâtisserie sucrée, Sorel regretta sa grande taille. Moins grand, il se serait assis “convenablement” tout en balançant ses jambes d’avant en arrière comme il avait l’habitude de le faire lorsqu’il était encore un enfant.
Il repensa à la réponse d’Ilhan quant à l’origine de Tor’Shorot et réfléchit à une façon de lui tirer les vers du nez. Avant qu’il ne puisse trouver une façon originale de le faire, Ilhan le tira de ses pensées avec ses propres questions et, la bouche pleine, Sorel lui fit les gros yeux lorsqu’il mentionna l’attrait du marché. Non sans qu’un sourire ne vienne courber ses lèvres, cependant. Sa propre hilarité rendit difficile d’avaler sa bouchée de poire sucrée assaisonnée de chocolat mais il y parvint au prix d’un monumental effort.

« Je suis venu pour te remercier pour Tor’Shorot et te rendre visite. Il m’a fallu plus de temps que prévu pour y parvenir mais j’espérais que tu t’en souviendrais, » finit-il avec une petite moue déçue. Il attendit quelques secondes avant de laisser un sourire chafouin étirer ses lèvres, haussant les épaules avant de mordre dans sa part de tarte avec appétit. « Ca me fait aussi des vacances, pour tout t’avouer. J’aime bien voyager mais j’ai désormais ma propre boutique et il est difficile de s’absenter dans ces conditions. »

Il piocha une boule de chocolat dans le paquet posé entre eux, la lançant dans les airs pour la réceptionner dans sa bouche, jetant un regard triomphant dans la direction d’Ilhan.

« Et toi ? J’ai entendu beaucoup à ton sujet mais qu’en est-il réellement ? »

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S’il ne pouvait pas lui faire ça ? Mais si, tout à fait, eut-il envie de répliquer. Toutefois seul un sourire goguenard fit écho à ces mots. Il préférait ne pas s’éterniser sur le sujet Tor’shorot, bien trop délicat pour lui en cet instant. Il sentait une pente glissante dans laquelle il pouvait s’enliser s’il n’y prenait pas garde et qui pourrait trahir son secret. Enfin l’un de ses secrets.

Et à cette pensée, il retint un soupir fatigué. Il avait l’impression parfois que toute sa vie n’était tissée que de secrets. Chuchotis, rumeurs, noms multiples, multiples identités, masques à tout va… Rares étaient les personnes connaissant tous ses secrets et avec lesquelles il pouvait faire tomber tous les faux apparats. Quelque chose l’attirait vers l’elfe à ses côtés, quelque chose lui donnant l’envie que l’elfe soit de ces personnes-là. Mais… le pouvait-il ? De ce qu’il avait lu sur Sorel, lui aussi semblait cacher bien des choses. Non, sans doute ne pouvait-il donc pas accorder une totale confiance à l’elfe. Pour le moment du moins ?

« Tout change, dernièrement. »

Ces mots d’apparence anodine firent l’effet d’un coup de fouet au jeune sainnûr. Si l’elfe savait à quel point il avait raison et avait touché juste ! Ou le savait-il justement ? Avait-il eu vent de quelques rumeurs ? Ou avait-il senti dans son comportement des étrangetés ? Des changements ? Ilhan sentait bien avoir commis quelques impairs, quand bien même il était bon acteur. Il était difficile de tout maitriser, d’autant plus quand vous ne vous souveniez pas de tout et que votre interlocuteur en savait presque plus sur vous que vous-même… Toutefois la suite le rasséréna quelque peu. Oui, certaines choses ne changeaient pas. Il avait noté avoir gardé des similitudes assez notables et assez nombreuses avec son ancien lui. Le goût du sucre, cette propension à toujours grignoter en tout temps, dès qu’il en avait l’occasion, une pensée foisonnante, une curiosité infinie… Tout comme l’attrait pour les choses qui brillent n’était en rien altéré chez l’elfe.

Arf. Le sujet Tor’Shorot revenait. Diantre, ce vil addict à l’or ne pouvait-il pas les laisser manger en paix ? Et que dire des mots suivants, évoquant le fait que Sorel espérait qu’il s’en souviendrait… L’althaïen fronça les sourcils. L’elfe savait-il réellement quelque chose concernant sa transformation et son amnésie ? Devait-il aborder le sujet et tâter le terrain ? Ou continuer à faire comme si de rien n’était ? Diverses voies se profilaient devant lui : faire semblant, mentir éhontément, se la jouer chafouin et rusé, confronter le problème de front (l’option qui lui plaisait le moins et la plus dangereuse à dévoiler ses secrets), ou… se taire. Il fut tenté d’en appeler à sa pythie, fidèle pythie qui avait su si souvent le guider. Mais il se retint… et préféra, du moins pour l’instant, la voie du silence. La voie qui lui semblait, lui avait toujours semblé, la plus sûre.

Il se contenta donc d’écouter et d’avaler goulument chaque information qui tombait, aussi savoureuse que la tarte qu’il dévorait. Une boutique donc ? Voilà qui était intéressant et qui n’était pas noté dans son carnet. Une information qu’il s’empresserait d’ajouter… et il ne manquerait pas d’envoyer quelque araignée aller visiter cette fameuse boutique, pour en savoir plus. Ilhan hocha la tête, attendant la suite, et sourit au petit manège enfantin de l’elfe pour rattraper la sucrerie au vol. Encore heureux qu’il ne l’ait pas lancé trop fort au point de s’en étouffer...

« Et toi ? J’ai entendu beaucoup à ton sujet, mais qu’en est-il réellement ? »

Arf. Une autre question délicate. En avait-il encore beaucoup en stock comme ça ? Qu’avait-il entendu exactement à son sujet ? Comment, par tous les Esprits-Liés, était-il censé répondre à cette question sans vendre la mèche ?

Pendant qu’il dardait son regard sombre sur l’elfe, un discours mutin et cynique se joua alors en son for intérieur : "Oh, rien de bien particulier, tu sais. J’ai été gravement malade d’une maladie incurable parce que la magie était complètement folle et qu’on ne pouvait l’utiliser pour me guérir. En voyage diplomatique j’ai eu l’honneur d’être "approché" par l‘Impératrice, puis sur le retour je me suis fait kidnapper par un fourbe de pirate qui m’a donné en cadeau à son père, le dit père, roi des pirates, qui m’a torturé et abusé, avant que je ne sois finalement relâché dans un marais… puis j’ai retrouvé des Gräarh au prix d’un périple dangereux de trois jours, avec lesquels j'ai longuement voyagé pour retrouver le Domaine, où on a tenté une chirurgie pour me sauver, en vain. Naal m’a fortement réconforté. Puis Aldaron est arrivé, s’est infiltré en rêve et m’a mordu, me transformant. Mais me rendant auprès de Tryghild, quand je me suis transformé, une lame se pointait sur ma gorge m’intimant à immaculer, ce que j’ai réussi à faire, on ne sait comment, de suite. Et depuis je ne me souviens de rien, mais je fais semblant de me souvenir de tout, tout en ayant tenté d’aider à une enquête de meurtres et en voyant mes frères de race se faire utiliser pour ces fameux crimes. Rien de bien particulier en fait, la routine..."

Oui, non, vraiment, il ne se voyait pas raconter tout cela. Déjà parce que, même à lui, cela lui donnait la sensation d’un "trop". Et cela amènerait une quantité inimaginable de questions, un long récit qu’il n’avait aucune envie de raconter, d’autant plus qu’il n’en avait pour certains pans aucun souvenir… Et que pour d'autres, ils étaient placés sous le sceau du secret. Non, il ne lui était pas possible de raconter tout cela.

Au lieu de quoi, il lui offrit son plus beau sourire. De cet éternel sourire énigmatique qu’il avait si souvent offert à la Cour, qui cachait si bien ses pensées, questions et sentiments. De ce rictus cryptique entre bienveillance attentive et humeur joueuse et taquine, possiblement un brin moqueuse aussi. Pour se donner du temps, il s’empressa de croquer une nouvelle bouchée, qu’il prit pleinement le temps de savourer.

Cette tarte est savoureuse, vraiment, fit-il enfin, une fois sa bouchée finie.

La tarte l’était aussi, malheureusement, et il n’avait plus, ou presque, aucune raison de ne plus répondre.

Une boutique dis-tu ? Voilà qui m’intéresse. Il faudra que tu m’en donnes l’adresse. Si jamais un de mes voyages m’y amène, je me ferai un plaisir d’aller la visiter.

Comment cela, il retardait les réponses ? Mais pas du touuut !

Malheureusement l’elfe ne serait certainement pas dupe. Il lui fallait bien répondre à ces questions. Ou… du moins, aborder le sujet. Ce fut donc d'une voix sourde et basse qu'il ajouta enfin :

Quant à moi… il s’est passé beaucoup de choses en effet me concernant. Mais qu’as-tu entendu exactement ? Quelles sont donc les rumeurs qui courent sur moi ? Je suis curieux.

Oui, certes, il ne répondait pas vraiment. Mais après tout, autant commencer par un début…

Se disant, pour se donner une petite contenance, et aussi par esprit de défi après le geste gracieux que Sorel avait réussi pour attraper sa sucrerie, l’althaïen s’empressa d’attraper une petite boule chocolatée à son tour. Il jeta un regard taquin, brillant de provocation, au jeune elfe, puis imita son geste puéril en lançant la sucrerie en l’air, s’apprêtant à la rattraper aussi dignement que possible la bouche ouverte. Toutefois, nulle sucrerie ne vint, et nulle dignité ne lui fut accordée. Un malandrin passa à cet instant, avec sa charrette bien trop chargée, qui éclaboussa l’althaïen. Il en fut tellement surpris qu’il manqua glapir. Au lieu de cela, il sursauta… tant et si bien qu’il glissa du rebord et tomba dans la fontaine. Ce fut donc un jet d’eau qu’il reçut sur la tête quand il se redressa et non une sucrerie goûteuse en bouche. Sucrerie alors à terre, totalement écrasée dans une fange boueuse.

Ilhan tenta de se redresser, manquant retomber à maintes reprises, tout en crachotant de l’eau. Il tendit alors une main vers l’elfe, l’intimant, en ce simple geste, à l’aider à s’extirper de cette fontaine.

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Le regard que lui rendit Ilhan à sa question fit froncer les sourcils à Sorel. Il baissa les yeux, observant le bois travaillé de Tor’Shorot comme si le bâton pouvait lui offrir une distraction suffisante quant au doute qui l’avait assaillit. Le silence prolongé d’Ilhan n’aidait en rien et il se demanda un instant si sa curiosité ne l’avait pas une fois de plus poussé à mettre les deux pieds dans le plat. Si d’ordinaire cela ne l’aurait pas dérangé outre mesure, après tout il était comme qui dirait accoutumé aux problèmes et aux conséquences qui en découlaient généralement, cette fois-ci était autre. C’était une chose d’enquiquiner un inconnu jusqu’à le chatouiller d’un peu trop près et déclencher une bagarre, c’en était une autre de chagriner un compagnon, un ami, un frère.
Il jeta un regard de côté à Ilhan et croisa le sourire énigmatique, un brin joueur, un rien moqueur et Sorel s’interrogea. Peut-être Ilhan ne savait simplement pas par où commencer, ni s’il souhaitait divulguer ses informations au jeune elfe.

Après un silence quelque peu insoutenable durant lequel Sorel hésitait entre interrompre la réflexion d’Ilhan en lui assurant que s’il ne souhait pas parler, rien ne l’y obligeait, et l’inconfort quant à l’idée de prendre la parole et de peut-être déranger son compagnon, Ilhan finalement pris la parole.
Et les mots qui passèrent la barrière des lèvres de l’althaïen firent ciller Sorel, le prenant au dépourvu. La tarte était effectivement délicieuse, rien ne pouvait justifier une opposition de sa part mais… L’elfe inclina la tête, l’air confus. Une confusion qui s’effaça bien rapidement aux paroles suivantes de l’humain, le faisant ciller à nouveau mais pour une raison tout à fait différente. Baissant à nouveau les yeux sur le bâton de mage qui se trouvait en travers de ses jambes croisées, Sorel fronça les sourcils, l’air concentré. Il y avait beaucoup à dire sur les premiers mots qu’avait prononcé Ilhan et probablement d’innombrables raisons pour les expliquer. Cependant l’elfe ne pouvait s’empêcher de remarquer des détails et s’il était loin de sauter et de pointer un doigt accusateur, il décida qu’il s’abstiendrait de mentionner quelque information sensible que ce soit.

La réponse que lui offrit Ilhan en retour de ses questions fit relever légèrement les épaules de Sorel comme s’il désirait y rentrer la tête, le regard toujours résolument fixé sur le bois sculpté de Tor’Shorot. Le son grattant du papier froissé qui contenait les boules de chocolat attira son attention et Sorel croisa le regard d’Ilhan et y retrouva le même pétillant, la même provocation qu’il avait commencé à associer à l’humain. Il se rappelait des planques et des jeux, des échanges tout en grignotant une tarte, un gâteau, une confiserie d’un genre ou d’un autre. S’il était des étrangetés passagères, c’était bien ce regard, parmi d’autres, qui pouvaient le rassurer.
Incapable de se retenir, Sorel esquissa un mince sourire amusé, un rien insolent, comme s’il mettait Ilhan au défi de mettre à exécution son évidente intention. L’althaïen, la bouche grande ouverte dans l’espoir de rattraper la confiserie, ne vit pas cette dernière atterrir dans la boue, ne vit pas non plus arriver la charrette qui lui éclaboussa tout le devant de sa superbe tunique parfaitement arrangée. L’expression de complète stupeur qui se peignit sur le visage d’Ilhan arracha un éclat de rire à l’elfe. Le sursaut suivi de la glissade, le battement des bras comme dans l’espoir de soudainement s’envoler et de s’éviter une baignade imprévue, ne firent qu’accentuer l’hilarité du Maître des Mines. Ce dernier finit par se tortiller, les bras croisés sur son ventre douloureux, les yeux brillants de larmes tandis qu’il était témoin de toute la dignité envolée de l’althaîen.
Les grands airs, la prestance et l’allure goguenarde “j’en sais plus que toi” s’étaient fait la malle pour laisser la silhouette fine d’un homme trempé jusqu’aux os à l’expression ahurie.

Parfaitement insensible aux premières tentatives répétées - et sans succès - d’Ilhan de se redresser, Sorel continua de s’esclaffer de bon coeur, du moins jusqu’à ce que l’althaïen ne lui demande silencieusement de l’aide.
Faisant mine de considérer la main tendue, l’elfe tenta de retrouver un semblant de respiration régulière, le ventre douloureux et les yeux humides. Avec un soupir fataliste, il quitta sa position assise sur le rebord de la fontaine et tendit la main vers son compagnon dans l’intention de lui offrir l’aide demandée.

« C’est presque dommage, » déclara-t-il avec un sourire, « tu as l’air dans ton élément, pourtant. »

Il attrapa la main glissante et mouillée d’Ilhan et alors qu’il exerçait une traction afin d’attirer Ilhan vers lui et l’extirper de sa prison aqueuse, il sentit une attraction inverse. Surpris et bien qu’il s’était préparé à rencontrer quelque résistance, il ne s’était pas attendu à être franchement tiré en avant.
Glissant sur le sol boueux et trempé par les précédentes éclaboussures, Sorel s’effondra avec un glapissement, tête la première. L’eau glacée de la fontaine se referma sur sa tête et bien qu’il restât les jambes à l’air, les genoux coincés sur le rebord, le reste de son corps se retrouva soudainement englouti.
Rapidement, en s’appuyant sur le fond de la fontaine, il émergea en crachotant, sa crinière rousse aplatie sur son crâne, faisant ressortir ses oreilles pointues. A genoux dans l’eau, Tor’Shorot à moitié immergé, l’elfe darda un regard noir dans la direction de l’humain.

« Ca c’est bas, même pour toi ! »

Jaugeant de la profondeur de l’eau dans la fontaine, Sorel plissa les yeux, essayant tant bien que mal d’ignorer le froid piquant qui lui mordait la peau, il donna un grand coup dans l’eau pour éclabousser l’althaïen. Espérant que ce dernier se protège contre le flot d’eau glacée, il tendit la main et enroula ses doigts autour de la cheville du bipède dans la ferme intention de le tirer sous l’eau.

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S’il avait vu l’air sombre qu’avait pris soudain l’elfe à ses réponses, toujours aussi vagues et toujours aussi détournées, il n’en montra rien. Il n’en sentit pas moins son coeur se serrer. Pourtant il ne connaissait pas cet elfe. Enfin pas vraiment. Enfin si, mais non… Enfin, vous voyez. Ou pas. Bref. Disons qu’il était censé le connaître, son ancien lui le connaissait, mais son lui de maintenant non (il avait de plus en plus la sensation d’être sujet à un dédoublement de personnalité quand il parlait ainsi). Et pourtant même si son lui de maintenant ne connaissait pas l’être à ses côtés, il percevait sa peine, même sans faire appel à sa fidèle Tela pour en dévorer les émotions. Et de voir un autre, qui avait l’air d’ordinaire si jovial, si ouvert, dans cet état si sombre et si fermé, lui faisait mal, sans qu’il ne parvienne à se l’expliquer.

Heureusement, il avait su déclencher une distraction suffisante pour faire revenir le sourire sur ce beau visage aux oreilles pointues. Bon certes, il n’était pas entièrement responsable de cette distraction et une charrette malvenue l’y avait bien aidé aussi. Certes. Mais peu importait. Il était doué, et que celui qui le niait se pende aux murailles de Delimar !

Il fut si doué, qu’il parvint même à attirer l’elfe avec lui dans l’eau. Ah, on faisait moins le malin, là, hein ? À se moquer de lui, parce qu’il ressemblait soudain à un Graärh mouillé ! Quitte à le laisser se noyer pendant qu’il s’esclaffait ! Bon, d’accord, se noyer était peut-être un peu exagéré. Un peu seulement. Parce que non il ne savait pas vraiment bien nager. Pas suffisamment pour pouvoir nager en pleine mer sans risque en tout cas. Il savait juste barboter suffisamment pour rester à flot. Certes, vous nous diriez que dans une fontaine barboter suffirait, et qu’il n’y avait aucun risque… mais peu importait !

Le regard noir d’Ilhan pétilla d’amusement et manqua virer complètement à l’ambré, quand Sorel se retrouva à son tour tête la première dans l’eau.

Si je suis dans mon élément, je n’en dirais pas autant de toi, rétorqua-t-il d’un air taquin.

Faisant taire la petite voix qui lui soufflait que, peut-être, venait-il de se trahir définitivement, lui, censé être un petit humain à la force bien faible, qui venait de tirer dans l’eau sans peine aucune un elfe plus grand que lui… Cette simple pensée retint le grand éclat de rire qui aurait pu lui échapper devant la position soudain bien saugrenue de son compère. Un simple sourire goguenard vint étirer ses traits à la place, alors qu’il se rapprochait du bord en vue de sortir du bassin.

C’était sans compter une projection d’eau bien traitre que l’autre venait de lui envoyer. Un cri de protestation lui échappa… avant qu’il ne rétorque lui aussi, en éclaboussant à son tour l’elfe. Il aperçut soudain une main se tendre vers sa cheville. Des doigts s’y enrouler. Il parvint toutefois à résister à la traction en dégageant sa cheville. Bénissant les cours de son entraineur délimarien qui lui avaient permis de gagner un tant soit peu en agilité. Toutefois il n’avait pas vu venir la deuxième tentative. Et cette fois l’elfe réussit son traitre coup. Ilhan ne parvint pas cette fois à se dégager de l’emprise sur son autre cheville, ne parvint pas non plus à rétablir son équilibre et tomba à la renverse, plongeant littéralement sous l’eau. Des bulles remontèrent à la surface alors qu’il glapissait de frustration et de protestation. L’eau étouffant sa belle envolée lyrique dans un glougloutement qui manquait cruellement de dignité. Un glougloutement qui lui fit avaler soudain une grande gorgée d’eau et manqua l’étouffer.

Ce fut alors un althaïen à moitié asphyxié, crachotant tous ses poumons et toussant à s’en faire décrocher les bronches qui remonta à la surface, à genoux dans l’eau, tout se retenant à la base de la fontaine tandis qu’une main se posait sur sa poitrine pour calmer les spasmes. Bientôt son souffle revint, sa toux se calma et ses poumons cessèrent de le brûler.

C’était un coup tout aussi traitre, fit-il d’une voix basse, presque chuchotée, une fois son souffle un tant soit peu revenu.

Il toussa une dernière fois et jeta un regard amusé sur l’elfe, alors que son sourire provocateur et moqueur revenait en flèche. Et sans attendre, il se jeta sur l’elfe, prêt à lui plonger la tête sous l’eau à son tour.

Et sans doute leur danse se serait-elle transformée en bataille d’eau rangée, si soudain…

Peut-on vous aider Sir Avente ?

Diantre ! Fichtre ! Il ne les avait pas vus venir. Ilhan se figea instantanément dans son mouvement, coupé dans son élan de gamin joueur. Il plaqua rapidement un air des plus nobles et dignes, tout en se redressant de toute sa fausse superbe.

Enfin autant que faire se pouvait, alors qu’il manqua glisser et qu’il dégoulinait d’eau… Il replaça une mèche de cheveux qu’il cala derrière son oreille et adressa un sourire des plus affable aux deux silhouettes de bon gabarit qui s’étaient approchées.

Je vous remercie Messieurs. Un petit incident. Je suis tombé dans l’eau au passage d’une charrette, et mon ami que voici a tenté de m’aider…

Il retint le rictus ironique qui le titillait. Aider ? Pfeuu… Qu’est-ce qu’il mentait bien quand même !

Avant qu’il ne glisse à son tour.

Il jeta cette fois un regard torve et railleur à l’elfe, avant de reporter son attention sur les deux passants, tout en lissant ses traits de toute émotion, et effaçant de son regard toute moquerie. Il accepta la main que lui tendait un des hommes et sortit de l’eau. Son comparse en fit de même avec Sorel. Ilhan masqua la petite déception qui pointait le bout de son nez quand tous deux furent sortis. Et retint le rire qui montait en lui alors qu’ils dégoulinaient d’eau tous deux, formant à leur pied une flaque boueuse qui manquait de tout embourber.

Je vous remercie de votre amabilité.

C’est un plaisir, Messire. Si nous pouvons faire quoique que ce soit…

Vous avez déjà fait beaucoup, répondit-il de son ton le plus aimable, et de son sourire le plus charmeur, tout en leur offrant une légère inclinaison du torse, en portant une main sur le coeur.

Puis se redressant, et parvenant à reprendre pleinement un port digne d’un roi, il reprit :

Je vous suis redevable, Messieurs. Nous allons sans doute regagner mon logement. Sachez toutefois que Sir Ilhan Avente n’oubliera pas votre geste.

Les deux hommes bafouillèrent des remerciements maladroits puis s’écartèrent tout en leur offrant des petites révérences. Quand enfin ils disparurent de leur champ de vision et que les badauds spectateurs (car oui un petit groupe de personnes s’était rassemblé tout autour pour assister à la scène, fort malheureusement) peinaient à se disperser à leur tour, Ilhan se tourna vers l’elfe, retenant de s’esclaffer de rire à la vue des oreilles pointues ressortant de cette belle tignasse rousse.

Que dirais-tu d’aller nous sécher au chaud à mon logement ?

Et se disant, il guida l’elfe jusqu’à l’endroit qu’on lui avait attitré pour son court séjour en Caladon. Il aurait certes pu les sécher d’un sort d’altération, mais il préférait ne pas jouer avec la magie, encore bien trop chaotique. Surtout après les événements qu’il avait vus récemment, et cette bien sinistre affaire… Et cette pensée le rendit soudain bien songeur tout le long du trajet, peu conscient alors d’offrir à l’elfe un silence peut-être pesant…

Et il avait oublié ses sucreries sur la fontaine ! réalisa-t-il trop tard, déconfis.

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Recrachant l’eau comme un chat furieux, Sorel jeta un regard noir à Ilhan quant à sa remarque. Pas dans son élément, hm ? Après tout, ce n’était pas pour rien si l’elfe était plus versé dans l’usage du feu et de l’air, même si peu étaient ceux au courant de ce dernier talent. Le sourire goguenard d’Ilhan lui fit plisser les yeux, lui aux grandes oreilles et aux cheveux plaqués contre son crâne, devait ressembler à un chat peu ravi de s’être fait tirer la queue et entraîné sous l’eau.
Désireux de prendre sa revanche malgré le froid glacial qui l’entourait, plus mordant hors de l’eau que dessous, Sorel projeta une gerbe d’eau dans la direction de l’althaïen, bien déterminé à venger son - inexistant - amour-propre. Sa première tentative traître de s’emparer de la cheville d’Ilhan afin de le tirer sous l’eau se solda par un échec. Rapide et agile, l’humain parvint à rétablir son équilibre et à résister à la traction sournoise du Maître des Mines. Loin de se laisser abattre, Sorel fit une nouvelle tentative, vif comme l’éclair il enroula ses doigts autour de la cheville de l’althaïen et l’attira sous l’eau d’une traction sèche.

Sorel brandit les bras en l’air dans un cri de victoire et accueillit Ilhan, quand il refit surface, avec un grand sourire qui réussissait l’exploit de paraître à la fois triomphant et innocent.
A la réponse d’Ilhan, une fois son souffle retrouvé, Sorel émit un gloussement qu’il tenta d’étouffer derrière sa main serrée en un poing lâche. La quinte de toux de l’humain l’inquiéta légèrement, si ce n’est qu’il avait également conscience du froid glacial de l’eau, l’air gelé n’arrangeant rien à ses affaires. Honnêtement, il craignait de rentrer chez lui avec un coup de froid à rester au lit pendant des jours. Mais conscient de la constitution peut-être un peu plus fragile d’Ilhan, il s’apprêtait à indiquer que rejoindre un endroit chaud et se changer pouvait s’avérer être une excellente idée mais le regard que lui jeta l’humain le rendit muet pendant une cruciale seconde. L’accent provocateur et espiègle du sourire d’Ilhan lui indiqua ce à quoi il pouvait s’attendre une fraction de seconde avant que l’humain ne se jette sur lui sans autre forme de procès.
Formulant un cri inarticulé de protestation, lui qui pour une fois voulait se montrer raisonnable, Sorel se retrouva la tête sous l’eau, maintenu là par la poigne décidément bien ferme de l’althaïen.

L’elfe s’apprêtait à trouver une façon astucieuse de se tirer de ce mauvais pas - avec la ferme intention de prendre sa revanche avant de se montrer raisonnable à nouveau, il était hors de question qu’il n’ait pas le dernier mot - lorsque toute pression sur sa tête s’évanouit d’un seul coup.
Émergeant hors de l’eau avec l’air perdu, Sorel ne laissa que la partie haute de son visage - à partir du nez - hors de l’eau, décidé à ne pas offrir son corps trempé et froid à la morsure du vent - et constata qu’ils n’étaient plus seuls. Ilhan avait plaqué sur son visage un air digne que ses longues mèches sombres désordonnées et trempées rendaient peu crédible, l’eau dégoulinant de ses précieux habits. L’explication d’Ilhan arracha un rire étouffé à l’elfe qui ne produisit qu’une suite de bulle à la surface de l’eau mais il se garda bien d’émettre le moindre son, se contentant de sourire d’un air entendu. La mention de son accidentelle glissade, cependant, lui fit plisser les yeux et il tendit la main sous l’eau pour pincer, l’air de rien, le mollet ferme de l’althaïen… et le pinça une seconde fois, pour faire bonne mesure.
Sûrement que faire tomber Ilhan à nouveau en lui fauchant les jambes pour se venger n’était pas une bonne idée. Sûrement. N’empêche l’idée avait du charme et Sorel pesa le pour et le contre avant de se dire qu’Aldaron finirait par en entendre parler, très certainement, et ne saurait voir d’un bon oeil si Sorel endommageait son copain d’échanges diplomatiques.

Sorel considéra la main tendue dans sa direction avec hésitation. Il n’avait pas exactement très chaud, dans l’eau gelée de la fontaine, mais il craignait encore plus la morsure du froid et les conséquences de s’y exposer volontairement. Avec une petite moue, il finit par tendre la main et accepta de se faire aider à sortir de l’eau. Il grimaça à l’instant où sa main entra en contact avec l’air. A mesure que son corps s’exposait au vent, son expression s'accrut de façon inversement proportionnelle aux fractions de sa personne encore immergées jusqu’à ce que tout son visage ne soit chiffonné.
L’air penaud, il observa ses pieds, autour desquels se formait une flaque d’eau à même la boue. Le froid le mordait et il n’avait rien moins envie que de se rouler en boule dans un coin chaud, à proximité d’un bon feu ronflant, le tout emmitouflé dans des vêtements secs et une couverture toute douce. Il jeta un regard à Ilhan et fit la moue, l’air malheureux.
Impatient de voir les importuns s’éloigner, Sorel n’émit pas un son - ne faisant pas non plus confiance à sa voix ni à sa gorge - et leur adressa un salut de la main lorsqu’ils s’éloignèrent, l’air confus de s’être vu remercié par Ilhan Avente. Constatant que leur petit manège avait attiré l’attention de plus que ces deux bons aidants, Sorel tira la langue avec maturité et s’emmitoufla dans son manteau et sa cape, tous deux trempés et désespérément gelés.

Sorel bougonna quelque chose à la proposition d’Ilhan, l’air d’un enfant contrarié qui s’apprête à faire un caprice.

« J’suis tout mouillé et y fait froid, » geignit-il, contrarié. « C’est loin chez toi ? » demanda-t-il d’une petite voix.

Ilhan indiqua la direction tout en mentionnant que le logement auquel il résidait ne se situait pas bien loin et Sorel émit un petit son soulagé. Il se déplaça jusqu’au rebord de la fontaine où il avait laissé ses affaires, le bruit de ses pas ponctués par le bruissement de l’eau dans ses bottes. Retenant un gémissement plaintif, il renifla pitoyablement et s’empara de son sac et de son bâton Tor’Shorot, non sans s’emparer du petit sac en papier dans lequel résidaient les boules de chocolat qui lui avaient valu tant de misère. Et d’amusement. Mais pour l’heure, la misère l’emportait.
Reniflant une fois de plus, il rejoignit Ilhan d’un pas traînant, tenant les pans de son manteau et de sa cape au plus près de lui dans l’espoir d’être protégé du froid. Comparé à lui, Ilhan ne semblait pas si dérangé que cela et Sorel se demanda si, à force de rester à Sélénia dans sa boutique confortable, il n’avait pas perdu l’habitude des basses températures. Ce qui ne fit que le rendre un peu plus misérable et il enfouit son nez dans son col de fourrure, cherchant un peu de doux réconfort mais n’y trouva que du poil mouillé ce qui manqua de le faire pleurer.

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Garder son sérieux et ne pas couiner de douleur au pincement de ce traitre d’elfe était une sacrée gageure. Sans doute Ilhan pouvait-il remercier les années d’entrainement de son ancien lui qui parvenaient à ressurgir dans ces instants-ci. Tel un instinct si bien ancré en lui qu’il parvenait à rester un tant soit peu maitre de lui, même dans des moments aussi critiques. Et si l’idée d’une vengeance toute althaïenne émergea un instant dans son esprit, quand il vit ensuite l’air penaud et misérable de l’elfe à ses côtés, bien vite cette idée disparut en lambeaux. Un court moment Ilhan craignit même que l’elfe ne prenne froid par sa faute… avant de se souvenir que les elfes, de ce qu’il en avait lu, ne pouvaient tomber malades. Pas de ces maladies-là du moins.

Cette pensée suffit alors à le rassurer. Mais vengeance ne revint pas non plus de plein fouet. Non, vraiment, la petite hirondelle faisait peine à voir en cet instant. Pour un peu, Ilhan lui aurait offert sa propre cape… si elle n’était pas aussi détrempée que la sienne. Ou l'aurait enserré dans ses bras s'il n'avait peur de se donner en spectacle.

À la petite voix qui enfin lui répondit, Ilhan se retint de rire à grands éclats. Cela ne scierait pas à sa réputation, déjà bien malmenée d’ailleurs, et cela attirerait encore le regard des badauds. Toutefois il ne put retenir un grand sourire taquin, tout en le rassurant rapidement que non, son logement n’était pas loin. Ils firent enfin chemin côte à côte, et alors que l’althaïen s’apprêtait à faire le deuil de ses friandises oubliées, il les aperçut soudain dans la main de l’elfe. À cette vue, son sourire s’agrandit. Mais il se retint de s’exclamer de joie, et décida de laisser le paquet à la petite frimousse dépenaillée qui avait l’air bien en peine. Après tout, il retrouverait ses propres friandises, celles que son père lui avait offertes, à son logement, il pouvait bien laisser celles-là à la petite hirondelle.

Enfin ils arrivèrent. Aussitôt deux serviteurs, dont une araignée, vinrent à leur rencontre et s’empressèrent de leur extirper leur cape trempée.

Merci de bien vouloir nous préparer deux bains chauds, s’il vous plait, leur demanda Ilhan, tel le maitre des lieux qu’il n’était pas vraiment.

En tant que diplomate, il avait la chance que Caladon lui octroie des appartements décents et plus que confortables. Il soupçonnait aussi Aldaron d’avoir appuyé pour que le confort soit optimal et plus que la norme encore pour son fils inconnu. Il pouvait ainsi profiter de trois grandes pièces, dont une chambre, un bureau et une salle de réception. Seul souci, un seul bac de bain était prévu. Et les serviteurs durent alors leur en faire monter un deuxième. Qu’ils eurent la mauvaise idée d’installer dans la même pièce que le premier, à savoir la chambre. Si sur l’instant Ilhan allait protester, il songea que pour ses serviteurs, cela allait aider à la tâche. Cela ne l’arrangeait toutefois guère, lui qui n’aimait pas s’exposer ainsi à nu… et surtout qui ne voulait pas montrer certaines marques sur son corps. Dont certaines veinules…

Il demanda alors à ce qu’on installa un paravent, pendant que deux autres serviteurs s’empressaient de remplir les bacs d'eau. Pendant tout le temps de ses installations, ils avaient été emmitouflés dans de chaudes couvertures, une boisson chaude dans les mains. Ilhan supervisait le tout pendant que Sorel pouvait se blottir dans un fauteuil de la chambre.

Voici pour toi, de quoi te réchauffer, et le corps et l'esprit, je l'espère, fit-il enfin quand le tout fut prêt, une bonne demie-heure plus tard. Je ne te demanderai qu’une chose…

Il indiqua alors le paravent.

Je te prierai de ne pas regarder au-delà de cela.

Ou comment indiquer qu’il tenait à son intimité. Et espérant que l’elfe n’aurait pas la mauvaise idée de regarder dans le miroir… À cette pensée, Ilhan s’empara de sa couverture et la déposa sur le miroir afin d’en cacher la traitresse surface qui aurait pu le trahir.

Tu as ici une petite collation dont tu peux profiter en même temps que ton bain, fit-il quand l’araignée apporta une petite table et qu’un autre serviteur y déposa fruits et autres confiseries, ainsi que du thé et du vin chaud à loisir. Si tu le désires, un des serviteurs ici est à ton service et peut t’aider au bain.

Puis, se disant, il s’inclina légèrement et disparut derrière le paravent. Il passa rapidement la tête par-derrière pour s’assurer que l’autre ne regardait pas, puis, rassuré, commença à enlever la première couche de ses vêtements. Il appela d’un signe son araignée puis lui souffla quelques dernières consignes avant de finir de se dévêtir.

Apporter des vêtements chauds à l’elfe. Si aucun n’était à sa taille, aller lui en acheter. L’araignée saurait où prendre l’argent, soit dans sa bourse qui était déposée sur le comptoir à l’entrée, soit au coffre qu’il avait à Caladon et auquel l’araignée avait accès. Et quand il songea au coffre, une idée soudain émergea en lui. En ce coffre de nombreux objets, parfois précieux, s’y trouvaient. Dont un qui n’avait pas trouvé preneur encore, et dont ses araignées n’en avaient pas semblé avoir usage. Une belle tunique roséenne, trop grande pour lui et pour la plupart de ses comparses de la Toile. Mais qui devrait aller à ravir à l’elfe à ses côtés… Un mage, qui, s’il avait bien lu, avait certains dons en magie. Oui, cela serait un beau cadeau de "retrouvailles" après tout non ? Si son ancien lui avait offert à Sorel un bâton aussi précieux, c’est qu’ils étaient assez proches. Or en tant que proches, des cadeaux de bienvenue étaient de mise, n’était-il pas ?

Aussitôt donc, il rattrapa l’araignée d’un geste, et lui demanda d’aller mander également cette tunique et de la déposer en toute discrétion près des vêtements qu’ils donneraient à l’elfe. Et enfin l’araignée les laissa seuls. Avec eux-mêmes. Et leur bain chaud. Ilhan finit de se dévêtir, tout en écoutant le clapotis de l’eau à côté qui lui indiquait que l’elfe profitait déjà de son bain. Aussi discrètement que possible, il se faufila dans l’eau, prenant bien soin de garder l’oeil sur le paravent. Ce qu’il ne vit pas toutefois, c’est que sa couverture avait légèrement glissé et laissait un pan de miroir se dévoiler dans son dos… et son reflet.

Il s’installa enfin confortablement dans l’eau chaude aux douces senteurs de rose et de magnolia, et s’empara d’une coupe de vin qu’il savoura avec délectation.

Alors, reprit-il d’un ton badin, depuis son propre bain, savamment caché par la paravent qui les séparait, te sens-tu mieux ? Ce bain est-il à ta convenance ?

Un serviteur toqua pour entrer de nouveau, les interrompant dans leur ébauche de conversation. Et déposa des affaires pour l’elfe. Quelques instants plus tard, c’était son araignée qui revenait. Avec la tunique précieusement enveloppée dans un grand tissu pour ne pas la dévoiler, qu’elle déposa tout près desdits vêtements. Voilà qui était efficace, songea Ilhan. Sans doute avait-elle demandé à une de ses comparses de se rendre au coffre et une autre aux achats, et toutes deux avaient fait diligence de concert vers son logement.

Voilà qui te permettra aussi de porter des vêtements propres et chauds, en attendant que les tiennes sèchent. J’espère que tu me pardonneras d’avoir été si cavalier et de t’avoir fait subir cette eau froide qui a semblé tant te chagriner.

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Rassuré par la déclaration d’Ilhan concernant la proximité du logement, Sorel guetta avec espoir le pas de porte qui lui offrirait un espace sec et chaud où il pourrait se défaire de ses vêtements trempés. En revanche, il ne manqua pas le grand sourire qui étira les lèvres de l’althaïen, lui faisant plisser les yeux. Ooh, la vengeance était un plat qui se mangeait froid et le jeune elfe avait toute la patience dont il avait besoin pour mener à bien sa petite revanche même si celle-ci devait se faire attendre.
Cependant, lorsqu’Ilhan inclina légèrement sa course, s’approchant de la façade, l’espoir effaça toute trace de désir de vengeance. Il se précipita presque à l’intérieur et ne se fit pas prier pour enlever son manteau et sa cape détrempés. La mention de deux bains chauds, cependant lui fit relever la tête avec l’air d’une marmotte aux aguets. Son regard plein d’espoir se posant d’abord sur Ilhan puis sur les domestiques qui s’étaient approchés d’eux pour s’occuper de leurs vêtements mouillés et dans l’attente d’ordres de la part de leur maître.

« D’accord, pour ça je ne me vengerais peut-être pas, » concéda-t-il avec un hochement de tête, comme s’il avait averti Ilhan d’une vengeance prochaine et partant du principe que l’althaïen s’y attendait donc.

Cependant, sa bonne humeur et son impatience furent légèrement tempérée par la réalisation qu’il n’y avait qu’une seule baignoire. La mention d’en monter une seconde ne le rassura que partiellement car, d’une manière ou d’une autre, il y avait là une intimité avec laquelle il n’était pas entièrement à l’aise.
Tandis que les domestiques se retiraient précipitamment pour aller chercher un deuxième récipient, Sorel oublia momentanément qu’il était couvert de vêtements trempés, l’esprit seulement occupé par les traces qui marbraient son corps.

C’était une chose que de se présenter aux autres avec la figure couturée de cicatrice. Ilhan l’avait connu avant Morneflamme, quand ses traits étaient encore vierges de tout assaut, de toutes traces. Pourtant, pour autant que Sorel pouvait le dire, l’althaïen n’avait pas semblé avoir de réactions particulières ni n’avait posé de questions sur le sujet. Il était possible qu’Ilhan ait pris quelques temps avant de venir à sa rencontrer, prendre le temps de considérer la situation et d’accepter la nouvelle apparence de son compagnon d’espionnage avant de le rejoindre et si c’était le cas, Sorel lui en était reconnaissant.
Pour l’heure, cependant, c’était une chose de ne pas masquer son visage de peur des réactions face à ses cicatrices, c’en était une autre de dévoiler leur étendue.

Enroulé dans sa couverture chaude, le ravissement de Sorel avait prit un léger coup dans l’aile mais il n’avait pas l’intention de le mentionner, gardant à la place son nez enfoncé dans la texture douce et chaude de la couverture. Par moment, il sirotait la boisson chaude qu’on lui avait apportée, un délicieux thé à la menthe très légèrement sucré qu’il prenait plaisir à déguster par petites gorgées.
Content de rester silencieux et de profiter de la chaleur agréable qui commençait à revenir dans ses membres, le jeune elfe tentait de son mieux d’ignorer l’épreuve à venir jusqu’à ce qu’Ilhan ne demande l’installation d’un paravent. Incapable de retenir sa réaction, Sorel écarquilla les yeux qu’il riva sur sa tasse de thé à la menthe, tentant de masquer le soulagement et la surprise qui le gagnait. Ilhan avait-il deviné ? Se doutait-il de l’étendue des dégâts ? Ou était-il au courant d’une manière ou d’une autre ? Ses interrogations, cependant, furent de courtes durées car l’althaïen s’adressa à lui, la voix douce mais ferme.

Le jeune elfe fronça les sourcils à l’attention de son compagnon, l’air perplexe, et cilla. « C’est généralement ce qu’on attend de l’autre personne quand on installe un paravent, » fit-il remarquer avec une once de confusion. Fronçant davantage les sourcils et inclinant légèrement la tête sur le côté, l’air perplexe, il poursuivit : « Est-il nécessaire de te demander la pareille, dans ce cas ? »

Lorsqu’Ilhan s’avança pour recouvrir la surface du miroir afin d’éviter tout reflètement qui pourrait le trahir, Sorel cilla davantage et fronça les sourcils, l’inquiétude lui tordant soudainement l’estomac. Qu’avait bien pu subir l’althaïen qu’il souhaite si ardemment en cacher les séquelles ?
Serrant les lèvres alors qu’un élan brûlant de colère lui réchauffait les membres, il enfonça à nouveau son nez dans la couverture pour couvrir le froncement de sourcils orageux qui ornait désormais son visage. Il se trompait probablement et Ilhan était pudique, raisonna-t-il avec un rien d’apaisement. Cela collerait avec le personnage, d’une certaine façon, lui qui était si secret et en retrait à bien des égards. Même si cela ne collait pas tout à fait avec certains autres éléments.
Tentant d’apaiser son élan de mécontentement, l’elfe hocha la tête aux indications d’Ilhan, considérant la table sur laquelle était désormais disposés divers mets alléchants et de quoi se préparer plus de thé s’il le souhaitait ou se faire plaisir avec un bon vin chaud.
Sentant l'allégresse revenir et enfermant ses soupçons sans fondements, Sorel adressa un sourire lumineux à Ilhan :

« Merci pour tout ! »

Sans attendre, il se dirigea vers son propre bain et se dévêtit en s’assurant que les serviteurs étaient effectivement partis et qu’aucun miroir ne pouvait le trahir également. Une fois nu comme au jour de sa naissance, il plongea dans le bain avec un piaillement de joie, éclaboussant le sol dans son excitation. Il émergea, trempé à nouveau mais cette fois-ci d’une eau délicieusement chaude qui lui arracha un frisson avec la différence de température. Il émit un son de contentement, tapant gentiment l’eau et la faisant clapoter, jouant avec elle.

Barbotant gaiement dans son bain rempli d’eau chaude, Sorel tendit le bras et s’empara d’une pomme dans laquelle il croqua avec joie, fredonnant tout en machonnant sa pomme. Il reposa le fruit entamé sur la petite table mise à sa disposition et s’immergea jusqu’à ce que seule la partie supérieure de son visage, à partir de son nez, ne soit encore à l’air libre.
La prise de parole d’Ilhan lui tira un sourire et il fit des bulles, s’amusant à les voir éclater à la surface avant de se redresser suffisamment pour pouvoir répondre à l’althaïen.
« Beaucoup mieux ! J’adore les bains chauds, j’adore les bains. Et après notre petite escapade dans la fontaine, c’était plus que bienvenu. »

Mieux encore que de se réchauffer au coin d’un feu, enroulé dans une couverture et installé pour y rester. Il attendait presque avec impatience le moment où il pourrait sortir pour sécher tranquillement près d’un feu ronflant. C’était le combo parfait, en ce qui le concernait. Le confort, la chaleur et la tranquillité d’un endroit sûr.

Cependant, alors que les derniers mots échappaient à ses lèvres, son regard tomba sur un éclat argenté qui retint son attention l’espace d’un souffle. Lorsqu’il réalisa qu’un pan de la couverture s’était défait et dévoilait juste assez du miroir pour avoir une vue de l’althaïen. Sorel eut juste le temps d’apercevoir la tignasse sombre de son compagnon avant qu’il ne plonge totalement sous l’eau. Heureusement la baignoire était assez grande, même pour un elfe, et il entreprit de changer de sens de sorte à pouvoir tourner le dos au miroir. Il se savait d’une grande curiosité mais également respectueux. La demande d’Ilhan était claire et Sorel avait définitivement l’intention de la respecter. Il émergea, tournant le dos au traître miroir, juste à temps pour voir le dos d’un serviteur disparaître par la porte et il retint un grognement. A côté de lui, sur la petite table où se trouvaient les fruits et les boissons chaudes, se trouvait désormais une petite pile de vêtements chauds qu’il pourrait enfiler au sortir de la baignade.

Sorel retint un tendre soupir, Ilhan était d’une générosité et d’une gentillesse sans pareille, comme à l'accoutumée, et sans jugement. Toujours dérangé par la simple connaissance de ce pas de couverture n’offrant pas toute l’intimité dont Ilhan avait besoin, Sorel fronça néanmoins les sourcils, essayant de trouver un moyen. Même s’il devait ne jamais y jeter un oeil, Ilhan ne pourrait jamais le savoir ni s’en être assuré et s’il devait découvrir cette traîtrise du hasard, l’inquiétude et les interrogations le assailleraient certainement.
Il était sur le point de mentionner l’élément à Ilhan lorsque la porte s’ouvrit à nouveau, à peine quelques instants après le départ du précédent domestique. Le nouveau-venu déposant un nouveau paquet sur la pile de vêtements à l’attention de Sorel mais avant qu’il ne puisse s’en aller, le jeune elfe le retint par la manche. Faisant signe de se baisser, il murmura quelque chose à l’attention du domestique.

Les mots d’Ilhan arrachèrent un soudain éclat de rire à Sorel tandis que le domestique hochait de la tête et passait derrière le paravent pour ajuster le pan de couverture sur le miroir. Il s’arrêta quelques instants auprès d’Ilhan certainement pour s’expliquer puis se se retira silencieusement.

« Il n’y a rien à excuser ! C’était drôle. »  Il esquissa une petite moue gênée, conscient d’avoir eut l’air misérable dans ses vêtements mouillés. « L’eau froide m’aurait moins chagriné si j’avais pu utiliser la magie pour me sécher, » avoua-t-il, « mais je ne regrette pas notre petite escapade aquatique, c’était bien. »

S’il n’y avait pas eut sa propre timidité concernant l’état de son corps et la pudeur d’Ilhan, peut-être qu’avoir leur bain côte à côte aurait pu donner lieu à une nouvelle bataille un petit différente mais non moins satisfaisante.
Il tendait la main vers sa pomme délaissée mais rencontra le regard sombre d’un petit animal. Cillant, prit au dépourvu, Sorel mit une seconde à réagir :

« Oh. Coucou toi, » murmura-t-il d’une voix douce.

Un peu en retrait, à quelques pas seulement de la petite table, se tenaient trois petites créatures qui le considéraient maintenant avec alarme. L’une d’elle tenait entre ses pattes un kiwi abandonné, probablement tombé de la coupe de fruits ou dérangé lorsque Sorel s’était emparé de sa pomme.
Se retenant de pouffer, il tendit lentement la main vers le fruit qu’il avait entamé et le rongeur tenant un kiwi abandonna son précieux butin pour déguerpir à toute vitesse, rapidement suivi par ses deux comparses. Ils ne s’en allèrent pas bien loin cependant et se tinrent à quelques mètres de là, le considérant à nouveau avec prudence. Attrapant la pomme, le jeune elfe entreprit de la découper en petit morceaux. Il en jeta quelques uns vers eux, puis d’autres un peu plus près du bain. Plus d’autres encore plus proches, au niveau du pied de la petite table.
Pour finir, une fois sûr qu’il ne restait qu’aucun pépin dans les morceaux de pomme, il en disposa sur la tablette et s’installa à genoux dans le bain, les bras croisés sur le rebord et le menton sur ses bras croisés pour observer ses trois compagnons inattendus.

Il prit la parole d’une voix douce et juste assez forte pour qu’Ilhan l’entende depuis l’autre côté du paravent :

« Tu savais que tu avais des hôtes ? Autre que moi ? » s’enquit-il avec une note d’amusement dans la voix.

Le premier rat, celui qui s’était attaqué au kiwi, s’approcha prudemment du premier morceau de pomme et entreprit de le grignoter. Le son, absolument adorable, manqua de faire perdre toute contenance au jeune elfe. Les deux autres suivirent, plus circonspects, et s’attaquèrent à d’autres morceaux, faisant doucement leur chemin à proximité de Sorel. Lequel s’était, auparavant, déjà emparé d’une autre pomme dont il avait l’intention de donner des morceaux à la main pour les amadouer.

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Non, il n’était nullement nécessaire de lui demander la pareille, cela allait de soi pour Ilhan. Il était du genre, quand il demandait quelque chose à quelqu’un, à tenter d’offrir la même chose à l’autre en retour. Autant que faire se pouvait toutefois. Il avait toujours mis un point d’honneur à tenir ses promesses. Et le hochement de tête qu’il offrit en réponse à Sorel en était une, même si muette.

Un autre acquiescement silencieux au merci que lui offrit l’elfe, et l’althaïen disparut derrière le paravent. Ils barbotaient tous deux, et, même si son corps ne craignait plus le froid, Ilhan devait avouer savourer ce bon bain chaud aussi. Ses sens exacerbés se gorgeaient de toutes les sensations qui lui parvenaient. De la douce caresse de l’eau sur ses membres et sur sa peau qui aurait presque frétillé de joie, de la délicate senteur de rose et de magnolia qui s’échappait de l’eau, ses domestiques le connaissant suffisamment pour connaître ses parfums préférés et ses précieuses manies en la matière… Il savourait aussi le goût raffiné de ce bon vin qui lui réchauffait le corps et lui apaisait l’esprit, ainsi que le fruit sirupeux qui vint accompagner sa gorgée.

Oui, plus que le bienvenu, répéta-t-il aux mots de Sorel.

Il était pour ajouter quelques bons mots pour taquiner son hôte, qui lui avait promis vengeance, mais qu’il avait finalement su faire changer d’avis, quand son ouïe fine entendit des chuchotements. Il dut se retenir pour ne pas écouter les mots, mais il en perçut tout de même quelques-uns. Le mot couverture et miroir ressortant alors clairement. Ilhan pâlit soudain et se tourna vers le traitre miroir, qui s’était dérobé sur quelques centimètres de l’étoffe qui était censée le recouvrir. Il s’apprêtait à se relever pour réparer la situation, quand il aperçut son araignée revenir du côté de son paravent, lui faire signe que tout allait bien et lui chuchoter quelques mots à l’oreille. Elle alla alors redresser presque sans un bruit la couverture. L’araignée prit grand soin de bien la caler, afin qu’elle ne glisse plus, puis repartit après avoir offert un sourire rassurant et un léger hochement de tête au Tisseur.

Tisseur qui soupira aussi discrètement que possible de soulagement. Si, sur le moment, le doute s’empara de lui quant à l’elfe de l’autre côté, les pièces du puzzle ne tardèrent pas à s’assembler et il comprit ce qui venait de se passer. Sorel avait aperçu que l’étoffe avait glissé… et avait apparemment prévenu l’araignée pour qu’elle redresse la situation. Non, l’elfe n’avait, a priori, pas trahi sa promesse. Pas consciemment du moins. Pour qu’il ait vu l’étoffe glisser, c’est que son regard avait dérivé de ce côté du paravent… mais il ne pouvait lui en vouloir. Lui-même, en cet instant, était tourné vers la porte et le paravent qui les séparait. Il était donc tout à fait capable de voir une partie du côté de Sorel, même si le bain et son hôte étaient totalement hors de vue. Non, il ne pouvait lui en vouloir de cela. Et l’elfe avait prévenu un domestique… preuve, s’il en était besoin, qu’il avait voulu tenir parole, afin qu’Ilhan ne se sente pas, justement, trahi.

En tout cas, c’était les déductions qui s’imposaient. Ilhan était bien tenté de faire appel à Tela pour manger quelque pensée ou émotion de l’elfe, histoire de s’en assurer… mais il retint sa gourmandise curieuse et fit taire sa paranoïa qui avait tant besoin de preuves. Ce serait là un geste qui trahirait la confiance de Sorel. Une confiance qu’il réclamait tant… et qu’il devait donc offrir tout autant. Du moins tant que la situation le permettait. Il ferma alors les yeux et prit trois profondes inspirations, afin d’apaiser le flot agité de ses pensées, reposant son verre à tâtons.  
Et déjà Sorel reprenait la parole, coupant Ilhan dans ses doutes et ses hésitations. Un léger sourire étira les lèvres de l’althaïen, qui restèrent closes toutefois. Il rouvrit les yeux, mais ses orbes sombres restèrent ancrés sur un pli du paravent, pensif. Quand soudain des mots, qui ne lui étaient clairement pas adressés, l’alertèrent.

« Oh. Coucou toi, »

À qui donc l’elfe parlait-il ? Ilhan se redressa légèrement, à l’affût, les muscles tendus, prêt à se jeter hors du bain et à attraper le bâton qui ne le quittait guère, en cas de besoin.

Une seconde. Rien.

Deux secondes… Il entendit un peu de bruit de l’autre côté, sans parvenir à deviner de quoi il s’agissait.

Trois secondes… Toujours rien de tangible.

Il s’apprêtait à demander ce qu’il en était, quand l’elfe reprit enfin la parole, s’adressant cette fois à lui.

« Tu savais que tu avais des hôtes ? Autre que moi ? »

Des... hôtes ? Mais… quels hôtes ?!

Des hôtes autres que toi ? Mais… de qui parles-tu ?

L’intonation de sa voix montrait clairement sa perplexité. Il s’empressa alors de tourner rapidement sa pythie, dans un geste presque machinal, et dans le secret espoir qu’elle lui souffle ce qui se passait. Ou plutôt ce qui allait se passer, avec cet hôte mystère qu’il ne connaissait pas et qui s’était apparemment invité chez lui. Ses yeux se teintèrent subitement d’une lueur bleue floutée, alors que la pythie lui soufflait l’événement immédiat à venir le plus probable. Et soudain il aperçut des rats, pas un, ni même deux, mais trois ! Une "intuition" qui pulsa dans son esprit. Une intuition forte, assez nette et précise, fait rare concernant sa pythie qui était souvent vague. Il "voyait" les rats dans les bras de l’elfe, qui… qui il ne sut quoi. Sa pythie se tut aussi soudainement qu’elle lui avait murmuré.

Mais ce qu’il avait entrevu l’avait tant marqué, qu’Ilhan se releva d’un bond dans un glapissement bien peu viril. Ses yeux reprirent aussitôt sa teinte sombre et sa main quitta sa pythie.

Des rats ? Des rats ?! s’exclama-t-il d’une voix bien loin de ses habituelles intonations calmes.

Il sortit aussitôt de son bain, manquant tomber en dérapant dans son empressement, et attrapa vivement une chaise non loin, sur laquelle il monta. Nu et mouillé. Il attrapa alors l’étoffe laissée sur le dossier pour se sécher et s’en enveloppa les parties intimes dans un geste pudique. La pensée fugace qu'il venait de faire, encore une fois, un usage de la magie irraisonné et irraisonnable, lui traversa l'esprit. Mais il était trop tard pour revenir dessus. Aussi chassa-t-il cette pensée, en se faisant la promesse de tenter d'y remédier. Plus tard. Quand il aurait résolu ce problème de... rats !

Ne me dis pas que ce sont bel et bien des rats !

Difficile de croire qu’en cet instant c’était l’impassible Tisseur qui parlait. Lui qui avait su lutter contre l’invasion mentale d’une chimère, lui qui avait su résister à la torture d’un vil forban de pirate, lui qui avait su trouver la volonté d'immaculer alors qu'il avait une épée sur la gorge, lui qui avait su faire face, chaque jour durant, à l’usurpateur et aux almaréens qu’il avait trahis dans le plus grand secret… Le voilà qui, à l’idée de rats, se retrouvait hissé sur une chaise de façon bien peu digne !

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La perplexité de son hôte arracha un gloussement amusé à Sorel tandis qu’il observait ses compagnons imprévus. L’un d’eux, plus enhardis que les autres, s’était hissé sur la petite table, observant Sorel avec attention. Son petit nez remuant adorablement tandis qu’il reniflait l’air avec gourmandise. Sorel entreprit de couper la pomme de son mieux. Les deux autres rongeurs étaient occupés à grignoter les morceaux de pomme que l’elfe avait éparpillés au sol. Le plus vaillant des trois se rapprocha jusqu’à se tenir sur le bord absolu de la tablette, l’air curieux et affamé. Alors que Sorel tenait exactement le même fruit entre ses mains que celui que dévoraient ses compagnons plus petits.
Amusé, il tendit doucement un petit morceau dans la direction du rat. L’animal, légèrement effarouché, s’éloigna avant de venir plus franchement chercher le morceau de fruit ainsi offert. En quelques secondes, le jeune elfe parvint à attirer le rat jusque dans la paume de sa main où l’animal se tenait sans grande peur.

Rapidement, les deux autres eurent fini les morceaux de pommes offerts et rejoignirent le dessus de la tablette. Le plus âgé de la petite troupe se baladait désormais sur le rebord de la baignoire avant de se jeter dans l’eau sans grande peur, barbotant joyeusement dans l’eau parfumée, satisfait et repu, certainement.
Les deux autres furent un peu plus difficiles à amadouer mais ils finirent par se laisser faire également, rejoignant leur compagnon dans l’eau où ils se mirent à nager tranquillement avant de rejoindre le côté de la baignoire où ils entreprirent de faire leur toilette. Ignorant si ce qui avait été ajouté à son bain pouvait leur être nocif, Sorel attrapa une serviette à proximité - une petite - et entreprit de les sécher un par un avant de les déposer sur la petite tablette où il leur offrit des morceaux de divers fruits. Il prépara notamment un peu de kiwi puisque le plus vieux avait manifestement exprimé un intérêt certain pour celui-ci.

Il était en train de les observer avec la satisfaction d’un enfant lorsqu’un soudain glapissement le fit sursauter, ainsi que ses trois compagnons qui se cachèrent instantanément derrière la coupe de fruit. Peu importait si Sorel pouvait toujours discerner un cul pelucheux et deux queues qui dépassaient.
L’exclamation d’Ilhan arracha un soudain éclat de rire à l’elfe, l’intonation peu masculine et surtout complètement atypique au calme habituel de son camarade ayant raison de lui. A l’entente de sa voix, l’un des rongeurs pointa le bout de son minuscule nez, remuant ses moustaches. Sorel sourit, émettant un petit son apaisant avant de tendre la main, laissant au rat le loisir d’approcher ou non.
Derrière le paravent, le son d’un eau agitée parvint aux oreilles de l’elfe et Sorel retint une nouvelle hilarité, serrant les lèvres tandis que ses yeux brillaient de malice et d’amusement. Il espérait juste qu’Ilhan n’était pas réellement terrorisé par les rongeurs et qu’il ne s’apprêtait pas à lui faire du mal involontairement.

Sortant lui-même du bain, bien que plus tranquillement, Sorel entreprit de se sécher rapidement, s’attardant sur ses mèches rousses qui lui coulaient dans la nuque. Il se para des habits posés à son attention, surpris par la qualité de l’étoffe, il glissa ses doigts sur celle-ci, appréciant le contact doux. Ca ne devrait vraiment pas le surprendre, pourtant chaque fois qu’une délicate attention lui était destinée, il ne pouvait pas s’empêcher d’être pris au dépourvu. Il hésita un instant à enfiler les vêtements, cherchant du regard les siens sans parvenir à les trouver, presque gêné. L’habitation était suffisamment chaude pour ne pas nécessiter le port d’une veste supplémentaire ou d’un haut plus épais, ce que Sorel regrettait partiellement. Il adorait s’enrouler dans des étoffes épaisses et confortables.  

Attrapant ses nouveaux amis, il les laissa choisir et l’un d’entre eux se pelotonna dans la poche de poitrine de sa chemise, la déformant grossièrement avant d’en sortir la tête. Un autre se contenta de rester dans ses mains jointes, appréciant les caresses que l’elfe lui administrait gentiment. Le troisième, en revanche, décida que la crinière rousse, encore un peu humide, faisait un excellent nid et qu’il était très drôle de s’y cacher.
Conscient qu’Ilhan lui avait demandé de ne pas regarder de l’autre côté du paravent, Sorel se tint derrière celui-ci sans oser le dépasser.

« Tu es décent ? Je peux venir te voir ? »

Comme en réponse automatique, Ilhan lui répondit par l’affirmative, le temps qu’il se ravise rapidement - comme réalisant qu’il venait de dire une énormité - Sorel était déjà passé de l’autre côté du paravent.

« Désolé ! » s’excusa-t-il précipitamment.

Il amorçait déjà un mouvement pour retourner se cacher derrière le paravent mais la scène qui l’accueillit le cloua sur place. Son grand ami se tenait debout sur une chaise, une serviette enroulée à la hâte pour couvrir son entrejambe. Il avait l’air paniqué, humain parfaitement constitué, terrorisé par une minuscule troupe de rongeurs. Laquelle se trouvait actuellement sur Sorel, même pas en train de gratter le sol de leurs petites pattes griffues. Incapable de se retenir, le jeune elfe éclata de rire avant de se taire brutalement, la dernière chose qu’il souhaitait était de blesser son ami en se moquant, ce qui n’était pas tout à fait son intention. Tout de même, la situation était cocasse. Il se pinça les lèvres pour retenir une nouvelle hilarité mais ses yeux brillaient d’amusement.
Si Sorel nota les veinules qui parcouraient les bras et les épaules d’Ilhan, il n’en fit pas la remarque ni ne s’y attarda outre mesure. A la place, il présenta le rat qui trônait au creux de ses mains, sans pour autant prendre le risque de l’en approcher de trop près, juste au cas où son compagnon en ait une trouille bleue :

« Ils ont prit un bain et ils sont très gentils, tu n’as rien à craindre. Je sais me débrouiller avec les animaux, » confia-t-il avec un petit sourire.

Il remonta les mains vers son épaule pour permettre au rat qui s’y trouver de s’y percher pour libérer les mains de Sorel. Esquissant une petite moue désolée, il attrapa la grande couverture qui trônait sur le miroir et la présenta à Ilhan afin de lui permettre de s’y enrouler s’il le souhaitait.

« Je suis désolé, » reprit-il, s’excusant à nouveau en détournant le regard, « il n’était pas dans mon intention de contrevenir à ma promesse, je t’assure que je ne voulais pas. » Il hésita un instant, conscient que ses prochains mots pouvaient être mal interprétés, qu’il pouvait courir un risque. Il serra les lèvres, déterminé à garder sa confession pour lui mais hésita encore, l’angoisse à l’idée de perdre l’amitié d’Ilhan lui tordant le ventre. Cependant, il se devait d’être honnête… au moins sur ce qu’il savait. « Cependant je dois dire que je suis content de pas avoir à te regarder mourir de vieillesse, » avoua-t-il en rentrant la tête dans les épaules, sans trop oser croiser le regard de son ami.

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Se moquait-on de lui ? Qu’était-ce que cet éclat de rire ? Oui, oui, on se moquait de lui ! Alors que des rats siégeaient en toute impunité dans SA chambre ! Bon, certes, il ne s’agissait pas de sa chambre, pas réellement, mais seulement d’un logement de fonction qu’on lui avait attribué le temps de son séjour à Caladon. Pour un peu, il se plaindrait du service de cette cité qui se targuait d’être or et raffinement incarné ! Raffinement ? Avec des rats dans ses logis ?! En Delimar en tout cas, il n’avait jamais connu pareille infamie. Bon certes, des hermines s’invitaient chez lui. Mais c’était mignon, les hermines !

Il ne pouvait dire avoir peur de rats. Mais… il se rappelait de ce qu’il avait lu de son ancien lui sur son séjour chez les pirates. Un sceau dans lequel on mettait ce genre de rongeur pour aller mordre, petit bout par petit bout, la peau du torturé. Torture, oui, voilà ce que le mot rat avait évoqué aussitôt en son esprit. Et même si son ancien lui semblait avoir échappé à ce châtiment, il avait vécu bien d’autres tourments. Il ne s’en rappelait pas lui-même. Mais quand il avait lu ces textes, ces sombres récits, aux lettres alors tracées d’une main qui semblait tremblante, il en avait ressenti un terrible malaise, tel un lointain écho qui se réveillait en lui. Donc non, il ne s’agissait pas d’une réelle peur de l’animal en tant que tel. Disons qu’il éprouvait une certaine répulsion pour eux. Sans compter toutes les histoires qui couraient à leur sujet à la moindre épidémie…

« Tu es décent ? Je peux venir te voir ? »

Oui, répondit-il par automatisme.

Avant de réaliser qu’il était toujours perché sur sa chaise, mouillé… et à moitié nu, seule une petite étoffe recouvrant ses parties intimes !

Euh, non, corrigea-t-il aussitôt.

Mais trop tard. Déjà l’elfe avait franchi le paravent, ultime barrière de son intimité. Une légère rougeur sur les joues de l’althaïen fit écho au mot de l’elfe s’excusant. Une excuse vite balayée toutefois par un éclat de rire, qui raviva encore la rougeur et la gêne éhontée de l’althaïen. Voilà qu’il ne se retrouvait guère en digne posture. Et la vue des rats trônant fièrement sur l’elfe de toute part ne l’aidait en rien à reprendre pleinement le contrôle. Oh certes, il parvenait à ne pas trembler… mais bientôt la rougeur laissa place à un teint plus blême encore que la craie des murs. Il revoyait encore les mots valser devant lui, ces mots contant son sinistre séjour chez les pirates, chez ce forban de Nathaniel qui se targuait Roi de la Confrérie.

Très gentils, disait-il ? Hum… oui, il voulait bien le croire. Ilhan possédait quelques animaux lui-même et avait en général une bonne approche avec eux. Mais le mot rat résonnait de trop de connotations encore en son jeune esprit. Il retint à grande peine un frémissement, quand Sorel s’approcha pour attraper une couverture et l’en couvrir. D’un simple signe de tête, il l’en remercia. Et se fustigea aussitôt quand il réalisa que l’elfe avait dû "voir". Il n’avait pu les manquer ! Et maintenant, il savait ! Combien encore allaient découvrir son secret ? En voilà un qui ne ferait pas long feu, à ce charriot-là. Grommelant intérieurement contre cette maladresse qui n’était pas coutumière au Tisseur, l’althaïen s’enroula dans la couverture, et descendit, même si à gestes très lents, de sa chaise.

Prenant soin de garder une certaine distance avec les rats toutefois. Allez savoir… Il n’y avait pas de sceau en cette pièce, mais… oui, non, il préférait garder ses distances. Et oublier le sceau à rats ! Oublier les pirates pendant qu’il y était aussi ! Reprendre ses esprits. Il devait reprendre ses esprits. Se pensant, il pivota alors sur lui-même, tournant le dos à l’elfe, et se permit de fermer les yeux et de se concentrer sur sa respiration. Cette perte de contrôle était indigne de lui. Elle ne lui ressemblait en rien. Enfin… elle ne ressemblait en rien à son ancien lui plutôt. Mais bon, puisqu’il prétendait être toujours le même, il se devait de jouer le jeu. Et de se montrer digne de sa maitrise. Il venait d’échouer, lamentablement, en cet instant. Mais il pouvait encore se rattraper un tant soit peu. Inspirer, expirer, faire le vide en son esprit, se focaliser sur l’instant présent. Inspirer… expirer...

Alors qu’il plongeait en lui et en chaque sensation du moment, les mots de l’elfe lui parvinrent de loin, tel un son étouffé, un son embrouillé. Il les comprenait, mais il ne les entendait pas vraiment. Inspirer, expirer… Il rouvrit les yeux, des yeux pétillants d’or. Maudissant ses filaments qui avaient pointé le bout de leurs doigts d’or, avant de les faire refluer tout doucement.

« Cependant je dois dire que je suis content de pas avoir à te regarder mourir de vieillesse. »

Ilhan se retourna de nouveau, tout doucement, et aperçut l’image d’un elfe bien piteux, la tête rentrée dans les épaules et la chevelure rousse encore un peu humide, deux rats s’y emmitouflant à moitié. Cette image l’attendrit légèrement. Une autre inspiration, et le calme revint en lui. Il n’eut toutefois guère confiance en sa voix pour répondre, et d’un geste de la main il demanda à l’elfe de se retourner. Quand il fut sûr que l’autre ne regardait pas, il laissa tomber couverture et étoffe, qui bruissèrent toutes deux à terre, puis attrapa les vêtements secs qui l’attendaient. Il s’empressa de se vêtir, même s’il prit soin de vérifier que sa mise restait impeccable et qu’aucun faux pli ne venait disgracier sa silhouette. Puis il attacha sa fibule et l’insigne de Delimar.

Tu peux te retourner, murmura-t-il en une voix tout juste audible.

Il dut faire appel à toute sa maitrise, bien précaire en cet instant, pour ancrer ses orbes sombres dans les yeux de l’elfe et parvenir à soutenir ce regard.

Il ne savait trop comment agir, comment se comporter. Sorel savait maintenant. Du moins en partie.

J’ai bien failli mourir, je dois l’avouer, et à maintes reprises, avoua-t-il enfin du bout des lèvres.

Cette fois, l’image du sceau des rats laissa place à celle d’une épée contre sa gorge. Cette épée qui l’avait accueilli quand il ouvrait tout juste les yeux sur le monde, lors de sa renaissance vampirique. Une épée dont il sentait encore la pointe le menacer. Il déglutit, et cette fois détourna les yeux. Il n’avait quasi jamais évoqué ce moment fatidique. Il n’en avait parlé à personne encore. Il ne se sentait pas capable de l’évoquer, d’y mettre des mots. Tout avait été si rapide, si confus…

Et je peux encore mourir…

Si ce n’était de vieillesse et de maladie, comme cela avait bien failli être le cas de son lui humain – et encore rien ne disait que les Sainnûr aient également hérité de l’"immortalité" et de la résistance aux maladies des elfes et des vampires desquels ils étaient nés, même si on commençait à le suspecter – rien ne lui assurait que la mort lui serait épargnée…

De blessures ou d’accidents. Comme nous tous, d'ailleurs.

La mort pouvait les attendre à chaque tournant. Il ne fallait pas croire qu’être vampires, elfes ou sainnûrs vous en immunisait. Mieux valait alors profiter de chaque instant, autant que faire se pouvait. Et peut-être devait-il mettre en application ce vœu dès à présent.

Son regard dériva de nouveau sur les rats et il se retint de déglutir de nouveau. Il n’était pas très rassuré. Mais il devait avouer que leurs frimousses n’avaient rien d’hostile, à première vue.

Ceci doit rester un secret, susurra-t-il, ses accents althaïens revenant en force tandis que son regard s’ancrait de nouveau, lourdement, sur l’elfe. Un secret absolu. Du moins pour le moment.

C’était là pour lui un atout qu’il préférait encore garder dans sa manche. Au cas où. Même si le secret commençait tout doucement à s’éventer et s’essouffler, chaque jour gagné serait pour lui un atout de plus.

Il soupira lourdement, cette fois ne s’en cachant nullement.

Alors apparemment tu t’es fait de nouveaux amis ? On prétend qu’ils sont souvent porteurs de maladies en tout genre…

Même si les elfes n’étaient certainement pas sensibles à ce genre de maladies, il devait en convenir.

Ils n’ont en tout cas pas l’air féroces, concéda-t-il.

Sans oser approcher la main. Bien que cela commençait à le tenter.

Et ce vin alors ? T’a-t-il plu ? Ce n’est certes pas un vin d’elfe, mais il provient d’un des cépages que j’ai acquis il y a peu. Je pense qu’il y a encore du travail à faire. Et j’espère pouvoir l’améliorer avec les terres que l’on m’a accordées pour un vignoble près de Delimar.

Il avait acquis en effet un petit vignoble déjà installé non loin de Caladon. Il espérait simplement en tirer les enseignements requis pour créer son propre vignoble et son propre cépage, plus près en Delimar. Il avait réussi à trouver un vigneron d’origine althaïenne pour gérer ces terres. Il avait dans l’idée de créer un alcool bien plus raffiné que tout ce que l’archipel connaissait jusque-là. Un alcool qui serait prisé des grandes Cours et des castes au goût délicat. Digne de son ancienne Althaïa.

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La distance précautionneuse qu’Ilhan prenait soin de garder avec les rats attrista quelques peu le jeune elfe. Il comprenait la répulsion générale que les gens avaient à l’égard des rongeurs, ils avaient après tout l’une des pires réputations qui soit. Et l’une des images les moins hygiéniques, compte tenu de leurs lieux de vie connus. Pourtant il y avait tellement plus à voir chez eux et à trouver, à découvrir. A l’image de leur intelligence toute particulière et leur vie sociale parfois mieux régie que celles des bipèdes. Certainement moins complexe que celle des elfes, notamment.
Il ressentit néanmoins une intense forme de soulagement lorsqu’Ilhan accepta son offre. Gentiment, l’elfe enroula la couverture autour du corps nu de l’althaïen, préservant son intimité autant que faire se pouvait dans de telles circonstances. Qu’il continue de lui tourner le dos, en revanche…

L’elfe se tordit les doigts, un rien nerveux, observant la respiration régulière du sainnûr en penchant la tête. Une interrogation, une pièce manquante du puzzle attira soudain son attention et Sorel fronça les sourcils tout en observant le dos tourné, couvert d’une couverture, d’Ilhan. Les Immaculés étaient une race récente, encore inconnue, et il ne pouvait définitivement pas prétendre en savoir long à leur sujet. Mais il connaissait ce qui était généralement admis depuis leur apparition. A savoir qu’il n’y avait que deux sortes d’Immaculés, les Nywim qui étaient originellement des elfes et les Shedim. Ces derniers étant d’anciens vampires. Pour autant qu’il sache, Ilhan n’était pas un elfe et son origine althaïenne faisait sa fierté, à bien des égards, en plus d’être une réelle connaissance de la part de l’humain. Sorel n’avait cependant pas remarqué de longues dents, encore qu’il n’y avait pas prêté attention à l’origine, puisque ce n’était pas un détail qui méritait d’être guetté, attendu, surveillé.

Pour l’heure, cependant, le mutisme d’Ilhan et son dos, toujours offert à l’elfe, représentait une difficulté et un intérêt bien plus important que le pourquoi du comment. Il s’y intéresserait plus tard… s’il en avait toujours le droit.
Ses excuses marmonnées suivies d’un aveu on ne peut plus honnête, eurent finalement l’effet d’attirer l’attention d’Ilhan. Le visage de l’humain - non, il ne l’était plus désormais - était tendu, un rien fermé. Il était plus pâle, les yeux et les cheveux noirs… pourtant son expression rappelait quelque peu celle que Sorel voyait dans le miroir lorsqu’il s’efforçait d’oublier quelques mauvais souvenirs. Aucune parole ne lui fut adressée, à la place, Ilhan lui indiqua de la main de se retourner et Sorel mit une seconde à comprendre les intentions de son hôte. Avec un léger sursaut, il se retourna rapidement, manquant de glisser sur le sol trempé par la sortie précipitée de l’althaïen - ça, il l’était toujours et le serait probablement à jamais. Même s’il avait une certaine confiance en Ilhan, Sorel réalisa soudain qu’il en savait peut-être un peu trop désormais. Ils avaient travaillés ensembles, avec une certaine efficacité et à de multiples reprises dans le même domaine… il en doutait pas qu’Ilhan en conservait certains aspects. Sorel s’était lui-même orienté vers un travail qui se servait de ces compétences-là, peut-être Ilhan avait-il désiré conserver cet atout dans sa manche, comme un joker qui pourrait certainement lui sauver la mise en dernier recours.

Attentif, l’elfe porta une attention accrue au petit bijou suspendu à la tresse dissimulée derrière son oreille. Toute mauvaise intention à son égard le préviendrait d’une quelconque agression. Il n’était pas un grand guerrier mais disposait néanmoins de moyens pour se défendre si besoin. Ilhan n’avait fait montre d’aucune agressivité à son égard, jamais, ni n’avait-il donné de bonnes raisons à Sorel de se méfier, mais l’elfe avait peut-être découvert un détail qu’il n’était pas supposé remarquer.
Le son doux de la couverture glissant au sol le fit frémir et il se concentra sur le rat qui se trouvait pelotonné dans la poche de sa chemise, passant son doigts sur le tissu pour caresser l’animal au travers. Le rongeur tressaillit, comme surpris, avant de se redresser légèrement, pédalant difficilement dans la poche jusqu’à sortir la tête de la petite poche. Il renifla, remuant ses adorables moustaches à l’attention de Sorel. L’elfe sourit, toujours attentif à Détect’Argent, et gratouilla la minuscule tête du rat. Derrière lui, les bruissements cessèrent, le silence seulement entrecoupé par le souffle régulier de l’althaïen… jusqu’à ce qu’on lui accorde le droit de se retourner.

Ilhan mit un certain temps avant de trouver le regard de Sorel, plus que d’ordinaire en tout cas. Quand il reprit la parole, en plus de cela, ce fut du bout des lèvres avec l’absence totale de son aisance précédente et de la frénésie lors de la révélation sur la présence des rongeurs. C’était en radicale opposition et Sorel se trouva incapable de savoir comment réagir. Son instinct premier était de se rapprocher et d’offrir un soutien physique à l’althaïen mais il connaissait la réticence de ce dernier quant aux contacts, et c’était sans compter les rats qui avaient trouvé refuge sur sa personne.
Il se rapprocha d’un petit pas, incertain, écoutant les mots prononcés. Sorel ne saurait trop comment décrire Ilhan, à cet instant, mais il devait avouer qu’il n’aimait pas le voir ainsi. Comme éteint. L’elfe hocha doucement la tête, tendant la main jusqu’à attraper du bout des doigts l’auriculaire de l’althaïen, offrant un contact minime sans pour autant s’approcher de trop près au cas où la présence des rongeurs soit responsable de l’attitude de son ami.

« On peut craindre bien des dangers, » acquiesça-t-il à voix basse, « mais le temps, pour les humains, est un ennemi qui n’a aucun adversaire, une bataille jamais victorieuse. » Sorel était jeune pour les standards elfiques, à bien des égards toujours, mais il avait grandi au milieu des humains. Bien des humains adultes avaient vu leur visage se creuser de rides et leurs cheveux se parer d’argent avant de disparaître à jamais. Il en avait vu des jeunes trépasser, bien sûr, mais elfes, vampires et humains étaient égaux face aux blessures de la chair. La vieillesse, en revanche, menaçait toujours en priorité la race humaine. « Si un jour tu as besoin de discuter de ce qui est arrivé, » poursuivit-il tout bas, observant Ilhan avec prudence mais honnêteté, « ma porte te sera toujours ouverte et mon oreille toujours attentive. »

Penser qu’il avait failli perdre Ilhan, sans même le savoir, des mains d’il ne savait qui ou d’il ne savait quoi… la pensée seule lui faisait peur. Tout en l’énervant. Mais également, cela ne relevait pas de l’extraordinaire… les dernières années avaient été particulièrement mouvementées et dangereuses. Les morts étaient probablement plus nombreuses que même la fécondité humaine ne pouvait pas parvenir à combler les pertes innombrables subies par leur peuple. C’était sans compter celles des elfes qui, eux, avaient une fécondité terrible, au mieux. Les vampires étaient probablement les seuls à ne pas avoir à s’inquiéter de ce fait, mais là encore, leurs conditions de vie n’étaient pas enviables.
S’il devait un jour, par hasard, apprendre l’identité d’un éventuel vilain à l’origine des mauvaises expériences d’Ilhan, en revanche… Sorel n’était pas à l’abri de saisir une occasion au vol de le punir. Le jeune elfe n’était pas d’un naturel violent ou agressif, en revanche il pouvait se montrer vicieux et sa longévité lui offrait l’occasion d’être patient. Il ne doutait pas de pouvoir mourir au détour d’une allée sombre, un jour de profonde malchance, mais ce n’était pas une raison, pour lui, de se précipiter. La précipitation n’entraînait que rarement la réussite, comme il avait pu en faire l’expérience par le passé.

Sur sa tête, l’un des rats, le plus petit, s'avança jusqu’à se qu’il doive poser les pattes sur le front de Sorel pour renifler l’air dans la direction de l’althaïen. Juste au moment où ce dernier laissait son regard dériver pour s’intéresser aux rongeurs, l’air pas rassuré pour deux sous.
Ilhan prit la parole alors, son regard s’attardant un instant sur la petite troupe avant de venir se planter avec détermination dans celui de Sorel. L’elfe hocha la tête, manquant de faire glisser le petit rat qui se tenait en équilibre précaire sur le haut de son crâne - l’autre s’étant réfugié dans le col de sa tunique, au chaud, contre sa nuque.

« Je garderais le secret, » assura-t-il, l’air sérieux. La pensée des sorts et des esprits-liés en mesure de se mettre en travers de son chemin, de l’empêcher de mentir ou de le sentir, lui traversa l’esprit. « Juste… N’oublie pas de me dire lorsque le secret est levé, s’il te plaît. » ajouta-t-il avec un sourire de travers, l’air amusé. Il avait envie de lui poser des questions, de savoir comment tout ça était arrivé, l’origine, ce qui lui était arrivé, tout simplement. Mais il les garda derrière la barrière close de ses lèvres serrées. « Tu me raconteras un jour ? » demanda-t-il doucement.

Si pour l’heure l’althaïen voulait garder le secret sur le sujet, il était probablement préférable pour l’elfe de ne poser aucune question afin qu’il n’en sache rien, qu’il n’ait pas plus d’informations à délivrer si un malheur devait lui arriver. Le moins il en savait, le moins il pouvait en dire et le moins Ilhan aurait à s’inquiéter sur le sujet.
Sorel devait avouer, néanmoins, qu’avoir connaissance de l’information pouvait s’avérer utile. Il était une des - probablement - rares personnes à voir connaissance de ce nouveau Sainnûr, ce qui n’était pas rien. Un atout en soi, même si le jeune elfe n’avait pas nécessairement l’intention de s’en servir. Être au courant des choses pouvait généralement permettre de s’en servir, une petite miette qui pouvait changer tout un plan, en positif comme en négatif.

Le changement de sujet pour aborder celui des rongeurs fit s’illuminer le visage de Sorel.

« Ils sont adorables, tu veux dire ! » s’exclama-t-il, plein d’entrain. « Attends, tu vas voir, » poursuivit-il avec un doigt levé.

Il se détourna d’Ilhan, s’apprêtant à repasser de l’autre côté du paravent quand une apparition le fit s’immobiliser. Comme venu de nul part, un cheval se tenait face à lui, éthéré et d’une rare beauté, princier pourrait-on dire sans pour autant effleurer la réalité. Sa crinière semblait faite de filaments étoilés mais le plus frappant était le regard. D’une intelligence incomparable, l’Esprit-Lié le considérait avec attention, le dominant de toute sa taille. Doucement, l’équidé tendit le nez jusqu’à lui, frôlant sa joue et soufflant sur les mèches humides de l’elfe. L’Esprit-Lié fit un pas en avant puis disparut, l’espace un instant auparavant occupé soudainement désespérément vide. Sorel porta la main à sa joue, effleurant du bout des doigts l’espace où le nez velouté du Cheval l’avait touché d’un geste si doux.

Il cilla, brutalement ramené à la réalité lorsqu’il réalisa qu’Ilhan était toujours là. Sorel jeta un regard en arrière, bref, puis passa finalement derrière le paravent, s’emparant d’une pomme, la dernière disponible. Il s’empara du petit couteau mis à disposition et découpa rapidement dedans tout en revenant se placer à proximité d’Ilhan. Une fois satisfait de son oeuvre, il tendit à l’althaïen un petit bâton de pomme, suffisamment long pour que les doigts d’Ilhan ne soient jamais trop proche du nez du rongeur.

« Vas-y, essaie de lui donner. »

Il attrapa doucement le petit rat qui se trouvait toujours niché dans ses cheveux, occupé à y faire tous les noeuds possibles et imaginables. Le tenant dans ses mains jointes, plus proche de lui afin de ne pas brusquer ni effrayer Ilhan si vraiment les rongeurs ne faisaient pas partie de ses animaux favoris.

La question sur le vin, en revanche, le prit légèrement au dépourvu.

« C’est que… je n’y ai pas tout à fait goûté, » admit-il d’un air gêné. « En revanche j’ai fait un sort au thé. Un vignoble ? Tu te lances dans le vin, » s’enquit-il d’un air amusé, inexplicablement hilare quant à cette décision. « Est-ce que tu vas bientôt faire une pâtisserie aussi ? Première pâtisserie mettant en vente des mets alcoolisés ? Remarque, vu l’intérêt pour l’alcool, ce serait une très bonne idée ! De quoi devenir riche… si tu manges pas ton stock à toi tout seul, » se moqua-t-il, rieur.

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Le contact délicat, tout en pudeur, que lui accorda l’elfe en lui attrapant l’auriculaire, sans le forcer, toucha Ilhan et il resserra doucement son petit doigt comme en un remerciement muet. Et hocha la tête avec un léger sourire, quand Sorel lui offrit de l’écouter si le besoin s’en faisait sentir.

Une porte ouverte et une oreille attentive. Cela le touchait. Même s’il avait déjà cela en la personne de Naal. Mais même à lui, il n’avait pas évoqué de nouveau ces changements et les lourds incidents qui l’avaient mené jusque-là. Peut-être parce que la corneille voyait tout, pouvait tout voir, si elle le désirait, et qu’il n’y avait nul besoin de parole alors ? Bien que Naal lui ait déjà dit maintes fois que la parole était salvatrice… Peut-être tout simplement parce qu’il ne se s’en sentait pas le courage, aussi. Pas la force. Pas la volonté. Il devait d’abord affronter tout cela lui-même, et que son âme fasse sienne tous ces méandres troublants, avant de pouvoir en parler à quelqu’un. Quel qu’il fut. Mais la proposition de Sorel le toucha et il ne l’oublierait pas.

Et il fut rassuré quand l’elfe lui affirma garder le secret. Si le Tisseur en lui sentait Mère paranoïa le lacérer de nouveau de ses griffes acérées, criant en son esprit de ne pas se contenter de simples mots, que traitrise pourrait trop facilement s’insinuer parmi eux, le jeune sainnûr, lui, voulait croire son frère. Il acquiesça donc en silence, recevant cette promesse et acceptant, par ce simple geste, de s’en contenter. C’était un risque qu’il prenait et il entendait mille voix lui hurler que c’était  là une bêtise, une erreur… Mais après tout, le secret commençait doucement à s’éventer. Même si tout l’archipel n’était pas au courant, le nombre de personne sachant sa véritable nature devenait de plus en plus important. Donc oui, un jour le secret serait sans doute levé. Il répondit alors à Sorel par un léger sourire.

Qui se ternit aussitôt à la question suivante.

Je ne sais si je le raconterais un jour à qui que ce soit, confessa-t-il en un murmure à peine audible.

Et sa voix basse et profonde se tut sur ces mots-là. Sans répondre véritablement.

Fort heureusement le sujet rat leur apporta une distraction bienvenue, l’althaïen se sentant de plus en plus mal à l’aise. Même s’il ne pouvait dire que ces animaux l’enjouaient tout particulièrement… mais au moins leur comportement curieux et joueur, montrant une certaine forme d’intelligence aussi, attisait sa curiosité.

Déjà Sorel se détournait vers la table et les victuailles, quand soudain il se figea.

Et Ilhan avec lui. La silhouette éthérée qui se dessina devant eux était d’une majestuosité sans pareille qui faisait chavirer les sens. Les vagues de sa crinière dansaient sur son encolure en une douce hypnose, et son regard vous transperçait l’âme pour mieux vous la ravir. Un Esprit-Lié, reconnut-il aussitôt. Ce n’était pas la première fois qu’il assistait à cela. Et sans doute ne serait-ce pas la dernière. Il semblait voué à voir éclore les liens des nouveaux spirites. La silhouette disparut bien trop vite à son goût, mais il sentait encore la magie palpiter tout autour d’eux. L’Esprit-Lié était toujours là, bel et bien présent… lié à l’elfe inexorablement. A cette pensée, Ilhan laissa un doux sourire fleurir. Et attendit que l’elfe reprenne ses esprits.

Quand enfin ce dernier reprit vie, il s’amusa à le voir s’agiter. Oh oui, le cheval lui était tout destiné, songea-t-il quand il vit l’elfe s’approcher de lui et lui tendre un petit bâton de pomme. Non content d’être particulièrement doué avec les animaux et de parvenir à les apprivoiser en un rien de temps, il savait aussi transmettre son don et son savoir. Et y prenait apparemment grand plaisir. Rien que pour cela, rien que pour ne pas ternir le sourire enjoué qui se dessinait sur les traits de l’elfe, Ilhan prit le bâton de pomme et obtempéra, même s’il n’était pas particulièrement à l’aise.

Il tendit donc le petit bout de fruit au rat et observa la frimousse frétiller à l’odeur puis s’approcher doucement, tendant le museau vers le bout de fruit en prenant garde de ne pas tomber des mains de son nouveau gardien. Quand bien même ce dernier ne le laisserait jamais chuter, Ilhan en était sûr.

Non pas de pâtisserie, répondit-il, son sourire en coin se teintant d’amusement. Quoique, cela pourrait plaire à Dihya. Elle est très douée et a des recettes de friandise, que je devrai te faire goûter un de ces jours. L’une d’elles consiste justement en des friandises au chocolat fourrées à la liqueur de fruit. Mais oui, je me lance dans le vignoble. Ma famille en avait tenu un il y a longtemps après tout…

Renouer aux sources. Même si lui-même n’avait que peu suivi ces affaires-là de sa famille, s’étant orienté plutôt vers la politique, il revoyait les scènes lues dans son livre de vie concernant son enfance : tout ce que son père lui partageait, les longues ballades dans les vignes aussi, un livre à la main… Et le vin d’Althaïa avait presque pu rivaliser avec le vin d’elfe, selon son ancien lui. Presque. Relancer cet art-là, dans tout le raffinement althaïen, était pour lui une gageure tout autant qu’une renaissance, en un sens, pour les siens, plus qu’un simple commerce. Même s’il devait avouer, que si l’affaire marchait cela l’aiderait sans doute grandement à ne plus se tracasser de sa taxe…

J’ai rencontré un vigneron althaïen qui souhaite faire revivre cet art-là de notre ancienne cité.

Se disant, il manqua reculer son doigt quand le rat approcha son museau d’un peu trop près. Il parvint à réprimer son mouvement, mais s’était quelque peu raidi, et le rat s’était figé. Un court instant. Le fruit l’appâtait toujours autant. Comprenant toutefois que la main n’était pas aussi habile que celle de l’elfe, le rat décida que le fruit serait sien. Et d’un geste vif, il attrapa le bout de pomme entre ses dents... et tira. Amusé malgré lui, Ilhan lâcha le fruit et le laissa au petit animal, qui manqua perdre quelque peu l’équilibre, mais qui bien vite se rétablit sur ses pattes et s’empressa de ronger son fruit en le tenant de ses deux pattes avant.

Ilhan se pencha alors légèrement pour mieux observer, curieux malgré lui.

C’est fascinant, souffla-t-il tout bas.

Autant pour ne pas perturber l’animal (et qu’il ne lui saute pas au visage de peur, sait-on jamais), autant parce qu’il se concentrait sur ce qu’il observait.

On dirait presque de petites mains…

Puis réalisant ce qu’il venait de dire, et qui pourrait trahir un possible intérêt pour l’animal, il se redressa, retrouvant toute sa superbe, et darda ses orbes de jais sur l’elfe.

Au fait, félicitations pour ton nouveau lien.

Un sourire taquin et goguenard se dessina sur ses fines lèvres. Peu savait son propre don offert par son Esprit-Lié.

Te voilà béni par l’ornithorynque…

Il était à deux doigts de rajouter "mon frère", mais se ravisa, hésitant. Sorel venait d’apprendre, avec un possible choc, qu’il n’était plus l’humain qu’il se disait être, mais qu’il était devenu sainnûr. Avec tout ce que cela impliquait. Lui révéler qu’en outre Aldaron était son père ? Cela ferait beaucoup en un seul jour. Et peut-être ce dernier ne souhaitait-il pas que cela se sache après tout… Oui, peut-être. Cette révélation appartenait à Aldaron après tout, plus qu’à lui. Il tut alors les mots qui lui brûlaient les lèvres, et se contenta de laisser un doux silence planer entre eux. Même si ce silence résonnait bien trop fort de ce qu’il venait de taire.

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Sorel hocha doucement la tête et, décidant de faire confiance à Ilhan pour venir le trouver si un jour il avait besoin de parler, besoin de se confier ou d’alléger un poids, décida d’abandonner le sujet. Il est des plaies qu’il faut parfois malmener dans l’espoir d’arranger les choses et d’autres pour lesquelles il était préférable de laisser le temps faire son oeuvre… savoir quelle situation était propice à quelle réaction était difficile. L’elfe n’avait aucun moyen de savoir s’il aurait dû presser le sujet et pousser l’althaïen à se confier mais il préférait faire confiance. C’était une décision qui pouvait avoir des conséquences. Il espérait juste qu’Ilhan avait l’entourage adéquat et bienveillant dont il avait besoin, des mains pour le soutenir et des épaules pour l’écouter, autres que celles de Sorel puisqu’ils ne vivaient définitivement pas l’un à côté de l’autre.
Il se concentra plutôt sur un sujet plus léger, plus facile à aborder même si la réaction d’Ilhan concernant les rats n’était pas à prendre à la légère ni à ignorer. L’intervention du Cheval marquant toujours l’esprit de l’elfe, Sorel tendit à Ilhan un petit bâton de pomme et observa la façon prudente qu’eut l’althaïen pour s’en emparer. C’était à croire que la pomme elle-même représentait une forme de danger qui le mettait mal à l’aise.
Patient, le sélénien se contenta d’attendre tout en engageant la conversation sur une idée de pâtisserie à l’alcool et de vignoble.

Dans ses mains, la petite boule de poils se tenait à l'extrémité de ses doigts, le nez frétillant d’intérêt pour la friandise qui lui était proposée avec tant d’hésitation.
Il apprit avec un clignement des yeux que la famille d’Ilhan avait, auparavant, tenu un vignoble justement. C’était par conséquent plus un retour aux sources mais aussi un moyen de retrouver un peu de familiarité dans ce nouvel archipel. Cela faisait plusieurs années qu’ils étaient installés mais cela n’empêchait pas, parfois, la sensation de ne pas tout à fait être chez soit.

« C’est une très bonne idée ! » encouragea-t-il avec enthousiasme. « Ne serait-ce que pour me faire goûter ces friandises à la liqueur dont tu parlais. » Il inclina légèrement la tête sur le côté, considérant ce que venait de dire l’althaïen tout en gardant une partie de son attention focalisée sur le comportement du rongeur qui se dressait désormais sur ses postérieurs, un peu plus en confiance et définitivement intéressé par l’appât. « Ce serait un bon début pour ramener une partie d’Althaïa qui te tient tant à coeur, tu devrais le faire si c’est ce que tu veux. Je ne suis pas sûr d’être d’une grande aide mais si tu as besoin d’un coup de main, je devrais pouvoir fermer boutique pour te rejoindre pour quelques jours. » Son regard s’illumina soudain à la perspective d’apprendre de nouvelles choses, surtout en présence d’Ilhan et il se retint fermement de s’agiter mais ce fut compliqué. « Tu pourras m’apprendre ! » chuchota-t-il avec excitation pour ne pas surprendre son précieux fardeau.

Le rat, dans les mains de Sorel, se figea momentanément, attirant l’attention du jeune elfe qui caressa le flanc du rongeur avec son pouce. A l’instant où la pulpe de son doigt entra en contact avec la fourrure de l’animal, celui-ci s’empara du bâtonnet de pomme et tira. La résistance, bien que légère, d’Ilhan manqua de lui faire perdre l’équilibre lorsque l’althaïen relâcha le fruit pour l’abandonner aux pattes avides. Presque aussitôt, satisfait de son larçon, le rat entreprit de grignoter le met avec entrain, le son doux et vif de ses dents mordant dans le morceau de pomme quelque peu apaisant pour Sorel.
Un sourire étira largement ses lèvres à l’intérêt manifeste d’Ilhan pour la manière dont le rongeur rongeait sa proie maintenant victime de ses puissantes incisives. Tenant toujours son nouveau compagnon entre ses mains, l’elfe se retint une nouvelle fois de battre l’air dans son excitation. Complètement imperméable à l’apparente tentative d’avoir l’air désintéressé d’Ilhan, il s’emporta presque instantanément sur le sujet, déballant sans attendre et avec un intérêt et une joie manifeste.

« Oui ! Ils sont très habiles et peuvent grimper à peu près n’importe quoi, ils peuvent se faufiler n’importe où et vivent en communauté. Tu trouveras rarement un rat tout seul et ce ne sera jamais volontaire de sa part. » Il eut une petite moue et ajouta avec un poil moins d’entrain : « Ils sont vraiment territoriaux par contre. Et vraiment très, très intelligents. Beaucoup plus qu’on ne l’imagine. La plupart des gens pensent qu’ils sont juste des indésirables porteurs de maladie mais il y a vraiment, vraiment plus que ça. »

Il acheva ses paroles en considérant pensivement le petit rongeur toujours occupé à grignoter son morceau de pomme, rapidement interrompu par les paroles d’Ilhan qui lui firent redresser la tête d’un air confus. Un éclat traversa son regard tandis qu’il dirigeait celui-ci là où le Cheval était apparu avant qu’il ne revienne sur Ilhan, les yeux écarquillés.

« Tu l’as vu !? » chuchota-t-il précipitamment. « Il était magnifique ! Sii un jour j’aurais imaginé que le Cheval… Attends... » L’expression taquine et gentiment moqueuse d’Ilhan lui firent prendre une pause, démêlant ses émotions entre l’émerveillement, la surprise et le fait qu’il avait toujours du mal à croire que l’Esprit-Lié du Cheval l’avait choisi. Lui. Il mit le tout de côté avec la ferme intention d’y revenir plus tard, probablement pour s’asseoir quelque part et continuer de s’étonner de cette nouveauté aussi inespérée qu’inattendue. « Béni par l’Ornithorynque ? Tu es spirite de l’ornithorynque ? » s’enquit-il soudain avec intérêt et curiosité. « Béni ? L’Esprit-Lié de l’Ornithorynque bénit les gens ? »

Il fronça les sourcils, quelque peu perdu et ne se rappelant pas tout à fait des effets d’être spirite de cet animal en particulier. Il ne les connaissait pas tous par coeur, à l’exception de quelques-uns, mais il savait que ce spirite avait effectivement un lien avec les Esprits-Liés en général et pas seulement le sien mais il ne pouvait pas tout à fait mettre le doigt dessus ni se rappeler précisément de ce dont il était question.
Le bâtonnet de pomme terminé, le petit rat se redressa sur ses postérieurs, reniflant l’air avec intérêts dans la direction générale d’Ilhan. L’elfe, toujours un peu confus, tendit à l’althaïen le reste de pomme.

« Tu veux réessayer ? »

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Oui, lui faire goûter ces friandises à la liqueur… Voilà qui était une idée qui lui ferait plaisir. Il pouvait d’ailleurs envisager, à son retour en Delimar, d’envoyer quelques ballotins de ces friandises aux membres de sa famille qui pourraient y avoir goût. Et soudain l’idée de montrer une autre surprise tout en friandises au jeune elfe lui frappa l’esprit. Il ne put la mettre de suite à exécution toutefois, encore accaparé par le petit rat et le bout de pomme… ainsi que par la suite des propos de Sorel. Le rejoindre dans son entreprise de vignoble ? Voilà qui était intéressant. Certes, l'elfe ne parlait que de quelques jours, mais Ilhan y entrevoyait déjà mille possibilités. D’autant plus qu’il avait un magnifique étalon, croisé de race althaïenne, de cette race de chevaux quasi disparue, qu’il aurait bien aimé ressusciter d’une manière ou d’une autre… Sorel était après tout, même si très récemment, spirite du cheval…

Et monter un haras avec moi à côté du vignoble ? lança-t-il alors.

Faussement innocemment. Si son sourire pouvait prêter à confusion et faire croire à une plaisanterie, la proposition n’était pas totalement lancée à la légère. Mais il n'alla pas plus loin.

Il fut soudain libéré du bout de pomme, que le rat lui avait ravi, et Ilhan dut avouer trouver ce comportement animal plutôt amusant. Il songea un court instant au chat timide et craintif qu’il avait rencontré chez lui, qui était apparu du jour au lendemain dans sa maisonnée et semblait y avoir élu domicile. S’il n’était pas forcément à l’aise avec tous les animaux, notamment les rats, il avait tout de même une certaine attirance pour eux. Et il semblerait que certains aient une attirance pour lui, comme ce fameux chat, magnifique chat, qui ne se laissait approcher que par lui. Ilhan était presque déçu de n’avoir pas eu le temps de profiter plus encore de cette présence câline et timide, et de ce pelage soyeux qui aimait tant se faire brosser. Étrange comment la vue des rats et de leur relation naissante avec Sorel avait su instiller un tel sentiment en son coeur.

Il était si accaparé par ses pensées et par l’image de son chat l’attendant sans doute à la maison, du moins se surprit-il à l’espérer, qu’il écoutait d’une oreille distraite les explications de l’elfe quant au comportement des rats. Il fut tenté un court instant de lui parler du nouveau compagnon qui avait élu domicile chez lui à Delimar, mais… se retint. Il ne sut pourquoi, mais… il sentait que ce chat était particulier. Que la relation qui se tissait entre eux était particulière, d’une tout autre nature qu’avec tout autre animal. Et il doutait que même un spirite du cheval puisse l’aiguiller en la matière. Si le chat l’avait choisi, ce serait à lui de trouver la voie pour renforcer leur relation. À lui, et à lui seul.

La soudaine question de l’elfe lui arracha cette fois un sourire amusé et taquin. S’il l’avait vu ? Oui. L’ornithorynque les voyait. Il hocha simplement la tête alors. Et quand la question de confirmer s’il était spirite de l’ornithorynque tomba, son sourire amusé s’agrandit encore, et de nouveau seul un hochement de tête, teinté d’un brin de fierté, lui répondit.  

« Béni ? L’Esprit-Lié de l’Ornithorynque bénit les gens ? »

Cette fois un léger rire fusa. Court, bref. Non pas moqueur, juste amusé. Et il baissa les yeux et la tête pour tenter de calmer ce rire qui soudain l’agitait. C’était une longue histoire en fait…

« Tu veux réessayer ? »

Cette fois sérieux parvint à reprendre, un tant soit peu, ses droits.

Non, je vais le laisser tranquille. Même si je te remercie de ta patience et de ce partage que tu as bien voulu m’offrir.

Il était sincère dans ses remerciements et ses accents chantants le soulignaient.

Non, l’ornithorynque ne bénit pas réellement les autres spirites, répondit-il enfin. Il les sent, il peut aussi en partie les contrôler, en couper certains effets. Il peut aussi…

Un sourire joueur et presque prédateur joua sur ses lèvres.

Copier les pouvoirs des autres spirites. Certains du moins. Mais non, normalement il ne les bénit pas. L’ornithorynque est placé sous le signe de…

Il leva une main en l’air, et souligna ensuite sa silhouette, de haut en bas, d’un geste noble et digne.

L’adaptation.

Déjà son dauphin en était un signe aussi. Sa capacité d’apprentissage rapide, par exemple. L’adaptation… c’était presque ironique de penser que c’était apparemment un signe le définissant, lui, althaïen, si attaché par ailleurs à ses coutumes et ses mœurs romantiques…

Mais mon Esprit-Lié me permet de voir les autres, en effet. Et j’ai assisté, depuis que l’ornithorynque m’a choisi, à beaucoup de liens entre spirites et Esprits-Liés.

Le plus marquant était sans doute, de ce qu’il avait lu de son ancien lui, le lien entre Naal et a baleine en pleine opération chirurgicale..

M’est alors venu l’idée de créer un glyphe permettant de… bénir, ou plutôt de protéger, le lien entre les Esprits-Liés et leur spirite que je voyais se créer devant moi. À croire que je suis doué pour ça, car tu dois être... le cinquième lien ? au bas mot… auquel j’assiste.

Son sourire se teinta de douceur.

En tout cas, ce lien sera, en partie, protégé des attaques les plus courantes.

Un petit cadeau qu’il lui faisait. D’ailleurs, parlant cadeau… Il avait d’autres choses encore qu’il pouvait, avait envie, de montrer au jeune elfe. Et l’idée qui lui était venue précédemment au sujet des friandises revint en force en son esprit.

Attends, j’ai quelque chose à te monter. Je te parlais tout à l’heure de friandises à la liqueur… je n’en ai pas ici…

Plus, serait le mot plus correct, les ayant toutes mangées…

Mais j’ai autre chose encore. Attends…

Il s’approcha en quelques enjambées de sa besace magique, et y farfouilla, puis en sortit son fameux calice. Magnifique calice, qu’il releva au niveau des yeux pour mieux l’admirer. Il  chérissait cet objet pour tout ce qu’il représentait à ses yeux. L’amour et le soutien d’un père, même si dans le plus grand secret. Il caressa la coupe évasée de cristal, aux lignes épurées dignes de l’art des elfes, à la paroi parfaitement lisse sur lequel des plantes grimpantes aux fines feuilles et fleurs de cristal venaient s'enlacer dans un ballet plein de grâce et de légèreté. Un œil avisé pouvait y reconnaître le blason des Leweïnra, mais après tout ses relations cordiales, voire d’amitié, avec Aldaron n’avaient été un secret pour personne.

Il se releva, et, en un doux sourire, déposa le calice sur une des petites tables, puis invita d’un geste l’elfe à se servir d’une des friandises qui remplissaient déjà, de façon automatique le calice. Notamment ces fameuses petites boules dont il raffolait tant… ou ces petits biscuits de la fortune qui contenaient un petit parchemin en leur sein, quand on les rompait, un petit message qui lui était spécifiquement destiné.

Vas-y, fais-toi plaisir. Il n’y a pas de ces friandises à la liqueur dont je te parlais, et dont je tâcherais de t’envoyer un petit ballotin, mais celles-ci sont inépuisables. Fais-toi plaisir.

Car oui, s’il pouvait être possessif et jaloux, il savait aussi partager. Quand il le voulait.

Parlant partage, une autre idée lui vint… il n’osa la proposer, mais l’idée prit force en lui, le titillant de plus en plus. Certes, son anneau unique n’était pas forcément destiné à le lier à tout un chacun, et était un outil destiné à la Toile avant tout. Mais… pourquoi se priver ? Sorel était lié à Aldaron, qui l'avait adopté, il le savait, c’était noté dans son carnet. Même si Sorel ne le savait pas, pas encore, ils étaient donc en quelque sorte frères… Pourquoi ne pourrait-il pas se lier par l’anneau aux membres de sa famille aussi ? Il avait, après tout, déjà établi un tel lien avec des êtres chers et importants pour lui qui n’appartenaient pas à la Toile. Tel Naal. Ou Victoria. Il pouvait bien…

Oui, il pouvait bien le faire aussi pour Sorel. Et pour tout autre être avec qui il désirait garder contact. Il s’humecta alors les lèvres, pour mieux chasser son hésitation, et murmura d’une voix douce et basse, à peine audible :

J’ai un possible autre présent pour toi, si tu le désires. Seulement si tu le désires. Libre à toi de refuser. Mais…

Il montra alors sa main portant Tela et son anneau des murmures au même doigt, l’une cachant presque l’autre.

Je peux ajouter sur un de tes bijoux un glyphe de communication qui nous lierait. Cela nous permettrait, si tu le désires…

Oui, il insistait beaucoup sur cette notion de désir… et de consentement. Une notion qui lui semblait importante.

De rester en contact et de pouvoir se parler quand nous le souhaitons, qu’importe le lieu et qu’importe la distance…

Il baissa sa main, qui vint chercher un des biscuits, et baissa les yeux sur celui-ci, pour mieux masquer la soudaine gêne qui lui nouait les entrailles. Il rompit le biscuit, attrapa le petit morceau de parchemin et lut le message. Les mots s’imprimèrent en son esprit et une sérénité regagna son coeur, tandis qu’un doux sourire fleurit de nouveau sur ses lèvres.

Qu’en dis-tu ? osa-t-il redemander, tout en levant de nouveau ses orbes sombres sur l’elfe, toute gêne envolée.

Et glissant le petit parchemin dans une des poches, avant de savourer son biscuit.

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La mention du haras fit se figer Sorel tandis que l’idée se frayait un chemin avec une aisance et une rapidité folle. Sélénia était une ville dans laquelle il aimait vivre. Plus spécifiquement, il aimait y avoir sa boutique, il y aimait sa boutique et son charme complètement alambiqué et inattendu. Il aimait la vie qu’il s’était fabriquée là-bas. Loin de sa famille, malgré lui, mais fabriquée néanmoins. Il y avait ses habitudes, ses boutiques préférées et ses habitués qui passaient parfois seulement pour boire un chocolat chaud ou lui raconter leurs dernières nouvelles. Certains qui venaient tous les jours juste pour lui demander s’il avait du nouveau qui pourrait les intéresser, parfois il s’agissait tellement d’une habitude qu’ils n’achetaient jamais rien mais repartaient toujours avec un sourire et après une discussion brève mais qui avait momentanément allégé leur pas. Sorel s’était installé à Sélénia afin de pouvoir se trouver au coeur des événements qui concernaient le royaume, pour transmettre d’éventuelles informations à son père. Quelque chose qu’il avait prit l’habitude de faire depuis quelques années maintenant mais il s’y était également construit une vie.
Pour autant, alors que son regard se posait sur Ilhan, contemplatif, l’elfe songea que ce n’était vraiment pas une mauvaise idée. L’althaïen était désormais dépossédé de son bout de pomme mais Sorel, lui, jouait toujours avec l’idée de peut-être quitter Sélénia pour officier dans une direction différente. Il avait les moyens, il savait qu’il pourrait le faire. D’autant plus si Ilhan se joignait à la démarche… Un vignoble nécessité de l’espace et impliquerait de ne pas se trouver trop proche de la moindre cité, un espace libre que Sorel pourrait mettre à profit pour sortir. Aller où bon lui semblait, avec pour seule limite l’horizon, vagabonder à loisir dans les plaines environnantes. A pieds ou à cheval.

Il aimait vivre en ville mais tous ces murs, toutes ces maisons agglutinées les unes aux autres lui donnait parfois l’impression d’étouffer. Quant à la quantité et la variété d’animaux qu’il avait l’occasion de croiser à Sélénia, celle-ci n’était pas très grande et peut-être qu’il aurait plus de possibilités s’il allait voir ailleurs. Peut-être… si l’idée d’Ilhan n’était pas juste une plaisanterie comme son sourire semblait l’indiquer… peut-être qu’il pourrait y songer. Et s’il s’agissait bien d’une plaisanterie, rien ne l’empêchait de s’essayer à l’entreprise. Il doutait cependant que Järn fasse un bon reproducteur, outre le fait qu’il était un étalon orageux et peu social.

Sa question concernant l’ornithorynque tira un rire doux à Ilhan et fit sourire Sorel avec douceur tandis qu’il proposait également à Ilhan de réessayer le petit tour du bâton de pomme. Acceptant le refus et le remerciement, il hocha la tête avant de soulever le rat jusqu’à son nez. Le rongeur se dressa sur ses pattes arrières, une antérieure griffue aux longs doigts fins se posa sur le bout de son nez tandis que le petit animal le reniflait curieusement. Satisfait, la petite bête se déplaça jusqu’à rejoindre sa place précédente, niché dans la tignasse rousse de l’elfe.
Ce qu’Ilhan décrivait des capacités de l’Esprit-Lié de l’Ornithorynque, Sorel cilla, pris par surprise. Il savait que les Esprits-Liés étaient puissants et que leurs capacités couvraient un large éventail de possibilité mais il ne s’attendait pas à ce que l’un d’entre eux soit capable d’autant. Peut-être serait-il intéressant pour lui de se procurer un volume sur le sujet, afin d’en savoir davantage et d’avoir une vague idée de ce à quoi il pouvait s’attendre.
Le geste distingué d’Ilhan afin de désigner sa propre personne pour illustrer sa conclusion arracha un souffle amusé à l’elfe. Sorel avait le visage ouvert et éclairé d’un sourire, écoutant attentivement les explications de l’althaïen. La mention d’Ilhan d’avoir assisté à nombre d’Esprits-Liés choisissant leur spirite lui fit écarquiller les yeux d’intérêt et d’une forme d’émerveillement. Le Cheval qu’il avait vu juste quelques instants auparavant l’avait émerveillé, il ne revenait toujours pas de l’expérience fabuleuse et surtout de la joie qui continuait de battre dans sa poitrine. A l’image d’un oiseau battant des ailes, une hirondelle peut-être, songea-t-il avec un sourire doux.

« Est-ce à dire… que c’est donc à toi que je dois cette bénédiction ? » Il se dandina brièvement, passant d’un pied sur l’autre comme pour se retenir de faire un pas en avant et d’enserrer l’althaïen dans une étreinte. « Merci d’avoir eut une telle idée, » déclara-t-il, ému.

Il ne savait trop comment exprimer réellement sa gratitude, comment faire comprendre combien ce cadeau inattendu le touchait. Que l’Esprit-Lié du Cheval l’ait choisi pour l’accompagner sur le chemin qu’il s’était choisi était une chose mais que ce lien soit désormais protégé par nul autre qu’Ilhan lui allait droit au coeur.
Il suivit l’althaïen du regard tandis que ce dernier s’éloignait avec un but bien précis en tête semblerait-il. Curieux, il finit par le suivre tout en restant en retrait pour ne pas le gêner ni se mettre dans son chemin, pour autant lorsqu’il le vit fouiller dans sa besace, l’elfe s’inclina légèrement pour tenter d’apercevoir ce dont il était question. Avant qu’il ne puisse discerner quoique ce soit, Ilhan se redressait avec une coupe entre les mains qu’il déposa sur une petite table. Sous les yeux du jeune elfe, la coupe magnifiquement sculptait se remplissait progressivement de petites friandises et de biscuits.

« Inépuisable !? »

La coupe avait cessé de se remplir une fois qu’elle avait atteint sa pleine capacité. Sorel observa attentivement, tendit la main et s’empara d’une petite boule de chocolat. A l’instant où la friandise quitta la coupe, il y eut un minuscule mouvement qui secoua légèrement les autres tandis qu’une nouvelle venait remplacer la disparue.
Incapable de se retenir, l’elfe s’empara de plusieurs petites friandises, enfournant une dans sa bouche tout en observant la coupe se remplir sous ses yeux. Le regard brillant de curiosité et d’intérêt, il attendit qu’un dernier mouvement indique le remplissage complet de la coupe. Sorel considéra les friandises dans sa main.

« ... Qu’est-ce qui se passe si je... »

Il replaça une, puis deux friandise, ajoutant une troisième avant de manger une quatrième, toute son attention presque entièrement concentrée sur la coupe pour observer le résultat de son expérience.
Mâchouillant et savourant la friandise qui continuait de fondre dans sa bouche et sur sa langue, la recouvrant de chocolat délicieuse, Sorel fut distrait de son expérience par Ilhan. L’althaïen reprenait la voix, s’exprimant de façon bien énigmatique - rien de bien inhabituel ici. Pourtant, la raison de son apparente hésitation qui se manifestait par plus de mots que nécessaires, n’avait absolument aucune raison d’être. Se redressant comme un écureuil qui aurait entendu ou repéré quelque chose d’intérêt, le rouquin considéra son compagnon avec stupéfaction.

Sorel ouvrit la bouche sur une parole mais resta bouche bée pour une poignée de secondes avant de lever un doigt silencieux à l’attention d’Ilhan comme pour lui demander silencieusement de patienter. Il s’éloigna silencieusement pour rejoindre la petite table qui se trouvait à côté de sa baignoire. Il revint, porta le petit paquet dans lequel se trouvait un vêtement bien particulier. Il se posta en face de l’althaïen, cherchant ses mots pour exprimer ce qu’il ressentait sans tout à fait y parvenir. Il détourna le regard avant de songer que son silence allait finir par angoisser son camarade aussi prit-il la parole, son regard tombant sur l’épaule d’Ilhan parce qu’il n’était pas sûr de pouvoir soutenir celui de son acolyte.

« Tu commences par m’offrir des friandises et des pâtisseries, » commença-t-il avant de renifler, croisant brièvement le regard d’Ilhan, « ensuite tu m’offres cette tunique pour laquelle je voulais te remercier. Puis tu protèges mon lien avec mon nouvel Esprit-Lié et maintenant ça ? » Le rat dans ses cheveux se déplaça pour rejoindre l’un de ses comparses dans une des poches de sa tunique, Sorel l’y aida avant de revenir à l’homme qui se tenait devant lui, osant finalement croiser son regard pour plus d’une seconde. « Mais Ilhan, je fais comment pour te remercier pour tout ça ? » demanda-t-il en présentant son bras chargé de la tunique roséenne, comme s’il avait les bras chargés de bien plus qu’un vêtement. C’était, en outre, exactement l’impression qu’il avait. « Evidemment que je veux pouvoir te contacter et que tu puisses me contacter, » conclut-il d’un air désespéré.

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À la question sur la bénédiction, Ilhan se contenta d’acquiescer en silence. Et au remerciement, il sourit tout en balayant l’air négligemment pour chasser la gêne qui manquait le gagner. Les gagner sans doute. S’il nota le geste impulsif que retint l’elfe, et qui lui fit chaud au coeur au fond de lui, il n’osa couper l’espace qui restait pour combler le vide et finir le geste de Sorel à sa place.

Au lieu de cela, il préféra dériver la conversation vers les friandises et cette belle coupe, cadeau de son père. Au moins c’était un sujet sûr, les friandises. Enfin… presque. Tant qu’on ne se chamaillait pas pour en avoir… Mais avec cette coupe, nul besoin de se chamailler, tout le monde aurait sa part, tant elle semblait infinie.

« Inépuisable !? »

Oui, oui, inépuisable. Seuls son large sourire taquin et son hochement de tête répondirent pour lui. Ainsi que la lueur fière de son regard. Et l’althaïen observa avec fort amusement l’elfe jouer avec la coupe. S’il en remettait un ? La coupe ne se déchargeait pas forcément. Elle ne se remplissait que pour combler le manque, mais si on remettait les gâteaux pris… elle pouvait fort bien déborder. Certes pas pour deux ou trois friandises. L’elfe n’eut toutefois guère le loisir de voir le résultat de son expérience, que l’althaïen avait déjà engagé la conversation vers un autre sujet. Visiblement Sorel n’avait rien vu de la réaction de la coupe… et en bon althaïen amoureux des secrets, il se garderait bien de la lui révéler. Rosse, dîtes-vous ? Sans doute un peu, oui. Disons plutôt… facétieux.

Il était de toute façon bien trop peu assuré lui-même de ce qu’il était en train de proposer. Et quand Sorel lui intima d’attendre d’un geste presque impérieux du doigt, il obéit sagement. Oui, oui, il pouvait être sage, n’en déplaise aux médisants qu’il entendait déjà ricaner à ces mots ! Il attendit donc sagement, sans bouger d’un iota de sa position, même si appréhension enserrait son coeur.

À quel jeu jouait donc soudain Sorel ? Il le vit lui apporter la tunique offerte et manqua un battement de coeur. Voulait-il lui rendre son cadeau ? Avait-il soudain changé d’avis ? Qu’est-ce qui avait bien pu engendrer un tel revirement, alors que l’elfe semblait tant s’amuser quelques secondes auparavant encore ? Et ce silence qui s’éternisait… Ilhan dut faire appel à toute sa maitrise pour ne pas trépigner d’impatience et d’effroi. Et enfin silence se rompit.

Les premiers mots n’apaisèrent toutefois en rien la soudaine chamade de l’althaïen. Oui, il semblait bien que l’elfe commençait à lui reprocher quelque chose. En tout cas, quelque chose clochait, et… ouch, ce " et maintenant ça ? " résonna bien durement à cet instant. Apparemment la réponse serait non. Bien, soit… Ce devait être la première fois qu’il essuyait un tel refus à cette proposition, même si mémoire n’était plus ce qu’elle était le concernant. Et cela faisait mal… Ilhan se contenta de hocher la tête, digne, sobre, sans rien montrer de ce qu’il ressentait soudain.

« Mais Ilhan, je fais comment pour te remercier pour tout ça ? »

Que, quoi ? Il parvint à masquer sa brusque surprise par un haussement de sourcil des plus dignes. Et reprit rapidement ses esprits en quelques secondes à peine.

Tu me remercies de ta présence ? Et tu me remercieras un jour quand tu t’occuperas de notre haras, ajouta-t-il vivement, avec un petit clin d’oeil de connivence et un sourire taquin.

L’idée commençait à ne plus devenir une simple idée et prenait tout doucement forme dans son esprit, comme si réalité se dessinait à ce sujet. Cependant si son ton se voulait badin, Ilhan était bien loin de se trouver réellement soulagé, toujours persuadé d’un refus à se dernière proposition.

« Évidemment que je veux pouvoir te contacter et que tu puisses me contacter.»

Quel ne fut alors son étonnement ! Étrangement, ces mots déchargèrent ses épaules d’un lourd poids, même s’il parvint à n’en rien montrer. Seuls une légère expiration et un sourire qui lissa son visage, chassant la possible tension qu’il y avait pu avoir dans ses traits pour un œil expert, auraient pu trahir son émoi. Ça, et le léger pétillement qui revenait dans ses orbes sombres.

Sur quel objet souhaites-tu que je l’appose ? se contenta-t-il de demander, pour mieux chasser la gêne qui le happait.

Sorel lui montra alors son bijou de tresse, Detect Argent de son petit nom, lui révéla l’elfe. À ce nom, Ilhan sourit de plus belle. Pourquoi, du peu qu’il avait lu de l’elfe, cela ne l’étonnait pas ? Il s’imaginait déjà Sorel en petit animal ébouriffé reniflant tout ce qui pouvait sentir l’or, l’argent et le précieux. À cette image mentale, il manqua un fou rire, qu’il parvint à retenir à temps, même si son sourire plus large encore dut le trahir quelque peu.

Detect Argent… Intéressant, susurra-t-il, cette fois son rictus se teintant de taquinerie.

Puis, prenant délicatement le bijou entre ses doigts, sans pour autant le détacher de la tresse de l’elfe, il posa sa main droite détentrice de Tela sur le bijou… et laissa la magie de sa bague opérer.

Et nous voilà unis, fit-il, tout en relâchant le bijou et en replaçant soigneusement la tresse sur l’épaule de l’elfe. En tout bien tout honneur, évidemment.

Il activa alors son anneau des murmures pour tester de suite que le lien était bien établi.

M’entends-tu ? Par ton bijou, je veux dire…

Parce que, forcément, étant à côté, Sorel l’entendait forcément… idiot qu’il faisait parfois…

Garde à toi toutefois de me réveiller en plein rêve s’il ne s’agit pas d’une urgence, rajouta-t-il, ses orbes sombres promettant mille maux à l’elfe s’il osait un tel outrage.

Ses rêves étaient sacrés. Non pas qu’il soit un gros dormeur, loin de là même. Mais le peu de sommeil qu’il avait, il aimait le consacrer à voyager dans le monde des rêves.

Allez, viens. Si tu n’as nulle part où loger, nous devrions pouvoir te trouver une place ici. Mais je vais devoir me préparer, une visite diplomatique m’attend d’ici peu.

Chez nulle autre que Dame Falkire, conseillère de Caladon.

Tu peux rester ici, et mes domestiques s’occuperont de toi. De te faire un petit nid, de te préparer un repas. Je ne sais pas à quelle heure je rentrerai, je pourrais en avoir pour un moment…

Il en doutait, Dame Falkire n’étant guère friande des mondanités, mais il devait tout de même diner chez elle. Et allez savoir ce que cette soirée leur réserverait… À cette pensée, il tâta sa pythie, curieux soudain de faire appel à elle, mais se retint de répondre à cette vile tentation.

Tu es ici chez toi.

Même s’il n’était pas lui-même chez lui, au final, puisqu’il n’était que logé en tant que diplomate… Mais l’elfe comprendrait ce qu’il sous-entendait. Il était le bienvenu. Où qu’il soit. Bon, tant qu'il ne fouillait pas trop dans ses sombres secrets, mais ses domestiques et araignées y veilleraient... pas comme s'il laissait trainer des secrets compromettants si facilement aussi.

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Si Sorel remarqua la soudaine raideur de l’Althaïen, tandis qu’il revenait avec les bras chargés des présents de son ami, il n’en fit aucune mention ni remarque. Pourtant, à sa question presque désespérée, lui qui se voyait gâté de la sorte alors même qu’il n’avait rien fait pour en mériter tant, il nota définitivement le haussement de sourcil et l’instant de silence un rien trop marqué, un rien plus long qu’il n’aurait dû l’être. L’elfe s’interrogea sur ce qui pouvait bien passer par la tête de l’althaïen mais cette interrogation s’envola par la fenêtre bien rapidement lorsque le haras fut mentionné à nouveau.
Dans la tête de Sorel, l’idée faisait surgir l’image d’espace verts où des chevaux pourraient évoluer en toute liberté, la possibilité de s’aventurer au milieu d’eux et de bénéficier de leur présence tranquille tout en s’occupant d’eux, s’assurer de leur bien être. Il pouvait déjà se voir, les mains sur leur robe soyeuse pour s’assurer qu’aucun d’entre eux ne souffrait de plaie cachée, de vérifier jambes et sabots, de cajoler encolures et de caresser les nez veloutés. Il pouvait se voir apprendre chaque caractère et s’en amuser, découvrir des êtres vivants avec leurs bons et leurs mauvais côtés tout en appréciant chacun d’entre eux sans distinction ni exception.

« Tu sais que si tu continues à en parler, je vais finir par te prendre au mot ? » prévint-il, au trois-quart sérieux, incapable de dire si Ilhan était en train de plaisanter ou de lui proposer quelque chose sans trop oser.

L’elfe remarqua, malgré sa propre incapacité à savoir si Ilhan était sérieux ou non, combien ses réponses à mesure qu’il les offrait, semblaient le soulager. Le mouvement de ses épaules, plus que tout autre indice qu’il aurait pu remarquer, restait le plus parlant. Sorel inclina la tête sur le côté, les sourcils légèrement froncés d’inquiétude tout en considérant Ilhan avec attention.
Il ouvrit la bouche sur une question mais hésita à lui donner de la voix avant de se raviser sans pour autant oublier son inquiétude et ses interrogations. A la question d’Ilhan, l’elfe déposa les cadeaux qu’il avait toujours dans les bras, les considérant encore avec un mélange compliqué de perplexité, gratitude, de joie et d’incertitude. Il dévoila alors la tresse qui se situait juste derrière son oreille et qui était fermée par un bijou discret, tournant la tête pour permettre à son compagnon d’avoir vue dessus.

« Je l’ai appelé Détect’Argent, » précisa-t-il. « Il n’y a qu’un seul glyphe dessus pour le moment. »

Il ne manqua pas le sourire et le ton plus qu’évocateur d’Ilhan et lui jeta un regard de travers qu’il accompagna d’une moue :

« Il détecte les mauvaises intentions et il est fait d’argent, » marmonna-t-il avec mauvaise foi.

S’il avait été un peu plus joueur, un peu moins hésitant, Sorel n’aurait pas hésité à jouer de l’expression d’Ilhan concernant leur dernière union. Il se contenta par conséquent de jeter un regard éloquent à l’althaïen, un sourire en coin étirant ses lèvres.
Lorsqu’il entendit la voix d’Ilhan retentir juste à côté de son oreille, cependant, le jeune elfe sursauta légèrement, le son lui parvenant en double. Il hocha la tête, le bout des doigts caressant le bijou qui portait désormais le glyphe.
La mise en garde d’Ilhan lui arracha néanmoins un souffle amusé :

« Je prends note de ne pas te réveiller au milieu de la nuit pour te demander où se trouvent les toilettes. »

A la proposition de rester là, peut-être pour la journée, peut-être pour la nuit, Sorel observa ce qui se trouvait autour de lui avec un nouvel intérêt tandis qu’il suivait Ilhan.

« Dis-moi que tu as des livres et je serais ravi de t’attendre au coin du feu. »

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