L’Empire allait mal.
Il ne fallait pas être devin pour le comprendre. Le Maître de Guerre, dans son bureau, soupira devant ses papiers usuels à traiter. Même si Claudius était par essence, beaucoup plus un homme de terrain, il avait appris avec sagesse que s’accorder du temps pour des tâches plus administratives - surtout quand on était à des rangs aussi hauts de l’échelle sociale - pouvait s’avérer être une bonne chose.
En ce cas présent, Claudius se trouvait dans cette position où il n’aimait pas vraiment ce qu’il devait faire : les nouvelles étaient mauvaises. Comme depuis le début de la reconstruction de l’Empire, les budgets étaient sapés de tout parts, les budgets militaires étaient sans cesse en train de bouger … Claudius maugréa dans sa barbe.
Comment l’Empire pouvait assurer la sécurité de sa population, exercer ses pouvoirs régaliens, si lui même en tant que Maître de la Guerre, ne savait pas comment il allait pouvoir payer ses hommes dans un futur qui était proche d’arriver ?
Le climat social n’était pas non plus au beau fixe, bien au contraire. Claudius avait peu à peu perdu son habitude de regarder par la grande fenêtre son bureau, la belle Selenia, capitale du nouvel Empire des Hommes.
Le Maître de Guerre commençait en vérité à être vraiment résigné. La population était souffrante, il suffisait de voir à quel point le peuple criait famine dans les rues pour s’en rendre compte, et ce malgré les efforts du gouvernement en place. Victoria faisait ce qu’elle pouvait pour sauver les meubles, mais à bien des fois Claudius l’avait trouvé trop laxiste, ou pas assez dure dans ses actes de jeune dirigeante.
Le Havremont était l’un de ceux qui pensait que l’Empire gagnerait en puissance si celui-ci était recentré sur lui-même. Claudius n’était pas un expert en gestion d’un Empire, mais il avait suffisamment côtoyé les conseils restreints de Fabius Kohan pour comprendre comment tous les rouages pouvaient fonctionner ensemble. L’enrayement du déficit chronique, la finition des grands travaux que la Couronne avaient lancé comme toutes les cités fraîchement arrivées sur Tiamaranta, et enfin le bon vivre des citoyens : tout ceci pouvait et devait avant toute chose se régler pour et avec les Séléniens. Claudius était l’un de ceux qui croyait jusqu’au plus profond de son âme que Selenia et le territoire qu’avait acquis les Impériaux en s’installant ici pouvaient représenter le nouveau joyau de Calastin, voir de tout Tiamaranta.
Mais que restait-il de ces belles pensées ?
De la misère, des courbettes aux Traîtres de l’Alliance et des Vampires.
Ce dernier point était peut être un de ceux qui agaçait le plus le Maître de Guerre. Il tapota de ses doigts sur son grand bureau en chêne, poussant quelques papiers en dehors de son champ de vision. Il regarda d’un air attristé son armure d’apparat familiale, qui trônait sur un mannequin à côté de la grande fenêtre. Si elle ne payait pas de mine de prime abord, si l’on se rapprochait plus près de celle-ci on pouvait voir que sur cette magnifique pièce, avait été dessiné des scènes de batailles épiques, retraçant les exploits de la famille Havremont, notamment contre les Vampires, ce qui leur avait valu toutes les distinctions qu’un Noble pouvait rêvé.
Ils avaient lutté contre les Vampires, jusqu’à leur dernier souffle, bon nombre des personnes de sa famille avaient trouvé la mort dans les guerres diverses et variées … Tout cela pour qu’on accueille ce peuple avec le sourire à présent, en faisant des courbettes à leurs dirigeants impies, alors que bon nombre de Séléniens avaient vu leurs ancêtres mourir pour chasser ces personnes de chez eux.
Claudius eut un rictus nerveux. Si le Destin avait eu un visage et des bras, il était sûrement en train de faire une grimace à l’Empire, accompagné d’un bon doigt d’honneur.
Alors oui, le Havremont ne s’était pas levé du bon pied, parce que travailler en ce moment était dur pour lui. Parce qu’il ne faisait pas partie de ceux qui étaient Nobles pour le plaisir des privilèges et du pouvoir. Il était Noble, et engagé à ses positions car il aimait profondément son pays. On lui reprochait d’ailleurs de l’aimer parfois bien plus que nécessaire, mais Claudius aurait véritablement donner sa vie pour la Gloire de l’Empire s’il le devait.
Voir son pays dans cet état et être à ses fonctions, c’était souvent presque comme s’accrocher à son père qui rendait ses derniers soupirs en combattant la maladie.
Un véritable crève-coeur.
Le Havremont se leva, et fit les cents pas dans ses quartiers. Son bureau était modeste, loin du faste que l’on pouvait imaginer de la plupart Nobles Séléniens : des meubles fonctionnels disposés ça et là, quelques décorations guerrières, mais rien de bien excentrique. La décoration des murs se composaient essentiellement de peintures de scènes de batailles glorieuses, démontrant la puissance de l’Empire face à ses envahisseurs ou ses opposants.
Le seul point qui sortait un peu de l'ordinaire bureau de travail, était ce fameux petit “coin” à côté de la fenêtre, ou Claudius avait posé le mannequin contenant son armure de famille, ainsi qu’un grand tabard en arrière où était dessiné les armoires de l’Empire mêlés à ceux de la famille Havremont.
Ici, étaient les deux plus grandes fiertés du vieil homme, celles pour lesquelles il pouvait bien faire l’ascension du volcan de Tiamat si c’était nécessaire : son Pays, et sa Maison.
Il eut un regard perdu vers ce coin de quiétude, et écrasa une petite larme qui perlait sur sa joue.
Soudain, un bruit vint troubler le silence profond du bureau. On toquait. Claudius fit rapidement volte face, et intima la personne qui se présentait de pousser la grande porte pour entrer dans la pièce.
C’était Lars Aurius, son écuyer mais également son protégé et proche conseiller. Le jeune homme de trente ans avait des nouvelles de la plus haute importance :
“Maître Havremont, un Parangon Vampirique vous demande audience. Il s’agit de Toryné Dalis. Que dois-je lui répondre ?”
Claudius eut un nouveau rictus nerveux en entendant ce nom. Comme tous les autres vampires, il aurait préféré ne jamais entendre de nouveau ces noms : il connaissait Toryné Dalis car il était un des hommes d’importance des armées vampiriques qu’il avait affronté avec ses hommes en 1751. Ils avaient souvent mené batailles, l’un contre l’autre.
Une relation faite de sang et d’acier. Alors qu’est-ce qu’il avait en tête ?
Claudius tourna sa tête, et répondit à Lars d’une voix grave :
“Assurez vous qu’il n’est pas armé ou dangereux d’une quelconque façon, et faites le entrer. J’ai horreur des faciès vampiriques, mais il paraît qu’il va falloir vivre avec … Appelez des servants, et faites en sorte que nous ayions de quoi nous sustenter pendant l’entrevue.”
Lars hocha la tête, salua rapidement le Maître, et partit aussitôt à ses affaires. Claudius soupira, et se rassit à son bureau. Les serviteurs ne tardèrent pas à arriver pour disposer des collations usuelles à ce genre d’entretiens. Le Maître de la Guerre les remercia, puis ils partirent aussitôt.
Mais où en était-il rendu pour accorder une audience pacifique à quelqu’un comme le Sire Dalis ?
Il ne fallait pas être devin pour le comprendre. Le Maître de Guerre, dans son bureau, soupira devant ses papiers usuels à traiter. Même si Claudius était par essence, beaucoup plus un homme de terrain, il avait appris avec sagesse que s’accorder du temps pour des tâches plus administratives - surtout quand on était à des rangs aussi hauts de l’échelle sociale - pouvait s’avérer être une bonne chose.
En ce cas présent, Claudius se trouvait dans cette position où il n’aimait pas vraiment ce qu’il devait faire : les nouvelles étaient mauvaises. Comme depuis le début de la reconstruction de l’Empire, les budgets étaient sapés de tout parts, les budgets militaires étaient sans cesse en train de bouger … Claudius maugréa dans sa barbe.
Comment l’Empire pouvait assurer la sécurité de sa population, exercer ses pouvoirs régaliens, si lui même en tant que Maître de la Guerre, ne savait pas comment il allait pouvoir payer ses hommes dans un futur qui était proche d’arriver ?
Le climat social n’était pas non plus au beau fixe, bien au contraire. Claudius avait peu à peu perdu son habitude de regarder par la grande fenêtre son bureau, la belle Selenia, capitale du nouvel Empire des Hommes.
Le Maître de Guerre commençait en vérité à être vraiment résigné. La population était souffrante, il suffisait de voir à quel point le peuple criait famine dans les rues pour s’en rendre compte, et ce malgré les efforts du gouvernement en place. Victoria faisait ce qu’elle pouvait pour sauver les meubles, mais à bien des fois Claudius l’avait trouvé trop laxiste, ou pas assez dure dans ses actes de jeune dirigeante.
Le Havremont était l’un de ceux qui pensait que l’Empire gagnerait en puissance si celui-ci était recentré sur lui-même. Claudius n’était pas un expert en gestion d’un Empire, mais il avait suffisamment côtoyé les conseils restreints de Fabius Kohan pour comprendre comment tous les rouages pouvaient fonctionner ensemble. L’enrayement du déficit chronique, la finition des grands travaux que la Couronne avaient lancé comme toutes les cités fraîchement arrivées sur Tiamaranta, et enfin le bon vivre des citoyens : tout ceci pouvait et devait avant toute chose se régler pour et avec les Séléniens. Claudius était l’un de ceux qui croyait jusqu’au plus profond de son âme que Selenia et le territoire qu’avait acquis les Impériaux en s’installant ici pouvaient représenter le nouveau joyau de Calastin, voir de tout Tiamaranta.
Mais que restait-il de ces belles pensées ?
De la misère, des courbettes aux Traîtres de l’Alliance et des Vampires.
Ce dernier point était peut être un de ceux qui agaçait le plus le Maître de Guerre. Il tapota de ses doigts sur son grand bureau en chêne, poussant quelques papiers en dehors de son champ de vision. Il regarda d’un air attristé son armure d’apparat familiale, qui trônait sur un mannequin à côté de la grande fenêtre. Si elle ne payait pas de mine de prime abord, si l’on se rapprochait plus près de celle-ci on pouvait voir que sur cette magnifique pièce, avait été dessiné des scènes de batailles épiques, retraçant les exploits de la famille Havremont, notamment contre les Vampires, ce qui leur avait valu toutes les distinctions qu’un Noble pouvait rêvé.
Ils avaient lutté contre les Vampires, jusqu’à leur dernier souffle, bon nombre des personnes de sa famille avaient trouvé la mort dans les guerres diverses et variées … Tout cela pour qu’on accueille ce peuple avec le sourire à présent, en faisant des courbettes à leurs dirigeants impies, alors que bon nombre de Séléniens avaient vu leurs ancêtres mourir pour chasser ces personnes de chez eux.
Claudius eut un rictus nerveux. Si le Destin avait eu un visage et des bras, il était sûrement en train de faire une grimace à l’Empire, accompagné d’un bon doigt d’honneur.
Alors oui, le Havremont ne s’était pas levé du bon pied, parce que travailler en ce moment était dur pour lui. Parce qu’il ne faisait pas partie de ceux qui étaient Nobles pour le plaisir des privilèges et du pouvoir. Il était Noble, et engagé à ses positions car il aimait profondément son pays. On lui reprochait d’ailleurs de l’aimer parfois bien plus que nécessaire, mais Claudius aurait véritablement donner sa vie pour la Gloire de l’Empire s’il le devait.
Voir son pays dans cet état et être à ses fonctions, c’était souvent presque comme s’accrocher à son père qui rendait ses derniers soupirs en combattant la maladie.
Un véritable crève-coeur.
Le Havremont se leva, et fit les cents pas dans ses quartiers. Son bureau était modeste, loin du faste que l’on pouvait imaginer de la plupart Nobles Séléniens : des meubles fonctionnels disposés ça et là, quelques décorations guerrières, mais rien de bien excentrique. La décoration des murs se composaient essentiellement de peintures de scènes de batailles glorieuses, démontrant la puissance de l’Empire face à ses envahisseurs ou ses opposants.
Le seul point qui sortait un peu de l'ordinaire bureau de travail, était ce fameux petit “coin” à côté de la fenêtre, ou Claudius avait posé le mannequin contenant son armure de famille, ainsi qu’un grand tabard en arrière où était dessiné les armoires de l’Empire mêlés à ceux de la famille Havremont.
Ici, étaient les deux plus grandes fiertés du vieil homme, celles pour lesquelles il pouvait bien faire l’ascension du volcan de Tiamat si c’était nécessaire : son Pays, et sa Maison.
Il eut un regard perdu vers ce coin de quiétude, et écrasa une petite larme qui perlait sur sa joue.
Soudain, un bruit vint troubler le silence profond du bureau. On toquait. Claudius fit rapidement volte face, et intima la personne qui se présentait de pousser la grande porte pour entrer dans la pièce.
C’était Lars Aurius, son écuyer mais également son protégé et proche conseiller. Le jeune homme de trente ans avait des nouvelles de la plus haute importance :
“Maître Havremont, un Parangon Vampirique vous demande audience. Il s’agit de Toryné Dalis. Que dois-je lui répondre ?”
Claudius eut un nouveau rictus nerveux en entendant ce nom. Comme tous les autres vampires, il aurait préféré ne jamais entendre de nouveau ces noms : il connaissait Toryné Dalis car il était un des hommes d’importance des armées vampiriques qu’il avait affronté avec ses hommes en 1751. Ils avaient souvent mené batailles, l’un contre l’autre.
Une relation faite de sang et d’acier. Alors qu’est-ce qu’il avait en tête ?
Claudius tourna sa tête, et répondit à Lars d’une voix grave :
“Assurez vous qu’il n’est pas armé ou dangereux d’une quelconque façon, et faites le entrer. J’ai horreur des faciès vampiriques, mais il paraît qu’il va falloir vivre avec … Appelez des servants, et faites en sorte que nous ayions de quoi nous sustenter pendant l’entrevue.”
Lars hocha la tête, salua rapidement le Maître, et partit aussitôt à ses affaires. Claudius soupira, et se rassit à son bureau. Les serviteurs ne tardèrent pas à arriver pour disposer des collations usuelles à ce genre d’entretiens. Le Maître de la Guerre les remercia, puis ils partirent aussitôt.
Mais où en était-il rendu pour accorder une audience pacifique à quelqu’un comme le Sire Dalis ?