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descriptionVaincre le Feu par le Feu [PV Toryné Dalis] EmptyVaincre le Feu par le Feu [PV Toryné Dalis]

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L’Empire allait mal.

Il ne fallait pas être devin pour le comprendre. Le Maître de Guerre, dans son bureau, soupira devant ses papiers usuels à traiter. Même si Claudius était par essence, beaucoup plus un homme de terrain, il avait appris avec sagesse que s’accorder du temps pour des tâches plus administratives - surtout quand on était à des rangs aussi hauts de l’échelle sociale - pouvait s’avérer être une bonne chose.

En ce cas présent, Claudius se trouvait dans cette position où il n’aimait pas vraiment ce qu’il devait faire : les nouvelles étaient mauvaises. Comme depuis le début de la reconstruction de l’Empire, les budgets étaient sapés de tout parts, les budgets militaires étaient sans cesse en train de bouger … Claudius maugréa dans sa barbe.

Comment l’Empire pouvait assurer la sécurité de sa population, exercer ses pouvoirs régaliens, si lui même en tant que Maître de la Guerre, ne savait pas comment il allait pouvoir payer ses hommes dans un futur qui était proche d’arriver ?

Le climat social n’était pas non plus au beau fixe, bien au contraire. Claudius avait peu à peu perdu son habitude de regarder par la grande fenêtre son bureau, la belle Selenia, capitale du nouvel Empire des Hommes.

Le Maître de Guerre commençait en vérité à être vraiment résigné. La population était souffrante, il suffisait de voir à quel point le peuple criait famine dans les rues pour s’en rendre compte, et ce malgré les efforts du gouvernement en place. Victoria faisait ce qu’elle pouvait pour sauver les meubles, mais à bien des fois Claudius l’avait trouvé trop laxiste, ou pas assez dure dans ses actes de jeune dirigeante.

Le Havremont était l’un de ceux qui pensait que l’Empire gagnerait en puissance si celui-ci était recentré sur lui-même. Claudius n’était pas un expert en gestion d’un Empire, mais il avait suffisamment côtoyé les conseils restreints de Fabius Kohan pour comprendre comment tous les rouages pouvaient fonctionner ensemble. L’enrayement du déficit chronique, la finition des grands travaux que la Couronne avaient lancé comme toutes les cités fraîchement arrivées sur Tiamaranta, et enfin le bon vivre des citoyens : tout ceci pouvait et devait avant toute chose se régler pour et avec les Séléniens. Claudius était l’un de ceux qui croyait jusqu’au plus profond de son âme que Selenia et le territoire qu’avait acquis les Impériaux en s’installant ici pouvaient représenter le nouveau joyau de Calastin, voir de tout Tiamaranta.

Mais que restait-il de ces belles pensées ?

De la misère, des courbettes aux Traîtres de l’Alliance et des Vampires.

Ce dernier point était peut être un de ceux qui agaçait le plus le Maître de Guerre. Il tapota de ses doigts sur son grand bureau en chêne, poussant quelques papiers en dehors de son champ de vision. Il regarda d’un air attristé son armure d’apparat familiale, qui trônait sur un mannequin à côté de la grande fenêtre. Si elle ne payait pas de mine de prime abord, si l’on se rapprochait plus près de celle-ci on pouvait voir que sur cette magnifique pièce, avait été dessiné des scènes de batailles épiques, retraçant les exploits de la famille Havremont, notamment contre les Vampires, ce qui leur avait valu toutes les distinctions qu’un Noble pouvait rêvé.

Ils avaient lutté contre les Vampires, jusqu’à leur dernier souffle, bon nombre des personnes de sa famille avaient trouvé la mort dans les guerres diverses et variées … Tout cela pour qu’on accueille ce peuple avec le sourire à présent, en faisant des courbettes à leurs dirigeants impies, alors que bon nombre de Séléniens avaient vu leurs ancêtres mourir pour  chasser ces personnes de chez eux.

Claudius eut un rictus nerveux. Si le Destin avait eu un visage et des bras, il était sûrement en train de faire une grimace à l’Empire, accompagné d’un bon doigt d’honneur.

Alors oui, le Havremont ne s’était pas levé du bon pied, parce que travailler en ce moment était dur pour lui. Parce qu’il ne faisait pas partie de ceux qui étaient Nobles pour le plaisir des privilèges et du pouvoir. Il était Noble, et engagé à ses positions car il aimait profondément son pays. On lui reprochait d’ailleurs de l’aimer parfois bien plus que nécessaire, mais Claudius aurait véritablement donner sa vie pour la Gloire de l’Empire s’il le devait.

Voir son pays dans cet état et être à ses fonctions, c’était souvent presque comme s’accrocher à son père qui rendait ses derniers soupirs en combattant la maladie.

Un véritable crève-coeur.

Le Havremont se leva, et fit les cents pas dans ses quartiers. Son bureau était modeste, loin du faste que l’on pouvait imaginer de la plupart Nobles Séléniens : des meubles fonctionnels disposés ça et là, quelques décorations guerrières, mais rien de bien excentrique. La décoration des murs se composaient essentiellement de peintures de scènes de batailles glorieuses, démontrant la puissance de l’Empire face à ses envahisseurs ou ses opposants.

Le seul point qui sortait un peu de l'ordinaire bureau de travail, était ce fameux petit “coin” à côté de la fenêtre, ou Claudius avait posé le mannequin contenant son armure de famille, ainsi qu’un grand tabard en arrière où était dessiné les armoires de l’Empire mêlés à ceux de la famille Havremont.

Ici, étaient les deux plus grandes fiertés du vieil homme, celles pour lesquelles il pouvait bien faire l’ascension du volcan de Tiamat si c’était nécessaire : son Pays, et sa Maison.

Il eut un regard perdu vers ce coin de quiétude, et écrasa une petite larme qui perlait sur sa joue.

Soudain, un bruit vint troubler le silence profond du bureau. On toquait. Claudius fit rapidement volte face, et intima la personne qui se présentait de pousser la grande porte pour entrer dans la pièce.

C’était Lars Aurius, son écuyer mais également son protégé et proche conseiller. Le jeune homme de trente ans avait des nouvelles de la plus haute importance :

“Maître Havremont, un Parangon Vampirique vous demande audience. Il s’agit de Toryné Dalis. Que dois-je lui répondre ?”


Claudius eut un nouveau rictus nerveux en entendant ce nom. Comme tous les autres vampires, il aurait préféré ne jamais entendre de nouveau ces noms : il connaissait Toryné Dalis car il était un des hommes d’importance des armées vampiriques qu’il avait affronté avec ses hommes en 1751. Ils avaient souvent mené batailles, l’un contre l’autre.

Une relation faite de sang et d’acier. Alors qu’est-ce qu’il avait en tête ?

Claudius tourna sa tête, et répondit à Lars d’une voix grave :

“Assurez vous qu’il n’est pas armé ou dangereux d’une quelconque façon, et faites le entrer. J’ai horreur des faciès vampiriques, mais il paraît qu’il va falloir vivre avec … Appelez des servants, et faites en sorte que nous ayions de quoi nous sustenter pendant l’entrevue.”

Lars hocha la tête, salua rapidement le Maître, et partit aussitôt à ses affaires. Claudius soupira, et se rassit à son bureau. Les serviteurs ne tardèrent pas à arriver pour disposer des collations usuelles à ce genre d’entretiens. Le Maître de la Guerre les remercia, puis ils partirent aussitôt.

Mais où en était-il rendu pour accorder une audience pacifique à quelqu’un comme le Sire Dalis ?

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Demander une audience auprès de Claudius Havremont, ses anciens camarades de l’armée vampirique le fusillerait surement du regard ou le tuerait, la seconde option semblait la plus probable. Mais elle se moquait bien de ce simulacre de patriotisme, elle laissait de tel stupidité aux autres clans du triumvirat, un vrai Dalis savait très bien que l’ennemi d’aujourd’hui pouvait très bien devenir l’alliée de demain et vice-versa. Tout n’était qu’une question d’ambition et de vision et de cela le Cygne n’en manquait certainement pas. La question était, Havremont en aurait-il assez ? Le général était connu pour son côté bourru, son sens de l’honneur, mais surtout être un fervent dévot de "l’empire", par conséquent la parangon était sûrement un être des plus abjectes à ses yeux. Un vampire qui venait s’installer sur les terres qu’il devait défendre et qu’il avait déjà affrontées par le passé. Si le général le recevait, il serait bien inutile de jouer la carte de l’unité des peuples, elle allait devoir jouer avec une certaine honnêteté pour appâter l’impérialiste.

Et l’audience était décrochée ! Parfait ! Personne ne pouvait résister à une demande de Dame Dalis après tout. La mère de la nuit se tourna vers ses gardes, deux de ses plus fidèles et fervents protecteurs. « Je vous laisse en tête-à-tête avec les bons gardes de mon cher ami Havremont, je compte sur vous pour faire honneur au clan », ce serait sûrement assez particulier comme scène, des gardes se regardant sans bouger, sans parler, restant alerte pour finalement pas grand-chose.

Sans grandes surprises, on lui demanda de déposer toutes armes, mais Toryné n’en avait aucune, ni même le moindre objet magique à l’exception de sa parure du cygne, mais il doutait qu’on l’amène à Claudius toutes nues. Ironiquement, la demeure Havremont était sûrement l’un des lieux dans lequel elle serait le moins en danger, du moins tant que la relation cordiale entre Triumvirat et royaume se maintenait, bien sûr.

La mère de la nuit ne prêta que peu d’attention à la décoration, elle était à l’image du maître des lieux, ordonnées, martiales, rien à voir avec sa flamboyance. Rien que son être apportait vie et couleur en ce lieu. Si sa robe était certes d’un blanc des plus purs, puisque fait de sa propre peau, le reste de son attirail était chacune une ovation à une couleur différente. Ses ongles arboraient un doux violet tirant sur le rose, alors que ses lèvres avaient choisi un jaune ambré. Ses paupières préféraient une thématique plus nocturne proposant un dégradé bleu nuit, gagnant en clarté plus on se rapprochait des cils. Le tout couronné par sa chevelure rouge, elle-même couronné par sa coiffe du Cygne, une couronne d’or de facture Althaïenne. Surement, ce dernier élément ne plairait pas au général, mais après tout la provocation faisait partie de son charme, n’est-ce pas ?

Lorsqu’il pénétra finalement dans le bureau, Toryné arborait se sourire de diplomatie, chaleureux tout en gardant une certaine distance formelle, un beau masque mensonger en somme. Il fit quelque pas, seule le bruit de ses talons se faisaient entendre dans la pièce.

-Général
, dit-elle en faisant une légère révérence, je vous remercie de me recevoir dans votre demeure, c’est un véritable honneur. Son regard se porta rapidement la collation qu’avait préparée Havremont, une agréable surprise, la vampire s’était entendu à ne même pas avoir un tabouret pour s’asseoir, Havremont avait gagné en diplomatie ? Ses yeux au cœur d’or se tournèrent d’une manière brève vers l’armure au coin du bureau. Un bel ouvrage et Toryné ne fut pas étonnée de la voir dans le bureau de Claudius. Il était fier, fier d’un empire qui n’était plus, d’un passé révolue. Il était à parier que souvent Claudius admirait cette armure en pestant sur l’alliance et sur les vampires et en regrettant le glorieux empire, une corde sensible dans son arc à tentation qu’il faudrait utiliser avec sa sagesse, car le général était un sanguin.

-Cela fait bien longtemps mon cher Havremont, la dernière fois que nous nous sommes vues s’étaient sur un champ de bataille en tant qu’ennemi, aujourd’hui nous voilà allié, sur les mêmes terres… Collaborant pour un avenir meilleur… Est-ce que ses paroles lui faisaient mal ? L’outraient ? Oui, sûrement. Le monde a bien changé, le royaume vampirique n’est plus et l’empire… Il ne termina pas cette phrase, il afficha un sourire un peu plus petit à la place.

Toryné s’avança d’avantage pour prendre place sur chaise, jambe croisé, son bras posé nonchalamment sur le dossier de la chaise. « C’est au Homme et Femme comme nous que revient la lourde tâche que de façonner l’avenir, pour nos peuples et aussi un peu pour nous-même. Que plus tard dans les livres d’histoires nos noms soient sources d’inspiration et de passion ! Enfin… » Elle marqua une courte pause, la mère de la nuit retira sa couronne et la posa sur ses genoux, elle se servi également de l’ouvrage comme accoudoir. « Les livres parlent de grande bataille, de grande décision, de grand évènement, mais ils ne parlent pas des coulisses… » Parce que le plus souvent, les "coulisses" démystifiaient les grands récits héroïques, le peuple préfère en général acclamer les hauts faits plutôt que de regarder ce qu’a coûté ce hauts faits.

-Nous ne cherchons certes pas écrire la même histoire, mais nous partageons visiblement ce chapitre que nous le voulions ou non. Et je pense que nous avons beaucoup à nous offrir mutuellement, pour le bien de l’Empire et celui du Clan Dalis.

Était-ce trop direct ? Ou pas assez pour un homme d’action ? La parangon s’attendait à une réaction un minimum agacé de Havremont, voir même colérique. Un vampire qui venait agiter devant lui une offre, cela insultait peut-être ce bouclier illusoire qu’il appelait honneur. Cependant Claudius n’était pas un imbécile, loin de là, on ne devient pas général en étant un imbécile après tout… L’humain savait qu’elle n’était pas venue jusqu’ici sans rien. Certes, elle n’inspirait pas la confiance, mais c’était justement pour ça que faire affaire avec elle était une bonne chose, car ce ne sont pas les gens honnêtes et loyaux qui offrent les renseignements et les aides les plus juteuses.

-Puis-je me servir ? Dit-elle en pointant du doigt les petites collations d'Havremont. Ou autrement dit, cette conversation devait-elle continuer ?

descriptionVaincre le Feu par le Feu [PV Toryné Dalis] EmptyRe: Vaincre le Feu par le Feu [PV Toryné Dalis]

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Dire que Claudius était surpris par l’accoutrement du Parangon était un euphémisme suffisamment grand qu’on aurait pu le confondre avec les géants draconiques de ce monde. Quand Toryné entra dans son bureau, le Maître des Armées eut un regard assez consterné, et dû même plisser les yeux un instant pour se faire à la vue de toutes ces couleurs qui pétillaient sur l’accoutrement du chef du Clan Dalis.

“Du” ou “de la” d’ailleurs ? Claudius n’avait jamais véritablement sû, entendant toujours les deux pronoms à son sujet. Il en avait déduit que ce personnage aimait l’ambiguïté. A vrai dire présentement, le Maître de Guerre se fichait bien de ses questions là. Ce sujet était bon pour les intrigues de Cour de pacotille, et pour faire parler les curieux, tout autant que l’accoutrement du Parangon d’ailleurs.

Mais Claudius n’était pas un curieux, et au contraire il tint pour l’heure à marquer ses distances avec le vampire. Que Toryné ait fait le premier pas ne changeait pas grand chose pour lui : un vampire restait un vampire, autrement dit une créature fourbe et féroce.

“Général, je vous remercie de me recevoir dans votre demeure, c’est un véritable honneur.”

Le Maître de Guerre s’appuya sa tête sur son poing, émit un petit soupir, avant de finalement répondre :

« Épargnez moi vos faux semblants, Parangon, s’il reste une once de vrai en vous. Je ne suis pas un Homme de la Cour à qui il faut faire mille courbettes, lui présenter ses respects sur quatorze générations avant de réciter ses faits d’armes en dansant pour pouvoir s’adresser à lui. »

Le message était clair. On ne s’adressait pas à un Havremont comme on s’adressait à n’importe qui. Au contraire, il était même recommandé qu’on lui parle honnêtement et franchement, comme un soldat le faisait face à un de ses semblables. Car au fond des choses, dans des relations interpersonnelles, aucun homme ne devait s’agenouiller devant un autre.

« Cela fait bien longtemps mon cher Havremont, la dernière fois que nous nous sommes vues s’étaient sur un champ de bataille en tant qu’ennemi, aujourd’hui nous voilà allié, sur les mêmes terres… Collaborant pour un avenir meilleur… Le monde a bien changé, le royaume vampirique n’est plus et l’empire… »

Claudius adressa un regard perçant au Dalis, lui faisant entrapercevoir un bref instant le pourquoi il ne fallait pas provoquer le Havremont sur cette dernière phrase. Il ne termina pas cette phrase, et le Parangon se ravisa dans un sourire. Le Havremont émis un petit soupir, avant de répondre brièvement d’un air las :

« Si c’est pour m’invectiver que vous êtes venu, Sire Dalis, je suis navré de vous dire que la chose ne me changera pas plus de mon quotidien. Je passe ma vie en ce moment à me battre pour rendre ses rayons de soleil à une terre qui n’est plus que l’ombre de ce qu’elle était à la base, avec des personnes qui semblent se contenter de cette noirceur. Prouvez-moi que vous ne faites pas partie de cette classe-là, ou partez. »

Triste constat, mais cela chagrinait le Havremont de devoir supporter des étrangers à son Empire, qui ne semblaient aux yeux du maître de guerre, qu’être vecteurs de grand malheur. Il posa ses coudes sur son bureau, posant sa tête au creux de sa main, et observa Toryné poursuivre, en se rapprochant de sa chaise, pour enfin s’asseoir.

Il avait manifestement fait son choix.

« C’est au Homme et Femme comme nous que revient la lourde tâche que de façonner l’avenir, pour nos peuples et aussi un peu pour nous-même. Que plus tard dans les livres d’histoires nos noms soient sources d’inspiration et de passion ! Enfin… Les livres parlent de grande bataille, de grande décision, de grand évènement, mais ils ne parlent pas des coulisses… »

Claudius lui adressa un autre regard, commençant petit à petit à comprendre là où il voulait certainement en venir avec son discours. Le Maître des Armées n’était pas exactement au fait de tout ce qui se passait au sein des sphères dirigeantes des vampires, mais il avait cependant très clairement compris que chaque Parangon ne manquait certainement pas d’ambition.

A commencer par ce Achroma Elusis, qui s’était rapproché de la Couronne, et à qui Victoria faisait déjà mille et une courbettes. Mais il fallait dire que l’Impératrice n’était qu’une enfant. Elle n’avait pas combattu lors des guerres qui avaient frappés ce monde, et elle n’avait pas grandi avec cet héritage passé qui disait que les vampires étaient capables des pires insanités, pour leur propre bien.

Alors pour le bien de son Empire, le Havremont gardait un œil sur ce peuple qu’il voyait comme un mal insidieux se répandant peu à peu sur ses terres. Il était peut-être le seul à ressentir la chose de cette façon, mais il avait définitivement ses raisons de croire que l’on ne pouvait simplement pas croire les personnes de cette race, quand bien même s’ils se présentaient en sauveurs de la Nation.

Que voulait Toryné et où se plaçait-il au sein de cet échiquier ? Probablement des choses et d’autres, mais le Parangon avait attisé la curiosité du Général, qui l’invita silencieusement à poursuivre son discours.

« Nous ne cherchons certes pas écrire la même histoire, mais nous partageons visiblement ce chapitre que nous le voulions ou non. Et je pense que nous avons beaucoup à nous offrir mutuellement, pour le bien de l’Empire et celui du Clan Dalis. »

Nous y voilà enfin. Claudius eut un petit soupir, heureux que le Parangon ait finalement décidé de cracher le morceau. Ses introductions éloquentes devaient sûrement le faire bien voir des nobliaux, mais le Havremont avait la fâcheuse manie de détester qu’on lui prenne quinze minutes de son temps pour lui expliquer quelque chose qui pouvait se résumer en cinq minutes.

Le Maître des Armées pencha sa tête d’un côté, puis de l’autre, avant de finalement répondre à Toryné :

« Pour qui vous battez vous, Parangon ? Vous m’avez parler d’Empire, de Royaume Vampirique et enfin de votre Clan. Quelle est la raison qui vous pousse à vous lever tous les jours, à porter ces accoutrements, et à venir trouver un ennemi déclaré pour lui proposer de conclure un pacte ? »

Claudius donna le ton très rapidement. Il était un ennemi des vampires, et ne comptait pas revenir sur cette position.

« Je me bats pour les Humains. Les Hommes et les Femmes de cet Empire, ceux qui ont fait son existence, qui ont eux aussi participer à écrire l’Histoire de ce monde, que ce soit bruyamment ou en silence. Ces raisons ont poussé ma famille à se battre contre les vôtres, mais aussi contre tous nos détracteurs qui ont jugé bon de faire de l’ombre à notre Nation. »

Le Havremont invita Toryné d’un geste à se servir. Il n’était point question que celui-ci reparte à l’instant. Claudius pris lui-même une collation, avant de terminer finalement ce qu’il avait à dire :

« Faites bon usage de la verve qui semble vous habiter, et expliquez moi pourquoi je devrais pactiser avec un ennemi déclaré. Prouvez-moi que nos ambitions contraires peuvent cohabiter, Parangon, et vous aurez très certainement du crédit à mes yeux. »

C’était une invitation claire et précise. Claudius savait forcément que Toryné n’était pas d’une grande franchise, et encore moins d’une honnêteté transcendante. Mais la vérité, c’est que tout cela, le Maître des Armées s’en fichait. Il aurait adoré pouvoir se débrouiller seul, pouvoir lever son Empire contre ses êtres maléfiques, mais il n’était pas en position de le faire.

Son territoire était boursouflé, en ce moment pour bon nombre de personnes, chaque jour était une souffrance. Alors si le Havremont pouvait racheter ne serait-ce que quelques minutes de tranquillité, de quelque manière que ce soit, alors il le ferait.

Encore fallait-il que chacun soit prêt à faire des efforts là ou il le pouvait.

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Ce fut sans grande surprise que Claudius lui parla ainsi. Ferme et direct, les faux-semblants des politiciens ne l’atteignaient que très peu. Il fallait croire que c’était globalement universel dans toutes les races, politiciens et militaires ne s’entendaient que très peu, mais Toryné avait été les deux alors il savait un minimum comment parler aux Hommes d’actions. Sa petite introduction restant cependant néanmoins du politicard pur et dur, de belle parole qui pouvait facilement résumé en une phrase « faisons alliance ». Et le maître des armées semblait intéressé d’écouter ce que la mère de la nuit avait à proposer, la situation des restes de ce qu’il restait de l’empire ne lui laissait pas vraiment le choix. Les désespérés étaient bien souvent les meilleurs alliés, car le plus souvent, l’échec leur était bien plus catastrophique que pour quiconque.

La vampire sourit avant de prendre une légère gorgé de sang « Pour qui je me bats ? Je vais vous faire l’honneur d’être honnête avec vous Claudius, je me bats pour moi et ceux portant mon nom ». Et il ne parlait pas du Clan Dalis, mais de la famille Dalis dont la nuance était importante à faire. Certes, il voulait augmenter la puissance de son clan, mais dans un seul but égoïste et narcissique, son clan n’était que l’extension de lui-même et chaque membre pouvait bien être sacrifié sur l’autel de ses ambitions. Cependant sa famille, il l’aimait, d’un amour certes malsain et possessif, mais il l’aimait. Il n’avait également pas la moindre affection pour sa race, certes ils étaient à ses yeux la race supérieure, les prédateurs ultimes que jamais le monde ne pourrait vaincre totalement. Cela n’empêchait en rien le dédain qu’il avait pour beaucoup de vampire, certains ne valaient pas mieux que des bêtes sauvages indignes du sublime cadeau de l’immortalité.

-Vous me demandez pourquoi vous devriez pactiser avec un ennemi déclaré ? Ironiquement, il aimait cette honnêteté brutale, c’était presque rafraîchissant. Je dirais premièrement que refuser toutes collaborations n’est pas un luxe que vous devriez vous offrir, votre peuple crie famine et le trésor de la couronne également, n’est-ce pas ? Triste constat et ce qui était encore plus triste c’est que ce constat était facile à faire. Deuxièmement je vous l’ai déjà dit, je me bats pour moi, pas pour les vampires d’une manière général, contrairement à mes deux homologues, je suis moins... patriotique ? Avec ses lèvres, elle forma le mot "trahison" sans le dire à voix haute pour autant. Je suis et serais le seul parangon à vous tendre une telle offre, Shah et Achroma ? Elle rit. Permettez-moi d'en douter... Je suis votre poterne, votre trappe sous le tapis, laissez-vous cacher dans le plumage du cygne, pour un temps du moins, le temps que nos ennemis communs ne soient plus une menace... Elle leva légèrement son verre. Laissez-moi maintenant un peu vous expliquer MA situation pour faire gage de mon désir sincère de collaboration.

Elle porta son verre une nouvelle fois à sa lèvre, savourant en fermant les yeux le liquide rougeâtre couler en elle.

-Je pourrais être aujourd'hui le prince noir, maître incontesté d'Aerthia, de Nevrast et d'un tas de bois qu'on appelait Meran ou je ne sais plus quoi. J'avais des projets, les soutiens ne manquaient pas, j'avais un coup d'avance sur Irina Faust. J'avais une forteresse de pierre, Irina avait une parodie de port, s'il y avait eu guerre civile, j'aurais très certainement gagné... Quand SOUDAINEMENT
De sa main libre elle fit un geste brusque, marquant théâtralement par sa gestuelle l'événement perturbateur. Achroma ! Sorti de nulle part, tout le monde le croyait mort, il est arrivé sur le dos d'un dragon dans MA ville ! Nous avons parlé et nous avons décidé de fonder le triumvirat, ma meilleure option sur le moment, ou plutôt ma seule... Puis nous avons intégré Shah et la suite vous la connaissez...

Elle voulut reprendre une gorgée de sang, mais son verre était vide. Toryné fronça les sourcilles, comme étonné que son verre soit vide, avant de resservir. "C'est le moment où je soupire normalement, mais je ne respire pas vous me pardonnerez". Au lieu de cela elle recommença à siroter son sang.

-Nous sommes presque d'égal à égal l'ami, nous n'aimons pas cette situation et nous avons des ennemis communs, des mariages sont organisés pour moins que ça !


Mieux qu’un mariage, un engagement inconnu de tous et qui ne serait clairement pas pour toute une vie. Une alliance sans alliance, n’était-ce pas alléchant “Vous avez tout à gagner mon cher Havremont, qu’est-ce qu’une petite alliance impie pour sauver votre empire, hum ? De quoi avez-vous besoin ? Le recensement des vampires des autres clans ? Un contre-rendu mensuel des leurs mouvements ? Dites moi ! De quoi le maître des armées à besoin ?"

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« Pour qui je me bats ? Je vais vous faire l’honneur d’être honnête avec vous Claudius, je me bats pour moi et ceux portant mon nom »

Claudius pencha sa tête à droite puis à gauche, en écoutant cette phrase du Parangon. S’il avait eu quelques doutes sur le personnage en face de lui, le Havremont n’en avait désormais plus du tout.

Au contraire, il voyait totalement le profil type du personnage.

Il n’était rien de plus qu’un de ces mégalomanes de la Cour que Claudius avait eu l’habitude de croiser pendant longtemps, surtout en faisant les choix qu’il avait fait avec Fabius Kohan. Un mégalomane qu’on avait investi du pouvoir, et qui désirait toujours plus. Le Havremont était loin d’être un essayiste sur la pensée des différentes espèces, mais il avait pu constaté de nombreuses fois que le pouvoir avait cet attrait irrationnel qui poussait souvent celui qui en possédait à en désirer encore plus.

Peut être que Toryné était l’un d’entre eux, et peut-être était-ce réducteur de le résumer ainsi. Mais Claudius n’était pas ici pour le comprendre. Si le Parangon lui rappelait par cette phrase que chacun pouvait voir midi à sa porte lors d’une guerre déclarée, le Havremont le testait et voyait ce qu’il pouvait tirer d’un tel personnage.

Les mégalomanes n’étaient pas des personnages difficiles à convaincre, d’autant plus si on savait les brosser dans le sens du poil, Claudius en était bien conscient. L’ennui, c’était qu’il ne fallait pas qu’ils deviennent incontrôlable. Le Maître de Guerre tapota de ses doigts sur son bureau, toisant de son regard de pierre son interlocuteur, semblant lui transmettre par la pensée tous ces questionnements qui venaient lui passer par l’esprit : Puis-je réellement vous faire confiance ? Jusqu’où êtes vous prêts à aller ? Me trahirez vous ?

Néanmoins les arguments du chef de file Dalis se tenaient : Claudius devait aller avec son temps, et l’heure n’était pas à faire la fine bouche, le dehors lui rappelait bien suffisamment souvent à quel point son territoire se trouvait dans une situation terrible. Et il est vrai qu’avoir dans ses rangs une taupe simplifierait grandement les choses s’il voulait réellement mettre son entreprise de démanteler les vampires à exécution.

L’offre était séduisante, même si cela signifiait rompre avec les traditions profondément anti-vampiriques de sa famille. Mais après tout, comme disait le proverbe : à la guerre, comme à la guerre. Même si ce Dalis agissait pour ses intérêts personnels et n’était pas mû d’une profonde loyauté envers le Maître de Guerre, Claudius commença à estimer qu’il était bon d’avoir ce genre de personnes dans son camp. Car on ne savait pas ce qu’ils pouvaient mettre à exécution s’ils étaient pris d’une envie de rejoindre le camp inverse.

Toujours est-il que Claudius écouta le récit de Toryné avec attention, pour comprendre les pourquoi du comment de cet entretien d’aujourd’hui :

“Je pourrais être aujourd'hui le prince noir, maître incontesté d'Aerthia, de Nevrast et d'un tas de bois qu'on appelait Meran ou je ne sais plus quoi. J'avais des projets, les soutiens ne manquaient pas, j'avais un coup d'avance sur Irina Faust. J'avais une forteresse de pierre, Irina avait une parodie de port, s'il y avait eu guerre civile, j'aurais très certainement gagné... Quand SOUDAINEMENT Achroma ! Sorti de nulle part, tout le monde le croyait mort, il est arrivé sur le dos d'un dragon dans MA ville ! Nous avons parlé et nous avons décidé de fonder le triumvirat, ma meilleure option sur le moment, ou plutôt ma seule... Puis nous avons intégré Shah et la suite vous la connaissez…”

Le Havremont resta attentif tout du long, et eut un petit sourire à la conclusion de sa tirade, avant de taper dans ses mains, mimant un applaudissement d’un public pris dans un récit incroyable :

“En tout cas vous avez manqué une carrière de dramaturge ou de comédien, Sire Dalis. J’ai vécu ce coup de théâtre comme si j’y étais !”

Un peu d’humour ne faisait pas de mal. Il en fallait, dans ce genre de situations qui avaient complètement déroutés les deux protagonistes. Même si Claudius peinait à rire du sort de son Empire, il lui arrivait parfois de faire son auto-dérision également.

Alors que le Dalis reprenait une gorgée de son impie nectar, Claudius prit une autre friandise, réfléchissant à la situation. Il est vrai que Toryné attirait la sympathie, et avait des enjeux à venir similaire à ceux du Maître de Guerre, comme il venait justement de le rappeler.

Claudius le laissa cependant développer son offre :

“Vous avez tout à gagner mon cher Havremont, qu’est-ce qu’une petite alliance impie pour sauver votre empire, hum ? De quoi avez-vous besoin ? Le recensement des vampires des autres clans ? Un contre-rendu mensuel des leurs mouvements ? Dites moi ! De quoi le maître des armées à besoin ?"

Le Havremont eut un regard songeur, avant de répondre presque du tacotac à son interlocuteur :

“Dans l’absolu, le Maître de Guerre a besoin d’un empire humain fonctionnel.”

Sachant cette maxime vide de sens s’il ne développait pas un peu son raisonnement, Claudius étaya ses propos :

“Notre Nation a besoin de retrouver sa souveraineté et sa puissance, aussi bien dure que douce, perdues. Concernant le dur, je me charge plutôt bien de cette partie là moi-même : je sais mené des hommes, motivé des troupes, et faire respecter la loi. C’est ce que j’ai fais toute ma vie. Mais Toryné, vous n’êtes pas sans savoir que si les beaux discours ne sont pas suivis d’actions concrètes, vous perdrez indubitablement la confiance des gens …”

Claudius fit une petite pause, avant de désigner le dehors, puis il reprit :

“Ils vivront dans la misère, et si certains se contenteront de cela dans un premier temps, nombre d’entre eux chercheront une solution, que ce soit par la violence, ou en se tournant vers des souverains extérieurs, des sauveurs leur promettant monts et merveilles. Alors que dans les faits ils ne sont que des cafards attendant l’occasion pour développer leur nid de nuisibles, et dévorer une population à leur merci.”

Claudius toussota, avant de déclarer d’une voix grave :

“Achroma Elusis, et toute sa cour de bons chiens lui faisant des courbettes, au cas-où vous n’auriez pas compris mon analogie.”

Le Havremont s’étira, retenant son envie soudaine de frapper très fort dans quelque chose sur son bureau, comme à chaque fois qu’il prononçait ce nom damné. Il reporta ensuite son attention sur Toryné, avant de lui faire :

“Nous allons être clairs tout de suite Dalis. Mon projet n’est pas seulement de comploter contre lui pour lui attirer des noises, mais de le tuer en bonne et dûe forme, et être sûr que lui et son engeance ne repose jamais les pieds sur notre sol. L’Empire a besoin d’être repris en main par ses fondateurs, les Humains, et a besoin de régler progressivement ses problèmes qui le gangrènent depuis quelques temps. La pression des étrangers en est un.”

Claudius tapota de ses doigts sur son bureau, avant de conclure :

“Partant de là, j’aurai besoin de toute l’aide possible pour réaliser ce projet. J’ai conscience que c’est peut être un pari fou, et que nombre préféreraient courber l’échine plutôt que d’oser certaines choses, mais là n’est pas ma vision des choses. Un Homme ne devrait pas avoir à ployer le genou devant un autre, et pour cela, je ne laisserais certainement pas à Achroma ce plaisir.

De manière plus concrète, si vous acceptez de me suivre, j’attendrai de vous que vous soyez ma taupe, et que vous fassiez tout ce qui est en votre pouvoir pour nuire à vos chers collègues sans être vu. Détournez des vivres, répandez de fausses rumeurs, tuez les potentiels espions Elusis qui sont parmis notre Cour, informez nous de tout déplacements suspects … Incarnez cette Guigne qui les traumatisera et qui fera en sorte que plus jamais, ils ne s’opposeront à nous.”


Claudius émis un petit soupir. Tout un programme, mais il était sûr que Toryné pouvait endosser ce rôle parfaitement. Il termina finalement par ce qui devait intéresser le plus le Parangon :

“Si nous réussissons, j’aimerai pouvoir vous promettre autre chose que ma gratitude, et mes remerciements. Or en l’état actuel des choses, vous devez bien concevoir qu’il m’est impossible de vous promettre quoi que ce soit. Nos finances sont au plus bas, et il me serait bien malvenu de vous proposer des terres dont ne disposons pas.

Néanmoins Toryné, c’est peut être cela qui nous éloigne, mais sachez que je suis un homme de parole. Je n’oublie pas, pas plus que je ne vous trahirais pas si vous ne brisez pas notre confiance mutuelle. S’il est quelque chose que je puisse faire pour vous et vos intérêts, alors vous pourrez très certainement vous tournez vers moi.”

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Il était bon de trouver un homme qui haïssait autant Achroma que lui. Toryné percevait l'aîné comme un enfant chéri du destin, il avait été dragonnier, il avait su échapper à la mort d'une manière qui lui échappait encore totalement, il y avait ce navire abject qui n'obéissait qu'à lui... Bien évidemment, la mère de la nuit jalousait la main de la magie, il avait ce qu'elle avait toujours voulu en plus d'être une menace permanente pour ses projets. Son ambition se devait de le détruire avant qu'il ne soit trop tard, Toryné refusait de mourir ou de ployer l'échine... Aider à ce que l'empire se redresse pouvait être une solution.

Le triumvirat avait pour ambition de s'approprier le royaume des Hommes, les Elusis y voyaient dans cela une forme de vengeance contre l'humanité pour les avoir saignés. Toryné estimait ce désir de vengeance mal placé, à quoi c'était attendu les vampires ? Les enfants de la nuit avaient longtemps été les ennemis de tous les peuples, il y avait eu l'aube rouge... Non pas que la flamboyante estimait que les vampires devaient se racheter de leur faute, tout cela faisait parti du jeu, de la grande lutte des races pour l'hégémonie, c'était normal pour elle. Elle n'était par conséquent pas aussi radicale sur l'invasion de Sélénia, car elle savait très bien que si les vampires gagnaient ce ne serait pas elle qui régnerait. Cependant il n'y avait pas que ça, Toryné estimait avoir une vision plus large de la situation que les autres clans. Ces derniers ne voyaient qu'une vengeance ou la supériorité de leur race dans le fait d'envahir Sélénia, la mère de la nuit prenait quant à elle en compte les risques qu'une telle action entraînerait. La bipolarisation du monde, Vampire contre tous, principalement l'Alliance des Cités Libres.

Le cygne préférait un scénario de pluralité des puissances dans lequel le jeu des alliances serait roi. Contribuer à ce que Sélénia redevienne un "empire" contribuait à cette vision, que Calastin soit à nouveau la source de tension territoriale comme à ses débuts entre un empire voulant réunir l'humanité sous sa coupe et ses opposants épris d'indépendance.

Cependant la question était où serait les vampires dans tout ça, Claudius semblait clair qu'il voulait se débarrasser de toute influence étrangère de son empire. En l'aidant Toryné contribuait d'une manière ou de l'autre au départ des vampires. En partant du principe qu'elle l'aiderait jusqu'au bout bien entendu. L'avenir était encore incertain, cependant elle n'avait aucun doute que s'allier à Claudius était sa meilleure option de toute manière, affaiblir les Elusis et renforcer son clan était pour le moment la priorité numéro une.

-Tout un programme dites moi, répondit-elle en souriant, je peux le faire. Elle déposa sa coupe. Cela prendra du temps bien évidemment, les Elusis ne doivent pas remonter jusqu'à nous, il va falloir un certain doigté, mais ce projet est tout à fait réalisable. La parangon faisait l'inventaire de ce qu'elle devrait faire une fois qu'elle quitterait le bureau, ce projet était d'une envergure assez grande pour organiser une réunion de clan. Vous n'avez pas froid au yeux au moins. Contrairement à sa petite reine qui avait refusé son plan d'action contre les pirates, la Dalis n'avait plus de temps à perdre avec des souveraines circonspectes, aussi délicieuses soit-elle.

Il y avait cependant un problème qui restait entier, un problème que ne pouvait avoir de solution. Tuer Achorma impliquait de tuer son fils, Cendre Lune... Et cette idée ne lui était pas concevable. Comment pouvait-elle être ? Parmis toutes la vilenie, tout le vice et les ténèbres qui imprégnaient la vampire, il y avait cette parcelle de lumière, ses enfants, sa famille. Cet amour était comme automatisé, il ne pouvait s'y opposer, à l'instant où son venin venait bénir un vivant, elle aimait le mort qui en naissait. Cendre Lune qui avait pourtant été Aldaron, Ulrich qui avait été un espion venu fouiner dans ses affaires, Sintharia qui l'avait trahi et abandonné, tout ceux qui étaient aujourd'hui mort et tout ceux qui viendraient. Elle les aimait tous.

Cela en revanche, elle ne pouvait le laisser transparaître, au yeux de Claudius elle devait œuvré pour la mort d'Achroma. Elle trouverait un moyen de mettre hors d'état de nuire l'aîné sans le tuer, il y avait forcément un moyen. Son ambition et son fils devaient tout deux survivre, elle refusait de faire un choix, il en était hors de question.

-Je me doute qu'il faudra du temps avant que je vois la récompense pour mes actes, tout comme ces derniers se devront d'être à la hauteur. J'ai l'avantage de pouvoir compter sur votre sens de l'honneur. Ce qui ne voulait pas pour autant dire qu'il ne gardait pas une méfiance envers son nouvel allié, la méfiance était l'une de ses natures la plus profonde. De votre côté, je vous demanderais de tout faire pour que le clan Dalis profite davantage des bienfaits de Sélénia que les autres clans, je me doute que vous n'avez pas les pleins pouvoirs sur cela, mais toutes aides sera la bienvenue ! La noblesse s'ouvre petit à petit à mon clan, mais chaque artisans préférant enseigner son savoir à un Dalis plutôt qu'à un Elusis est un pas de plus vers leur déclin.

Il y avait tant à faire pour que son clan prenne en puissance, le Dalis était le moins militarisé, ne pouvant que compter sur quelques gardes et ses assassins. Cependant, aujourd'hui, il avait bien plus de cartes en main pour finalement, dans un avenir lointain ou proche, prendre l'ascendant sur le triumvirat.

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“Tout un programme dites moi, je peux le faire. Cela prendra du temps bien évidemment, les Elusis ne doivent pas remonter jusqu'à nous, il va falloir un certain doigté, mais ce projet est tout à fait réalisable. Vous n'avez pas froid au yeux au moins.”

Claudius eut un regard vers le dehors, puis il souria au vampire, avant de lui répondre.

“C’est là la caractéristique de mon héritage familial et de ma personne, Dalis. Je n’ai pas peur des mots, pas plus que des actes pour faire rayonner notre Empire par-delà l’Histoire. Les Havremont ont fait partie des premiers à s’engager contre les vôtres quand ils le devaient, alors je ne compte pas laisser le plaisir à Achroma et son clan de pourritures de s’installer tranquillement sur le trône de Selenia.”

Le Maître de Guerre tapota de ses doigts sur son bureau, s’accordant une petite pause pour lui même, comme pour Toryné pour que le Parangon intègre bien sa philosophie. Il repris ensuite :

“Vous l’avez bien rappelé tout à l’heure, l’Empire n’est plus ce qu’il était, et nous autres fiers partisans du règne de Fabius Kohan, nous avons bien plus perdu que n’importe qui d’autre dans cette équation. J’ai peut-être gagné un titre de Maître des Armées, mais sincèrement : quelle est la valeur de celui-ci ? Je peine à payer mes soldats car la Couronne a une gestion calamiteuse des deniers publics, et si notre armée était fière et puissante dans le temps, aujourd’hui celle-ci crève la faim, et si mes frères et soeurs d’armes sont toujours motivés, je doute que nous soyons en position de faire une quelconque manoeuvre.”

Claudius inspira, passablement agacé par cette situation, avant de reprendre après avoir retrouver un brin de calme :

“Pour autant, notre bel Empire a beau avoir tout perdu ces dernières années, il me reste ce que l’on ne pourra jamais m’enlever : ma force militaire, mon réseau chez les Nobles, mon poids politique en tant que membre du Conseil, et ma propre réputation auprès du peuple. Autant de choses qui peuvent faire basculer la balance en notre faveur, si nous nous débrouillons bien.”

Pour rebondir sur la dernière demande du Parangon, Claudius lui fit :

“Soyez suffisamment agile pour me dire où la garde intérieure doit fermer les yeux de temps en temps, ou au contraire être présent en nombres, et je ferais en sorte que vos affaires s’arrangent. Je m’occuperai également de faire bonne presse de votre cas à Lucilius, mon frère, et également de vous le faire rencontrer. Il est à la tête du Duché de la Nouvelle-Havremont, son ancrage local n’est plus à prouver. Il représentera sûrement un point d’entrée non négligeable pour vos affaires, à votre charge évidemment de vous faire votre trou par la suite.”

Le Maître des Armées esquissa un sourire avant d’ajouter :

“Mais quelque chose me dit que cela ne représentera pas la partie la plus difficile pour vous. Vous savez comment vous faire remarquer.”

Claudius inspira puis expira, avant de se lever pour aller vers sa fenêtre. Il regarda le dehors, et se laissa aller un instant. La flamme qui était partie chez lui depuis de nombreux jours maintenant semblait être de retour suite à cette discussion avec le Parangon Dalis. Sans doute devra t-il informé de ses choix ses soutiens proches, afin que ceux-ci puissent choisir de le rejoindre, et commencer à construire quelque chose de nouveau.

Le maître de guerre interpella le Dalis :

“Nous vivons une bien étrange époque, Toryné. J’ignore où tout cela nous mènera tous deux, mais je dois être le premier de ma famille à accepter de partager mes intérêts avec les vôtres. Le chemin sera probablement périlleux, mais je peux vous jurer que vous ne le regretterez pas.”

Claudius se rapprocha, et tendit une main au vampire :

“Enfin cela vous devez le savoir, vu que c’est vous qui êtes venu me trouver, n’est-ce pas ?”

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Cette alliance était improbable, ce qui la rendait des plus insoupçonnables. Le temps que les Elusis comprennent, il serait trop tard. Elle allait cependant devoir tout de même faire attention, même sans découvrir cette association, le moindre signe de trahison trop important la conduirait à une mort par les flammes... Peut-être fallait-il prévoir à une robe ignifuge pour l'avenir ? Cela attendrait cependant que la parangon mette en place les piliers de ses actions.

Toryné se sentait ironiquement comme la commandante d'une grande armée, prête à partir en guerre pour écraser ses ennemis. Cependant peu de personne ne verrait sa glorieuse campagne, seul ceux côtoyant les ombres seraient ses témoins, du moins si ces derniers ne s'interposaient pas dans sa lutte. Elle gonfla son torse, cette entrevue lui apportait beaucoup de satisfaction, elle avait craint une grande résistance du général, mais finalement l'Havremont savait saisir une bonne opportunité.

-Les Havremont ont fait partie des premiers à s'engager contre les vampires, les Dalis seront les premiers à s'allier véritablement aux Hommes. Il était temps que le cycle imbécile que les vampires avaient entretenus s'arrêtent. Le peuple de la nuit devait cesser de s'enfermer dans une violence aveugle, légitimé par un honneur et une rancoeur dérisoire. Il était véritablement temps que Toryné guide les siens vers un nouvel avenir dans lequel ils mériteraient leur don d'immortalité. Un monde où les immortels seraient des créatures de beauté et de grâce et non des bêtes décérébrés comme ils l'avaient toujours été. Nous devrons également faire attention à nos futures correspondances, car oui je compte bien vous harceler pour vous faire part de tout ce que j'obtiendrais sur nos très chers amis ! On dit que j'ai une belle prose si cela peut vous rassurer.

Les coursiers choisis seraient choisis avec la plus grande prudence. Il lui fallait les plus fidèles, les plus dévoués au clan, de ceux étant prêt à se trancher la gorge plutôt que de parler à l'ennemi. En somme, des clairvoyants qui comprenaient que leur existence servait un dessein plus grand, le sien.

-Il me tarde de faire la connaissance de votre frère mon cher Claudius, je tâcherais également de vous présenter mon fils Ulrich, rapide et discret, n'hésitez pas à demander si besoin. La simple mention de son fils suffisa à lui élargir le sourire. Ulrich était le fils qui lui ressemblait le moins, il n'était pas spécialement séducteur ou charismatique, du moins pas autant que ses autres enfants, cependant il était pour l'heure actuel le plus fidèle d'entre eux, le seul appartenant au clan Dalis pour ainsi dire. Il lui était par ailleurs d'une grande, il l'aidait pour récupérer ses vieilles habitudes militaires et coordonnait les rares forces militaires du clan, un fils d'exception. Alors s'il pouvait le "prêter" à son nouvel allié, cela ne ferait que rajouter à la satisfaction de la mère de la nuit.

-Je ne vous le fais pas dire mon cher Claudius, répondit-elle aux dernières paroles de l'humain. Je peux déjà entrevoir le monde que nous allons bâtir. Il empoigna la main du maître du armée avec fermeté, maîtrisant tout de même sa force vampirique pour ne pas broyer la main de son nouvel et principal allié.

S'il n'y avait pas tant à faire, Toryné aurait sûrement organisé des festivités en petit comité pour célébrer la réussite du jour. Le cygne capricieux devait prendre son mal en patience pour le moment. Si ses plans fonctionnaient, elle aurait bien plus à fêter à l'avenir.

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