“Frère de coeur à défaut d’être de sang,
Tu m’as connu dans des heures de tourment,
Et pourtant tu as su m’arracher quelques sourires
Et m’as aidé à retrouver volonté et force de vivre.
Voici pour toi, mon frère, un modeste présent,
Pour toi grand fou qui souhaite voguer sur les mers,
En toute liberté pour traverser l’archipel toute entière,
Et partager ton savoir et ton coeur en tout temps.
Un petit althaïen qui n’avouera jamais,
Qu’en son sein se cache l’égoïsme souhait,
Et le secret désir, de te voir plus souvent,
Mais qui n’en a peut-être plus le temps.”
Tu m’as connu dans des heures de tourment,
Et pourtant tu as su m’arracher quelques sourires
Et m’as aidé à retrouver volonté et force de vivre.
Voici pour toi, mon frère, un modeste présent,
Pour toi grand fou qui souhaite voguer sur les mers,
En toute liberté pour traverser l’archipel toute entière,
Et partager ton savoir et ton coeur en tout temps.
Un petit althaïen qui n’avouera jamais,
Qu’en son sein se cache l’égoïsme souhait,
Et le secret désir, de te voir plus souvent,
Mais qui n’en a peut-être plus le temps.”
Belethar ressassait la lecture de cette lettre, encore et encore, incrédule face à ce grand cadeau que son frère de coeur Ilhan lui avait fait.
Une bien belle frégate l’attendait au port de Cordont, amarré, entièrement rénové et même floqué à l’emblème de maison des Espérancieux. Belethar y reconnaissait aisément le bâteau qu’Ilhan avait décidé de rénover quelques mois plus tôt à Delimar.
Et ce vieux fourbe avait évidemment omis de lui dire qu’il pensait le lui offrir !
C’était un merveilleux trois mâts, piloté par un équipage qui était entièrement dévoué à la famille que Belethar représentait. L’Espérancieux ne savait pas où Ilhan les avaient trouvé, mais il se doutait quelque part qu’il avait dû faire jouer ses contacts, en plus d’avoir mis ses cousins sur le coup pour lui faire une bonne surprise …
Définitivement, Belethar était scié par un tel présent : L’Althaïen ne s’était pas moqué de lui, d’autant qu’il sentait d’ici les énergies magiques habités le navire. Probablement que tout cela avait du coûter en temps, en argent, et en énergie à son presque-frère déjà très fatigué quand ils s’étaient vu … Tout ceci sans prendre en compte les risques légaux encourus à Delimar concernant l’usage de la magie …
Ilhan n’avait vraiment pas fait semblant. Belethar tâcherai de le remercier grandement en temps voulu, avec peut être un présent à la hauteur de celui-ci. L’apprenti baptistrel réfléchissait : peut-être lui construire une grande demeure à l’inspiration d’Althaïa, une villa digne de ce nom pour l’important personnage qu’il était, mais qui pouvait aussi lui servir de havre de paix dans les moments où il était totalement surmené …
Belethar frotta sa petite barbe, en contemplant son bâteau qui était désormais le sien. Peut être que cette idée méritait d’être creusée.
Ce cadeau, en plus d’être exceptionnel, arrivait à point nommé, à croire que Ilhan avait encore usé de ses dons de divination, ou d’avoir la bonne information au bon moment. En effet, il avait reçu cette lettre de son presque-frère, une fois qu’il avait finalement décidé de se préoccuper du sort des elfes à Keet-Tiamat.
Avec l’aide de Lomion Estarus, l’apprenti baptistrel avait commencé à construire un projet pour se préoccuper du sort des migrants elfiques, qui se traduisait très concrètement par une série de mesure entre eux. Belethar avait promis de son côté de mobiliser des moyens pour construire des habitations pour accueillir les immigrants, et d’assurer le trafic afin que le rapatriement se déroule dans de bonnes conditions. Bien qu’il ignorait encore il y a quelques temps comment allait se passer cette partie de son plan, il avait déjà eu quelques idées, et là était venu cette lettre.
C’était tout bonnement incroyable. Et comme le sort ne pouvait autant lui sourire deux fois de suite, Belethar avait décidé promptement de tester cette frégate, et de naviguer vers Keet-Tiamat.
***
Belethar se massa les tempes, à la fois encore amusé par les frissons de l’aventure mais également lessivé par le voyage. Bien que l’Enwr ne connaissait pas une traître chose en navigation, si ce n’est ce qu’il avait pu trouvé dans des livres depuis son arrivée à Tiamaranta, il avait pu trouvé le moyen de faire avancer son navire, vite et bien.
Le gorgement de magie qui débordait du bateau semblait venir d’un sort qui habitait la frégate, rendant entre autre le bâteau manipulable par la pensée par un mage talentueux, en l’instance comme Belethar. Sûrement un autre coup clairvoyant de son cher presque-frère qui avait du anticipé la situation.
Seulement, évidemment, ce cadeau n’allait pas sans son lot de petite farce, aussi, depuis qu’il s’était mis en route, il entendait depuis le début du voyage ...
“Pipe, pipe, pipe ! Pipe et jambe de bois !”
Visiblement une petite chanson, chanté sur les trois mêmes tons, et possédant les mêmes paroles tout du long. Elle avait investi la tête de Belethar, et il avait beau demander le silence, rien n’y faisait.
Il avait d’abord cru que c’était l’équipage qui chantait pour se donner du courage, mais il avait rapidement compris que son presque-frère lui avait joué un tour, puisqu’après avoir enquêté, il avait découvert que ce chant venait du bâteau en lui même. Par quelle sorcellerie ? L’Espérancieux n’en savait rien, il avait pu découvrir que ceci venait probablement d’un glyphe, mais il était face à quelque chose qu’il n’avait encore jamais vu auparavant.
Pour les quelques jours passés en mer, il avait eu le temps de voir quelques situations, et quand le bateau ne chantait pas, il conversait avec quelques membres de l’équipage, répondant parfois à des questions de ceux-ci, ou faisaient des petites “plaisanteries” à Belethar, en lui indiquant parfois qu’ils fonçaient droit dans des récifs alors qu’en vérité il n’en était rien.
L’Espérancieux avait eu plusieurs fois un rire, imaginant d’ici son presque-frère rire en constatant l’ampleur de sa bêtise. Mais Belethar avait bon dos, et si les premiers jours à côtoyer sa frégate qui s’avérait également être un compagnon de voyage l’avait un peu perturbé, il s’était finalement fait à cette propriété, voir même il trouvait cette compagnie sympathique.
Bien qu’il comprenait définitivement pourquoi cette conscience avait choisi un bâteau et non pas un chanteur d’opéra. Car ce “pipe et jambe de bois” cacophonique était une horreur, qui s’installait dans le coin de votre cerveau sans jamais en repartir.
Belethar fut cependant heureux d’entendre ce même bâteau faire à tout l’équipage :
“TERRE ! TERRE EN VUE !”
Car cela signifiait l’arrêt momentané des efforts de l’apprenti baptistrel pour piloter le navire.
Il arriva au port d’une petite ville de Keet Tiamat sans encombres, et alors que l’Espérancieux découvrait cette nouvelle terre qu’il n’avait jamais visité, il eut à peine le temps de faire accoster son navire que déjà, les ennuis le guettaient.
Belethar avait eu le malheur de choisir une place dans le port à côté d’un autre navire, sur lequel semblait être un vieil homme. L’Espérancieux ne les connaissaient ni de Néant, ni des Déesses, et pourtant son bâteau força un contact social, semblant invectiver l’autre navire qui gâchait son existence :
“Eh ! Ta coque elle est tellement sale que je suis sûr que tu navigues dans une mer croupie, vieux rafiot !”
Belethar écarquilla les yeux, réalisant en quelques secondes ce que sa frégate venait de dire, avant de murmurer, pour lui même et son navire :
“Toi, repose toi de ce long voyage et ne m’importune plus s’il te plaît. Je ne suis pas venu ici pour invectiver tous les honnêtes marins de la région.”
Il sentit les planches de sa frégate s’agiter, presque comme si le bâteau riait de sa propre plaisanterie, mais Belethar n’eut pas le loisir de s’y attarder.
Il descendit rapidement du navire, avant de venir près du navire où le vieil homme était, et de lui faire une petite révérence, avant de le héler du ponton :
“Messire, veuillez excuser ma frégate … Un plaisantin semble avoir joué un tour de magie à mon navire … Je suis Belethar Espérancieux, enchanté. Laissez moi au moins vous offrir quelque chose à boire ou à manger pour réparer ses torts.”
Il le pensait sincèrement, et quitte à être dans la panade, il voulait profiter de l’occasion pour parler avec les habitants de l’île : peut être pourrait-il en tirer quelque chose …