1er Décembre 1763
Un cœur qui bat. Lourdement, bruyamment. En émettant une douleur à chaque pulsations. Cette douleur, c'est celle que je ressens depuis le début de la matinée. Depuis que je sais... Que c'est ce soir, où jamais.
Plus tôt
Je ronronnais tendrement tandis que Nyana me passais une patte entre mes deux oreilles. Elle avait pris cette habitude de me réveiller tout le temps de cette façon, et même lorsque mon esprit n'était déjà plus dans les bras du sommeil, j'attendais le moment où elle s'approcherait de ma couchette pour être près de moi. C'était un petit bonheur entre nous deux qui réchauffaient nos deux coeurs angoissaient. Plusieurs jours étaient passés depuis notre rencontre avec Dame Falkire. Le retour dans la maison de nos maîtres n'avaient pas été une mince à faire mais le lendemain matin, c'était comme s'il ne s'était rien passé pour tout le monde. Sauf pour nous. Je n'avais pas fermé l'oeil de la nuit. Nyana m'avait rassuré, elle était là pour tout prendre en main. Pour organiser la situation et pour calmer mon angoisse. Comme je m'en étais douté, Nyana avait déjà réfléchis plus d'une fois à comment sortir d'ici. De cette ville maudite. Nous en avions donc plusieurs fois parlé depuis. À l'évidence, nous rêvions toutes les deux de quitter cette endroit au plus vite, mais l'hiver venant m'effrayait un peu plus. Tout les présents de Dame Falkire était bien cachés dans un trou du mur en pierre de notre chambre. Nous avions pris l'habitude d'interdire l'accès aux autres Graärhs même pour une simple broutille. Ce matin là, je revoyais la chevelure enflammé de cette femme et son doux regard portant mille secrets.
Une fois habillés comme d'habitude, je descendais dans les cuisines. Nyana été déjà partit au travail tandis que je saluais les cuisinières déjà en pleines préparatifs.
- Reynagane sors d'ici si tu n'as rien à faire cracha Maya déjà à bout de nerf alors que les ruelles étaient encore plongées dans le noir.
Je redressais mes oreilles et baissais la tête un instant en signe d'excuse.
- Déjà que je dois préparé mille plats pour ce soir, je n'ai pas besoin d'une femelle qui vienne se rajouter à ses incompétentes là ! continuaient-elle de rouspéter en montrant les autres cuisinières.
- Qui vient dîner ce soir ?
J'avais parlé ce matin là d'une voix tendue, à peine inaudible, comme si je sentais déjà que quelques choses de grave allait se produire.
- Rhaaa, répondit Maya, deux grandes familles viennent de loin pour discuter commerce avec Monsieur Iyutred, dégage.
Sans trop savoir pourquoi, les paroles de Maya m'avaient angoissée un peu plus.
Montant plus haut dans la grande demeure, je rejoignis une autres esclaves de la maison et tout ce passa comme d'habitude. Laver, dépoussiérer. Apercevoir la petite fille de la famille me sourire gentiment. Rien de plus normal. Mais peut-être que je n'aurai pas du rester si longtemps dans le salon...
- Tu as finis ?
La panique me submergea et tout mes poils se hérissèrent d'un trait alors que je tournais mon regard apeuré vers l'autre Graärh qui me toisait de toute sa hauteur. L'une des boucles. L'une des boucles d'oreilles que m'avait si gentiment offert Ilhan Avente. Je n'en avait plus qu'une accroché à l'arrière de ma capuche. L'autre ? Je n'avais pas pu la perdre, impossible. Pourquoi il n'y en avait plus qu'une ?
J'avais pris l'habitude de passer mes griffes dessus à chaque fois que je ne me sentais pas très bien. A défaut de pouvoir les porter, elles étaient là depuis ce fameux jours. Et aujourd'hui, il n'y en avait plus qu'une.
- Vas-y, j'arrive !
Ignorant le soupir de la femelle brune, je posais mon panier remplis de chiffons et je commençais ma recherche paniquée. Jusqu'à être envahis par le soulagement en l'apercevant sous une petite table portant un bouquet frais. Les membres tremblants, je m'étais empressée de la raccroché plus fermement à côté de la première.
Jusqu'au moment où j'entendis des voix de l'autre côté de la porte menant vers la bibliothèque. Je ne sais pas pourquoi, à ce moment là, mon corps tout entier ne s'est pas bougé. Je restais là, par terre, le sang battant à mes tempes.
- J'ai fait un marché avec lui. C'est comme ça et on y peu rien ma chère.
- Harrys !
Une de mes pattes se porta inconsciemment devant ma gueule en entendant la voix de monsieur et madame se disputer de l'autre côté.
- Il nous faut plus d'argent pour le payer.
- Je comprend mieux pourquoi tout ces gens viennent ce soir ! Tu m'avais promis que c'était terminé.
Mon coeur s'accéléra. Entendre Madame pleurer était étrange, non pas que je ne sois proche d'elle, mais... simplement entendre la détresse d'un individu me déplaisais.
- Et je peux savoir les véritables raisons ? Combien veux-tu en vendre ? Cette maison va tomber en ruine !
- J'ai convenus des bons prix, de quoi tenir mon marché.
- Harrys...
- Trois cuisinières, car les Arson en ont besoins. Six en tout.
Deux jardiniers et j'ai rajouté celle qui chante bien, c'est celle que je vend au meilleure prix pour mon amie. Il sera heureux de la prendre.
C'était comme si quelque chose s'était brisé à ce moment précis. Quelque chose au fond de moi venait de s'écrouler. Ma vue se brouilla un instant et des remontés acides suivirent. Je plaçais mes deux pattes sur ma gueule avant de me relever fébrilement et de quitter la pièce en courant. Non, je ne voulais pas entendre ces paroles abjectes. Acheter, vendre des Graärhs comme si ce n'était que de simple morceaux de viandes. " j'ai rajouté celle qui chante bien, c'est celle que je vend au meilleure prix pour mon amie. Il sera heureux de la prendre.
" On allait me vendre de nouveau. D'ici ce soir j'allais quitter cet endroit, quitter Nyana et tout espoir, nouvel horizon tout s'écroulerai.
Tremblante, je m'étais empressée de quitter la maison pour me fondre derrière un mur du jardin. Attendre que tout ce calme autour de moi. Que je puisse réfléchir de nouveau.
NYANA
Je relevais la tête les yeux embuées. Mais le regard plus que déterminée. Ce soir, où jamais, il n'y avait plus à attendre quoique se soit.
D'un coup, je me remis debout. Je devais trouver Nyana. Ma soeur.
J'ignora une grognement d'un jardinier et mon coeur explosa encore une fois qu'en son pelage sombre se dessina plus loin.
- Nyana !
Les esclaves autour se retournèrent vers moi. Jamais nous ne parlions si fort, nous ne parlions tout court. Mais qu'est-ce que j'en avais à faire ?
D'un bon j'étais devant elle, des larmes coulants sur mes joues. J'essayais pourtant de contenir tout en moi. L'agrippant par le bras, je l'emmenais dans notre chambre et peu importait le travail. Il aurait du retard aujourd'hui. Je m'écroula alors dans ses bras. Acte très anodins pour nous les Graärhs, mais qui étais-je ? Reynagane. Et je lui déballa tout ce que je venais d'apprendre.