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Kaalys a écrit:
7 septembre de l'an 7
Domaine Baptistral, à l'aube


Le ciel s’éclaircissait à l'est, passant d'un noir profond à un bleu plus clair se tintant doucement de rouge et d'oranger. Peu à peu, l'astre diurne apparu au dessus de l'horizon, petit morceau par petit morceau, et vint réchauffer la nature endormie de ses doux rayons. Mais plus que la nature elle même, les rayons du soleil vinrent chatouiller un être qui se trouvait là, somnolant. A demi caché sous ses ailes, le Nacré attendait ce moment chaque matin, s'émerveillant devant la beauté du ciel et appréciant grandement la sensation du soleil sur ses écailles. Une paupière cuirassée se souleva alors, dévoilant un œil doré. Cet œil étudia les arbres et le ciel quelques instants, puis la seconde paupière se souleva, suivit par la tête du saurien.

Allongé dans l'herbe humide du matin,  Kaalys dardait un regard curieux sur les alentours. A cette heure, le domaine était encore très calme, mais bientôt quelques Enwr matinaux allaient pointer le bout de leur nez. Le jeune dragon, lui, les observerait s’affairer avec curiosité. Ensuite, il irait rejoindre son Lié, soit pour le réveiller, soit pour l'accompagner durant son petit déjeuner.

Mais ce programme fut soudainement bousculé par le battement caractéristique des ailes d'un dragon, celui la même qu'il provoquait lui même lorsqu'il s'élançait a dessus des arbres. Toutefois, ce battement semblait bien plus puissant que le sien... Qui était ce dragon qui venait voir les Baptistrels ?  Curieux, Kaalys se releva, s'ébrouant, avant de déployer ses ailes et de s'élancer pour gagner un peu de hauteur.

C'est là qu'il le vit, le dragon rouge.

Maintenant que l'or s'était posé sur le vermeille, Kaalys ressentit la présence de Verith. Ce dragon inspirait la peur et la méfiance au jeune nacré, qui retrouva bien vite la terre ferme pour tenter de passer inaperçu. Il était courageux, oui, mais affronter le terrible dragon de l'ire de si bon matin n'était pas la meilleur idée qui soit... Bien qu'au sein du domaine, Kaalys se demandait s'il pouvait faire preuve de violence... La magie Baptistral fonctionnait t-elle sur un dragon? Voilà une question que Kaalys se promit de poser à son Lié dès qu'il le verrait.

Car, pour l'heure, la curiosité et le courage du nacré le poussèrent finalement à s'approcher doucement. Toutefois, éclat blanc parmi les arbres, il ne passait pas inaperçu … Surtout avec les rayons du soleil qui se reflétaient à intervalle régulier sur ses écailles immaculées. Toutefois, cela n'empêcha pas le jeune dragon coller son ventre contre l'herbe et de ramper du mieux qu'il pu, se rendant ainsi absolument ridicule... Mais cela, personne n'osa lui dire !

Finalement, la saurien s'arrêta. De là où il se trouvait, il vit le dragon rouge ouvrir son énorme patte et laisser descendre de celle-ci... un éclat d’obsidienne. Les deux petites cornes qui se trouvaient au dessus des yeux de Kaalys bougèrent très légèrement lorsqu'il sembla froncer des sourcils – ou l'équivalent draconique – et il s'approcha à pas de loup...  

Verith s'en alla après quelques instants, laissant dès lors l'occasion au Nacré d'observer de plus près ce qu'il était venu déposer... Et ce qu'il vit le laissa abasourdi. Une patte en l'air, Kaalys observait ce petit éclat sombre tandis que son esprit, doucement, l'effleurait. Douce caresse, le doute et l'espoir vinrent s’insinuer dans l'esprit du saurien, qui secoua la tête avant de s'approcher un peu plus. La tête basse, il observait ce petit être tout en continuant sa caresse spirituelle...

Ses yeux lui mentaient-ils ? Car devant lui se trouvait Aïasil. Plus petite, comme si elle n'avait que quelques semaines, il la reconnaissait pourtant... Son esprit, lui, semblait également semblable et différent à la foi … C'est donc avec douceur que Kaalys souffla quelques mots dans l'esprit de … celle qu'il espérait être sa sœur.

- A-Aïasil … ?


Aïasil a écrit:
Lorsqu' Aïasil se réveilla, elle se trouvait à nouveau dans cette caverne sombre, dont les murs recouverts d'immenses écailles se contractaient afin que ni griffe ni tout autre potentiel danger extérieur ne puisse pénétrer au sein de cette bulle protectrice que le rouge formait pour elle. Sans doutes que la petite dragonne devrait remercier Verith d'être si attentif à sa sécurité, mais en réalité elle lui en voulait, car un tel isolement l'empêchait de contempler la beauté du paysage nocturne, qu'elle attendait patiemment chaque jours de son existence de pouvoir admirer, et s'y identifier. De plus le rouge ne voulait pas non plus la laisser - même un court instant ! - profiter de la sensation de vol en la laissant s'accrocher aux pointes de ses cornes plutôt que dans ses serres. Isolée, elle ne pouvait même pas rechercher de la compagnie auprès de lui : Pas question de causer avec cet abrutit !

Elle n'était pas sûre de sa relation avec le rouge, mais elle savait qu'elle ne pouvait l'aimer, lui qui avait combattus et vaincus ses parents, les avait ridiculisé et s'en vantait presque devant leur fille, lui qui méprisait déjà Mëryl sans connaître la douce - trop douce - personne qu'elle était pour la "faiblesse" qu'elle représentait pour elle. Il était trop abrutit pour comprendre que sans elle, l'éclat d'obsidienne n'aurait jamais refait surface des profondeurs du lac, et Aïasil ne parlait pas avec les abrutits. Alors, têtue et entêtée, elle avait passé la dernière partie de son voyage en compagnie du dragon dans une solitude totale, en silence, gardant précieusement les paroles de la dragonne verte et ses souvenirs pour ne pas céder aux larmes.

Sa mère, la dragonne des neiges, l'étoile polaire, était morte, et jamais Obsidienne ne volerait sous sa lumière, jamais elle ne lui apprendra à être forte comme elle. Mais Aïasil le savait, elle n'aurait pas besoin de lui apprendre, elle le deviendrait d'elle même et cela, quoi que puisse dire le rouge, grâce à sa liée.

Entre les griffes du titan, elle ne pu apercevoir l'astre lunaire se coucher et laisser place à l'étoile aveuglante, toutefois, le dragon rouge lui annonçant qu'ils étaient enfin arrivés à destination, il entrouvrit ses énormes serres, lui assurant une prise stable, elle put admirer les grottes si particulières de ce que l'on appelait "le domaine baptistral". Les bâtiments fusionnants avec la montagne, la recouvrant de sculptures et de tours d'observations. Aïasil était peu admirative de ce que le bipède était capable de construire, mais elle reconnaissait que de cet endroit émanait une certaine beauté. Plus exactement, la vue de ces bâtiments faisait remonter en elle un sentiment de nostalgie, et elle se sentait joyeuse de les revoir, comme si elle revenait d'un long voyage, rentrer chez elle...

Et finalement, c'était presque le cas, elle était née ici, dans les bras de la première lune, et après un voyage trop court à ses cotés, elle revenait ici... sans elle... peut-être était-ce pour ça qu'elle arrivait au levé du jour ? Et pas à la tombée de la nuit, la vue de l'astre lunaire lui ferait forcément mal en ce lieu sans Enetari. Et Mëryl lui manquait.

Verith finit par se poser dans une petite clairière à l'entrée du domaine. Ouvrant finalement complètement les serres qui entouraient la dragonne, de façon a ce qu'elle puisse utiliser ses griffes comme d'un escalier, ou d'un toboggan pour atteindre le sol, elle était si petite, et lui si grand.. S'en était vraiment déconcertant. Après de rapides "adieux", Aïasil, les griffes enfin plantées dans l'herbe, déployant et étirant ses ailes noires qu'elle avait douloureusement du plaquer contre elle durant chacun de leurs voyages, elle observa le gros dragon repartir dans la direction du désert...

Depuis certains bâtiments aériens, Aïasil espérait sentir des yeux se poser sur elle, voir depuis balcons ou fenêtres des baptistrels accourir vers elle, cherchant le contact visuel avec eux, toute fière de l'impression que cette arrivée plutôt indiscrète pouvait laisser, sans compter le fait qu'écaille nocturne était censée être morte. Cependant, à sa plus grande surprise, elle fut interrompue par un contact qui n'avait pour l'instant rien de visuel, elle sentit un esprit se mélanger doucement au sien, un esprit doux et chaleureux, fort, intrigué et curieux. Un esprit draconique.

Son cœur se mit à battre plus fort alors qu'elle tourna instinctivement la tête vers le corps à qui appartenait cet esprit, pour voir entre deux buissons, dans les hautes herbes, un éclat blanc briller, deux yeux jaunes la fixer.

Elle connaissait mal ce dragon-là, mais elle le connaissait.

"Frère ?"

Ce n'était pas d'apparence qu'elle reconnut son frère, elle distinguait bien ses yeux et la couleur de ses écailles, qui était aussi discrète qu'elle galopant dans les sables blancs du désert d'Esflelia en compagnie de sa petite lune, mais c'était surtout par cet esprit, joueur, curieux, pourtant calme et sage, presque son opposé, le nom de ce dragon raisonnait en Aïasil comme cet esprit, qu'elle avait pu sentir s'insinuer auprès d'elle dans son œuf lorsqu'elle n'avait pas encore éclot pour sa première fois. Était-ce comme cela qu'il l'avait reconnus, lui aussi ? En mémoire de cette proximité, de ce rapport qu'ils avaient eu ? Ce nom ressurgissait du passé, pas sûr, pas certain, peut-être déformé, mais elle accepta de mêler son esprit au sien pour faire part de son hypothèse.

"Kaa.. Kaal.. Kaalys, frère !"

Si l'esprit de Kaalys était doux et timide, comme s'il doutait de l'identité de la dragonne noire, celui d'Aïasil se faisait joyeux voir enfantin, tant elle était heureuse de voir un membre de sa famille après les révélations des étoiles contraires sur ses parents, et l'absence de sa liée qui se faisait ressentir au sein de son petit cœur.

Elle s'approcha en galopant vers le dragon, toujours caché par les hautes herbes, mais s'arrêta nette. Les souvenirs d'antan lui revenant, elle se souvenait ne pas avoir apprécié sa première rencontre avec son frère, qui correspondait avec celle du lézard cuivré. S'en souvenait-il lui  ? Pourquoi semblait-il si distant ? Aïasil n'imaginait simplement pas qu'il ai eu vent de sa mort, ignorait même combien de temps elle avait dormit au fond du lac. Mais si vieille querelle il y avait eu, elle ne se sentait pas capable de haïr son frère, tant elle avait besoin de soutient pour digérer la mort de Silarae et l'absence de Mëryl, et finalement la tombée de la lune dont elle ne se remettrait jamais, qui lui avait valut cette nouvelle condition de dragonette à peine née.

"Frère, je suis une amie, je suis une sœur, je suis Aïasil."

Elle reprit la course en trottant jusqu'à Kaalys, qui ne bougeait pas, s'assit devant lui, devant les hautes herbes, cherchant son œil doré à travers le feuillage, elle dut fouiller quelques instants dans la végétation avant de le trouver fixant le sien, l'argent de la lune rencontrant l'or du soleil, et les deux astres fusionnèrent lors de cet intense contact, un flots d'émotions se déversant de chaque éclats de regard vers l'autre, tellement puissant que ni mots, ni communication spirituelle n'étaient nécessaire. Aïasil, émue, employa le langage corporel, à travers les buissons, elle tendit le museau vers celui de Kaalys, un mouvement lent et doux, antagoniste à l'esprit de feu et de fer de la dragonne, non accompagné de mots ou pensées, pourtant :

"Paix."

Semblait-il dire.


Kaalys a écrit:
Caché entre deux buissons, le jeune dragon observait cette incroyable apparition. Sont esprit lui jouait-il des tours ? Le dragon rouge lui avait-il jeter un quelconque sort ? Kaalys avait beaucoup de mal à croire ce que ses yeux lui disaient, mais son esprit ne lui mentait pas. Doucement, ses pensées s'étaient liées à celle de la petite dragonne et... elle avait répondu. Un simple mot accompagnées d'une multitudes de pensées, d'émotions et de sensations. En retour, le dragon nacré lui renvoya les quelques souvenirs qu'il avait d'elle : sa présence alors qu'il était encore dans l'oeuf, leur première rencontre … Toutefois, il lui épargna les souvenirs douloureux de l'annonciation de sa mort et, forcément, de la vision de l’obsidienne ayant retrouvé son œuf. Il lui épargna également le désespoir de ne plus jamais la côtoyer, de la voir demeurer prisonnière de son écrin pour l’éternité.

Le ventre contre l'herbe et les ailes plaquées contre le corps, Kaalys continua donc à observer cette sœur qui était bien en vie. L'esprit curieux du mâle avait fini par s'enrouler avec douceur autour de celui d'Aïasil, l'étouffant presque d'un amour sans limite. Si leur première rencontre c'était mal placée, le Nacré avait balayé tout cela. Sa famille était la chose la plus précieuse qu'il avait, avec son Lié.

- Soeur. Répondit-il, caressant l'esprit de la petite étoile.

L'esprit de la femelle était joyeux, aussi Kaalys se laissa finalement aller à de tels sentiments à son tour. La timidité s'envola pour être remplacée par une explosion de joie qui frappa aussi bien Aïasil que son Lié.

- Aïasil !

Sur ses puissantes pattes, le saurien se redressa. Bien plus grand que sa jeune sœur, il baissa la tête pour être à sa hauteur alors qu'elle galopait vers lui. Il la trouvait bien mignonne, un peu gauche comme il se souvenait l'avoir était. Ses grandes ailes ne pouvaient pas encore la porter et elle semblait avoir un peu de mal à savoir où les mettre.

- Aïasil !
Fit-il une seconde fois tandis qu'elle le dénichait – sans le moindre problème – dans la végétation.

Petit éclat sombre à côté d'un gros éclat lumineux, frère et sœur se regardaient avec une rare intensité. Les yeux dans les yeux, plus que leurs esprits, leurs âmes semblaient lier en cette instant. Kaalys répondit finalement au geste initié par sa sœur. Doucement, les écailles nacrées rencontrèrent les écailles d’obsidienne. Le contact entre leurs museaux se fit tout en douceur sans que le contact visuel soit rompu.

- Je pensais t'avoir perdu. Ils m'ont dit... q-que... Tu étais partie. Termina le dragon avec émotion, gardant son museau contre celui de sa sœur et s'appuyant même un peu plus contre elle, comme pour lui transmettre son amour pour elle. J'étais si malheureux, mais maintenant tu es là.

Aïasil pu sentir l'esprit de Kaalys devenir soudainement facétieux, juste avant qu'une langue baveuse vienne lécher le visage de la dragonne sur plusieurs centimètres. Le Nacré bondit ensuite hors des fourrés, passant agilement au dessus de sa petite sœur. Il avait envie de lui demander, d'en savoir plus sur se qui s'était passé... Mais il n'osait pas. Il ne voulait pas brusquer ce petit être qu'il voulait protéger.

Cette pensée lui rappela, l'espace d'un instant, que sa mère n'était plus. Toutefois, son père était encore en vie et cela permettait au jeune dragon de ne pas se sentir trop malheureux. Le Nacré s'approcha de la jeune dragonne et, doucement, passant une aile autour d'elle, comme pour la protéger tandis qu'il la couvait d'un regard protecteur. Il veillerait sur elle, il lui en faisait la promesse.


Aïasil a écrit:
Elle ne savait pas exactement ce qu’elle devait attendre d’une relation entre frère et sœur, comment ils devaient se parler, comment ils devaient vivre, s’ils devaient se voir souvent, ou non, si même ils devaient s’aimer.

Mais c’était une certitude pour cette Aïasil là, rescapée d’une innommable boucherie, atteinte de la plus douloureuse de toutes les blessures, par deux fois vaincue, délaissée par sa liée, avec un petit cœur battant la chamade, chaques coups envoyant une onde de choc douloureuse dans son esprit, chaques battement accélérant l’arrivée du suivant, comment ne pas suffoquer, comment ne pas périr, se noyer ? Oh, Aïasil aurait aimé, finalement, retourner vivre sous le lac, à l’abris de toutes ces infamies, à l’abris de la douleur, plongée dans ses rêves, à attendre que Enetari revienne… Mais elle ne le pouvait pas, car elle ne savait pas comment faire, ni comment elle avait fait pour repasser par cet état primaire, et surtout, elle savait qu’elle ne devait pas être faible, elle était une dragonne, elle ne pouvait pas être faible. Elle avait eu peur du jugement de son frère, mais finalement elle n’avait pas pu tout lui cacher, elle n’avait même absolument rien réussit à lui cacher… Mais ce n’était pas plus mal, car elle avait ainsi découvert pourquoi elle avait un frère.

Elle s’accrocha autant qu’elle pu a cet esprit à la fois connus et inconnus, elle ne reconnaissait pas sa forme, pas sa puissance, mais son âme et sa façon d’être, alors elle le saisit de toute ses forces , car elle l’aimait comme le dernier être au monde qui lui restait, si seulement Mëryl était présente…
Elle sentit sa tête se poser sur son dos, de façon à l’envelopper complètement dans son corps majestueux, et son esprit aussi, l’enveloppant, la protégeant,  comme si elle était sa fille, ce qui était ridicule, mais n’ayant pas connus son père, le sentiment de protection qu’il lui apportait était similaire.
Lorsqu’elle lui fit part de la louve, des images fortes violentes, monstrueuses, celle d’une petite lune la gorge déchirée, tendant la main vers elle alors que la bête monstrueuse l’achevait comme s’il s’agissait d’un vulgaire morceau de viande, la pureté vaincue, abattue par cet être abominable, Aïasil sentit son frère céder, elle ne lui montra donc pas le reste, il ne devait pas voir ça, s’il avait un lié, mais au fond de toute cette douleur, peut-être avait-il pu lire une flammèche s’allumer, qui ferait fondre l’obsidienne de l’intérieur, une émotion qui avait la faiblesse d’une étincelle, mais pourtant susceptible de dévorer tout le reste. Au fond du cœur d’Aïasil, le brasier de la vengeance avait été allumé.

Ils restèrent là, plusieurs minutes, sans bouger, ni l’une, ni l’autre, formant ainsi l’image attendrissante d’un frère protecteur envers sa sœur, peut-être furent-ils vus, mais dans tout les cas, personne n’osa les déranger. Au bout de quelques temps encore supplémentaire, Aïasil répondit à son frère, usant de l’une de ses manières si particulière, de changer brutalement de sujet, sans passer réellement a autre chose.

« tu manies bien la langue, ce que tu as dis étais jolis. »

Plus que beau, ignorant la raison magique de sa renaissance, Aïasil décida de croire aux dires de Kaalys. Et elle se rendait compte que, à cela, plus le sentiment de protection que lui apportait la présence presque étouffante de son frère autour et en elle, elle devait l’apparition d’un sentiment de plénitude, chassant petit à petit la douleur. La tempête était passée, Kaalys n’avait pas chaviré, il était toujours présent, pour elle.

« Merci, Kaalys. »

Un destin brisé peut-être reforgé, oui, elle y croyait, elle y croyait même depuis longtemps, depuis qu’elle avait posé les yeux sur Mëryl en se rendant compte qu’il ne s’agissait pas d’Enetari, oui, c’était évident, elle pouvait le faire, elles pouvaient être heureuses, il suffisait d’y croire. Elle remua son dos de façon à faire comprendre à Kaalys qu’elle désirait se redresser, ce qu’elle fit sans peine, se tournant vers lui, mais ne le regardant dans les yeux que  du coin de l’œil.

« Tu es grands. »
Fit-elle.
De tout ce qu’elle avait pus dire à propos de lui, demander comment allait son lié, qui il était, lui demander comment il vivait, ce qu’il mangeait, ce qu’il faisait la journée, ce qu’était cet endroit, ce qu’on y faisait, ce qu’il comptait faire, ou même, purement et simplement, comment il allait, seul un seul sujet semblait l’intéresser. En voyant les grandes ailes de Kaalys, qu’elle fixa momentanément pendant quelques secondes, elle sentit que les siennes lui démangeaient.



Kaalys a écrit:
Kaalys avait tenté d’être le grand frère qu’il voulait être en prononçant ces quelques paroles rassurantes, puis ils restèrent tout deux là, immobiles, l’un protégeant l’autre de son corps. Mélange de blanc et de noir, les deux jeunes dragons formaient une image magnifique et attendrissante.  S’ils furent découverts, les bipèdes restèrent à bonne distance afin de leur laisser leur intimité, ayant parfaitement comprit qu’interrompre le frère et la sœur serait une très mauvaise idée. Les paupières closes, Kaalys respirait profondément lorsque Aïasil s’exprima de nouveau, changeant brutalement de sujet.

Le jeune Nacré fut quelque peu déconfit et les petites cornes qui se trouvaient au dessus de ses yeux se haussèrent légèrement, comme pouvaient le faire les bipèdes lorsqu’ils étaient surprit. Quelques instants plus tard, l’Obsidienne put clairement sentir l’amusement de son ainé, qui riait intérieurement. Avec tendresse, il vint ensuite lécher le sommet de son crane, prenant plaisir à lui mettre plus de bave que nécessaire, avant de reposer sa tête sur elle. Il l’empêchait un peu de bouger et donc de se défendre contre cette attaque humide, en parfait grand frère taquin.

- De rien, petite sœur.

Cela avait été facile, car Kaalys croyait fermement en ce qu’il avait dit. Il n’avait pas vraiment eu à chercher ses mots. Sous lui, Aïasil remua son dos afin de lui faire comprendre qu’elle voulait se redresser. Pendant un instant, le Nacré songea à ne pas bouger, mais il libéra finalement sa jeune sœur en redressa son cou, la tête toujours baissée de façon à la regarder. La façon qu’elle avait de le toiser l’amusa et, approchant son museau du sien, il lui répondit.

- Oui. Le dragon se redressa sur ses pattes et s’ébroua afin de chasser l’engourdissement. Il se pencha ensuite sur ses antérieurs. Voudrais-tu voler avec moi ?

Le Blanc se baissa davantage, s’allongeant presque dans l’herbe, et déploya son aile droite. Là, sur son dos, il y avait une place qui n’attendait qu’Aïasil, un endroit où elle pourrait se glisser, se loger et s’agripper afin de partager un vol avec son frère, qui serait ses ailes aujourd’hui.


Aïasil a écrit:
C'était un sentiment particulier qui envahissait la dragonne en cet intime instant qu'elle partageait avec son grand frère. Particulier, car elle n'avait jamais senti cet amour auparavant, cet amour que son frère lui portait, qu'elle recevait avec joie et aimait rendre, lui faisant de petites morsures taquines pour chaque léchouilles un peu trop grasses données, montrant ainsi que lorsqu'il s'agissait de jouer elle avait toujours du répondant. Elle n'avait pas connu sa mère, elle avait certes senti sa présence, oublié son désespoir pour se souvenir de son amour, mais à défaut de s'être ancré en elle pour toujours ou presque, il avait été... éphémère, court, étriqué, non profitable, à personne. Elle n’eut toujours que l'admiration des bipèdes, et l'amour de sa liée et cela lui avait toujours suffit, elle n'avait jamais cherché à plus que cela, car pour elle cela signifiait être faible, elle avait déjà eu tout ce qu'il lui fallait.

Mais était-ce vraiment être faible que d'apprécier la compagnie de son aîné ? D'apprécier son aide, sa compassion, de se confier à lui et de se mettre à nu, sans écailles, ne protégeant son coeur que d'un sombre voile encore plein de mystère. C'était certes une part de faiblesse, mais sans sa liée, elle avait de toute façon été faible et, s'il y a quelque chose qu'elle sembla comprendre en cet instant c'est que la faiblesse c'est à ses ennemis qu'elle devait le cacher, pas nécessairement ses alliés, ni sa famille.

Ainsi donc pour la première fois de ses vies, Aïasil appréciait passer du temps en famille. Plus qu'un ami, elle était avec son frère et il lui proposait là le plus beau cadeau qu'on puisse faire à la petite dragonne qui enviait tant les adultes pour leurs grandes ailes.

"Mais je ne peux pas encore voler..."


Avait-elle commencer à répondre, ne comprenant pas encore tout à fait ce qu'on lui proposait, avant de soudainement réaliser, en voyant son frère s'abaisser et se coucher, l'invitant du museau à se placer entre ses omoplates. Un vol, un vrai, différent de ceux partagés avec Verith, ou elle ne voyait pas au delà des écailles rouges, ou elle était enfermée, sans vent, sans paysage pour lui faire vivre sa liberté qu'elle avait justement perdus. Cette proposition que lui faisait Kaalys, lui donnait le sentiment de la retrouver, alors elle la saisit à pleines griffes.

"Oh oui ! Oui ! Oui !"

Fit-elle, les yeux argentés brillants d'excitation, commençant déjà à escalader le corps de Kaalys pour s'allonger sur son dos, droite et fière. Son cœur battant à toute vitesse, léchant les écailles de son aîné pour le stimuler et le faire décoller le plus vite possible. Le désespoir et le malheur, le moral fragile de la dragonne, n'étaient détectable que dans une sombre trace au fond de ses pensées, et sa voix se faisait maintenant joyeuse et particulièrement niaise et enfantine.

"Volons !"


Kaalys a écrit:
Le Nacré avait cet air mi-taquin, mi-mystérieux tandis qu’il dardait son regard doré sur sa jeune sœur. Au premier abord, sa proposition pouvait paraitre mal venue et d’une maladresse sans nom, mais son regard brillant était la preuve qu’il n’y avait là aucune vilenie. Sa patte droite pliée et son aile déployée, Kaalys attendait désormais qu’Aïasil grimpe sur son dos. Comme Verith, il aurait pu la prendre entre ses pattes et la tenir contre son poitrail, mais le Nacré jugeait que son dos était un bien meilleur poste d’observation ! Là, elle pourrait observer le monde à sa guise et ressentir le vent sur ses écailles. Elle pourrait se sentir libre, du moins Kaalys l’espérait sincèrement.

La réaction d’Aïasil fit naître une intense joie dans le cœur du jeune dragon, qui enveloppa l’obsidienne dans un écrin de douceur. Son excitation fut communicative et, bientôt, Kaalys eut également grand hâte de s’envoler avec elle. Quelque part, en bon grand frère qu’il était, il était fier de lui faire découvrir tout cela.

Il attendit qu’elle soit sur son dos pour se redresser doucement. Il ne pouvait plus la voir, mais il sentait sa fierté d’être ainsi juchée entre ses ailes, sentiment qui vint une nouvelle fois emplir le poitrail du dragon d’une immense joie. Kaalys fit doucement quelques pas, tempérant l’impatience de sa sœur d’une pensée, pour s’assurer qu’elle était bien placée sur son dos. Sa petite taille ne le gênait en rien, de même que son poids plume, ce qui le rassura grandement. Dans un coin de son esprit, le Nacré se disait que son premier vol à deux ne serait pas avec son Lié, mais avec sa sœur… Une pensée qui, a bien y réfléchir, ne le dérangeait pas. Au contraire, il était heureux de faire cela avec elle !

« Prête ? Accroche-toi ! »

La voix du Nacré était aussi enfantine et pleine de joie que celle d’Aïasil. Soudainement, il se mit à courir, ses griffes accrochant l’herbe et soulevant quelques meutes de terre. Le vent glissait sur eux tandis qu’il filait vite, les bipèdes observant ce drôle de manège d’un air étonné. Kaalys se dirigeait droit vers la falaise et, lorsqu’il fut au bord de celle-ci, s’élança de toutes ses forces, ses puissantes pattes le propulsant en avant.

« Tiens-toi bien ! »

Le Nacré laissa son corps basculer en avant et il plongea dans le vide, le vent sifflant à ses oreilles et caressant ses écailles. Un immense sentiment de plénitude l’envahit alors que la forêt se rapprochait à pleine vitesse sous ses yeux… puis il ouvrit ses ailes. Le duo reprit aussitôt de l’altitude et, en plusieurs battements puissants, Kaalys offrit une magnifique vue sur le domaine à sa sœur, tournoyant haut au-dessus des bâtiments taillés dans la roche. Tout en bas, quelques bipèdes levaient les yeux vers ces deux Dragons, les yeux ronds comme des soucoupes devant ce vol étonnant. Cela le fit doucement rire et il communiqua sa joie et sa fierté à Aïasil…

Mais Kaalys voulait en faire découvrir bien plus à sa sœur, aussi fit-il légèrement basculer son corps sur la droite pour bifurquer vers la Voie Royale. Afin d’économiser ses forces, il se laissait porter par les courants d’airs chauds, puis il planait sur une certaine distance avant d’en trouver un autre, offrant un agréable vol à sa passagère qui avait ainsi tout le temps d’observer le paysage. Derrière eux s’étendaient Armanda, devant eux les flèches d’Estëllin se distinguaient… et tout autour, les montagnes et les glaciers.

« Où veux-tu aller, petite sœur ? »




Aïasil a écrit:
L'obsidienne était donc installée, toute excitée et difficilement modérée par son grand frère qui se voulait avant tout sécuritaire, entre les ailes du blanc, sur son dos, elle semblait si petite, un cailloux sur les écailles du puissant dragon autonome en vol. Aïasil rêvait déjà de savoir voler, mais le rouge n'a jamais voulu lui en faire vraiment profiter, pourtant quelle beauté que de voler ! Quel acte majestueux ! Pur ! Magnifique ! Un art permettant de montrer aux bipèdes ô combien ils sont pitoyables et inférieurs, et qu'eux puissent admirer la beauté de son corps, les motifs de ses ailes. Pour elle, petite Aïasil maladroite de ses ailes, il n'y avait pas plus grand rêve que de pouvoir les utiliser a des fins aussi nobles. Pour l'obsidienne, voler était synonyme de divinité, de maturation, elle savait qu'elle était douée, d'instinct elle se voyait déjà battre tout les mâles de son âge à la course, Kaalys y comprit, mais ses ailes étaient malheureusement encore trop faibles pour la porter et elle savait qu'il lui faudrait encore attendre un long moment.
Pour voler, en tout cas, pas si long que ça, à peine quelques secondes, car son grand frère acceptait de lui offrir la chance d'en avoir au moins un avant goût.

"Oui je suis prête ! Vas-y ! Fonce !"


Sa voix se faisait folle d'excitation, toute heureuse de voir que Kaalys partageait sa joie, vivait ce moment avec elle, le vivait pleinement, ne faisait pas seulement semblant pour amuser sa sœur, non, il tenait à partager un moment intense avec elle, et dès lors, elle pouvait sentir une cohésion entre leurs esprits, une liaison qui les connectaient et leur permettait de vivre ensemble cette première pour la petite obsidienne, qu'était-ce, l'amour fraternel peut-être ?
Les puissantes pattes propulsèrent les deux corps de plus en plus vite, de plus en plus proche du bord de la falaise... du vide.

Le petit coeur battait tellement vite, tellement fort, qu'elle ne répondit pas à Kaalys et se contenta de zieuter le gouffre qui l'attendait, calculant précisément à quelle seconde elle allait décoller du sol...et ... top !

Aïasil ressentit exactement le moment ou aucune des pattes de Kaalys ne touchait plus le sol, et ouvrit grand les yeux pour voir qu'en un plongeons dans le vide le long de la roche et l'horizon devint terre.
Son cœur se serra, le vent sifflant si fort, son poids devenant égal à celui d'une simple plume, ses pattes se crispaient, s'accrochaient aux écailles de nacre. Elle pouvait le sentir, ses courbes, son corps, pourfendre l'air, son cou s'adapter aux courants, ses ailes s'écarter pour laisser le vent s’infiltrer et chatouiller la légère membrane qui les composent, une sensation si enivrante.. C'était addictif, une véritable drogue. Mais finalement Kaalys du redresser et Aïasil sentit de nouveau son poids s'écraser sur le dos de son frère, ce qui ne le gêna pas le moins du monde, pour lui offrir un paysage.. fantastique.

Une telle vitesse ! Une telle vue ! Un tel pouvoir ! Un déplacement instantané, une domination de tout les éléments, une domination sur le monde : il appartenait aux êtres de l'air, aux dragons et a leurs liés, pas aux autres. C'était si évident maintenant ! Cette force dont elle finirait par s'emparer, c'était celle-ci qui lui permettrait de dominer les montagnes et de les surmonter ? Déjà, était-ce physiquement possible ? Il lui demanda ou elle voulait aller, d'ici, elle voyait bien le domaine, et la voie royale, elle n'avait jamais pensé que tout était si..  petit vu d'ici. Mais ce n'est pas là qu'elle voulait aller non, ses yeux d'argent, pétillant de bonheur, émerveillés, se tournèrent vers les mastodontes rocheux, puis le ciel.

"Oui, plus haut ! Va plus haut ! Plus haut ! Les montagnes ! Le sommet du monde !"



Kaalys a écrit:
L’excitation était commune aux deux dragons. Kaalys était heureux de porter sa sœur et de lui faire découvrir les cieux. Il en était même très fier. Partager son premier vol en duo avec elle était merveilleux, songeait-il, tandis qu’il prenait de l’altitude à grands coups d’aile. Le soleil réchauffait les deux êtres de sa douce lumière, faisant briller les écailles nacrées du mâle, les veines de ses membranes apparaissant par effet de transparence. Sur son dos, il sentait les griffes de sa sœur s’agripper tant bien que mal à ses écailles. La surface était lisse et dépourvue de prises, ce qui pouvait rendre l’exercice dangereux… Mais Aïasil faisait preuve de sa force et de sa détermination en tenant bon, suivant les mouvements opérés par le corps de son frère avec le sien.

Haut dans le ciel, voletant entre les nuages de basse altitude, Kaalys ressentait tout l’émerveillement de l’Obsidienne Il comprenait aisément ce sentiment qui étreignait le cœur de la Dragonne, lui-même le ressentant jour après jour, vol après vol. Il ne se lassait pas d’observer le monde de si haut et de si loin, il aimait le dominer et aller où il voulait. « Nous sommes les maîtres du monde ! » s’amusa t-il à transmettre à sa sœur, effectuant quelques virages serrés au-dessus de la forêt avant de redresser et offrir une meilleure stabilité à Aïasil.

Puis soudain, elle savait où elle voulait aller. Kaalys tourna son regard doré vers les montagnes et les admira. Elles dominaient les deux Dragons, immenses et imposantes… Mais le Nacré était un téméraire et il n’avait pas peur de tenter l’ascension ! Il se sentait en pleine forme et Aïasil était si légère que la porter ne fatiguait pas le saurien. Kaalys n’était jamais allé là-haut, même avec Dawan, mais il savait qu’il était possible de grimper dans les montagnes, il avait vu des Elfes le faire. « D’accord ! Allons dominer le monde ! » Répondit-il en changeant de cap, s’inclinant légèrement sur la droite. Il commença ensuite à s’élever dans les airs, usant des courants chauds pour prendre de plus en plus d’altitude.

Les battements d’aile furent puissants et répétés jusqu’à ce que Kaalys soit suffisamment haut. De là, Estëllin ou le Domaine n’était plus que des petits points tandis que, derrière lui, il pouvait distinguer Fortuna et deviner la masse sombre de Gloria. Ils volaient réellement au-dessus du monde et, bientôt, ils se poseraient ensemble sur son plus haut pic… Et les vents violents de l’altitude ne gênaient pas le saurien dans son vol, l’attrape rêve qu’il portait sur l’une de ses cornes les immunisant aux intempéries, lui et Aïasil. Grâce à cet objet et sa magie, ils pouvaient réellement aller où bon leur semble ! « Nous y voilà ! »

Kaalys était tout excité ! Il n’était jamais allé si haut ! Le pic enneigé était immense maintenant qu’il était à côté. Il tourna donc autour, se penchant légèrement sur un côté et observa la zone, cherchant un endroit où il pourrait se poser tout en prenant garde à la neige et aux éventuelles avalanches. « Attention à l’atterrissage. » Fit-il juste avant que ses griffes entre en contact avec la neige fraiche. La sensation était très agréable et il y fit quelques pas, découvrant ce lieu où nuls n’étaient venus… Tout était blanc, immaculé… et à l’abri d’un promontoire rocheux, tout était silencieux.


AIasil a écrit:
Au sommet du monde ! Quel bel endroit ! La neige immaculée, le silence … C’était aussi apaisant qu’impressionnant et le regard doré du jeune dragon brillait d’émerveillement. La présence de sa jeune sœur venait également s’ajouter à cette simple équation et apportait une touche des plus agréable. Être entouré de sa famille de sang était une sensation décidément très agréable.

Et pour une fois, dans ce décor immaculé, ses écailles lui rendaient services. Il pouvait enfin prétendre être un minimum discret, bien que cela ne soit clairement pas son point fort. Kaalys était un dragon massif, comme son père, et non taillé pour être furtif… Aussi furtif un dragon pouvait-il être !
Ce fut donc avec une certaine tendresse dans le regard que Kaalys observa sa sœur faire ses premiers pas dans cette neige éternelle. Elle semblait apprécier cela malgré la température, rassurant ainsi le jeune dragon qui n’hésita guère longtemps avant de l’asperger de neige d’un bon coup de patte, avant de s’aplatir au sol pour tenter de faire corps avec ce tapis blanc, sa queue pourvue de larges piques dandinant derrière lui comme s’il avait été un chat. Parfois bien sérieux, le Nacré se laissait aller au jeu et se lança avec Aïasil dans une bataille de neige. S’il avait été bipède, son rire aurait sans doute raisonné au sommet de la montagne, mais à défaut d’avoir la parole, ce rire doux et contagieux raisonnait dans le lien mental formé entre les deux sauriens.

Le jeu prit rapidement fin et Kaalys suivit Aïasil à l’abri du vent, glissant dans cette neige. Elle lui proposa alors un nouveau jeu, légèrement impatiente, et le jeune Nacré opina derechef ! Il n’était pas un as de la discrétion, mais il allait s’y essayer tout de même, ne serait-ce que pour faire plaisir à sa petite sœur. Mais déjà, l’Obsidienne s’en été aller, laissant Kaalys seul. Ce dernier lui laissa, comme promis, un peu d’avance avant de quitter l’abri du vent aussi discrètement que possible.

Ah la petite fripouille, songea-t-il, tandis que son regard balayait les alentours. Il n’y avait pas l’ombre d’une cachette pour lui, si ce n’était la neige… Ça n’allait pas être facile, mais Kaalys était bien décidé à ne pas lui laisser la moindre chance, ne serait-ce que pour le plaisir de lui voler la victoire. Quoi ? N’avait-il pas droit, lui aussi, d’aimer gagner ?

Le ventre contre la neige et ses ailes plaquées contre lui, il se mit doucement en route. Il n’était plus en mesure de sentir son esprit, mais il pouvait encore sentir son odeur ! Si elle pensait s’en tirer ainsi, c’était faux ! Dès qu’il en avait l’opportunité, Kaalys se cachait pour observer discrètement les environs, cherchant l’éclat sombre de sa sœur sur ce tapis blanc …


Aïasil a écrit:
Et la petite chipie  se dandinait dans la neige, courant aussi loin qu’elle pouvait de son point de départ, elle n’allait pas se faire avoir ! Elle pensa rapidement à se cacher elle-même histoire de tourmenter un peu son frère, mais elle se rendit compte avec stupéfaction que ses traces demeuraient extrêmement visible dans la poudreuse ! Cela allait donc ressembler bien plus à une poursuite qu’un jeu de cache-cache.. Après tout pourquoi pas ? C’était une idée très excitante mais à la réflexion pas si amusante pour elle, tout bonnement parce qu’en raison de sa petite taille il lui était difficile de faire preuve de sa vitesse et de son agilité habituelle, en effet la neige ralentissait le moindre de ses gestes et elle finit par ne ressembler qu’à une petite tête cornue qui dépassait de la neige, avançant avec difficulté.. Si il la repérait elle n’était même pas sûr de le voir venir ! Cela n’allait pas du tout, elle commençait à avoir peur de perdre et il lui était de plus en plus difficile d’avancer.

Elle se figea et observa, en plus du vent qui hurlait dans tout les sens à cause de l’altitude et qui brouillait son odorat, elle pouvait entendre un mouvement, et elle repéra non sans difficulté une distorsion de l’horizon blanc, une bosse blanche qui correspondait à un mouvement dans la matière blanche. C’était lui ! Il allait l’attraper si elle ne faisait rien, elle allait perdre ! L’adrénaline faisant battre son petit cœur plus vite alors que le jeu devenait vraiment excitant, elle sautilla hors de la neige pour s’éloigner le plus loin possible de là ou elle avait cru voir son frère… Une course poursuite ? Tant que ce n’était pas sur un terrain aussi handicapant elle était prête à relever le défi !

«  Dans le blanc d’accord tu gagnes, mais dans les airs ? »

Railla-t-elle le tas de neige qui se rapprochait. Elle était sûr que ça pouvait marcher, elle était assez haut et elle avait vu Kaalys faire, elle l’avait vu plonger et planer, ça avait enflammé les veines de ses ailes qui ne s’étaient toujours pas arrêtées de palpiter, pour gagner, il le lui fallait tenter ! Alors elle se lança dans la pente, qui semblait s’accroître, elle se mit à glisser sur la neige au lieu de s’y enfoncer. Mais elle savait ce qu’il y avait au bout. Il ne lui fallut que quelques instants pour arriver au bord de la falaise, et, avec de la vitesse, continuer dans le vide.

Dès l’instant ou elle quitta le monde du froid pour celui des airs, son cœur s’arrêta net, elle savait ce qu’elle faisait, elle savait aussi que c’était extrêmement dangereux, mais elle s’en fichait, elle était dans les airs, sans Kaalys cette fois, seule avec le vent, seule avec le ciel bleu, avec les étoiles, même si elle pouvait pas les voir… Elle était tellement loin des mortels, elle était la plus haute ! La plus grande !

« Regarde ça ! »

Et elle ouvrit les ailes. Ses ailes, les ailes de la nuit, grandes et majestueuses même pour son petit corps, qu’elle chérissait plus que ses écailles, sa fierté même si elle n’était pas capable de s’en servir.. jusqu’à maintenant ! Elle les tendit avec force, les déploya parfaitement en un réflexe instinctif, les orientant en fonction du vent de façon à ce qu’il la porte, tout était mécanique, c’était comme si elle l’avait déjà fait des centaines de fois.
La chaleur de ses ailes se transmis à son cœur, un faim était apaisée.. Parce qu’elle volait ! Elle ne tombait pas ! Elle volait vraiment ! Toute seule comme une grande !

« Je suis meilleure que toi ! Je suis la meilleure ! »

ses yeux cherchant multiples repères, sa gueule s’asséchant grâce au vent, ses pattes pataugeant dans le vide un instant avant de se coller à son poitrail. Avec la hauteur, la vitesse, le vent et ses ailes, elle planait. Depuis la montagne, on ne voyait bientôt plus qu’un point noir qui filait en ligne droite, comme une étoile noire, filante au milieu d’un ciel blanc.

Elle retourna la tête un instant, ignorant que cela la fit légèrement changer de cap, pour voir que son frère parfaitement visible s’était élancé à sa poursuite. Elle voulut lui tirer la langue mais elle resta plutôt de marbre lorsqu’elle comprit qu’il la rattrapait, ses yeux perçants lui permettant de très bien voir le nacré se rapprocher. Déterminée à tenir le plus longtemps possible, elle tenta le tout pour le tout, sans réfléchir aux conséquences d’une telle figure, elle replia légèrement les ailes pour entreprendre un mouvement descendant, et elle se vit bientôt plonger vers les abysses obscures que représentait le sol. La vitesse enflammait littéralement son sang, et elle replia les ailes un peu plus pour en gagner encore un peu, c’était comme la boisson que les bipèdes buvaient, plus elle en prenait plus elle en avait envie, une véritable drogue ! Elle troquait ainsi ses chances de survie contre cette sensation qui la consumait entièrement.

Mais très vite le fond du monde se fit parfaitement visible, et les grands arbres habituellement source de réconfort, nourriture, abris et offrant l’aiguisage de griffes la menacèrent de leurs pointes aiguisées qui se rapprochaient extrêmement rapidement. Elle avait été trop gourmande, ses ailes ne voulaient pas se déplier à nouveau et restaient collées contre elle ! Elle n’avait pas la force de les rouvrir et elle allait s’écraser ! La panique remplaçant la sensation excitante qui l’avait alors aveuglée, elle émit un hurlement de panique mental qui fit écho dans toute la vallée.

" Frère Frère  !  Je ne contrôle plus à l'aide  ! "


Kaalys a écrit:
Chasse-neige professionnel ! Voilà une profession qui irait parfaitement au jeune Nacré, sans le moindre doute possible ! En effet, contrairement à sa jeune sœur, il avançait rapidement dans la poudreuse tandis que l’éclat de ses écailles lui offrait un camouflage dès plus appréciable. Quant à Aïasil, nul besoin d’utiliser son flair pour la trouver puisque la petite Dragonne laissait des traces parfaitement visibles dans la neige, au plus grand plaisir de son frère qui y jeta un regard moqueur. Si elle pensait l’avoir, elle avait tord !

Puis soudain, il la repéra ! Seule la tête du Dragon dépassait réellement du tapis blanc lorsque ses prunelles d’or se posèrent sur la petite Obsidienne. Toutefois, celle-ci fit preuve d’autant de perception que son frère et repéra ce dernier à la bosse qu’il formait invariablement dès qu’il avançait… Mais des deux Dragons, Kaalys était le plus fort et le plus rapide, ce n’était donc qu’une question de temps avant qu’il attrape sa sœur d’un bond agile.

Toutefois, Aïasil était imprudente et téméraire… Un peu comme son frère en vérité ! Mais contrairement à lui, son corps n’était pas encore prêt à la soutenir dans les airs, ses ailes encore trop faibles pour planer sur les courants d’airs. C’est donc avec horreur que le Nacré observa sa jeune sœur se diriger vers la falaise, vers le vide, en ayant clairement l’intention de sauter.

« Aïasil ! Non ne fais pas ça ! » S’écria le jeune Dragon en bondissant hors de la neige, tentant de rattraper sa jeune sœur avant qu’elle ne quitte son champ de vision.

Mais trop tard ! Le regard anéanti de Kaalys se posa sur la corniche vide de présence. Mais c’est avec stupéfaction qu’il vit Aïa ouvrir ses ailes et commencer à planer. Oh oui, il regardait, et pendant un instant il se sentit fière de la voir naviguer dans les cieux par ses propres moyens. Mais la réalité rattrapa rapidement le jeune Dragon, qui s’élança à la suite de sa sœur afin de la rattraper.

« Aïasil ! Reviens ! Je t’en pris ! » Criait t-il en ignorant les moqueries de la petit noiraude. La peur de la voir tomber était intense, elle étreignait le cœur de Blanchécaille qui poussait les muscles de ses ailes dans leurs retranchements afin d’aller le plus vite possible.

Et c’est là qu’elle fit l’erreur de replier ses faibles petites ailes. L’effet fut immédiat et la petite dragonne plongea vers le sol, son vol désormais hors de son contrôle. Le sang bouillonnant du Nacré ne fit qu’un tour et, sans réfléchir, il adopta la même position afin de la rattraper avant qu’elle s’écrase dans les arbres. S’il n’y parvenait pas, il était certain qu’Aïasil vivait ses derniers instants… Son hurlement terrifié fit battre le cœur de Kaalys à la chamade.

« Tien bon ! J’arrive ! »

Contrairement à sa sœur, le vol du mâle n’était pas perturbé par le vent et autres éléments. C’est ainsi qu’il parvint à rattraper Aïasil, s’approchant si près qu’elle pouvait sentir son souffle sur ses écailles. Et plutôt que de l’attraper et la plaquer contre lui, il passa délicatement ses pattes le long de ses flancs et agrippa son ventre de façon à pouvoir ralentir sa chute et l’aider à reprendre le contrôle. Les ailes du Nacré devinrent celle de l’Obsidienne l’espace de quelques instants. Ils frôlèrent les arbres ensemble, puis Kaalys les firent bifurquer vers une zone dégagée. Il allait lui laisser sa chance.

« Je vais te lâcher. Montre-moi à quel point tu es la meilleure, essai de te poser sans mordre la poussière ! » Lui dit-il d’un ton faussement suffisant.

Il la mettait au défi. Allait-elle s’y essayer ? Kaalys se souvenait de son premier atterrissage… et ce dernier n’avait rien eu de glorieux, bien au contraire !


Aïasil a écrit:
stabiliser complètement. Malheureusement, faiblement habituée au concept de transfert d'énergie, elle fut un peu surprise par le choc avec la surface terrestre et poids plume qu'elle était, valdingua pour retomber sur le dos.

Une fois sûre d'être totalement à l'arrêt - en un seul morceau ! - elle se redressa le plus rapidement possible sur une position similaire à celle qu'elle avait prévu, espérant que Kaalys n'avait pas vu ce petit incident. Presque ! Elle avait presque réussit un atterrissage parfait ! Quel dommage.. Mais le principal du vol avait été mené à bien, et, ses épines dorsales s'étant repliées sur elles même instinctivement, elle n'avait pas été blessée, simplement un peu surprise. Elle aperçut le blanc encore dans les airs qui la regardait de ses yeux emplit d'un grand bonheur, de tels regards, c'était ainsi que les dragons se souriaient, s'il avait été bipède elle jurerait qu'il serait en train de produire ces bruits bizarre qu'elle entendait partout dans les villes humaines. Peut-être se moquait-il d'elle ? Alors ça ! ça serait culotté ! Il allait voir ! La deuxième fois elle ne se laisserait pas avoir !

Même si en réalité Aïasil savait qu'il était fier d'elle, elle ne manquerait pas une occasion ou un prétexte pour recommencer, même celui comme quoi, elle avait juste a-do-rée.

"C'était génial ! On recommence ?"


Fit-elle au dragon alors qu'il se rapprochait d'elle. Son regard rieur viré sur lui, curieux de voir comment lui allait atterrir.


Kaalys a écrit:
Tels deux acrobates des airs, Kaalys et Aïasil avaient frôlé la catastrophe. La peur s’était insinuée dans l’esprit du mâle alors qu’il rattrapait sa sœur et la ramenait contre son poitrail, à l’abri entre ses pattes musclées. Sitôt le danger passé, la peur s’envola comme poussière au vent et laissa simplement sa place à l’adrénaline, pure et dure. Bien entendu, Kaalys ne manquerait pas de rappeler à sa jeune sœur à quel point elle avait été imprudente et égoïste, mais pour l’heure il était temps de se poser.

La proposition du Nacré plu immédiatement à l’Obsidienne, comme il s’en était douté, et un léger rire raisonna dans le jeune esprit de la dragonne tandis que Kaalys la relâchait doucement. Le poids en moins le fit s’élever dans les airs sans effort et, depuis les cieux, l’Eclat de Nacre eu tout le loisir d’observer la technique d’Aïasil. Et il fut forcé de constater qu’elle se débrouillait très bien, malgré son incapacité à battre des ailes pour reprendre de l’altitude. Non, en se laissant simplement planer, la petite dragonne fut parfaitement en mesure de se rapprocher du sol et de s’y poser.

« Pas mal, pour une première, mais le but est d’atterrir sur les pattes… » Fit la voix moqueuse de Kaalys dans l’esprit de la noiraude, ce dernier n’ayant rien manqué de sa galipette.

En effet, le Nacré planait encore au-dessus de sa sœur, tournoyant dans les cieux comme un vautour cherchant sa proie. Le soleil se reflétait sur ses belles écailles et rendait son observation difficile, mais il était certain que ses prunelles d’or liquide brillaient de fierté. Certes, elle avait manqué de se rompre le cou, mais elle avait du potentiel… bien plus que lui-même a son âge.

Doucement, Kaalys amorça sa descente. Tel un serpent, il semblait onduler dans l’air jusqu’à frôler la terre de son ventre. Là, il changea la position de ses ailes afin de ralentir sa course, puis n’eut plus qu’à planter ses griffes dans la terre pour s’arrêter totalement à quelques pas de sa sœur. Ses ailes vinrent se replier contre son dos et il se rapprocha de la petite Obsidienne. Son regard sembla s’assombrir tandis qu’il s’asseyait, sa queue s’enroulant autour de son corps.

« Seulement si tu me jure d’être plus prudente. Si je n’avais pas été là, tu serais morte et ton corps réduit en morceaux. Tu ne peux pas être aussi égoïste, Aïsail. Tu sais ce que cela fait de perdre une Liée et, par ton inconscience, tu risques de faire subir le même sort à ta nouvelle Sœur d’Âme, voire pire : la tuer. C’est ce que tu veux ? » Assena-il tout en sachant pertinemment où il appuyait. « Je ne veux pas perdre ma sœur une deuxième fois… » Rajouta-t-il après quelques instants, son regard voilé de tristesse.

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Aïasil a écrit:
Le grand mâle blanc faisait des cercles autour d’elle et cela n’allait pas sans énerver un peu la noiraude. Ca va ! Moi aussi je peux crâner ! Aurait-elle eu envie de lui dire, mais elle était trop impatiente de voir son atterrissage et lorsqu’elle décela la fierté dans le regard doré de son frère malgré sa petite taquinerie, elle gonfla elle même la poitrine en le regardant descendre, et en un superbe atterrissage, enfin superbe, potable plutôt, la rejoindre. Oui parce qu’il manquait de technique quand même, elle n’avait pas vus beaucoup d’atterrissages dans sa vie mais celui-ci ne lui semblait pas très original, et être original tout en restant efficace c’était tout un art ! En fait, atterrir, puis voler était tout un art. Mais enfin, elle devait quand même lui reconnaître qu’il avait la classe, et bon, c’était le point le plus important pour un jeune dragon.

« Ca va toi tu t’en sors bien aussi, mais tu verras, bientôt je serais meilleure que toi ! »


Même si elle l’était, sa petite voix fluette ne se voulait pas agaçante, mais elle avait besoin de s’en convaincre elle même et pour en être réellement persuadée, le rappeler à Kaalys était donc important. Car pas aussi sûre d’elle même qu’elle le faisait généralement croire, s’assurer que les autres avaient de l’estime pour elle lui permettait d’y croire elle-même, et cela passait par l’intimidation ou le rappel de sa supériorité, qui n’était pas toujours véritable. C’était une forme de faiblesse ou de dépendance dû peut-être à son jeune âge, elle était loin d’être aussi mature que son frère sur de nombreux points .Et tout cela même si elle n’avait pas réellement conscience que ce genre de vantardises, même si couplées avec son petit corps de dragonette la rendait surtout adorable, pouvaient être irritantes.

Cette immaturité d’ailleurs, ressortait beaucoup lors de sa réaction face aux paroles du dragon.

Car aussitôt atterrit, Kaalys se mit à prendre des airs sombres, et un regard dur, et puis il se mit à lui faire la morale, comme quoi elle devait faire plus attention, qu’elle risquait sa vie et aussi celle de sa liée, comme si elle n’en avait pas eu conscience ! Comment pouvait-il même lui rappeler les enjeux du lien ? Elle qui avait déjà payé le plus grand prix qu’il puisse réclamer, elle était la mieux placée pour le savoir ! Alors son regard à elle aussi se fit plus dur, pour lui répondre, elle n’aimait pas qu’on lui fasse la morale, elle détestait cela, même si au fur et à mesure qu’il parlait, elle se rendait compte d’à quel point elle avait tort, mais entre l’admettre et le reconnaître, c’était déjà plus dur.

« je suis parfaitement consciente des dangers du vol, je suis parfaitement consciente de ce que Mëryl aurait pu ressentir. »


Pourtant elle ne le montrait pas en s’amusant comme une folle alors qu’elle courait la mort, au final, elle s’étonnait elle même d’avoir été grisée à ce point, elle n’était pas tant consciente des dangers du vol, tout cela avait été une façon de les découvrir, se perdre dans la rage des hauteurs en était un dont elle avait auparavant ignoré l’existence. Son regard se fit plus acéré aux derniers mots du nacré.

« Comment oses-tu me demander si c’est ce que je veux ? Toi tu crois que j’ai aimé ça ? Que je voudrais revoir ça ? Tu crois que ça me ferait plaisir de.. de. »


Elle perdait ses mots, elle revit en un instant une main ensanglantée tendue vers elle, un regard s’éteindre, une lune s’enfoncer sous la surface d’un océan de glace pour toujours. Elle perdait ses mots, elle n’arrivait plus à parler. Elle n’arrivait plus à s’expliquer.

« Je sais pas ce qui.. que..  je.. »

Aux simples mots du blanc la blessure s’était rouverte et la souffrance se déversait dans ses veines comme un poison, elle avait l’impression que sa poitrine se déchirait.
Consciente du ridicule de la situation,  ne voulant plus donner à son frère l’image d’une faible mais celle d’une dragonne fière et solide, elle fuya pourtant la scène en se retournant subitement dans un « Hmf ! » audible, ferma les yeux et tendit le cou et la tête sur le coté afin qu’il puisse la voir l’ignorer avant que brusquement, dans un flap audible, son aile droite ne s’ouvre brusquement pour former un mur entre elle et lui.

Elle n’aurait pas dû s’emballer comme ça, mais elle ne voulait pas être une petite chose à protéger, irresponsable, elle devait assumer les conséquences de ses actes, mais pour elle ce n’était pas à Kaalys de les lui rappeler, trop concentrée sur sa douleur, elle ne se rendait pas compte que pour lui aussi, sa propre mort avait été douloureuse. Il fallut que quelques instants plus tard, il lui fasse part de son inquiétude et de sa peur pour qu’elle le comprenne.
Sans pour autant replier son aile, elle rouvrit les yeux et regarda brièvement la silhouette qu’il dessinait au travers de la membrane sombre, puis regarda à l’horizon, l’air absente. Comme si la gaminerie l’avait soudainement quittée. Elle pensait à Mëryl qui devait être morte d’inquiétude à Estelin, elle pensait à ce que son frère avait du ressentir. Mourir ne lui faisait pas peur, mais elle devait respecter l’amour que lui portaient sa famille, elle ne devait plus leur faire de mal.

« Je comprend, excuse moi, Kaalys. »



Kaalys a écrit:
Kaalys avait prit le risque de se mettre sa soeur à dos, de la voir le bouder pour un certain temps sans pouvoir y faire quoi que ce soit… Mais à bien y réfléchir, le jeune dragon de Nacre préférait cela à l’idée même que sa jeune sœur se blesse ou se tue en voulant se montrer un peu trop téméraire. Lui aussi l’était, il pouvait donc comprendre son envie d’expérimenter et braver le danger, mais il y avait une différence notable entre le risque calculé et le suicide pur et simple. De plus, tout ceci était sans prendre en compte la Liée de l’Obsidienne, qui avait dû ressentir la chute de sa dragonne ainsi que sa peur croissante. J’ose espérer qu’elle saura faire entendre raison à Aïasil Songea le Nacré tandis que la petite Obsidienne prenait un air dur. Kaalys, lui, ne pu qu’observer la petite noiraude, le regard triste.

« En es-tu certaine, petite sœur ? » Lui lança t-il malgré tout.

Le regard du Nacré se fit plus sombre encore par la suite. Il s’en voulait d’avoir ainsi rappelé la mort d’Enetari à sa sœur, mais il se sentait le devoir de faire tout ce qu’il pouvait pour préserver Aïasil. D’une façon ou d’une autre, le destin lui avait offert une seconde chance… Et la gâcher aurait été un affront envers la petite lune, cela le Nacré en était convaincu.

Le cœur du jeune dragon se serra à la vue du mur que sa sœur venait de mettre entre eux. C’était là la dernière chose qu’il souhaitait, et à présent il devait observer Aïasil au travers de la sombre membrane de son aile… Ses prunelles dorées se firent triste tandis que le dragon ouvrait doucement sa gueule garnie de crocs, laissant échapper un fin gémissement semblable à un pleur.

« Sœur … »

Comprenait-elle vraiment ? Il lui sembla que oui, mais il ne pouvait en être certain. Leurs pensées n’étaient plus entremêlées comme un peu plus tôt et le Nacré devait se fier uniquement à la posture de la dragonne ainsi que le ton de sa voix.
Quelques minutes s’écoulèrent dans un silence pesant puis, incapable de le supporter d’avantage, Kaalys se leva. D’un pas long, il s’approcha de sa jeune sœur, puis lorsqu’il fut suffisamment proche, il se laissa choir dans l’herbe. Le bruit de son corps heurtant la terre fut amoindrit par la végétation. Il n’y avait plus que cette aile qui les séparait et l’Éclat de Nacre ne pouvait le tolérer. Toutefois, il ne voulait pas non plus brusquer sa sœur, raison pour laquelle il tendit doucement son cou jusqu’à toucher la fine membrane de son museau.

« Montre-toi, belle Obsidienne. Je te présente également mes excuses. Je n’aurais pas dû être aussi brusque avec toi. »

descriptionEcaille diurne, écaille nocturne EmptyRe: Ecaille diurne, écaille nocturne

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Aïasil n'ignorait pas réellement Kaalys, elle avait simplement soudain ressentit un besoin de le couper de chacune de ses pensées, elle avait besoin de prendre le temps de réfléchir à ce qui venait de se passer et à l'étendue de son erreur, elle pensait à lui, à Mëryl, à sa mère aussi. Elle voulait réfléchir mais elle ne voulait pas qu'il intervienne, la vie, c'était quelque chose qu'on apprenait soi-même, ce n'était pas à Kaalys de le lui enseigner. Elle voulait qu'il soit son ami, pas son parent. Mais elle ne devait pas renier l'impression de devoir qu'il avait envers elle, car ce serait renier son amour, et Aïasil ne se voulait pas un monstre.

C'est la douleur qu'elle lui infligeait à travers cette barrière qu'elle avait mise entre eux qui la ramena à lui, alors qu'elle senti son corps s'effondrer comiquement sur le sol, et son museau toucher la membrane sensible de son aile. Doucement, elle replia son aile à la manière d'un éventail. Le voile obscur laissa place à son cou et son museau miniatures, et à un regard neutre. Un regard triste, mais mature, pas aussi joyeux que précédemment, mais tout aussi vivant.

"Je suis là."

Et elle le contempla, lui aussi, grand et fort, déjà passé au travers de nombreuses épreuves. Un croissant de lune autour d'elle, comme s'il quémandait le droit de la protéger, serait-elle assez bête pour refuser, elle qui avait déjà eu un large aperçut du sombre coté de ce monde ? Son œil doux le contempla des pattes au museau, et une fois de plus l'or et l'argent se croisèrent. Elle lisait la sagesse, la force, mais aussi l'inquiétude, la peur. Pouvait-elle vraiment lui en vouloir ?

"Je suis désolée Kaalys"

Elle se retourna doucement et son museau effleura le sien, les écailles se touchèrent doucement puis glissèrent les unes sur les autres, elle s'y frotta en un doux signe d'affection, son museau longea le sien jusqu'à ce qu'elle enroule sa tête sous sa gorge, là, elle s'affaissa elle aussi dans l'herbe contre lui, ou elle s'y roula en boule. Elle avait réalisé qu'elle tenait à sa famille et à l'amour qu'elle lui portait et qu'elle recevait. A l'avenir, elle tâcherait d'écarter un peu plus sa fierté de cette valeur, bien que cela puisse être difficile. Car en fin de compte, elle se trouvait au beau millieu d'une clairière vide de bipèdes, entourée de végétation et pourtant sous un vent fort mais si agréable, le soleil chauffait ses écailles, mais rien de tout cela ne serait si magnifique si elle ne se trouvait pas avec son frère, nichée contre lui.

"Je t'aime, mon frère."

C'était un endroit parfait pour dormir.

descriptionEcaille diurne, écaille nocturne EmptyRe: Ecaille diurne, écaille nocturne

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